René Descartes (1596-1650) est un homme du 17ème siècle qui est au fondement de la philosophie moderne. Aujourd’hui célèbre pour sa phrase « je pense donc je suis ». René Descartes au-delà du philosophe est aussi connu pour ses contributions aux mathématiques et à la physique. En physique, il apporte une contribution à la mécanique qui fait de lui un des fondateurs du « mécanisme », mais aussi à l’optique. Il est aussi considéré comme étant à l’origine de la géométrie analytique. La contribution qui a eu le plus de retentissement est le cogito qui fait son apparition dans le son livre le discours de la méthode. Cet apport philosophique marque la naissance de la subjectivité moderne.
Alors qu’il avait 8 ans, René Descartes entre au collège des jésuites de la Flèche, une école fondée par Henri IV (1553-1610). Il reçoit alors dans cet établissement, une éducation stricte et solide où il exprime un certain attrait pour les mathématiques. Après avoir finalisé des études de droit à Poitiers, il décide de partir voyager à la découverte du monde. Pendant ses voyages, il s’enrôle dans l’armée notamment en Hollande ou il s’engage dans l’armée du prince d’orange en 1618. Par la suite et notamment en de 1620 à 1628, il voyage dans toute l’Europe et élabore des travails multiples. En 1626, il découvre la loi de la réfraction des rayons lumineux. En 1628, charmé par un esprit de liberté en Hollande, il s’y installe pendant 20 ans, occupé par ses travails philosophiques. En 1633, Descartes publie un traité du monde et de la lumière, ou il défend contre son église avec laquelle il est soumis par la foi, la thèse suivant laquelle la terre tourne autour du soleil et va donc à l’encontre de l’idée contraire d’un soleil tournant autour de la terre. Cependant, apprenant la condamnation de Galilée, Descartes renonce à publier son traité.
En 1637, Descartes publie son fameux discours sur la méthode qu’il publie anonymement à Leyde (situé entre Amsterdam et La Haye). Le discours sur la méthode était avant tout un discours pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences. A la base, son traité devait seulement servir d’introduction à trois autres traités scientifiques écrits par l’auteur à savoir : La Dioprique; Les Météores et La Géométrie. Dans son traité « les météores », Descartes démontre que l’on peut traiter des phénomènes météorologiques de manière scientifique par l’observation, l’analyse et les mathématiques. Il se pose donc à l’inverse des traités de scolastique qui considéraient des phénomènes comme la grêle ou les parhélies comme des manifestations magiques. La scolastique était la philosophie développée au moyen-âge que l’on enseignait dans les universités. Cette philosophie conciliait l’apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne. On peut donc comprendre les difficultés de Descartes en son temps à élaborer une philosophie qui servait le prolongement de sa science et non les apports de la chrétienté.
En dehors des trois autres traités scientifiques qui composaient son ouvrage, le discours de la méthode pose des règles indispensables à la connaissance : Il faut se méfier de tout et en premier lieu des sens. C’est ce qui fait de lui un des philosophes du doute. Avec un regard moderne, on peut voir que Descartes n’était pas en tort avec cette règle tant les énoncés de physique contredisent notre perception sensible et vont même à son encontre. La deuxième règle énoncée dans le Discours est de décomposé un problème en ses différents éléments ; c’est la règle de l’analyse. La troisième règle est de ré agencer chaque élément du plus simple au plus complexe, c’est la règle de la synthèse ou de l’induction. Enfin, il faut vérifier que le raisonnement n’a rien oublié (règle de l’énumération ou déduction). Ensuite, en 1641, Descartes publie en Latin, ses Méditations métaphysiques et occasionne de nombreux débats et polémiques. Du point de vue de l’histoire de la philosophie, cet ouvrage constitue l’une des expressions les plus influentes du rationalisme classique.
Pour répondre à la pandémie mondiale, les états doivent prendre des décisions rapides cependant, des questions éthiques se posent dans ce contexte d’urgence. L’UNESCO, le Comité international de bioéthique et la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et technologiques se proposent de répondre à de multiples questionnements concernant les ressources médicales, les normes éthiques dans la recherche d’un vaccin, le droit à la vie privée et les nouvelles applications gouvernementales… Ainsi, au travers de vidéos, des éthiciens, bio éthiciens, philosophes et professionnels de la santé du monde entier se sont emparés du sujet pour tenter d’y apporter une réponse.
Professeur de philosophie à l’université Stellenbosch et spécialiste en éthique environnementale, Johan Hattingh avance le fait que les mesures prises contre le virus peuvent être aussi mortelles que le virus lui même. En effet, les pouvoirs politique ont tendance à ne pas considérer tous les laissés pour compte dans leur prise de décision. Or, le confinement doit prendre en considération le manque de ressources essentielles pour certains foyers ou encore l’exposition aux violences conjugales. Si ces risques devraient pouvoir être prévenus, ils le sont rarement du fait que ceux qui prennent les décisions se sentent différents « d’eux », cette catégorie mise à part dans le système social et qui n’apparaît qu’en simple dommage collatéral en temps de crise. Pour que les droits humains soient respectés, une politique flexible et intelligente doit être mise en place. De plus, les décideurs doivent s’interroger si les personnes les plus pauvres et vulnérables sont en capacité de pouvoir faire remonter les dangers qu’ils subissent et si c’est le cas, si ces personnes sont écoutées et non mises au silence par ceux là mêmes qui occupent une position de pouvoir.
Johan Hattingh établit un lien, corroboré par les scientifiques, entre changement climatique et transfert du virus entre espèces. Même si il n’y a pas de preuves directes attestant un lien entre le covid-19 et le changement climatique, celui ci peut changer le niveau d’un virus ainsi que ses hôtes. En effet, plus l’homme pénètrera dans des territoires sauvage et qu’il dérèglera l’environnement, plus il s’exposera à des maladies que l’on ne comprend pas et que l’on ne connaît pas. On peut s’inquiéter que le covid-19 soit seulement l’une des nombreuses pandémies qu’on affrontera dans le futur. Même si des pays ont commencé à réguler les contacts entre la vie sauvage et les hommes, notamment pour la vente de viande d’animal sauvage, il est nécessaire de sauvegarder notre biodiversité et de considérer l’avis des scientifiques.
Pour Ames Dhai, vice présidente du Comité international de Bioéthique, le Covid-19 révèle la vulnérabilité humaine. Elle s’interroge sur la manière dont les acteurs d’une société peuvent eux aussi donner au personnel de santé qui s’expose en prenant des risques disproportionnés au nom du devoir et du bien commun. Ames Dhai suggère que les preneurs de décisions fassent attention aux travailleurs de la santé en leur fournissant un accès prioritaire à l’équipement de protection mais aussi aux unités de soins intensifs s’ils sont contaminés.
Vitoria Afonso Langa de Jesus, directrice exécutive au FNI, réfléchit sur la stratégie de communication en temps de crise sanitaire publique. Pour elle, une communication basée sur la franchise et des informations scientifiquement valides, est essentielle pour coordonner les stratégies et les actions. Il est nécessaire d’éviter la désinformation en utilisant une source d’information plurielle et variée. Elle met l’emphase sur les problèmes de vulnérabilité et d’inégalité des groupes sociaux ayant des conditions défavorables, il faut pour elle s’adapter aux réalités locales surtout dans les zones de banlieue et de campagne.
Pour le philosophe Peter Paul Verbeek, les nouvelles technologies peuvent jouer un grand rôle dans la gestion de la pandémie, elles peuvent servir à surveiller la propagation du virus ainsi que le comportement humain. S’attache à ce rôle la question d’une utilisation responsable et respectueuse des droits humains privés. En effet, avertir les personnes qu’elles ont été en contact avec une personne infectée est une intrusion dans la vie privée de l’individu. De plus, se pose la question du stockage des données, de l’appartenance de ces informations, de leur suppression ou encore de leur vulnérabilité face aux hackers. Enfin P. P. Verbeek s’interroge sur le fait que ces applications soient rendues obligatoire et sur leur utilité réelle.
Hervé Chneiwess, docteur en médecine et directeur de recherche au CNRS insiste sur la nécessité de preuves scientifiques solides, même pendant une crise épidémique. Selon lui, l’urgence de trouver une cure ne doit pas empêcher une recherche responsable, surveillée par des comités éthiques. La peur, la précipitation, les pressions médiatiques et économiques ne doivent pas faire abandonner ces principes éthiques qui ne peuvent en aucun cas être transgressés sinon ajustés. Il est urgent de coordonner les efforts au niveau international par la création d’un comité de surveillance au niveau mondial mais aussi de donner accès aux résultats de recherches à tous. Pour cela, les gouvernement et institutions qui actuellement financent les recherches devraient demander l’abandon des brevets sans limite géographique. Il est nécessaire pour Hervé Chneiwess de pouvoir avoir confiance en une structure garantissant la production de traitements à la fois efficaces, sécuritaires et abordables.
La philosophe Marie-Genviève Pinsart s’intéresse à l’anticipation, conjugaison entre faits avérés et imagination. Pour elle, anticiper face à tout type de crise pandémique, c’est mettre en place un contexte médical et politique stable permettant un accès au soin pour tous, un bon enseignement en médecine, une bonne recherche, du matériel et une société faisant appel aux scientifiques pour les décisions politiques. Pour Marie-Genviève Pinsart, la pénurie de masques et de respirateurs dans les pays occidentaux révèle la faiblesse de la production avec la délocalisation ainsi que l’importance de la coopération. Sans l’anticipation, on ne peut pas toujours combler le manque, elle est cruciale et les politiques en sont responsables. Ils doivent assumer les décisions prise face aux citoyens au niveau de l’anticipation du matériel, des différentes phases de confinement et déconfinement mais aussi du financement de la recherche.
Pour la philosophe des sciences Emma Ruttkamp-Bloem, l’état doit être transparent dans les décisions prises afin de respecter la dignité humaine de chaque citoyen. Elle souhaite revaloriser l’effort commun, pour elle tous les niveaux de la société civile doivent être engagés dans cette prise de décision. Pour cela, des mécanismes doivent être mis en place pour s’assurer que le raisonnement public puisse avoir sa place dans l’anticipation et durant les crises majeures et que les comités éthiques nationaux puissent conseiller les gouvernements, mêmes durant la phase suivant la fin de la crise.
Le philosophe Ali Benmakhlouf aborde lui aussi le thème de l’action commune et de la solidarité interactive. Il soulève un paradoxe particulier : alors que cette pandémie est inconnue tant au niveau de sa durée, sa gravité et la nature de son traitement, elle rend visible des choses connues tel que les vulnérabilités selon le genre, les positions socio-économiques, ou encore l’insalubrité des logements.
Le médecin Sami Richa aborde le sujet des malades mentaux face au Covid-19. Plus fragiles, ils ont plus de chance d’être affectés par le Covid 19, ont plus de difficultés à suivre les règles de distanciation sociale, ont plus de risque d’anxiété et de dépression. Ils ont plus de chance d’arrêter leur traitement et donc plus de risque de rechute dans leur maladie. Sami Richa s’interroge si les besoins spécifiques de ces personnes sont pris en compte par les organes décisionnaires mais aussi par le personnel soignant s’ils sont atteints.