[Portraits de personnalités inspirantes : Margaret Keane l’ombre des Big Eyes (1927) ]

Margaret Keane est une artiste peintre américaine connue pour ses portraits originaux d’enfants et d’animaux aux yeux surdimensionnés mais dont le mérite a longtemps été attribué à son ancien époux, Walter Keane.

Margaret Keane, de son vrai nom Peggy Doris Hawkins, est née le 15 septembre 1927 à Nashville dans le Tennessee. Immergée dans l’art dès son plus jeune âge, très vite elle témoigne de son penchant pour la création de personnages aux grands yeux menaçants. Elle ira étudier au Watkins Art Institute de Nashville et à la Traphagen School of Design de New York avant d’épouser Frank Ulbrich avec qui elle aura une fille, Jane. 

Le travail de Margaret Keane est influencé par Amedeo Modigliani sur la façon dont elle peint les femmes. Van Gogh, Gustav Klimt et Picasso ont également influencés Margaret dans l’utilisation de la couleur, la dimension et la composition de ses toiles. Elle travaille à la fois sur des peintures à l’acrylique et à l’huile.

Le basculement de sa vie commence au début des années 1950, lorsqu’elle quitte son époux avec sa fille, et décide de s’installer à San Francisco. Alors que sa nouvelle vie dans sa nouvelle ville débute, Margaret rêve de pouvoir vivre de ses peintures représentant les êtres vivants qui l’entourent. Elle leur dessine de grands yeux, ressemblant à des biches, qui permettent de traduire les émotions qui se cachent dans chacun de ses personnages. Elle en fait sa signature à travers des portraits d’enfants et se concentre sur les yeux car dévoilant plus la personne intérieure. On retrouve dans ses tableaux la joie, la compassion et l’amour. Ce feu d’artifice de sensations, distingue Margaret des autres artistes de son époque. 

C’est à cette même époque, en 1953, qu’elle rencontre Walter Keane avec qui elle se marie à Honolulu en 1955. A partir de ce moment commencent les années d’oppressions subies par Margaret. En effet, celui-ci réussit à s’approprier les toiles de Margaret et vend les oeuvres de son épouse sous son nom. Alors que ces oeuvres remportent un grand succès, la véritable artiste reste dans l’ombre de son mari. 

Après 10 ans de vie commune, Margaret Keane part s’installer à Hawai et décide de se rendre justice. Après l’approfondissement de sa foi en devenant Témoin de Jéhovah, elle dénonce la supercherie de son mari grâce à une radio locale. Alors que Walter Keane réclame des droits sur les oeuvres, le conflit mène au divorce des deux époux. Lors du procès, Margaret prouve qu’elle est bien l’auteur des tableaux et peint elle-même une toile devant le juge en 53 minutes. Walter Keane, quant à lui, refuse de se prêter au jeu. La vérité est rétablie et Margaret reçoit des dommages et intérêts.

Le nom de Margaret Keane a été remis sur le devant de la scène grâce à l’adaptation cinématographique de son destin, comme dans Sleeper (1973) de Woody Allen et dans Big Eyes (2014) de Tim Burton. Dans Big Eyes Tim Burton met à la lumière du grand public la vie et l’oeuvre de l’artiste, ainsi que la scandaleuse injustice infligée par son ancien mari. Ce film biographique met en scène Margaret, jouée par l’actrice Amy Adams, et Walter, joué par l’acteur Christoph Waltz. On voit également l’artiste apparaitre elle même dans l’une des scènes du film.

Aujourd’hui, Margaret Keane continue de peindre chez elle, à Napa, en Californie. L’explication de ses oeuvres se trouve dans ses mots: « Les yeux que je dessine sur mes enfants sont une expression de mes sentiments les plus profonds. Les yeux sont les fenêtres de l’âme ».

Cet article n’engage que son auteure.

Article de : Nastasia Syed

Partager :

[Les Fourmis de Bernard Werber : à la rencontre d’un monde souterrain]

Publié en 1991, Les Fourmis de Bernard Werber est le premier tome d’une trilogie plongeant le lecteur au sein d’un univers inconnu de l’homme : celui des fourmis et autres insectes se trouvant sous nos pieds.

Deux histoires pour le prix d’une

Ouvrir cet ouvrage de Bernard Werber, c’est non seulement découvrir un monde nouveau, celui des fourmis, mais c’est aussi être tenu en haleine jusqu’aux dernières pages grâce à une intrigue policière. Ce sont deux histoires aux univers bien distincts qui s’entrecroisent : l’une se déroulant dans le monde des humains et l’autre dans celui des insectes. Aux premiers abords, elles semblent n’avoir aucun lien entre elles, mais elles finiront par se rejoindre. 

Les Fourmis c’est d’abord un roman policier. À la mort de son oncle biologiste, Jonathan Wells hérite de l’ancien appartement de celui-ci. S’aventurant dans la cave, il va découvrir les travaux menés par son oncle au sujet de l’univers des fourmis. Cependant, un jour, Jonathan ne remonte pas de la cave. Va s’ensuivre alors une succession de mystérieuses disparitions des personnes parties tour à tour à sa recherche. 

Les Fourmis, c’est ensuite une plongée, aux allures de documentaire, au sein d’un monde qui se trouve sous nos pieds ; celui des fourmis. Bernard Werber nous conte le quotidien d’une fourmilière au travers des aventures de trois fourmis. On y apprend leur mode de fonctionnement, leurs guerres, l’histoire de leur colonie… 

Ces deux histoires sont relatées à tour de rôles, mais sont également entrecoupées par des extraits de L’encyclopédie du savoir relatif et absolu. Cet ouvrage, écrit de son vivant par l’oncle de Jonathan, est composé de réflexions philosophiques, d’informations biologiques, mais également d’anecdotes farfelues, et d’énigmes logiques. 

« La nature hait l’uniformité et aime la diversité. C’est là peut-être que se reconnaît son génie »

Au sein de ce roman, l’auteur nous livre les pensées de ces insectes, il les dote même de la parole. Les fourmis sont humanisées, elles ont leur humour, leurs histoires d’amour et leurs rivalités, leurs guerres et leurs services secrets.      

On ne peut alors s’empêcher d’établir des parallèles entre leur univers et celui des humains. On s’amuse à découvrir leurs différences et leurs similitudes, et on en revient presque alors à envier cette société fourmilière fondée sur la solidarité qui pourrait être un exemple d’organisation sociale pour les humains.

Les fourmis ont été là avant nous et le seront sans doute après, elles sont plus nombreuses, plus résistantes et semblent parfois plus humaines.

Ainsi, avec son premier ouvrage Bernard Werber nous surprend grâce à un sujet original reposant sur une écriture fluide et un récit intelligemment construit alternant deux intrigues.

Les extraits d’encyclopédie, aérant l’histoire, nous permettent non seulement d’en apprendre un peu plus sur le monde des insectes, et ce de manière ludique grâce à une vulgarisation scientifique évoquant leur morphologie, leur mode de reproduction ou encore la répartition des rôles au sein d’une fourmilière. Mais ces extraits invitent également à la réflexion sur nos modes de consommation, ou tout simplement notre manière d’envisager la vie.

Petit bémol cependant pour l’histoire se déroulant dans le monde des humains : parfois un peu répétitive et redondante, certaines actions auraient sans doute gagné à être écourtées. De même pour le dénouement de l’enquête qui peut sembler quelque peu absurde. 

Ceci dit, si vous cherchez un roman facile à lire, capable de vous divertir autant que de vous instruire, Les Fourmis de Bernard Werber est fait pour vous. À la fin de la lecture, il ne fait aucun doute que vous ne regarderez plus jamais les insectes de la même façon. 

Article de : Fatma Kebe

Partager :

[Rubrique culturelle : exposition Soleils Noirs]

C’est une exposition très touchante qui se tient actuellement au Louvre Lens, jusqu’au 25 janvier prochain.

En guise d’introduction la direction du musée rappelle comme il tient à coeur de donner la parole à cette couleur qui est emblématique de l’histoire de la région du Pas de Calais. De manière très naturelle c’est ainsi que l’espace du musée rend hommage au passé minier qui se trouve sous ses fondations.

Au fil des pièces du musée, peintures, sculptures et fragments monumentaux orchestrent une symphonie envoûtante, qui rassemble en un congrès éblouissant des oeuvres que le temps sépare de plusieurs siècles voire millénaires.

De la statuaire égyptienne, à l’aube du XXI e siècle une histoire vivante du noir se dévoile peu à peu en laissant la belle part à notre imaginaire individuel et collectif. Notre rapport à l’obscurité s’interroge, et les contrastes se font de plus en plus nets dans notre perception: vision réelle ou vision rêvée, mort et éternité, l’ombre et l’éblouissement, mystères et évidences…On en retient que ces dualités semblent nécessaires à la prise de conscience de la force des beautés multiples.

On rencontre un rideau de nuit et le basculement du jour, dans la peinture du XIX e siècle qui trône tout au long du parcours. En filigrane, l’art sacré médiéval et la spiritualité sont clairement expliqués et s’en suit la représentation ténébriste de la figure humaine. Le noir inséparable de la lumière permet d’admirer le lien entretenu avec cette densité dans l’histoire des idées, et en peinture une délicate histoire du costume nous introduit aux différentes pensées qui se conjuguaient dans le port du noir, témoin de prospérité, de sobriété religieuse et de deuil.

Il est très intéressant de comprendre quelles sources mènent à une telle production, et c’est ainsi que se croisent les textes sacrés, la mythologie, et la poésie en particulier avec la série des Noirs d’Odilon Redon inspirée des vers d’Edgar Allan Poe par exemple.

La richesse de cette exposition repose sur la diversité de la provenance des œuvres présentes au Louvre Lens, sur leur grand format tel l’Ombre de Rodin, mais aussi par les formes qu’elle prend tout particulièrement en ce moment de flottement et d’adaptation vitale pour les musées en ces temps de confinement.

Les organisateurs ont dû composer une installation surprise par des annulations de prêt et adapter la scénographie des salles en conséquence. De plus, c’est avec un grand enthousiasme que nous pouvons encore participer à ce voyage grâce aux contenus virtuels créés pour maintenir l’expérience artistique. Le site du louvre lens à la maison propose une réinvention de la médiation à travers des explications d’oeuvres en podcasts ( https://www.louvrelens.fr/podcasts-exposition-soleils-noirs/ ), une visite virtuelle et diverses activité en lien avec cette exposition d’une grande beauté.

Pour continuer le voyage:

Visite Virtuelle par la directrice du Louvre Lens

L’univers d’Odilon Redon:

https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/odilon-redon-noirs-et-lumineux-dessins-symbolistes-11137628/

ns-symbolistes-11137628/

Soulages et Hartung, une amitié scellée dans le noir

http://www.lecurieuxdesarts.fr/2018/03/une-amitie-scellee-dans-le-noir-pierre-soulages-et-ha

ns-hartung-christie-s-paris.html

Les Fables de La Fontaine illustrées par Gustave Doré

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65833937/f243.item

Article de : Albane Aumond Levesque

Partager :

[Acteurs de la culture : Interview d’Héloïse Guyard, artiste plasticienne]

Héloïse Guyard est artiste plasticienne. En plus de la production d’œuvres, elle organise des ateliers et expose ses œuvres dans des écoles, collèges, lycées et universités, situés dans des zones ayant peu ou pas accès à la culture. Lors de ces échanges avec les élèves, elle les incite à développer un esprit critique.

Voici la transcription de l’Interview :

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Heloïse Guyard. Je suis artiste plasticienne. J’habite en Normandie où je travaille et je travaille également à Paris où j’ai gardé un petit atelier.

Pouvez-vous présenter votre formation (études, réorientation…) ?

J’ai un parcours un peu particulier. Après le bac, j’ai d’abord commencé par un an aux Ateliers de Sèvres à Paris, pour préparer les concours des grandes écoles d’art. Je n’ai pas eu les écoles que je voulais donc je suis allée aux Ateliers Beaux-Arts de la ville de Paris, à Glacière dans le XIIIème arrondissement, j’ai adoré ! J’ai eu les Beaux-Arts de Marseille mais je suis partie au bout de 3 mois. Je n’ai pas du tout été heureuse dans cette école. Je suis retournée à Glacière et j’ai terminé mon année là-bas. J’ai eu les Arts-Déco de Paris et j’ai été très fière d’avoir eu le concours mais j’ai été aussi malheureuse et au bout d’un an je suis partie. Les grandes écoles d’art ne m’intéressaient pas vraiment. A partir de là, j’ai voyagé, j’ai fait des carnets de voyage et je suis partie 6 mois en Amérique Latine. En rentrant, j’ai commencé à exposer et à donner mes premiers cours de dessin. Finalement, je suis diplômée d’un DNSEP ART (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) aux Beaux-Arts du Havre, que j’ai fait en V.A.E (Validation des Acquis et de l’Expérience). Quand j’ai eu mes enfants je me suis dit que c’était bien d’avoir ce diplôme au cas où, si un jour je voulais enseigner. Voilà pour ma formation un peu chaotique !

Je ne me suis jamais réorientée dans la mesure où j’ai toujours su ce que je voulais faire. C’est juste que la façon d’y arriver n’était pas la bonne pour moi. Je n’ai pas trouvé ma place dans les grandes écoles d’art.

Qu’est-ce qui vous a personnellement déçu dans les grandes écoles d’art ?

Il y avait une très très grande exigence au concours : il fallait être très cohérent… J’étais contente d’avoir eu ces concours mais une fois en cours ce n’était pas ce à quoi je m’attendais : c’était trop scolaire. J’étais habituée à Glacière à être en atelier avec un professeur et un cadre mais nous étions très libres dans ce cadre. Les premières années aux Beaux-Arts de Marseille et aux Arts-Déco de Paris je n’ai pas retrouvé cette liberté dans le cadre : il n’y avait que le cadre qui m’énervait. J’ai eu certains professeurs super, mais je ne me voyais pas y rester 5 ans.

Etes-vous restez en contact avec des personnes rencontrées durant vos études ?

J’ai gardé contact avec mon professeur d’atelier de Glacière, Olivier Di Pizio. On expose ensemble avec beaucoup d’autres artistes dans un salon qui organise une exposition annuelle à Paris et des « hors les murs » en France et à l’étranger. J’ai gardé une très bonne amie des Arts-Déco et j’ai encore des contacts avec d’autres élèves qui étaient avec moi en atelier. Ces expériences créent un réseau encore large aujourd’hui

Est-ce que vous avez déjà songé à former des projets artistiques ensemble (au stade de projet ou abouti) ?

J’ai déjà travaillé avec certains d’entre eux. Pour d’autres anciens camarades c’est plus compliqué car nos travaux sont trop différents.

Pouvez-vous nous présenter la profession que vous exercez aujourd’hui ? Depuis quand exercez-vous ?

            J’exerce officiellement depuis 2006, l’année où je me suis inscrite à la Maison des Artistes  et où je me suis déclarée micro-entreprise. En revanche, j’ai toujours peint et dessiné et j’ai fait ma première exposition en 2001, dans mon appartement, chez mes parents, avec mes proches. Et depuis je n’ai jamais arrêté.

            Je suis artiste plasticienne donc dans mon métier il y a une grande partie de création, où je suis à l’atelier. C’est de la recherche plastique : je dessine, je peins, je fais de la céramique… C’est de la production d’oeuvres en atelier. C’est la partie que je préfère ! Il y a une autre partie assez chronophage mais indispensable : répondre à des appels à projet. Je monte des dossiers : je fais de la rédaction, de la mise en page, des lettres de motivation, des notes d’intention… Les dossiers sont pour des appels à projet d’expositions, pour des résidences, pour des médiations en école…

La dernière partie de mon métier est la transmission. J’anime des ateliers chez moi en Normandie dans mon atelier ou dans mon atelier de Paris. C’est régulier, il y a des enfants et des adultes qui viennent. Je vais également régulièrement dans des écoles ou des associations pour des projets ponctuels.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus créatif et vos démarches dans la création de vos oeuvres ?

Je travaille essentiellement le dessin. Je travaille toujours dans un processus, qui est le même depuis plus de 10 ans environ, où je puise un motif dans l’infinité des motifs offerts par la nature. Il s’agit de la nature au sens très large, c’est-à-dire que j’ai fait des séries à partir du corps humain, à partir des cellules, des veines, des muscles…J’ai travaillé à partir du végétal, à partir d’images de cactus (CF photographies), du minéral, du monde animal avec le plumage par exemple, ou même à partir de la géographie et la cartographie (méandres des fleuves…). Une fois le ou les motifs choisis, je les observe et je me fais une petite collection d’images, soit à partir de livres, soit d’internet, soit de photographies. Après observation, j’extrais des fragments et des morceaux de ces motifs que je dessine et répète puis transforme. Je pars de quelque chose de très figuratif et qui va tendre peu à peu vers l’abstraction. Je questionne en permanence cette limite entre figuration et abstraction et chacun peut ensuite imaginer ce qu’il veut, chacun y voit ce qu’il veut. Je suis dans un processus très lent de création : je répète en permanence les motifs, c’est très minutieux et il a un aspect presque pénible. Dans mon travail, il est très important pour moi de me poser dans mon atelier, dans un monde où tout va vite et tout doit être rentable. Je retrouve de la lenteur dans ce que je fais.

            Je choisis également des moyens simples : un petit feutre noir à mine fine, un petit carnet en papier recyclé, je dessine sur des morceaux de tissus récupérés (CF photographies) ou je prends une craie ou un fusain et je fais une fresque en direct sur un mur… J’aime ce côté direct et simple. Tout le monde peut utiliser ces mêmes moyens.
            J’aime aussi la simplicité dans la présentation. Je peux envahir une pièce immense avec seulement une accumulation de petites choses. Par exemple, j’ai, dans des enveloppes, des centaines de petits dessins que j’épingle directement au mur. Je remplis ainsi un mur avec quelque chose qui rentre presque dans ma poche. J’apprécie ce concept de pouvoir exposer dans un lieu, sans dispositif complexe. C’est parfait pour travailler dans une école avec des élèves : lorsque l’on est nombreux et que l’on a un peu de temps, on peut faire quelque chose de gigantesque avec de petites choses. C’est un travail collectif.

Qu’est-ce qui vous a poussé à sortir de votre atelier pour faire de la médiation culturelle et faire découvrir votre univers créatif au sein d’écoles ?

D’abord le goût de transmettre, d’échanger et de discuter sur la création. La volonté d’amener chacun à s’interroger et à développer son esprit critique. Que chacun puisse prendre parti et avoir ses arguments. Les médiations culturelles sont essentielles pour cela. Je leur apporte mais les élèves m’apportent aussi énormément dans ces échanges.

Ensuite, compter uniquement sur la vente d’oeuvres est trop incertain donc c’est aussi un complément de revenus.

Pouvez-vous partager avec nous une oeuvre ou un artiste ayant marqué votre carrière ?

Il y a énormément d’oeuvres et d’artistes qui me nourrissent. Mais si je devais en citer une seule, ce serait le travail photographique de Karl Blossfeldt. C’est un artiste allemand du début du XXème siècle, qui enseignait le dessin aux Beaux-Arts de Berlin. Il partait du motif universel qu’est la plante et la mettait en scène de manière très rigoureuse avant de la prendre en photo en noir et blanc. Mon professeur Olivier Di Pizio m’a conseillé ce petit livre de Karl Blossfeldt* et ça a été vraiment le point de départ de tout mon processus créatif, encore aujourd’hui. Ce travail est fondateur pour moi.

Est-ce que vous pouvez nous parler plus en détail de vos activités au sein des écoles ?

Par exemple cette année j’ai été prise dans un dispositif de la D.R.A.C (Direction Régionale des Affaires Culturelle) Normande qui s’appelle « De Visu ». Nous avons été 34 artistes sélectionnés et dispatchés. Nous faisons des expositions dans des collèges, lycées ou universités, dans des endroits qui n’ont pas ou très peu accès à la culture. C’est donc la culture qui vient aux élèves. Ce qui est très chouette dans ce dispositif c’est que l’artiste a une vraie exposition personnelle puisque l’établissement engagé dans ce dispositif possède un espace d’exposition dédié. C’est assez rare de pouvoir montrer une centaine d’oeuvres d’un coup, souvent ce sont des expositions collectives. Les élèves visitent donc l’exposition, on échange sur le travail, je leur fais faire des ateliers, on crée des oeuvres collectives….Ce système là est super puisqu’il permet à l’artiste de montrer son travail de manière qualitative et parce que c’est un partenariat avec les professeurs, d’autres partenaires et les élèves. Je le fais dès que je peux. Je vais aussi dans les écoles pour faire du porte à porte et s’il y a du budget et que les professeurs sont partants, j’organise des ateliers.

Que conseillerez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans la voie artistique ?

De parler directement avec des artistes et de bien se renseigner sur l’école qu’ils souhaitent faire. Je pense que pour ma part je n’étais pas assez renseignée et que j’aurais rêvé de faire les Beaux-Arts de Paris mais je les ai présenté trop tôt donc je les ai raté. Comme on ne peut pas les présenter plus que 2 fois, la fois où j’étais pas loin de l’admission mais où je ne les ai pas eu, c’était trop tard ! Il faut aussi discuter avec des artistes ayant fait différentes écoles et voir ce qui vous plait. L’école n’est pas forcément obligatoire. C’est davantage la rencontre et l’échange ! Il faut faire et montrer ce qu’on fait. Il faut aller chercher les appels à projet : sur le CNAP (Centre National des Arts Plastiques) ou la FRAAP (Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens) par exemple.

Auriez-vous un conseil pour la vie de tous les jours, pour le confinement par exemple, pour que chacun puisse se dire qu’il sait quoi faire de ses dix doigts ?

Je n’ai pas vraiment de conseil à donner, ne vivant moi-même pas très bien ce confinement : je ne peux plus donner mes cours ni exposer,  5 de mes expositions ont été annulées cette année… Mais je dirais que ce qui m’aide à tenir c’est de continuer à faire, continuer à dessiner. Je persévère ! C’est ce que je fais en général, persévérer, puisque le métier d’artiste n’est pas simple.

  • Karl Blossfeldt, éditions Taschen.

Sites :

Pour voir le travail d’Héloïse Guyard : https://www.heloiseguyard.com/

Instagram : @heloiseguyard

Facebook : Heloïse Guyard

Site de la FRAAP : https://fraap.org/

Site du CNAP : https://www.cnap.fr/

Pour en savoir plus sur ses œuvres, vous pouvez vous rendre sur son site internet : https://www.heloiseguyard.com/

Interview réalisée par : Agathe Passerat de la Chapelle

Partager :

[La femme au tableau et la question de la restitution des biens]

La technique méticuleuse de pose de feuilles d’or et la préparation lente et précise par l’un des peintres symbolistes les plus célèbres de l’histoire de l’art, sur son oeuvre la plus représentative et controversée, sont des images constituant l’ouverture de La Femme au tableau, sorti en 2015 et réalisé par Simon Curtis.

Cette oeuvre cinématographique retrace le parcours juridique entrepris par Maria Altmann, interprétée par Helen Mirren, pour récupérer cinq tableaux de Gustav Klimt -dont le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I- que sa famille possédait et qui avaient été volés par les nazis puis confiés au musée du Belvédère à Vienne, en Autriche.
En effet, ce portrait d’Adele Bloch-Bauer, tante de la protagoniste, avait été rebaptisé The Woman in Gold (également le titre original du film), dans le but de dissimuler l’identité juive du sujet. Spolié par le régime nazi en 1938 à Vienne, conséquemment à l’annexion de l’Autriche par celui-ci, de nombreux biens de la famille juive Bloch-Bauer sont saisis illégalement dont le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I qui est acquis illégalement par le musée national du Belvédère à Vienne, au sein duquel l’oeuvre sera exposée pendant de nombreuses décennies. Néanmoins, la nièce d’Adele Bloch-Bauer décide en 1999 d’engager des procédures à l’encontre du gouvernement autrichien pour la restitution du tableau, considéré comme un bien familial. Assistée par le jeune avocat de Los Angeles, également d’ascendance juive, Eric Randol Schoenberg, qui est joué par Ryan Reynolds, le duo s’embarque dans une odyssée historique émotionnelle, animé par un désir de justice lié notamment aux souvenirs douloureux de la Seconde Guerre Mondiale et de ses conséquences.

Si le film est assez classique et sans surprise dans son ensemble, empruntant le schéma traditionnel des films historiques entre flashbacks et linéarité dans sa mise en scène, les performances et le sujet même de l’oeuvre -encore peu traité au cinéma- qui concerne la restitution des biens, convainquent le spectateur de son intérêt, d’autant plus que le film se révèle efficace pour expliquer de manière concise le contexte paradoxal dans lequel nous vivions.

En effet, l’oeuvre de Simon Curtis illustre le paradoxe qui s’installe entre la volonté, dans un contexte diplomatique et culturel, pour le gouvernement autrichien -mais cela pourrait aussi concerner les gouvernements britannique et français avec la question coloniale par exemple- de reconnaitre les erreurs passées dont le vol de plusieurs biens appartenant à des familles juives spoliées pendant la Seconde Guerre Mondiale; et d’autre part, d’un point de vue pratique et légal, le déni par les institutions culturelles de l’acquisition illégale de ces biens en question.

Par conséquent, les représentants du gouvernement autrichien s’entêtent à poser des obstacles procéduraux dans cette affaire Maria Altmann vs République d’Autriche, qui devient rapidement retentissante et est même jugée par la Cour suprême des Etats-Unis en 2004, qui considère les tribunaux américains compétents pour juger l’affaire.

Finalement, l’affaire est tranchée par arbitrage en Autriche, dont le jugement donne raison à Maria Altmann exigeant la restitution des cinq tableaux réalisés par Gustave Klimt.

La Femme au tableau n’éblouit pas par son originalité mais a le mérite de s’attaquer à une question trop peu traitée au cinéma, et pourtant bien présente dans la société, à savoir la restitution des biens.

Grâce à une mise en scène efficace et concise, les principaux enjeux de cette affaire, notamment culturels, historiques, politiques et éthiques, ne sont pas simplifiés et dénués de leur complexité, avec la volonté de préserver cette oeuvre -considérée comme un symbole pour de nombreux Autrichiens et nommée la « Mona Lisa » autrichienne- au Musée du Belvédère, qui s’oppose à un désir de justice et la recherche implicite d’une réparation émotionnelle de la part de Maria Altmann.

S’achevant sur une image forte du duo gagnant Altmann-Schoenberg (Helen Mirren et Ryan Reynolds), le film donne la satisfaction au spectateur d’assister à une victoire des outsiders, obtenant une justice qui n’a pas de prix.

Pour aller plus loin :

  • Joséphine Bindé, « Splendeurs et tourments de la « dame en or » de Gustav Klimt », Beaux Arts
    Magazine, 19 juin 2020 (https://www.beauxarts.com/grand-format/les-vicissitudes-de-la-dameen-
    or/?fbclid=IwAR0Ut9nPnY1G6ouP3MmBlgeBaAZ22YtkjccZNt3Jz3SbVddz5L_yXJFIsGA)
  • Patricia Cohen, « The Story Behind ‘Woman in Gold’: Nazi Art Thieves and One Painting’s
    Return », The New York Times, 30 mars 2015 (https://www.nytimes.com/2015/03/31/arts/
    design/the-story-behind-woman-in-gold-nazi-art-thieves-and-one-paintings-return.html)

Article de : Noémie Ngako

Cet article n’engage que son auteure.

Partager :

[L’UNESCO et le vin : l’exemple de Bordeaux et sa région]

« Je crois, disait Leonard de Vinci, que le bonheur vient aux hommes qui naissent là où l’on trouve le bon vin »

Quel lien existe-t-il entre l’UNESCO et le vin ?

Le vin et la vigne sont des richesses auxquelles l’UNESCO attache une grande importance. Ainsi, soucieuse de préserver ces derniers, l’organisation enrichit la liste des biens inscrits au patrimoine mondial avec la reconnaissance de vignobles riches et uniques au monde. Cela s’explique par un réel intérêt porté par les pays au travail du vin et de la vigne, qui s’inscrivent à part entière dans leur patrimoine historique et culturel, et particulièrement en France.

Quels sont les biens viticoles actuellement reconnus par l’UNESCO ?

Aujourd’hui, 11 biens viticoles sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO dont 3 sont français. Tout d’abord, la Vallée du Haut-Rhin en Allemagne qui s’étend entre Coblence et Bingen a été inscrite en 2002 à L’UNESCO pour son patrimoine historique, géologique, culturel et industriel riche. Puis, la vallée du Haut Douro au Portugal comprenant le vignobles à l’origine du Porto et du Douro ont rejoint la liste de l’Unesco. Ensuite, le paysage viticole de l’île du Pico a été classé en 2004. Le vignoble de Lavaux en Suisse, caractérisé par ses terrasses, a été reconnu en 2007. La vallée de la Wachau située en Autriche a été classée en 2000 pour son patrimoine agricole et architectural. La Hongrie n’est pas en reste puisque le paysage culturel de Tokaj, caractérisé par des collines, vallées et rivières a été classé en 2002.

Enfin, trois paysages français ont été classés : le territoire de Saint-Emilion dont le paysage est consacré à la viticulture, les climats et vignobles de Bourgogne pour les conditions naturelles spécifiques de cette région et les coteaux, maisons et caves de Champagne classés en 2015.

Quels sont les candidats actuels ?

Le vignoble de Sancerre, le vignoble d’Alsace et le vignoble de Cadillac espèrent ainsi intégrer la liste du patrimoine de l’UNESCO. Tous espèrent améliorer leur réputation, leur tourisme et leur attractivité.

Quels avantages pour ces territoires d’être reconnus par l’UNESCO ?

La reconnaissance de l’UNESCO permet à ces territoires, une certaine récompense pour leur travail et leur savoir-faire mais surtout leur offre une importante notoriété et une attractivité nouvelles. Ces biens sont ainsi convoités par des amateurs de vins, des professionnels, mais aussi par de nombreux touristes attirés par les richesses viticoles et œnologiques garanties au cœur de ces paysages.

C’est une fierté pour les professionnels dans le domaine viticole mais aussi pour l’ensemble du pays. Ainsi, en 2015, lorsque l’UNESCO a reconnu les climats de Bourgogne ainsi que les coteaux, maisons et caves de Champagne, le président François Hollande avait déclaré que cette décision « marque la reconnaissance internationale du patrimoine exceptionnel de ces régions et témoigne de la diversité et du dynamisme de nos territoires, qui sont la richesse de notre pays ».

L’exemple de la région bordelaise

Le vignoble de Saint-Emilion a été le premier paysage viticole reconnu et protégé par l’UNESCO en 1999. Il existe donc un lien étroit entre la région Bordelaise et l’organisation. Bordeaux et sa région ont misé sur le développement mais aussi la préservation du savoir-faire et des paysages liés à la viticulture.

Un patrimoine mis à l’honneur grâce à la Cité du Vin :

L’ouverture de la Cité du Vin en 2016 a cristallisé la passion et l’admiration que voue cette région au monde et à l’art viticoles. Son emplacement est stratégique puisque la cité girondine a été inscrite en 2007 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, que Bordeaux et ses alentours a été élue meilleure destination européenne en 2015 et qu’elle accueille chaque année énormément de touristes, de professionnels et investisseurs et de nouveaux résidents. Ce musée moderne et interactif permet de démontrer la place du vin au centre de nos cultures et ce, tout au long de l’histoire, de la cité antique aux dîners mondains d’aujourd’hui. Elle permet de partager des savoirs qui entourent le vin, de ses différents cépages, à sa méthode de culture, sa fabrication, son exportation et son voyage à travers le monde. La Cité du Vin offre à un public international de réelles connaissances sur le vin qui représente un patrimoine universel immatériel. La visite au cœur de ce bijou architectural éveille émotions, rêves et sensations pour les amateurs de vin ou simplement les plus curieux.

Ainsi, le monde du vin intéresse l’UNESCO et ses valeurs dans de nombreux domaines : la science, la biodiversité, la culture ou encore le patrimoine. Le plus grand suspens est sans aucun doute celui de savoir quels autres biens viticoles auront le privilège de bénéficier de sa reconnaissance et de sa protection dans les années à venir.

Article de : Clémence Hoerner

Partager :

[Rubrique culturelle : visite virtuelle du musée du Machu Picchu]

Version espagnole :

Machu Picchu: Visita virtual de su museo de sitio

Desde la página oficial web del Santuario histórico de Machu Picchu (www.machupicchu.gob.pe), podemos encontrar un enlace que nos permite visitar virtualmente su museo de sitio llamado Manuel Chávez Ballón. Este museo se ubica en un lugar denominado Puente Ruinas, al pie de la montaña de Machu Picchu, a aproximadamente 2000 metros sobre el nivel del mar. Asimismo, al lado del museo se encuentra el jardín botánico que fue concebido con la finalidad de conservar las plantas representativas de su ecosistema.

Foto: Pantalla de la visita virtual del museo Manuel Chávez Ballón. Ministerio de Cultura del Perú

Este museo de sitio ofrece infografías que complementan la visita de ciudadela inca, así como una exposición de piezas arqueológicas halladas durante los tiempos de la excavación. En lo que respecta al recorrido virtual, este museo cuenta con un plano (dividido en 7 secciones) que permite localizar tu ubicación actual. Puedes desaparecer el plano del museo haciendo clic en el ícono “Mapa” (ubicado en el lado inferior derecho de la pantalla). De esta manera podrás tener un mayor campo visual de esta institución.

Foto: Pantalla de la visita virtual del museo Manuel Chávez Ballón. Ministerio de Cultura del Perú

El museo lleva el nombre de Manuel Chávez Ballón como una muestra de homenaje, ya que él es considerado como el padre de arqueología cusqueña. De forma breve, he aquí algunos datos importantes de su vida profesional: En 1942, él participó en la Expedición Arqueológica en el sur del Perú, proyecto dirigido por Julio C. Tello (famoso arqueólogo peruano). Esta experiencia le sirvió para elaborar su tesis y obtener el grado de bachiller. Entre 1944 y 1945 ocupa el puesto de secretario encargado en el Museo Nacional de Antropología y Arqueología de Magdalena Vieja (hoy en día Museo Nacional de Antropología y Arqueología de Lima).

Version française :

Machu Picchu: Visite virtuelle de son musée de site

Sur le site web officiel du Sanctuaire historique de Machu Picchu (www.machupicchu.gob.pe), nous pouvons trouver un lien qui nous permet de visiter virtuellement son musée de site archéologique Manuel Chávez Ballón. Ce musée est situé dans un endroit appelé Puente Ruinas, au pied de la montagne Machu Picchu, à environ 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer. À côté du musée se trouve également le jardin botanique qui a été conçu afin de préserver les plantes représentatives de son écosystème.

Photo: Visite virtuelle de musée Manuel Chávez Ballón. Ministère de la Culture du Pérou

Ce musée du site archéologique propose des infographies qui complètent la visite de la citadelle inca, ainsi qu’une exposition de pièces archéologiques trouvées pendant la période des fouilles. En ce qui concerne la visite virtuelle, ce musée du site comporte un plan (divisé en 7 sections) qui vous permet de localiser votre visite actuelle. Vous pouvez enlever le plan du musée en cliquant sur l’icône « Carte », situé en bas à droite de l’écran. De cette façon, vous pourrez avoir un plus grand champ de vision de cette institution.

Photo: Visite virtuelle de musée Manuel Chávez Ballón. Ministère de la Culture du Pérou

Le musée porte le nom de Manuel Chávez Ballón en son hommage car il est considéré comme le père de l’archéologie de Cuzco. Brièvement, voici quelques informations importantes sur sa vie professionnelle : En 1942, il participe à l’Expédition archéologique au sud du Pérou, sous la direction de Julio C. Tello (célèbre archéologue péruvien). Cette expérience l’a aidé à préparer sa thèse afin d’obtenir son diplôme de licence. Entre 1944 et 1945, il a occupé le poste de secrétaire en charge du Musée national d’anthropologie et d’archéologie de Magdalena Vieja (aujourd’hui Musée national d’anthropologie et d’archéologie de Lima).

Article de : MENDOZA GONZALES Carlos Alberto

Partager :

[Comment les réseaux sociaux ont bouleversé l’industrie musicale]

Nous voilà arrivés, tant bien que mal, à la fin de l’année 2020. Si celle-ci aura été marquée par une crise sanitaire mondiale, elle aura également vu l’avènement d’une application à l’origine de plusieurs phénomènes musicaux ayant bousculé les charts : TikTok.  

Ainsi, voilà l’occasion de revenir sur deux décennies d’innovations 2.0 ayant modifiées structurellement l’industrie musicale.  

De Myspace à TikTok : l’influence grandissante d’internet dans le milieu musical 

C’est avec le site web Myspace, fondé en 2003 aux États-Unis, qu’internet commence à s’immiscer dans le milieu très fermé de l’industrie musicale. 

Le principe est très simple : des artistes indépendants peuvent publier leurs créations sur leur page afin de se faire connaître du public, mais surtout des potentielles maisons de disques.

Ce réseau social a ainsi permis l’émergence de nombreux artistes désormais mondialement connus. On peut citer par exemple Lilly Allen qui y a rencontré le succès en 2005 suite à la publication de plusieurs démos de ses chansons.

Le groupe britannique Arctic Monkeys, dont l’histoire a dû faire rêver les groupes de rock amateur du début des années 2000, a également commencé sur Myspace. En effet, ces derniers donnaient régulièrement des concerts dans les pubs de Sheffield, leur ville natale, et en profitaient pour donner gratuitement au public des CD’s de leurs premiers titres. C’est alors que l’un de leur fan a décidé de créer une page Myspace au nom du groupe et d’y poster leur musique. Celle-ci y connu un succès tel qu’elle parvint aux oreilles du label indépendant Domino Records qui leur proposa un contrat. Cette signature devenant le point de départ d’une reconnaissance internationale.

Si Myspace a dominé ce secteur jusqu’à la fin des années 2000, il se fit vite concurrencer par une autre plateforme digitale, Soundcloud, créée en 2007. En effet, celle-ci présentait l’avantage de permettre aux artistes de publier leurs créations non seulement sur leur compte Soundcloud, mais également sur d’autres réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, leur œuvre touchant alors une plus large audience. 

Le site devint alors l’un des repères privilégiés des rappeurs américains qui y ont connu leurs premiers succès. Chance the Rapper, XXXTentacion, ou encore Lil Pump, faisant aujourd’hui partie des incontournables de la scène hip-hop de ces dernières années, y ont ainsi fait leurs débuts. 

Tik tok, la révolution aux chiffres astronomiques

Difficile de passer à côté de l’application phare du moment : TikTok. Si vous n’en avez pas encore entendu parler, c’est sans doute car vous en avez passé l’âge. L’application est en effet surtout populaire auprès des 10-19 ans qui représentent à eux seuls la majorité des utilisateurs. 

TikTok en quelques mots est une application de partage de vidéos de moins de 60 secondes. Lancée en 2017 par une entreprise chinoise (aujourd’hui devenue la start-up la plus valorisée au monde), elle rencontre un véritable succès grâce à ses nombreuses fonctionnalités : l’utilisateur peut mettre la musique de son choix dans sa vidéo, y ajouter de nombreux effets ou encore participer à des challenges. Les possibilités sont infinies, permettant ainsi l’émergence de nouvelles tendances quasi-quotidiennes. 

Le premier compte TikTok en termes d’abonnés est celui de la jeune américaine de 16 ans ayant atteint récemment 100 millions de followers. Elle est connue principalement pour ses chorégraphies reproduites ensuite par les utilisateurs  

En 2020, l’application a dépassé les 2 milliards de téléchargements, chaque mois se sont plus de 689 millions d’utilisateurs qui ouvrent l’application, dont 11 millions de français. Le confinement y étant sans doute pour beaucoup. 

Ces chiffres astronomiques en font une plateforme idéale pour propulser, du jour au lendemain de nouvelles personnalités. Plusieurs « success story » y ont alors vu le jour. 

Un des exemples les plus parlant serait sans doute le chemin parcouru par le hit Old Town Roaddu rappeur Lil Nas X. Après avoir acheté le beat de la chanson pour 30$ à un producteur néerlandais, et y avoir posé son texte, Lil Nas X publie fin 2018 la première version de son titre Old Town Road. La chanson se fit alors connaître grâce au « Yeehaw Challenge » sur TikTok où des utilisateurs se filmaient en train de danser dessus. Le succès fut tel que le titre entra à la 83èmeplace au Billboard Hot 100, permettant alors à Lil Nas X de signer chez Columbia Records.

C’est cependant grâce au remix issu de la collaboration du rappeur avec le chanteur de country Billy Ray Cyrus que la chanson atteint les records en étant la première à rester durant dix-neuf semaines consécutives à la première place du Billboard Hot 100. 

Des artistes français ont également décollés grâce à l’application. C’est le cas de la jeune chanteuse de 16 ans, Wejdene. D’abord repérée sur Instagram, elle publie début 2020 une vidéo TikTok où elle se met en scène sur sa chanson Anissa. Encore une fois, c’est grâce aux utilisateurs de la plateforme, ayant créé leur propre chorégraphie sur la chanson, que celle-ci connu le succès : près de trois mois après sa publication sur TikTok, le titre Anissa fut certifié disque de platine. 

@wejdene.bk

Heyy mes amours, voici le fameux challenge Anissa 😻🥳💋🤍 A vous de jouez ! 🥰 #challengeAnissa

♬ son original – Wejdene

Des relations entre artistes, maisons de disques et consommateurs redéfinies

Ainsi, l’ascendant que les maisons de disques ont eu pendant longtemps sur les artistes émergents tend à se modifier. La manière dont les labels promeuvent leurs artistes, mais également la façon dont ils les découvrent a considérablement évolué avec l’omniprésence d’internet. La musique est désormais créée, découverte et diffusée sur le web. 

Nous l’avons vu, ce sont les utilisateurs des réseaux sociaux qui font émerger de nouveaux artistes et qui deviennent en quelque sorte les « découvreurs de talents ». Les labels vont alors miser sur les nouvelles chansons rencontrant un certain succès sur TikTok, en espérant que celui-ci se diffuse sur les plateformes de streaming. 

Les stratégies marketing des maisons de disques sont également orientées vers la promotion de leurs artistes à travers les réseaux sociaux. Rares sont désormais les artistes pop qui n’ont pas créé leur compte TikTok : l’application est devenue un nouveau mode de diffusion de contenus musicaux auprès du jeune public qui s’avère efficace, des millions de consommateurs se connectant quotidiennement dessus. 

Article de : Fatma Kebe

Partager :

[Rubrique culturelle : Huaca Huallamarca]

Version espagnole :

En esta oportunidad les invitamos a descubrir una construcción prehispánica situada en el corazón del distrito residencial de San Isidro, en Lima, capital del Perú. Este monumento denominado huaca que significa “lugar sagrado” en quechua, se llama “Huallamarca” y la fecha de su construcción data aproximadamente del año 200 a.C., y que pasó a ser luego un cementerio en aproximadamente los años 300 a.C. Hoy en día Huallamarca está catalogado como Patrimonio Cultural de la Nación (de Perú).

El recinto se encuentra cerrado al público por razones sanitarias. De modo que nosotros proponemos hacer una visita virtual a través el siguiente enlace del Ministerio de Cultura del Perú: https://visitavirtual.cultura.pe/. Dicho sea de paso, esta página web te ofrece visitas virtuales a diferentes museos de ese país.

Una vez seleccionada la visita “Huallamarca” desde la página web, aparecerá una ventana como la de abajo. Una voz en off te explicará automáticamente una breve historia de este lugar. Este registro vocal está solamente en español, y puedes desactivarla al hacer clic en el ícono audio ubicado en la parte superior izquierda de la página. Asimismo, al lado derecho puedes encontrar un plano que señala la localización actual de tu visita virtual.

Foto: Pantalla de la visita virtual de Huallamarca. Ministerio de Cultura del Perú

La huaca Huallamarca también cuenta con un museo arqueológico, situado justo al lado de la entrada. Este museo acoge una colección de cerámicas monocromas. Entre ellas, botellas de doble pico y asa puente.  Asimismo, puedes descubrir otros elementos como instrumentos de textilerías o musicales. La visita virtual permite una exhibición en 3D de estas cerámicas (ver imagen inferior). Cada muestra está acompañada de una ficha informativa (material, técnica, cronología y descripción).

Foto: Pantalla de la visita virtual de Huallamarca. Ministerio de Cultura del Perú

La Huaca Huallamarca es un monumento que contrasta hoy en día con los modernos edificios residenciales del distrito de San Isidro. Los trabajos de conservación fueron realizados por la gestión municipal de ese distrito en 1958, bajo la dirección de Arturo Jiménez Borja. La pirámide y el museo arqueológico se ubican en la Avenida Nicolás de Ribera 201, cruce con la Av. El Rosario.

Version française :

A cette occasion nous vous invitons à découvrir une construction préhispanique située au cœur du district résidentiel de San Isidro, à Lima, capitale du Pérou. Ce monument nommé huaca, qui signifie « lieu sacré » en quechua, s’appelle « Huallamarca » et la date de sa construction date d’environ 200 av.  J.-C., et est devenu ensuite un cimetière vers 300 av.  J-.C. Aujourd’hui Huallamarca est inscrite au Patrimoine culturel (du Pérou).

L’enceinte est fermée au public pour raison sanitaire (COVID-19). Nous proposons donc de faire une visite virtuelle via le lien suivant du Ministère de la Culture du Pérou: https://visitavirtual.cultura.pe/. D’ailleurs, ce site Web vous propose des visites virtuelles de différents musées de ce pays.

Une fois que l’option « Huallamarca » a été sélectionnée dans le site web, une fenêtre comme celle ci-dessous apparaîtra. Une voix off expliquera automatiquement une brève histoire de ce lieu. Ce registre vocal est uniquement en espagnol, et vous pouvez le désactiver en cliquant sur l’icône « audio » située en haut à gauche de la page. En plus, sur le côté droit du site web, vous pouvez trouver un plan qui indique la localisation actuelle de votre visite virtuelle.

Photo: Visite virtuelle de Huallamarca en plein écran. Ministère de la Culture du Pérou

La huaca Huallamarca possède également un musée archéologique, situé juste à côté de l’entrée. Ce musée abrite une collection de céramiques monochromes. Parmi eux, des bouteilles à double bec et ses poignées en pont. Vous pouvez également découvrir d’autres éléments tels que des instruments textiles ou musicaux. La visite virtuelle permet une visualisation 3D de ces céramiques (voir image ci-dessous). Chaque modèle est accompagné d’une fiche d’information (matériel, technique, chronologie et description).

Photo: Visite virtuelle de Huallamarca en plein écran. Ministère de la Culture du Pérou

La Huaca Huallamarca est un monument qui contraste aujourd’hui avec les modernes bâtiments résidentiels du district de San Isidro. Les travaux de conservation ont été réalisés par la gestion municipale de ce district en 1958, sous la direction d’Arturo Jiménez Borja. La pyramide ainsi que son musée archéologique est situé 201 avenue Nicolás de Ribera 201, au coin de l’avenue El Rosario, San Isidro.

Article de : Carlos Alberto MENDOZA GONZALES

Partager :

[Le patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: La presqu’île de Valdés]

En ce 19 novembre, nous fêtons la journée mondiale de la Philosophie, instituée en 2005 par l’UNESCO ! L’édition 2020 invite à réfléchir au sens de la pandémie de la COVID-19, en soulignant la nécessité d’avoir recours à la réflexion philosophique pour faire face aux multiples crises que nous traversons. Ces crises peuvent être climatiques et environnementales, d’où la nécessité de protéger les sites sensibles au patrimoine naturel à valeur universelle exceptionnelle,  à l’image de l’image de la presqu’île de Valdés. 

La presqu’île de Valdés est située dans la province argentine de Chubut, en Patagonie. S’étendant sur 360 000 hectares, le site fut inscrit en 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO. La presqu’île a une importance mondiale dans la préservation des mammifères marins. En effet, elle constitue une réserve naturelle extraordinaire, notamment pour la sauvegarde d’une faune exceptionnelle : éléphants de mer, baleines, lions de mer, manchots… dont des espèces menacées.


Source : Presqu’île de Valdés, par Ines Kubalek sur whc.unesco.org/fr/documents/130968  

Critère de sélection : 

La presqu’île de Valdés a été sélectionnée sur la base du dixième critère de sélection : 

Pour en savoir plus sur les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/  

Critère X :  « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation ». UNESCO.

Le site accueille une faune et une flore exceptionnelles au sein de divers écosystèmes terrestres, côtiers et marins à l’intérêt scientifique majeur. Elle est par exemple le plus important site au monde pour la reproduction des Baleines franches australes, et sa conservation a permis la reconstitution de cette espèce de baleine qui était menacée à cause de la pêche commerciale. 

Ce sanctuaire naturel possède 400km de côtes avec des falaises rocheuses, des dunes, des baies et lagunes côtières ainsi que nombreux golfes protégés du déchaînement de l’Atlantique sud. Ces derniers représentent des zones essentielles pour la reproduction de nombreux mammifères marins. Les zones humides de la presqu’île, parfois inscrites sur la liste de Ramsar*, abritent des sites de nidification et d’étape pour des oiseaux migrateurs. Le site est principalement constitué d’un écosystème de steppe désertique patagonienne, zone froide désertique parcourue par un vent sec, et abrite plus de la moitié des plantes inventoriées en Patagonie argentine. 

  • La Convention de Ramsar, est relative aux les zones humides d’importance internationale ( habitats des oiseaux d’eau…). Il s’agit d’un traité intergouvernemental adopté le 2 février 1971 qui sert de cadre à la conservation et à l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources.

Le site a également été sélectionné pour la valeur universelle exceptionnelle qu’il présente tant du point de vue de conservation et de protection d’écosystèmes rares que de l’intérêt scientifique qu’il représente. 

Source : Presqu’île de Valdés, par David Martel, sur whc.unesco.org/fr/documents/113536 

Gestion du site : 

La presqu’île de Valdés est protégée depuis les années 1960 grâce à la création des premières Réserves naturelles touristiques de Punta Norte et de Isla de los Pájaros par la législation provinciale. Le Golfo Nuevo, au sud du site, abrite une Réserve marine intégrale créée en 1995 pour renforcer la protection de la Baleine franche australe. Cette réserve s’étend sur 5 miles nautiques quasiment tout autour de la presqu’île. C’est l’ « Organisation en charge du tourisme dans la province de Chubut » qui est responsable des réserves. 

La conservation du site et sa gestion sont renforcées par la recherche scientifique qui est menée dans la presqu’île et donc par l’implication du Centre national patagonien ainsi que de nombreux partenaires nationaux et internationaux (ONG, universités…) soutenant cette recherche.  

La gestion du site est financée en partie par le tourisme, vital pour l’économie locale. Toutefois ce tourisme est cause d’impacts environnementaux néfastes avec par exemple l’apport de déchets ou l’observation non-contrôlée de la faune sauvage pouvant perturber les animaux, notamment lors des périodes de reproduction (tant sur la terre qu’en mer).

La gestion du site et la conservation de la faune et de la flore nécessitent une coopération internationale pour lutter contre la pollution des écosystèmes, la pêche excessive…

Pour en savoir plus : https://whc.unesco.org/fr/list/937 

Source : Presqu’île de Valdès, par Ines Kubalek sur whc.unesco.org/fr/documents/130979

Article de Agathe Passerat de La Chapelle

Cet article n’engage que son auteure.

Partager :