[Le cinéma dans le procès de Nuremberg]

Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1 e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.

Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès
ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.
Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des preuves cinématographiques ont pu être utilisées et diffusées sur un écran de cinéma dans le tribunal. En parallèle, il s’agissait du premier procès filmé.


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Le travail des cinéastes a joué un rôle considérable dans le procès. En effet, le réalisateur, John Ford avait confié une mission particulière à deux frères : Budd et Stuart Schulberg. Ayant respectivement 31 et 25 ans, ces anciens soldats vont se
retrouver chargés de réaliser une enquête inédite pour un des plus grands procès de l’histoire.


Le dossier d’accusation était construit sur la notion de conspiration pour crime contre l’humanité et contre la paix dans le monde. Leur mission consistait à pister et rassembler des images et des films. L’écrit n’était, en effet, pas adapté pour décrire l’étendue des atrocités des crimes nazis.


S’il existe peu de traces de l’enquête, des lettres de Stuart Schulberg à sa femme témoignent des étapes et de la difficulté de la mission.


Au début, les deux frères avaient récupéré des images d’actualités dans la presse américaine. Mais la trentaine de documents rassemblés, comprenant notamment le premier discours de Göring, n’a pas été acceptée. Pour preuve, les documents ne pouvaient pas provenir des États-Unis. Il était nécessaire de trouver les œuvres
originales, réalisées par les allemands eux-mêmes, pour ne pas que les avocats de la défense puissent leur opposer que les documents étaient trafiqués. La stratégie étant de faire condamner les accusés sur leurs propres mots !


Après beaucoup de travail, de persévérance et un peu de chance, Budd et Stuart Schulberg ont pu réaliser deux films qui seront diffusés lors du procès, les 29 novembre et 11 décembre 1945.


Une des premières sources utilisées a été le film, monument de la propagande nazie, « Le Triomphe de la volonté » de Leni Riefenstahl, réalisatrice préférée d’Adolf Hitler. Cette dernière a été d’une grande aide notamment dans l’identification des dignitaires présents en 1934 lors du congrès de Nuremberg. Ainsi, ce film permettait à la fois de développer les l’idéologies du IIIe Reich, mais aussi d’inculper des personnes prétendant n’être que de simples fonctionnaires, dont la présence, pourtant, les accusait.
De nombreux autres documents provenant de la découverte d’un service cinématographique nazi ont été rassemblés. Pour Budd Schulberg, les images les plus horribles sur lesquelles il a travaillé sont celles des corps trainés par des bulldozers puis jetés dans des fosses. Sur une de ces images on peut bienconstater que ce sont des photographes allemands eux-mêmes qui prenaient les
photos et filmaient. Il ne s’agissait donc pas pour ces documents de pièces réalisées par les adversaires. Les allemands avaient eux-mêmes filmé ce qu’ils avaient fait !


Le premier film présentait la découverte des camps par les alliés et les conditions qui y régnaient, la découverte des corps et des odeurs, mais aussi l’horreur des crématoires, avec des restes de calcinés. Ces images ont choqué l’assemblée et même les accusés. Göring lui-même, qui ricanait en arrivant, « semblait tétanisé ». Hans Franck, poursuivi pour l’assassinat de 5 millions de
Polonais était resté immobile. Certains accusés semblaient même pleurer. Le fils de Hans Franck racontera plus tard que son père savait exactement ce qu’il s’était passé, mais qu’il n’avait jamais été confronté à ces images. Également, quelques jours après la projection, Rudolph Hans, qui avait toujours prétendu être amnésique, souhaita tout à coup lire une déclaration : il avoua avoir simulé son amnésie pour raisons tactiques, et annonça porter la responsabilité de tout ce qu’il avait fait. Les accusés s’étaient ainsi retrouvés confrontés à l’horreur de leurs propres crimes.

Le second film, projeté : « The Nazi plan », quant à lui, témoignait de la preuve de la préméditation.


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L’autorisation accordée par les juges de filmer, dans une limite de 35H, cet événement historique constitue la seconde implication du septième art dans le caractère inédit de ce procès. La réalisation d’un film fut confiée au cadet des frères Schulberg.
Les américains s’étaient d’abord retrouvés confrontés à la question de l’utilisation du film. On se demandait s’il devait servir aux mesures de dénazification ou à une échelle internationale, plus large. C’est bien cette dernière solution qui a été retenue ; ce procès inédit concernait le monde entier et pas seulement le monde allemand.


L’objectif des américains, mais aussi des russes qui en parallèle avaient confié au réalisateur Roman Kerman, la réalisation d’un film similaire, était aussi de montrer que, malgré l’énormité du crime, ce procès international devait rester totalement impartial.
La réalisation du film américain s’est trouvée confrontée à plusieurs
difficultés.


D’abord, les conditions pour filmer n’étaient pas favorables, les caméras étant placées derrière de grandes vitres en verre. Ensuite, les opérateurs de l’armée américaine ne parlant pas allemand, ils n’arrivaient pas à capter les moments pertinents. La matière dont disposait Stuart Schulberg pour réaliser le film était donc
limitée. Il a dû jouer sur du « off » en montant des images sur les plans d’écoute d’autres images. Il mettra un an et demi pour finaliser son film, intitulé « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui ».


Malheureusement, cette volonté d’utiliser ce film pour que personne n’oublie ces crimes a été compromise par l’arrivée de la guerre froide. Si le film « Tribunal des peuples » de Roman Kerman est sorti en 1947, le gouvernement américain a annuléla projection de celui de Schulberg. En effet, l’ennemie du bloc de l’ouest n’était plus l’Allemagne, mais l’Union Soviétique !


Ce n’est que quelques années plus tard que la fille de Stuart Schulberg, retrouvant le film, a souhaité le diffuser pour que « la mémoire de ce moment unique demeure vive pour les générations futures ».


Aujourd’hui, ce film est traduit dans 13 langues et diffusé partout à travers le monde. Le procureur Jackson déclarait en effet que « ce procès est d’une importance capitale. » « Il faut bien comprendre que les prévenus incarnent des forces sinistres qui nous hanteront encore bien après que leurs corps soient retournés à la poussière. Ces forces qu’ils symbolisent sont celles de la haine raciale, du terrorisme, de la violence, de l’arrogance et de la cruauté du pouvoir. Ils sont les symboles vivants de la manipulation du nationalisme et de l’esprit le plus féroce. » Ce sont malheureusement les problèmes auxquels le monde se trouve
aujourd’hui encore confronté. La volonté de s’assurer que le monde n’oubliera jamais et tirera les enseignements de ce qu’il s’est passé, n’a peut-être pas été réalisée. Mais, le film « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui » restera pour toujours une œuvre cinématographique fondamentale.

Cet article n’engage que son auteur.

Charlotte Gutmann.


Sources :
Arte « Nuremberg : des images pour l’histoire »

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

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[Séance de formation Master Class contre les discriminations et le racisme]

Le 7 novembre 2019, la toute première séance de formation, nommée Master Class, contre les discriminations et le racisme a eu lieu au siège de l’UNESCO à Paris ; organisée par l’UNESCO en collaboration avec le Haut-commissariat des Nations Unies et le Musée de l’Homme.

L’objectif de cette journée était de former des jeunes à comprendre les enjeux liés au racisme et de les sensibiliser à la croissance des discriminations. Le but est qu’ils deviennent à leur tour formateurs au sein de leurs communautés et ainsi, être instigateurs du changement.

La journée a commencé par une discussion interactive avec Evelyne Heyer, co-commissaire de l’exposition du Musée de l’Homme « Nous et les autres : des préjugés au racisme » dont le but est d’apporter un éclairage scientifique sur les comportements racistes et les préjugés.

La Master Class était animée par la journaliste Rokhaya Diallo et Jonas Bochet, directeur de l’Institut international des droits de l’homme et de la paix.

Des personnalités engagées contre les discriminations étaient aussi présentes tel que la championne de judo Clarisse Agbegnenou, l’actrice Assa Sylla et l’auteur Alexandre Philip, avec qui les élèves ont pu discuter sur le sujet.

Les ateliers étaient animés par des universitaires, la chaire UNESCO « Politiques urbaines et citoyenneté », des jeunes responsables de « PoliCité » ainsi que des représentants de la ville de Toulouse.

Par ce combat contre l’ignorance, l’UNESCO participe à lutter contre les discriminations. En effet, en engageant des lycéens dans ces réflexions et en les formant, cela permet d’inviter la jeune génération citoyenne à se positionner contre le racisme.

À l’issue de la formation de ces formateurs, les élèves se sont engagés à organiser des événements de plaidoyer et de conférences dans leurs propres écoles et sur les réseaux sociaux.

Au lendemain de cette Master Class, Amnesty International a publié un appel, demandant aux autorités françaises de réagir face à la discrimination des personnes musulmanes.

Il semblerait donc que mettre en place une politique réelle de lutte contre les discriminations et contre les propos incitant à la discrimination ne devienne vitale dans notre société cosmopolite, métissée et qui ne cessera de s’ouvrir au monde.

⤵️ Pour plus d’informations :
https://fr.unesco.org/news/premiere-master-class-contre-racisme-discriminations-organisee-lunesco?fbclid=IwAR1nrByRfmdnL-RfXbRWFNjppi4l16PpwnnYdBe8aVYFZanX0tojDh85eBY

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[La fermeture des écoles à Haïti en temps de crise]

Sanon, 14 ans, est en classe de 3e secondaire (équivalent de la 3e en France) à l’Institut mixte du foyer des enfants de Dieu, à Pétion-Ville :

« Les manifestations dans les rues près de chez moi ont causé beaucoup de dégâts, et les manifestants empêchent les écoles d’ouvrir. Du coup, je ne peux pas aller à l’école et je suis à la maison depuis deux mois : cela me fait très mal, j’aurais pu apprendre beaucoup de choses. »

Les observateurs, 23/10/2019, Mouvements de protestations en Haïti

Voici près d’un an que de violentes contestations à l’encontre du Président Jovenel Moïse secouent Haïti. En effet, accusé de détourner d’importantes sommes d’argent public à son profit, la démission du Président est réclamée. De violentes manifestations ont éclaté fin août 2019, faisant suite à une pénurie d’essence paralysant le pays. La situation s’aggrave de jour en jour et le pays semble aujourd’hui être plongé dans le chaos.  

© Photo by Kelly Lacy from Pexels

Les écoles sont fermées depuis près de 2 mois, faute de pouvoir assurer la sécurité des élèves et du personnel. Les salaires ne sont plus versés. La situation à Haïti est inquiétante puisqu’aux 500.000 enfants de 5 à 18 ans hors du système scolaire s’ajoute avec la fermeture de 70% des écoles plus de 3 millions d’enfants ne pouvant pas poursuivre ou débuter leur enseignement. Près de 50 jours d’école ont déjà été perdus. De plus, la fermeture des écoles expose les enfants aux dangers de la rue. Ainsi, à l’occasion du 30ème anniversaire de la Convention Relative au Droits de l’enfant (CDE), UNESCO et UNICEF s’associent pour appeler à la réouverte immédiate des écoles et une reprise normale des institutions éducatives rappelant l’importance de l’éducation pour l’avenir social et économique des enfants. Alors que l’article 28 de la CDE dispose que les États parties doivent rendre « l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous » et assurer « à tous l’accès à l’enseignement supérieur » ; L’UNESCO et UNICEF rappelle que le droit à l’éducation est immuable et doit ainsi se poursuivre malgré l’instabilité du pays.

Article de : Laura Bellec

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