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[Portrait de personnalité inspirante: Vivian Maier – exposition rétrospective ]

Depuis le 15 septembre, une exposition sur la célèbre photographe Vivian Maier à lieu au musée du Luxembourg. 

Elle est née le 1er février 1926 à New-York mais passa toute son enfance en France auprès de sa mère. C’est le 16 avril 1951 qu’elle retourne à New York et commence à travailler  comme nourrice dans des familles aisées. C’est aussi à partir de ce moment qu’elle acquiert son premier Rolleiflex. 

Vivian Maier est décrite comme une personne très discrète et loin d’être la personne la plus chaleureuse. Tout le monde s’accorde pour dire qu’elle était très mystérieuse puisqu’à l’époque personne ne savait qu’elle occupait tout son temps libre à la pratique de la photographie. Tombée dans la misère, ce sont les enfants Gensburg qu’elle gardait qui l’ont reconnu et aidé à sortir de cette situation. Malheureusement, elle décéda le 21 avril 2009 dans la maison qu’ils lui avaient achetée. 

Alors que notre photographe est décédé sans avoir partagé son secret et ses travaux, c’est John Maloff qui les à découvert quelque temps après, lorsqu’il à acquis quelques cartons d’une vente aux enchères. Son but était de trouver des clichés afin d’illustrer un livre d’Histoire locale, c’est alors qu’il tombe sur le nom de notre photographe et entame des recherches. En avril 2009, il réussit à rencontrer les frères Gensburg qui lui racontent la vie de leur nourrice. John Maloff décide par conséquent de commencer à trier et à numériser le travail de Vivian Maier, puisque selon lui, il fallait que ce travail soit montré au monde entier. 

Dès lors, il organise la première exposition au Chicago Cultural Center, en la nommant “ Finding Vivian Maier”. Ce fût un succès immédiat, et Vivian Maier est enfin reconnue comme une photographie célèbre malgré elle.  Puisque les conditions de la découverte de cette artiste sont assez originales et étonnantes, John Maloff coproduit un documentaire sur cette histoire nommé Finding Vivian Maier comme la première exposition. C’est réellement à partir de cette date que les grandes institutions culturelles organisent des expositions sur cette mystérieuse photographe qui fascine tout le monde. 

Si vous voulez vivre une expérience originale et comprendre davantage le travail de cette mystérieuse Vivian Maier, l’exposition rétrospective au Musée du Luxembourg vous accueille jusqu’au 16 janvier 2022. 

Cet article n’engage que son auteur, 

Ménard Aurélie.                 auteur de la photo : Legio Photos VIISource : https://www.grandpalais.fr/fr/article/qui-est-vivian-maier

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[Les droits culturels]

L’intérêt pour les droits culturels s’est manifesté en France au début des années 2000, alors que cette notion est nettement plus ancienne. En effet, c’est après la guerre, à l’instauration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, que cette pensée pour les droits culturels s’instaure comme faisant partie des droits humains fondamentaux. Elle est définie selon les articles suivants : 

Article 22 : “ toute personne est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité” 

Article 27 : “Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté.”  

Seulement, sur la forme, cette notion était intégrée mais sur le fond, celle-ci a très vite disparue. 

Cette notion réapparaît alors avec beaucoup plus d’impact en 2007 lors du lancement de la Déclaration de Fribourg. C’est un des textes fondateurs des droits culturels, mené depuis 20 ans par l’action collective d’un groupe nommé “groupe de Fribourg”. 

Ce groupe réclame la reconnaissance des droits culturels comme un droit fondamental, comme promis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dès lors, leur démarche consiste à définir plus précisément ce que sont les droits culturels. En effet, il y a deux types de droits : les droits droits libertés aussi dit “droits de” ne sont soumis à aucune contrainte financière ou matérielle, comme la liberté. Alors que les droits-créances, autrement dit les « droits à” entraînent en générale un coup financier, comme l’exemple de la culture. 

Cette déclaration de Fribourg définit dès lors les droits culturels comme visant “ à garantir à chacun la liberté de vivre son identité culturelle, comprise comme « l’ensemble des références culturelles par lesquelles une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité » (Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, 2007).

Afin de mettre en œuvre ces droits culturels, Jean Michel Lucas, spécialiste engagé pour les droits culturels explique qu’il y a trois étapes à entreprendre. 

La première consiste à penser et pratiquer la coopération territoriale et inter-institutionnelle afin d’éviter une concurrence entre les différentes démarches et créations culturelles. Ensuite, il nous faut penser et pratiquer un pilotage à l’aune des droits culturels, c’est-à-dire, en respectant une égalité, une équité et une diversité entre tous. Enfin, pour fermer la boucle, il faut penser et pratiquer une évaluation de manière continue et partagée, autrement dit, il faut savoir prendre du recul et avoir un regard critique sur nos engagements afin de les réévaluer et de les modifier si besoin afin d’avancer de façon plus efficace. 

Pour en savoir plus voici les sources de cet article : 

https://www.franceculture.fr/emissions/affaire-en-cours/affaires-en-cours-du-jeudi-04-fevrier-2021

https://www.federationartsdelarue.org/ressources/declaration-fribourg-sur-droits-culturels

https://droitsculturels.org/observatoire/wp-content/uploads/sites/6/2017/05/declaration-fr3.pdf

Cet article n’engage que son auteur 

Aurélie Ménard

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[Rubrique culturelle : Marcel Proust, un roman parisien au Musée Carnavalet]

Peut-être en avez-vous entendu parler : l’exposition sur Marcel Proust au musée Carnavalet a débuté jeudi 16 décembre, l’occasion de se plonger ou de se replonger dans les romans de l’écrivain, mais aussi dans le Paris de la fin du XIXème et du début du XXème siècle.

Parisien de naissance, Marcel Proust n’a eu de cesse de dépeindre la capitale dans ses œuvres, d’autant plus qu’il y habite toute sa vie et qu’il s’immisce dans les cercles restreints du Tout-Paris de la Belle Epoque. Pour le musée Carnavalet, consacré à l’histoire de Paris, revenir sur la vie et l’œuvre de cet artiste pour le 150ème anniversaire de sa naissance est aussi l’occasion de dévoiler la vie bourgeoise dans la capitale à cette période.

L’exposition, chronologique comme la collection permanente du musée, retrace la vie de Marcel Proust en mettant en exergue la récurrence du motif p            arisien dans son Œuvre. Les deux commissaires d’exposition Valérie Guillaume et Anne-Laure Sol se sont associées avec des spécialistes de l’auteur et de ses romans : Jérôme Bastianelli, Jean-Marc Quaranta, Jean-Yves Tadié et Alice Thomine-Berrada. Ainsi, l’exposition ne passe à côté d’aucun fait important et les explications historiques et littéraires qui ponctuent la visite sont d’une qualité indiscutable.

L’exposition se fait en deux temps. Tout d’abord, c’est la vie de Marcel Proust qui est présentée. Une reconstitution cartographique des lieux parisiens qu’il a fréquentés accompagnés de tableaux pour les illustrer permet de bien se représenter le Paris de la Belle-Epoque. La variété des supports de l’exposition participe de cette immersion puisque des vidéos, des brouillons d’écriture, des objets tels que son manteau et des portraits sont exposés.

La deuxième partie de l’exposition se penche sur les sept tomes des romans figurant dans A la recherche du temps perdu. La force de cette exposition réside dans le fait que le parcours est aussi bien conçu pour les connaisseurs de l’Œuvre de l’écrivain que pour ceux qui ne la connaissent pas. L’évocation des nombreux lieux parisiens fréquentés par les protagonistes est l’occasion de montrer des œuvres représentant le Tout-Paris, les activités qui s’y déroulent, des affiches publicitaires, des lettres, des vieux films…

A titre d’exemple, ce tableau monumental peint par Henri Gervex en 1909, Une soirée au Pré-Catelan, représente une soirée mondaine comme celles dans lesquelles Proust avait coutume de se rendre. Sa disposition contre le mur et proche du sol donnerait presque l’impression au spectateur de faire partie de la scène.

La qualité des œuvres présentées et celle du discours sur les romans et la vie de Marcel Proust sont autant de bonnes raisons de se rendre dans cette exposition qui se tient jusqu’au 10 avril 2022. L’exiguïté des salles peut néanmoins rendre la visite peu agréable en heures de pointe, il faut donc privilégier les matinées pour plus de calme.

Article de Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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Une autre idée du monde : un « film d’écrivain »

Un monde oublié et caché, loin de nos yeux et de nos pensées, et pourtant si proche de nous, de nos frontières européennes : c’est cette réalité oubliée qui est au cœur du dernier film de Bernard-Henri Lévy, Une autre idée du monde. Sorti en France le 1er décembre, ce film recueille les reportages que le célèbre philosophe a tournés dans le monde : du Nigéria au Kurdistan, du Bangladesh à la Somalie, en passant par l’Afghanistan du commandant Massoud et de son fils, le jeune Ahmad Massoud.

Les images de la guerre, dans ses aspects les plus atroces et les plus absurdes, nous montrent la misère et la souffrance de peuples opprimés, dont la quotidienneté est synonyme de guerre, de conflit armé, de terreur ; la voix de BHL nous guide tout au long du film, en mêlant le récit des expériences personnelles avec des réflexions historiques, voire philosophiques.

Lévy filme la guerre, mais surtout, il filme les hommes, les femmes, les enfants qui subissent cette guerre oubliée, dont personne n’est au courant : on ne la voit pas, et alors on se convainc qu’elle n’existe pas. D’où le rôle de ce film, qui se veut avant tout témoignage, moyen de transmission d’une réalité oubliée : émouvantes sans être pathétiques, vraies sans être anonymes, les scènes de guerre nous touchent et nous font appel, nous poussent à réfléchir sur le sens de ces conflits et à nous interroger sur notre responsabilité. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment peut-on agir ? Il n’y a pas de réponse univoque, mais le message de Lévy, c’est l’appel d’un écrivain fils de l’engagement sartrien, partisan d’un art – qu’il soit art cinématographique, théâtral ou littéraire – engagé et hétérotélique, au service d’une certaine cause, d’une certaine idée du monde. Comme le souligne le réalisateur, Une autre idée du monde est un « film d’écrivain », dans la mesure où il ne s’agit pas d’un reportage neutre et anonyme, mais d’un récit subjectif et vécu des histoires présentées, un ensemble de portraits et de visages révélateurs d’une certaine condition humaine, d’une autre condition humaine, ou mieux inhumaine.

Immergé par une heure et demie dans la guerre et la terreur, dans la mort et la faim, dans le danger et la pauvreté, le spectateur sort de la salle avec un sentiment qui est souvent considéré comme acquis : le goût de la liberté et de la paix, la capacité – pour un instant éphémère peut-être – de prendre du recul par rapport à sa propre situation, aux rues parisiennes dans lesquelles on se promène à la sortie de la séance, en en appréciant deux choses : la liberté et la paix. C’est à ce moment-là que retentissent dans nos esprits les vers d’un auteur qui porte le même nom que le réalisateur d’Une autre idée du monde, Primo Levi, qui en 1947 nous invitait – au début de son roman Si c’est un homme – à réfléchir sur la inhumanité de la guerre, sur la condition de l’homme en guerre, de l’homme qui souffre, « qui peine dans la boue / qui ne connait pas de repos / qui se bat pour un quignon de pain » :

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

La table mise et des visages amis,

Considérez si c’est un homme

[…]

Gravez ces mots dans votre cœur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant.[1]

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo


[1] Traduction de l’italien par Martine Schruoffeneger.

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« Où est Anne Frank ! », une adaptation familiale et touchante du journal d’Anne Frank

Où est Anne Frank ? Alors que 17 millions d’enfants ont été évacués des zones de guerre en 2020, cette question de l’héritage d’Anne Frank est plus que jamais d’actualité.

Ce film d’animation, présenté hors compétition lors du Festival de Cannes 2021, sort ce mercredi 8 décembre en salles. A l’occasion de cette sortie nationale, une avant-première spéciale a eu lieu à la Maison de l’UNESCO, en présence de la directrice générale de l’UNESCO et du réalisateur du film.

Synopsis et création du film

Où est Anne Frank ! est un film d’animation qui s’inspire en grande partie du journal d’Anne Frank. Le film raconte le destin des familles de l’annexe secrète d’Amsterdam pendant la Shoah et décrit la situation dans l’Europe d’aujourd’hui du point de vue de Kitty, l’amie imaginaire d’Anne.

Ari Folman est un scénariste et réalisateur israélien. En 2008, il a reçu un Golden Globe et a été nominé pour un Academy Award pour son film Valse avec Bachir. Il écrit en 2017 un roman graphique fidèlement adapté du journal d’Anne Frank, puis Où est Anne Frank ! en 2020. C’est à partir de ce roman graphique qu’il réalise en 2021 le film éponyme.

Pour la réalisation de ce film d’animation, plus de 150 000 dessins ont été créés dans quinze pays européens, en utilisant une nouvelle technique qui combine des fonds statiques avec des figurines animées classiques en 2D. Pourquoi l’animation ? Selon Ari Folman, il s’agit du médium qui facilite le plus l’expression de l’imagination et l’identification des spectateurs aux personnages du film.

Une avant-première spéciale à l’UNESCO

Une semaine avant la sortie nationale du film, celui-ci a été projeté à la Maison de l’UNESCO à Paris, en présence de la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay et du réalisateur Ari Folman.

Avant la projection du film, Audrey Azoulay a rappelé l’importance du journal d’Anne Frank dans notre patrimoine historique et la manière dont il a contribué à la fondation de l’ONU puis de l’UNESCO, qui cherche à prévenir des génocides et du racisme par la transmission de la connaissance (le journal est inscrit au Registre international de la Mémoire du monde de l’UNESCO). La directrice générale de l’UNESCO explique d’ailleurs que « c’est grâce à cette jeune fille que nous avons pu comprendre le génocide des Juifs, de nous représenter l’irreprésentable ».

Lors de cet événement organisé en partenariat avec le Fond Anne Frank de Bâle, créé en 1963 par Otto Frank, du matériel pédagogique créé par le réalisateur Ari Folman et l’UNESCO a été présenté. Celui-ci, qui sera disponible dès la sortie du film, permettra aux jeunes du monde entier de contextualiser le journal d’Anne Frank et d’en apprendre davantage sur les droits de l’enfant, le racisme, ainsi que sur les notions d’asile et de réfugiés.

Le réalisateur Ari Folman et la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, à la Maison de l’UNESCO le 1er décembre 2021.

Nous ne pouvons que vous inviter à voir dès mercredi ce film familial, qui met en avant les pays qui commémorent Anne Frank mais oublient les leçons données par son destin, au moment où nous devons au contraire faire preuve d’empathie avec ceux qui fuient des zones de guerre.

Sources : Cineuropa, Fnac (1) (2), Allociné

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki

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[Journée mondiale de l’égalité des chances en collaboration avec l’Antenne UNICEF]

Le renforcement de l’égalité des chances par le système scolaire 

Qu’est-ce que l’égalité des chances ? 

Elle consiste en la garantie d’une égalité aux mêmes opportunités entre les tous individus, sans avoir comme facteurs limitants leur moyen financier, religion, sexe, ethnie, handicap, origine sociale, etc. Cela résulte, par exemple, à l’accès égalitaire aux emplois et aux formations supérieures. Selon André Comte Sponville, il s’agit du “droit de ne pas dépendre exclusivement de la chance ou de la malchance”.

L’égalité des chances ne cherche pas à mettre fin aux inégalités sociales en soit, mais se manifeste principalement à travers le fait de favoriser des populations faisant l’objet de discrimination, afin de garantir leur équité de traitement. Cela encourage un système de méritocratie : tout va dépendre du travail, des capacités et de l’implication de l’individu dans la société et ses responsabilités.

L’éducation, plus particulièrement le système scolaire, dispose d’une grande valeur symbolique en tant que levier de développement social. Le système scolaire s’apparente au terrain favori de la mise en œuvre de l’égalité des chances en ce qu’il concerne la majorité de la population et qu’il donne des outils de développement à des individus qui se construisent. Dès lors, le système scolaire veille à écarter les facteurs d’inégalités sur lesquels l’individu n’exerce aucun contrôle afin d’assurer l’accès à l’éducation à tous.

L’égalité des chances se rapproche ainsi du principe de l’équité et le système scolaire comme favorisant un ascenseur social. Il convient alors de se demander comment les réformes nationales et internationales du système scolaire peuvent contribuer au renforcement de l’égalité des chances. 

L’égalité des chances passe par, en premier lieu, l’accès à l’éducation pour tous dans le monde. Il y a encore 58 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire non scolarisés, et 63 millions d’adolescents en âge d’aller au collège qui ne sont pas à l’école. Il est important de noter que le droit à l’éducation des enfants est consacré aux articles 28 et 29 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de 1989, signée par tous les pays à l’exception des États-Unis. La CIDE assure l’égalité des chances en appliquant 3 principes fondamentaux: enseignement primaire et secondaire gratuit, universel et obligatoire.

Plus les enfants sont vulnérables, moins ils peuvent participer. A force d’être considérés comme des victimes, des handicapés, des étrangers, incapables, arriérés, difficiles, paresseux, perturbateurs, certains enfants qui vivent des réalités difficiles finissent par penser que tout est déterminé et qu’ils n’ont ni le choix ni les capacités d’agir. 

La participation de tous les enfants est fondamentale pour sortir de ces représentations négatives, et pour leur donner le temps et l’espace nécessaires pour réfléchir, et après agir. Les plus vulnérables peuvent jouer un rôle important dans la société. Ils ne sont pas des victimes passives ou la source des problèmes. Ils sont des individus à part entière qui, à leur niveau, veulent et peuvent contribuer à donner forme à la société.

Un des buts de l’UNICEF est d’augmenter le nombre d’enfants scolarisés : passer à 619 millions d’enfants, dont l’âge est compris entre 3 et 18 ans, scolarisés dans le monde en 2030 (soit 57% de plus qu’aujourd’hui). Elle a 4 objectifs majeurs : le premier est d’équiparer l’éducation des filles et des garçons (sans distinction en fonction du sexe), car les filles rencontrent d’autant plus de difficultés et de nombreuses sociétés inégalitaires freinent leur accès à l’éducation. De plus, certaines sociétés sont porteuses de pratiques culturelles nuisant à ces dernières. Cela se traduit aussi par des violences sexuelles à leur égard, et un manque d’infrastructures et moyens hygiéniques nécessaires à leur santé.

Les autres objectifs sont en relation à l’apprentissage et l’acquisition de compétences dans le cadre d’un système d’éducation solide et au moyen de solutions innovantes; de l’éducation en situations d’urgence et contextes fragiles, envisageant l’amélioration de l’apprentissage et de la protection des enfants en situation d’urgence et en déplacement. Le maintien du statu quo ne permet pas d’améliorer les résultats d’apprentissage, et c’est fondamental l’adoption d’une nouvelle approche plus radicale, axée sur le renforcement de l’apprentissage, fondement de la stratégie mondiale de l’UNICEF en faveur de l’éducation.   

Pour construire un monde où chaque enfant apprend, l’UNICEF s’engage à promouvoir de plus en plus l’équité et l’inclusion, en menant des actions ciblées en faveur des enfants exclus pour des motifs liés au genre, au handicap, à la pauvreté, à l’origine ethnique et à la langue, ainsi qu’en faveur des enfants déplacés ou aux prises avec une situation d’urgence. 

Les objectifs de 2021: offrir un accès à l’éducation préscolaire, primaire ou secondaire à 60 millions d’enfants déscolarisés, contre 10 millions auparavant, fournir du matériel pédagogique ou préscolaire individuel à 93 millions de filles et de garçons, contre 15,7 millions et améliorer les résultats d’apprentissage des filles et des garçons dans 79 % des pays, contre 62 % et 60 % respectivement.

L’UNESCO s’engage également à assurer l’égalité des chances en matière d’éducation par l’adoption de l’Objectif de développement durable 4 sur l’éducation et le Cadre d’action Éducation 2030 pronant l’inclusion et l’équité comme gage d’une éducation de qualité.

L’éducation est d’ailleurs l’un des fondements principaux de cette organisation, elle a pour objectif principal de permettre à tous les apprenants de réaliser leurs droits et leur potentiel par l’éducation.

La Convention de l’UNESCO concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement en 1960 interdit l’exclusion ou toute restriction dans l’éducation, fondée sur toute différence socialement perçue telle que par le sexe, l’origine ethnique/sociale, la langue, la religion, la nationalité, le statut économique, les aptitudes.

L’UNESCO coopère avec les gouvernements pour l’insertion dans l’éducation des personnes qui en sont écartées, notamment les filles, dont l’éducation des filles en science, technologie, ingénierie et mathématiques, des personnes en situation d’handicap ou encore des personnes parlant une langue locale minoritaire.

En ce qui concerne le plan national français, la question de l’accès à la scolarité a énormément évolué. 

La scolarisation des enfants de 6 à 13 ans, tous sexes confondus, a été rendue obligatoire et gratuite en France par la loi du 28 mars 1882 de Jules Ferry. Elle prévoit notamment à l’article 4 la nécessité de créer une éducation adaptée aux enfants sourds-muets et aux aveugles. Cela marque alors le début de l’accès à l’éducation pour tous, renforçant l’égalité des chances. Plusieurs années après, l’âge fut étendu jusqu’à 14 ans avec la loi du 9 août 1936 sous l’initiative de Jean Zay. C’est enfin avec la réforme Berthoin sous l’ordonnance du 6 janvier 1959 que l’éducation devient obligatoire jusqu’à 16 ans. Néanmoins, cette ouverture de l’enseignement est restée minime après ces réformes. En effet, une distinction était opérée entre le primaire considéré comme “l’école du peuple” car ouvert à tous, et le secondaire réservé aux classes bourgeoises. Il faut attendre 1963 pour que cela soit aboli avec la réforme Fouchet-Capelle, qui met en place les collèges d’enseignement secondaire. 

Par conséquent, alors qu’à la fin de l’Ancien Régime en France, l’éducation ne concernait seulement qu’un quart des enfants, ces nombreuses réformes ont grandement accru ce pourcentage. 

Une fois la première étape de l’accès à l’éducation primaire franchie s’est posée la question de comment améliorer le système scolaire. Une série de changements dans l’organisation des institutions scolaires a été opérée tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle à la suite de la massification scolaire. Afin de minimiser les écarts dans l’éducation les enfants, est instauré en 1975 le collège unique posant un socle de connaissances communes à tous. En revanche, une spécification prend place au lycée. Ainsi sont créés les IUT en 1966, le bac technologique en 1965 et le bac professionnel en 1985 pour permettre une ouverture de choix plus large aux élèves en fonction de leurs capacités, et ainsi rallonger leurs années d’étude. Cette volonté s’exprime à travers le plan d’une politique de “80% d’une génération au baccalauréat” lancée par le ministre Jean Pierre Chevènement en 1980. 

En outre, alors que s’instaurait, en baccalauréat général, une hiérarchie des filières scientifiques, économiques et littéraires, une réforme a été mise en place dès 2020 sous l’initiative du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer pour abolir les inégalités liées au choix de filière. Désormais, les élèves doivent décider de 3 matières à poursuivre comme majeures en classe de première. Une véritable diversité peut être constatée dès le lycée, permettant ainsi à tous de trouver ce qui leur convient le plus. Le système scolaire s’adapte aux besoins des élèves, et essaye ainsi de n’en laisser aucun de côté. 

D’autre part, le gouvernement français exprime sa volonté d’aller chercher toutes les classes sociales sur la route de l’éducation. De ce désir découle le projet de l’éducation prioritaire en France. Créé en 1981, il a pour objectif de réduire l’impact des inégalités socio-économiques, et ainsi le risque d’échec scolaire, par une action renforcée dans les zones dites prioritaires (ZEP), donc de garantir une meilleure égalité des chances. Depuis la refonte de 2015, les ZEP ont changé de nom, devenant réseau d’éducation prioritaire (REP), et excluent désormais les lycées. 730 collèges en REP peuvent être, aujourd’hui, comptés en France. 

Toutes ces mesures se traduisent par des résultats conséquents. En effet, le taux de scolarisation par âge a fortement augmenté, s’élevant à 79,3 % en 2018 à 18 ans (Insee), soit l’âge du baccalauréat. À cela s’ajoute la multiplication par 2 du pourcentage de réussite à ce dernier entre 1985 et 1995. De plus, les années d’études se sont vues être allongées avec un basculement de l’âge médian des étudiants de 19 à 22 ans entre 1987 et 1997. Enfin, bien que des mineurs sortent toujours du système scolaire avant leurs 18 ans, le nombre de ceux qui obtiennent un diplôme est passé de 16 à 31%, ce qui constitue un progrès non négligeable. 

Malgré toutes ces avancées, des obstacles restent toujours présents, tels que la forte disparité sociale des étudiants dans les établissements privés et publics, ou encore l’accès à certaines écoles dans le supérieur du fait de leur prix conséquent, en dépit des bourses. 

Cet article n’engage que ses auteures!

MIGNOT Morgane AMADY Nasrine MARUJO Luisa 

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À la croisée des genres : Exposition Cinémode à la Cinémathèque.

À la croisée des genres avec Jean Paul Gautier

Le couturier réinvente les codes . Les visiteurs sont ravis. Jean Paul Gaultier remporte son pari.

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« J’ai voulu montrer l’évolution de la femme et de l’homme dans le cinéma et dans la mode ». Le couturier de renom Jean Paul Gaultier s’ouvre à de nouvelles perspectives. Son exposition CinéMode révolutionne les codes vestimentaires masculins et féminins. Tenues, photographies, esquisses et extraits de films permettent à Gaultier de jouer avec les genres et de mettre en scène l’épopée de femmes libérées. 

Transgressions

De Pedro Almodovar en passant par Luc Besson, Gaultier transgresse les codes . Le visiteur se laisse volontiers emporter par la féminité exacerbée de Marilyn Monroe puis se retrouve désarçonné par le style masculin féminin de Marlene Dietrich . Parmi les échafaudages, le couturier guide le visiteur jusque dans les années 1970, époque qui popularise le scandale. Les héros de cinéma travestis sont mis en avant : Marinières aux dos dénudés pour homme, Gaultier s’amuse! Le pari est réussi, les visiteurs repartent assurément conquis avec une question rhétorique en tête : le mélange des genres peut-il conduire les hommes et les femmes à leur liberté? 

Le diable s’habille en Gaultier

Gaultier perd le visiteur. Le créateur de mode se contredit. Le pari est perdu pour le couturier. 

Une image contenant texte, habillé

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« Enfant terrible de la mode » Jean Paul Gaultier en devient le diable à son insu. Le Commissaire d’exposition tend réinventer dans son CinéMode les codes contemporains entre les hommes et les femmes. Sans doute aurait-il fallu pour cela abandonner le thème du corset au début de l’exposition. 

Male Gaze

Féministe engagé cela reste à confirmer. Les baisers féminins, Gaultier en raffole! Le visiteur tombe sur un extrait de Catherine Deneuve et Fanny Ardant qui échangent un baiser plus qu’enflammé dans Huit femmes de François Ozon. Exposer à la vue de tous un baiser féminin idéalisé par un homme, voilà un acte assurément féministe! Le fil conducteur se rompt avec Orange Mécanique de Stanley Kubrick où viol et meurtre font évidemment de l’homme le prédateur sexuel par excellence! Pour apaiser les esprits à la fin de la visite, le couturier choisit d’exposer les tenus de ses plus beaux défilés. Là encore point de mélange des genres, la robe de mariée de Brigitte Bardot rose Vichy en est le témoin. Le diable a été sage de prendre sa retraite en 2020. Prière aux jeunes créateurs de reprendre le flambeau !

Nadélia Zulueta Rosales

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[Portraits de personnalités inspirantes : Joséphine Baker]

Célèbre artiste de music-hall, figure éminente de la résistance et de la lutte anti-raciste, Joséphine Baker entre au Panthéon le 30 novembre 2021 parmi les quatre vingt personnalités qui y reposent, en tant que sixième femme et première Noire. Le président de la République, Emmanuel Macron lui rend hommage.

Reconnue pour son succès en tant que meneuse de la Revue Nègre, spectacle musical qui se tient à Paris en 1925, Joséphine Baker a usé de sa notoriété au service des autres.

Actrice dans le film Zouzou, interprète de la chanson « J’ai deux amours », véritable muse des artistes cubistes, elle s’impose comme une icône en France. A l’inverse, étant issue d’une famille métissée Africaine-Américaine et Amérindienne, elle souffre de la ségrégation dans son pays natal, les Etats-Unis. En 1937, elle obtient la nationalité française.

Sous couvert de son succès artistique, Joséphine Baker a joué un rôle éminemment politique durant la Seconde Guerre Mondiale au profit de la France.

Selon une enquête du journal Le Monde auprès du service historique de la Défense, des documents et archives révèlent que Joséphine Baker a travaillé dans le contre-espionnage à Paris aux côtés de Jacques Abtey. Lors des dîners mondains, elle veille à obtenir des informations auprès des forces ennemies.

Après la défaite de la France et le début de l’occupation allemande, elle est recrutée dès 1939 par le 2ème bureau des Forces Françaises Libres en tant qu’honorable correspondant. Jacque Abtey se fait passer pour son manager, sous le nom de Jacque Hébert, voyageant dans l’ombre de la chanteuse il transmet des informations relatives aux positions ennemies. Afin de dissimuler les informations, il retranscrit une partie de celle-ci sur les partitions de Joséphine Baker. 

« C’est la France qui m’a faite. Je suis prête à lui donner aujourd’hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez ». 

JOSEPHINE BAKER

Envoyée en mission au Maroc, suite à la libération par les Alliés de l’occupation à Casablanca, Joséphine Baker intègre l’armée française. Titulaire d’un brevet de pilote, elle se joint aux forces françaises et se produit dans une tournée pour les soldats de l’armée dans diverses régions d’Afrique du Nord alors que les combats ne sont pas terminés. Ses concerts remontant le moral des troupes françaises ont permis de remplir les caisses de l’armée à hauteur de 10 millions d’anciens francs et de promouvoir le Général de Gaulle et la France libre. Pour le gouvernement naissant en Afrique du Nord, l’officier de propagande Baker est un atout précieux.

En 1946, Joséphine Baker reçoit la médaille de la Résistance et de nombreux officiers et lieutenants considèrent qu’elle mérite la légion d’honneur à titre militaire. Cette potentielle décoration est contestée par certains estimant qu’elle devrait la recevoir à titre civile. Le 19 aout 1961 Marcel Valin lui remet la Légion d’honneur à titre civil ainsi que la Croix de guerre avec Palme distinguant le combattant de guerre qui s’est signalé au feu par une action d’éclat caractérisée.

Joséphine Baker.

            Son combat pour la liberté ne s’est pas arrêté à la fin de la guerre. Figure de la lutte anti-raciste à 57 ans elle a marché pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King. En France elle crée son « Village du Monde » au Château des Milandes et écrit plusieurs ouvrages dont « Mon Sang dans tes veines », réflexion sur l’injustice de la discrimination raciale. Dans ce « Village du Monde » a adopté 12 enfants de nationalités différentes, qu’elle appelait sa tribu arc-en-ciel. Il y eut : Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ; Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français et d’origine Juive ; Jean-claude et Noël Français, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina Marocaine. 

Ainsi, elle prouve que les différences n’entravent en rien la vie commune dans la paix.

“Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour.”

 JOSEPHINE BAKER

Nasrine AMADY 

Cet article n’engage que son auteure

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Exposition Thierry Mugler : « Ma mesure, c’est la démesure »

Du 30 septembre 2021 au 24 avril 2022, le musée des arts décoratifs de Paris dédie l’exposition Couturissime, au créateur de génie Thierry Mugler. Loin de se cantonner à une spécialité artistique, vous pourrez admirer, ses créations de parfums, ses collections de haute couture les plus extravagantes ainsi que ses photos et publicités les plus iconiques.

Thierry Mugler, né à Strasbourg en 1948, grandit dans la musique, la danse, le théâtre et les arts, ce qui le conduit à une carrière artistique diversifiée et passionnée. Ainsi, il commence la danse classique à 9 ans, puis découvre l’univers du théâtre et des spectacles. Souhaitant évidemment s’orienter dans une carrière artistique et notamment le dessin, il rejoint l’école des Arts décoratifs de Strasbourg pour devenir architecte d’intérieur. Très vite, il rêve d’une vie plus extravagante et part s’installer à Paris à 21 ans. Il commence par se faire un nom en fréquentant le milieu homosexuel de Paris, ose vendre ses premiers croquis et concevoir ses premières tenues qu’il porte fièrement avant de se lancer réellement et d’ouvrir sa propre boutique nommée « Gudule ».

Cela marque le début de sa carrière de styliste, qui le mène d’abord à travailler pour des grandes maisons de prêt-à-porter puis à créer ses premières collections. La première s’appelle ainsi « Café de Paris », qu’il veut « hyper féminine », créant un équilibre entre les tenues pour femmes classiques et la modernité qu’il se sent capable de leur offrir. Il acquiert d’abord une renommée internationale dans les années 1980 et 1990 pour ses tenues qu’il veut extravagantes et puissantes. C’est en 1992 qu’il crée sa première collection de haute couture et reprend la direction artistique de ses parfums à son nom. Après un succès international, il décide de s’éloigner de la mode en 2002, en renonçant à son titre de directeur artistique. Son souhait omniprésent dès le début de sa carrière était de redécouvrir les domaines qui le faisaient rêver dans son enfance, comme la mise en scène, la création de costumes ou encore la photographie.

L’exposition retrace la carrière artistique de Thierry Mugler et les différents pans de celle-ci. Elle commence par ses collections les plus célèbres, dans différentes salles regroupant les thèmes qui les ont guidées : les animaux et insectes, les créatures fantastiques et de fiction, les voitures, la culture américaine… Ce qui saute aux yeux est la capacité de Thierry Mugler à créer de toute pièce différents univers dont les personnes sont représentés par des tenues toutes plus uniques et extravagantes les unes que les autres. Ses défilés étaient par ailleurs, d’abord pensés comme des shows, fantaisistes, démesurés et futuristes, offerts aux spectateurs.

« I want my models to be bigger, stronger and taller than common mortals. I need superwomen and supermen. »

Cette visite permet également de voir ses différentes collaborations artistiques relatives à l’univers musical ou cinématographique, comme un clip de Georges Michael ou sa collaboration avec la pièce de théâtre de lady Macbeth à Paris. Mugler a d’ailleurs créé des pièces uniques sur demande pour les plus grandes stars internationales au fil du temps, preuve que ses pièces sont intemporelles, comme David Bowie, Kim Kardashian ou encore Beyoncé (dont il deviendra le conseiller artistique lors d’une tournée).

Cette immersion nous offre également la possibilité de découvrir les œuvres moins connues dans l’univers de la photo et des publicités, prises généralement sur les plus beaux monuments de Paris ou New York et montrant toujours une certaine démesure pour mettre en avant ses tenues et modèles.

Cette exposition-évènement nous immerge de façon grandiose dans la vie artistique de Thierry Mugler. Il nous stupéfie tant par la diversité de ses activités artistiques que par la fantaisie qu’il impose dans les univers créés. L’univers Mugler fascine depuis sa création et les prémisses de ses défilés jusqu’au monde contemporain que l’on connait aujourd’hui, plus proche de sa vision futuriste de l’art et de la démesure.

Sources : MAD Paris, Vogue, Beaux Arts

Cet article n’engage que son auteure.

Clémence Hoerner

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[Amadou Hampâté Bâ : La tradition orale africaine à l’UNESCO]

« Un vieux maître d’Afrique disait : il y a ma vérité et ta vérité, or la vérité se trouve au milieu. Pour s’en approcher, chacun doit se dégager un peu de sa vérité pour faire un pas vers l’autre ». Amadou donna cette leçon à la jeunesse Africaine, aujourd’hui, ces paroles prennent tous son sens. Défenseur de la société traditionaliste, il reconnait qu’elle avait « ses tares, ses excès et ses faiblesses ». Cependant elle était avant tout « une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. », même au niveau écologique : « L’homme était également considéré comme responsable de l’équilibre du monde naturel environnant, il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n’est pas sa propriété mais un dépôt sacré confié par le créateur et dont il n’était que le gérant ».

Amadou Hampâté Bâ est né en 1900au sein d’une famille de traditionnalistes Peul et décédé en 1991. Il est une figure importante pour la représentation de la culture Africaine et particulièrement pour le peuple Peul : contes, romain initiatiques, poésies. De nombreux proverbes africains lui sont attribué. C’est notamment lui qui est à l’origine du célèbre proverbe « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Ses romans ont été traduit dans de nombreuses langues étrangère. Ce grand personnage né à Bandiagara au royaume d’Ogon (Mali) rejoint le conseil exécutif de l’UNESCO de 1962 à 1970. Son parcours atypique commence à l’école coranique de Tierno Bokar , une haute figure de la spiritualité musulmane Africaine. Il est ensuite réquisitionné par l’école française de Bandiagara et continuera ses études à Djenné, école que la colonisation française destinait au « fils de chef ». En 1921, Amadou refuse d’entrer à l’École normale de Gorée. A titre de punition, le gouverneur l’affecte à Ouagadougou en qualité d’écrivain temporaire à titre essentiellement précaire et révocable ». Cette attribution le fera rire bien plus tard. De 1922 à 1932, il occupe plusieurs postes dans l’administration coloniale en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) puis jusqu’en 1942 à Bamako. Après 1942, il rejoint l’institut français d’Afrique noire (IFAN) de Dakar. Il y effectue des enquêtes ethnographiques et y recueille des traditions orales. Amadou, en tant qu’ethnologue Africain prône une ethnologie des monde Africains et de leurs différentes ethnies par des ethnologues africains qui seraient plus apte à comprendre la portée des traditions et la profondeur du mythe qui entoure les rituels. En tant que membres de ces communautés, les ethnologues Africain aurait pour mission de retranscrire à l’écrit les traditions orales des peuples africains. L’ethnologue étranger, lui, qui veut cerner la portée d’une tradition sera confronter à des problèmes d’adhésion à la communauté étudié. Pendant 15 ans, Amadou se consacre à l’étude des Peuls, il a pu ainsi rassembler un considérable trésor d’archives, qui alimentera les publications savantes pendant de longues années. Il finira par rédiger L’empire peul du Macina, une synthèse historique exploitant la tradition orale. En 1951, il obtient de l’UNESCO une bourse lui permettant de se rendre à Paris et de rencontrer les milieux africanistes. Quand le Mali obtient son indépendance en 1960, il devient un acteur et fonde l’institut des sciences humaines à Bamako et représente le pay à la conférence générale de l’UNESCO. En 1962, il est élu membre exécutif du conseil, quatre années plus tard, il participe à l’élaboration d’un système unifié pour la transcription des langues africaines. En 1968, il est élu ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire. En 1975, il est récompensé par l’Académie française en reconnaissance ses services rendus au dehors, à la langue française.

Lors de la conférence générale de l’UNESCO du 1er décembre 1960, il demande « que la sauvegarde des traditions orales soit considérée comme une opération de nécessité urgente au même titre que la sauvegarde des monuments de Nubie ». Il accompagne son discours de ces paroles : « Je considère la mort de chacun de ces traditionalistes comme l’incendie d’un fond culturel non exploité ». Lors de son mandat à l’UNESCO, Amadou Hampâté Bâ défend les traditions africaines avec la plus grande ferveur, les Africains ne sont pas ignorants mais leurs savoir réside dans la tradition orale, les savoirs, mythes et les formes d’éducations se comprennent par l’oralité. Pour Amadou, chaque geste, chaque discussion a une portée éducative, d’où l’importance d’appartenir au groupe d’étude pour mieux comprendre les mécanismes informels qui régissent la vie de tous les jours en détails. Une fondation Ahmadou Hampâté Bâ, soutenue par les autorités ivoiriennes, a été créé à Abidjan, avec pour vocation, entre autres de préserver les patrimoines manuscrits et les recherches et archive de l’écrivain.

Cet article n’engage que son auteur.

Auxence Jobron.

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