[Portraits de personnalités inspirantes : Frida Kahlo]

Artiste peintre mexicaine, Frida Kahlo a été une figure marquante du XXe siècle, autant pour l’originalité de son oeuvre, sa formation autodidacte mais également ses nombreux voyages et sa propre vie dont l’hétéroclicité continue de fasciner.

Cependant, au-delà de l’image mythique attachée à Frida Kahlo, -et ce au demeurant à nombreuses autres personnalités contemporaines de son époque- sa carrière et ses combats symbolisent la reconnaissance d’une femme artiste par ses homologues, le public et les institutions, en constituant un exemple remarquable de la diversité culturelle et artistique.

L’art de l’autoportrait

Née le 6 juillet 197 à Coyoacán au Mexique, Frida Kahlo, brillante élève, se destinait à une carrière médicale. En effet la jeune mexicaine souhaitait devenir médecin mais à 18 ans, elle est victime d’un terrible accident au cours duquel son abdomen est transpercé par une barre en fer, ce qui met un terme à cette ambition.

Elle se forme par la suite à la peinture de manière autodidacte et peint de nombreux autoportraits. L’autoportrait tient une place très importante dans son oeuvre car en se mettant elle-même en scène, elle exprime ses souffrances. Sa peinture devient alors porte-parole de sa douleur, à l’image de beaucoup d’artistes tels que Van Gogh ou Rembrandt, qui n’hésitaient pas à représenter ou supposer leur santé fragile.

Carrière internationale

En 1929 elle épouse le peintre mexicain Diego Rivera et l’année suivante le couple déménage à San Francisco aux Etats-Unis, car Rivera a été chargé de réaliser des peintures murales pour le San Francisco Stock Exchange et pour la California School of Fine Art. Durant ces années américaines, elle fait la connaissance d’artistes, de commanditaires et de mécènes, dont Albert Bender.

Finalement les époux rentrent au Mexique en 1933, mais profondément blessée par la récente découverte d’une liaison entre son mari et sa soeur, l’artiste réalise en 1935 Quelques petites piqûres, qui évoque un meurtre par jalousie perpétré sur une femme, avant de partir pour New York pendant quelques mois. C’est dans cette même ville qu’elle exposera en octobre 1938, 25 de ses œuvres dans la galerie de Julien Levy, et dont la moitié y sont vendues.

Un autre tournant dans la carrière de l’artiste est sa rencontre avec le surréaliste André Breton en 1938. Tandis que Breton est subjugué par l’artiste, en écrivant « l’art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d’une bombe », celle-ci se défend d’être surréaliste en affirmant « On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que jai représenté était ma réalité ».

Par cette rencontre, la peintre mexicaine participe à la grande exposition sur le Mexique à Paris en 1939. Néanmoins, elle n’aime pas la capitale française, qu’elle trouve sale, et la nourriture ne lui convient pas. Elle exprime également son profond dégoût pour les intellectuels parisiens dont André Breton, qui porterait un regard teinté de mépris et d’incompréhension sur son art.

Engagement politique et symbole de liberté 

Au-delà des frontières artistiques, Frida Kahlo s’est distinguée mondialement pour son engagement politique et sa défense de la liberté.

Elle s’inscrit en 1928 au Parti Communiste Mexicain. et offre l’asile politique au révolutionnaire communiste Léon Trotski – avec lequel elle aura une liaison- et son épouse en 1937.

Engagée, elle souhaite défendre la condition et l’émancipation des femmes mexicaines, avec la volonté de porter la voix de toutes ces femmes silencieuses et soumises dans une société machiste. Ainsi, elle n’hésite pas à afficher publiquement sa bisexualité ou à ouvertement critiquer la société américaine comme dans son Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis en 1932. 

Devenue une figure de femme moderne, d’une femme forte et avant-gardiste, Frida Kahlo représente un modèle d’engagement pour beaucoup de femmes et ne cesse d’être une source d’inspiration pour bon nombre d’artistes.

Symbole de liberté et de nombreux combats, elle avait écrit dans son Journal : « J’espère que la fin sera joyeuse – et j’espère ne jamais revenir ». Elle meurt le 13 juillet 1954 à l’âge de 47 ans, mondialement reconnue pour son oeuvre autobiographique d’une puissance et originalité exceptionnelles.

Sources

  • « Frida Kahlo : artiste rebelle, légende mexicaine », Connaissance des arts, 30/12/2020.
  • Le journal de Frida Kahlo, préfacé par Carlos Fuentes, éditions du Chêne, 1995.
  • BRETON André, Le Surréalisme et la Peinture, 1928.

Article de Noémie Ngako.

Cet article n’engage que son auteure.

Partager :

[Portraits de personnalités inspirantes : Rosa Bonheur]

Rosa Bonheur, célèbre peintre et sculptrice animalière française du XIXème siècle, menant une vie à la fois excentrique et conventionnelle, est reconnue pour avoir été une femme libre.


Marie Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, est née en 1822 à Bordeaux. Alors qu’on l’a voulait couturière, elle fut encouragée par son père, le peintre Raymond Bonheur, à faire de la peinture. Elle passe une partie de sa jeunesse à la campagne, au château de Grimont en Gironde, où elle acquiert une réputation, qui la suivra toute sa vie, d’être un « garçon manqué ».


Ses peintures témoignent d’un talent précoce. Elle expose au Salon de Paris de 1841 et y obtient une médaille d’or en 1848 grâce au tableau Boeufs et Taureaux, race du Cantal (exposé aujourd’hui au Musée d’Orsay). Elle acquiert rapidement une forte réputation dans les scènes animalières et champêtres, qui la feront rattacher au mouvement réaliste. En 1853, son oeuvre Marché aux chevaux présenté au salon lui vaut une gloire internationale et lui permet de faire des tournées. Elle est la première artiste dans l’histoire de la peinture qui voit le marché de l’art spéculer sur ses tableaux de son vivant.

Marché aux chevaux

Rosa Bonheur réalise également des sculptures en terre cuite représentant des animaux domestiques. Tout comme ses peintures, ses sculptures de caractère connaissent un grand succès. Parmi ses oeuvres sculptées célèbres, on retrouve le Bélier couché en bronze de 1843, ou le Taureau de la même année.


Rosa Bonheur sera vue comme une femme non conformiste. En 1852, pour pouvoir se rendre sur les marchés aux bestiaux, elle obtiendra auprès de la préfecture de police l’autorisation de porter des pantalons.

Transgressant les codes alors convenus de la féminité, elle porte les cheveux courts, fume le cigare et monte à cheval.


En 1860, elle acquiert le château de By en Seine-et-Marne et y installe son atelier. Alors qu’elle se présente simplement comme une travailleuse ou une fermière, elle reçoit en 1865, des mains de l’impératrice Eugénie, la distinction de Chevalier de la Légion d’honneur. En 1894, elle devient la première femme officier de la Légion d’honneur.


Refusant le mariage, elle vivra cependant 50 ans une union avec la même femme, Nathalie Micas, peintre également, qui mourra en 1889. La même année, elle rencontrera la peintre américaine Anna Klumpke, avec qui elle vivra jusqu’à sa mort en 1899, et qui deviendra sa légataire universelle.


Aujourd’hui, on considère que la vie de Rosa Bonheur est associée aux débuts du féminisme.

On peut retrouver certaines oeuvres de l’artiste et s’immerger dans sa vie, à l’atelier de Rosa Bonheur qui est ouvert au public au musée-château de By, à Thomery en Seine-et-Marne.


Cet article n’engage que son auteure.
Article de Nastasia SYED

Partager :

[Portraits de personnalités inspirantes : Margaret Keane l’ombre des Big Eyes (1927) ]

Margaret Keane est une artiste peintre américaine connue pour ses portraits originaux d’enfants et d’animaux aux yeux surdimensionnés mais dont le mérite a longtemps été attribué à son ancien époux, Walter Keane.

Margaret Keane, de son vrai nom Peggy Doris Hawkins, est née le 15 septembre 1927 à Nashville dans le Tennessee. Immergée dans l’art dès son plus jeune âge, très vite elle témoigne de son penchant pour la création de personnages aux grands yeux menaçants. Elle ira étudier au Watkins Art Institute de Nashville et à la Traphagen School of Design de New York avant d’épouser Frank Ulbrich avec qui elle aura une fille, Jane. 

Le travail de Margaret Keane est influencé par Amedeo Modigliani sur la façon dont elle peint les femmes. Van Gogh, Gustav Klimt et Picasso ont également influencés Margaret dans l’utilisation de la couleur, la dimension et la composition de ses toiles. Elle travaille à la fois sur des peintures à l’acrylique et à l’huile.

Le basculement de sa vie commence au début des années 1950, lorsqu’elle quitte son époux avec sa fille, et décide de s’installer à San Francisco. Alors que sa nouvelle vie dans sa nouvelle ville débute, Margaret rêve de pouvoir vivre de ses peintures représentant les êtres vivants qui l’entourent. Elle leur dessine de grands yeux, ressemblant à des biches, qui permettent de traduire les émotions qui se cachent dans chacun de ses personnages. Elle en fait sa signature à travers des portraits d’enfants et se concentre sur les yeux car dévoilant plus la personne intérieure. On retrouve dans ses tableaux la joie, la compassion et l’amour. Ce feu d’artifice de sensations, distingue Margaret des autres artistes de son époque. 

C’est à cette même époque, en 1953, qu’elle rencontre Walter Keane avec qui elle se marie à Honolulu en 1955. A partir de ce moment commencent les années d’oppressions subies par Margaret. En effet, celui-ci réussit à s’approprier les toiles de Margaret et vend les oeuvres de son épouse sous son nom. Alors que ces oeuvres remportent un grand succès, la véritable artiste reste dans l’ombre de son mari. 

Après 10 ans de vie commune, Margaret Keane part s’installer à Hawai et décide de se rendre justice. Après l’approfondissement de sa foi en devenant Témoin de Jéhovah, elle dénonce la supercherie de son mari grâce à une radio locale. Alors que Walter Keane réclame des droits sur les oeuvres, le conflit mène au divorce des deux époux. Lors du procès, Margaret prouve qu’elle est bien l’auteur des tableaux et peint elle-même une toile devant le juge en 53 minutes. Walter Keane, quant à lui, refuse de se prêter au jeu. La vérité est rétablie et Margaret reçoit des dommages et intérêts.

Le nom de Margaret Keane a été remis sur le devant de la scène grâce à l’adaptation cinématographique de son destin, comme dans Sleeper (1973) de Woody Allen et dans Big Eyes (2014) de Tim Burton. Dans Big Eyes Tim Burton met à la lumière du grand public la vie et l’oeuvre de l’artiste, ainsi que la scandaleuse injustice infligée par son ancien mari. Ce film biographique met en scène Margaret, jouée par l’actrice Amy Adams, et Walter, joué par l’acteur Christoph Waltz. On voit également l’artiste apparaitre elle même dans l’une des scènes du film.

Aujourd’hui, Margaret Keane continue de peindre chez elle, à Napa, en Californie. L’explication de ses oeuvres se trouve dans ses mots: « Les yeux que je dessine sur mes enfants sont une expression de mes sentiments les plus profonds. Les yeux sont les fenêtres de l’âme ».

Cet article n’engage que son auteure.

Article de : Nastasia Syed

Partager :

[Portrait de personnalités inspirantes : Séraphine Louis]

Séraphine Louis :  Une mystique au geste naïf 

Séraphine Louis, Les Grappes de raisins (vers 1930), Paris, musée Maillol.(Source : Musée Maillol)

Séraphine de Senlis – Bouquet de mimosas

Séraphine Louis, Bouquet de mimosas, vers 1925, Musée de Laval (source : Musée de Laval)

Séraphine Louis est une artiste peintre autodidacte appartenant au groupe des Naïfs méconnue du grand public,  au regard de la postérité du Douanier Rousseau. Pourtant cette femme à la vie tourmentée figure très vite parmi les artistes de prédilection de grands  collectionneurs du début du XXe.  

Séraphine Louis, ou Séraphine de Senlis, est née le 3 septembre 1864 à Arcy dans l’Oise. Orpheline, elle est placée dans une famille à côté de Paris avant d’être recueillie dans un couvent à Senlis en 1882. Cette enfance particulière marque sa vie d’artiste peintre d’une grande spiritualité qui guide sa peinture. 

Très vite, elle devient femme de chambre au service de la bourgeoisie dans l’Oise, et guidée par des voix et visions divines elle se met à peindre avec très peu de moyens. Elle réalise des natures mortes de fleurs, fruits et plumes, en créant ses propres peintures à base de ripolin et de colorants naturels comme du sang animal. 

Son geste est vif, primitif ce qui permet la création de pièces uniques, poétiques. Ses natures mortes aux couleurs vives ne laissent pas présager d’une telle condition matérielle pour l’artiste. Ses bouquets sont emprunts de quelque chose d’unique qui relève du merveilleux, du divin de par la frénésie du motif et du geste créateur. 

Elle est rapidement repérée par le critique et marchand d’Art allemand Wilhelm Uhde chez qui elle travaille comme femme de ménage depuis 1912. Elle peint alors dans la plus grande précarité sur des pots, du carton, des assiettes. Wilhelm Uhde repère malgré cela le talent de la jeune femme et ses compositions inédites, et devient très vite son mécène. En 1927, elle présente six toiles à la Société des Amis des Arts, à l’Hôtel de Ville de Senlis encouragée par Wilhelm Uhde. 

Elle peint grâce à ses nouveaux revenus sur de très grands formats, d’immenses compositions de fleurs et de fruits bigarrées toujours aussi fascinantes. Ses œuvres constituent un renouveau pour la nature morte, sa naïveté est habitée par le merveilleux. Les fleurs et les fruits sont des formes qui signifient le divin, l’infiniment grand et l’infiniment petit de cette création divine qui l’anime. Elle se nourrit des thèmes chrétiens comme l’arbre de vie et travaille ses compositions avec des couleurs vives et lumineuses à la manière des vitraux. 

Wilhelm Uhde organise une exposition à Paris « Les peintres du Cœur sacré » où elle est exposée parmi d’autres artistes autodidactes comme Le Douanier Rousseau ou Louis Vivin,  qui peignent le quotidien avec des couleurs intenses et un dessin « naïf ». Un tournant dans sa vie d’artiste d’autant qu’en 1928 pour la première fois un musée allemand achète une de ses toiles. 

Mais Séraphine Louis finit par rencontrer des problèmes financiers au moment de la crise financière des années 1930, elle sombre dans des délires paranoïaques. En janvier 1932 ses crises à répétition entraînent son internement à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise. Le 11 décembre 1942, l’artiste décède après dix ans d’internement où elle a cessé de peindre et se fait enterrer dans une fosse commune du cimetière de Clermont. Tragique et misérable fin de vie pour une artiste si unique et autodidacte. Encore aujourd’hui son oeuvre est encore bien mal connue du grand public, c’est pourquoi nous vous invitons pour en savoir plus sur sa vie à écouter et regarder ce court hommage à Séraphine Louis diffusé le 18 avril 1969 sur l’ORTF : Picardie – Sur les pas de Séraphine à Senlis

Cet article n’engage que son auteure ! 

Article de : Mariette Boudgourd

Partager :