[Portraits de personnalités inspirantes : Annie Ernaux – Penser le présent]

« L’habitude de vivre au milieu du monde, il y a le café et l’épicerie, deux petites chambres, mais il y a toujours le bruit des criants. » Annie Ernaux, naît Annie Duchesne en 1940 en Normandie. Ses parents d’origine ouvrière, deviennent commerçants et possèdent alors un café épicerie. Par son parcours universitaire en lettres, l’autrice rompt avec son milieu populaire d’origine ; c’est cette rupture et sa condition de transfuge de classe qui seront la véritable matrice de son œuvre. Après avoir terminé le lycée, premier contact avec des milieux sociaux plus bourgeois, elle fera ses études à l’université de Rouen puis de Bordeaux et deviendra agrégée de lettres modernes en 1971. Elle est ensuite enseignante de français au lycée avant d’intégrer le Centre national d’enseignement à distance (CNED). Elle réside aujourd’hui dans une ville nouvelle, Cergy, qu’elle décrit comme une espèce de no man’s land qui ne rappelle rien du passé. 

 « J’ai changé de monde, je le ressens toujours. »

« Tous les gens de Cergy viennent de partout, c’est une population sans racines. Une population qui n’a pas les mêmes strates de domination que dans les villes anciennes. »

Cette résidence, dans un lieu socialement neutre, est à la fois significatif et en opposition vis à vis de son œuvre qui par son caractère autobiographique et sociologique, accorde une place prédominante au passé, à la notion de souvenir et à la réflexion autour des différents milieux sociaux que l’autrice traverse au cours de sa vie. 

Annie Ernaux marquera la littérature de par son hyperréalisme, traçant un véritable récit collectif de la condition de femme transfuge. De fait, son œuvre, majoritairement autobiographique, est considérée comme étroitement liée à la sociologie. Lorsqu’Annie Ernaux fait son entrée en littérature en publiant Les Armoires vides en 1974, récit de sa déchirure sociale, le terme de transfuge de classe n’existait pas ; seuls Les héritiers et la Reproduction traitaient des différences de classes. Les héritiers (1964), est une enquête sociologique de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui théorise pour la première fois comment l’école peut être un lieu de reproduction des inégalités sociales en démontrant les différences en matière de compétence sociales et culturelle des étudiants que l’école méconnaît en les traitant comme égaux scolairement ; selon les sociologues, « l’absence de don » scolaire des enfants issus de milieux populaires serait le résultat en réalité d’une socialisation différenciée du fait de leurs milieux sociaux. La reproduction (1970) des mêmes auteurs vient affirmer la notion de violence symbolique, c’est-à-dire l’intériorisation des normes par des individus, dont ils n’ont pas nécessairement conscience, qui sont liées à leur milieu social et qui les conditionnent. 

Les Armoires vides traitent ainsi d’une impression, celle « d’être coupé en deux » que l’autrice ne peut nommer, à travers l’histoire de son passage du lycée à la faculté, et celle de son amour avec un garçon issu de la bourgeoisie. C’est seulement en 1985 qu’elle découvrira le terme décrivant sa condition, celle de transfuge de classe. À cette notion est alors attachée une forme de trahison ; celle de laisser derrière soi une certaine misère en étant emportée vers des milieux non seulement plus riches matériellement, mais avec des codes sociaux et des manières de faire différentes, renforçant de fait la rupture avec le milieu d’origine. « Je hasarde une explication : écrire c’est le dernier recours lorsqu’on a trahi » selon Genet. C’est sur cette trahison que porte l’écriture « auto-socio biographique » d’Annie Ernaux, qui décrit de facto cette séparation dans les premières pages de La Place en 1983, récit de la prise de conscience du gouffre qui s’est creusé entre elle et son père, fidèle à sa condition paysanne et éloigné de la lecture, pour lequel elle obtiendra le Prix Renaudot en 1984. Il y a l’époque de l’enfance heureuse, de l’adéquation ou elle n’a pas encore de regard extérieur sur ses parents, regard venu de l’école et de la bourgeoisie, elle reste « dans le même ordre du monde ». À l’adolescence, par ses professeurs, par ses camarades naît alors ce regard « venu du dehors » qu’elle décrira plus précisément dans son roman La Honte (1997). 

« Je voulais dire, écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l’adolescence entre lui et moi. (…) Une distance de classe, mais particulière, qui n’a pas de nom. Comme de l’amour séparé. » 

C’est à cette difficulté de trouver « sa place », tandis que son père demeure « condamné à rester » à la sienne que le titre du récit fait référence. Cette « double condamnation » et le sentiment croissant de l’écart entre son milieu d’origine et celui du monde littéraire et bourgeois, la croissance des différences matérielles et de capitaux culturels entre elle et ses propres parents, poussent l’autrice à refuser le roman, à s’éloigner de la littérature qu’elle se destine pourtant à enseigner. Elle se décrira alors comme «immigrée de l’intérieur ».

« Ce que Bourdieu appel la misère du monde, cela restera pour moi quelque d’ineffaçable, qui fait partie de moi.  C’est important pour moi d’écrire certaines choses, d’aller vers la réalité et de ne pas inventer. Dans les engagements politiques, ce qui importe c’est ça, d’avoir vécu parmi ceux qui étaient dans une pauvreté plus générale. »

Malgré la désignation de récit « auto-socio biographique » Annie Ernaux garde une distance ambiguë avec les composantes du terme, sur la notion de l’autobiographie d’abord déclarant de fait son désir de ne pas écrire pour elle seule, dans une forme d’individualisme ; « (Le désir d’écriture) c’est un désir qui part de moi, qui n’est pas imaginaire, mais sachant très bien que je ne vais pas écrire simplement sur ce qui m’arrive, mais l’écrire de façon à le situer de manière générale. Je vis de façon individuelle, mais je veux l’écrire de manière collective. Je ne suis pas unique. Le mot auto est un peu gênant. » Et vis-à-vis de la sociologie « Je ne suis pas une écrivaine sociologique ». 

Les Années, publié en 2008, est une sorte de fresque de sa vie, allant des années 1940 à sa date de publication, parsemée de photographie de l’écrivaine. Le récit commence par « Toutes les images disparaîtront. » L’autrice raconte que cette phrase lui est venue en 1985, alors qu’elle n’avait pas encore le projet de ce livre. L’image à l’origine de cette phrase est un trajet en RER, et la vision d’un jeune garçon « moi à la même époque. j’avais un grand adolescent et un autre, des jeunes gens, et ce petit garçon était le temps, la fuite du temps, et ce qui était brusquement la sensation très forte du temps de sa propre vie. Toutes les images disparaîtront, c’est l’idée de la fuite à travers ces images ». Cette notion d’image, et donc de photographie, aura également une place importante dans son œuvre ; dans les Années, elle décrit son usage comme historique, comme une preuve du passé et d’une réalité à interroger, à déchiffrer. Dans Une femme, publié en 1987, elle justifie l’usage de la photo comme une manière de saisir l’insaisissable du plaisir amoureux avec par exemple les photos de lits ou de vêtements « les vêtements qui forment un tableau que l’on ne peut garder ». 

L’autrice posera également à travers sa réflexion sociologique la question de sa condition de femme, notamment dans La Femme gelée, son troisième roman publié en 1981 qui retrace une partie de sa vie en se concentrant sur son histoire de femme des années 1960, du combat collectif des femmes françaises de cette époque et de l’idée de domination masculine. Après son parcours de lycéenne, elle dira que « La vie de femme commencera ensuite, dans le système du genre. » « L’indignité de mes désirs n’est pas une question que je me suis posée en cet instant, pas plus que lors de l’écriture, et c’est de cette absence qu’on voit le mieux la vérité. » Elle a alors lu Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, et la décrit comme une écrivaine ayant toujours voulu regarder les choses de façon directe.  « À la fin des années 50, Le Deuxième sexe, tout son propos va à l’encontre de ce qui existe. » Tandis que La Femme gelée est déjà un ouvrage majeur du féminisme, elle publie en 2000, L’évènement, qui traite de l’avortement. Quatre ans après la légalisation de la pilule, et douze ans avant la Loi Weil qui légalisera l’interruption volontaire de grosses en 1975, Annie Ernaux confie être tombée enceinte en 1963 et décrit alors sa volonté d’avorter à tout prix. « Comme d’habitude, il était impossible de déterminer si l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si c’était mal parce que c’était interdit ».  Son œuvre est adaptée en 2020 au cinéma par Audrey Diwan. 

Annie Ernaux est en somme une figure de la femme transfuge, qui de par l’hyperréalisme de son écriture amène une véritable profondeur sociologique sur sa propre vie, conférant à son récit une portée collective permettant à chacun de nourrir ses propres réflexion personnels. 

Eloise Frye de Lassalle

Cet article n’engage que son auteure

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[Portrait de personnalité inspirante: Vivian Maier – exposition rétrospective ]

Depuis le 15 septembre, une exposition sur la célèbre photographe Vivian Maier à lieu au musée du Luxembourg. 

Elle est née le 1er février 1926 à New-York mais passa toute son enfance en France auprès de sa mère. C’est le 16 avril 1951 qu’elle retourne à New York et commence à travailler  comme nourrice dans des familles aisées. C’est aussi à partir de ce moment qu’elle acquiert son premier Rolleiflex. 

Vivian Maier est décrite comme une personne très discrète et loin d’être la personne la plus chaleureuse. Tout le monde s’accorde pour dire qu’elle était très mystérieuse puisqu’à l’époque personne ne savait qu’elle occupait tout son temps libre à la pratique de la photographie. Tombée dans la misère, ce sont les enfants Gensburg qu’elle gardait qui l’ont reconnu et aidé à sortir de cette situation. Malheureusement, elle décéda le 21 avril 2009 dans la maison qu’ils lui avaient achetée. 

Alors que notre photographe est décédé sans avoir partagé son secret et ses travaux, c’est John Maloff qui les à découvert quelque temps après, lorsqu’il à acquis quelques cartons d’une vente aux enchères. Son but était de trouver des clichés afin d’illustrer un livre d’Histoire locale, c’est alors qu’il tombe sur le nom de notre photographe et entame des recherches. En avril 2009, il réussit à rencontrer les frères Gensburg qui lui racontent la vie de leur nourrice. John Maloff décide par conséquent de commencer à trier et à numériser le travail de Vivian Maier, puisque selon lui, il fallait que ce travail soit montré au monde entier. 

Dès lors, il organise la première exposition au Chicago Cultural Center, en la nommant “ Finding Vivian Maier”. Ce fût un succès immédiat, et Vivian Maier est enfin reconnue comme une photographie célèbre malgré elle.  Puisque les conditions de la découverte de cette artiste sont assez originales et étonnantes, John Maloff coproduit un documentaire sur cette histoire nommé Finding Vivian Maier comme la première exposition. C’est réellement à partir de cette date que les grandes institutions culturelles organisent des expositions sur cette mystérieuse photographe qui fascine tout le monde. 

Si vous voulez vivre une expérience originale et comprendre davantage le travail de cette mystérieuse Vivian Maier, l’exposition rétrospective au Musée du Luxembourg vous accueille jusqu’au 16 janvier 2022. 

Cet article n’engage que son auteur, 

Ménard Aurélie.                 auteur de la photo : Legio Photos VIISource : https://www.grandpalais.fr/fr/article/qui-est-vivian-maier

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L’art au service de la Science : le projet Corail Artefact

Jérémy Gobé est un artiste venant du Nord-Est de la France, et comme la plupart des artistes, Jérémy a beaucoup travaillé avec des matériaux issu de la récupération, chutes de matériaux et “chinage” d’objets de seconde main, le corail sera pour lui un objet de prédilection et de fascination. 

Il tente alors de lier différents matériaux, afin de prolonger les morceaux de coraux qu’il avait en sa possession. Afin de mieux comprendre les matériaux sur lesquels il travaillait, il entreprend des recherches. Dans un premier temps il découvre trois facteurs majeurs de la dégradation des récifs coralliens ; le réchauffement climatique, la surexploitation des ressources de la mer avec la pêche intensive à la dynamique et/ou au cyanure, enfin, la grande concentration de plastique dans l’eau qui engendre un trop grand nombre de particules toxiques. Dans un second temps, il apprend et prône les savoirs-faire traditionnels, surtout dans le textile, avec le tricot ou encore la broderie en apprenant le “Point d’Esprit”, motif traditionnel de la région Auvergne Rhône Alpes . (photo de dentelle – au dessous)

C’est ainsi que l’idée de pouvoir aider et stimuler la régénération des coraux en leur créant un support en dentelle, lui parvient. En effet, au cours de ses nombreuses recherches, Jérémy a constaté que les chercheurs scientifiques recherchaient un support afin de pouvoir faire adhérer les larves des coraux. Ce support doit répondre à trois critères : la rugosité, la souplesse ainsi que la transparence. Par conséquent, la dentelle en coton correspond tout à fait aux exigences, de plus, comme le souligne l’artiste, la dentelle en coton et biosourçable (matière biologique), biodégradable (= qui se dégrade sans impact négatif sur l’environnement) et biomimétique(= qui imite les procédées de la nature).  

En 2018, Jérémy Gobé décide de se lancer dans un programme de Recherche, de Développement et d’Innovation, qu’il nomme Corail Artefact.

Ce projet va bien plus loin que le support en dentelle car il entreprend, de façon complémentaire, la création de structure en béton écologique et des outils d’aquariologie ainsi que des objets faits en matières dites “alternatives” afin de remplacer les plastiques. 

En effet, de premier abord, le béton fait d’eau, de sable et de ciment nous paraît totalement inoffensif pour le système marin. Malheureusement c’est sa production qui constitue un impact négatif sur nos écosystèmes, puisqu’en effet le sable prélevé augmente la montée des eaux et la production de ciment dégage une trop grosse quantité de CO2.  

Le tout est retranscrit afin de créer un outil de médiation auprès des différents publics, scolaires notamment. 

En 2019, Jérémy s’associe avec Claire Durand-Ruel, et des tests ont pu être effectués sur le béton et la dentelle avec succès. Par conséquent ses solutions vont être davantage développées afin d’être commercialisées et les actions de sensibilisation continuent d’être effectuées. 

Cet article est basé sur le site officiel du projet Corail Artefact, pour en savoir plus, rendez vous sur Corail Artefact | Un projet Art Science Industrie Education de Jérémy Gobé 

Cet article n’engage que son auteur

Aurélie Ménard

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[Rubrique culturelle] Journée internationale des Arts islamiques et de la langue arabe 2021

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de l’art islamique  a déclaré que « Cette journée a été proclamée afin de célébrer ensemble ce patrimoine exceptionnel, tissé depuis 14 siècles, et qui continue de se renouveler, de se réinventer et d’influencer les cultures du monde entier. » Depuis sa proclamation lors de la 40ème session de la Conférence générale de l’UNESCO, la journée internationale de l’art islamique est célébrée le 18 novembre de chaque année.

Afin de favoriser l’appréciation de l’art islamique il convient de revenir sur sa définition. L’art islamique concerne les formes artistiques crées dans le “Dar al-Islam”, espace géographique s’étendant de l’Espagne à l’Inde en passant par l’Afrique du Nord et l’Egypte, cet espace ne correspondant pas au monde musulman contemporain. L’adjectif islamique employé, ne renvoie pas à la religion dont l’adjectif est musulman, mais à la civilisation. 

D’ailleurs, les arts islamiques sont essentiellement profanes. Lors de la première “exposition générale d’art musulman” ayant lieu à Paris en 1893, l’emploi de l’appellation “art musulman” est employé officiellement pour qualifié “les monuments des pays soumis à la loi de l’islam, qu’ils soient placés à l’Orient ou à l’Occident”. Se référant à l’idée d’unité religieuse des territoires orientaux et africains pour qualifier des œuvres profanes, cette appellation “ d’art arabe” a été remplacée dans la deuxième moitié du XXème siècle par “art islamique”. Dès 1905, l’exposition “Arts de l’Islam, des origines à 1700, dans les collections publiques françaises” prend place au sein du département des Objets d’art du musée du Louvre. Charlotte Maury, chargée des collections ottomanes et de l’Art du Livre au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre, dépeint la variété des caractéristiques des arts islamiques à travers l’exemple des Arts du Livre. Ces Arts comprennent à la fois des manuscrits du Coran enluminés qui portent essentiellement des motifs aniconiques, géométriques ou végétaux et des livres qui portent des décors figuratifs, des cycles iconographiques pour illustrer un texte qui peut être une épopée légendaire d’un règne, un roman d’amour courtois ou un roman mystique.

Les expositions d’art islamiques se multiplient sur le territoire national. Au musée du Louvre, les premières œuvres d’art islamique entrent dès sa création en 1793. Les premières salles datent de 1893. Les collections concernent l’espace géographique En 2012, sur le décret du président François Hollande, la collection est installée dans une architecture spécialement conçue à cet effet, une structure de verre et de métal insérée dans la cour Visconti, répartie sur deux niveaux. La section Arts d’Islam regroupe plus de 3000 œuvres dont des objets d’arts ayant appartenu à des princes et  des khalifes révélant la variété et le luxe de cet art. 

Par ailleurs, le musée du Louvre, en collaboration avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, lance un événement de promotion des arts islamiques à l’échelle nationale. Du 20 novembre au 27 mars 2022, dix-huit expositions simultanées de l’événement Arts de l’Islam.Un passé pour un présent sont programmées dans 18 villes de France. Chaque exposition accueillera dix œuvres à la fois historiques et contemporaines dans le but de valoriser le dialogue interculturel en ouvrant « plus largement les horizons » comme l’a souligné Roselyne Bachelot, Ministre de la culture. Les 18 villes présentent un événement unique mais disposent toutes d’un dispositif scénographique réunissant un espace d’exposition, un espace de projection, un espace débat ainsi qu’un film immersif  emmenant les visiteurs en voyage en Orient.

L’exposition “ Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité” présentée par le Musée des Arts Décoratifs, coproduite par le Dallas Museum of Art, avec le soutien de la maison Cartier, met en exergue les influences des arts islamiques sur la création de bijoux et d’objets précieux. Plus de 500 bijoux et objets de la Maison Cartier, dessins, livres, photographies et documents d’archives rendent compte de l’intérêt pour les motifs et matériaux orientaux.

L’Institut des cultures d’Islam, lieu de rencontre et de dialogues, propose toute l’année des  expositions, concerts, conférences, projections-débats et  ateliers visant à partager la diversités des cultures d’Islam contemporaines. A travers l’angle de l’art contemporain, l’Institut des cultures d’Islam entend déconstruire les préjugés et stéréotypes sur les arts islamiques.

Lieu d’échange et d’apprentissage, l’Institut des cultures d’Islam, propose des cours de langue et de pratiques artistiques. D’octobre à juin cet établissement propose des cours de langue arabe qui s’inscrivent dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) favorisant la mobilité éducative et professionnelle. L’arabe littéral moderne y est enseigné. L’Institut des Cultures d’Islam propose également des formations artistique tels que l’art de la calligraphie. 

L’Institut du Monde arabe dispense également des cours de langue arabe dans son centre dédié : le Centre de la langue et des civilisations arabes. Les collections exposées à l’IMA proviennent de l’ensemble du monde arabe de l’Antiquité préislamique à la période contemporaine.

Alors que les arts islamiques se distinguent du monde arabe en ce que le monde arabe n’est qu’une partie du monde islamique, l’Institut du Monde arabe prend le contrepied du processus de distinction en mobilisant la notion “d’art arabe” dès sa rénovation en 2008. 

La programmation de l’Institut du Monde arabe vise à exposer la richesse et la diversité de création du monde arabe.  Actuellement,  et ce jusqu’en janvier 2022, l’exposition Lumières du Liban. Art moderne et contemporain de 1950 à  aujourd’hui, célèbre la créativité des artistes modernes et contemporains du Liban et de ses diasporas, du lendemain de son indépendance en 1943 jusqu’à nos jours. 

Cette exposition s’inscrit dans la volonté de l’Institut du Monde arabe de rendre hommage à la résilience de la scène artistique libanaise suite à l’explosion du 4 août 2020.

L’Institut du Monde arabe incarne d’ailleurs la dimension politique sous tendu par la promotion de l’art islamique en Occident. La création de l’Institut du Monde arabe résulte de la volonté puissante des politiques de former un pont entre l’Orient et l’Occident. Cet établissement est placé sous l’autorité morale d’un Haut Conseil, composé des représentants des États membres de la Ligue arabe, et financé par la France et les États arabes. L’institution s’affirme alors comme un outil culturel et diplomatique d’exception au service des relations franco-arabes. En effet, l’Institut du Monde Arabe a été élu « Marque Culturelle Européenne 2014 » lors de la soirée « Awards des Marques Européennes de la Culture (9e édition) »  à Berlin le 30 octobre 2014.

Yannick Lintz, Conservatrice générale du patrimoine, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre a déclaré dans un entretien que les expositions d’art islamique vont “permettre aussi à beaucoup de voir la civilisation islamique avec un autre regard que celui du terrorisme et de la radicalité.” 

La promotion de manifestations culturelles d’art islamique s’inscrit en effet dans la dynamique de partage et rapprochement culturel entre les peuples et d’encouragement à la tolérance par la puissance du vecteur artistique. Ainsi, la journée de l’art islamique incite au dialogue interculturel à travers l’appréciation de l’art islamique.

AMADY Nasrine 

Cet article n’engage que son auteure.

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[Portraits de personnalités inspirantes : Susana Baca, La Diva péruvienne engagée ]

Susana Baca : chanteuse variété au Pérou | Interview | Terra Peru

Susana Esther Baca de la Colina plus connue sous le nom de Susana Baca est une figure emblématique de musique afro-péruvienne, une proéminente auteure-compositrice. Sa musique est un mix entre tradition et modernité. Elle utilise pour la composition de ses musiques, des instruments traditionnels péruviens comme le Cajón, une boite de  bois qui était à l’origine, une cage à fruit. De plus, elle ajoute à son palmarès l’ethnomusicologie, l’enseignement et l’obtention  à trois fois du prix du « Latin Grammy Award ». En juillet 2011, elle est nommée  ministre péruvienne de la culture dans le gouvernement de Ollanta Humala. Susana est donc la seconde afro-péruvienne de l’histoire du Pérou indépendant membre du gouvernement. En novembre 2011, elle est élue présidente de la commission de la culture au sein de l’ OAS,«the Organization of American States » de 2011 à 2013. 

Repérée par David Byrne, elle est la figure principale de la chanson afro-péruvienne depuis 50 ans. Comme Cesaria Evora, elle cultive une saudade, comprenez un profond état de nostalgie. Tout comme la reine capverdienne, elle a fait renaitre un folklore métissé par des siècles d’esclavage et de colonisation. Aujourd’hui encore, à l’âge de 77 ans, Susana Baca chante encore et vient même de sortir un nouvel album, Palabras urgentes (vérité urgentes). Dans ce nouvel album, elle fête ainsi, deux-cents ans d’indépendance de son pays, le Pérou. Son travail retranscrit aussi, 50 ans d’une carrière riche entre politique et musique. Avec David Byrne et son label Luaka Bop créé en 1995, elle publie une compilation « Lamento Negro ». De ce disque, on retiendra le célèbre titre, Maria Lando. En 2002, elle reçoit le Grammy Latino de Best Folk Album et est cité dans le Best World Music Album. 

Petit détour sur la vie de Susana Baca :  

Elle née à Lima le 24 Mai 1944 d’un père guitariste et d’une mère chanteuse. Elle est la descendante de la famille De la Colina, reconnut pour ses musiciens de renoms. Susana, passe une partie de son temps à 130 kilomètres de Lima la capital péruvienne à San Luis de Cañete, fiefs historique de sa famille de musiciens. La chanteuse décrit ce lieu comme « un lieu étrange, une petite enclave au milieu d’un désert côtier, où la musique créole noire péruvienne est comme une graine plantée dans le sable qui aurait poussée de façon miraculeuse ». Durant sa jeunesse, elle prend conscience de sa couleur de peau dans le district noir de Chorrillos où elle  habite et grandit. Dans les écoles, même si les classes étaient mixtes, les noirs étaient marginalisés. Cependant, ce caractère qui était la base de discrimination dans les écoles publiques donnait lieu à de la joie dans la sphère familial privée.  Plus tard, c’est en tant que chanteuse à l’université, qu’elle est amenée à parcourir le Pérou pour faire son travail d’ethnomusicologie, récolter des musicalité pour les inscrire dans un contexte historique et ethnique. Son travail porte alors sur les racines Africaines de la musique péruvienne. Avant elle, ses oncle Caïtro Soto et Ronaldo Campos fondent en 1969 l’association « Péru Negro » qui à pour objectif de préserver l’héritage musicale issus du syncrétisme afro-péruvien. Ces musicalités presque oubliées de cette tradition musicale, elle décide de les collecter. Son mari Ricardo Pereira l’aide dans cette démarche en apportant une dimension sociologique. Il parcourent alors ensemble le littoral péruvien afin de récupérer des témoignages dans les villages descendants d’africain. Le livre qui découle de ces recherches « Del Fuego y deal agua » est publié en 1992 et représente 11 années de recherche. Par la suite, en 1995, ils fondent ensemble l’institut Negrocontinuo pour enrichir leur travail de sauvegarde.  

En 2011, c’est le président Ollanta Humala qui nomme Susana Baca au poste de ministre de la culture. Il prône alors une politique d’inclusion sociale. Elle devient alors la première ministre noire du Pérou indépendant. L’artiste, en plus de son parcours musicale à s’engage grandement dans la lutte contre toutes formes de discrimination, quelle soit sexuel, racial ou culturelles. Son marquage politique se reflette aussi dans sa musique où elle exprime ses idées. Son album « palabras urgentes » s’inscrit alors dans un climat de corruption lors des élection de 2018 qui se présente alors comme un moyen de faire passer son message. 

Auxence Jobron

Source : 

https://en.wikipedia.org/wiki/Susana_Baca

https://www.telerama.fr/musique/susana-baca-icone-afro-peruvienne-en-chantant-je-veux-susciter-le-debat-6985975.php

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Portrait : Hilma af Klint : le spirituel dans l’art

Photograph of the Swedish painter Hilma af Klint (1862–1944) at her art studio on Hamngatan in Stockholm – http://www.sydsvenskan.se/Images2/2014/3/7/ELAklint08.jpg

Dans l’introduction de « Origines du développement de l’art abstrait » Michel Ragon déclarait : « J’appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l’artiste. » Or longtemps, on a présenté Kandinsky comme le créateur de cette peinture abstraite vers 1910. Or si l’on s’en tient à cette prudente définition l’abstraction revient en réalité à une femme occultée de son histoire jusqu’à peu : Hilma af Klint. 

Hilma af Klint est une peintre suédoise qui s’engage dans la peinture abstraite dès 1906 soit un peu plus de trois ans avant Kandinsky. Elle obtient une reconnaissance des plus tardives puisqu’il faut attendre presque un siècle lors de l’exposition The Spiritual in Art : Abstract Painting 1890-1985 ayant eu lieu au Los Angeles County Museum of Art en 1986. Ses contemporains ne connaîtrons donc pas ses œuvres. Elle y est alors reconnue dans l’histoire de l’art, par certains experts et se fait apprécier du grand public. Accrochée parmi les plus grands comme le russe Kasimir Malevitch ou encore Mondrian, les dates de ses toiles révèlent un parcours solitaire de pionnière de l’abstraction. 

Ses toiles évoquent des compositions géométriques imprégnées de sciences et de spiritualités. La botanique et les mathématiques étant ses principales sources d’inspiration en témoignent certaines compositions. 

Hilma af Klint, Les dix plus grands, no 3, La Jeunesse, Groupe 4, 1907

Hilma af Klint, Les dix plus grands, no 10, L’âge Mur, Groupe 4, 1907

Un mysticisme qui est associée à la démarche de nombreuses femmes dans la peinture du début du siècle (cf. L’art naïf de Séraphine Louis). Une dénomination qui se justifie mais qu’il n’est pas sans misogynie, là où un Kandinsky est présenté en artiste fondateur de l’abstraction. 

Née le 26 octobre 1862 à Stockholm en Suède, Hilma af Klint est la quatrième enfant de Mathilda af Klint (née Sonntag) et de Victor af Klint. Elle passe ses étés dans un manoir près du lac de Mälaren, près de Stockholm, où la sublime nature inspire ses créations artistiques. Elle étudie d’abord à l’École technique artistique de Stockholm vers 1880, puis à l’Académie royale des beaux-arts. Elle figure parmi les seules rares femmes dans ses institutions. Elle peint alors essentiellement des paysages et des portraits.

Hilma af Klint, durant ses études forme avec quatres femmes le groupe les cinq, ou Fem un groupe d’artistes qui s’intéressent au spiritisme, à la théosophie et à l’anthroposophie. Elles cherchent ensemble à entrer en contact avec les esprits et le retranscrivent dans leurs œuvres. 

Pour gagner sa vie, elle peint des paysages traditionnels suivant les techniques académiques, avant de se lancer en 1906 dans ses premières compositions abstraites. En 1909, Hilma rencontre l’anthropomorphe Rudolf Steiner qui influe sur ses créations. Hilma expérimente la « peinture automatique », se servant de l’état de transe pour créer des œuvres abstraites uniques. Hilma meurt en 1944 et laisse une œuvre de plus de 1 000 peintures inconnues de son vivant. Encore aujourd’hui son œuvre est encore bien mal connue du grand public, c’est pourquoi nous vous invitons pour en savoir plus sur sa vie c’est pourquoi je vous engage à aller voir l’exposition Elles font l’abstraction actuellement au Centre Pompidou à Paris (jusqu’au 23 août 2021). Hilma af Klint figure également à la fin d’une autre superbe exposition à Orsay, Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle (jusqu’au 18 juillet 2021) 🎨.

Hilma af Klint, Retable, no 1, Groupe 10, 1907, Stiftelsen Hilma af Klints Verk. Photo: Albin Dahlström/ Moderna Museet.

Cet article n’engage que son auteure ! 

Mariette Boudgourd 

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Le génocide culturel Ouïgour

Cela fait maintenant plusieurs mois que la répression des Ouïghours apparaît de plus en plus dans les médias et que le génocide commis est reconnu comme tel. Ethnie minoritaire de la région du Xinjiang, turcophone et musulmane, les Ouïghours sont installés en Asie centrale depuis plus d’un millénaire. Intégrés définitivement à la République Populaire de Chine en 1949, les Ouïghours subissent depuis ce temps la domination de l’ethnie majoritaire chinoise Han. 

Si une politique d’assimilation a longtemps été mise en place, depuis le début des années 2010, le gouvernement de la république populaire de Chine mène une politique répressive contre ce peuple. Internés dans des camps d’enfermements massifs, les Ouïghours subissent tortures et travail forcé pour de grands noms de l’industrie. Au-delà de ce que Pékin appelle des « centres de formation professionnelle », les ONG dénoncent de véritables camps de rééducation. En effet, le but de ces massacres est d’effacer la minorité Ouïghour et toute sa culture afin d’unifier le pays. Ainsi, la culture Ouïghour est directement visée au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Dans ces camps, des femmes sont violées, stérilisées, le chinois leur est appris de force. 

En plus des dégâts humains, le patrimoine culturel ouïghour est peu à peu détruit, effacé, dans le but d’être oublié. Depuis 2017, 65% des mosquées de la région et 58% des sites islamiques importants ont été détruits ou endommagés selon l’ASPI soit environ 16 000 sur les 24 000 que compte officiellement le Xinjiang. Les rassemblements et festivals communautaires sont eux aussi interdits alors que les familles sont séparées et que les personnalités éminentes de la culture ouïghour disparaissent massivement. La langue Ouïghour est elle aussi menacée, c’est un véritable génocide culturel qui a lieu. 

Jean-Paul Loubes, spécialiste du patrimoine bâti ouïghour, montre les influences perses, mongoles et turques présentes dans cette architecture. Celle-ci est effacée, « sinicisée » c’est à dire rendue chinoise par la destruction des signes islamiques tel que les minarets, dômes et calligraphies arabes. On peut voir ici la mosquée d’Urumqi transformée en centre commercial. 

Le portail de la mosquée de Kargilik, bâtie en 1540 a été détruit pour être remplacé par un portail plus petit et lui aussi transformé en centre commercial. 

La Mosquée Aitika de Keriya a été détruite ainsi que de nombreux lieux de cultes plus modestes en particulier les mazâr, sanctuaires érigés sur les lieux saints islamiques contenant de précieuses reliques. 

Mosquée Aitika de Keriya

En plus du patrimoine matériel, le patrimoine immatériel est aussi visé. Ainsi ce qui est reconnu à l’UNESCO sous le nom de muqam ouïghour du Xinjiang désigne l’ensemble des pratiques du muqam soit un mélange de chants, de danses, de musiques populaires et classiques.

En s’attaquant au patrimoine Ouïghour, l’objectif apparaît clairement : détruire le passé, l’histoire du peuple pour le faire totalement disparaître.

Sana Tekaïa 

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[ Rubrique culturelle : Le cimetière du Père-Lachaise ]

Situé dans le 20 ème arrondissement de Paris et s’étendant sur 44 hectares, le cimetière du Père-Lachaise (ou cimetière de l’Est) est le plus célèbre de la capitale. Il tient son nom du confesseur du roi Louis XIV : le père jésuite François d’Aix de La Chaise. Le site a ouvert ses portes le 21 mai 1804. Sa renommée tient au fait qu’il abrite les sépultures de quantité d’hommes et de femmes célèbres ayant marqué l’histoire de France et du monde : des artistes, peintres, musiciens, chanteurs, écrivains, militaires, hommes politiques, historiens, scientifiques… Pour n’en citer que quelques uns des plus célèbres : Proust, Musset, Molière, Edith Piaf, Jim Morisson, Balzac, Chopin, Colette, Jean de La Fontaine, Champollion, Simone Signoret.

Le cimetière accueille également des tombes d’anonymes. Au total, ce sont 70 000 concessions que l’on peut retrouver dans ce véritable jardin-panthéon. Plus de 3 millions de visiteurs venus du monde entier le visitent chaque année.

La partie la plus ancienne du cimetière du Père-Lachaise (celle la plus proche de l’entrée principale), a été classée au titre des « sites historiques et pittoresques » en 1962. Certains monuments funéraires ont été quant à eux été classés monuments historiques, comme le mur des Fédérés, le crématorium de style néobyzantin datant de la fin du XIX ème siècle ou encore les tombes d’Héloïse et d’Abélard, de Molière, de La Fontaine et de l’abbé Delille.

Il s’agit donc d’un lieu unique et original qui invite au recueillement. On peut le comparer à un musée en plein air puisque le site est imprégné d’art, de culture et d’histoire (notamment le « mur des Fédérés » lié à l’histoire de la Commune en 1871). De nombreuses oeuvres architecturales et sculpturales, édifiées par les architectes et les sculpteurs les plus représentatifs de leur époque témoignent de la richesse de l’art funéraire. On peut y observer tous les styles de cet art : des caveaux haussmanniens, des tombes gothiques, des mausolées à l’antique, des édifices néo-classiques, des sculptures aux styles variés…

Le visiteur ne peut que s’émerveiller de ce labyrinthe de tombes et de verdure !

Le cimetière constitue un lieu de promenade agréable avec ses nombreux arbres faisant de lui un écrin de verdure (le plus grand espace vert de Paris intra-muraos) qui semble suspendu hors temps et hors de la capitale. Si les promenades y sont autorisées, attention toutefois à conserver une attitude correcte dans ce lieu de recueillement.

Pour découvrir les personnalités enterrées au cimetière du Père Lachasie : https://pere-lachaise.com/tombes-et-celebrites-au-pere-lachaise/

Pour préparer sa visite : https://pere-lachaise.com/

/!\ Les horaires d’ouverture sont susceptibles d’être changés en fonction de la crise sanitaire et des restrictions liées.

Infos pratiques :

Horaires d’ouverture

Novembre à mi-mars :

de 8h à 17h30 du lundi au vendredi,

de 8h30 à 17h30 le samedi,

et de 9h à 17h30 le dimanche et les jours fériés.

De mi-mars à octobre :

de 8h à 18h du lundi au vendredi,

de 8h30 à 18h le samedi,

et de 9h à 18h le dimanche et les jours fériés.

Attention : Les derniers visiteurs sont admis au plus tard 15 minutes avant la fermeture.

L’entrée est gratuite.

5 entrées au total (pour plus d’informations, visitez le site internet)

Entrée principale :

Adresse : n’a pas d’adresse postale. (Pour indication : située sur le boulevard de Ménilmontant, face à la rue de la Roquette)

Transports : Métro Philippe Auguste (ligne 2) – Bus 61, 69.

Des visites guidées sont proposées (hors Covid).

Cet article n’engage que son auteure.

Rédigé par Agathe Passerat de La Chapelle

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[Rubrique culturelle : l’Heure bleue de Peder Severin Kroyer]

Aujourd’hui, nous vous présentons une nouvelle exposition que vous prendrez plaisir à découvrir lors de la réouverture des établissements culturels ! Pour voyager sans quitter la France, pourquoi ne pas prendre un après-midi pour visiter le Musée Marmottan Monet, et plus spécialement son exposition qui se déroule jusqu’au 25 juillet 2021 sur l’œuvre de la vie de Peder Severin Kroyer !

Exposition intitulée “L’heure bleue”, elle est placée sous le patronage de la Reine Margarethe II du Danemark. 

Mais, qui est Peder Severin Kroyer ?

Peder Severin Kroyer était un artiste peintre qui a exercé dans la seconde moitié du 20e siècle et qui est décédé en 1909 à 58 ans. Il était de nationalité danoise et norvégienne, et son art était perceptible dans la peinture et la sculpture. 

(Autoportrait, 1897, Copenhague, Collection Hirschsprung)

Pour développer son art, Peder Severin Kroyer a énormément voyagé, surtout entre les années 1877 et 1881, où il a découvert l’Europe, rencontré des artistes et des étudiants en art qui l’ont aidé à développer son style artistique. Il s’est même arrêté quelque temps à Paris, où il fut influencé par des impressionnistes de son temps comme Claude Monet, Alfred Sisley ou encore Pierre Auguste Renoir. Mais, en réalité, c’est toute sa vie durant qu’il a voyagé, continuant de puiser son inspiration chez des artistes et des cultures étrangères à la sienne.

En 1881, de retour dans son pays natal qu’est le Danemark, il s’installa à Skagen et produisit durant cette période un large panel de tableaux retraçant la vie quotidienne de ses habitants ainsi que les paysages de la ville. 

Il est d’ailleurs, dans cette optique, rattaché à l’école culturelle et artistique qui dominait alors dans la ville à la période, que l’on appelle communément Les Peintres de Skagen. 

Focus sur Les Peintres de Skagen : c’est un groupe d’artistes qui se sont tous retrouvés dans la ville de Skagen dans les années 1870 pour capter la lumière si particulière qui y régnait dans la ville. En effet, on se plait à dire que l’heure bleue de Skagen est particluièrement divine pour les artistes qui cherchent à la capturer dans leurs tableaux. D’un point de vue artistique, les Peintres de Skagen peignent des paysages d’une manière très réaliste avec des couleurs elles aussi très riches. 

Alors, Peder Severin Kroyer partageait son temps entre Skagen l’été, et Copenhague l’hiver. Cependant, durant les dix dernières années de sa vie, il fut atteint de cécité ce qui compliqua – mais n’arrêta pas – son travail d’artiste. Il aimait même en plaisanter, en disant que la vue de son œil sain était devenue meilleure depuis la perte de sensibilité dans son œil malade. Il a d’ailleurs réalisé des tableaux qui sont aujourd’hui très célèbres pendant cette période. Malgré cela, il mourut en 1909, non pas de complications dues à sa cécité, mais d’une syphilis aiguë. 

    Capturer “L’Heure Bleue” au Musée Marmottan Monet

Pour la première fois en France, le musée Marmottan Monet présente une exposition monographique des œuvres de Peder Severin Kroyer. L’objectif ? Partir à la recherche de l’Heure Bleue, “ce phénomène météorologique qui précède le crépuscule et ne se déploie surtout aux lointains bords de mer septentrionaux”. 

Cette exposition regroupe plus de 60 œuvres d’art qui viennent de musées tous différents : de Paris à Copenhague, mais aussi de musées comme ceux de Aarhus, Kiel ou Budapest. L’exposition du musée Marmottan Monet s’intéresse donc à la vie de Kroyer à Skagen, où il a pu capturer cette heure bleue jugée si magnifique. 

Elle se déroule d’ailleurs en trois temps. 

Le premier moment de l’exposition, dont le décor ne bouge jamais puisqu’il s’agit constamment de la plage de Skagen, montre des images de la vie quotidienne des pêcheurs, toutes plus vivantes les unes que les autres. On retrouve alors deux toiles qu’on ne présente plus lorsque l’on parle de Kroyer : Pécheurs de Skagen, Danemark, coucher de soleil (1883, Skagen, Skagens Kunstmuseer) et Bateaux de pêche (1884, Paris, musée d’Orsay) 


Dans un second temps, Kroyer montre alors la vie quotidienne sur la plage, avec des enfants qui jouent, se baignent, se baladent, dans des scènes qu’on pourrait qualifier de crépusculaires, où le travail du bleu est primordial pour l’artiste. 

“Attendez-nous!”, 1892, Skagen, Art Museum of Skagen / “Garçons se baignant à Skagen, Soirée d’Été”, 1899, Copenhague.

 

Enfin, l’exposition se termine sur le rattachement de l’artiste aux peintres de Skagen. On y retrouve alors le portrait de sa femme Marie qui faisait partie de cette école artistique (Roses (1893, Skagen, Skagens Kunstmuseer). On découvre ensuite les œuvres des peintres de Skagen, peintres qui auront inspiré Kroyer comme on peut le reconnaître dans son tableau Hip Hip Hip Hourra ! (1888,  Skagen, Skagens Kunstmuseer) pour n’en citer qu’un.  

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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[La protection des œuvres d’art durant la guerre : l’exemple des Monuments Men]

L’art est souvent un enjeu lors des conflits, la Seconde Guerre mondiale n’échappant aucunement à cette exception.

Effectivement, les nazis ont été à l’origine de la spoliation d’oeuvres d’art la plus massive, évaluée à plus de cinq millions de tableaux et sculptures. En conséquence, un groupe est formé en juin 1943, nommé les « Monuments Men », par le général Eisenhower et dont l’objectif est de de suivre les Alliés afin de récupérer les très nombreuses œuvres d’art dérobées par les nazis.

Créés grâce à l’initiative du conservateur et directeur de musée américain George L. Stout, ces « Monuments Men » sont des conservateurs, historiens, archivistes, au nombre d’environ 350 et issus de treize nationalités différentes.

Leur travail a notamment fait l’objet d’un ouvrage écrit par Robert M. Edsel et paru en 2007, ainsi que d’un film réalisé par George Clooney sorti en 2014.

Ces derniers reconstituent l’enjeu de l’appropriation des œuvres par le régime nazi, par leur caractère historique, mémoriel, symbolique (en somme, les oeuvres d’art -outre leur appréciation esthétique- ne sont-elles pas la représentation du devenir même de l’humanité en liant passé, présent et futur ?).

Ainsi, le combat de ces hommes et femmes consiste à restituer les biens culturels provenant des collections Rothschild ou de Paul Rosenberg, ainsi que des oeuvres éminemment emblématiques telles que L’Agneau mystique – dit aussi Retable de Gand- des frères Van Eyck ou la Madone de Bruges de Michel-Ange.   

Néanmoins, leur mission ne fut pas sans obstacles, au sein même des troupes alliées, dans un premier temps faisant sourire certaines, agaçant d’autres.

Leur rôle évolue toutefois lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne, le film y étant relativement fidèle en explicitant l’utilité de figures comme Rose Valland, conservatrice du Jeu de paume pendant l’Occupation, qui lista en secret le contenu des caisses contenant les collections privées, ce qui fut notamment utile aux Alliés lors des mines de sel d’Altaussee et de Heilbronn où était amassée une partie du butin.

Leur histoire trop longtemps restée dans l’ombre, est aujourd’hui redécouverte. Incarnant un « état d’esprit » selon l’écrivain Robert M. Edsel, les « Monuments Men » ont joué un rôle primordial, nécessaire à la sauvegarde de la mémoire personnelle et collective, en préservant  notre devenir par la survivance du passé dans notre présent avec la symbolique et l’histoire que ces œuvres évoquent et représentent.

Sources :

Article de Noémie Ngako.

Cet article n’engage que son auteure.

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