[Idées de Sorties: Les Femmes Photographes de Guerre]

Avec son exposition “Femmes photographes de guerre”, le musée de la Libération de Paris met en lumière l’implication des femmes dans les conflits.


Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole, Anja Niedringhaus. Ces noms ne vous disent peut-être rien. Pourtant, ces huit femmes photographes ont couvert 75 ans de conflits internationaux sur la période allant de 1936 à 2011. 

L’exposition présentée par le Musée de la Libération de Paris souhaite mettre en avant le rôle fondamental joué par ces femmes photographes, dans la formation de l’image de la guerre. Les femmes ont-elles un regard différent de celui des hommes sur la guerre ? Peut-on le percevoir au travers de leurs photographies ? C’est une des questions-clés de l’exposition. 

© Lisa BERDAH

Bien loin des stéréotypes de genre et de la nature fragile qui a longtemps été attribuée aux femmes, les photographies mettent en avant l’implication des femmes dans la guerre, qu’elles soient combattantes, victimes ou témoins. Toutefois, l’objectif de l’exposition n’est pas d’insister sur la place des femmes dans un milieu d’hommes, mais bien de mettre en lumière le regard des femmes sur ces nombreux conflits. La question de la violence de la guerre n’est pas masquée, au contraire. Elle est représentée dans les clichés, avec des portraits particulièrement émouvants, parfois intimes. Cette violence, ces photographes l’ont vécue, certaines ayant même perdu la vie sur le front, en couvrant des conflits. De l’argentique au numérique, ces huit femmes photographes ne représentent pas de la même façon les conflits qu’elles couvrent, puisque « le regard féminin n’existe pas » comme le dit Christine Spengler, photographe française. 

C’est donc au travers de la photographie, outil privilégié pour décrypter l’histoire, que l’on affine notre perception des conflits, que l’on saisit les spécificités propres à chaque guerre. Des conflits européens des années 1930 et 1940 aux guerres internationales les plus récentes, le regard de ces femmes photographes nous éclaire. 

© Lisa BERDAH

En bref, l’exposition “Femmes photographes de guerre” met à l’honneur des femmes qui ont risqué leur vie pour s’informer. C’est la dimension novatrice apportée, qui fait la richesse de l’exposition. Accessible, touchante, poignante, à voir absolument avant le 31 décembre 2022, date de fin de l’exposition ! 

Lisa BERDAH

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LE STREET ART PARISIEN QUI SOUTIENT L’UKRAINE

À Paris comme ailleurs, les artistes soutiennent les Ukrainiens avec des messages de paix et de solidarité en forme d’images dans les murs. L’Ukraine est pleine de street art et plusieurs artistes français et parisiens y voyagent pour les voir.

Dans le 13e arrondissement, au boulevard Vincent Auriol, on apprécie l’oeuvre de Djoulay Papaye. L’artiste signe ici une fresque pour la Paix, pour l’Ukraine, pour la Vie, pour l’Avenir, pour les Femmes, pour les Innocents.

À Rue Barrault, 11 femmes street artistes sont intervenues en live painting à l’occasion de la Journée des Droits de la Femme. La street artiste Carole B Collage a décidé de changer son oeuvre initiale pour soutenir les Ukrainiens et Ukrainiennes : Wonder Woman couronnée de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, du violet pour la couleur symbolique de la lutte pour le droit des femmes et de l’égalité, mais aussi car la couleur de Marianne à l’international. Ensuite, on lit « Liberté, Égalité, Solidarité » avec les dates de déclaration d’indépendance, proclamée à Kiev en 1917 et le 24 août 1991. Sur son compte Instagram elle a déclaré “Non à la guerre, non à l’injustice”. 

À la Butte aux Cailles, terrain des street artistes, on découvre de nombreuses oeuvres en soutien pour l’Ukraine. « Fight for your rights« , de l’artiste Kelu Abstract, juste en face de l’oeuvre de son ami Jeff Aérosol.

Dans la rue Domrémy et Patay, on voit l’œuvre de Christian Guémy, ou C215, qui rend hommage aux anonymes, victimes et héros de la guerre. Pour l’artiste, cette œuvre, de la taille de 4 étages, représente un enfant universel, avec une couronne de fleurs sur la tête, « symbole des pays slaves ». Il s’est inspiré d’une citation du résistant Ukrainien Volodymyr Zelensky: « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous prendrez une décision ».

L’artiste Bebar a décrit son œuvre sur Instagram: « Fresque peinte en soutien au peuple Ukrainien. Il m’a été très difficile de trouver les mots justes lors de l’inauguration. En tant qu’artiste, je me devais de participer bénévolement à cette cause, mais aussi comme citoyen pour prôner la Paix et la Liberté et dénoncer cette guerre fratricide !»

À la rue Buot, on voit la petite fille de Julien Mallan, plus connue comme Seth Globepainter qui représente les enfants qu’il a rencontré en Donbass, l’une des régions ukrainiennes au cœur du conflit.  Au HuffPost US, il a déclaré: “Ce dessin symbolise le courage des Ukrainiens face à l’invasion russe (…) je sais à quel point il est important pour les personnes qui vivent cette situation dramatique de savoir que nous pensons à elles”.

On suggère alors la sensibilisation des habitants de Paris et des touristes dans un détour au 13 ème arrondissement pour voir les dénonciations des artistes à Paris contre la guerre et leur compassion, sensibilisation et soutien aux victimes et à la paix en Ukraine.

SOURCE : https://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/272465-quand-le-street-art-soutient-l-ukraine-a-paris

LUISA MARUJO IBRAHIM

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Une autre idée du monde : un « film d’écrivain »

Un monde oublié et caché, loin de nos yeux et de nos pensées, et pourtant si proche de nous, de nos frontières européennes : c’est cette réalité oubliée qui est au cœur du dernier film de Bernard-Henri Lévy, Une autre idée du monde. Sorti en France le 1er décembre, ce film recueille les reportages que le célèbre philosophe a tournés dans le monde : du Nigéria au Kurdistan, du Bangladesh à la Somalie, en passant par l’Afghanistan du commandant Massoud et de son fils, le jeune Ahmad Massoud.

Les images de la guerre, dans ses aspects les plus atroces et les plus absurdes, nous montrent la misère et la souffrance de peuples opprimés, dont la quotidienneté est synonyme de guerre, de conflit armé, de terreur ; la voix de BHL nous guide tout au long du film, en mêlant le récit des expériences personnelles avec des réflexions historiques, voire philosophiques.

Lévy filme la guerre, mais surtout, il filme les hommes, les femmes, les enfants qui subissent cette guerre oubliée, dont personne n’est au courant : on ne la voit pas, et alors on se convainc qu’elle n’existe pas. D’où le rôle de ce film, qui se veut avant tout témoignage, moyen de transmission d’une réalité oubliée : émouvantes sans être pathétiques, vraies sans être anonymes, les scènes de guerre nous touchent et nous font appel, nous poussent à réfléchir sur le sens de ces conflits et à nous interroger sur notre responsabilité. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment peut-on agir ? Il n’y a pas de réponse univoque, mais le message de Lévy, c’est l’appel d’un écrivain fils de l’engagement sartrien, partisan d’un art – qu’il soit art cinématographique, théâtral ou littéraire – engagé et hétérotélique, au service d’une certaine cause, d’une certaine idée du monde. Comme le souligne le réalisateur, Une autre idée du monde est un « film d’écrivain », dans la mesure où il ne s’agit pas d’un reportage neutre et anonyme, mais d’un récit subjectif et vécu des histoires présentées, un ensemble de portraits et de visages révélateurs d’une certaine condition humaine, d’une autre condition humaine, ou mieux inhumaine.

Immergé par une heure et demie dans la guerre et la terreur, dans la mort et la faim, dans le danger et la pauvreté, le spectateur sort de la salle avec un sentiment qui est souvent considéré comme acquis : le goût de la liberté et de la paix, la capacité – pour un instant éphémère peut-être – de prendre du recul par rapport à sa propre situation, aux rues parisiennes dans lesquelles on se promène à la sortie de la séance, en en appréciant deux choses : la liberté et la paix. C’est à ce moment-là que retentissent dans nos esprits les vers d’un auteur qui porte le même nom que le réalisateur d’Une autre idée du monde, Primo Levi, qui en 1947 nous invitait – au début de son roman Si c’est un homme – à réfléchir sur la inhumanité de la guerre, sur la condition de l’homme en guerre, de l’homme qui souffre, « qui peine dans la boue / qui ne connait pas de repos / qui se bat pour un quignon de pain » :

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

La table mise et des visages amis,

Considérez si c’est un homme

[…]

Gravez ces mots dans votre cœur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant.[1]

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo


[1] Traduction de l’italien par Martine Schruoffeneger.

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[Actualité de l’UNESCO: Irak : Début de la reconstruction de la mosquée Al-Nouri et des églises Al-Tahera et Al-Saa’a à Mossoul]

 Endommagés par la guerre en Irak, la reconstruction de plusieurs édifices religieux à Mossoul va commencer. Cette opération se fera sous l’égide de l’UNESCO, qui a accès aux sites depuis 2018 (un an après la libération de la ville). Elle concernera un des monuments emblématiques de la ville : la mosquée Al-Nouri et son minaret incliné surnommée Al-Hadba (“la bossue”), qui avaient été dynamités par les partisans de Daech en juillet 2017, mais pas complètement détruits (par exemple, les colonnes en marbre de la salle de prière sont tombées, mais pourront être sauvées). À ce projet est associé celui des églises Al-Tahera et Al-Saa’a (dite “Notre-Dame de l’horloge”), et cela dans le but de préserver une diversité culturelle dans le centre-ville de Mossoul. L’idée est de promouvoir la réconciliation sociale à travers la culture, car la valeur de ces bâtiments n’est pas qu’historique, elle est aussi symbolique pour la paix entre les différentes religions.

Durant la guerre, la ville de Mossoul a été entièrement dévastée, avec plus de 12 000 bâtiments détruits. Il est donc primordial pour l’UNESCO de ne pas se contenter d’uniquement reconstruire, mais aussi d’agir sur le long terme. Ces initiatives sont regroupées sous le nom de « Faire revivre l’esprit de Mossoul”, et le projet est en grande partie financé par les Emirats Arabes Unis. Il comprend notamment la formation des jeunes sur le terrain, mais aussi la création d’emplois.

Pour cette reconstruction, un concours entre cabinets d’architecture a été mis en place par l’UNESCO, et cela a été accompagné par une consultation à grande échelle des habitants pour choisir certaines options concernant la rénovation. Le concours s’est terminé le 15 avril 2021, les travaux vont donc commencer très prochainement.

Ce projet est essentiel pour remettre le pays sur pieds car, comme le fait comprendre Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO : “C’est par l’éducation et la culture que les Irakiens, hommes et femmes à égalité, pourront reprendre leur destin en main et devenir les acteurs du renouveau de leur pays.”

Article écrit par Cléa Brunaux

Cet article n’engage que son auteur

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