[Le cinéma dans le procès de Nuremberg]

Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1 e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.

Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès
ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.
Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des preuves cinématographiques ont pu être utilisées et diffusées sur un écran de cinéma dans le tribunal. En parallèle, il s’agissait du premier procès filmé.


***


Le travail des cinéastes a joué un rôle considérable dans le procès. En effet, le réalisateur, John Ford avait confié une mission particulière à deux frères : Budd et Stuart Schulberg. Ayant respectivement 31 et 25 ans, ces anciens soldats vont se
retrouver chargés de réaliser une enquête inédite pour un des plus grands procès de l’histoire.


Le dossier d’accusation était construit sur la notion de conspiration pour crime contre l’humanité et contre la paix dans le monde. Leur mission consistait à pister et rassembler des images et des films. L’écrit n’était, en effet, pas adapté pour décrire l’étendue des atrocités des crimes nazis.


S’il existe peu de traces de l’enquête, des lettres de Stuart Schulberg à sa femme témoignent des étapes et de la difficulté de la mission.


Au début, les deux frères avaient récupéré des images d’actualités dans la presse américaine. Mais la trentaine de documents rassemblés, comprenant notamment le premier discours de Göring, n’a pas été acceptée. Pour preuve, les documents ne pouvaient pas provenir des États-Unis. Il était nécessaire de trouver les œuvres
originales, réalisées par les allemands eux-mêmes, pour ne pas que les avocats de la défense puissent leur opposer que les documents étaient trafiqués. La stratégie étant de faire condamner les accusés sur leurs propres mots !


Après beaucoup de travail, de persévérance et un peu de chance, Budd et Stuart Schulberg ont pu réaliser deux films qui seront diffusés lors du procès, les 29 novembre et 11 décembre 1945.


Une des premières sources utilisées a été le film, monument de la propagande nazie, « Le Triomphe de la volonté » de Leni Riefenstahl, réalisatrice préférée d’Adolf Hitler. Cette dernière a été d’une grande aide notamment dans l’identification des dignitaires présents en 1934 lors du congrès de Nuremberg. Ainsi, ce film permettait à la fois de développer les l’idéologies du IIIe Reich, mais aussi d’inculper des personnes prétendant n’être que de simples fonctionnaires, dont la présence, pourtant, les accusait.
De nombreux autres documents provenant de la découverte d’un service cinématographique nazi ont été rassemblés. Pour Budd Schulberg, les images les plus horribles sur lesquelles il a travaillé sont celles des corps trainés par des bulldozers puis jetés dans des fosses. Sur une de ces images on peut bienconstater que ce sont des photographes allemands eux-mêmes qui prenaient les
photos et filmaient. Il ne s’agissait donc pas pour ces documents de pièces réalisées par les adversaires. Les allemands avaient eux-mêmes filmé ce qu’ils avaient fait !


Le premier film présentait la découverte des camps par les alliés et les conditions qui y régnaient, la découverte des corps et des odeurs, mais aussi l’horreur des crématoires, avec des restes de calcinés. Ces images ont choqué l’assemblée et même les accusés. Göring lui-même, qui ricanait en arrivant, « semblait tétanisé ». Hans Franck, poursuivi pour l’assassinat de 5 millions de
Polonais était resté immobile. Certains accusés semblaient même pleurer. Le fils de Hans Franck racontera plus tard que son père savait exactement ce qu’il s’était passé, mais qu’il n’avait jamais été confronté à ces images. Également, quelques jours après la projection, Rudolph Hans, qui avait toujours prétendu être amnésique, souhaita tout à coup lire une déclaration : il avoua avoir simulé son amnésie pour raisons tactiques, et annonça porter la responsabilité de tout ce qu’il avait fait. Les accusés s’étaient ainsi retrouvés confrontés à l’horreur de leurs propres crimes.

Le second film, projeté : « The Nazi plan », quant à lui, témoignait de la preuve de la préméditation.


***


L’autorisation accordée par les juges de filmer, dans une limite de 35H, cet événement historique constitue la seconde implication du septième art dans le caractère inédit de ce procès. La réalisation d’un film fut confiée au cadet des frères Schulberg.
Les américains s’étaient d’abord retrouvés confrontés à la question de l’utilisation du film. On se demandait s’il devait servir aux mesures de dénazification ou à une échelle internationale, plus large. C’est bien cette dernière solution qui a été retenue ; ce procès inédit concernait le monde entier et pas seulement le monde allemand.


L’objectif des américains, mais aussi des russes qui en parallèle avaient confié au réalisateur Roman Kerman, la réalisation d’un film similaire, était aussi de montrer que, malgré l’énormité du crime, ce procès international devait rester totalement impartial.
La réalisation du film américain s’est trouvée confrontée à plusieurs
difficultés.


D’abord, les conditions pour filmer n’étaient pas favorables, les caméras étant placées derrière de grandes vitres en verre. Ensuite, les opérateurs de l’armée américaine ne parlant pas allemand, ils n’arrivaient pas à capter les moments pertinents. La matière dont disposait Stuart Schulberg pour réaliser le film était donc
limitée. Il a dû jouer sur du « off » en montant des images sur les plans d’écoute d’autres images. Il mettra un an et demi pour finaliser son film, intitulé « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui ».


Malheureusement, cette volonté d’utiliser ce film pour que personne n’oublie ces crimes a été compromise par l’arrivée de la guerre froide. Si le film « Tribunal des peuples » de Roman Kerman est sorti en 1947, le gouvernement américain a annuléla projection de celui de Schulberg. En effet, l’ennemie du bloc de l’ouest n’était plus l’Allemagne, mais l’Union Soviétique !


Ce n’est que quelques années plus tard que la fille de Stuart Schulberg, retrouvant le film, a souhaité le diffuser pour que « la mémoire de ce moment unique demeure vive pour les générations futures ».


Aujourd’hui, ce film est traduit dans 13 langues et diffusé partout à travers le monde. Le procureur Jackson déclarait en effet que « ce procès est d’une importance capitale. » « Il faut bien comprendre que les prévenus incarnent des forces sinistres qui nous hanteront encore bien après que leurs corps soient retournés à la poussière. Ces forces qu’ils symbolisent sont celles de la haine raciale, du terrorisme, de la violence, de l’arrogance et de la cruauté du pouvoir. Ils sont les symboles vivants de la manipulation du nationalisme et de l’esprit le plus féroce. » Ce sont malheureusement les problèmes auxquels le monde se trouve
aujourd’hui encore confronté. La volonté de s’assurer que le monde n’oubliera jamais et tirera les enseignements de ce qu’il s’est passé, n’a peut-être pas été réalisée. Mais, le film « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui » restera pour toujours une œuvre cinématographique fondamentale.

Cet article n’engage que son auteur.

Charlotte Gutmann.


Sources :
Arte « Nuremberg : des images pour l’histoire »

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

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[Rubrique culturelle: Les Figures de l’Ombre, un film qui met en lumière la Journée internationale des femmes et des filles de science. ]

C’est en décembre 2015 que l’assemblée générale des Nations-Unies choisie le 11 février pour célébrer la journée internationale des femmes et filles de science.

L’UNESCO et ONU-Femmes en collaboration avec des partenaires s’engagent à promouvoir l’accès et la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science. L’UNESCO et ses partenaires mènent ainsi le combat primordial qui est celui pour l’égalité des genres mais aussi pour l’accompagnement des femmes et des jeunes filles dans leur formation et leur pleine aptitude à développer leurs projets scientifiques. 

Le 11 février 2021, la directrice générale de l’UNESCO, Madame Audrey Azoulay a déclaré que ces programmes « en matière d’égalité des genres doivent permettre d’éliminer les stéréotypes de genre par l’éducation, de modifier les normes sociales, de promouvoir les modèles que représentent les femmes scientifiques et de sensibiliser aux plus hauts niveaux de prise de décisions. »

Ce combat contre les stéréotypes est parfaitement illustré dans le superbe film Les Figures de l’Ombre réalisé par Théodore Melfi et sorti en 2017 en France. Il s’agit d’un drame biographique tiré du roman américain The Hidden figures de Margot Lee Shetterly. 

Le film retrace le travail de mathématiciennes afro-américaines qui ont contribué aux programmes aéronautiques et spatiaux de la NASA : Katherine Goble, Dorothy Vaughan et Mary Jackson.

A travers ce film, Théodore Melfi retrace l’histoire de trois femmes travaillant au centre de recherche Langley en tant que calculatrices humaines. Elles sont confrontées à la fois au misogynisme et au racisme qui règnent dans l’institution. En effet, malgré leur génie pour les sciences, Katherine Goble, Dorothy Vaughan et Mary Jackson peinent à se faire une place.  Elles se battent alors pour faire entendre leur voix et trouver la place qu’elle mérite dans ce monde des sciences gouverné par la gent masculine. 

Au fur et à mesure, elles réussissent à transpercer le mur des préjugés et deviennent alors des acteurs essentiels au fonctionnement du centre de recherche. Katherine participe au succès des calculs de trajectoires des missions du programme Mercury et Apollo 11 qui mènera les premiers hommes sur la Lune en 1969. Mary devient la première femme ingénieure et Dorothy Vaughan est nommée superviseuse d’équipe dans la nouvelle section IBM, un ordinateur que mêmes les ingénieurs de la Nasa n’arrivent pas à faire fonctionner. 

Ce film retrace ainsi la conquête de l’espace dans la Guerre Froide mais aussi la lutte raciale aux États-Unis, décrivant à la fois la NASA comme un monde d’hommes et la situation à laquelle fait face la population afro-américaine : une Amérique « racisée », vivant sous les lois Jim Crow qui instaurent une séparation entre les Blancs et les Noirs. 

Les héroïnes progressent au fur et à mesure sans violence et sont finalement reconnues pour ce qu’elles sont : des mathématiciennes de talent. 

Les Figures de l’Ombre est l’illustration parfaite de la mission de l’UNESCO, la promotion et l’acharnement pour attribuer une place de mérite aux femmes et filles de sciences. 

Le film est disponible sur la plateforme Disney + mais aussi à l’achat. 

Bande Annonce Les Figures de l’ombre : https://www.youtube.com/watch?v=YhOI3idTasA

Cet article n’engage que son auteur, Aurélie SABATHIER 

Sources : 

Unesco.org

Franceinter.fr

Nasa.gov

studiocine.org

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Une autre idée du monde : un « film d’écrivain »

Un monde oublié et caché, loin de nos yeux et de nos pensées, et pourtant si proche de nous, de nos frontières européennes : c’est cette réalité oubliée qui est au cœur du dernier film de Bernard-Henri Lévy, Une autre idée du monde. Sorti en France le 1er décembre, ce film recueille les reportages que le célèbre philosophe a tournés dans le monde : du Nigéria au Kurdistan, du Bangladesh à la Somalie, en passant par l’Afghanistan du commandant Massoud et de son fils, le jeune Ahmad Massoud.

Les images de la guerre, dans ses aspects les plus atroces et les plus absurdes, nous montrent la misère et la souffrance de peuples opprimés, dont la quotidienneté est synonyme de guerre, de conflit armé, de terreur ; la voix de BHL nous guide tout au long du film, en mêlant le récit des expériences personnelles avec des réflexions historiques, voire philosophiques.

Lévy filme la guerre, mais surtout, il filme les hommes, les femmes, les enfants qui subissent cette guerre oubliée, dont personne n’est au courant : on ne la voit pas, et alors on se convainc qu’elle n’existe pas. D’où le rôle de ce film, qui se veut avant tout témoignage, moyen de transmission d’une réalité oubliée : émouvantes sans être pathétiques, vraies sans être anonymes, les scènes de guerre nous touchent et nous font appel, nous poussent à réfléchir sur le sens de ces conflits et à nous interroger sur notre responsabilité. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment peut-on agir ? Il n’y a pas de réponse univoque, mais le message de Lévy, c’est l’appel d’un écrivain fils de l’engagement sartrien, partisan d’un art – qu’il soit art cinématographique, théâtral ou littéraire – engagé et hétérotélique, au service d’une certaine cause, d’une certaine idée du monde. Comme le souligne le réalisateur, Une autre idée du monde est un « film d’écrivain », dans la mesure où il ne s’agit pas d’un reportage neutre et anonyme, mais d’un récit subjectif et vécu des histoires présentées, un ensemble de portraits et de visages révélateurs d’une certaine condition humaine, d’une autre condition humaine, ou mieux inhumaine.

Immergé par une heure et demie dans la guerre et la terreur, dans la mort et la faim, dans le danger et la pauvreté, le spectateur sort de la salle avec un sentiment qui est souvent considéré comme acquis : le goût de la liberté et de la paix, la capacité – pour un instant éphémère peut-être – de prendre du recul par rapport à sa propre situation, aux rues parisiennes dans lesquelles on se promène à la sortie de la séance, en en appréciant deux choses : la liberté et la paix. C’est à ce moment-là que retentissent dans nos esprits les vers d’un auteur qui porte le même nom que le réalisateur d’Une autre idée du monde, Primo Levi, qui en 1947 nous invitait – au début de son roman Si c’est un homme – à réfléchir sur la inhumanité de la guerre, sur la condition de l’homme en guerre, de l’homme qui souffre, « qui peine dans la boue / qui ne connait pas de repos / qui se bat pour un quignon de pain » :

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

La table mise et des visages amis,

Considérez si c’est un homme

[…]

Gravez ces mots dans votre cœur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant.[1]

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo


[1] Traduction de l’italien par Martine Schruoffeneger.

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[L’histoire mouvementée de la tour Eiffel]

Ce 13 octobre sort au cinéma le film Eiffel de Martin Bourboulon, qui narre de manière romancée l’origine de la création de la tour Eiffel. L’occasion parfaite pour revenir sur l’histoire de cette tour inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, devenue au fil des siècles le symbole de la capitale française !

La tour Eiffel, un défi de taille

Au XIXème siècle, de nombreux architectes ambitionnent de réaliser une tour « haute de plus de mille pieds » qui dépasserait l’obélisque de Washington, haut de 169 mètres.

Lors de l’exposition universelle de Philadelphie de 1876, des ingénieurs américains imaginent une tour de 300 mètres. Mais faute de financement, ce projet ne voit pas le jour.

Deux ans plus tard, l’architecte français Jules Bourdais imagine également une « tour-phare » en granit qui illuminerait Paris. Mais cette tour de 300 mètres ne sera jamais construite. En effet, on estime alors ce rêve inatteignable à cause des connaissances techniques limitées de l’époque.

L’obélisque de Washington et le projet avorté de 1876

L’exposition universelle de 1889

En 1878, la Troisième République française cherche une manière de s’enraciner à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française. Le gouvernement de Jules Ferry fixe donc l’organisation de la dixième exposition universelle entre mai et octobre 1889. De par son thème, l’exposition est boycottée par plusieurs monarchies telles que l’Allemagne ou l’Autriche-Hongrie.

En 1884, Gustave Eiffel, qui vient de concevoir l’armature de fer de la statue de la Liberté, dépose un brevet pour une tour métallique inspirée de la Galleria Vittorio Emanuele II de Milan. Grâce à une large campagne de communication, son projet fait l’unanimité auprès du gouvernement français : l’ingénieur avance de sa poche 80% des frais de travaux, estimés à 8,5 millions de francs or, tandis que le gouvernement lui accorde une concession de vingt ans au terme de laquelle la tour appartiendra à la ville de Paris.

 La Galleria Vittorio Emanuele II de Milan et une affiche de l’exposition universelle de 1889

Une construction contestée

Le chantier débute en janvier 1887. Mais la construction de la tour suscite les hostilités. Une « protestation des artistes », signée par de grands noms tels que Alexandre Dumas fils, Sully Prudhomme ou Guy de Maupassant, s’oppose à son édification. L’élévation de la tour avance tout de même au rythme de douze mètres par mois, malgré une grève des ouvriers causée par des conditions de travail risquées.

La tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1899, soit deux ans après le début des travaux. Elle fait alors 312 mètres et devient le monument le plus élevé du monde. Gustave Eiffel, qui a respecté les délais impartis, reçoit la légion d’honneur et ouvre le monument au public. Entre mai et octobre 1899, plus de deux millions de visiteurs sont émerveillés par la vue depuis le sommet de la tour et par les ascenseurs hydrauliques novateurs.

La tour Eiffel à différents étapes de sa construction (1887-1889)

L’avenir incertain de la tour après 1889

Après la fin de l’exposition, la tour perd l’intérêt des visiteurs. On s’interroge alors sur son avenir et à l’approche de la fin de la concession, certains avancent que la tour pourrait être détruite. Afin d’empêcher sa destruction, Gustave Eiffel commence à utiliser la tour à des fins scientifiques, notamment en la transformant en station d’observation. En 1903, il autorise l’installation d’une antenne au sommet de la tour afin d’établir un réseau télégraphique sans fil.

Les autorités profitent donc du fait que la tour soit le point le plus élevé de la région parisienne pour y installer un transmetteur de TSF, ce qui s’avère stratégique durant la Première Guerre mondiale : l’attaque allemande sur la Marne est déjouée grâce à des messages captés dans la tour. Dans l’entre-deux-guerres, la tour bascule vers un usage civil et permet la diffusion des programmes radios, puis de télévision. Enfin, en 2015, des éoliennes capables de produire 10 MWh par an sont installées au deuxième étage de la tour, prouvant une nouvelle fois sa versatilité.

Panorama de la vue de Paris depuis le sommet de la tour Eiffel

La dame de fer à l’UNESCO

Aujourd’hui symbole de la ville de Paris, la tour Eiffel est le troisième site culturel payant le plus visité en France. Depuis son ouverture au public en 1889, la tour a en effet accueilli plus de 300 millions de visiteurs. Le développement du tourisme international a permis à la tour de voir son nombre de visiteurs augmenter de manière significative dans les années 1960, avant que le cap des 6 millions d’entrées annuelles ne soit dépassé pour la première fois en 1998. Preuve de la popularité de la tour, il en existe plusieurs répliques dans le monde, notamment au Japon ou aux Etats-Unis.

Inscrite aux monuments historiques depuis 1964, la tour Eiffel fait également partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991, aux côtés d’autres monuments parisiens des rives de la Seine tels que le Louvre ou Notre-Dame. En effet, la dame de fer témoigne de l’histoire de Paris et des expositions universelles, dont l’importance a été si grande aux XIXème et XXème siècles. Pour la petite anecdote, Jean-Michel Jarre a même donné un concert au pied de la tour Eiffel pour célébrer les 50 ans de l’UNESCO en 1995, devant plus d’un million de spectateurs.

Les tours “Eiffel” de Los Angeles et Tokyo

Sources : Allociné, UNESCO, Chestnut Hill Local, BNF, Monuments du Monde, Le Figaro, Aerozone JMJ, Wikipédia (1)(2)

L’article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki

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[Bigger than us, un documentaire sur la jeunesse qui s’engage]

« Alors que tout semble ou s’est effondré, cette jeunesse nous montre comment vivre »

    Le long métrage a été présenté au Festival de Cannes de 2021, dans une section éphémère appelée « Le Cinéma pour le climat ». Il a été réalisé par Flore Vasseur et produit par Denis Carot, Flore Vasseur et Marion Cotillard. Il porte sur la force de l’engagement et le choix d’agir à notre échelle. Le documentaire dresse le portrait d’une jeunesse engagée pour « réparer le monde ».  

Affiche du documentaire Bigger than Us

Le long métrage suit le parcours de Melati, une Indonésienne de 18 ans, qui combat la pollution plastique dans son pays. Elle a réussi à faire interdire l’usage des sacs plastiques sur son île de Bali. La jeune fille part à la rencontre de six autres jeunes de 18 à 25 ans, qui, comme elle, se lèvent pour un monde plus juste et plus durable. Ils agissent pour la planète et une justice sociale aux quatre coins de la planète : Liban, Malawi, Grèce, Etats-Unis, Brésil, Ouganda, Indonésie. Les adolescents et jeunes adultes présentés dans le documentaire luttent pour « les droits humains, le climat, la liberté d’expression, la justice sociale, l’accès à l’éducation ou l’alimentation ». Autant de combats qui marquent l’actualité d’un monde dont le fonctionnement doit changer d’urgence. Ce sont des engagements qui les dépassent, « bigger than us » – c’est-à-dire plus grand que nous. 

Le documentaire est touchant, empli d’humanité, et montre les échanges de jeunes activistes dont la force d’engagement fascine. Ils dialoguent de pair à pair sur leur soif d’agir. Le spectateur ressort de la salle galvanisé par l’engagement de cette jeunesse en mouvement et ne peut que s’interroger sur son rôle dans ce combat « plus grand que nous », plus grand que tout. 

Informations :

Sortie au cinéma : 22 septembre. 

Durée : 1h36. 

Pour en savoir davantage sur le documentaire, rendez-vous sur : https://biggerthanus.film/ 

ou découvrez le dossier de presse avec une interview de la réalisatrice, Flore Vasseur : https://api.biggerthanus.film/www-site/uploads/prod/2021/08/BTU-DP-France.pdf .

L’article n’engage que son auteure.

Agathe Passerat de La Chapelle

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[Rubrique culturelle : Une génération Lady Bird]

A la voir arriver avec son plâtre rose fluo dans son nouveau lycée catholique, Lady Bird n’a pas peur d’en découdre. Celle qui rêve de s’envoler, dans tous les sens du terme, vers la côte est l’année suivante, se voit inscrite dans un établissement privé, pour cause de rumeurs, pour cause de la crainte nouvelle qu’a sa mère du lycée public. Cette même mère qui va symboliser un frein pour sa fille pendant tout le film, lui répétant sans cesse, comme un mantra, à quel point sa famille manque d’argent et n’a pas les moyens de financer son rêve de s’enfuir vers New-York, est aussi celle qui la coince dans ce milieu privé, fait quasi exclusivement des enfants riches de Sacramento. Son rapport paradoxal à l’argent reflète aussi les rapports paradoxaux avec sa fille. Ces rapports sont un des piliers du film, qui pour beaucoup font écho à notre vie, tout comme le thème du rêve et de l’envol, de la fin de l’insouciance, de l’adolescence. Tous sont liés au personnage éponyme du film, incarné par la fascinante Saoirse Ronan, Lady Bird, la bien-nommée, à laquelle nous, enfants des années 2000, à l’aube d’une nouvelle époque, filles et femmes, et d’autant plus venant des régions, des villes moyennes, ne pouvons que nous identifier. 

Christine « Lady Bird » McPherson et sa mère, c’est presque un mal nécessaire. Ce sont la violence des mots qui parfois cachent des sentiments, un amour qu’on ne sait pas comment exprimer. Il suffit de voir comment Lady Bird se laisse aller à pleurer dans les bras de sa mère qui la rassure, la berce, alors même qu’à d’autres moments, la fille jure que sa mère la déteste. Ce conflit quasi-permanent, n’est pourtant pas dénué d’un amour bien caché. Il n’est pas caricatural, et c’est même un des éléments les plus réalistes du film. Il montre la complexité que sont les rapports, mère-fille à l’adolescence. Bien souvent malgré leur toxicité apparente, c’est un désemparement total qui est dissimulé derrière les affrontements. C’est une impossible conciliation entre les mères qui voient des filles, et des filles qui deviennent femmes. Les intérêts divergent de plus en plus, et être deux pour construire une seule vie, c’est un peu trop. Surtout pour Lady Bird. Sa vie, c’est la sienne. Sa vie, c’est elle qui à la force de ses bras, armée d’huile de coudes, des pourboires de ses multiples jobs, et du secret de l’envol, va se démener pour tenter de donner vie à son rêve sans avoir à se confronter à sa mère, à sa désapprobation. Mais aussi peut-être, et sans doute même, pour ne pas avoir à faire face à sa peur de dire au revoir à sa fille. Et de l’autre côté de ce chaotique, et pourtant si commun, duo mère-fille, la figure du père, le sauveur de Lady Bird, son allié dans son combat. Il apparaît comme une véritable stabilité, alors même qu’il dissimule être au bord de la chute. Dépressif, et bientôt sans emploi, il est au fond plus fragile que sa fille, qu’il admire pour sa force. C’est lui qui va la porter, et ravaler ses propres larmes pour essuyer celles de Lady Bird de bout en bout, jusqu’à son envol final. 

Et cette fille, elle devient grande. Elle s’est choisie un nom elle-même, Lady Bird, pour combler la terrible banalité de son vrai prénom, qu’elle réfute. Il lui fallait un nom en accord avec sa soif de sortir du lot, de l’eau, de son milieu, de tout. Son envie de monter sur scène pour avoir le premier rôle, puis d’oublier son rôle pour s’échapper de sa situation financière. Pour cela, elle feint d’oublier cette contrainte, et passe même pour un temps « de l’autre côté de la route », pour se la jouer enfant de nanti et rechercher un autre monde. Car Lady Bird, elle se cherche, elle tâtonne, comme beaucoup autour d’elle. Ce film pourrait être un banal teen movie, si il n’était pas si vrai, si purement, véritablement, et de façon déchirante, vrai. Les premières soirées, les premières amours, les doutes, et les déceptions. Le tout, la dernière année de lycée de Lady Bird, qui se fait sur fond d’éducation catholique, c’est à la fois le temps des grandes découvertes, et celui des grands adieux. C’est la nostalgie d’un temps en train de se perdre, et l’excitation des jours nouveaux. C’est faire des projets, pour oublier que l’on s’en va pour de bon. 

Lady Bird, en même temps qu’elle découvre, qu’elle aime, qu’elle déteste, elle s’ennuie. Plus que de s’ennuyer, elle est persuadée que sa place n’est pas ici, à Sacramento, Californie. Les mornes paysages de toute sa vie ne sont pas les siens. La délimitation sociale de cette route qu’elle mentionne si souvent ne lui correspond pas. Et ce manque étouffant de culture, elle s’en plaint, elle veut y échapper, s’en libérer. Elle est prête à franchir les milliers de kilomètres qui l’en séparent, à se mettre sa mère à dos, et à lui dissimuler pendant des mois son projet, car elle connaît la réprobation à laquelle elle fera immédiatement face. Lady Bird veut forger sa propre vie, elle veut goûter au plaisir des grandes villes, mais aussi elle veut les plus grandes universités. Et ce n’est pas négociable. Tous les coups sont permis, même la tricherie, car avoir modifié sa note en maths sera bien vite oublié si elle parvient à ses fins. Et ce combat profond, culturel, il relève de l’émancipation pour accéder à ce qu’on lui refuse à cause de son milieu social, mais aussi à cause de son lieu de naissance, si loin des grandes villes. Ce combat, même ici en France, en 2021, c’est une réalité. Car on peut vite se sentir paumé quand on tourne en rond dans sa ville moyenne, quand pendant des années on en cherche la sortie, aussi bien que sa propre vie. 

Lady Bird, c’est bien plus qu’un joli nom, pour un joli personnage. C’est bien plus qu’une métaphore pour l’envol de la fille à la femme. Lady Bird, c’est une réalité. C’est tous ces provinciaux, en Amérique, en France et ailleurs, ces classes moyennes, qui ne sont pas pauvres, mais doivent quand même se battre. Et qui se battent sans relâche pour accéder aux plus grandes universités, pour obtenir ce qu’ils veulent. Ces classes moyennes qui voient leurs parents désoeuvrés de ne pouvoir leur offrir complètement l’éducation qu’ils méritent. Parce que les universités coûtent cher en Amérique, parce que même en France, arriver à Paris c’est aussi faire des sacrifices. Parce que Lady Bird, en 2003, c’est moi en 2020, et ce sera bien d’autres encore. Parce que plus que nous, c’est toute une génération, qui grandit dans une époque toute nouvelle, qui se forge avec de nouveaux codes, et qui essaie de se faire une place, si petite soit-elle, dans l’histoire d’une humanité si grande pour elle. 

Lady Bird, Greta Gerwig, 2017, disponible sur Netflix 

Article de Cléa Brunaux

Cet article n’engage que son auteure.

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[L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune…, de Jacques Demy]

Marco est directeur d’une auto-école de quartier.

Irène est à la tête d’un salon de coiffure à la tapisserie bleu roy.

Marco et Irène sont heureux et amoureux (comme Marcello et Catherine d’ailleurs). 

Le couple a un enfant et mène une vie tranquille dans le quartier de la Gaîté-Montparnasse dans le Paris des années 1970. Jusqu’à ce que Marco soit pris d’étranges malaises et vertiges un jour qu’ils étaient allés voir au théâtre de Bobino Mireille Mathieu en robe rouge chantant « Mon Paris ». La mélodie légère et entêtante rythme la grande inquiétude des deux personnages, surtout d’Irène, incarnée par Catherine Deneuve, folle amoureuse de son  Marco, un italien comme l’est Marcello Mastroianni. Inquiet, Marco se rend chez le médecin qui lui livre un diagnostic troublant confirmé par un gynécologue : Marco est enceinte. Il serait le premier d’une génération d’hommes nouveaux qui pourraient être enceinte. La nouvelle fait la une des journaux et suscite de nombreuses réactions dans le quartier, puis dans le monde entier ! Marco devient une égérie et le couple devient l’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Après Peau d’Âne, Jacques Demy dans ce film au scénario absurde interroge en 1973 de nombreuses problématiques post-soixante huitardes : le progrès scientifique, la contraception, l’enfantement, les rapports hommes/femmes au sein du couple. Les rôles s’inversent ce qui permet en toute légèreté d’évoquer la grossesse, ses joies et ses contraintes. L’extraordinaire est banal ou plutôt la banalité est extraordinaire. L’extraordinaire c’est le bonheur au sein d’une vie de quartier, l’amour, le travail, la famille. 

Jacques Demy, c’est aussi et surtout filmer des scènes de bonheur simple au sein du foyer, au bistrot, au salon dans des univers colorés. On retrouve les merveilleux décors de Bernard Evein avec ses tapisseries colorées, sursaturées comme dans le magasin des Parapluies de Cherbourg en 1961. On ne cesse également de contempler enfin les nombreuses tenues de la belle Irène (Catherine Deneuve) entre fourrure et couleurs vives, complémentaires de celle du papier peint. 

L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune…c’est un air joyeux de Michel Legrand chanté par Mireille Mathieu, un amour inconditionnel entre Marco et Irène, de belles couleurs, mais c’est aussi et surtout un scénario bien rodé avec humour et subtilité. 

Ce film est un grand classique du cinéma de Jacques Demy, bien trop méconnu encore, désormais disponible sur Netflix !

Article de Mariette Boudgourd

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[La femme au tableau et la question de la restitution des biens]

La technique méticuleuse de pose de feuilles d’or et la préparation lente et précise par l’un des peintres symbolistes les plus célèbres de l’histoire de l’art, sur son oeuvre la plus représentative et controversée, sont des images constituant l’ouverture de La Femme au tableau, sorti en 2015 et réalisé par Simon Curtis.

Cette oeuvre cinématographique retrace le parcours juridique entrepris par Maria Altmann, interprétée par Helen Mirren, pour récupérer cinq tableaux de Gustav Klimt -dont le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I- que sa famille possédait et qui avaient été volés par les nazis puis confiés au musée du Belvédère à Vienne, en Autriche.
En effet, ce portrait d’Adele Bloch-Bauer, tante de la protagoniste, avait été rebaptisé The Woman in Gold (également le titre original du film), dans le but de dissimuler l’identité juive du sujet. Spolié par le régime nazi en 1938 à Vienne, conséquemment à l’annexion de l’Autriche par celui-ci, de nombreux biens de la famille juive Bloch-Bauer sont saisis illégalement dont le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I qui est acquis illégalement par le musée national du Belvédère à Vienne, au sein duquel l’oeuvre sera exposée pendant de nombreuses décennies. Néanmoins, la nièce d’Adele Bloch-Bauer décide en 1999 d’engager des procédures à l’encontre du gouvernement autrichien pour la restitution du tableau, considéré comme un bien familial. Assistée par le jeune avocat de Los Angeles, également d’ascendance juive, Eric Randol Schoenberg, qui est joué par Ryan Reynolds, le duo s’embarque dans une odyssée historique émotionnelle, animé par un désir de justice lié notamment aux souvenirs douloureux de la Seconde Guerre Mondiale et de ses conséquences.

Si le film est assez classique et sans surprise dans son ensemble, empruntant le schéma traditionnel des films historiques entre flashbacks et linéarité dans sa mise en scène, les performances et le sujet même de l’oeuvre -encore peu traité au cinéma- qui concerne la restitution des biens, convainquent le spectateur de son intérêt, d’autant plus que le film se révèle efficace pour expliquer de manière concise le contexte paradoxal dans lequel nous vivions.

En effet, l’oeuvre de Simon Curtis illustre le paradoxe qui s’installe entre la volonté, dans un contexte diplomatique et culturel, pour le gouvernement autrichien -mais cela pourrait aussi concerner les gouvernements britannique et français avec la question coloniale par exemple- de reconnaitre les erreurs passées dont le vol de plusieurs biens appartenant à des familles juives spoliées pendant la Seconde Guerre Mondiale; et d’autre part, d’un point de vue pratique et légal, le déni par les institutions culturelles de l’acquisition illégale de ces biens en question.

Par conséquent, les représentants du gouvernement autrichien s’entêtent à poser des obstacles procéduraux dans cette affaire Maria Altmann vs République d’Autriche, qui devient rapidement retentissante et est même jugée par la Cour suprême des Etats-Unis en 2004, qui considère les tribunaux américains compétents pour juger l’affaire.

Finalement, l’affaire est tranchée par arbitrage en Autriche, dont le jugement donne raison à Maria Altmann exigeant la restitution des cinq tableaux réalisés par Gustave Klimt.

La Femme au tableau n’éblouit pas par son originalité mais a le mérite de s’attaquer à une question trop peu traitée au cinéma, et pourtant bien présente dans la société, à savoir la restitution des biens.

Grâce à une mise en scène efficace et concise, les principaux enjeux de cette affaire, notamment culturels, historiques, politiques et éthiques, ne sont pas simplifiés et dénués de leur complexité, avec la volonté de préserver cette oeuvre -considérée comme un symbole pour de nombreux Autrichiens et nommée la « Mona Lisa » autrichienne- au Musée du Belvédère, qui s’oppose à un désir de justice et la recherche implicite d’une réparation émotionnelle de la part de Maria Altmann.

S’achevant sur une image forte du duo gagnant Altmann-Schoenberg (Helen Mirren et Ryan Reynolds), le film donne la satisfaction au spectateur d’assister à une victoire des outsiders, obtenant une justice qui n’a pas de prix.

Pour aller plus loin :

  • Joséphine Bindé, « Splendeurs et tourments de la « dame en or » de Gustav Klimt », Beaux Arts
    Magazine, 19 juin 2020 (https://www.beauxarts.com/grand-format/les-vicissitudes-de-la-dameen-
    or/?fbclid=IwAR0Ut9nPnY1G6ouP3MmBlgeBaAZ22YtkjccZNt3Jz3SbVddz5L_yXJFIsGA)
  • Patricia Cohen, « The Story Behind ‘Woman in Gold’: Nazi Art Thieves and One Painting’s
    Return », The New York Times, 30 mars 2015 (https://www.nytimes.com/2015/03/31/arts/
    design/the-story-behind-woman-in-gold-nazi-art-thieves-and-one-paintings-return.html)

Article de : Noémie Ngako

Cet article n’engage que son auteure.

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