Idée de sortie: exposition Fela Anikulapo Kuti, rébellion afrobeat

Entre musique afrobeat et militantisme panafricain, découvrez jusqu’au 11 juin à la Philharmonie de Paris l’exposition sur la vie d’une superstar africaine assez peu connue en France aujourd’hui. 

L’exposition permet de retracer les différentes étapes majeures de sa carrière en tant qu’artiste et activiste politique. Elle commence notamment par le début de sa carrière entre Lagos, sa ville de naissance, aussi capitale économique du Nigéria, et les Etats-Unis, qui ont influencé la création d’un style musical bien particulier, l’Afrobeat. Ce style musical né à la fin des années 1960 au Nigéria, mélange jazz, soul, funk (des Etats-Unis), musique traditionnelle yoruba (ethnie de Fela Kuti) et d’autres sonorités ouest-africaines, un style que Fela a créé et qui a révolutionné la musique en Afrique.

Par ailleurs, l’espace de l’exposition permet d’apprécier les différentes prestations scéniques marquantes de l’artiste ainsi que ses costumes de scène, qui nous donnent une idée de la ferveur musicale des années 1970 et 1980 à Lagos. Des prestations faites aussi bien à Lagos au Afrika Shrine, à la fois club et quartier général de l’artiste), qu’à Londres ou à Paris qui témoignent de l’impact musical et de la renommée de Fela à cette époque. 

Cet impact musical est particulièrement lié à l’engagement politique de Fela qu’on retrouve dans les textes de ses chansons. En effet, l’exposition regorge d’affiches, de photographies et d’archives qui mettent en avant les valeurs panafricaine et anticolonialiste de l’artiste. L’exposition permet aussi de mieux comprendre le contexte politique du Nigéria et du continent à l’époque, puisque l’artiste critiquait vivement les gouvernements successifs nigérians corrompus, ce qui lui aura valu d’être emprisonné et attaqué plusieurs fois, ainsi que les attitudes néocoloniales de l’Europe en Afrique, d’où l’importance pour lui d’un panafricanisme qui fédère les Africains. 

Enfin, la place importante des femmes dans cette exposition est un choix intéressant fait par les curateurs. En effet, Fela n’était pas connu pour son engagement féministe ou pour un réel intérêt dans le respect des droits de la femme mais l’exposition montre le lien évident entre son engagement politique et l’influence de sa mère, Funmilayo Ransome-Kuti, une pionnière dans le combat féministe et anticolonialiste au Nigéria pendant la période coloniale britannique. De plus, les femmes de sa troupe, les ‘Kalakuta Queens’, qui l’accompagnaient dans ses tournées en tant que chanteuses et danseuses sont aussi mises en valeur et sortent de l’anonymat. 

Il est donc évident que cette exposition pourra attirer les amateurs de musique et/ou de cultures africaines, par la mise en valeur qu’elle fait d’un artiste aux multiples facettes qui a considérablement influencé les artistes africains et en particulier les artistes nigérians actuels. 

William Marthet

Partager :

L’éducation est-elle encore une chance ?

On est lundi, le jour où tout le monde pense deux fois avant de sortir de la chaleur de
la maison pour aller à l’Université. On essaie de justifier notre possible absence dans
notre tête avec toutes les raisons: la flemme, le rhume, la fatigue; mais on oublie
qu’on est déjà chanceux d’avoir la possibilité d’étudier. Tout le monde est né avec le
droit à l’éducation, mais pas tout le monde a cette chance. L’accès à l’éducation de
qualité est encore un objectif à atteindre dans le cadre de l’Agenda 2030.


L’accès à l’éducation, consacré par les articles 28 et 29 de la Convention
Internationales des droits de l’enfant et institutionnalisé dans l’objectif 4 du
développement durable (ODD) des Nations Unies, a été sévèrement touché après la
pandémie de COVID-19. Ce droit n’est pas accessible pour au moins 58 millions
d’enfants dans le monde qui sont en âge d’aller à l’école primaire et ne sont pas
encore scolarisés 1 . L’objectif 4 sur est encore loin d’être atteint, spécialement dans les
continents moins développés qui souffrent des situations d’émergence ou de crise
humanitaire, comme c’est le cas du continent africain.


Le Spotlight report sur la complétion basique internationale et l’apprentissage
fondationnelle en Afrique a été publié le 20 Octobre 2022 avant le meeting triennale

de l’Association pour le développement de l’Éducation en Afrique. Pour mettre encore
en question le sujet, la campagne #BorntoLearn (#Né.e.sPourApprendre) a été lancé et
demande le soutien des personnes par rapport aux recommandations du rapport. La
première dame du Malawi, H.E. Monica Chakwera et la première dame du Uganda,
H.E. Janet Kaine Mbabazi Museveni et six autres ministres de l’éducation des pays
africains font partie de la campagne montré ci-dessus 2 :

#BorntoLearncampaign

La campagne va continuer pour les trois prochaines années en soulignant les
recommandations apprises dans le rapport Spotlight en mobilisant les actions
nationales et globales afin d’atteindre la ODD 4.

Rodrigo Tadeu Guimarães Jales

1 UNESCO for the year 2019 – https://ourworldindata.org/children-not-in-school
2 https://world-education-blog.org/2022/10/21/all-children-are-born-to-learn-but-so-many-never-do/

Partager :

[L’Albanie]

L’Albanie. Lieu pour beaucoup inconnu. Pour d’autres, pays imaginaire sortant tout
droit des aventures de Tintin. Pour certain, cela fait écho à un pays longtemps fermé
par la dictature communiste d’Enver Hoxha. Aujourd’hui, l’Albanie a bien changé et
sera peut-être votre prochaine destination de vacances.

Drapeau de L’Albanie


Malgré son image de pays impénétrable, sombre, pauvre, parfois sale, l’Albanie regorge
de paysages variés et d’une histoire insoupçonnée.
Les frontières albanaises sont longtemps restées fermée par la dictature d’Enver
Hoxha. En 1944, alors qu’il été à la tête du Parti communiste Albanais, il a pris le
pouvoir et est resté président jusqu’à sa mort en 1985. La dictature communiste n’a
pris fin qu’en 1991. Pendant toutes ces années, avait été mis en place une politique
d’isolement très stricte, une police politique omniprésente et l’interdiction de toute
forme de religion.


Aujourd’hui, depuis son indépendance, l’Albanie cherche à se rouvrir sur le monde, en
se rapprochant notamment de l’Europe. En 1995, elle adhère au conseil de l’Europe, et
depuis 2009 elle est membre de l’Otan. En 2014, elle obtient le statut officiel de
candidat à l’Union européenne. Récemment, en juillet 2022, les négociations
d’adhésion ont débutées.


Cherchant désormais à s’ouvrir sur le monde, ce pays des Balkans, a en réalité
longtemps été disputé par les différents peuples, laissant aujourd’hui découvrir un
vaste héritage historique.


Vers le IIe millénaire avant J.-C., deux peuples s’étaient installés sur le territoire albanais
: les Illyriens, le plus vieux peuple des Balkans et les Grecs. Le célèbre Alexandre le
Grand fait lui-même partie de l’histoire Albanaise. D’une mère, fille d’un roi Molosse (un
des peuples grecs installé dans la région de l’Épire, entre la Grèce et l’Albanie),
l’extension mythique de son empire a débuté par une première victoire en Albanie !
L’Albanie a ensuite été conquise par l’Empire romain, puis en 395, avec la chute de
l’Empire romain, elle a été récupérée par l’empire byzantin. À partir du XIIIe siècle, c’est
l’Empire Ottoman qui s’est intéressé à ce territoire. Si en 1443, Skanderbeg, aujourd’hui
devenu héros national avait levé une armée, parvenant ainsi à repousser l’invasionottomane, à sa mort les Ottomans ont entièrement conquis le « pays des aigles » et
l’Albanie restera sous leur domination jusqu’à son indépendance en 1912.


Sur la côte orientale de la péninsule balkanique, ce pays de la taille de la Bretagne,
promet de somptueux paysages, permettant de passer des montagnes, aux forêts
jusqu’aux mers Adriatique et Ionienne sur de très petites distances, malgré un réseau
routier parfois « folklorique », mais alimentant un certain mythe du pays.
Tirana, la capitale, se développe de plus en plus. Cette ville moderne, et colorée
regorge des héritages de la dictature, mais aussi de l’histoire, faisant cohabiter
Mosquées et Églises selon le courant islamique du Bektashisme, dogme promouvant
une harmonie entre tous les hommes et les femmes et entre les religions elles-mêmes.
Les bâtiments cohabitent entre maisons ottomanes, byzantines, églises orthodoxes,
mosquées, anciens bunkers, … La cuisine elle-même se trouve à la croisée des
saveurs orientales, italiennes et grecques.

Charlotte Gutmann

Partager :

[Idées de Sorties: Les Femmes Photographes de Guerre]

Avec son exposition “Femmes photographes de guerre”, le musée de la Libération de Paris met en lumière l’implication des femmes dans les conflits.


Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole, Anja Niedringhaus. Ces noms ne vous disent peut-être rien. Pourtant, ces huit femmes photographes ont couvert 75 ans de conflits internationaux sur la période allant de 1936 à 2011. 

L’exposition présentée par le Musée de la Libération de Paris souhaite mettre en avant le rôle fondamental joué par ces femmes photographes, dans la formation de l’image de la guerre. Les femmes ont-elles un regard différent de celui des hommes sur la guerre ? Peut-on le percevoir au travers de leurs photographies ? C’est une des questions-clés de l’exposition. 

© Lisa BERDAH

Bien loin des stéréotypes de genre et de la nature fragile qui a longtemps été attribuée aux femmes, les photographies mettent en avant l’implication des femmes dans la guerre, qu’elles soient combattantes, victimes ou témoins. Toutefois, l’objectif de l’exposition n’est pas d’insister sur la place des femmes dans un milieu d’hommes, mais bien de mettre en lumière le regard des femmes sur ces nombreux conflits. La question de la violence de la guerre n’est pas masquée, au contraire. Elle est représentée dans les clichés, avec des portraits particulièrement émouvants, parfois intimes. Cette violence, ces photographes l’ont vécue, certaines ayant même perdu la vie sur le front, en couvrant des conflits. De l’argentique au numérique, ces huit femmes photographes ne représentent pas de la même façon les conflits qu’elles couvrent, puisque « le regard féminin n’existe pas » comme le dit Christine Spengler, photographe française. 

C’est donc au travers de la photographie, outil privilégié pour décrypter l’histoire, que l’on affine notre perception des conflits, que l’on saisit les spécificités propres à chaque guerre. Des conflits européens des années 1930 et 1940 aux guerres internationales les plus récentes, le regard de ces femmes photographes nous éclaire. 

© Lisa BERDAH

En bref, l’exposition “Femmes photographes de guerre” met à l’honneur des femmes qui ont risqué leur vie pour s’informer. C’est la dimension novatrice apportée, qui fait la richesse de l’exposition. Accessible, touchante, poignante, à voir absolument avant le 31 décembre 2022, date de fin de l’exposition ! 

Lisa BERDAH

Partager :

[Interview Johnny Alaniz – Artiste Peintre Nicaraguayen]

Qui est Jonnhy Alaniz Rayo ? 

Johnny Alaniz Rayo est un peintre né à Matagalpa au Nicaragua en 1984. Ses parents étaient principalement commerçants, et en parallèle, son père sculptait le bois. C’est à l’âge de 5 ans qu’il entame son voyage dans la peinture porté par son frère Byron Alaniz Rayo qui avait étudié la peinture à l’Ecole Nationale de Beaux Arts à Managua (Capitale). Bayron a ensuite créé une école de peinture dans la ville de Saint Ramon dans le nord du pays où Johnny a étudié puis est assistant du professeur. 

Après avoir obtenu l’équivalent du bac au Nicaragua, le bachillerato, il a étudié la peinture à l’Ecole Nationale de Beaux Arts. Il s’est spécialisé dans l’étude de la figure humaine et le portrait avec le professeur Fernando Salgado de nationalité espagnole et Rafael Patorollo, d’origine colombienne, tous deux issus de l’Ecole de Beaux Arts de Séville en Espagne.

En parallèle de ses études, il crée sa propre école de peinture normée “ El Renacimiento ” à Matagalpa et développe une extension à Estelí en 2006, avec l’objectif de transmettre sa passion pour l’art. 

Influences majeures : 

Johnny se qualifie comme un artiste versatil, une personne passionnée par l’art dans son entièreté. Cette qualité lui a permis de naviguer dans ses oeuvres à travers les styles et sujets, sans jamais s’établir dans un unique courant.  Cela lui a permis d’explorer diverses techniques. 

Son travail a d’abord été inspiré par son environnement, ses oeuvres majeures s’inscrivent dans le courant régionaliste où il dépeint des scènes de la vie de tous les jours, la nature, les fincas (les fermes), le travail de la terre (tabac, café), les maisons coloniales et les rues des pueblos du nord du pays. Nous retrouvons dans ses oeuvres les paysages tropicaux, des jungles, des animaux exotiques faisant par la même la promotion de la richesse naturelle du pays. 

Au cours de sa vie, Johnny à continué à explorer divers univers, inspiré par la littérature et poésie latino-américaine, il souhaitait apporter son interprétation de poèmes du poète Nicaragua Ruben Dario, aussi appelé le Prince des lettres hispaniques, fondateur du mouvement littéraire moderniste dans la langue hispano-américaine. Ainsi, il interprète en peinture le poème “ Margarita esta linda la mar…” ou encore “Sonatia”  dudit auteur. Il interprète également dans son œuvre “6 bohemios alegres” le poème de Guillermo Aguirre y Fierro “El Brindis del bohemio”. Dans ces peintures créées après son voyage en Europe on peut voir représentée la mairie de la ville de Tours et de Séville. Un doux mélange entre la culture latio-américaine et l’architecture française. 

Par ailleurs le culture Nicaraguayen continue d’’inspirer le peintre, en effet, récemment contacté par la mairie de Sabaco au Nicaragua afin créer une oeuvre muraliste qui fasse référence, il a créé une oeuvre retraçant les éléments principaux de la culture nicaraguayenne à savoir : 

  •  Le Güegüense, danse théâtrale traditionnelle inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008.  Il s’agit d’une expression virulente de protestation contre le colonialisme, El Güegüense est un drame satirique connu dans tout le pays. Il est représenté pendant la fête de Saint-Sébastien, patron de la ville de Diriamba, dans la province nicaraguayenne de Carazo. Synthèse des cultures indigène et espagnole, El Güegüense mêle le théâtre, la danse et la musique. Il est considéré comme l’une des formes d’expressions latino-américaines les plus remarquables de l’époque coloniale
  • Les légendes locales notamment celle de “La Mocuana” qui raconte, dans la version de la vallée de Sébaco (Matagalpa), la plus répandue, que la Mocuana ‘elle était la belle fille d’un cacique tombé amoureux d’un conquistador espagnol. Le conquistador la convainc alors de lui montrer l’endroit où son père conserve tous ses trésors. Elle l’a emmené dans une grotte, et une fois là, l’Espagnol a pris tout ce qu’il pouvait et l’a enfermée. Bien qu’elle connaisse bien l’endroit et qu’elle ait pu en sortir, à cause de la trahison qu’elle a subie et parce qu’elle a eu honte devant sa famille, elle a perdu la tête et depuis, elle cherche l’homme pour se venger. C’est pourquoi, dans les nuits sombres, elle attaque les hommes qui se promènent seuls, surtout les jeunes et les hommes blancs (ou métis). Elle est décrite comme ayant des cheveux noirs longs et raides qui couvrent tout son visage. Il est dit qu’ils n’ont jamais pu voir son visage, seulement sa silhouette svelte et balancée et ses beaux cheveux ».

Expositions 

Johnny a participé à plusieurs expositions collectives tant au niveau régional que national. Il a exposé dans des galeries d’art de la capitale, Managua : Codice, Pleyades, Josefina, Genesis et Manolo Baca. Au niveau régional, il a exposé dans le “ Multicentro Estéli et la Galerie Schewarts”.  On peut retrouver ses œuvres dans  les collections privées de Banque Centrale du Nicaragua dont certaines peuvent être aperçues dans les plus grandes banques du pays ainsi que dans  les sièges des industries de tabac. 

Certaines de ses peintures ayant été achetées par des collectionneurs États-Uniens, elles peuvent être aperçues à Miami dans le Lincoln Road, Cafetín Galeria, Book and Book, Abel Gallery et Winwood Gallery. 

En 2011 Johnny expose en Espagne lors d’une exposition collective à la casa cultural de la Isla Cristina. Par la suite, lors d’un passage en France de plusieurs mois, il va exposer ses œuvres à la mairie de Tours ainsi qu’à la mairie de Gizeux en plus de donner des cours de peinture avant de retourner au Nicaragua. 

Récompenses et prix 

En 2001 Johnny reçoit son premier prix du “Meilleur muralisme scolaire” par le Collège Simón Bolivar à Matagalpa, 

En 2004, il gagne le premier prix du concours national de peinture avec son œuvre Matagalpa y su Café” ( Matagalpa et son café ) avec une mention spéciale pour son oeuvre nomée “ Ambiente Matagalpino”  ( Ambiance de Matagalpa ). 

La place de l’art au Nicaragua 

L’artiste peintre souhaite mettre en valeur l’art Nicaraguayen et exprime qu’il y a un vrai mouvement positif dans la promotion de l’art et de la culture dans le pays particulièrement dans les grandes villes ( Managua, Matagalpa, Granada, Leon, Esteli ). Bien qu’il existe une réelle nécessité de continuer à développer ce secteur, plusieurs peintres Nicaraguayens ont réussi à se faire une place sur la scène internationale tel que Mauricio Ruiz, Efren Médina en autres. Au niveau régional il est important de noter le travail effectué par les “Casas culturales” ( maisons culturelles ) qui continuent de promouvoir la culture et promouvoir de nouveaux talents. 

Article de Thaïs Mathuz

Cet article n’engage que son auteure

Partager :

[Portraits de personnalités inspirantes : Frida Kahlo]

Féministe engagée, artiste accomplie, symbole à part entière de la communauté LGBTQ+, Frida Kahlo de son vrai nom Magdalena Carmen Frida Kahlo y Calderon possède une vie bien remplie. Figure d’émancipation féminine, Frida Kahlo a marqué l’Histoire de l’Art :  Ses autorretratos nous plongent dans son univers, ses engagements ainsi que ses plaies béantes, que chaque coup de pinceau exacerbe. Est-t-elle d’abord une femme ou une artiste ? Certains journalistes bien pensants ont la plume assez aiguisée pour affirmer que l’Homme et l’art peuvent être séparés. N’en déplaise à leur écrit de bois, Frida Kahlo n’est ni une femme ni une artiste, elle est une femme artiste.

Todo sobre la « ballerina »

Rebelle avant l’heure , Carmen devient Frida. Et ce ne fut pas chose aisée…Son prénom elle le tient de son père allemand qui immigre au Mexique, terre des aztèques en 1890. Friede signifie paix en allemand. Ironie du sort , la vie de sa fille est loin d’être de tout repos. D’ailleurs dès sa naissance en 1907, le choix de ce prénom engendre des querelles au sein de la famille. Le prêtre outré que ce prénom ne figure pas sur le calendrier des saints,  menace de refuser le baptême ! Outrage pour la mère, Frida devient Carmen.

Frida détonne , Frida étonne ! Si son certificat de naissance atteste qu’elle est née le 06 juillet 1907, l’artiste affirme qu’elle est née le 07 juillet 1910. Force et raison est de constater que le drapeau rouge enveloppe déjà son berceau. Elle ne choisit pas cette date par hasard, elle coïncide avec la révolution mexicaine qui dure une décennie et qui vient mettre fin au règne du général Porfirio Diaz . Attachée à son pays, patriote, elle représente la voix des opprimés. Bien avant sa carrière toute tracée vers la peinture, l’artiste vise une autre toile de fond et souhaite devenir médecin. Cependant celle-ci s’assombrit le 17 septembre 1925, date fatidique qui trace sa route d’artistes. Accompagné de son ami Alejandro à bord d’un bus, celui-ci entre en collision avec un tramway. Le bus ne survit pas et les passagers jonchent le sol. Parmi eux Frida, la colonne brisée est empalée sur une barre de fer. Un ouvrier laisse tomber par mégarde au moment de l’accident une poudre d’or, elle recouvre la jeune femme de son corps brisé. La vision est si enchanteresse qu’un passant pensant apercevoir une danseuse agonisante sur le sol s’écrie “la ballerina !”.La médecine est aux oubliettes, la ballerina est désormais non plus uniquement malade mais brisée.

Pintarse a sí misma, el arte del autorretrato 

Frida survit mais à quel prix ? Prisonnière de sa chambre et d’un corset qui l’empêche de bouger, les années défilent. Coincée entre quatre murs, la lecture devient sa salvatrice compagne. Proust, Bergson, Botticelli tout y passe ! Un miroir est fixé à son lit, et munis d’une boîte de couleur offerte par son paternel , elle peint. L’autoportrait surgit : Frida devient son propre sujet d’expérimentation :« Si je me peins, c’est que c’est le sujet que je connais le mieux ! ». Évolution de conscience et d’inconscience, les autoportraits sont de véritables œuvres d’introspection. L’une de ses œuvres les plus célèbres relate son calvaire. « La colonne brisée », peinte en 1944 . Cet autoportrait vient illustrer son état après une opération de la colonne vertébrale. Prisonnière, elle s’y représente dans une cage, liée à jamais à un corset. 

Afficher l’image source
https://www.fridakahlo.org/images/paintings/the-broken-column.jpg

La Bella y el sapo

L’amour naît dans son calvaire. Diego Rivera devient pour Frida ce que Sartre est pour Simone de Beauvoir, son unique âme sœur. La rencontre se passe au domicile de Tina Modotti, photographe italienne et communiste. De vingt-deux ans son aîné, le peintre mexicain la séduit, tous deux finissent par se marier le 21 août en 1929. Diego Rivera est un homme grand aux yeux globuleux, Frida lui attribue le surnom de sapo, de crapaud. Connu pour son engagement, il peint l’histoire du Mexique pour informer ceux qui ne savent pas lire. Communistes, l’espoir d’une renaissance de l’art, ensemble ils partagent tout. La Bella adopte un style bien à elle. Son monosourcil vient s’opposer aux carcans de la beauté féminine. Vastes jupes colorées, boucles d’oreilles lourdes et pendantes, des fleurs parsèment sa longue chevelure. C’est une femme de Tehuantepec désormais, Frida impose son style, qui continue de traverser les siècles. 

La desilusión del sueño americano

Dans les années 1930, un nouveau tournant commence pour le couple. Face à la situation politique pesante au Mexique, le couple bat de l’aile. Une invitation de la California School of Fine Arts de San Francisco sauve la carrière de Diego Rivera et lui commande une fresque. L’oncle Sam fait donc rentrer pour la première fois un artiste communiste dans son temple du capitalisme. La carrière du crapaud décolle, en décembre 1931, le MoMA de New York l’invite à exposer cent cinquante de ses toiles. En 1931, la famille Ford le soutient dans sa candidature pour une série de peintures au Detroit Institute of Arts. Les Rockefeller enfin lui demande de réaliser une peinture murale pour le hall de de réception de la Radio Corporation of America à New York. Le communiste qui rêve d’aider les opprimés, les paysans ainsi que les illettrés, se retrouve au service des plus fortunés et de ceux qui exploitent les travailleurs, le prolétariat. La déception est grande pour le crapaud. L’oncle Sam l’a bien accueilli pendant quatre ans, mais à quel prix ? Ses convictions se sont belles et bien retrouvées noyées entre les Rockefeller et les Ford. Et pour cause, son mari croit en une Amérique encore révolutionnaire et indépendante qui se battait pour sa liberté. Autant dire que l’apparition de Lénine dans la fresque de la RCA a mis fin au rêve américain, l’œuvre est effacée. Le couple prend conscience que deux mondes s’opposent, point d’entente , la fracture est irréversible. En cela Frida l’a parfaitement intégré dans son art. Son Autoportrait à la frontière du Mexique et des Etats Unis, vient illustrer deux mondes que tout oppose. Pour le Mexique, les couleurs sont chaudes, pour les Etats-Unis, les usines Fords dénaturent la fresque. Et pourtant son autoportrait contemple le Mexique. Que n’en déplaise à Ford ou Rockefeller, Frida a choisi sa patrie loin des usines, loin des Etats Unis. 

Afficher l’image source
https://www.fridakahlo.org/images/paintings/self-portrait-along-the-boarder-line-between-mexico-and-the-
united-states.jpg

Un arte realisto

Face aux tromperies incessantes de son mari,  et à l’interruption de deux grossesses , elle dit un non définitif à la maternité. Le couple divorce en 1938 et se marie à nouveau à San Francisco. Un mariage d’amitié, ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Entre-temps, leur engagement prend de l’ampleur. En 1937, les époux Trotski se réfugient devant la Maison bleue de Coyoacán, fuyant un Staline ivre de pouvoir qui cherche à se débarrasser de tous ses opposants. Léon Trotski entame une relation adultère avec Frida avant de partir et délaisse l’autoportrait qu’elle lui a offert. Piètre consolation pour Frida. L’art devient sa bannière. Si certains considèrent sa peinture comme une œuvre surréaliste, celle-ci s’y oppose, elle peint la réalité, sa réalité qu’elle vit.  

Frida ha muerto, Viva Frida

L’artiste passe ses dernières années au Mexique, elle peint et enseigne à ses élèves : les Fridos. Maladie, militantisme, enseignement , peinture, sa vie est bien remplie. En 1953, son amie Lola Alvarez Bravo organise ses expositions à Mexico. Son triomphe est fulgurant et dépasse l’Atlantique, sa consécration est à son apogée. Ni ses admirateurs, ni ses élèves n’ont vu ce vernissage comme un adieu. Et pourtant, Frida Kahlo s’éteint un an plus tard le 13 juillet 1954. Mexico veille désormais sur sa maison bleue , métamorphosée en musée. Frida est partie mais demeure dans les esprits . Matérialisée dans le film d’animation français-belge Josep, Frida guide le peintre immigré espagnol. Frida est une figure de proue pour la communauté LGBTQ+. Bisexuelle, à l’opposé des standards de la mode, elle entretient une relation passionée avec Joséphine Baker.  Son féminisme et son style continuent encore à ce jour de susciter l’admiration, Frida Kahlo est loin d’avoir donné son dernier coup de peinture. 

Afficher l’image source
https://www.homosensual.com/wp-content/uploads/2021/07/frida-kahlo-lgbt-1-870×1200.jpg
Partager :

[Le cinéma dans le procès de Nuremberg]

Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1 e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.

Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès
ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.
Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des preuves cinématographiques ont pu être utilisées et diffusées sur un écran de cinéma dans le tribunal. En parallèle, il s’agissait du premier procès filmé.


***


Le travail des cinéastes a joué un rôle considérable dans le procès. En effet, le réalisateur, John Ford avait confié une mission particulière à deux frères : Budd et Stuart Schulberg. Ayant respectivement 31 et 25 ans, ces anciens soldats vont se
retrouver chargés de réaliser une enquête inédite pour un des plus grands procès de l’histoire.


Le dossier d’accusation était construit sur la notion de conspiration pour crime contre l’humanité et contre la paix dans le monde. Leur mission consistait à pister et rassembler des images et des films. L’écrit n’était, en effet, pas adapté pour décrire l’étendue des atrocités des crimes nazis.


S’il existe peu de traces de l’enquête, des lettres de Stuart Schulberg à sa femme témoignent des étapes et de la difficulté de la mission.


Au début, les deux frères avaient récupéré des images d’actualités dans la presse américaine. Mais la trentaine de documents rassemblés, comprenant notamment le premier discours de Göring, n’a pas été acceptée. Pour preuve, les documents ne pouvaient pas provenir des États-Unis. Il était nécessaire de trouver les œuvres
originales, réalisées par les allemands eux-mêmes, pour ne pas que les avocats de la défense puissent leur opposer que les documents étaient trafiqués. La stratégie étant de faire condamner les accusés sur leurs propres mots !


Après beaucoup de travail, de persévérance et un peu de chance, Budd et Stuart Schulberg ont pu réaliser deux films qui seront diffusés lors du procès, les 29 novembre et 11 décembre 1945.


Une des premières sources utilisées a été le film, monument de la propagande nazie, « Le Triomphe de la volonté » de Leni Riefenstahl, réalisatrice préférée d’Adolf Hitler. Cette dernière a été d’une grande aide notamment dans l’identification des dignitaires présents en 1934 lors du congrès de Nuremberg. Ainsi, ce film permettait à la fois de développer les l’idéologies du IIIe Reich, mais aussi d’inculper des personnes prétendant n’être que de simples fonctionnaires, dont la présence, pourtant, les accusait.
De nombreux autres documents provenant de la découverte d’un service cinématographique nazi ont été rassemblés. Pour Budd Schulberg, les images les plus horribles sur lesquelles il a travaillé sont celles des corps trainés par des bulldozers puis jetés dans des fosses. Sur une de ces images on peut bienconstater que ce sont des photographes allemands eux-mêmes qui prenaient les
photos et filmaient. Il ne s’agissait donc pas pour ces documents de pièces réalisées par les adversaires. Les allemands avaient eux-mêmes filmé ce qu’ils avaient fait !


Le premier film présentait la découverte des camps par les alliés et les conditions qui y régnaient, la découverte des corps et des odeurs, mais aussi l’horreur des crématoires, avec des restes de calcinés. Ces images ont choqué l’assemblée et même les accusés. Göring lui-même, qui ricanait en arrivant, « semblait tétanisé ». Hans Franck, poursuivi pour l’assassinat de 5 millions de
Polonais était resté immobile. Certains accusés semblaient même pleurer. Le fils de Hans Franck racontera plus tard que son père savait exactement ce qu’il s’était passé, mais qu’il n’avait jamais été confronté à ces images. Également, quelques jours après la projection, Rudolph Hans, qui avait toujours prétendu être amnésique, souhaita tout à coup lire une déclaration : il avoua avoir simulé son amnésie pour raisons tactiques, et annonça porter la responsabilité de tout ce qu’il avait fait. Les accusés s’étaient ainsi retrouvés confrontés à l’horreur de leurs propres crimes.

Le second film, projeté : « The Nazi plan », quant à lui, témoignait de la preuve de la préméditation.


***


L’autorisation accordée par les juges de filmer, dans une limite de 35H, cet événement historique constitue la seconde implication du septième art dans le caractère inédit de ce procès. La réalisation d’un film fut confiée au cadet des frères Schulberg.
Les américains s’étaient d’abord retrouvés confrontés à la question de l’utilisation du film. On se demandait s’il devait servir aux mesures de dénazification ou à une échelle internationale, plus large. C’est bien cette dernière solution qui a été retenue ; ce procès inédit concernait le monde entier et pas seulement le monde allemand.


L’objectif des américains, mais aussi des russes qui en parallèle avaient confié au réalisateur Roman Kerman, la réalisation d’un film similaire, était aussi de montrer que, malgré l’énormité du crime, ce procès international devait rester totalement impartial.
La réalisation du film américain s’est trouvée confrontée à plusieurs
difficultés.


D’abord, les conditions pour filmer n’étaient pas favorables, les caméras étant placées derrière de grandes vitres en verre. Ensuite, les opérateurs de l’armée américaine ne parlant pas allemand, ils n’arrivaient pas à capter les moments pertinents. La matière dont disposait Stuart Schulberg pour réaliser le film était donc
limitée. Il a dû jouer sur du « off » en montant des images sur les plans d’écoute d’autres images. Il mettra un an et demi pour finaliser son film, intitulé « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui ».


Malheureusement, cette volonté d’utiliser ce film pour que personne n’oublie ces crimes a été compromise par l’arrivée de la guerre froide. Si le film « Tribunal des peuples » de Roman Kerman est sorti en 1947, le gouvernement américain a annuléla projection de celui de Schulberg. En effet, l’ennemie du bloc de l’ouest n’était plus l’Allemagne, mais l’Union Soviétique !


Ce n’est que quelques années plus tard que la fille de Stuart Schulberg, retrouvant le film, a souhaité le diffuser pour que « la mémoire de ce moment unique demeure vive pour les générations futures ».


Aujourd’hui, ce film est traduit dans 13 langues et diffusé partout à travers le monde. Le procureur Jackson déclarait en effet que « ce procès est d’une importance capitale. » « Il faut bien comprendre que les prévenus incarnent des forces sinistres qui nous hanteront encore bien après que leurs corps soient retournés à la poussière. Ces forces qu’ils symbolisent sont celles de la haine raciale, du terrorisme, de la violence, de l’arrogance et de la cruauté du pouvoir. Ils sont les symboles vivants de la manipulation du nationalisme et de l’esprit le plus féroce. » Ce sont malheureusement les problèmes auxquels le monde se trouve
aujourd’hui encore confronté. La volonté de s’assurer que le monde n’oubliera jamais et tirera les enseignements de ce qu’il s’est passé, n’a peut-être pas été réalisée. Mais, le film « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui » restera pour toujours une œuvre cinématographique fondamentale.

Cet article n’engage que son auteur.

Charlotte Gutmann.


Sources :
Arte « Nuremberg : des images pour l’histoire »

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

Partager :

LE STREET ART PARISIEN QUI SOUTIENT L’UKRAINE

À Paris comme ailleurs, les artistes soutiennent les Ukrainiens avec des messages de paix et de solidarité en forme d’images dans les murs. L’Ukraine est pleine de street art et plusieurs artistes français et parisiens y voyagent pour les voir.

Dans le 13e arrondissement, au boulevard Vincent Auriol, on apprécie l’oeuvre de Djoulay Papaye. L’artiste signe ici une fresque pour la Paix, pour l’Ukraine, pour la Vie, pour l’Avenir, pour les Femmes, pour les Innocents.

À Rue Barrault, 11 femmes street artistes sont intervenues en live painting à l’occasion de la Journée des Droits de la Femme. La street artiste Carole B Collage a décidé de changer son oeuvre initiale pour soutenir les Ukrainiens et Ukrainiennes : Wonder Woman couronnée de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, du violet pour la couleur symbolique de la lutte pour le droit des femmes et de l’égalité, mais aussi car la couleur de Marianne à l’international. Ensuite, on lit « Liberté, Égalité, Solidarité » avec les dates de déclaration d’indépendance, proclamée à Kiev en 1917 et le 24 août 1991. Sur son compte Instagram elle a déclaré “Non à la guerre, non à l’injustice”. 

À la Butte aux Cailles, terrain des street artistes, on découvre de nombreuses oeuvres en soutien pour l’Ukraine. « Fight for your rights« , de l’artiste Kelu Abstract, juste en face de l’oeuvre de son ami Jeff Aérosol.

Dans la rue Domrémy et Patay, on voit l’œuvre de Christian Guémy, ou C215, qui rend hommage aux anonymes, victimes et héros de la guerre. Pour l’artiste, cette œuvre, de la taille de 4 étages, représente un enfant universel, avec une couronne de fleurs sur la tête, « symbole des pays slaves ». Il s’est inspiré d’une citation du résistant Ukrainien Volodymyr Zelensky: « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous prendrez une décision ».

L’artiste Bebar a décrit son œuvre sur Instagram: « Fresque peinte en soutien au peuple Ukrainien. Il m’a été très difficile de trouver les mots justes lors de l’inauguration. En tant qu’artiste, je me devais de participer bénévolement à cette cause, mais aussi comme citoyen pour prôner la Paix et la Liberté et dénoncer cette guerre fratricide !»

À la rue Buot, on voit la petite fille de Julien Mallan, plus connue comme Seth Globepainter qui représente les enfants qu’il a rencontré en Donbass, l’une des régions ukrainiennes au cœur du conflit.  Au HuffPost US, il a déclaré: “Ce dessin symbolise le courage des Ukrainiens face à l’invasion russe (…) je sais à quel point il est important pour les personnes qui vivent cette situation dramatique de savoir que nous pensons à elles”.

On suggère alors la sensibilisation des habitants de Paris et des touristes dans un détour au 13 ème arrondissement pour voir les dénonciations des artistes à Paris contre la guerre et leur compassion, sensibilisation et soutien aux victimes et à la paix en Ukraine.

SOURCE : https://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/272465-quand-le-street-art-soutient-l-ukraine-a-paris

LUISA MARUJO IBRAHIM

Partager :

Portrait : Niki de Saint Phalle

source image : www.3e-art.fr

Connue pour ses monumentales Nanas, Nikki de Saint Phalle, pseudonyme de son patronyme Catherine de Saint-Phalle est une artiste plasticienne, sculptrice et réalisatrice de films franco américaine appartenant au mouvement des néo-réalistes. 

Elle naît en France en 1931 et grandit dans la période post seconde guerre mondiale, durant les trente glorieuses. Elle grandit à Greenwich aux États-Unis, élevée par une nourrice qu’elle surnomme « Nana ». Ne suivant pas d’enseignement particulier, elle exercera d’abord la profession de mannequin. Puis, elle fera la rencontre du poète Harry Mathews qu’elle épousera à l’âge de 18 ans dont elle aura une fille, Laura et avec qui elle décide de s’installer à Paris. Pourtant issue d’une famille aristocratique, elle s’oppose aux dogmes de la vie religieuse et maritale. Suite à ce premier mariage, elle est victime d’une forme de dépression nerveuse qui lui vaut une hospitalisation particulièrement lourde, durant lequel elle subira des électrochocs. C’est là-bas qu’elle commence à peindre et à dessiner « J’ai commencé à peindre chez les fous » ; pour l’artiste, l’art à un effet thérapeutique. 

Après son rétablissement, elle voyage en Espagne à Madrid et Barcelone et y découvre les œuvres de Gaudì qui constituera une révélation artistique pour elle. L’année suivante, elle fait la rencontre de Jean Tinguely, par l’intermédiaire de qui elle rejoindra le mouvement des Nouveaux Réalistes, fondé par le peintre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany dans les années 60. Ce mouvement prend position pour une forme de retour à la réalité, en opposition avec le lyrisme et la peinture abstraite de cette époque, en préconisant l’utilisation d’objets prélevées dans la réalité de leurs temps qui s’incarnent notamment dans des œuvres composites, dans un art de l’assemblage. 

C’est à cette période qu’elle quitte son premier mari pour s’installer avec Jean Tinguely avec qui elle créera notamment la fontaine Stravinsky, commandé par le ministère de la Culture et le Centre Pompidou en en 1983. La fontaine évoque l’œuvre musicale du compositeur Igor Stravinsky et se compose de 16 sculpture mouvante, situé sur la place éponyme à Beaubourg. 

Politiquement engagée, féministe, Nikki de Saint Phalle compose ses œuvres dans l’optique d’exprimer ses révoltes ; la Mariée, de 1963 est une sculpture de plus de deux mètres de haut : l’éducation des femmes dans les années 60 repose sur deux choses, la maternité et le mariage. C’est pour cette raison qu’elle créer la mariée : cette sculpture traite du constat de l’enfermement de la femme, prisonnières des stéréotypes masculins. L’artiste a de facto expliqué « avoir été élevée pour le marché du mariage ». 

À l’occasion d’une exposition retrospective au Grand Palais sur l’artiste, la critique d’art Catherine Franclin revient sur la vie de Nikki de Saint Phalle et notamment sur l’œuvre  Tirs ; œuvre composé d’un assemblage de poche de peinture recouverte de blanc, dans laquelle Nikki de Saint Phalle tirs créant ainsi des formes d’explosions colorés. Dans cette série, le tableau King Kong représente l’opposition de l’artiste à la menace nucléaire ; composée des visages des différentes personnages politiques de l’époque ainsi que d’objet représentatif de la société américaine, l’œuvre dénonce par son processus de construction centrée autour du processus de destruction, dénonce de fait une Amérique violente et la guerre nucléaire. 

Les Nanas, œuvre emblématique de Nikki de Saint Phalle, représentent quant à elles l’intervention de l’artiste au sein du mouvement féministe des années 1980 : ces sculptures représentent des sculptures féminines colorées dont les formes et les rondeurs ont été accentuées, à l’opposé des standards esthétique de l’époque. Par leur exubérance, ce sculpture montre une image libérée de la femme, qui inspire néanmoins de par leurs taille imposantes une forme d’angoisse et de violence. 

Article rédigé par Éloise Frye de Lassalle.

Partager :

[Rubrique culturelle : « Belfast, une vision poétique du conflit nord irlandais au cinéma » ]

Comment les enfants perçoivent ils la guerre ? C’est une question à laquelle se propose de répondre Belfast, le nouveau film réalisé par Kenneth Branagh, disponible dans les salles françaises depuis le 2 mars. Ce récit autobiographique, inspiré de la propre enfance du réalisateur en Irlande du Nord, suit les pas de Buddy et de sa famille à la fin des années 1960 lorsqu’éclatent les premiers heurts violents entre les factions protestantes et catholiques à Belfast.

Malgré ce que le synopsis laisse présager, les amateurs de drames historiques risquent d’être déçus dans la mesure où, paradoxalement, le conflit nord-irlandais n’est pas le coeur de l’intrigue. Le conflit n’est présent que par intermittence et conté à travers des scènes parcellaires, manière dont il est perçu à travers des yeux d’enfants. En conséquence, les scènes de violence – qui ne sont pas épargnées au spectateur malgré tout – alternent avec les scènes simples d’une vie d’enfant. Ce film pioche dans le registre du comique, du poétique et du dramatique sans s’inscrire dans un genre spécifique pour autant.

Belfast s’assimile à une pièce de théâtre. Tout d’abord, l’intrigue se déroule dans les seules limites du quartier barricadé où vivent Buddy et sa famille. Les barricades, censées protéger « l’intérieur » (le quartier) de « l’extérieur » (la ville), sont vaines : elles échouent à limiter la circulation des idées et la mobilisation de groupes violents dans ce même quartier. En dépit de ce cadre anxiogène et oppressant, les limites du quartier représentent néanmoins pour Buddy une véritable zone de confort ; celle d’un lieu où se mêlent des attaches affectives et sociales. Par ailleurs, le nombre réduit de personnages renforce l’illusion théâtrale. Il faut noter à cette occasion la très belle distribution du film notamment marquée par la présence de Judi Dench (la grand-mère), Jamie Dornan (le père) ou encore de Caitriona Balfe (la mère). Le spectateur est immergé dans ce cadre familial chaleureux qu’il pourrait croire sien.

Malgré tout, cela serait une erreur de réduire Belfast à une unique mise en scène théâtrale. Plan-séquence, gros plans, choix intéressant du noir et blanc, éléments géométriques dans la composition de l’image, références et détails, etc. : le film présente une multitude d’effets cinématographiques maniés avec justesse sans toutefois s’apparenter à une démonstration d’une heure et demie de la maîtrise de ces procédés. Le film conserve de manière troublante toute sa sincérité, sa simplicité et son authenticité. 

Ce film est marquant et interroge dans les thèmes qu’il aborde. Bien que dans le cadre du film le conflit nord-irlandais soit appréhendé à travers les yeux d’un enfant, il est possible de faire un parallèle avec notre propre perception d’évènements contemporains (pouvant être qualifiés « d’historiques ») qui ne peuvent être compris et ressentis que de manière imparfaite même à l’âge adulte. À l’image de Buddy, nous vivons les évènements en tant qu’acteurs impliqués dans une double logique : celle de l’Histoire et de notre propre histoire. Cela interroge également sur nos attaches familiales, sociales et matérielles et sur la manière dont un conflit peut nous contraindre à faire un choix entre celles-ci et notre propre sécurité. Enfin, ce film invite à ne pas omettre les réalités du monde extérieur sans toutefois renoncer à voir la vie de manière simple et poétique ; en somme à voir la vie à travers des yeux d’enfant.

Pour les cinéphiles amateurs de belles images, les curieux à la recherche de déroutantes surprises et les rêveurs en quête de poésie et de retour en enfance : allez le voir de bon cœur ! 

Cet article n’engage que son autrice.

Camille Lecerf

Partager :