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L’art au service de la Science : le projet Corail Artefact

Jérémy Gobé est un artiste venant du Nord-Est de la France, et comme la plupart des artistes, Jérémy a beaucoup travaillé avec des matériaux issu de la récupération, chutes de matériaux et “chinage” d’objets de seconde main, le corail sera pour lui un objet de prédilection et de fascination. 

Il tente alors de lier différents matériaux, afin de prolonger les morceaux de coraux qu’il avait en sa possession. Afin de mieux comprendre les matériaux sur lesquels il travaillait, il entreprend des recherches. Dans un premier temps il découvre trois facteurs majeurs de la dégradation des récifs coralliens ; le réchauffement climatique, la surexploitation des ressources de la mer avec la pêche intensive à la dynamique et/ou au cyanure, enfin, la grande concentration de plastique dans l’eau qui engendre un trop grand nombre de particules toxiques. Dans un second temps, il apprend et prône les savoirs-faire traditionnels, surtout dans le textile, avec le tricot ou encore la broderie en apprenant le “Point d’Esprit”, motif traditionnel de la région Auvergne Rhône Alpes . (photo de dentelle – au dessous)

C’est ainsi que l’idée de pouvoir aider et stimuler la régénération des coraux en leur créant un support en dentelle, lui parvient. En effet, au cours de ses nombreuses recherches, Jérémy a constaté que les chercheurs scientifiques recherchaient un support afin de pouvoir faire adhérer les larves des coraux. Ce support doit répondre à trois critères : la rugosité, la souplesse ainsi que la transparence. Par conséquent, la dentelle en coton correspond tout à fait aux exigences, de plus, comme le souligne l’artiste, la dentelle en coton et biosourçable (matière biologique), biodégradable (= qui se dégrade sans impact négatif sur l’environnement) et biomimétique(= qui imite les procédées de la nature).  

En 2018, Jérémy Gobé décide de se lancer dans un programme de Recherche, de Développement et d’Innovation, qu’il nomme Corail Artefact.

Ce projet va bien plus loin que le support en dentelle car il entreprend, de façon complémentaire, la création de structure en béton écologique et des outils d’aquariologie ainsi que des objets faits en matières dites “alternatives” afin de remplacer les plastiques. 

En effet, de premier abord, le béton fait d’eau, de sable et de ciment nous paraît totalement inoffensif pour le système marin. Malheureusement c’est sa production qui constitue un impact négatif sur nos écosystèmes, puisqu’en effet le sable prélevé augmente la montée des eaux et la production de ciment dégage une trop grosse quantité de CO2.  

Le tout est retranscrit afin de créer un outil de médiation auprès des différents publics, scolaires notamment. 

En 2019, Jérémy s’associe avec Claire Durand-Ruel, et des tests ont pu être effectués sur le béton et la dentelle avec succès. Par conséquent ses solutions vont être davantage développées afin d’être commercialisées et les actions de sensibilisation continuent d’être effectuées. 

Cet article est basé sur le site officiel du projet Corail Artefact, pour en savoir plus, rendez vous sur Corail Artefact | Un projet Art Science Industrie Education de Jérémy Gobé 

Cet article n’engage que son auteur

Aurélie Ménard

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[Patrimoine français: Le Palais du Luxembourg, un palais français pour une princesse toscane]

Le Palais du Luxembourg est l’un des lieux majeurs de la politique en France, dans la mesure où il abrite la chambre haute du Parlement français, le Sénat. Mais le Palais du Luxembourg est avant tout, comme son nom l’indique, un palais qui a été témoin de l’histoire de la France et qui, par conséquent, fait aujourd’hui partie de son patrimoine. C’est pourquoi nous allons aujourd’hui vous parler de l’histoire du palais et de ce qu’il apporte au patrimoine français.

Histoire du Palais du Luxembourg

En 1610, Marie de Médicis, femme du roi Henri IV, vit au Louvre. Après l’assassinat de son mari par François Ravaillac, elle décide d’acheter un domaine comprenant un hôtel particulier du XVIe siècle, qui appartient au duc de Luxembourg. Elle part y vivre avec son fils, le futur roi Louis XIII, dans le nouveau palais agrandi. Mais en 1631, Marie de Médicis est exilée sur ordre de son fils, après la “journée des Dupes”. C’est à partir de ce moment-là que Louis XIII décide de se fier non plus à sa mère mais au cardinal Richelieu afin de gouverner.

Louis XVIII devient le propriétaire du palais à la fin du XVIIIe siècle, mais doit fuir en 1791 à cause de la Révolution française et le Palais du Luxembourg devient une “propriété nationale”. Durant la Terreur, le palais sert de prison, avant que les cinq membres du Directoire s’y installent en 1795. Bonaparte occupe le Palais du Luxembourg en 1799 alors qu’il est Premier consul, avant de laisser la place au Sénat, puis à la Chambre des pairs.

En 1944, le palais devient le siège de l’Assemblée consultative provisoire, avant que le Sénat ne prenne sa place en 1958. L’hôtel original, que l’on appelle aujourd’hui le Petit Luxembourg, est quant à lui désormais la résidence officielle du président du Sénat.

Marie de Médicis (1575-1642), son fils Louis XIII (1601-1643), le cardinal Richelieu (1585-1642)

Un Palais français à l’italienne

C’est en 1615 que Marie de Médicis commande la construction d’un nouveau palais. En effet, ayant vécu son enfance au Palais Pitti à Florence, la reine-mère s’ennuie dans un Louvre en piteux état et souhaite retrouver l’esprit florentin. Elle envoie Clément Métezeau à Florence pour étudier le modèle du Palais Pitti, dans le but de construire un palais qui en serait inspiré. Elle finit par retenir les plans de Salomon de Brosse, qui propose l’emploi du brossage de pierre à la place du mélange brique/pierre. En 1624, Marin de la Vallée prend sa relève.

Mais le Palais du Luxembourg comprend de nombreuses caractéristiques propres aux châteaux français telles que la cour carrée, la cour d’honneur, le dôme et les pavillons redoublés dans le corps du logis. Au passage, on peut remarquer que si le jardin du Luxembourg est ouvert en public la journée, il est fermé et gardé par l’armée la nuit dans la mesure où il appartient au domaine du palais.

Le nombre de sénateurs grandissant sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), des travaux sont lancés afin de permettre à la salle des séances de tous les accueillir. Ces travaux sont confiés à l’architecte Alphonse de Gisors en 1837.

Un palais-musée à la gloire des rois de France

Dès le milieu du XVIIIe siècle, le Palais du Luxembourg s’illustre comme musée, témoin de l’évolution de la monarchie et, ultérieurement, de l’évolution des régimes politiques en France.

Par exemple, une série de toiles consacrée à la reine-mère est commandée lors de la construction du palais à Rubens. En 1750, la galerie royale de peinture du palais est ouverte à l’emplacement de la galerie de Marie de Médicis. Ce premier musée d’art ouvert au public en France expose une sélection des Tableaux du Roi et préfigure la création du musée du Louvre en 1793.

La salle des conférences, qui se constitue de plusieurs appartements réunis par Napoléon III est sans aucun doute la salle la plus impressionnante du palais. A ses extrémités se trouvent des plafonds en cul-de-four (des voûtes en forme de quart de sphère) qui représentent des personnages célèbres de l’histoire de France, comme Charlemagne ou Jeanne d’Arc. Dans la coupole sont visibles Napoléon I et Napoléon III, qui s’inscrivent dans la continuité des figures emblématiques de l’histoire de France.

Si la plupart des richesses culturelles visibles représentant la monarchie et les empires (on peut voir le trône de Napoléon I et des statues qui représentent ses conquêtes), des bustes de Marianne, figure de la République, sont aussi exposés.

Une autre salle est remarquable : la salle du livre d’or. Cette salle voûtée, qui tient son nom des 400 grammes de feuilles d’or la recouvrant, a été décorée par Pierre Thomas Baraguay, qui a réutilisé des boiseries provenant d’autres salles du palais. Le tableau qui figure au centre du plafond est dédié à Marie de Médicis, représentée comme une figure apportant la paix.

Mais le buste à l’effigie de la reine-mère qui semble admirer la pièce, rappelle l’opinion que le peuple français avait d’elle à l’époque. Marie de Médicis était en effet considérée comme une grande dépensière ; c’est d’ailleurs elle qui avait demandé à ce que des motifs bleus, la couleur la plus chère à produire à l’époque, soient présents dans toute la pièce.

L’hémicycle du palais, qui date du XIXe siècle, comprend lui aussi plusieurs statues marquantes. Les sept statues principales représentent des rois illustres tels que Saint-Louis, des personnages de la monarchie française, mais également Malesherbes et Jean-Etienne Portalis, qui ont respectivement participé à la rédaction de l’Encyclopédie et du Code civil.

Sur certains sièges, que les sénateurs choisissent eux-mêmes en début de mandat, sont gravés les noms de sénateurs célèbres qui s’y sont assis. On peut notamment y voir celui de Victor Hugo. Pour l’anecdote, lorsque Victor Hugo était sénateur, il a dû débattre sur le nombre d’heures de travail imposées aux enfants face à un autre sénateur s’appelant Louis Jacques Thénard. N’ayant pas emporté le débat, Victor Hugo s’est ensuite vengé en utilisant le nom de son opposant pour son roman Les Misérables, et plus particulièrement pour la famille Thénardier.

Si ces trois salles sont représentatives du Palais du Luxembourg, il y en a encore bien d’autres, toutes aussi magnifiques : la bibliothèque Médicis (salle située sous le dôme du palais et peinte par Eugène Delacroix), la galerie des bustes, la salle de l’escalier d’honneur

Nous espérons tout de même que cet aperçu du Palais du Luxembourg vous aura donné envie de le visiter lorsque vous en aurez l’occasion, que ce soit lors des journées du patrimoine ou de visites guidées, régulièrement organisées par les associations étudiantes de la région !

Sources : Sénat, Palais du Luxembourg

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

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[Rubrique culturelle] Journée internationale des Arts islamiques et de la langue arabe 2021

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de l’art islamique  a déclaré que « Cette journée a été proclamée afin de célébrer ensemble ce patrimoine exceptionnel, tissé depuis 14 siècles, et qui continue de se renouveler, de se réinventer et d’influencer les cultures du monde entier. » Depuis sa proclamation lors de la 40ème session de la Conférence générale de l’UNESCO, la journée internationale de l’art islamique est célébrée le 18 novembre de chaque année.

Afin de favoriser l’appréciation de l’art islamique il convient de revenir sur sa définition. L’art islamique concerne les formes artistiques crées dans le “Dar al-Islam”, espace géographique s’étendant de l’Espagne à l’Inde en passant par l’Afrique du Nord et l’Egypte, cet espace ne correspondant pas au monde musulman contemporain. L’adjectif islamique employé, ne renvoie pas à la religion dont l’adjectif est musulman, mais à la civilisation. 

D’ailleurs, les arts islamiques sont essentiellement profanes. Lors de la première “exposition générale d’art musulman” ayant lieu à Paris en 1893, l’emploi de l’appellation “art musulman” est employé officiellement pour qualifié “les monuments des pays soumis à la loi de l’islam, qu’ils soient placés à l’Orient ou à l’Occident”. Se référant à l’idée d’unité religieuse des territoires orientaux et africains pour qualifier des œuvres profanes, cette appellation “ d’art arabe” a été remplacée dans la deuxième moitié du XXème siècle par “art islamique”. Dès 1905, l’exposition “Arts de l’Islam, des origines à 1700, dans les collections publiques françaises” prend place au sein du département des Objets d’art du musée du Louvre. Charlotte Maury, chargée des collections ottomanes et de l’Art du Livre au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre, dépeint la variété des caractéristiques des arts islamiques à travers l’exemple des Arts du Livre. Ces Arts comprennent à la fois des manuscrits du Coran enluminés qui portent essentiellement des motifs aniconiques, géométriques ou végétaux et des livres qui portent des décors figuratifs, des cycles iconographiques pour illustrer un texte qui peut être une épopée légendaire d’un règne, un roman d’amour courtois ou un roman mystique.

Les expositions d’art islamiques se multiplient sur le territoire national. Au musée du Louvre, les premières œuvres d’art islamique entrent dès sa création en 1793. Les premières salles datent de 1893. Les collections concernent l’espace géographique En 2012, sur le décret du président François Hollande, la collection est installée dans une architecture spécialement conçue à cet effet, une structure de verre et de métal insérée dans la cour Visconti, répartie sur deux niveaux. La section Arts d’Islam regroupe plus de 3000 œuvres dont des objets d’arts ayant appartenu à des princes et  des khalifes révélant la variété et le luxe de cet art. 

Par ailleurs, le musée du Louvre, en collaboration avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, lance un événement de promotion des arts islamiques à l’échelle nationale. Du 20 novembre au 27 mars 2022, dix-huit expositions simultanées de l’événement Arts de l’Islam.Un passé pour un présent sont programmées dans 18 villes de France. Chaque exposition accueillera dix œuvres à la fois historiques et contemporaines dans le but de valoriser le dialogue interculturel en ouvrant « plus largement les horizons » comme l’a souligné Roselyne Bachelot, Ministre de la culture. Les 18 villes présentent un événement unique mais disposent toutes d’un dispositif scénographique réunissant un espace d’exposition, un espace de projection, un espace débat ainsi qu’un film immersif  emmenant les visiteurs en voyage en Orient.

L’exposition “ Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité” présentée par le Musée des Arts Décoratifs, coproduite par le Dallas Museum of Art, avec le soutien de la maison Cartier, met en exergue les influences des arts islamiques sur la création de bijoux et d’objets précieux. Plus de 500 bijoux et objets de la Maison Cartier, dessins, livres, photographies et documents d’archives rendent compte de l’intérêt pour les motifs et matériaux orientaux.

L’Institut des cultures d’Islam, lieu de rencontre et de dialogues, propose toute l’année des  expositions, concerts, conférences, projections-débats et  ateliers visant à partager la diversités des cultures d’Islam contemporaines. A travers l’angle de l’art contemporain, l’Institut des cultures d’Islam entend déconstruire les préjugés et stéréotypes sur les arts islamiques.

Lieu d’échange et d’apprentissage, l’Institut des cultures d’Islam, propose des cours de langue et de pratiques artistiques. D’octobre à juin cet établissement propose des cours de langue arabe qui s’inscrivent dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) favorisant la mobilité éducative et professionnelle. L’arabe littéral moderne y est enseigné. L’Institut des Cultures d’Islam propose également des formations artistique tels que l’art de la calligraphie. 

L’Institut du Monde arabe dispense également des cours de langue arabe dans son centre dédié : le Centre de la langue et des civilisations arabes. Les collections exposées à l’IMA proviennent de l’ensemble du monde arabe de l’Antiquité préislamique à la période contemporaine.

Alors que les arts islamiques se distinguent du monde arabe en ce que le monde arabe n’est qu’une partie du monde islamique, l’Institut du Monde arabe prend le contrepied du processus de distinction en mobilisant la notion “d’art arabe” dès sa rénovation en 2008. 

La programmation de l’Institut du Monde arabe vise à exposer la richesse et la diversité de création du monde arabe.  Actuellement,  et ce jusqu’en janvier 2022, l’exposition Lumières du Liban. Art moderne et contemporain de 1950 à  aujourd’hui, célèbre la créativité des artistes modernes et contemporains du Liban et de ses diasporas, du lendemain de son indépendance en 1943 jusqu’à nos jours. 

Cette exposition s’inscrit dans la volonté de l’Institut du Monde arabe de rendre hommage à la résilience de la scène artistique libanaise suite à l’explosion du 4 août 2020.

L’Institut du Monde arabe incarne d’ailleurs la dimension politique sous tendu par la promotion de l’art islamique en Occident. La création de l’Institut du Monde arabe résulte de la volonté puissante des politiques de former un pont entre l’Orient et l’Occident. Cet établissement est placé sous l’autorité morale d’un Haut Conseil, composé des représentants des États membres de la Ligue arabe, et financé par la France et les États arabes. L’institution s’affirme alors comme un outil culturel et diplomatique d’exception au service des relations franco-arabes. En effet, l’Institut du Monde Arabe a été élu « Marque Culturelle Européenne 2014 » lors de la soirée « Awards des Marques Européennes de la Culture (9e édition) »  à Berlin le 30 octobre 2014.

Yannick Lintz, Conservatrice générale du patrimoine, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre a déclaré dans un entretien que les expositions d’art islamique vont “permettre aussi à beaucoup de voir la civilisation islamique avec un autre regard que celui du terrorisme et de la radicalité.” 

La promotion de manifestations culturelles d’art islamique s’inscrit en effet dans la dynamique de partage et rapprochement culturel entre les peuples et d’encouragement à la tolérance par la puissance du vecteur artistique. Ainsi, la journée de l’art islamique incite au dialogue interculturel à travers l’appréciation de l’art islamique.

AMADY Nasrine 

Cet article n’engage que son auteure.

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[18 novembre, Journée mondiale de la Philosophie]

Philosophes ou non philosophes, spécialistes ou amateurs, jeunes ou adultes, peu importe : aujourd’hui, comme chaque troisième jeudi du mois de novembre, on célèbre la journée mondiale de la philosophie. Instituée par l’UNESCO en 2005, cette journée vise à sensibiliser, vulgariser, diffuser la réflexion et la pratique philosophique dans le monde. Mais qu’est-ce que, vraiment, la philosophie ? Voilà l’une des questions les plus ardues et les plus complexes, une question destinée à demeurer insoluble, parce que c’est justement l’impossibilité d’une réponse ultime le vrai moteur de la philosophie, philosophie en tant que recherche, quête, désir impossible à combler. En effet – comme le montre l’étymologie même du terme « philosophie », du grec φιλέω et σοφία, termes qui renvoient respectivement à l’amour et au savoir, c’est-à-dire, dans leur ensemble, à l’amour pour le savoir – la philosophie se caractérise in primis pour l’amour, le désir, la tension inépuisable vers quelque chose (le savoir) qui ne pourra jamais être atteint dans sa globalité. Le savoir philosophique n’est pas le savoir scientifique, n’est pas le savoir mathématique, médical, physique : il est, avant tout, un amour pour le savoir, c’est-à-dire la prise de conscience socratique de son ignorance, ce qui engendre la volonté – le désir justement – de connaître ce que l’on ignore. Traversée par les paradoxes et les contradictions, la philosophie est une forme de savoir pluriel et plurivoque, qui ne possède pas une vérité unique, figée, solide, mais qui, au contraire, se nourrit de problèmes, de questions, de conflits : le savoir philosophie est, en somme, un savoir de l’instabilité, mais dont l’instabilité constitue, au fond, la force et le charme.

Plus qu’un savoir, toutefois, la philosophie est une attitude au monde, une forma mentis, une manière particulière de se rapporter à la vie dans tous ses aspects : cette attitude est celle du questionnement, de la mise en question de ce que l’on voit et de ce que l’on vit, une mise en discussion des expériences qui nous arrivent individuellement et collectivement. Philosopher, c’est prendre du recul par rapport au monde pour l’interroger et le comprendre, c’est se poser des questions sur ce qui nous apparaît immédiat et évident : notre existence, le monde, les choses, les autres, la société, etc. Ainsi la philosophie est-elle, tout d’abord, une expérience de vie, un ressenti, un regard particulier jeté sur la réalité : loin d’être quelque chose de purement abstrait et dénué d’utilité concrète, elle s’ancre dans le réel et dans la vie de tous les jours, elle influence notre manière de penser, de réfléchir, de voir les choses et, par conséquent, notre manière d’agir. Il y a – il est vrai – plusieurs branches de la philosophie, les unes plus concrètes (philosophie pratique) les autres plus abstraites (philosophie théorétique) : et pourtant, même les questions qui pourraient apparaître les plus abstraites reposent, toutefois, sur une certaine expérience du monde, de la vie, de la connaissance.

Pourquoi, donc, célébrer la journée mondiale de la philosophie ? A chacun de trouver sa propre réponse, à chacun de découvrir le sens de la philosophie. Mais si l’on veut esquisser une réponse générale, on peut dire que la philosophie est un processus d’apprentissage antidogmatique et ouvert, qui ne pourra jamais correspondre à un ensemble figé de notions et de connaissances transmises de manière mécanique, mais qui, au contraire, permet à l’homme d’élaborer sa propre vision du monde, sa propre interprétation de la vie, sa propre indépendance intellectuelle : voilà finalement pourquoi philosopher, pourquoi célébrer la journée mondiale de la philosophie.

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo

Sources: https://fr.unesco.org/commemorations/philosophyday

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75ème anniversaire de l’UNESCO : retour sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies fondée sur la culture, l’éducation et la science

Pour l’anniversaire des 75 ans de l’UNESCO, une Conférence générale se tient à Paris du  9 au 24 novembre 2021, offrant l’occasion de revenir sur l’histoire de cette organisation des Nations Unies.

L’UNESCO succède à l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI), qui avait fonctionné durant l’entre-deux-guerres sous l’égide de la Société des nations (SDN). De 1942 à 1945, les gouvernements américains et britanniques se rassemblent à Londres pour la conférence des ministres alliés de l’éducation (CAME). Progressivement, le projet prenant de l’ampleur a rapidement acquis une dimension universelle.  La nouvelle organisation, contrairement à l’IICI qui prônait la culture élitiste, a pour ambition d’étendre l’accès à la culture et la science grâce aux mass media et à une action éducative massive pour mieux atteindre son objectif. L’Américain Archibald MacLeish, poète et directeur de la bibliothèque du Congrès de Washington, considère à ce propos que cette nouvelle organisation doit devenir « la conscience morale de l’humanité ».

La première conférence générale de l’organisation en 1945, organisée à Londres réunit les représentants de 37 pays dont des éminents personnages de la culture et de la politique mondiale tels que Léon Blum et Paul Rivet, directeur du musée de l’Homme. Ainsi le 16 novembre 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est fondé par l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Les guerres naissants dans l’esprit des hommes c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut élever les défenses de la paix » déclare la première phrase de l’Acte constitutif de l’UNESCO adopté le 16 novembre 1945 et entré en vigueur le 4 novembre 1946. Les 37 états membres se placent d’emblée dans la volonté de prévention d’une autre guerre mondiale en ce que la coopération politique et économique des gouvernements ne crée pas de liens suffisant pour assurer la paix. Toutefois le dialogue fondé sur le partage de la culture, sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » crée un lien puissant s’affirmant comme le gage d’une paix durable. Ainsi, l’UNESCO se concentre sur trois axes: l’éducation, la science et la culture.

Le premier directeur général est le Britannique Julian Huxley, zoologue et frère de l’écrivain Aldous Huxley. Durant son mandat de 1946 à 1948, l’UNESCO traverse une période effervescente de lancements de projets d’accès à l’éducation, de protection de l’environnement, mais aussi une période riche en collaboration avec de nombreux savants et intellectuels. La directrice générale actuelle est Audrey Azoulay, ancienne Ministre de la Culture en France, réélue mardi 9 novembre 2021 pour un deuxième mandat de quatre ans. 

Sous la direction du charismatique directeur général René Maheu de 1958 à 1974, l’UNESCO a connu son heure de gloire. L’organisation s’était imposée comme fer de lance de l’aide à l’alphabétisation en Afrique, mais aussi de protection du patrimoine mondial. En 1968, après avoir sauvé les temples d’Abou Simbel, l’Unesco crée en 1972 la liste du patrimoine mondial, regroupant les lieux ou biens, situés à travers le monde, possédant une valeur universelle exceptionnelle, qui est devenu un label de prestige et qui comporte aujourd’hui plus de 1 000 sites. En cette même année l’organisation adopte la « Convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel mondial ». Or il existe un déséquilibre significatif dans la répartition des sites, entre l’Europe qui concentre l’essentiel des sites « culturels » et l’Afrique qui comporte surtout des sites « naturels ». 

Cette dichotomie est dépassée par l’adoption en 2003 de la « Convention sur le patrimoine immatériel » recensant et mettant en lumière les traditions orales, les arts du spectacle, les connaissances et le savoir-faire liés à la nature ou l’artisanat, et les pratiques sociales qui sont souvent menacés de disparition. En 1992, l’UNESCO créé le Programme « Mémoire du monde » qui recense le patrimoine documentaire de l’humanité en réponse à l’état alarmant de leur conservation suite aux dommages divers qu’ils peuvent subir tels que les pillages et les trafics illicites.

Ce mandat a aussi été porteur du changement de ligne directrice de l’UNESCO. Initialement l’organisation visait à instaurer une culture mondiale unique vectrice de la compréhension internationale des peuples, sous l’effet de la mondialisation conjuguée à l’uniformisation des pratiques culturelles et modes de vie, l’organisation recentre son objectif sur la préservation des cultures minoritaires et menacées. 

En ce sens, la « Convention sur la diversité culturelle » est adoptée en 2005 et entre en vigueur en 2007. Adopté sous l’influence de la France et du Canada malgré l’opposition des Etats-Unis ayant refusé de le signer, est reconnu pour universaliser la notion française d’« exception culturelle ». Cette notion avance que la culture n’est pas une marchandise comme une autre que l’on peut laisser soumise à la loi du marché, dès lors l’intervention de la puissance publique apparaît nécessaire à la pérennité d’une offre culturelle riche et accessible au plus grand nombre.

Dans le cadre de la célébration du 75ème anniversaire de l’UNESCO se tenant à Paris, plusieurs accords mondiaux historique sont attendus sur l’intelligence et la science. Le 15 novembre notamment a lieu la remise du prix UNESCO/Carlos J.Finlay pour la microbiologie ainsi que la remise du prix international Russie Mendeleïev en sciences fondamentales.

Concernant l’éducation, le 10 novembre l’UNESCO a lancé le Rapport sur les Futurs de l’éducation élaboré par une commission indépendante d’experts dirigés par Sahle-Work Zewde, présidente de la République de l’Ethiopie. Le même jour, sous l’impulsion de l’appel mondial de l’UNESCO et de la France, les chefs d’Etat et de gouvernement et les ministres de l’éducation de plus de 40 pays ont adopté le 10 novembre 2021 la déclaration de Paris visant à accroitre les investissements dans l’éducation au lendemain de la crise du COVID-19 qui a creusé les inégalités. Emmanuel Macron, a exhorté les pays du monde entier a multiplié les financements dans l’éducation.

AMADY Nasrine

Cet article n’engage que son auteure

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[Les NFT : un marché de l’art contemporain dématérialisé]

Face à la montée en puissance et la généralisation du numérique, les artistes modélisateurs 3D et autres créateurs de contenu travaillant sur ordinateur peuvent dès maintenant, dans la continuité des droits d’auteurs, transformer leur œuvre d’art dématérialisée en NFT. Qu’est ce qu’un NFT ? C’est l’acronyme de Non-Fungible Token, en français « jeton non fongible ». Ce jeton est dit non fongible parce qu’il est unique et non interchangeable. C’est un type spécial de jeton cryptographique qui peut  être représentatif d’un GIF, d’une image, d’une vidéo ou d’un fichier audio auquel est rattachée une identité numérique, elle-même rattachée à un propriétaire. Dans la mouvance des crypto-monnaies, les NFT permettent de posséder une entité numérique et permettre ainsi à leur propriétaire de bénéficier des droits liés à leur possession.

Ces entités numériques sont donc par ce biais achetables, parfois à des prix irraisonnés. 69,3 millions de dollars : c’est le prix auquel s’est vendue l’œuvre numérique de l’artiste Beeple, ce qui en fait l’ œuvre la plus chère. Son œuvre Everydays: the first 5000 Dys est en fait un collage d’images de sa série d’œuvre « Everydays ».  La vente a été organisée par la maison Christie’s. L’artiste, de son vrai nom Mike Winkelmann, est reconnu en tant qu’artiste digital, designer graphique et animateur. Il utilise les figures de la pop culture comme référence. 

Comment fonctionne le NFT ?

La cryptomonnaie, associée au NFT, est une monnaie numérique utilisable au moyen d’un réseau informatique décentralisé. Elle utilise des technologies de cryptographie. Le NFT vient donc officialiser l’identité graphique d’une œuvre sur internet. Son auteur est reconnu et vérifié comme propriétaire par un système de Blockchain. La Blockchain ou « chaîne de bloc », est un registre de compte, consultable par tous ceux qui veulent y accéder. Les acteurs du réseau, appelés « nœuds », possèdent, stockent et vérifient leurs propres versions de la chaîne, à partir d’un premier bloc de données que l’on appelle le « bloc genèse ». Etant donné qu’il n’y a pas d’autorité centrale, la blockchain est dite décentralisée. Par ce biais, si l’on décide d’acheter un NFT, on possède alors  un certificat d’authenticité infalsifiable. Le jeton délivré à l’achat contient de nombreuses informations sur l’objet et son parcours. Il atteste qu’on est en possession de l’œuvre originale parmi les copies présentes sur internet.

 

Les jetons donnent donc lieu à des titres de propriétés virtuels d’œuvres d’art. Ils transforment le lien qui existe entre les artistes et les collectionneurs. Les NFT constituent l’innovation la plus influente qu’ait connu le monde de l’art ces dix dernières années. Jack Dorsay, le fondateur de Twitter, a ainsi mis en vente à 2,9 millions de dollars la propriété de son premier tweet. La même année, Kevin Roose, éditorialiste du New York Time, a vendu un de ses articles sous forme numérique pour un demi-million de dollars. Les NFT sont également très présents sur le marché de l’art contemporain. Selon la société Artprice, les œuvres numériques sous cette forme représentent déjà un tiers des ventes en ligne pour cette année.

Vous vous demandez si vous pouvez créer un NFT ? La réponse est oui. Pour cela, il faut simplement passer par des plateformes spécialisées comme Rarible ou OpenSea, sur laquelle le fichier qui deviendra un NFT sera téléchargé. En revanche, il faudra payer des frais pour valider les transactions sur la blockchain (dont le fonctionnement a été expliqué plus haut). Le créateur aura ensuite la possibilité de vendre ses œuvres virtuelles sur la même plateforme. 

Cependant, ce marché est souvent décrit comme une « bulle spéculative ». En effet, le marché est encore jeune et l’évaluation de la valeur réelle d’un NFT est volatile. Cependant, d’après Nadya Ivanova, cheffe de l’exploitation chez l’Atelier, une société de recherche sur les marchés émergents : « Le marché est toujours volatile et sujet à la spéculation, mais des cas d’utilisation plus sophistiqués émergent, basés sur l’utilité, la communauté et des éléments concurrentiels. Tous sont des préalable à un marché plus mature. » 

Les NFT sont-ils protégés par un cadre juridique ?

L’intérêt pour les NFT étant encore récent, aucun cadre juridique n’existe pour protéger les jetons. Seulement, il est possible de les rattacher à différents articles de lois, malheureusement encore difficiles à déterminer. Certaines œuvres digitales comme celle de Beeple peuvent être considérées comme des œuvres d’art et relever du Code de la propriété intellectuelle. Le 30 septembre dernier, le député Pierre Person a proposé une définition des NFT : « Tous bien incorporel et non fongible représentant, sous forme numérique, un ou plusieurs droits pouvant être émis, inscrits, conservés ou transférés au moyen d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé permettant d’identifier, directement ou indirectement le le propriétaire dudit bien ». Il s’agit de la définition du jeton de l’article L-552-2 du code monétaire et financier, à laquelle a été rajouté le terme « non fongible ». Cet amendement qui vise à « éclaircir le régime fiscal des jetons non fongibles » à été adopté par l’Assemblée nationale le 5 octobre. 

Sources : Cryptoast, L’éclaireur Fnac, Wikipédia, RTBF

Cet article n’engage que son auteur.

Auxence Jobron

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[ Rubrique culturelle: One man show d’Edouard Baer ]

C’est au cours d’un week-end d’octobre que j’ai assisté, un samedi soir au one man show d’Edouard Baer intitulé « Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce » au théâtre Antoine dans le 10ème arrondissement. Particulièrement fan de la personne et de son humour, j’étais certaine de passer un agréable moment. Je ne m’attendais pas à ressentir un si large panel d’émotion au cours du spectacle. En effet, en plus théâtre magnifique que j’ai découvert lors de cette soirée, la proposition que nous offre l’humoriste est autant originale, touchante qu’amusante. Le spectacle prend ainsi la forme d’un one man show humoristique dynamique à l’image de son auteur ponctué de réflexions philosophiques et de passages littéraires choisis avec soin par le comédien. 

On assiste donc à l’évolution d’un personnage très théâtral qui n’est autre que celui du comédien lui-même jouant son propre rôle. Il interagit avec son environnement, le public ainsi que les différents personnages faisant leur apparition au cours du spectacle. Je situerais donc la prestation d’Edouard Baer à mi-chemin entre le stand-up, la pièce de théâtre et l’essai philosophique. Il nous fait partager son introspection, ses questions sur sa vie de comédien. Pour cela, il s’appuie sur les textes de ses auteurs phares, Romain Gary ou encore Bukowski.

Le lieu, les décors, les jeux de lumières participent aussi à faire passer au spectateur un excellent moment. Ce voyage dans les pensées d’Edouard Baer vous fera oublier vos tracas et vous fera sortir de la salle le cœur réchauffé. Il est possible de voir le spectacle pour un tarif minimal de 18,50€ et ce jusqu’au 30 décembre 2021, tous les jours de la semaine sauf le lundi à 21h en semaine et 19h le dimanche.

Voici donc une sortie que je vous conseille vivement et qui, croyez-moi, ne vous laissera pas indifférent !

Un article de Lili M’rabet

Cet article n’engage que son auteure.

Source :

Edouard Baer dans Les Élucubrations… Théâtre Antoine (ticketac.com)
Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce Édouard Baer et ses fantômes – Entrée du public (entreedupublic.fr)
Les drôles et émouvantes élucubrations d’Édouard Baer (lefigaro.fr)
Édouard Baer réfléchit à sa vie dans « Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce » – Bing video

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[Portraits de personnalités inspirantes : Susana Baca, La Diva péruvienne engagée ]

Susana Baca : chanteuse variété au Pérou | Interview | Terra Peru

Susana Esther Baca de la Colina plus connue sous le nom de Susana Baca est une figure emblématique de musique afro-péruvienne, une proéminente auteure-compositrice. Sa musique est un mix entre tradition et modernité. Elle utilise pour la composition de ses musiques, des instruments traditionnels péruviens comme le Cajón, une boite de  bois qui était à l’origine, une cage à fruit. De plus, elle ajoute à son palmarès l’ethnomusicologie, l’enseignement et l’obtention  à trois fois du prix du « Latin Grammy Award ». En juillet 2011, elle est nommée  ministre péruvienne de la culture dans le gouvernement de Ollanta Humala. Susana est donc la seconde afro-péruvienne de l’histoire du Pérou indépendant membre du gouvernement. En novembre 2011, elle est élue présidente de la commission de la culture au sein de l’ OAS,«the Organization of American States » de 2011 à 2013. 

Repérée par David Byrne, elle est la figure principale de la chanson afro-péruvienne depuis 50 ans. Comme Cesaria Evora, elle cultive une saudade, comprenez un profond état de nostalgie. Tout comme la reine capverdienne, elle a fait renaitre un folklore métissé par des siècles d’esclavage et de colonisation. Aujourd’hui encore, à l’âge de 77 ans, Susana Baca chante encore et vient même de sortir un nouvel album, Palabras urgentes (vérité urgentes). Dans ce nouvel album, elle fête ainsi, deux-cents ans d’indépendance de son pays, le Pérou. Son travail retranscrit aussi, 50 ans d’une carrière riche entre politique et musique. Avec David Byrne et son label Luaka Bop créé en 1995, elle publie une compilation « Lamento Negro ». De ce disque, on retiendra le célèbre titre, Maria Lando. En 2002, elle reçoit le Grammy Latino de Best Folk Album et est cité dans le Best World Music Album. 

Petit détour sur la vie de Susana Baca :  

Elle née à Lima le 24 Mai 1944 d’un père guitariste et d’une mère chanteuse. Elle est la descendante de la famille De la Colina, reconnut pour ses musiciens de renoms. Susana, passe une partie de son temps à 130 kilomètres de Lima la capital péruvienne à San Luis de Cañete, fiefs historique de sa famille de musiciens. La chanteuse décrit ce lieu comme « un lieu étrange, une petite enclave au milieu d’un désert côtier, où la musique créole noire péruvienne est comme une graine plantée dans le sable qui aurait poussée de façon miraculeuse ». Durant sa jeunesse, elle prend conscience de sa couleur de peau dans le district noir de Chorrillos où elle  habite et grandit. Dans les écoles, même si les classes étaient mixtes, les noirs étaient marginalisés. Cependant, ce caractère qui était la base de discrimination dans les écoles publiques donnait lieu à de la joie dans la sphère familial privée.  Plus tard, c’est en tant que chanteuse à l’université, qu’elle est amenée à parcourir le Pérou pour faire son travail d’ethnomusicologie, récolter des musicalité pour les inscrire dans un contexte historique et ethnique. Son travail porte alors sur les racines Africaines de la musique péruvienne. Avant elle, ses oncle Caïtro Soto et Ronaldo Campos fondent en 1969 l’association « Péru Negro » qui à pour objectif de préserver l’héritage musicale issus du syncrétisme afro-péruvien. Ces musicalités presque oubliées de cette tradition musicale, elle décide de les collecter. Son mari Ricardo Pereira l’aide dans cette démarche en apportant une dimension sociologique. Il parcourent alors ensemble le littoral péruvien afin de récupérer des témoignages dans les villages descendants d’africain. Le livre qui découle de ces recherches « Del Fuego y deal agua » est publié en 1992 et représente 11 années de recherche. Par la suite, en 1995, ils fondent ensemble l’institut Negrocontinuo pour enrichir leur travail de sauvegarde.  

En 2011, c’est le président Ollanta Humala qui nomme Susana Baca au poste de ministre de la culture. Il prône alors une politique d’inclusion sociale. Elle devient alors la première ministre noire du Pérou indépendant. L’artiste, en plus de son parcours musicale à s’engage grandement dans la lutte contre toutes formes de discrimination, quelle soit sexuel, racial ou culturelles. Son marquage politique se reflette aussi dans sa musique où elle exprime ses idées. Son album « palabras urgentes » s’inscrit alors dans un climat de corruption lors des élection de 2018 qui se présente alors comme un moyen de faire passer son message. 

Auxence Jobron

Source : 

https://en.wikipedia.org/wiki/Susana_Baca

https://www.telerama.fr/musique/susana-baca-icone-afro-peruvienne-en-chantant-je-veux-susciter-le-debat-6985975.php

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[Joya de Ceren ou le « Pompéi d’Amérique » classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO]

Tout le monde connaît Pompéi, mais connaissez-vous Joya de Ceren, lié à elle par le même sort tragique ?

L’incroyable conservation du site archéologique de Pompéi suite à l’éruption du Vésuve en 79 en fait un élément prédominant pour les recherches sur la civilisation antique.

Cependant, il n’est pas le seul à avoir laissé aux chercheurs des clefs de compréhension d’une civilisation toute entière : Joya de Ceren en fait partie. L’éruption du volcan Laguna Caldera en 600 engloutit ses 3200 hectares, figeant dans l’éternité la vie quotidienne de plusieurs centaines de mayas.

Situé au Salvador en Mésoamérique, ce site retrouvé sous cinq mètres de cendres est appelé le « Pompéi d’Amérique » du fait de son incroyable préservation grâce à l’éruption volcanique.

Aucune trace des habitants n’a été retrouvée en fouilles, ce qui fait dire aux chercheurs qu’ils abandonnèrent sans doute la ville peu de temps avant l’éruption. En effet, les premiers signes visibles de la catastrophe furent, selon les scientifiques, des jets de vapeur s’écoulant dans la rivière Sucio à proximité de Joya de Ceren (éruption phréatique). La population, sûrement effrayée, a dû partir avant que les cendres du volcan ne commencent à engloutir la cité, laissant leurs activités en suspens.

Les restes organiques, qui ont quasiment entièrement disparu sur les autres sites, ont pu être conservés à Joya de Ceren. En effet, la première nuée de cendres tombée était d’une température de 100°C, ce qui a permis à ces matières qui ne résistent habituellement pas au temps de se fossiliser instantanément. Les archéologues ont pu constater grâce à ce rare phénomène que les habitations étaient recouvertes de toits de chaume. Des restes d’aliments bien conservés ont également été retrouvés : le site de Joya de Ceren est le seul dans toute l’aire maya à avoir livré des informations aussi complètes sur le régime alimentaire de cette civilisation ! La découverte d’un champ de manioc a également offert une preuve irréfutable de son exploitation dans cette région.

Concernant l’architecture, les constructions en terre ont donc subsisté, et ont livré des informations capitales sur les pratiques quotidiennes. Bâtiments publics, saunas, bains de vapeurs, cuisines : tous ces ensembles ont permis de comprendre l’organisation socio-spatiale d’un site Maya à la période Classique.

Le site, découvert accidentellement en 1976, est fouillé continuellement depuis plus de 40 ans. En 2018, des ossements humains accompagnés d’un couteau d’obsidienne ont été retrouvés : il s’agit de la première sépulture découverte sur le site. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, et de nombreuses révélations sont encore à venir puisque seulement douze bâtiments ont été fouillés.

Du fait de l’importance capitale de sa préservation, Joya de Ceren a été classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. Des systèmes d’abris ont été installés pour protéger le site et son architecture, et des spécialistes interviennent fréquemment pour mettre en place des moyens pour pérenniser son intégrité.

Cet article n’engage que son auteure.

Article de Manon Etourneau

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[Rubrique culturelle : exposition Cartier et les arts de l’Islam au Musée des Arts décoratifs]

Le Musée des Arts décoratifs accueille pour notre plus grand plaisir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité ». Co-produite avec le Dallas Museum of Art, la Maison Cartier et le musée du Louvre, cette exposition nous propose jusqu’en février 2022, un voyage au cœur de l’art islamique et de ses connexions avec la maison de haute joaillerie Cartier.

Organisée en deux volets, l’exposition honore des archives, des motifs et des peintures des arts orientaux, sources d’inspiration pour les bijoux et les objets précieux Cartier à partir du XXe siècle. C’est un véritable parcours au coeur du lien artistique et intime qui lie les deux formes d’art.

Cette exposition explore les processus de création des productions Cartier à travers deux grandes salles en enfilade. On peut alors déambuler entre diadèmes, sautoirs et broches délicatement ornées. Autour de ces pièces qui ne laissent aucun oeil indifférent, s’organisent les esquisses et les ouvrages d’époque qui les ont inspirées, nous permettant de mieux appréhender les objets d’art Cartier.

L’exposition ne manque pas non plus de revenir sur les liens intimes qu’a noués la famille Cartier avec les arts traditionnels d’Inde, d’Afghanistan ou encore d’Iran au travers de leurs voyages. La collection privée d’objets d’art islamiques de la maison de joaillerie se décline donc tout au long de l’exposition. Véritable festival de couleurs et de pierres précieuses, l’exposition tient sa promesse de retour «aux sources» des créations Cartier.

Toutefois, si au début du XXe siècle les influences des arts orientaux  étaient perçues comme une renaissance et un gage de modernité pour les occidentaux, l’exposition peut aujourd’hui nourrir les débats autour de l’appropriation culturelle. En effet, l’ambition de Cartier était « d’ouvrir le gout dominant à d’autres styles » selon Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine de la maison, l’exposition permet alors de s’interroger au regard des liens qui unissent les oeuvres de ces deux cultures.

N’hésitez plus et venez découvrir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité » au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 22 février 2022 !

Reservation sur https://billetterie.madparis.fr/

La présentation d’un pass sanitaire valide est obligatoire. Port du masque obligatoire dès 11 ans et recommandé à partir de 6 ans.

Cet article n’engage que son auteure.

Salomé ANFRAY

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