[TIKAL, un trésor maya inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO]

Ce lundi s’est tenue à l’UNESCO la cérémonie de remise volontaire d’un fragment de stèle Maya provenant du site de Piedras Negras au Guatemala. Cette stèle avait été dérobée lors de fouilles dans les années 1960. Elle est réapparue lors d’une vente aux enchères qui a eu lieu à Paris en 2019. La collectionneuse privée Manichak Aurence a alors décidé de restituer volontairement le fragment de stèle au Guatemala. 

Le Guatemala est le pays dans lequel se situe l’une des merveilles du patrimoine de l’UNESCO : le site de Tikal. Il est l’un des rares trésors archéologiques qui est inscrit au patrimoine mondial à la fois sur des critères naturels pour sa faune et sa flore luxuriante mais également pour son importance archéologique. Le site a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 1979. 

Mais quel est ce site protégé par l’UNESCO ? 

Le site de Tikal est situé dans la région du Petén au Guatemala. Il s’agit d’un trésor archéologique unique au monde. C’est l’une des plus vieilles villes antiques qui présente, malgré son ancienneté une structure aussi complexe que les grandes métropoles d’aujourd’hui. Elle fut habitée du VIe siècle avant J.C au Xème siècle de notre ère.  

Le peuple Maya était capable non seulement de construire des pyramides monumentales mais aussi de développer des techniques d’ingénierie novatrices. Tikal est ainsi l’archétype de la civilisation maya, en étant à la fois un centre religieux, commercial et élitaire.

Le site de Tikal est l’un des plus grands complexes archéologiques laissés par la civilisation maya. Il présente une surface de 60 km carrés qui réunissaient une population estimée à 60 000 habitants. Il compte environ 12 000 structures différentes qui sont pour la plupart réservées aux rites sanglants pratiqués par les mayas. 

Au niveau du centre politico-religieux (environ 400 hectares) se trouvent les plus grands ensembles comme les pyramides qui sont les structures les plus hautes de la cité. La pyramide IV fait plus de 65 mètres de haut et est reconnue ainsi comme l’édifice précolombien le plus haut jamais construit. Les pyramides ont une symbolique importante dans la pensée maya, elles représentent des montagnes qui définissent le lien entre les humains et les divinités. Plus elles sont hautes, plus elles ont une symbolique forte. 

Le site est immense ! Il y a également d’autres structures rituelles comme deux acropoles, plusieurs grandes places, des stèles, des plateformes cérémonielles mais aussi des terrains de jeu de balle qui était un sport rituel qui était parfois accompagné de sacrifices très pratiqué chez les mayas. 

 On comprend ainsi que Tikal par la taille et le nombre d’édifices rituels pouvaient exercer une certaine influence sur ses habitants mais aussi sur les cités aux alentours. Cette influence est également commerciale. Les quatre grandes chaussées principales qui partent du centre de la cité nommés après les archéologues qui les ont découvertes : Maler, Maudsley, Mendez et Tozzer permettaient de relier les différentes parties de la cité entre elles. Elles étaient empruntées par les habitants de la région urbaine périphérique afin de rejoindre le centre de la cité pour les rites et pour les échanges de marchandises. 

La cité était très influente : elle entretenait même des liens avec la cité de Teotihuacán (située à 40 km de l’actuelle Mexico). En avril de cette année, les archéologues ont trouvé des similitudes très importantes entre une pyramide de Tikal et la Citadelle de Teotihuacan. Cette découverte extraordinaire nous montre la force des interactions culturelles entre les deux civilisations. 

En outre, les habitants de Tikal ont développé des techniques d’ingénierie hors du commun et notamment le système de filtration le plus ancien connu à ce jour. En effet, en octobre 2020, des chercheurs de l’Université de Cincinnati ont pu découvrir une technique de filtration présente à Tikal. Les mayas auraient utilisé les creux réalisés dans la terre pour construire leur temple, comme réservoir d’eau. A l’aide d’un mélange de minéraux différents qui pouvaient absorber les bactéries, ils ont rendu l’eau de pluie potable et ont réussi à la stocker. 

La flore a permis de conserver de manière exceptionnelle les vestiges antiques qui est encore un lieu de découverte. Le site est aujourd’hui au cœur d’une forêt quasiment vierge et extrêmement diversifiée, composée d’arbres colossaux et de forêts tropicales aux multiples essences, de nombreuses espèces animales et végétales qu’il faut absolument protéger. Selon un rapport de l’UNESCO, il existe sur ce site plus de 200 espèces d’arbres différentes, des centaines de mammifères comme le grand Jaguar (symbole puissant dans le culte maya), 330 espèces d’oiseaux dont certaines sont menacées comme le Grand Hocco mais également plus de 100 reptiles dont la plupart sont en voie d’extinction. 

Le site réserve encore de belles surprises : ainsi en septembre 2021, un archéologue de l’Université de Brown a découvert un nouveau quartier au sein du site de Tikal grâce à la technologie LIDAR qui utilise des rayons lumineux d’analyser le site comme s’il n’était pas recouvert de végétation. La similarité avec des constructions présentes à Teotihuacan pose à nouveau une question historique sur les relations étroites entre Tikal et Teotihuacan. La cité mystérieuse demeure ainsi le centre de nombreux questionnements et l’un des sujets les plus étonnants d’archéologie. 

Sources : 

« Parc national de Tikal », UNESCO 

« Maya de l’aube au crépuscule », Collections nationales du Guatemala , Musée du quai Branly, octobre 2011 UNIVERSALIS.

Cet article n’engage que son auteur.

Article d’Aurélie SABATHIER

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[Patrimoine mondial naturel de l’UNESCO : Îles Galápagos]

Si les îles Galápagos sont un des premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, elles suscitent en réalité l’intérêt depuis 1839, avec la publication de « Voyage du Beagle » par Charles Darwin.

© Géolien

Présentation du site :

Les 19 îles formant l’archipel des Galápagos (qui signifie « tortues de mer »), se situent à 1 000 km de la côte équatorienne dans l’Océan Pacifique et s’étendent sur plus de 14 066 000 ha. L’archipel est officiellement devenu un parc national en 1959, avant d’être inscrit sur la liste du patrimoine de l’UNESCO en 1978. Depuis, les îles sont devenues des destinations touristiques attirant des dizaines de milliers de personnes chaque année.

De nombreuses espèces végétales et animales inhabituelles peuplent cet archipel et en font un véritable « musée vivant et une vitrine de l’évolution » unique en son genre : on y retrouve des iguanes marins, des cormorans aptères, des cactus, des tortues géantes, ainsi que de nombreuses espèces endémiques. Cette faune et cette flore uniques ont pu voir le jour grâce à la localisation géographique, à l’activité sismique et volcanique, à l’isolement géographique ainsi qu’au croisement de trois courants océaniques au sein de l’archipel.

Grâce à la diversité des espèces présentes sur ces îles, Charles Darwin a pu faire des observations en 1835 qui lui ont plus tard permis d’argumenter son étude sur l’évolution et la sélection naturelle, publiée en 1859. Un centre de recherche porte aujourd’hui son nom à Puerto Isidro Ayora, une ville située sur l’île Santa Cruz.

En effet, plusieurs îles de l’archipel sont habitées : des zones rurales et urbaines ont été désignées sur quatre îles tandis qu’une cinquième accueille un aéroport, le port pour les touristes ainsi que des réserves de carburants et des équipements militaires. Autour des îles se trouve la réserve marine, créée en 1986 et étendue en 1998 à 133 000 km carrés. Cette réserve comprend ainsi les eaux intérieures de l’archipel, mais également les côtes des îles les plus éloignées. Si toutes les îles habitées ont leur propre port, les autres sont strictement contrôlées et leurs itinéraires touristiques sont planifiés.

De gauche à droite et de haut en bas : un fou à pieds bleus, un crabe rouge, une tortue géante des Galápagos et un iguane terrestre des Galapagos, quatre espèces emblématiques de l’archipel.

Critères de sélection :

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Les îles Galápagos satisfont les quatre critères naturels de l’UNESCO.

  • Critère vii : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.

La vie sous-marine de l’archipel est d’une grande diversité. Les animaux marins étant habitués aux êtres humains, il leur arrive d’accompagner les plongeurs, une expérience inédite. 

  • Critère viii : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.

Le site intéresse fortement les scientifiques d’un point de vue géologique par le fait que trois plaques tectoniques majeures se croisent au fond de l’océan. Bien que l’archipel soit très jeune comparé avec les autres archipels océaniques, le site illustre parfaitement l’évolution des zones volcaniques.

  • Critère ix : être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins.

Les îles de l’archipel sont un des rares exemples dans le monde de l’influence des processus écologiques et d’évolution sur la faune et la flore. Les pinsons de Darwin notamment, illustrent la radiation évolutive qui continue encore aujourd’hui. L’évolution des espèces dans des conditions changeantes est également visible dans la réserve maritime. Une grande partie de la faune terrestre de l’archipel est d’ailleurs dépendante de la mer.

  • Critère x : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Malgré son jeune âge, l’archipel regorge d’une grande diversité d’espèces emblématiques telles que les tortues géantes ou les iguanes terrestres. Une flore endémique, notamment illustrée par les « arbres à marguerites géants », est également présente sur les îles : on y compte plus de 180 espèces de plantes vasculaires propres à l’archipel. Mais parmi les mammifères terrestres et les reptiles, certaines des espèces endémiques sont menacées, comme l’iguane marin par exemple. Il en est de même pour la faune, chez laquelle on compte 18,2% d’endémisme. Certaines interactions de nature exceptionnelles ont également lieu entre les biotes marins et terrestres, comme le montre la présence d’oiseaux de mer et de lions de mer.

L’iguane marin des Galápagos, une espèce endémique de l’archipel illustrant les interactions entre les mondes terrestres et marins.

Gestion du site :

Les îles Galápagos font face à divers types de menace : les espèces invasives, la croissance démographique, la pêche illégale, le tourisme de masse et les problèmes de gestion.

Des mesures ont donc été prises dès 1986 avec la promulgation d’une loi visant à contrôler la pêche et la surexploitation des ressources maritimes de l’archipel. En 1998, cette protection a été renforcée par une loi pour la conservation et le développement durable dans la région, inscrite dans la constitution de la République d’Equateur. L’archipel est ainsi devenue une zone protégée gérée par le Service du parc national des Galápagos. Ce service gère la planification provinciale, les quarantaines, la pêche, le suivi des activités maritimes, l’immigration, le tourisme…

De ce fait, les personnes vivant dans les zones concernées voient certains de leurs droits limités, qui sont compensés par des droits préférentiels en ce qui concerne l’utilisation des ressources naturelles. Ainsi, le Service national du parc des Galápagos rédige régulièrement des plans de gestion depuis 1974, en collaboration avec des porte-paroles de groupes socio-économiques locaux. La gestion du site est alors conforme aux règles internationales.

En 2019, le président Lenin Moreno avait envisagé d’autoriser la présence d’avions militaires américains sur l’archipel, en échange de travaux de rénovation de l’aéroport. Mais les organisations environnementales avaient dénoncé l’impact négatif de cette décision sur la biodiversité, d’autant plus que l’installation de bases militaires étrangères sur le sol équatorien était interdite par la Constitution du pays depuis 2008.

Une forêt de scalesias, « arbres à marguerites géants », sur l’île Santa Cruz.

Sources : Îles Galápagos, Îles Galápagos – Wikipédia

Cet article n’engage que son auteure.

Article écrit par Mathilde VARBOKI

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[Le Patrimoine naturel de l’UNESCO : le parc national des Virunga]

Premier parc national créé en Afrique et inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 1979, le parc national des Virunga subit aujourd’hui de nombreuses attaques armées qui menacent son intégrité.

Le parc national des Virunga, qui se situe en République démocratique du Congo, à la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, s’étend sur plus de 790 000 ha. Créé en 1925 afin de protéger les gorilles de montagne, le parc a rejoint la liste du patrimoine mondial en péril en 1994 et a été désigné site Ramsar (appellation regroupant les zones humides d’importance internationale) en 1996. A l’origine instauré sous le nom de parc Albert, il a progressivement été agrandi jusqu’à atteindre sa superficie actuelle.

Le parc est aujourd’hui partagé en trois secteurs principaux : les Montagnes des Virunga au Sud, le lac Édouard et les plaines au centre, et le bassin de la Semliki ainsi que les Rwenzori au Nord. On y trouve ainsi une grande diversité d’habitats, qui vont des rivières fréquentées par les hippopotames aux neiges éternelles du Rwenzori à plus 5 000 mètres d’altitude, en passant par les marécages, les steppes, les plaines de lave et les savanes. Dans ces dernières vivent des gorilles de montagne, espèce emblématique du parc, mais également des gorilles de Grauer et des chimpanzés de l’est.

Critères de sélection :

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Le parc national des Virunga en satisfait trois.

  • Critère (vii) : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.

Les paysages de montagne du parc sont les plus spectaculaires d’Afrique. Tandis que les monts enneigés Rwenzori présentent des reliefs tourmentés, les volcans du massif des Virunga sont couverts d’une végétation afro-alpine de fougères arborescentes. D’autres panoramas spectaculaires sont présents, comme les vallées érodées des régions de Sinda et d’Ishango.

  • Critère (viii) : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.

Le Parc national des Virunga est situé au centre du Rift Albertin, dans la Vallée du Grand Rift. L’activité tectonique a fait émerger le massif des Virunga : sept de ses volcans sont situés dans le Parc, dont les deux plus actifs d’Afrique, à savoir le Nyamuragira et le Nyiragongo. Le secteur nord du Parc inclut environ 20 % des monts Rwenzori, qui forment la plus vaste région glaciaire d’Afrique.

  • Critère (x) : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Le Parc national des Virunga possède une très grande diversité de plantes et d’habitats grâce à ses variations d’altitude, ce qui en fait le premier parc national africain en termes de diversité biologique. On y retrouve par exemple plus de 2 000 plantes supérieures, dont 10% sont endémiques au Rift Albertin. Mais le parc comptabilise également plus de 200 espèces de mammifères, 700 espèces d’oiseaux et 100 espèces de reptiles. Enfin, divers ongulés rares tels que l’okapi vivent dans le parc.

Gestion du site :

Divers problèmes de gestion subsistent, notamment au niveau la délimitation des différentes zones ou de la surveillance renforcée du parc, qui permettrait de réduire le braconnage, la déforestation et les activités des groupes armés. Le parc national des Virunga est géré par l’Institut congolais pour la conservation de la nature, dont de nombreux agents sont morts en service. Comme le rapporte le site de l’UNESCO, plus de 200 rangers ont perdu la vie en protégeant ce site : en avril 2020 par exemple, une attaque armée a fait 17 morts et trois blessés graves.

L’intégrité du parc se retrouve en outre menacée par la présence de plusieurs gisements de pétrole. Un documentaire produit par Leonardo DiCaprio, Virunga, est d’ailleurs sorti en 2014 sur Netflix afin de dénoncer la compagnie pétrolière Soco International, qui avait entrepris des forages sous le Lac Edouard et tenté de corrompre des gardiens du parc.

Enfin, les infrastructures du parc doivent être renforcées afin de protéger les espèces rares et menacées de manière plus efficace et l’établissement de zones tampons devient nécessaire à cause de la croissance démographique humaine. L’idée de promouvoir le tourisme dans le parc gagne ainsi de l’importance ces dernières années, car celui-ci pourrait contribuer au financement régulier du site et lui garantir des ressources suffisantes pour le protéger à long terme.

Sources : Parc national des Virunga, L’UNESCO apporte un soutien crucial à la biodiversité dans les situations d’urgence, L’UNESCO condamne la nouvelle attaque meurtrière au Parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, Netflix.

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

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[Le Patrimoine naturel de l’UNESCO : le parc national du Vatnajökull]

Créé en 2008, le parc national du Vatnajökull est une région volcanique emblématique de l’Islande, qui couvre 14% de l’île. Ce bien de 1 482 000 ha, dont 85% est classé comme une zone de nature sauvage, est le plus grand parc national d’Europe.

Le bien est traversé par la zone volcanique orientale et la zone volcanique septentrionale, deux zones de rift qui compensent le l’écartement des plaques tectoniques, de 19 mm chaque année. On compte en effet dix volcans dans le parc, dont huit sont sous la glace et sont parmi les plus actifs d’Islande. Lorsque ces derniers interagissent lors d’une éruption avec les fissures de la calotte glaciaire du Vatnajökull (qui recouvre environ 780 000 ha), la rupture de la marge du glacier provoque une inondation : le Jökulhlaup. Apparaissent alors des plaines de sable, des réseaux fluviaux et des canyons, phénomène unique au monde.

Dettifoss sous la neige fin avril.

En dehors de la calotte glaciaire, on retrouve logiquement des champs de lave, mais aussi des montagnes et des roches volcaniques formées lors des éruptions fissurales (hyaloclastites). C’est de ce phénomène qu’est née l’expression attribuée au parc, “la nature dynamique du feu et de la glace”. Ce système a permis la création de reliefs dynamiques et variés sur le plan géologique, qui sont actuellement sous-représentés ou absents de la Liste du patrimoine mondial, d’où l’importance du parc. 

La protection de ce bien est plus que jamais d’actualité : si la calotte glaciaire du Vatnajökull a atteint sa plus grande extension à la fin du XVIIIe siècle, elle est aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique mondial.

Si le parc abrite de nombreuses espèces (rennes, phoques, plantes vasculaires…), il faut savoir que ces zones volcaniques abritent également une faune propre aux eaux souterraines, qui a survécu à la période glaciaire. On retrouve également des organismes unicellulaires dans ce milieu inhospitalier qui reproduirait les conditions de la Terre à ses débuts, ainsi que des satellites de glace de Jupiter et Saturne.

Le Hvannadalshnjúkur, plus haut sommet d’Islande situé au sud de la calotte du Vatnajökull.

Critères de sélection :

Le parc national du Vatnajökull a été inscrit sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2019, sur un critère.

Critère (viii) : “être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géo-morphiques ou physiographiques ayant une grande signification”

En effet, la coexistence d’un rift océanique actif émergé, d’une remontée de roches chaudes et d’une calotte glaciaire de cette taille, est inédite et fait du parc un bien unique. Les paysages y sont variés et présentent des caractéristiques à la fois tectoniques, glacio-volcaniques et volcaniques. Ces dernières ont d’ailleurs servi de comparatifs pour étudier la planète Mars. Les caractéristiques du bien étant facile d’accès, elles font l’objet d’un intérêt scientifique important : pas moins de 281 articles scientifiques ont été publiés sur le parc ces dix dernières années. 

Paysage montagneux des hauteurs de Kjós, près de Skaftafell.

Gestion du site :

Dans la mesure où le site est classé zone de nature sauvage, il n’y a pas eu de développement humain destructif dans les limites du bien : seuls quelques employés du parc y vivent à l’année.

La plus grande partie du bien est protégée par la Loi sur le Parc national du Vatnajökull. Plusieurs autres lois nationales importantes sont en vigueur pour assurer sa protection. L’agence gouvernementale du Parc national du Vatnajökull, principale responsable de l’application de la législation sur le parc, est soutenue par le Gouvernement de l’Islande, les municipalités locales et les entreprises. Les zones ajoutées au parc national depuis 2013 sont progressivement intégrées dans les dispositions de gestion. 

Le budget du parc, dont 30% provient de ses recettes, est principalement financé par le gouvernement central. Le Fonds de protection des sites touristiques et l’organisation à but non lucratif des Amis du Vatnajökull participent également à son financement.

Enfin, la gestion du parc s’avère difficile dans la mesure où il s’agit d’une zone où les risques naturels sont communs. Il faut en outre protéger le site de l’usure, empêcher les activités illégales et contrôler le flux de visiteurs, qui ne cesse de croître chaque année.

La fissure volcanique d’Eldgjá.

Sources : Parc national du Vatnajökull, Parc national du Vatnajökull – la nature dynamique du feu et de la glace

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

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[ Le patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: Les Sundarbans – Bangladesh]

Le site naturel des Sundarbans, situé au sud-ouest du Bangladesh, est l’une des plus grandes forêts de mangroves au monde. La mangrove est une formation forestière littorale tropicale, à base de palétuviers, ne se développant que dans la zone de balancement des marées, appelée estran, des côtes basses des régions tropicales.  

Le bien, classé patrimoine mondial depuis 1997, s’étend sur 140 000 hectares et couvre le “delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, dans la baie du Bengale ». 60% de la superficie du bien se situe au Bangladesh, l’autre se trouvant en Inde.

Le site abrite une riche biodiversité mondialement reconnue avec sa flore particulière et sa faune exceptionnelle : des tigres du Bengale, des espèces menacées à l’image du crocodile marin, ou encore 260 espèces d’oiseaux. Il présente de nombreux habitats « terrestre, aquatique et marin pour des espèces de faune et de flore de toutes tailles ». Il est également considéré comme une zone de reproduction de multiples espèces en voie de disparition. Le bien est constitué de terres immergées ainsi que de zones maritimes avec de nombreuses voies d’eau. Le site a aussi une dimension hautement symbolique : il est, selon l’UNESCO, « l’un des hauts lieux du patrimoine mythologique et historique » de la région.

Critères de sélection : 

Les Sundarbans ont été sélectionnés sur la base des critères de sélection IX et X : 

Pour en savoir plus sur les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/  

Critère IX : « être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ». 

Le site est représentatif de processus écologiques en tant que témoin de la « formation d’un delta et de la colonisation subséquente des îles du delta ». Les éléments marqueurs de ces processus sont : les pluies de mousson, les inondations, la formation de deltas, l’influence des marées ou encore la colonisation végétale. Les terres et ilots ont une forme très particulière car ils ont été façonnés par l’action des marées du delta. Ils sont donc les marqueurs de ce processus écologique. 

Critère X : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation ». 

Les Sundarbans abritent une abondante biodiversité marine et terrestre tant floristique que faunistique. Le site accueille par exemple des espèces en voie d’extinction comme les dauphins du Gange et de l’Irrawaddy ou les tortues fluviales de l’Inde (Batagur baska). 334 espèces de plantes s’y trouvent. La protection de ce bien classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est donc primordiale puisqu’il permet la conservation in situ de nombreuses espèces et la pérennité de l’une des plus grandes forêts de mangroves au monde.

Les Sundarbans, – image libre de droits.

Gestion du site : 

Le site classé fait face à des pressions et menaces extérieures de taille tant naturelles (comme les cyclones, les raz-de-marée ou l’envasement) qu’humaines avec la surexploitation des ressources animales et sylvicoles (foret), le braconnage ou encore le défrichement en faveur d’une activité agricole. 

Une protection juridique a été mise en place au niveau national depuis le début du 19ème siècle, qui bénéficiait au site actuel inscrit sur la liste de l’UNESCO. Ses environnements terrestres, forestiers et aquatiques étaient donc déjà en partie protégés. Le site était préservé grâce à des réserves forestières créées en 1878 puis avec ses trois sanctuaires de faune et de flore sauvages, qui ont été créés en 1977.  Selon l’UNESCO, aujourd’hui, « l’objectif principal de la gestion est la conservation de la biodiversité, des valeurs esthétiques et de l’intégrité. » Le bien est « actuellement bien géré et régulièrement suivi selon des normes de gestion bien établies par un personnel régulier et des unités administratives ». 

La conservation du site est nécessaire car il s’agit d’une zone essentielle pour des millions d’habitants riverains du site : absorption de la force des raz-de-marrée, protection face aux cyclones et inondations. Il constitue également un moyen de subsistance pour de nombreuses populations aux activités diverses : « coupeurs de bois, pêcheurs, collecteurs de miel et ramasseurs de feuilles et d’herbe ».

Pour en savoir plus : https://whc.unesco.org/fr/list/798 

Cet article n’engage que son auteure.

Agathe Passerat de La Chapelle

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[Le patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: les îles Phoenix]

Pour le premier avril, nous vous proposons de découvrir une nouvelle zone maritime protégée, réputée pour les poissons qu’elle contient : l’aire protégée des îles Phoenix. 

Si la grande barrière de corail est la plus célèbre zone maritime protégée du globe, l’aire protégé des îles Phoenix est quant à elle « la plus grande zone maritime protégée au monde ». Recouvrant 408 250 km², elle se compose de huit îles, de récifs submergés et des eaux environnantes, ce qui correspond à 12% du territoire kiribatien, dans l’Océan Pacifique sud.

Crée en 2006 dans l’espoir d’encourager la communauté internationale à protéger l’environnement, l’aire des îles Phoenix a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010.

L’aire protégée des îles Phoenix est interdite à toute exploitation de ses ressources, ce qui lui a permis de conserver « un des derniers écosystèmes intacts d’archipel corallien océanique de la planète ». En effet, on y retrouve 200 espèces de coraux, 500 espèces de poissons, 18 espèces de mammifères marins et 44 espèces d’oiseaux : poissons requins, tortues de mer, crabes de cocotier… 

Le site contient également 14 monts sous-marins, qu’on suppose être des volcans éteints. Ceux-ci font jusqu’à 4 500 mètres d’altitude et 6 000 mètres de profondeur.

Grâce à son isolement, l’aire des îles Phoenix est ainsi un site unique en terme de biogéographie, dans la mesure où il s’agit d’un habitant crucial pour les espèces migratoires et les courants océaniques de la région.

© Conservation.org

Critères de sélection : 

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. L’aire protégée des îles Phoenix en satisfait deux.

Critère (vii) : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.

L’Aire protégée des îles Phoenix est une étendue sauvage inhospitalière à la colonisation humaine, minimisant ainsi l’impact des activités humaines. La nature quasiment vierge, la clarté des fonds marins, le spectacle des groupes d’espèces charismatiques, les récifs coralliens d’une beauté exceptionnelle et les concentrations d’oiseaux marins, font de ce bien un véritable kaléidoscope d’une beauté naturelle exceptionnelle, dont l’importance est planétaire.

Critère (ix) : être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins.

En tant que lieu de reproduction de nombreuses espèces terrestres et marines, et grâce au haut niveau de biodiversité qui lui est associé, l’aire protégée des îles Phoenix contribue fortement au développement des écosystèmes marins et des communautés végétales et animales de la planète. Ce bien est d’une importance scientifique majeure dans l’identification et le suivi des processus d’évolution du niveau de la mer, les taux de croissance et l’âge des récifs et des coraux constructeurs de récifs et dans l’évaluation des effets du changement climatique.

Gestion du site :

Sur le plan juridique, l’aire des îles Phoenix est protégé en vertu d’un règlement de 2008 qui définit clairement son périmètre, établit son comité de gestion et s’efforce de mettre en place d’un plan de gestion. Le gouvernement de Kiribati s’engage fermement à garantir un système de gestion durable et adapté aux conditions d’un petit État insulaire en développement, notamment en sanctionnant des bateaux de pêche illégale.

Kiribati s’engage à poursuivre le renforcement des capacités de gestion, notamment en matière de surveillance et de respect de la législation, à travers des partenariats régionaux, nationaux et locaux. Le gouvernement de Kiribati veille également à ce que l’interdiction de pêcher dans la région soit respectée.

Les partenaires, comme Conservation International et l’Aquarium de New England, s’engagent quant à eux à assurer la création, le financement global et le fonctionnement du fonds de soutien en faveur du bien. 

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_prot%C3%A9g%C3%A9e_des_%C3%AEles_Ph%C5%93nix, https://whc.unesco.org/fr/list/1325/

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[ Chronique scientifique, le patrimoine mondial naturel de l’UNESCO : Réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift ]

Classé en 2011 au patrimoine naturel mondial de l’Unesco, le réseau des lacs du Kenya
dans la vallée du Grand Rift regroupe trois lacs interconnectés : le Lac Bogoria, le Lac Nakuru et le Lac Elementaita ainsi que les territoires les entourant. Le site s’inscrit plus largement dans une succession de lacs traversant la vallée du Grand Rift (Ethiopie, Tanzanie, Kenya…), et orientés dans le sens nord-sud. Le réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift s’étend sur 32034 hectares. La vallée du Grand Rift correspond à un ensemble géologique situé en Afrique de l’Est et constitué d’une série de volcans et de failles. Son paysage particulier a été façonné par une succession d’épisodes tectoniques et volcaniques.
Les lacs, peu profonds, hébergent une riche biodiversité parfois menacée. Le site abrite
une grande diversité et concentration d’espèces d’oiseaux, notamment des flamants nains et des
pélicans blancs.

Lac Elementaita


Critères de sélection * :


Critère VII : « représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une
importance esthétique exceptionnelle ».
Le site présente une beauté naturelle exceptionnelle avec son paysage spectaculaire,
façonné par une succession d’épisodes géologiques. Il concentre également une profusion « de
chutes, de geysers, de sources chaudes, d’ eaux libres et de marais, de forêts et de pâturages
ouverts, avec pour décor le paysage de la vallée du Grand Rift » qui lui confère une richesse
naturelle. L’abondante biodiversité participe à ce cadre naturel harmonieux et la faune sauvage
offre une expérience exceptionnelle de la nature.


Critère IX : « être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et
biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de
plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ».
Le site concentre des processus écologiques et biologiques importants pour l’étude de
l’évolution et du développement des écosystèmes des lacs et de leur biodiversité. Ces lacs alcalins (pH est supérieur au pH neutre qui est de 7) produisant une immense quantité de
biomasse sont aussi d’intérêt scientifique international.


Critère X : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la
conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation ».
Le réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift est le plus important site de
nourrissage de la planète pour les flamants nains et le principal site de reproduction et de
nourrissage pour les pélicans blancs dans la vallée du Grand Rift. Jusqu’à 4 millions de flamants
nains se déplacent entre les trois lacs la majeure partie de l’année. Le site participe à la
conservation de ces espèces et fait partie intégrante de « la route la plus importante sur la voie de migration Afrique-Eurasie, où des milliards d’oiseaux voyagent entre leurs sites de reproduction du nord et leurs sites d’hivernage d’Afrique » Il abrite par ailleurs de nombreux mammifères à l’image du rhinocéros noir, de la girafe de Rothschild ou encore du grand koudou.

*Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection de l’UNESCO. Pour retrouver les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/


Gestion du site :


Le site classé fait face à des pressions et menaces extérieures de taille : sédimentation due à
l’érosion des sols, extraction accrue d’eau dans le bassin versant (qui augmente avec la
croissance démographique rapide de la région), expansion d’infrastructures, gestion des animaux sauvages, tourisme et pollution venue de la ville de Nakuru….
Chacun des trois lacs bénéficie « d’une protection juridique, de plans de gestion actualisés et
d’une présence satisfaisante pour appliquer les dispositions de gestion sur le terrain ». Les trois
lacs constituant le site classé sont par exemple inscrits sur la liste de Ramsar*.
La coopération transfrontalière est par ailleurs nécessaire pour la protection du bien puisque son fonctionnement (écosystèmes….) dépend en partie de la protection d’autres régions lacustres et de zones humides accueillant les espèces migratrices.

*La Convention de Ramsar, est relative aux zones humides d’importance internationale ( habitats des oiseaux d’eau…). Il s’agit d’un traité intergouvernemental adopté le 2 février 1971 qui sert de cadre à la conservation et à l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources.

Lesser Pink Flamingoes Phoenicopterus minor at Lake Nakuru Kenya East Africa

Lac Nakuru, Kenya. Image libre de droits.


Site : https://whc.unesco.org/fr/list/1060


Cet article n’engage que son auteure.
Ecrit par Agathe Passerat de La Chapelle.

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