75ème anniversaire de l’UNESCO : retour sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies fondée sur la culture, l’éducation et la science

Pour l’anniversaire des 75 ans de l’UNESCO, une Conférence générale se tient à Paris du  9 au 24 novembre 2021, offrant l’occasion de revenir sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies.

L’UNESCO succède à l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI), qui avait fonctionné durant l’entre-deux-guerres sous l’égide de la Société des nations (SDN). De 1942 à 1945, les gouvernements américains et britanniques se rassemblent à Londres pour la conférence des ministres alliés de l’éducation (CAME). Progressivement, le projet prenant de l’ampleur a rapidement acquis une dimension universelle.  La nouvelle organisation, contrairement à l’IICI qui prônait la culture élitiste, a pour ambition d’étendre l’accès à la culture et la science grâce aux mass media et à une action éducative massive pour mieux atteindre son objectif. L’Américain Archibald MacLeish, poète et directeur de la bibliothèque du Congrès de Washington, considère à ce propos que cette nouvelle organisation doit devenir « la conscience morale de l’humanité ».

La première conférence générale de l’organisation en 1945, organisée à Londres réunit les représentants de 37 pays dont des éminents personnages de la culture et de la politique mondiale tels que Léon Blum et Paul Rivet, directeur du musée de l’Homme. Ainsi le 16 novembre 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est fondé par l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Les guerres naissants dans l’esprit des hommes c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut élever les défenses de la paix » déclare la première phrase de l’Acte constitutif de l’UNESCO adopté le 16 novembre 1945 et entré en vigueur le 4 novembre 1946. Les 37 états membres se placent d’emblée dans la volonté de prévention d’une autre guerre mondiale en ce que la coopération politique et économique des gouvernements ne crée pas de liens suffisant pour assurer la paix. Toutefois le dialogue fondé sur le partage de la culture, sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » crée un lien puissant s’affirmant comme le gage d’une paix durable. Ainsi, l’UNESCO se concentre sur trois axes: l’éducation, la science et la culture.

Le premier directeur général est le Britannique Julian Huxley, zoologue et frère de l’écrivain Aldous Huxley. Durant son mandat de 1946 à 1948, l’UNESCO traverse une période effervescente de lancements de projets d’accès à l’éducation, de protection de l’environnement, mais aussi une période riche en collaboration avec de nombreux savants et intellectuels. La directrice générale actuelle est Audrey Azoulay, ancienne Ministre de la Culture en France, réélue mardi 9 novembre 2021 pour un deuxième mandat de quatre ans. 

Sous la direction du charismatique directeur général René Maheu de 1958 à 1974, l’UNESCO a connu son heure de gloire. L’organisation s’était imposée comme fer de lance de l’aide à l’alphabétisation en Afrique, mais aussi de protection du patrimoine mondial. En 1968, après avoir sauvé les temples d’Abou Simbel, l’Unesco crée en 1972 la liste du patrimoine mondial, regroupant les lieux ou biens, situés à travers le monde, possédant une valeur universelle exceptionnelle, qui est devenu un label de prestige et qui comporte aujourd’hui plus de 1 000 sites. En cette même année l’organisation adopte la « Convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel mondial ». Or il existe un déséquilibre significatif dans la répartition des sites, entre l’Europe qui concentre l’essentiel des sites « culturels » et l’Afrique qui comporte surtout des sites « naturels ». 

Cette dichotomie est dépassée par l’adoption en 2003 de la « Convention sur le patrimoine immatériel » recensant et mettant en lumière les traditions orales, les arts du spectacle, les connaissances et le savoir-faire liés à la nature ou l’artisanat, et les pratiques sociales qui sont souvent menacés de disparition. En 1992, l’UNESCO créé le Programme « Mémoire du monde » qui recense le patrimoine documentaire de l’humanité en réponse à l’état alarmant de leur conservation suite aux dommages divers qu’ils peuvent subir tels que les pillages et les trafics illicites.

Ce mandat a aussi été porteur du changement de ligne directrice de l’UNESCO. Initialement l’organisation visait à instaurer une culture mondiale unique vectrice de la compréhension internationale des peuples, sous l’effet de la mondialisation conjuguée à l’uniformisation des pratiques culturelles et modes de vie, l’organisation recentre son objectif sur la préservation des cultures minoritaires et menacées. 

En ce sens, la « Convention sur la diversité culturelle » est adoptée en 2005 et entre en vigueur en 2007. Adopté sous l’influence de la France et du Canada malgré l’opposition des Etats-Unis ayant refusé de le signer, est reconnu pour universaliser la notion française d’« exception culturelle ». Cette notion avance que la culture n’est pas une marchandise comme une autre que l’on peut laisser soumise à la loi du marché, dès lors l’intervention de la puissance publique apparaît nécessaire à la pérennité d’une offre culturelle riche et accessible au plus grand nombre.

Dans le cadre de la célébration du 75ème anniversaire de l’UNESCO se tenant à Paris, plusieurs accords mondiaux historique sont attendus sur l’intelligence et la science. Le 15 novembre notamment a lieu la remise du prix UNESCO/Carlos J.Finlay pour la microbiologie ainsi que la remise du prix international Russie Mendeleïev en sciences fondamentales.

Concernant l’éducation, le 10 novembre l’UNESCO a lancé le Rapport sur les Futurs de l’éducation élaboré par une commission indépendante d’experts dirigés par Sahle-Work Zewde, présidente de la République de l’Ethiopie. Le même jour, sous l’impulsion de l’appel mondial de l’UNESCO et de la France, les chefs d’Etat et de gouvernement et les ministres de l’éducation de plus de 40 pays ont adopté le 10 novembre 2021 la déclaration de Paris visant à accroitre les investissements dans l’éducation au lendemain de la crise du COVID-19 qui a creusé les inégalités. Emmanuel Macron, a exhorté les pays du monde entier a multiplié les financements dans l’éducation.

AMADY Nasrine

Cet article n’engage que son auteure

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[Portraits de personnalités inspirantes : Susana Baca, La Diva péruvienne engagée ]

Susana Baca : chanteuse variété au Pérou | Interview | Terra Peru

Susana Esther Baca de la Colina plus connue sous le nom de Susana Baca est une figure emblématique de musique afro-péruvienne, une proéminente auteure-compositrice. Sa musique est un mix entre tradition et modernité. Elle utilise pour la composition de ses musiques, des instruments traditionnels péruviens comme le Cajón, une boite de  bois qui était à l’origine, une cage à fruit. De plus, elle ajoute à son palmarès l’ethnomusicologie, l’enseignement et l’obtention  à trois fois du prix du « Latin Grammy Award ». En juillet 2011, elle est nommée  ministre péruvienne de la culture dans le gouvernement de Ollanta Humala. Susana est donc la seconde afro-péruvienne de l’histoire du Pérou indépendant membre du gouvernement. En novembre 2011, elle est élue présidente de la commission de la culture au sein de l’ OAS,«the Organization of American States » de 2011 à 2013. 

Repérée par David Byrne, elle est la figure principale de la chanson afro-péruvienne depuis 50 ans. Comme Cesaria Evora, elle cultive une saudade, comprenez un profond état de nostalgie. Tout comme la reine capverdienne, elle a fait renaitre un folklore métissé par des siècles d’esclavage et de colonisation. Aujourd’hui encore, à l’âge de 77 ans, Susana Baca chante encore et vient même de sortir un nouvel album, Palabras urgentes (vérité urgentes). Dans ce nouvel album, elle fête ainsi, deux-cents ans d’indépendance de son pays, le Pérou. Son travail retranscrit aussi, 50 ans d’une carrière riche entre politique et musique. Avec David Byrne et son label Luaka Bop créé en 1995, elle publie une compilation « Lamento Negro ». De ce disque, on retiendra le célèbre titre, Maria Lando. En 2002, elle reçoit le Grammy Latino de Best Folk Album et est cité dans le Best World Music Album. 

Petit détour sur la vie de Susana Baca :  

Elle née à Lima le 24 Mai 1944 d’un père guitariste et d’une mère chanteuse. Elle est la descendante de la famille De la Colina, reconnut pour ses musiciens de renoms. Susana, passe une partie de son temps à 130 kilomètres de Lima la capital péruvienne à San Luis de Cañete, fiefs historique de sa famille de musiciens. La chanteuse décrit ce lieu comme « un lieu étrange, une petite enclave au milieu d’un désert côtier, où la musique créole noire péruvienne est comme une graine plantée dans le sable qui aurait poussée de façon miraculeuse ». Durant sa jeunesse, elle prend conscience de sa couleur de peau dans le district noir de Chorrillos où elle  habite et grandit. Dans les écoles, même si les classes étaient mixtes, les noirs étaient marginalisés. Cependant, ce caractère qui était la base de discrimination dans les écoles publiques donnait lieu à de la joie dans la sphère familial privée.  Plus tard, c’est en tant que chanteuse à l’université, qu’elle est amenée à parcourir le Pérou pour faire son travail d’ethnomusicologie, récolter des musicalité pour les inscrire dans un contexte historique et ethnique. Son travail porte alors sur les racines Africaines de la musique péruvienne. Avant elle, ses oncle Caïtro Soto et Ronaldo Campos fondent en 1969 l’association « Péru Negro » qui à pour objectif de préserver l’héritage musicale issus du syncrétisme afro-péruvien. Ces musicalités presque oubliées de cette tradition musicale, elle décide de les collecter. Son mari Ricardo Pereira l’aide dans cette démarche en apportant une dimension sociologique. Il parcourent alors ensemble le littoral péruvien afin de récupérer des témoignages dans les villages descendants d’africain. Le livre qui découle de ces recherches « Del Fuego y deal agua » est publié en 1992 et représente 11 années de recherche. Par la suite, en 1995, ils fondent ensemble l’institut Negrocontinuo pour enrichir leur travail de sauvegarde.  

En 2011, c’est le président Ollanta Humala qui nomme Susana Baca au poste de ministre de la culture. Il prône alors une politique d’inclusion sociale. Elle devient alors la première ministre noire du Pérou indépendant. L’artiste, en plus de son parcours musicale à s’engage grandement dans la lutte contre toutes formes de discrimination, quelle soit sexuel, racial ou culturelles. Son marquage politique se reflette aussi dans sa musique où elle exprime ses idées. Son album « palabras urgentes » s’inscrit alors dans un climat de corruption lors des élection de 2018 qui se présente alors comme un moyen de faire passer son message. 

Auxence Jobron

Source : 

https://en.wikipedia.org/wiki/Susana_Baca

https://www.telerama.fr/musique/susana-baca-icone-afro-peruvienne-en-chantant-je-veux-susciter-le-debat-6985975.php

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[Rubrique culturelle : exposition Cartier et les arts de l’Islam au Musée des Arts décoratifs]

Le Musée des Arts décoratifs accueille pour notre plus grand plaisir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité ». Co-produite avec le Dallas Museum of Art, la Maison Cartier et le musée du Louvre, cette exposition nous propose jusqu’en février 2022, un voyage au cœur de l’art islamique et de ses connexions avec la maison de haute joaillerie Cartier.

Organisée en deux volets, l’exposition honore des archives, des motifs et des peintures des arts orientaux, sources d’inspiration pour les bijoux et les objets précieux Cartier à partir du XXe siècle. C’est un véritable parcours au coeur du lien artistique et intime qui lie les deux formes d’art.

Cette exposition explore les processus de création des productions Cartier à travers deux grandes salles en enfilade. On peut alors déambuler entre diadèmes, sautoirs et broches délicatement ornées. Autour de ces pièces qui ne laissent aucun oeil indifférent, s’organisent les esquisses et les ouvrages d’époque qui les ont inspirées, nous permettant de mieux appréhender les objets d’art Cartier.

L’exposition ne manque pas non plus de revenir sur les liens intimes qu’a noués la famille Cartier avec les arts traditionnels d’Inde, d’Afghanistan ou encore d’Iran au travers de leurs voyages. La collection privée d’objets d’art islamiques de la maison de joaillerie se décline donc tout au long de l’exposition. Véritable festival de couleurs et de pierres précieuses, l’exposition tient sa promesse de retour «aux sources» des créations Cartier.

Toutefois, si au début du XXe siècle les influences des arts orientaux  étaient perçues comme une renaissance et un gage de modernité pour les occidentaux, l’exposition peut aujourd’hui nourrir les débats autour de l’appropriation culturelle. En effet, l’ambition de Cartier était « d’ouvrir le gout dominant à d’autres styles » selon Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine de la maison, l’exposition permet alors de s’interroger au regard des liens qui unissent les oeuvres de ces deux cultures.

N’hésitez plus et venez découvrir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité » au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 22 février 2022 !

Reservation sur https://billetterie.madparis.fr/

La présentation d’un pass sanitaire valide est obligatoire. Port du masque obligatoire dès 11 ans et recommandé à partir de 6 ans.

Cet article n’engage que son auteure.

Salomé ANFRAY

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[Health data hub : centraliser et faciliter l’accès à nos données de santé]

Créée en 2019 par le gouvernement français et en particulier par le service ministériel en charge de la santé publique (le ministère des solidarités et de la santé), le health data hub est une plateforme publique de partage des données de santé confiée à des algorithmes d’intelligence artificielle (la visée est de faire de la France un des leaders dans ce domaine) à des fins de recherche. La mise en place de l’HDH fut initialement proposée dans le rapport Villani, publié en 2018. C’est à partir de ce rapport que s’est construite la stratégie gouvernementale en matière d’intelligence artificielle. Parmi les données collectées et centralisées par ce système on compte, les données de médecine de ville, des pharmacies, du système hospitalier, des laboratoires de biologie médicale, du dossier médicale partagé, de la médecine du travail, des EPHAED mais encore, les données des programmes de séquençage de l’ADN. Ce partage de données s’effectue évidemment dans le respect des droits du citoyen. L’utilisation favorise aussi la réutilisation des données qui existent déjà. Avant la mise en place de  cette plateforme, les données de santé étaient en effet, sous-exploitées. Pour mettre en place un système regroupant autant de données, l’on doit alors édifier les règles d’accès et leur utilisation. La visée principale est ici, l’amélioration des traitements ou la prise en charge d’une pathologie. Pour cela, on croise les données des patients concernant leurs problèmes de santé et leurs traitements associés afin de déterminer des traitements adaptés ou au contraire, d’éviter de prescrire différents traitements incompatibles entre eux. Derrière la mise en place du Health Data Hub, une quarantaine de projets. Parmi ceux-là, le développement de logiciels qui peuvent aider les professionnels de santé dans la pratique du soin ou l’amélioration du pilotage du système de santé par des données qui vont particulièrement intéresser, les différents ministères et agents sanitaires. Par ce biais, on favorise la compréhension du patrimoine de données. Le HDH vient en remplacement d’une structure déjà existante, le Système National de Données de Santé avec le double avantage de l’élargissement des données et un accès facilité à ces données, particulièrement pour le secteur privé. 

Seulement, avant d’atteindre le but final de l’amélioration de la prise en charge des patients, il faut d’abord réaliser  la recherche sur ces mêmes données qui doivent être validées en amont par des algorithmes. L’outil d’aide au diagnostic doit d’abord être évaluer, savoir s’il fonctionne et cela ne relève pas directement du Health Data Hub qui ne fait que faciliter la transmission de ces données. En résumé, le service lié au HDH n’a pour utilité que de faciliter la collecte et la transmission des données à des organismes de recherches spécialisés. Avant la création de ce service, les professionnels de santé qui, grâce aux données de santé collectées, faisaient avancer la recherche dans le domaine médical étaient souvent confrontés à des problèmes administratifs d’accès aux données souvent chronophage et dont les services n’étaient pas centralisés. Offrir aux porteurs de projets un accès simplifié et accéléré aux données est donc la raison d’être de ce service. La volonté est aussi de créer un réseau de recherche et donc de chercheurs collaboratifs autour du catalogue de données de santé mis en place par le HDH. 

Où en est le projet en 2021 : 

D’après Stéphanie Combes, directrice du projet, le HDH doit accélérer son déploiement. De nombreux partenariats sont ainsi évalués pour améliorer et augmenter le catalogue de données de santé. Parmi eux, le Système national des données de santé (SNDS). En ce moment plus d’une vingtaine de partenaires sont évalués dont Santé Publique France, l’agence de Biomédecine ou l’Université de Bordeaux. En 2021, une issus devrait être trouver aux contentieux lié au stockage des données de santé et notamment à l’agence qui stocke ces données. En effet, le 14 octobre 2020, la plate-forme à subit un examen du conseil d’état (le conseil des sages). La raison ? Une dizaine d’associations ont demandé à ce que la plus haute juridiction administrative ordonne une suspension du traitement de données en possession à cause du partenariat noué avec Microsoft pour l’hébergement des données. Les détracteurs accusent l’état français d’avoir attribué l’accès à des données médicales au gouvernement américain par le biais de l’attribution des données à une  entreprise basée aux états-unis. Les attaquants avaient alors perdu leur procès parce que les juges estimaient que la protection des données était assurée par la plate-forme. Par la suite, la Cour de justice de l’Union Européenne à estimer que le Privacy Shield (accord entre juridique entre l’UE et les états-unis lié à la protection des données inter continentales) était contraire au droit européen. Cependant, les conditions techniques et juridiques qui empêchent le transfert de données hébergées sur des serveurs en douce par Microsoft aux Etats-Unis ont été estimées suffisantes par la juge responsable ne mettant pas à mal le partenariat avec l’entreprise. Seul le changement du moyen d’hébergement des données en France et aux Pays-Bas est inéluctables en raison d’une subsistance de la possibilité d’accès aux données par le gouvernement américain estiment ensemble la juge du conseil d’état et la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés). 

En bref :

Le Health Data Hub s’inscrit donc dans un programme national qui a pour ambition le développement des intelligences artificielles. La France souhaite se situer parmi les leaders dans ce domaine. Le Health Data Hub est une nouvelle base de données censée faciliter le stockage des informations ayant pour but d’améliorer la prise en charge des patients avec entre autres, un meilleur ciblage des prescription médicamenteuse. Seulement, les données collectées relèvent des situations des patients français (malgré l’anonymat) et doivent être protégées par les autorités compétentes. C’est pour cela que le choix de confier les données à Microsoft à donné lieu à une controverse. Mené jusqu’à la plus haute instance de justice française (le conseil d’état), le projet à gagné son procès face à la dizaine d’associations qui ont porté plainte contre la nouvelle organisation. 

Article d’Auxence Jobron

Cet article n’engage que son auteur

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[27 octobre, la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel : un hommage à la Cinémathèque Brésilienne]

Aujourd’hui, on célèbre la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, en attirant l’attention internationale sur la fragilité et la vulnérabilité de ce patrimoine et en mettant à l’honneur le travail des institutions qui contribuent à le protéger.

L’ensemble du patrimoine audiovisuel mondial est menacé, mais des initiatives comme la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel et le programme « Mémoire du monde » sont créés pour l’UNESCO pour honorer le travail des professionnels et conserver ce patrimoine pour les générations futures, malgré les problèmes techniques, politiques, sociaux et financiers qui menacent cette sauvegarde.

Nous avons ainsi attiré l’attention sur la Cinémathèque Brésilienne, l’un des plus importants  centres de l’audiovisuel d’Amérique Latine, située à São Paulo et fondée en 1940, qui abrite une collection d’environ 240 000 pellicules et 30 000 titres, dont des fictions, des documentaires, des actualités, des films publicitaires et des archives familiales.

Ces dernières années, quatre incendies et une inondation ont affecté divers bâtiments de cette institution culturelle, le dernier en juin 2021. Des cinéastes, des artistes et des employés dénoncent une politique de « démantèlement » de la Cinémathèque de la part du gouvernement brésilien, et le ministère public de Sao Paulo a lancé une action en justice contre son « abandon », mettant en cause la rétention des ressources et l’absence de gestionnaire.

Quelques mois avant, ils avaient mis en place un « Manifeste des travailleurs de la Cinémathèque brésilienne » contre le « risque d’incendie », dû au manque de soins pour « le matériel, l’équipement, les bases de données et les bâtiments », mais le mois suivant, l’institution avait cessé de fonctionner et 41 fonctionnaires avaient démissionné.

Le cinéaste Roberto Gervitz, cheville ouvrière du mouvement SOS Cinemateca, a annoncé auprès de l’AFP à Cannes que la Cinémathèque « ne bénéficie d’aucune surveillance, faute de personnel » et que le mouvement s’est résolu à engager un dialogue avec le gouvernement. Le cinéaste Kleber Mendonça Filho a informé que plus de huit cents projets ont été presque ou complètement paralysés.

C’est comme si le pays n’avait plus d’album de famille. Ce n’est pas seulement un lieu de dépôt. C’est un lieu vivant, avec la mémoire du pays – Kléber Mendonça, réalisateur

Mais en ce jour du voyage mondial de l’audiovisuel, nous avons des raisons de la célébrer : le Secrétariat spécial de la Culture, du ministère du Tourisme, a publié le 18 octobre que l’organisation sociale Sociedade Amigos da Cinemateca (Société Amies de la Cinémathèque) sera l’institution responsable de sa gestion, après presque deux ans sans personne. Elle a été créée en 1962 dans le but de développer des actions de soutien à la Cinémathèque.

​​Le SAC devrait recevoir 14 millions de reais par an du gouvernement fédéral et parmi ses attributions figureront la garde, la préservation, la documentation et la diffusion de la collection audiovisuelle de la production nationale à travers la gestion, l’exploitation et la maintenance de la Cinémathèque.

Sources : Nations Unies, Libération, Le Figaro

Cet article n’engage que son auteure.

Luisa Marujo Ibrahim

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[La Cancel Culture]

Donald Trump a très souvent été “canceled” par ses opposants politiques, notamment pour ses propos douteux sous bien des aspects en tant que PDG, candidat, et Président des États Unis d’Amérique. Alors qu’il dénonçait ces pratiques – les définissant de mesures totalitaires – il a lui aussi appelé au boycott de personnalités à de nombreuses reprises : opposants, célébrités, médias et parfois même inconnus. Tout cela la majorité du temps sur Twitter. A titre d’exemple, même son émission The Apprentice consistait à “virer” des candidats à l’embauche. Lors de son mandat présidentiel, malgré des appels au boycott répétés et une tentative de destitution, Donald Trump a gardé sa fonction jusqu’au dernier jour, lors de la passation avec Joe Biden. 

L’exemple de Donald Trump rentre plus largement dans le phénomène de Cancel Culture. Cette culture de l’effacement, venue des États Unis, vise à boycotter des œuvres, évincer des personnalités suspectées de racisme ou encore d’homophobie en les discréditant publiquement. Cela touche tous les domaines de la culture : des médias, mais aussi des grands classiques comme Les Dix Petits Nègres d’Agatha Christie (renommé Ils étaient Dix en France) ou plusieurs films Disney, comme Pocahontas, Peter Pan, ou encore Dumbo

Cette notion de Cancel Culture se retrouve aussi bien dans le domaine politique que dans le domaine culturel. Fervents défenseurs des cultures, convaincus que leur diffusion est un pas de plus vers la paix dans le monde, nous pouvons alors nous demander s’il faut expurger les œuvres des clichés racistes, sexistes et homophobes ? La Cancel Culture est-elle une avancée, ou au contraire une nouvelle censure ? Alors : pour ou contre la Cancel culture ?

Selon un sondage de l’Ifop pour l’Express, seuls 11% des français et françaises connaissent et comprennent la notion de Cancel Culture. Certains pensent que c’est “ridicule”, qu’il ne faut pas couper les œuvres d’art ou les romans de leur contexte. D’autres, pensent que c’est une grande avancée dans la reconnaissance de l’oppression des minorités. 

Pour certains, la Cancel Culture n’existe pas. Ce terme viendrait plutôt des milieux réactionnaires qui n’acceptent pas le monde qui serait en train de changer, et ils utiliseraient cette notion pour discréditer les voix qui critiquent la société. 

Mais finalement, comment faire pour être “pour”, puisque ce terme est fait pour discréditer ceux qui aspirent à lever le voile sur la complexité de l’Histoire, sur la complexité de nos rapport avec la responsabilité que nous portons sur nos actes. Pour les pro-Cancel Culture, ce sont ceux qui portent cette vision du récit totalement idéalisé de notre Histoire – où en France pendant les Lumières, tout le monde pouvait débattre, alors que finalement ça n’était que les hommes blancs – qui sont les vrais porteurs d’une culture de l’effacement. Ils y effacent les femmes, les personnes racisées, les personnes homosexuelles, transgenres et plus largement issues de minorités en les incluant de facto dans des histoires qui ne sont pas les leurs. 

En rattachant ce débat politique au monde de la culture, leur point de vue est compréhensible : les études de genre et de race – et la sociologie en général – montrent l’importance de l’intériorisation des pratiques lors des différents stades de notre socialisation. Alors, en retirant les contenus racistes ou homophobes (pour ne citer qu’eux) des oeuvres avec lesquelles nous avons l’habitude d’être en contact – du livre que les enfants lisent en cours à la statue à la gloire d’un homme politique pro-esclavage – cela permettrait aux nouvelles générations de grandir et d’évoluer dans des espaces dépourvus d’animosité envers les minorités, et par conséquent d’atténuer (voir de faire disparaitre) les oppressions. 

Au même titre que les pro-Cancel Culture, les “contre” considèrent que l’utilisation de ce terme se retrouve largement dans le domaine politique et que cette notion est utilisée comme une arme pour se débarrasser de ses adversaires. Ils considèrent que la dénonciation de pratiques engendrerait le doute sur les idées et les carrières des acteurs du débat pour le restant de leur vie. Alors, ça serait une arme politique avant d’être une arme de défense de qui que ce soit. 

Alors que les pro-Cancel Culture voudraient réviser les œuvres, voire les interdire, les réfractaires ont la conviction qu’interdire des œuvres stéréotypées ou racistes reviendrait à du négationnisme. Il faudrait plutôt les matérialiser pour que l’Histoire ne se répète plus ainsi. Car si toutes ces parties de l’Histoire et de la Culture venaient à être supprimées, il n’y aurait plus aucun moyen de s’aider des erreurs du passé pour construire un monde meilleur pour demain. La solution passerait alors par l’éducation, et non pas par la négation ou la suppression. La Cancel Culture est un danger si elle conduit à la censure, car effacer une partie du débat revient à le supprimer, ce qui est impensable dans nos sociétés que l’on veut pluralistes et démocratiques. 

    Il existe aussi des avis moins tranchés, considérant que les débats menés par ce terme un peu fourre-tout de Cancel Culture se rapprochent des débats que l’on peut avoir sur l’islamo-gauchisme par exemple : catégoriser des personnes, des chercheurs, des activistes, dans des cases qui pourtant ne sont pas représentatives des recherches et des combats qu’ils mènent. En effet, lorsque l’on entend parler de Cancel Culture, le terme est souvent relié à la négation et l’effacement pur et simple de certains faits historiques, de certaines œuvres, de certaines paroles. 

Alors, il faudrait renverser la tendance, utiliser de nouveaux termes, plus précis, moins stéréotypés, qui permettraient d’expliquer en détails les enjeux du débat. Il faut alors se poser la question de la différence entre la censure de contenus, qui relèvent de la liberté d’opinion ou qui contreviennent à la loi ; et les mécanismes qui permettent aux “accusés” de dire ou de faire des choses répréhensibles, sans être inquiétés de ce qu’il pourrait leur advenir. Par exemple, Christophe Girard, adjoint à la mairie de Paris et accusé d’abus sexuels, a démissionné. Lors de sa conférence de presse, il a dénoncé l’inquisition dont il était victime, sans jamais parler de sa responsabilité politique et personnelle dans cette affaire. 

Alors, répondre par l’affirmative ou la négative strictes à la question “Pour ou contre la Cancel Culture ?” n’est finalement pas si simple. Cela touche toutes les strats de notre société, de la Politique à la Culture, en passant par les lieux de débat tels que les plateaux télé et les réseaux sociaux. Chercher à répondre d’une manière tranchée serait en réalité une accentuation d’un phénomène que nous retrouvons bien trop souvent de nos jours : la polarisation de l’espace public, où non seulement seules deux visions du monde sont visibles, mais aussi où le débat est constitué de personnes qui ne s’écoutent pas. Ici, il soulève deux valeurs fondamentales : la Liberté, soutenue par la Liberté d’Expression, et l’Égalité, soutenue par l’idée que le point de vue de chaque personne, peut importe son origine, peut-être entendu. Le Progressisme, c’est être capable d’allier la lutte pour la Liberté à celle pour l’Égalité. Oui car finalement, comment être libre si nous ne sommes pas égaux ? 

Article de Tifenn Genestier

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[Actualité de l’UNESCO: Irak : Début de la reconstruction de la mosquée Al-Nouri et des églises Al-Tahera et Al-Saa’a à Mossoul]

 Endommagés par la guerre en Irak, la reconstruction de plusieurs édifices religieux à Mossoul va commencer. Cette opération se fera sous l’égide de l’UNESCO, qui a accès aux sites depuis 2018 (un an après la libération de la ville). Elle concernera un des monuments emblématiques de la ville : la mosquée Al-Nouri et son minaret incliné surnommée Al-Hadba (“la bossue”), qui avaient été dynamités par les partisans de Daech en juillet 2017, mais pas complètement détruits (par exemple, les colonnes en marbre de la salle de prière sont tombées, mais pourront être sauvées). À ce projet est associé celui des églises Al-Tahera et Al-Saa’a (dite “Notre-Dame de l’horloge”), et cela dans le but de préserver une diversité culturelle dans le centre-ville de Mossoul. L’idée est de promouvoir la réconciliation sociale à travers la culture, car la valeur de ces bâtiments n’est pas qu’historique, elle est aussi symbolique pour la paix entre les différentes religions.

Durant la guerre, la ville de Mossoul a été entièrement dévastée, avec plus de 12 000 bâtiments détruits. Il est donc primordial pour l’UNESCO de ne pas se contenter d’uniquement reconstruire, mais aussi d’agir sur le long terme. Ces initiatives sont regroupées sous le nom de « Faire revivre l’esprit de Mossoul”, et le projet est en grande partie financé par les Emirats Arabes Unis. Il comprend notamment la formation des jeunes sur le terrain, mais aussi la création d’emplois.

Pour cette reconstruction, un concours entre cabinets d’architecture a été mis en place par l’UNESCO, et cela a été accompagné par une consultation à grande échelle des habitants pour choisir certaines options concernant la rénovation. Le concours s’est terminé le 15 avril 2021, les travaux vont donc commencer très prochainement.

Ce projet est essentiel pour remettre le pays sur pieds car, comme le fait comprendre Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO : “C’est par l’éducation et la culture que les Irakiens, hommes et femmes à égalité, pourront reprendre leur destin en main et devenir les acteurs du renouveau de leur pays.”

Article écrit par Cléa Brunaux

Cet article n’engage que son auteur

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[UNESCO, Culture et Diplomatie]

Le monde de la culture est mis à l’épreuve avec la crise du coronavirus. Dans un grand nombre de pays, les musées et les cinémas sont fermés, les expositions reportées, les tournages modifiés. La pandémie mondiale nous aura montré à quel point un secteur nous paraissant mineur en 2020 est en réalité d’une importance cruciale, tant pour l’économie que pour notre bien-être psychologique. 

Mais cette crise nous a également montré la fragilité des relations que les pays du globe peuvent entretenir. Entre protectionnisme, xénophobie et course au vaccin, les États tentent de rester soudés, mais sont de moins en moins d’accord sur les procédures à suivre. La diplomatie sous toutes ses formes, étatique comme culturelle, est à l’épreuve. Pourtant, des organisations mondiales, comme l’Organisation des Nations Unies, font de cette diplomatie culturelle une priorité, notamment avec l’UNESCO.

Qu’est ce que la diplomatie culturelle ? 

La diplomatie est généralement définie comme la conduite de négociations entre les différents États, entre les différentes nations ou entre les personnes d’une manière non violente. On parle de diplomatie étatique car les acteurs majeurs ici sont les États, et plus spécifiquement les élus et diplomates des États concernés. C’est la mise en œuvre des politiques internationales des États.  

La diplomatie culturelle, elle, est une évolution de la diplomatie étatique. Elle mise sur l’influence plus que sur des actions politiques. Joseph Nye, à la fin des années 1990, a théorisé les notions de Hard et de Soft Power. Selon lui, le Soft power, s’apparentant à la diplomatie publique et culturelle, est tout aussi important que la diplomatie traditionnelle car il vise à dépasser le cadre étatique pour mettre en avant de nouveaux acteurs sur la scène internationale et diplomatique en marche vers la paix : individus, groupes, associations, collectivités, institutions, musées, théâtres contribuent aujourd’hui à l’élaboration d’une diplomatie parallèle, directe, qui se passe de l’intermédiaire des États.

L’objectif de la diplomatie culturelle est alors l’échange des points de vue, l’amélioration de la connaissance des autres cultures, la comparaison des façons de faire à travers le monde ; tout cela afin d’aplanir les différends que la diplomatie classique ne parvient pas à résoudre. Elle vise in fine à encourager une vision positive de la diversité culturelle, conçue comme une source d’innovation, de dialogue et de paix.

L’UNESCO et la diplomatie culturelle

Lorsque l’UNESCO a été constitué à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il fut noté dans son acte constitutif « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Comprenant que le Hard Power ne pouvait pas seul maintenir la paix, les fondateurs de l’organisation des Nations Unies et plus spécifiquement de l’UNESCO ont voulu mettre la culture au centre de leurs actions pour pacifier les esprits en promouvant le dialogue et les échanges dans des domaines tels que la culture, les sciences ou encore l’éducation. Les conventions mises en place par l’UNESCO dans le domaine culturel sont des instruments juridiques et normatifs uniques qui vont ainsi réglementer différents aspects de la culture comme la protection du patrimoine matériel et immatériel, la promotion et la diversité culturelle et l’interdiction du transfert illicite de biens culturels.  

Au-delà de la dimension bilatérale qu’un État peut avoir avec l’UNESCO, nous devons mentionner un fait important de la diplomatie culturelle, et plus généralement de la diplomatie traditionnelle : le multilatéralisme. Le fait que l’UNESCO soit une enceinte multilatérale donne la possibilité aux acteurs de coopérer avec d’autres pays du monde. Mais, ce multilatéralisme, essence même de l’Organisation, peut être critiqué : ce fut le cas par les États Unis en 1984 lorsque les politiques onusiennes paraissaient trop communistes. Ces derniers avaient d’ailleurs quitté l’Organisation. Ce fut également le cas en 2018, lorsqu’ils quittèrent l’UNESCO avec Israël, jugeant ses politiques anti-israéliennes. 

Pourtant, ce multilatéralisme – déplaisant aux Américains – a été réaffirmé le 11 novembre 2018 lors du Forum pour la Paix, par le Secrétaire général des Nations unis, Antonio Guterres. Pour l’UNESCO, ces mésententes et ruptures avec les américains ont de réelles conséquences, notamment sur le budget (la contribution américaine s’élève à 22% du budget, soit environ 70 millions de dollars). 

Nous voyons donc que l’UNESCO tout comme l’Organisation des Nations Unies, qui œuvrent pour la paix, ne sont pas à l’abri de nombreuses difficultés, qu’elles soient d’ordre politique ou financière. La diplomatie culturelle, comme l’entend l’institution onusienne, s’est largement développée durant ces 4 dernières décennies, devenant un mécanisme clé des dialogues entre les États et entre les institutions. Cependant, chaque État lui donne l’importance qu’il souhaite, et la problématique de la diplomatie publique est alors la complexité de sa mise à l’agenda politique. En effet, elle exige – à la différence de la diplomatie digitale par exemple – une action extérieure concrète, avec des politiques publiques, des partenariats coûteux et un budget conséquent. Certains pays font de la diplomatie culturelle un objectif assumé : c’est le cas de la Chine ou du Japon, qui contribuent à 26,22% du budget de l’UNESCO pour l’année 2018/2019. D’autres s’en servent également, mais pas par le prisme d’organisations internationales. C’est le cas notamment de la Corée du Sud, dont l’économie tout entière est tournée vers la diplomatie publique et culturelle. 

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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[Rubrique culturelle : 4 documentaires pour un regard éclairé sur la société]

Alors que – on l’espère tous – les lieux de culture vont bientôt rouvrir, aujourd’hui, nous revenons avec quatre documentaires à voir absolument pour mieux comprendre les débats actuels et le monde qui nous entoure : les réseaux sociaux, la fast-fashion, la méritocratie, les fake news et le féminisme, voilà des sujets redondants aux informations. Pourtant, même si beaucoup d’entre nous ont entendu parler de ces causes à maintes reprises, nous sommes également nombreux à ne s’y être jamais vraiment intéressé. L’Unesco pourtant, agit sur ces sujets, et c’est pourquoi nous les avons choisis. 

Alors aujourd’hui, pour l’une de ces dernières chroniques confinées du vendredi (oui, il faut être optimistes), nous vous recommandons de regarder cinq documentaires, sur Netflix ou Youtube !

Netflix : Derrière nos écrans de fumée

Vous ne comprenez pas pourquoi dès que vous allez sur un site de vêtements, les derniers articles consultés se retrouvent en publicité dans votre fil d’actualité Facebook ou Instagram ? Pourquoi Snapchat vous envoie des notifications tous les jours pour visionner les stories de vos contacts alors que vous n’allez quasiment jamais sur l’application ? Pourquoi les réseaux sociaux prennent-ils autant de place dans votre vie, et quels sont leurs effets à l’échelle de la société et du monde ?

Parce que je suis persuadée qu’il faut d’abord connaître pour ensuite choisir de consommer (ou non), je vous conseille vivement de regarder ce documentaire qui vous expliquera le cheminement intellectuel des inventeurs de ces plateformes qui, dans un élan de cyber-optimistes, ont vu leur inventions comme de nouveaux moyens d’accès à la démocratie. Alors, on y découvre que les réseaux sociaux sont capables de développer chez nous le meilleur comme le pire, en s’attachant à nous analyser – nous et nos pratiques – et à nous orienter vers ce qui nous conviendrait le plus. Dont le but, bien évidemment, étant de vendre la marchandise (nous), à leur clients (les entreprises qui font appel à leurs services pour diffuser de la publicité). 

Si vous êtes intéressés par ces questions, voir aussi The Great Hack : l’Affaire Cambridge Analytica

Youtube (Arte) : La fabrique de l’ignorance

Qui n’a jamais lu une étude qui incriminait une marque sur ses effets nocifs pour la santé ou pour l’environnement et quelques mois plus tard qui lisait une nouvelle étude qui démontrait l’inverse ? Avions-nous lu d’où provenaient ces études ? Qui les avait commandées ? La Fabrique de l’ignorance, c’est un documentaire qui prouve que les entreprises instrumentalisent la science pour réfuter leur impact nocif dans certains domaines. En prenant l’exemple des pesticides qui tuent les abeilles, l’exemple de l’industrie du tabac ou encore celui des produits cancérigènes de Monsanto, ce documentaire a pour objectif de mettre au premier plan une nouvelle forme de science, la science de la désinformation, qui, démultipliée par les réseaux sociaux, retarde les décisions politiques et sème le doute dans nos esprits. L’Unesco a pour mission de favoriser l’accès aux sciences, mais quand les sciences sont corrompues, comment faire ? 

Netflix : Varsity Blues : Le scandale des admissions universitaires

L’Unesco est engagé pour que l’accès à la culture soit l’affaire de tous, et pour que chacun ait le droit de s’éduquer, ou d’aller à l’école. Mais, là aussi, comment faire quand le système universitaire, déjà ultra-élitiste aux Etats Unis, se trouve être corrompu de l’intérieur – et par conséquent favorise certains au détriment d’autres, pour de l’argent ? L’Affaire Varsity Blues, c’est le scandale qui a conduit au tribunal des personnalités mondialement connues, comme Felicity Huffman ou Lori Loughlin. En effet, ces parents avaient payé Rick Singer, gérant d’une entreprise de conseil pour se préparer le mieux possible à l’entrée à l’Université, pour faciliter l’admission de leurs enfants dans des écoles prestigieuses. Au-delà du scandale, ce documentaire est très intéressant, se présentant sous l’angle du film-documentaire, avec des acteurs jouant le rôle des protagonistes de l’affaire. En plus de cela, les répliques sont issus de réelles conversations enregistrées par le FBI, ce qui nous permet d’avoir une marge d’interprétation sur les motivations qu’avaient ces parents. Et enfin, et c’est pour moi le plus important, ce film se place dans un questionnement plus global qui porte sur l’accès à l’éducation des enfants déjà issus de classes largement privilégiées, et de ce besoin d’avoir toujours plus, de cette injustice pour leurs camarades refoulés aux portes de leur rêve ; mais aussi de la pression que la société impose à ces enfants, tout justes jeunes adultes, qui commencent leur vie en étant persuadés que leur valeur de dépend que du nom de l’école dans laquelle ils ont fait leurs études supérieures. 

Youtube (Arte) : Fast fashion – Les dessous de la mode à bas prix

En l’espace de 70 ans, nous sommes passés d’un budget de 30% des foyers pour les vêtements à 5% maintenant. Pourtant, ce marché ne cesse de grossir, dû à la pression démographique qui s’accentue et au développement de la société de consommation. Pour expliquer cette diminution des budgets et ce paradoxal développement du marché, il faut alors s’intéresser à la fast fashion, mouvement économique mais aussi social et sociétal qui a amené la mode – anciennement symbole de la dictature des classes – à devenir jetable et dévastatrice. Dévastatrice pour l’environnement. Dévastatrice pour notre santé. Dévastatrice au regard des droits de l’Homme, du producteur au livreur. 

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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[Actualité de l’UNESCO: La baguette en lice pour entrer au patrimoine mondial de l’UNESCO]

La baguette de pain est candidate à l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. La décision finale sera prononcée en 2022. 

Être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO nécessite d’être porté par un groupe de personnes. Dès septembre 2018, la confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française avait formulé son souhait de voir la baguette de pain être inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Les savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain sont déjà inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis le 23 novembre 2018. 

La baguette, bien que présente dans de nombreux autres pays, est devenue un véritable symbole de la France et de sa culture dans le monde. Une baguette standard est large d’environ 4 à 6 cm, haute d’environ 3 à 5 cm et longue d’environ 65 cm. Elle pèse environ 250 g. Un concours national de baguette tradition française a lieu tous les ans en France, organisé par la Confédération Nationale de la Boulangerie et Boulangerie-pâtisserie française. 

La ministre de la culture Roselyne Bachelot s’est exprimée sur son choix de porter la baguette à l’UNESCO : « Si cette candidature nationale était couronnée de succès devant l’Unesco, l’inscription de cet élément permettra de faire prendre conscience qu’une pratique alimentaire faisant partie du quotidien, partagée par le plus grand nombre et allant de soi, constitue un patrimoine à part entière ». Inscrire la baguette au patrimoine mondial de l’UNESCO permettrait vraiment de mettre en lumière le travail artisanal des boulangers, dont le nombre est en baisse en France depuis quelques années. C’est ce qu’a souligné Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie et Boulangerie-pâtisserie française : 

 « Après quatre ans de travail, c’est une grande fierté que notre dossier ait été choisi par la France. (…) Cela valorise notre savoir-faire et cela peut inciter des jeunes à choisir le métier ».  Rendez-vous en 2022 pour le verdict !

Cet article n’engage que son auteur.e

Charlotte Morel

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