Idée de sortie: exposition Fela Anikulapo Kuti, rébellion afrobeat

Entre musique afrobeat et militantisme panafricain, découvrez jusqu’au 11 juin à la Philharmonie de Paris l’exposition sur la vie d’une superstar africaine assez peu connue en France aujourd’hui. 

L’exposition permet de retracer les différentes étapes majeures de sa carrière en tant qu’artiste et activiste politique. Elle commence notamment par le début de sa carrière entre Lagos, sa ville de naissance, aussi capitale économique du Nigéria, et les Etats-Unis, qui ont influencé la création d’un style musical bien particulier, l’Afrobeat. Ce style musical né à la fin des années 1960 au Nigéria, mélange jazz, soul, funk (des Etats-Unis), musique traditionnelle yoruba (ethnie de Fela Kuti) et d’autres sonorités ouest-africaines, un style que Fela a créé et qui a révolutionné la musique en Afrique.

Par ailleurs, l’espace de l’exposition permet d’apprécier les différentes prestations scéniques marquantes de l’artiste ainsi que ses costumes de scène, qui nous donnent une idée de la ferveur musicale des années 1970 et 1980 à Lagos. Des prestations faites aussi bien à Lagos au Afrika Shrine, à la fois club et quartier général de l’artiste), qu’à Londres ou à Paris qui témoignent de l’impact musical et de la renommée de Fela à cette époque. 

Cet impact musical est particulièrement lié à l’engagement politique de Fela qu’on retrouve dans les textes de ses chansons. En effet, l’exposition regorge d’affiches, de photographies et d’archives qui mettent en avant les valeurs panafricaine et anticolonialiste de l’artiste. L’exposition permet aussi de mieux comprendre le contexte politique du Nigéria et du continent à l’époque, puisque l’artiste critiquait vivement les gouvernements successifs nigérians corrompus, ce qui lui aura valu d’être emprisonné et attaqué plusieurs fois, ainsi que les attitudes néocoloniales de l’Europe en Afrique, d’où l’importance pour lui d’un panafricanisme qui fédère les Africains. 

Enfin, la place importante des femmes dans cette exposition est un choix intéressant fait par les curateurs. En effet, Fela n’était pas connu pour son engagement féministe ou pour un réel intérêt dans le respect des droits de la femme mais l’exposition montre le lien évident entre son engagement politique et l’influence de sa mère, Funmilayo Ransome-Kuti, une pionnière dans le combat féministe et anticolonialiste au Nigéria pendant la période coloniale britannique. De plus, les femmes de sa troupe, les ‘Kalakuta Queens’, qui l’accompagnaient dans ses tournées en tant que chanteuses et danseuses sont aussi mises en valeur et sortent de l’anonymat. 

Il est donc évident que cette exposition pourra attirer les amateurs de musique et/ou de cultures africaines, par la mise en valeur qu’elle fait d’un artiste aux multiples facettes qui a considérablement influencé les artistes africains et en particulier les artistes nigérians actuels. 

William Marthet

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L’éducation est-elle encore une chance ?

On est lundi, le jour où tout le monde pense deux fois avant de sortir de la chaleur de
la maison pour aller à l’Université. On essaie de justifier notre possible absence dans
notre tête avec toutes les raisons: la flemme, le rhume, la fatigue; mais on oublie
qu’on est déjà chanceux d’avoir la possibilité d’étudier. Tout le monde est né avec le
droit à l’éducation, mais pas tout le monde a cette chance. L’accès à l’éducation de
qualité est encore un objectif à atteindre dans le cadre de l’Agenda 2030.


L’accès à l’éducation, consacré par les articles 28 et 29 de la Convention
Internationales des droits de l’enfant et institutionnalisé dans l’objectif 4 du
développement durable (ODD) des Nations Unies, a été sévèrement touché après la
pandémie de COVID-19. Ce droit n’est pas accessible pour au moins 58 millions
d’enfants dans le monde qui sont en âge d’aller à l’école primaire et ne sont pas
encore scolarisés 1 . L’objectif 4 sur est encore loin d’être atteint, spécialement dans les
continents moins développés qui souffrent des situations d’émergence ou de crise
humanitaire, comme c’est le cas du continent africain.


Le Spotlight report sur la complétion basique internationale et l’apprentissage
fondationnelle en Afrique a été publié le 20 Octobre 2022 avant le meeting triennale

de l’Association pour le développement de l’Éducation en Afrique. Pour mettre encore
en question le sujet, la campagne #BorntoLearn (#Né.e.sPourApprendre) a été lancé et
demande le soutien des personnes par rapport aux recommandations du rapport. La
première dame du Malawi, H.E. Monica Chakwera et la première dame du Uganda,
H.E. Janet Kaine Mbabazi Museveni et six autres ministres de l’éducation des pays
africains font partie de la campagne montré ci-dessus 2 :

#BorntoLearncampaign

La campagne va continuer pour les trois prochaines années en soulignant les
recommandations apprises dans le rapport Spotlight en mobilisant les actions
nationales et globales afin d’atteindre la ODD 4.

Rodrigo Tadeu Guimarães Jales

1 UNESCO for the year 2019 – https://ourworldindata.org/children-not-in-school
2 https://world-education-blog.org/2022/10/21/all-children-are-born-to-learn-but-so-many-never-do/

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LE STREET ART PARISIEN QUI SOUTIENT L’UKRAINE

À Paris comme ailleurs, les artistes soutiennent les Ukrainiens avec des messages de paix et de solidarité en forme d’images dans les murs. L’Ukraine est pleine de street art et plusieurs artistes français et parisiens y voyagent pour les voir.

Dans le 13e arrondissement, au boulevard Vincent Auriol, on apprécie l’oeuvre de Djoulay Papaye. L’artiste signe ici une fresque pour la Paix, pour l’Ukraine, pour la Vie, pour l’Avenir, pour les Femmes, pour les Innocents.

À Rue Barrault, 11 femmes street artistes sont intervenues en live painting à l’occasion de la Journée des Droits de la Femme. La street artiste Carole B Collage a décidé de changer son oeuvre initiale pour soutenir les Ukrainiens et Ukrainiennes : Wonder Woman couronnée de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, du violet pour la couleur symbolique de la lutte pour le droit des femmes et de l’égalité, mais aussi car la couleur de Marianne à l’international. Ensuite, on lit « Liberté, Égalité, Solidarité » avec les dates de déclaration d’indépendance, proclamée à Kiev en 1917 et le 24 août 1991. Sur son compte Instagram elle a déclaré “Non à la guerre, non à l’injustice”. 

À la Butte aux Cailles, terrain des street artistes, on découvre de nombreuses oeuvres en soutien pour l’Ukraine. « Fight for your rights« , de l’artiste Kelu Abstract, juste en face de l’oeuvre de son ami Jeff Aérosol.

Dans la rue Domrémy et Patay, on voit l’œuvre de Christian Guémy, ou C215, qui rend hommage aux anonymes, victimes et héros de la guerre. Pour l’artiste, cette œuvre, de la taille de 4 étages, représente un enfant universel, avec une couronne de fleurs sur la tête, « symbole des pays slaves ». Il s’est inspiré d’une citation du résistant Ukrainien Volodymyr Zelensky: « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous prendrez une décision ».

L’artiste Bebar a décrit son œuvre sur Instagram: « Fresque peinte en soutien au peuple Ukrainien. Il m’a été très difficile de trouver les mots justes lors de l’inauguration. En tant qu’artiste, je me devais de participer bénévolement à cette cause, mais aussi comme citoyen pour prôner la Paix et la Liberté et dénoncer cette guerre fratricide !»

À la rue Buot, on voit la petite fille de Julien Mallan, plus connue comme Seth Globepainter qui représente les enfants qu’il a rencontré en Donbass, l’une des régions ukrainiennes au cœur du conflit.  Au HuffPost US, il a déclaré: “Ce dessin symbolise le courage des Ukrainiens face à l’invasion russe (…) je sais à quel point il est important pour les personnes qui vivent cette situation dramatique de savoir que nous pensons à elles”.

On suggère alors la sensibilisation des habitants de Paris et des touristes dans un détour au 13 ème arrondissement pour voir les dénonciations des artistes à Paris contre la guerre et leur compassion, sensibilisation et soutien aux victimes et à la paix en Ukraine.

SOURCE : https://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/272465-quand-le-street-art-soutient-l-ukraine-a-paris

LUISA MARUJO IBRAHIM

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[Combat pour la restitution des marbres du Parthénon]

C’est en raison des fuites d’eau dans le bâtiment du British Muséum que le débat pour la restitution des marbres du Parthénon est revenu sur le devant de la scène. En effet, c’est ce que souligne le Comité intergouvernemental “Retour & Restitution” de l’Unesco, l’urgence de son retour dépend déjà d’une réclamation de longue date, et surtout, par rapport aux conditions actuelles de conservations qui sont alarmantes. 

En effet, ces marbres sont conservés depuis 1816 au British Muséum de Londres. C’est le diplomate et militaire Lord Elgin en 1801 qui les a fait déplacés jusque dans le territoire britannique lorsqu’il était ambassadeur de Grande-Bretagne auprès de l’Empire ottoman, sous lequel la Grèce était sous contrôle.

Alors que la ville d’Athènes attend depuis le début du XIXème siècle la restitution des marbres du Parthénon, elle entreprend la construction d’un nouveau musée dans lequel des salles sont dédiées au retour des 75 mètres de frise détenues par le British Museum. En effet, ne pouvant obtenir le rapatriement définitif des fresques, La Grèce a demandé au musée de Londres de leur prêter la fresque pour fêter le bicentenaire de son indépendance. 

L’ironie de cette histoire est celle de redonner espoir à la Grèce, non pas grâce à un dialogue bien mené entre les deux pays, mais à cause de problèmes techniques liés à la conservation. Il faut par conséquent attendre l’extrême, c’est-à-dire la détérioration d’une œuvre d’art, pour agir. 

C’est de part l’actualité “humide”, ainsi que dans ce contexte conflictuel que le Comité intergouvernemental “Retour & Restitution” intervient. Effectivement, créé en 1976 sous l’égide de l’Unesco, ce comité d’experts a pour but d’entreprendre, de guider et de faciliter les échanges et négociations autour de la restitution de propriété culturelle dans un cadre d’une période coloniale ou acquise de manière illicite.

L’avancé de cette restitution devrait alors être abordée et définie par le rapport de la 22ème session du Comité. Seulement, Boris Johnson reste ferme sur le fait que ces œuvres antiques resteront sur le territoire anglais puisque son donateur, le Lord Elgin, les auraient acquises de manière légale. Il met fin alors à toutes discussions, aussi bien pour une restitution que pour le prêt.

Aujourd’hui le débat perdure encore, mais pour finir sur une note positive, nous avons le musée italien de Palerme en Sicile qui prête sur une longue durée, un fragment qu’ils avaient du pied d’Artemis, afin de montrer l’exemple, notamment au British Muséum.  

Source photo : Jean-Pierre Dalbéra – Panneau de la frise des Panathénées (lieu : British Museum) https://www.flickr.com/photos/dalbera/8706164279 

Source texte : 

Clara Baudry : https://www.connaissancedesarts.com/musees/british-museum/retour-en-grece-des-marbres-du-parthenon-lunesco-relance-le-debat-11164429/ 

Lou Fritel https://www.lefigaro.fr/culture/marbres-du-parthenon-l-unesco-appelle-le-british-museum-a-revoir-sa-position-20211005 

Antoine Bourdon : 

https://www.connaissancedesarts.com/monuments-patrimoine/marbres-du-parthenon-boris-johnson-dit-non-au-retour-des-sculptures-en-grece-11154149/

Violette Celbert : https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/la-grece-relance-sa-campagne-pour-une-restitution-des-frises-du-parthenon-20211116

Article d’Aurélie Ménard

Cet article n’engage que son auteure

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[Léonard de Vinci, Michel-Ange… Florence, le berceau de la Renaissance italienne]

Ce mercredi 2 février à 18h30, une conférence intitulée Florence, le berceau de la Renaissance italienne sera organisée par Conferentia. L’événement, gratuit et ensuite disponible en replay, sera l’occasion d’en apprendre davantage sur la place qu’a eu la ville de Florence dans le développement des idéaux de la Renaissance.

Présentation de la conférence

Comme l’organisateur de la conférence l’explique, « Florence en 1400 vit une sorte d’âge d’or. Quand le reste de l’Europe est encore plongé dans le Moyen Âge, la ville toscane frémit d’idées nouvelles, la Renaissance s’éveille. Les artistes partent à la conquête de l’espace, du volume, de l’anatomie et de la perspective et Florence devient la ville de l’avant-garde artistique ». Lors de cette conférence, l’intervenante Tatiana Mignot aura l’occasion de revenir sur les œuvres et les artistes qui ont ouvert la voie aux grands génies.

Titulaire d’un Master en Histoire de l’Art et d’une Licence en Histoire, Tatiana Mignot est guide-conférencière à la Sorbonne. Spécialisée dans la période classique (période de l’histoire de la Grèce antique correspondant à la majeure partie des Ve et IVe siècles avant J.-C.), elle travaille également pour l’Ecole du Louvre en tant que chargée de travaux dirigés sur la peinture de la Renaissance.

Conferencia, qui organise cette conférence, est un organisme qui propose chaque semaine des conférences ayant pour objectif de créer des moments de partage de connaissances avec des intervenants spécialisés, quel que soit le thème abordé. Si la plupart des conférences proposées par Conferentia sont payantes, cela n’est pas le cas de Florence, le berceau de la Renaissance italienne.

Florence durant la Renaissance italienne

Mais pourquoi la ville de Florence fait-elle si régulièrement l’objet d’émissions télévisées, ouvrages, documentaires et conférences ?

Rappelons tout d’abord que la Renaissance italienne (Rinascimento), dont les origines remontent au début du XIVe siècle dans la sphère littéraire, a été une période de grands changements culturels en Europe. S’étalant de la fin du XIVe siècle (Trecento) à la fin du XVIe siècle (Cinquecento), elle a amorcé la Renaissance, assurant ainsi la transition entre le Moyen Âge et l’Europe moderne.

D’ailleurs, le terme « Renaissance » a lui-même une signification particulière dans la mesure où il illustre le regain d’intérêt pour la culture de l’Antiquité classique, après les « âges sombres ». Alors que la fin du XVe siècle voyait l’apogée de la Renaissance italienne, le pays était plongé dans le chaos par les invasions étrangères, qui ont par la suite participé à la diffusion des idéaux de la Renaissance dans le reste de l’Europe.

Or cette Renaissance italienne, dont les principales réalisations culturelles sont à la fois de nature littéraire, artistique et architecturale, a vu le jour en Toscane, et tout particulièrement à Florence. En effet, la ville de Florence a connu un essor artistique et économique à partir du XIIe siècle, devenant de fait le berceau d’une certaine  « Renaissance italienne ». De nombreux artistes y sont nés ou y ont vécu, tels que Michel-Ange, Giotto ou Botticelli, contribuant à sa renommée. Aujourd’hui, cette ville traversée par l’Arno regorge de merveilles architecturales, dont l’importance culturelle est démontrée par leur présence au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

Que vous souhaitiez en apprendre davantage sur le rôle qu’a eu la ville de Florence à la Renaissance, ou que vous soyiez tout simplement passionnés par ce mouvement, rendez-vous le mercredi 2 février à 18h30 !

Page Facebook de la conférence : https://www.facebook.com/events/462695555362324/ 

Lien pour s’inscrire : https://bit.ly/3qpN0qS 

Site de Conferentia : https://www.conferentia.fr/ 

Pour en savoir plus sur la Renaissance et Florence : La Renaissance à Florence : le Quattrocento, La Renaissance, Centre historique de Florence

Cet article n’engage que son autrice.

Mathilde Varboki

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Journée internationale de l’éducation

Quel est l’importance de cette journée ? 

La célébration de l’éducation à pour but de ne pas oublier le rôle primordial de celle-ci. En effet l’éducation est “un droit humain, un bien public et une responsabilité publique”* et a pour but de favoriser la paix et le développement de tous et doit se faire dans une égalité afin de briser le cycle de pauvreté que des millions d’enfants et d’adultes subissent. 

Pour illustrer ce propos, selon le site de l’Unesco, 258 millions d’enfants et de jeûnes ne vont pas à l’école aujourd’hui. 

C’est pour cela que tous les 24 janviers, depuis 2019, la journée internationale de l’éducation est mise à l’honneur. Pour Audray Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, cette journée symbolise un changement de cap afin de repenser l’éducation. En effet, il ne s’agit plus de constater mais d’agir afin d’ ”orienter la transformation numérique vers l’inclusion et l’équité”1*, ainsi qu’inclure le développement durable afin qu’il soit enseigné aux élèves par des enseignants formés dans cette dynamique. 

Le rapport “Les futurs de l’éducation” 2022 :

Afin d’appuyer ces propos, l’UNESCO a publié un rapport sur “Les futurs de l’éducation”. Il a été rédigé par une commission internationale indépendante composée de professionnels universitaires et privés, dans des domaines de la science politique, des arts, des affaires, de la science et de l’éducation, le tout sous la direction de la Présidente de la République démocratique fédérale d’Éthiopie, Madame Sahle-Work Zewde. Ce rapport a donc pour but de “susciter un débat mondial sur la nécessité de réinventer le savoir et l’apprentissage dans un monde de plus en plus complexe, incertain et précaire.”2*

Ce qui est très intéressant dans ce rapport, c’est cette approche multiple. En effet l’éducation entretient une forte interdépendance avec beaucoup d’autres notions comme le développement durable, le genre, la finance, la communication, le numérique, qui permet d’avoir une approche globale ainsi que de soulever de nombreux débats générateurs de nombreuses avancées. 

Le thème de cette année : “Changer de cap, transformer l’éducation

Cette année, le thème de la journée est “Changer de cap, transformer l’éducation”, un thème très bien amorcé par le rapport que je viens de citer. En effet, ce thème a pour objectif de présenter les principales transformations qui doivent être menées afin renforcer la définition de l’éducation comme étant un bien commun, fournis par l’entité publique, portée par des enseignants soutenus et préparés. Enfin il est aussi une priorité de piloter l’éducation sous une forme numérique afin que chacun puisse y avoir accès, ainsi qu’inclure le développement durable dans cette grande notion afin que chaque personne puissent “contribuer au bien-être collectif et à notre foyer commun.”1*

Cet article n’engage que l’auteur, Aurélie Ménard. 

Sources :  

1*https://fr.unesco.org/commemorations/educationday 

2*https://fr.unesco.org/futuresofeducation/ 

Image : https://pxhere.com/fr/photo/1201352 

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Une autre idée du monde : un « film d’écrivain »

Un monde oublié et caché, loin de nos yeux et de nos pensées, et pourtant si proche de nous, de nos frontières européennes : c’est cette réalité oubliée qui est au cœur du dernier film de Bernard-Henri Lévy, Une autre idée du monde. Sorti en France le 1er décembre, ce film recueille les reportages que le célèbre philosophe a tournés dans le monde : du Nigéria au Kurdistan, du Bangladesh à la Somalie, en passant par l’Afghanistan du commandant Massoud et de son fils, le jeune Ahmad Massoud.

Les images de la guerre, dans ses aspects les plus atroces et les plus absurdes, nous montrent la misère et la souffrance de peuples opprimés, dont la quotidienneté est synonyme de guerre, de conflit armé, de terreur ; la voix de BHL nous guide tout au long du film, en mêlant le récit des expériences personnelles avec des réflexions historiques, voire philosophiques.

Lévy filme la guerre, mais surtout, il filme les hommes, les femmes, les enfants qui subissent cette guerre oubliée, dont personne n’est au courant : on ne la voit pas, et alors on se convainc qu’elle n’existe pas. D’où le rôle de ce film, qui se veut avant tout témoignage, moyen de transmission d’une réalité oubliée : émouvantes sans être pathétiques, vraies sans être anonymes, les scènes de guerre nous touchent et nous font appel, nous poussent à réfléchir sur le sens de ces conflits et à nous interroger sur notre responsabilité. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment peut-on agir ? Il n’y a pas de réponse univoque, mais le message de Lévy, c’est l’appel d’un écrivain fils de l’engagement sartrien, partisan d’un art – qu’il soit art cinématographique, théâtral ou littéraire – engagé et hétérotélique, au service d’une certaine cause, d’une certaine idée du monde. Comme le souligne le réalisateur, Une autre idée du monde est un « film d’écrivain », dans la mesure où il ne s’agit pas d’un reportage neutre et anonyme, mais d’un récit subjectif et vécu des histoires présentées, un ensemble de portraits et de visages révélateurs d’une certaine condition humaine, d’une autre condition humaine, ou mieux inhumaine.

Immergé par une heure et demie dans la guerre et la terreur, dans la mort et la faim, dans le danger et la pauvreté, le spectateur sort de la salle avec un sentiment qui est souvent considéré comme acquis : le goût de la liberté et de la paix, la capacité – pour un instant éphémère peut-être – de prendre du recul par rapport à sa propre situation, aux rues parisiennes dans lesquelles on se promène à la sortie de la séance, en en appréciant deux choses : la liberté et la paix. C’est à ce moment-là que retentissent dans nos esprits les vers d’un auteur qui porte le même nom que le réalisateur d’Une autre idée du monde, Primo Levi, qui en 1947 nous invitait – au début de son roman Si c’est un homme – à réfléchir sur la inhumanité de la guerre, sur la condition de l’homme en guerre, de l’homme qui souffre, « qui peine dans la boue / qui ne connait pas de repos / qui se bat pour un quignon de pain » :

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

La table mise et des visages amis,

Considérez si c’est un homme

[…]

Gravez ces mots dans votre cœur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant.[1]

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo


[1] Traduction de l’italien par Martine Schruoffeneger.

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« Où est Anne Frank ! », une adaptation familiale et touchante du journal d’Anne Frank

Où est Anne Frank ? Alors que 17 millions d’enfants ont été évacués des zones de guerre en 2020, cette question de l’héritage d’Anne Frank est plus que jamais d’actualité.

Ce film d’animation, présenté hors compétition lors du Festival de Cannes 2021, sort ce mercredi 8 décembre en salles. A l’occasion de cette sortie nationale, une avant-première spéciale a eu lieu à la Maison de l’UNESCO, en présence de la directrice générale de l’UNESCO et du réalisateur du film.

Synopsis et création du film

Où est Anne Frank ! est un film d’animation qui s’inspire en grande partie du journal d’Anne Frank. Le film raconte le destin des familles de l’annexe secrète d’Amsterdam pendant la Shoah et décrit la situation dans l’Europe d’aujourd’hui du point de vue de Kitty, l’amie imaginaire d’Anne.

Ari Folman est un scénariste et réalisateur israélien. En 2008, il a reçu un Golden Globe et a été nominé pour un Academy Award pour son film Valse avec Bachir. Il écrit en 2017 un roman graphique fidèlement adapté du journal d’Anne Frank, puis Où est Anne Frank ! en 2020. C’est à partir de ce roman graphique qu’il réalise en 2021 le film éponyme.

Pour la réalisation de ce film d’animation, plus de 150 000 dessins ont été créés dans quinze pays européens, en utilisant une nouvelle technique qui combine des fonds statiques avec des figurines animées classiques en 2D. Pourquoi l’animation ? Selon Ari Folman, il s’agit du médium qui facilite le plus l’expression de l’imagination et l’identification des spectateurs aux personnages du film.

Une avant-première spéciale à l’UNESCO

Une semaine avant la sortie nationale du film, celui-ci a été projeté à la Maison de l’UNESCO à Paris, en présence de la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay et du réalisateur Ari Folman.

Avant la projection du film, Audrey Azoulay a rappelé l’importance du journal d’Anne Frank dans notre patrimoine historique et la manière dont il a contribué à la fondation de l’ONU puis de l’UNESCO, qui cherche à prévenir des génocides et du racisme par la transmission de la connaissance (le journal est inscrit au Registre international de la Mémoire du monde de l’UNESCO). La directrice générale de l’UNESCO explique d’ailleurs que « c’est grâce à cette jeune fille que nous avons pu comprendre le génocide des Juifs, de nous représenter l’irreprésentable ».

Lors de cet événement organisé en partenariat avec le Fond Anne Frank de Bâle, créé en 1963 par Otto Frank, du matériel pédagogique créé par le réalisateur Ari Folman et l’UNESCO a été présenté. Celui-ci, qui sera disponible dès la sortie du film, permettra aux jeunes du monde entier de contextualiser le journal d’Anne Frank et d’en apprendre davantage sur les droits de l’enfant, le racisme, ainsi que sur les notions d’asile et de réfugiés.

Le réalisateur Ari Folman et la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, à la Maison de l’UNESCO le 1er décembre 2021.

Nous ne pouvons que vous inviter à voir dès mercredi ce film familial, qui met en avant les pays qui commémorent Anne Frank mais oublient les leçons données par son destin, au moment où nous devons au contraire faire preuve d’empathie avec ceux qui fuient des zones de guerre.

Sources : Cineuropa, Fnac (1) (2), Allociné

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki

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75ème anniversaire de l’UNESCO : retour sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies fondée sur la culture, l’éducation et la science

Pour l’anniversaire des 75 ans de l’UNESCO, une Conférence générale se tient à Paris du  9 au 24 novembre 2021, offrant l’occasion de revenir sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies.

L’UNESCO succède à l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI), qui avait fonctionné durant l’entre-deux-guerres sous l’égide de la Société des nations (SDN). De 1942 à 1945, les gouvernements américains et britanniques se rassemblent à Londres pour la conférence des ministres alliés de l’éducation (CAME). Progressivement, le projet prenant de l’ampleur a rapidement acquis une dimension universelle.  La nouvelle organisation, contrairement à l’IICI qui prônait la culture élitiste, a pour ambition d’étendre l’accès à la culture et la science grâce aux mass media et à une action éducative massive pour mieux atteindre son objectif. L’Américain Archibald MacLeish, poète et directeur de la bibliothèque du Congrès de Washington, considère à ce propos que cette nouvelle organisation doit devenir « la conscience morale de l’humanité ».

La première conférence générale de l’organisation en 1945, organisée à Londres réunit les représentants de 37 pays dont des éminents personnages de la culture et de la politique mondiale tels que Léon Blum et Paul Rivet, directeur du musée de l’Homme. Ainsi le 16 novembre 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est fondé par l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Les guerres naissants dans l’esprit des hommes c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut élever les défenses de la paix » déclare la première phrase de l’Acte constitutif de l’UNESCO adopté le 16 novembre 1945 et entré en vigueur le 4 novembre 1946. Les 37 états membres se placent d’emblée dans la volonté de prévention d’une autre guerre mondiale en ce que la coopération politique et économique des gouvernements ne crée pas de liens suffisant pour assurer la paix. Toutefois le dialogue fondé sur le partage de la culture, sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » crée un lien puissant s’affirmant comme le gage d’une paix durable. Ainsi, l’UNESCO se concentre sur trois axes: l’éducation, la science et la culture.

Le premier directeur général est le Britannique Julian Huxley, zoologue et frère de l’écrivain Aldous Huxley. Durant son mandat de 1946 à 1948, l’UNESCO traverse une période effervescente de lancements de projets d’accès à l’éducation, de protection de l’environnement, mais aussi une période riche en collaboration avec de nombreux savants et intellectuels. La directrice générale actuelle est Audrey Azoulay, ancienne Ministre de la Culture en France, réélue mardi 9 novembre 2021 pour un deuxième mandat de quatre ans. 

Sous la direction du charismatique directeur général René Maheu de 1958 à 1974, l’UNESCO a connu son heure de gloire. L’organisation s’était imposée comme fer de lance de l’aide à l’alphabétisation en Afrique, mais aussi de protection du patrimoine mondial. En 1968, après avoir sauvé les temples d’Abou Simbel, l’Unesco crée en 1972 la liste du patrimoine mondial, regroupant les lieux ou biens, situés à travers le monde, possédant une valeur universelle exceptionnelle, qui est devenu un label de prestige et qui comporte aujourd’hui plus de 1 000 sites. En cette même année l’organisation adopte la « Convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel mondial ». Or il existe un déséquilibre significatif dans la répartition des sites, entre l’Europe qui concentre l’essentiel des sites « culturels » et l’Afrique qui comporte surtout des sites « naturels ». 

Cette dichotomie est dépassée par l’adoption en 2003 de la « Convention sur le patrimoine immatériel » recensant et mettant en lumière les traditions orales, les arts du spectacle, les connaissances et le savoir-faire liés à la nature ou l’artisanat, et les pratiques sociales qui sont souvent menacés de disparition. En 1992, l’UNESCO créé le Programme « Mémoire du monde » qui recense le patrimoine documentaire de l’humanité en réponse à l’état alarmant de leur conservation suite aux dommages divers qu’ils peuvent subir tels que les pillages et les trafics illicites.

Ce mandat a aussi été porteur du changement de ligne directrice de l’UNESCO. Initialement l’organisation visait à instaurer une culture mondiale unique vectrice de la compréhension internationale des peuples, sous l’effet de la mondialisation conjuguée à l’uniformisation des pratiques culturelles et modes de vie, l’organisation recentre son objectif sur la préservation des cultures minoritaires et menacées. 

En ce sens, la « Convention sur la diversité culturelle » est adoptée en 2005 et entre en vigueur en 2007. Adopté sous l’influence de la France et du Canada malgré l’opposition des Etats-Unis ayant refusé de le signer, est reconnu pour universaliser la notion française d’« exception culturelle ». Cette notion avance que la culture n’est pas une marchandise comme une autre que l’on peut laisser soumise à la loi du marché, dès lors l’intervention de la puissance publique apparaît nécessaire à la pérennité d’une offre culturelle riche et accessible au plus grand nombre.

Dans le cadre de la célébration du 75ème anniversaire de l’UNESCO se tenant à Paris, plusieurs accords mondiaux historique sont attendus sur l’intelligence et la science. Le 15 novembre notamment a lieu la remise du prix UNESCO/Carlos J.Finlay pour la microbiologie ainsi que la remise du prix international Russie Mendeleïev en sciences fondamentales.

Concernant l’éducation, le 10 novembre l’UNESCO a lancé le Rapport sur les Futurs de l’éducation élaboré par une commission indépendante d’experts dirigés par Sahle-Work Zewde, présidente de la République de l’Ethiopie. Le même jour, sous l’impulsion de l’appel mondial de l’UNESCO et de la France, les chefs d’Etat et de gouvernement et les ministres de l’éducation de plus de 40 pays ont adopté le 10 novembre 2021 la déclaration de Paris visant à accroitre les investissements dans l’éducation au lendemain de la crise du COVID-19 qui a creusé les inégalités. Emmanuel Macron, a exhorté les pays du monde entier a multiplié les financements dans l’éducation.

AMADY Nasrine

Cet article n’engage que son auteure

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[Actualité de l’UNESCO: Irak : Début de la reconstruction de la mosquée Al-Nouri et des églises Al-Tahera et Al-Saa’a à Mossoul]

 Endommagés par la guerre en Irak, la reconstruction de plusieurs édifices religieux à Mossoul va commencer. Cette opération se fera sous l’égide de l’UNESCO, qui a accès aux sites depuis 2018 (un an après la libération de la ville). Elle concernera un des monuments emblématiques de la ville : la mosquée Al-Nouri et son minaret incliné surnommée Al-Hadba (“la bossue”), qui avaient été dynamités par les partisans de Daech en juillet 2017, mais pas complètement détruits (par exemple, les colonnes en marbre de la salle de prière sont tombées, mais pourront être sauvées). À ce projet est associé celui des églises Al-Tahera et Al-Saa’a (dite “Notre-Dame de l’horloge”), et cela dans le but de préserver une diversité culturelle dans le centre-ville de Mossoul. L’idée est de promouvoir la réconciliation sociale à travers la culture, car la valeur de ces bâtiments n’est pas qu’historique, elle est aussi symbolique pour la paix entre les différentes religions.

Durant la guerre, la ville de Mossoul a été entièrement dévastée, avec plus de 12 000 bâtiments détruits. Il est donc primordial pour l’UNESCO de ne pas se contenter d’uniquement reconstruire, mais aussi d’agir sur le long terme. Ces initiatives sont regroupées sous le nom de « Faire revivre l’esprit de Mossoul”, et le projet est en grande partie financé par les Emirats Arabes Unis. Il comprend notamment la formation des jeunes sur le terrain, mais aussi la création d’emplois.

Pour cette reconstruction, un concours entre cabinets d’architecture a été mis en place par l’UNESCO, et cela a été accompagné par une consultation à grande échelle des habitants pour choisir certaines options concernant la rénovation. Le concours s’est terminé le 15 avril 2021, les travaux vont donc commencer très prochainement.

Ce projet est essentiel pour remettre le pays sur pieds car, comme le fait comprendre Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO : “C’est par l’éducation et la culture que les Irakiens, hommes et femmes à égalité, pourront reprendre leur destin en main et devenir les acteurs du renouveau de leur pays.”

Article écrit par Cléa Brunaux

Cet article n’engage que son auteur

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