[Actualités de l’éducation: L’éducation en temps de pandémie : le Pérou, scène des innovations éducatives en Amérique Latine]

            En mai dernier, Covid19 oblige, des millions d’élèves de tous niveaux confondus ont vu leurs cours en présentiel annulés, parfois laissés sans alternatives.  Pourtant, l’éducation apparaît primordiale pour assurer un lien social, permettant de maintenir l’inclusion par la coopération.

            Au Pérou, le gouvernement comme les professeurs ont mis en place des programmes pour assurer une continuité pédagogique en accord avec une situation nationale contrastée. En temps normal, l’éducation au Pérou n’est pas uniforme, la crise sanitaire semble avoir accéléré toutes les réflexions pour un système éducatif plus inclusif.  

source: Pixabay

Inégalités territoriales, inégalités digitales 

Cette crise sanitaire a créé de nombreuses brèches touchant les étudiants, leurs parents, et leurs professeurs. L’interruption de l’apprentissage et le décrochage scolaire, le difficile accès à l’alimentation, les coûts élevés que la garde d’enfants entraîne, et l’incidence de l’enseignement à distance par les parents sur les systèmes professionnels dont celui de santé sont autant de conséquences néfastes qui fragilisent un système éducatif en cours d’harmonisation.  

En Amérique latine, ce sont plus de 160 000 000 d’étudiants qui sont touchés par les mesures de suspension des classes en présentiel. 29 pays ont mis en place des instruments permettant l’apprentissage à distance, mais quatre seulement ont mis en place des cours en ligne. Une enquête de l’OCDE a montré qu’au Pérou, 57% des élèves âgés de 15 ans ont accès à internet, et seulement 28% à des logiciels éducatifs.

Des mesures gouvernementales existantes… et inadaptées ?

En avril dernier, le gouvernement a mis en place le programme « Aprendo en casa », J’apprends à la maison, proposant une alternative viable pour les étudiants, et visant à réduire les inégalités dans l’apprentissage. Cette stratégie « virtuelle » permet aux étudiants, et surtout ceux de zones rurales et éloignées, d’accéder à leurs cours. L’enseignement à distance est assuré grâce à une variété de formats et de plateformes : des émissions télévisées, des vidéos et des podcasts sont postés tous les mois sur la chaîne YouTube du ministère de l’éducation. Le programme vise à soutenir des communautés éducatives et à proposer des soins pour la santé et le bien-être des étudiants

Pourtant, les critiques de ce programme sont nombreuses. D’abord, aucune des émissions n’est donnée en direct, l’interaction est inexistante et les professeurs ne peuvent l’assurer que grâce à des cours virtuels dispensés sur WhatsApp. Par ailleurs, les étudiants n’ont souvent pas le matériel pour se connecter et suivre ce programme. Si le Pérou fait partie des huit pays d’Amérique latine à avoir opté pour la livraison de dispositifs technologiques, le million de tablettes commandées n’est finalement pas arrivé à temps, et n’a touché que très peu d’étudiants. 

De plus, si le ministère de l’éducation (Minedu) a voulu offrir un accès gratuit à internet à 20 000 étudiants, nombreux sont ceux qui en demeurent privés. C’est là que réside le problème de la brèche digitale : à quoi servent des tablettes si l’accès à internet n’est pas assuré ? Il faudrait maintenant que chaque étudiant ait accès à ce service de base, puisque même en milieu urbain, il n’existe parfois qu’un étudiant par classe à pouvoir suivre les cours virtuels. Le ministère de l’éducation a redoublé d’efforts, mais la situation initiale demande des mesures plus adaptées.

Source : site du gouvernement péruvien, page du ministère de l’éducation. https://www.gob.pe/institucion/minedu/campa%C3%B1as/914-aprendo-en-casa

Les propositions des professeurs : Nudo, vecteur de dialogues pour étudiants et professeurs

Depuis mars dernier, les professeurs innovent pour assurer une continuité pédagogique aux étudiants confinés dans des situations inégalitaires. Nombre d’entre eux doivent apprendre en cours de route comment utiliser les plateformes virtuelles. L’objectif des professeurs s’est vite placé à un autre niveau : celui de permettre aux étudiants d’échanger entre eux, à un niveau national. Primordial pour l’inclusion des étudiants, les échanges de leurs productions leurs permettent en effet de nourrir leur motivation, leur intérêt et leur sensibilité.

Si elle n’est pas la première application éducative, Nudo propose de nouvelles méthodes afin de développer le lien entre les étudiants péruviens et assurer la reconnaissance de leurs productions. Si l’application fait toujours face aux disparités dans l’accès à internet, elle réussit à créer ce dialogue qui n’était pas proposé par le gouvernement. Le cœur du projet est l’initiative étudiante, chaque élève qui crée une production (conte, poésie, légende…) sur des thèmes comme la solidarité ou l’amitié, pour ensuite la poster en texte ou en podcast. Les élèves sont incités à faire leurs recherches, sont aidés par leurs professeurs, et peuvent avoir les retours de leurs camarades. Reconnue par le gouvernement, par les professeurs, par les élèves comme les parents, l’extension à d’autres organisations et pays est un futur possible pour l’application.

Pour en savoir plus sur Nudo, rendez-vous bientôt pour entendre le témoignage de ses créatrices et d’élèves utilisatrices !

source: Icône de l’application, google play. 

Article écrit par Emma Letard-Kerbart. Cet article n’engage que son auteur.

Sources :

– Conséquences de la fermeture des écoles, site de l’UNESCO : https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/consequences

– Rapport de la Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL), https://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/45904/S2000510_es.pdf?sequence=1&isAllowed=y

– Page du ministère de l’éducation, site du Gouvernement péruvien : https://www.gob.pe/minedu

– Page Facebook de Nudo : https://www.facebook.com/Nudope-110168737345179/

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[L’UNESCO fournit des cadres éthiques aux réponses de COVID-19]

Pour répondre à la pandémie mondiale, les états doivent prendre des décisions rapides cependant, des questions éthiques se posent dans ce contexte d’urgence. L’UNESCO, le Comité international de bioéthique et la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et technologiques se proposent de répondre à de multiples questionnements concernant les ressources médicales, les normes éthiques dans la recherche d’un vaccin, le droit à la vie privée et les nouvelles applications gouvernementales… Ainsi, au travers de vidéos, des éthiciens, bio éthiciens, philosophes et professionnels de la santé du monde entier se sont emparés du sujet pour tenter d’y apporter une réponse.

Professeur de philosophie à l’université Stellenbosch et spécialiste en éthique environnementale, Johan Hattingh avance le fait que les mesures prises contre le virus peuvent être aussi mortelles que le virus lui même. En effet, les pouvoirs politique ont tendance à ne pas considérer tous les laissés pour compte dans leur prise de décision. Or, le confinement doit prendre en considération le manque de ressources essentielles pour certains foyers ou encore l’exposition aux violences conjugales. Si ces risques devraient pouvoir être prévenus, ils le sont rarement du fait que ceux qui prennent les décisions se sentent différents « d’eux », cette catégorie mise à part dans le système social et qui n’apparaît qu’en simple dommage collatéral en temps de crise. Pour que les droits humains soient respectés, une politique flexible et intelligente doit être mise en place. De plus, les décideurs doivent s’interroger si les personnes les plus pauvres et vulnérables sont en capacité de pouvoir faire remonter les dangers qu’ils subissent et si c’est le cas, si ces personnes sont écoutées et non mises au silence par ceux là mêmes qui occupent une position de pouvoir.

Johan Hattingh établit un lien, corroboré par les scientifiques, entre changement climatique et transfert du virus entre espèces. Même si il n’y a pas de preuves directes attestant un lien entre le covid-19 et le changement climatique, celui ci peut changer le niveau d’un virus ainsi que ses hôtes. En effet, plus l’homme pénètrera dans des territoires sauvage et qu’il dérèglera l’environnement, plus il s’exposera à des maladies que l’on ne comprend pas et que l’on ne connaît pas. On peut s’inquiéter que le covid-19 soit seulement l’une des nombreuses pandémies qu’on affrontera dans le futur. Même si des pays ont commencé à réguler les contacts entre la vie sauvage et les hommes, notamment pour la vente de viande d’animal sauvage, il est nécessaire de sauvegarder notre biodiversité et de considérer l’avis des scientifiques. 

Pour Ames Dhai, vice présidente du Comité international de Bioéthique, le Covid-19 révèle la vulnérabilité humaine. Elle s’interroge sur la manière dont les acteurs d’une société peuvent eux aussi donner au personnel de santé qui s’expose en prenant des risques disproportionnés au nom du devoir et du bien commun. Ames Dhai suggère que les preneurs de décisions fassent attention aux travailleurs de la santé en leur fournissant un accès prioritaire à l’équipement de protection mais aussi aux unités de soins intensifs s’ils sont contaminés.

Vitoria Afonso Langa de Jesus, directrice exécutive au FNI, réfléchit sur la stratégie de communication en temps de crise sanitaire publique. Pour elle, une communication basée sur la franchise et des informations scientifiquement valides, est essentielle pour coordonner les stratégies et les actions. Il est nécessaire d’éviter la désinformation en utilisant une source d’information plurielle et variée. Elle met l’emphase sur les problèmes de vulnérabilité et d’inégalité des groupes sociaux ayant des conditions défavorables, il faut pour elle s’adapter aux réalités locales surtout dans les zones de banlieue et de campagne.

Pour le philosophe Peter Paul Verbeek, les nouvelles technologies peuvent jouer un grand rôle dans la gestion de la pandémie, elles peuvent servir à surveiller la propagation du virus ainsi que le comportement humain. S’attache à ce rôle la question d’une utilisation responsable et respectueuse des droits humains privés. En effet, avertir les personnes qu’elles ont été en contact avec une personne infectée est une intrusion dans la vie privée de l’individu. De plus, se pose la question du stockage des données, de l’appartenance de ces informations, de leur suppression ou encore de leur vulnérabilité face aux hackers. Enfin P. P. Verbeek s’interroge sur le fait que ces applications soient rendues obligatoire et sur leur utilité réelle.

Hervé Chneiwess, docteur en médecine et directeur de recherche au CNRS insiste sur la nécessité de preuves scientifiques solides, même pendant une crise épidémique. Selon lui,  l’urgence de trouver une cure ne doit pas empêcher une recherche responsable, surveillée par des comités éthiques. La peur, la précipitation, les pressions médiatiques et économiques ne doivent pas faire abandonner ces principes éthiques qui ne peuvent en aucun cas être transgressés sinon ajustés. Il est urgent de coordonner les efforts au niveau international par la création d’un comité de surveillance au niveau mondial mais aussi de donner accès aux résultats de recherches à tous. Pour cela, les gouvernement et institutions qui actuellement financent les recherches devraient demander l’abandon des brevets sans limite géographique. Il est nécessaire pour Hervé Chneiwess de pouvoir avoir confiance en une structure garantissant la production de traitements à la fois efficaces, sécuritaires et abordables.

La philosophe Marie-Genviève Pinsart s’intéresse à l’anticipation, conjugaison entre faits avérés et imagination. Pour elle, anticiper face à tout type de crise pandémique, c’est mettre en place un contexte médical et politique stable permettant un accès au soin pour tous, un bon enseignement en médecine, une bonne recherche, du matériel et une société faisant appel aux scientifiques pour les décisions politiques. Pour Marie-Genviève Pinsart, la pénurie de masques et de respirateurs dans les pays occidentaux révèle la faiblesse de la production avec la délocalisation ainsi que l’importance de la coopération. Sans l’anticipation, on ne peut pas toujours combler le manque, elle est cruciale et les politiques en sont responsables. Ils doivent assumer les décisions prise face aux citoyens au niveau de l’anticipation du matériel, des différentes phases de confinement et déconfinement mais aussi du financement de la recherche.

Pour la philosophe des sciences Emma Ruttkamp-Bloem, l’état doit être transparent dans les décisions prises afin de respecter la dignité humaine de chaque citoyen. Elle souhaite revaloriser l’effort commun, pour elle tous les niveaux de la société civile doivent être engagés dans cette prise de décision. Pour cela, des mécanismes doivent être mis en place pour s’assurer que le raisonnement public puisse avoir sa place dans l’anticipation et durant les crises majeures et que les comités éthiques nationaux puissent conseiller les gouvernements, mêmes durant la phase suivant la fin de la crise.

Le philosophe  Ali Benmakhlouf aborde lui aussi le thème de l’action commune et de la solidarité interactive. Il soulève un paradoxe particulier : alors que cette pandémie est inconnue tant au niveau de sa durée, sa gravité et la nature de son traitement, elle rend visible des choses connues tel que les vulnérabilités selon le genre, les positions socio-économiques, ou encore l’insalubrité des logements.

Le médecin Sami Richa aborde le sujet des malades mentaux face au Covid-19. Plus fragiles, ils ont plus de chance d’être affectés par le Covid 19, ont plus de difficultés à suivre les règles de distanciation sociale, ont plus de risque d’anxiété et de dépression. Ils ont plus de chance d’arrêter leur traitement et donc plus de risque de rechute dans leur maladie. Sami Richa s’interroge si les besoins spécifiques de ces personnes sont pris en compte par les organes décisionnaires mais aussi par le personnel soignant s’ils sont atteints.  

Article de : Sana Tekaïa

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[L’éducation face au coronavirus dans le monde : la fermeture des écoles]

De nombreuses écoles sont fermées dans le monde entier enfin d’éviter la propagation du virus Covid-19 chez les enfants. Ainsi, vendredi dernier, le 6 mars 2020, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé la fermeture de toutes les crèches et des établissements scolaires dans l’Oise et le Haut-Rhin. Les écoles, de la crèche au lycée, sont fermées, car il considéré comme étant plus difficile d’y faire respecter les mesures d’hygiène et ainsi de limiter la transmission du virus. En France, la fermeture des maternelles et écoles vendredi dernier a été annoncée pour une période pour l’instant de 15 jours.

Dans le monde entier, c’est 13 pays qui ont décidé de fermer la totalité de leurs écoles, soit 290 millions d’enfants privés d’enseignement et 9 autres pays qui pratiquent actuellement des fermetures partielles, uniquement dans les régions touchées par le virus. C’est un chiffre sans précédent.

L’UNESCO a ainsi convoqué une réunion d’urgence avec les ministres de l’Éducation du monde entier afin de trouver des solutions permettant le maintien de l’éducation des jeunes générations, des alternatives à l’enseignement classique en présentiel sont recherchées pour les élèves de la maternelle à la fin du secondaire. Des enseignements à distance sont ainsi proposés lorsque cela est possible. L’UNESCO recommande l’utilisation des applications et plateformes éducatives.

Dans l’Oise et le Morbihan 2 des 3 foyers touchés en France avec la Haute-Savoie par le virus, les ressources du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) sont mises à disposition des élèves afin de permettre aux 32 000 enfants et adolescents confinés de poursuivre leurs apprentissages scolaires. Cette plate-forme se nomme « Ma classe à la maison », elle contient 4 semaines de cours et d’exercices pour les élèves de la maternelle à la terminale. Ce dispositif a également pour but de conserver un lien entre l’élève et le professeur – l’école afin d’éviter tout décrochage scolaire avec des enseignements en direct par le professeur à sa classe.

La problématique principale de la fermeture des écoles est la réduction du temps d’enseignement pour les enfants ce qui entraine une base des résultats d’apprentissage. Cela entraine également des difficultés pour les familles à faire garder leurs enfants, un problème donc d’organisation, entrainant un ralentissement économique.

L’UNESCO continue a surveillé l’évolution des fermetures des écoles ; et se tient prête à d’aider les pays dans la mise en œuvre de solutions adaptées face à cette crise sanitaire majeure.

Article de : Laura Bellec

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