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[Le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais]

Pour anticiper le podcast sur le processus de formation du dossier d’entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO du Touloulou, nous vous proposons aujourd’hui un article pour vous présenter ce personnage énigmatique du Carnaval guyanais. 

Unique en son genre, le carnaval de Guyane est le plus long du monde. La fête commence, début janvier, pour se terminer entre février et mars. C’est l’un des événements majeurs en Guyane. Lorsque l’on se penche sur son histoire, on se rend compte que cette fête appartient à la culture créole, même si elle a pour origine celle qui est pratiquée en Europe sous le même nom.

Lors de la colonisation, les européens fêtaient en effet le Carnaval, mais interdisaient aux esclaves de participer aux réjouissances. Ces derniers, bravant l’interdit, organisaient alors des fêtes clandestines. Cela leur permettait notamment de fêter, comme leurs ancêtres africains, la fertilité et les moissons. Cela leur permettait également de tourner leurs maîtres en dérision. C’est dans ce contexte qu’est né le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais. 

         Le Touloulou est en effet le personnage le plus typique du Carnaval guyanais. C’est une femme habillée élégamment de la tête aux pieds. On ne peut pas la reconnaître : elle change de parfum, de chaussures, couvre toutes les parties de sa peau, rajoute des boudins sous sa robe pour masquer ses formes. Elle porte également une cagoule et de longs gants pour garantir son anonymat. Certaines mettent même des lentilles colorées, et changent leur voix. 

Ce personnage représente les femmes bourgeoises des 18e et 19e siècles, bien habillées et toujours habillées de la tête aux pieds. 

Le Touloulou a été inventé pour caricaturer les épouses des maîtres de plantation. Son apparition s’est faite peu avant l’abolition de l’esclavage, mais il a permis plus tard de casser les barrières sociales qui perduraient entre les personnes noires – les nouveaux affranchis – et les blancs – leurs anciens maîtres. 

Durant le bal du samedi soir, aussi appelé « université », le Touloulou est la reine de la soirée. Il danse et invite des hommes à le rejoindre pour fêter toute la nuit le Carnaval. Véritable institution, il doit respecter un certain nombre de commandements car ces dernières décennies, ses défenseurs ont noté de la négligence dans son attitude : 

1.     Pour éviter les mauvaises interprétations : marrainez le Touloulou « lakrèch ».

2.     Que la danse et la musique restent le centre d’intérêt du bal masqué.

3.     Que le masque protège l’anonymat obligatoire du Touloulou.

4.     Tu respecteras la liberté des autres pour être libre de toi.

5.     La discrétion, la subtilité de tes gestes rendront hommage.

6.     Le bal masqué ne doit pas, par ton attitude, devenir une maison close.

7.     N’assimilez point ces lieux mythiques aux boîtes de nuit ou aux chambres d’hôtel.

8.     Soyez charmeuse sans être sangsue, le Touloulou passe partout, voit tout, mais ne doit jamais s’accrocher.

9.     Faites-vous désirer et non détester.

10.  La sagesse nous permettra d’apprécier jusqu’à la fin des temps cette coutume unique chez nous.

Si vous souhaitez connaître plus amplement le personnage du Touloulou, vous pouvez écouter notre podcast sorti récemment en collaboration avec l’Observatoire régional du Carnaval guyanais et son Vice-président Brunel Boutrin ! 

Vous pouvez également vous rendre sur le site de Guyane Amazonie pour voir plus en détail les différents personnages du Carnaval et de jolies images sur les manifestations ! https://www.guyane-amazonie.fr/le-carnaval-de-guyane

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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[La Pop sud coréenne : la culture au service du développement économique]

Euny Hong, The Birth of Korean Cool. How one nation is conquering the world through Pop culture, Picador original, 2014, 267p.

Aujourd’hui, revenons sur un ouvrage qui nous explique comment – en l’espace de cinquante ans – la Corée du Sud est devenue la onzième puissance mondiale en partie grâce à son industrie culturelle. Exploit d’autant plus impressionnant qu’en 1953, à la fin de la Guerre de Corée, le Sud appartenait encore au « Tiers Monde ».

Ici, notre prétention n’est pas de faire un résumé exhaustif de la thèse d’Euny Hong. Mais, revenir sur certains de ses arguments semble être un bon moyen de comprendre les motivations de la Corée du Sud à développer son industrie dans le domaine de la pop-culture. 

Euny Hong est une auteure et journaliste américano-coréenne, née en 1973 aux États Unis. A 12 ans en 1985, elle déménagea à Seoul avec ses parents. Son père était économiste et était parti aux États Unis pour terminer sa thèse. Elle explique d’ailleurs dans son ouvrage que son aménagement à Séoul s’est fait dans un immeuble d’élites construit par l’État coréen (avec la participation de Hyundai) spécialement pour inciter les « brains » à revenir en Corée du Sud. Jeune adolescente ayant connu le racisme ordinaire anti-asiatiques aux États Unis, Euny s’est retrouvée dans une école publique à Séoul où là aussi, elle ne se sentait pas réellement chez elle. Le fossé culturel entre les deux pays était très important, sans parler de la différence de développement (du point de vue des mœurs comme du point de vue économique). 

Durant son adolescence, Euny a donc été éduquée à l’école publique, mais également dans un établissement international. Une fois l’équivalent du bac en poche, elle fit ses études aux États Unis, à Yale, où elle fut diplômée d’un Bachelor en Philosophie. 

En 2014, elle publia The Birth of Korean Cool. How one nation is conquering the world through Pop culture, dans lequel elle mêle le regard subjectif de sa propre expérience en Corée du Sud lors de son remarquable développement, et des données et remarques scientifiques et sociologiques pour étoffer son argumentation. 

Aujourd’hui, Euny vit à Paris. Elle y a d’abord passé six ans en tant que journaliste pour France 24. Elle compte trois ouvrages à son actif, et a collaboré avec de grands journaux reconnus à l’international comme Le New York Times, Le Wall Street Journal ou encore Le Washington Post.

L’auteure recontextualise très bien les évènements pour voir leur impact sur les mœurs de la société sud-coréenne, ou encore sur l’économie. On apprend alors pourquoi les coréens ont cette volonté si féroce de réussir. Pour elle, cela vient du fait que la Corée n’a jamais colonisé, mais s’est toujours faite attaquer. Que ce soit par les Japonais, les Chinois, ou encore les Nord-coréens, elle s’est souvent retrouvée en position de faiblesse. Elle l’est encore aujourd’hui d’un point de vue militaire puisqu’elle dépend des États Unis. La population coréenne a alors développé, notamment pendant l’occupation japonaise du 20e siècle, ce que l’on appelle le Han. Aucune traduction littérale de ne peut se faire, en anglais comme en français, mais cela représente la colère et le besoin de vengeance que l’on ressent quand le destin s’acharne sur nous. Et, comme le dit Euny Hong, « les coréens ne sont pas connus pour être des gens qui pardonnent facilement ».

Une fois expliquée l’origine de cette volonté de réussite, Euny Hong nous explique comment les coréens ont fait pour développer leur économie. La question se posant alors était : Comment se développer différemment des pays du Tiers Monde ? Ils avaient la réponse : par l’hygiène, et par l’école. Alors qu’il y a 50 ans, les sud-coréens vivaient dans une société ultra-patriarcale où les hommes allaient travailler et les femmes restaient à la maison, comment cela se fait-il que dans la décennie 2010, une femme ait pu devenir présidente ? Et changer toute la société n’est pas gage de réussite sociale puisque l’on voit des pays riches régresser socialement. Cela s’explique par le fait que les coréens ont voulu développer leur société, mais qu’ils l’ont aussi fait en essayant de changer radicalement leurs mentalités. 

Mais comment la Corée du Sud a-t-elle réussi à mettre en place une stratégie qui fonctionne ? Pour l’auteure, la Corée du Sud arrive à exporter ses produits culturels dans des pays pauvres, ce que les pays occidentaux peinent à faire. Selon elle, cela est dû au fait que la Corée du Sud a fait partie, un jour, de ces derniers. Ainsi, elle sait sur quels thèmes et sur quels contenus il faut s’appuyer pour toucher les publics, et elle a compris que pour que les gens consomment des produits des marques coréennes, il faut d’abord qu’ils aiment la marque Corée. 

Elle tente également d’expliquer la création de l’industrie ultra lucrative de la K-pop. Dans les années 60, à l’époque du Rock en Angleterre, les Beatles faisaient partie de ces groupes qui se sont fondés spontanément, influencés par toutes les ouvertures culturelles autour d’eux. Alors, pourquoi est-ce qu’en Corée du Sud, les groupes formés étaient et sont encore purement artificiels ? En fait, les jeunes adultes n’avaient pas le temps de monter des groupes de musique, puisqu’ils étaient trop occupés à travailler à l’école ou à aider leurs parents pour redresser l’économie (sur fond de peur de l’envahisseur communiste du Nord). Euny Hong explique alors que le contexte de formation du groupe est important. Dans les sociétés occidentales, puisque les groupes ne partaient de rien, ils n’avaient rien à perdre, ils pouvaient donc tout tenter. D’autant plus que la politique de la seconde chance s’appliquait largement en Europe et aux États Unis. En Corée, c’était différent : l’économie très pauvre du pays impliquait le besoin de réussite immédiate ; et les préceptes confucéens, dont la société sud-coréenne est encore imprégnée, ne valorisaient pas les secondes chances. Pour résumer : la Corée du Sud n’avait tout simplement pas le temps d’attendre que des artistes se trouvent et décident de s’assembler par eux-mêmes pour lancer son industrie musicale. C’est d’ailleurs de cet état d’esprit que viennent les fameux contrats imposés aux idols qui s’étalent sur sept, voire treize ans : pour créer un bon groupe, il faut environ 10 000 heures de préparation. Alors, un contrat sur sept ans, d’un point de vue de rentabilité, n’est pas aberrant. Le but étant de former les groupes quand les idols sont jeunes, afin qu’ils puissent grandir ensemble et n’agir plus que comme un seul individu. Les groupes sont donc préfabriqués, et traités comme des produits dès le début de leur carrière. 

Au même titre que l’industrie de la K-pop, Euny Hong se focalise sur l’industrie cinématographique et télévisuelle, expliquant les clichés véhiculés, les enjeux politiques et sociaux au niveau international mais aussi au niveau régional, notamment avec la Corée du Nord. Elle met également l’accent sur les différentes politiques publiques mises en place par l’État sud-coréen et son ministère de la culture pour développer cette industrie, sur fond de protectionnisme. Vous raconter dans les moindres détails son argumentation ne vous ferait que manquer un livre que vous devez absolument lire si vous comprenez plus ou moins l’anglais. En effet, le récit d’expériences personnelles au milieu de données scientifiques nous permet de mieux comprendre l’évolution des pratiques et des mentalités, et les plaisanteries de l’auteure nous permettent de commencer à avoir un regard éclairé sur ce que peut représenter dans le monde l’Industrie de la Culture. Je ne peux que vous conseiller de le lire si vous aimez apprendre tout en vous amusant !

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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[Rubrique culturelle : Nuit blanche 2021]

Le 2 octobre 2021, Nuit Blanche propose plus de 200 évènements gratuits sur quatre parcours : centre, nord, est et ouest. Cette année, pour la 20e édition, la thématique choisie est celle du Corps en mouvement.

Nous vous proposons une liste non exhaustive des différentes activités et musées à découvrir à cette occasion :

Centre

  • Une danse connectée chorégraphiée par Mourad Merzouki à l’Hôtel de Ville
  • Une installation en néon de Tim Etchells au centre Pompidou
  • L’exposition Les envoûtés au Musée d’Art Moderne de Paris
  • Leaila Alaoui à l’Église Saint-Merry
  • Tamara Dean à la Canopée des Halles
  • Lenio Kaklea au Jeu de Paume
  • Au Musée des Arts et Métiers le compositeur Bastien David et la Compagnie Les insectes
  • Au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, « Leah’le, la voix du Dibbouk », une création de Rainier Lericolais
  • Un spectacle aérien au Musée de la Conciergerie
  • Concerts de musique de chambre au Musée de l’Orangerie

Nord

  • Mustapha Benfodil au 6b
  • Une installation sonore, musicale et interactive à la Grande Halle de La Villette signée Nicolas Paolozzi
  • Artistes résidents à la Gare des Mines
  • Spectacle nocturne au Parc George Valbon
  • Cinq marathons musicaux à la Philharmonie de Paris

Est

  • Une balade artistique sur le GR 75
  • L’installation « Gyrotope » de Pablo Valbuena au Bois de Vincennes
  • Laurent Perbos à la BNF
  • Mohamed El Khatib au centre sportif Léo Lagrange
  • Projet collaboratif au Wonderland
  • Une swimming-pool party et Dj set à la piscine Georges Vallerey

Ouest

  • Une rollerdance party au Trinquet Village
  • Artistes et collectifs artistiques à Malkoff
  • Philippe Écharoux sur plusieurs lieux

Article de Sana Tekaïa

Cet article n’engage que son auteure.

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[Bigger than us, un documentaire sur la jeunesse qui s’engage]

« Alors que tout semble ou s’est effondré, cette jeunesse nous montre comment vivre »

    Le long métrage a été présenté au Festival de Cannes de 2021, dans une section éphémère appelée « Le Cinéma pour le climat ». Il a été réalisé par Flore Vasseur et produit par Denis Carot, Flore Vasseur et Marion Cotillard. Il porte sur la force de l’engagement et le choix d’agir à notre échelle. Le documentaire dresse le portrait d’une jeunesse engagée pour « réparer le monde ».  

Affiche du documentaire Bigger than Us

Le long métrage suit le parcours de Melati, une Indonésienne de 18 ans, qui combat la pollution plastique dans son pays. Elle a réussi à faire interdire l’usage des sacs plastiques sur son île de Bali. La jeune fille part à la rencontre de six autres jeunes de 18 à 25 ans, qui, comme elle, se lèvent pour un monde plus juste et plus durable. Ils agissent pour la planète et une justice sociale aux quatre coins de la planète : Liban, Malawi, Grèce, Etats-Unis, Brésil, Ouganda, Indonésie. Les adolescents et jeunes adultes présentés dans le documentaire luttent pour « les droits humains, le climat, la liberté d’expression, la justice sociale, l’accès à l’éducation ou l’alimentation ». Autant de combats qui marquent l’actualité d’un monde dont le fonctionnement doit changer d’urgence. Ce sont des engagements qui les dépassent, « bigger than us » – c’est-à-dire plus grand que nous. 

Le documentaire est touchant, empli d’humanité, et montre les échanges de jeunes activistes dont la force d’engagement fascine. Ils dialoguent de pair à pair sur leur soif d’agir. Le spectateur ressort de la salle galvanisé par l’engagement de cette jeunesse en mouvement et ne peut que s’interroger sur son rôle dans ce combat « plus grand que nous », plus grand que tout. 

Informations :

Sortie au cinéma : 22 septembre. 

Durée : 1h36. 

Pour en savoir davantage sur le documentaire, rendez-vous sur : https://biggerthanus.film/ 

ou découvrez le dossier de presse avec une interview de la réalisatrice, Flore Vasseur : https://api.biggerthanus.film/www-site/uploads/prod/2021/08/BTU-DP-France.pdf .

L’article n’engage que son auteure.

Agathe Passerat de La Chapelle

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[Rubrique culturelle : Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle.]

Des natures mortes, aux fossiles de dinosaures en passant par les planches gravées dans les carnets de voyages des explorateurs à certaines peintures spiritualistes du début du XXe siècle, l’exposition retrace un important pan de l’histoire de l’art inspiré de la nature 🌿. L’exposition rompt la frontière entre dessins scientifiques et œuvres d’art, on pense notamment aux planches de méduse du scientifique Ernst Haeckel. 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ernst_Haeckel,_Anthropogenie_Wellcome_L0023148.jpg

L’exposition révèle toute cette découverte de la diversité du monde, des espèces et des sciences naturelles : de la géologie à l’anthropologie. Une exposition qui est source de réflexion sur notre évolution, et qui s’adresse à tous les publics des plus jeunes au plus experts. Une grande diversité d’œuvres y sont présentées, parmi elles des collections inédites comme des carnets de voyage ou certaines œuvres rarement présentées comme la tête de faune de Carriès.

Le commissariat d’exposition composé d’historien des sciences a mêlé à la perfection les discours naturalistes et les productions artistiques. La nature, et plus exactement les sciences naturelles ayant interrogé simultanément artistes et scientifiques lors des grandes explorations des temps modernes au XIXe siècle à l’apogée de l’expansion coloniale. Se produit alors au XIXe siècle, ce que le musée d’Orsay appelle l’invention de la nature, autrement dit cette nécessité de connaître, de collecter et de diriger le monde qui motivent les sciences naturelles. Ce que l’historien Michel Foucault appelle biopouvoir, entraîne assurément, sous le joug des monarques, la transformation des collections curiosités en espèces scientifiques classés par le suédois Von Linné. 

Depuis le XVe siècle, les navigateurs font partie de ces hommes à la tête d’une expérience unique pour l’Europe et la science. Ils interrogent la manière même dont s’établit le savoir dans un monde désormais infini, selon Newton, en cours d’exploration. Une crise de conscience qui dépasse le cercle scientifique. Pour l’anthropologue structuraliste Claude Lévi-Strauss, celles-ci représentent un tournant dans l’histoire de l’Homme « Jamais l’humanité n’avait connu aussi déchirante épreuve et jamais elle n’en connaître de pareille ». Au XVIIIe siècle ce bouleversement motive les grandes expéditions scientifiques comme celle de James Cook et de Jean-François de Lapérouse🚢

Cette nouvelle forme de connaissance de la nature et des espèces sert un tout nouveau discours sur les origines de l’Humanité. Une histoire qui se fonde sur des théories de l’évolution racialiste, aujourd’hui bien heureusement remise en cause, comme celle de Buffon ou encore celle de Charles Darwin. L’exposition retrace les différentes évolutions théoriques depuis Linné, au XVIIe siècle à Ernst Haeckel au XIX e siècle autour de certains sujets iconographiques comme les fonds marins, ou la figure du singe. 

➥ Le saviez – vous ? 🔎Les peintres comme le romantique Théodore Géricault ont été influencés par les théories naturalistes du XIXe siècle jusque dans leur représentation des noirs mêlant l’histoire du beau à l’histoire des races. Des scientifiques comme Petrus Campers ont notamment alimenté avec la craniométrie cette différenciation raciste dans les représentations picturales (Le modèle noir, exposition Orsay, 26 mars 2019 et le 21 juillet 2019). 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c7/Musée_d%27Orsay%2C_Paris_7th_008.JPG

L’antenne UNESCO ne peut que vous conseiller cette superbe exposition qui se termine le 18 juillet ! C’est aussi l’occasion de faire un tour à l’exposition sur les Modernités suisses qui dans un autre genre explore les couleurs et formes de la nature suisse. 

➥ infos pratiques :  jusqu’au 18 juillet, Musée d’Orsay, métro Solférino, gratuit pour les -26 ans 

Article de Mariette Boudgourd

Cet article n’engage que son auteure !

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[Patrimoine mondial naturel de l’UNESCO : Îles Galápagos]

Si les îles Galápagos sont un des premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, elles suscitent en réalité l’intérêt depuis 1839, avec la publication de « Voyage du Beagle » par Charles Darwin.

© Géolien

Présentation du site :

Les 19 îles formant l’archipel des Galápagos (qui signifie « tortues de mer »), se situent à 1 000 km de la côte équatorienne dans l’Océan Pacifique et s’étendent sur plus de 14 066 000 ha. L’archipel est officiellement devenu un parc national en 1959, avant d’être inscrit sur la liste du patrimoine de l’UNESCO en 1978. Depuis, les îles sont devenues des destinations touristiques attirant des dizaines de milliers de personnes chaque année.

De nombreuses espèces végétales et animales inhabituelles peuplent cet archipel et en font un véritable « musée vivant et une vitrine de l’évolution » unique en son genre : on y retrouve des iguanes marins, des cormorans aptères, des cactus, des tortues géantes, ainsi que de nombreuses espèces endémiques. Cette faune et cette flore uniques ont pu voir le jour grâce à la localisation géographique, à l’activité sismique et volcanique, à l’isolement géographique ainsi qu’au croisement de trois courants océaniques au sein de l’archipel.

Grâce à la diversité des espèces présentes sur ces îles, Charles Darwin a pu faire des observations en 1835 qui lui ont plus tard permis d’argumenter son étude sur l’évolution et la sélection naturelle, publiée en 1859. Un centre de recherche porte aujourd’hui son nom à Puerto Isidro Ayora, une ville située sur l’île Santa Cruz.

En effet, plusieurs îles de l’archipel sont habitées : des zones rurales et urbaines ont été désignées sur quatre îles tandis qu’une cinquième accueille un aéroport, le port pour les touristes ainsi que des réserves de carburants et des équipements militaires. Autour des îles se trouve la réserve marine, créée en 1986 et étendue en 1998 à 133 000 km carrés. Cette réserve comprend ainsi les eaux intérieures de l’archipel, mais également les côtes des îles les plus éloignées. Si toutes les îles habitées ont leur propre port, les autres sont strictement contrôlées et leurs itinéraires touristiques sont planifiés.

De gauche à droite et de haut en bas : un fou à pieds bleus, un crabe rouge, une tortue géante des Galápagos et un iguane terrestre des Galapagos, quatre espèces emblématiques de l’archipel.

Critères de sélection :

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Les îles Galápagos satisfont les quatre critères naturels de l’UNESCO.

  • Critère vii : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.

La vie sous-marine de l’archipel est d’une grande diversité. Les animaux marins étant habitués aux êtres humains, il leur arrive d’accompagner les plongeurs, une expérience inédite. 

  • Critère viii : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.

Le site intéresse fortement les scientifiques d’un point de vue géologique par le fait que trois plaques tectoniques majeures se croisent au fond de l’océan. Bien que l’archipel soit très jeune comparé avec les autres archipels océaniques, le site illustre parfaitement l’évolution des zones volcaniques.

  • Critère ix : être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins.

Les îles de l’archipel sont un des rares exemples dans le monde de l’influence des processus écologiques et d’évolution sur la faune et la flore. Les pinsons de Darwin notamment, illustrent la radiation évolutive qui continue encore aujourd’hui. L’évolution des espèces dans des conditions changeantes est également visible dans la réserve maritime. Une grande partie de la faune terrestre de l’archipel est d’ailleurs dépendante de la mer.

  • Critère x : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Malgré son jeune âge, l’archipel regorge d’une grande diversité d’espèces emblématiques telles que les tortues géantes ou les iguanes terrestres. Une flore endémique, notamment illustrée par les « arbres à marguerites géants », est également présente sur les îles : on y compte plus de 180 espèces de plantes vasculaires propres à l’archipel. Mais parmi les mammifères terrestres et les reptiles, certaines des espèces endémiques sont menacées, comme l’iguane marin par exemple. Il en est de même pour la faune, chez laquelle on compte 18,2% d’endémisme. Certaines interactions de nature exceptionnelles ont également lieu entre les biotes marins et terrestres, comme le montre la présence d’oiseaux de mer et de lions de mer.

L’iguane marin des Galápagos, une espèce endémique de l’archipel illustrant les interactions entre les mondes terrestres et marins.

Gestion du site :

Les îles Galápagos font face à divers types de menace : les espèces invasives, la croissance démographique, la pêche illégale, le tourisme de masse et les problèmes de gestion.

Des mesures ont donc été prises dès 1986 avec la promulgation d’une loi visant à contrôler la pêche et la surexploitation des ressources maritimes de l’archipel. En 1998, cette protection a été renforcée par une loi pour la conservation et le développement durable dans la région, inscrite dans la constitution de la République d’Equateur. L’archipel est ainsi devenue une zone protégée gérée par le Service du parc national des Galápagos. Ce service gère la planification provinciale, les quarantaines, la pêche, le suivi des activités maritimes, l’immigration, le tourisme…

De ce fait, les personnes vivant dans les zones concernées voient certains de leurs droits limités, qui sont compensés par des droits préférentiels en ce qui concerne l’utilisation des ressources naturelles. Ainsi, le Service national du parc des Galápagos rédige régulièrement des plans de gestion depuis 1974, en collaboration avec des porte-paroles de groupes socio-économiques locaux. La gestion du site est alors conforme aux règles internationales.

En 2019, le président Lenin Moreno avait envisagé d’autoriser la présence d’avions militaires américains sur l’archipel, en échange de travaux de rénovation de l’aéroport. Mais les organisations environnementales avaient dénoncé l’impact négatif de cette décision sur la biodiversité, d’autant plus que l’installation de bases militaires étrangères sur le sol équatorien était interdite par la Constitution du pays depuis 2008.

Une forêt de scalesias, « arbres à marguerites géants », sur l’île Santa Cruz.

Sources : Îles Galápagos, Îles Galápagos – Wikipédia

Cet article n’engage que son auteure.

Article écrit par Mathilde VARBOKI

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Portrait : Hilma af Klint : le spirituel dans l’art

Photograph of the Swedish painter Hilma af Klint (1862–1944) at her art studio on Hamngatan in Stockholm – http://www.sydsvenskan.se/Images2/2014/3/7/ELAklint08.jpg

Dans l’introduction de « Origines du développement de l’art abstrait » Michel Ragon déclarait : « J’appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l’artiste. » Or longtemps, on a présenté Kandinsky comme le créateur de cette peinture abstraite vers 1910. Or si l’on s’en tient à cette prudente définition l’abstraction revient en réalité à une femme occultée de son histoire jusqu’à peu : Hilma af Klint. 

Hilma af Klint est une peintre suédoise qui s’engage dans la peinture abstraite dès 1906 soit un peu plus de trois ans avant Kandinsky. Elle obtient une reconnaissance des plus tardives puisqu’il faut attendre presque un siècle lors de l’exposition The Spiritual in Art : Abstract Painting 1890-1985 ayant eu lieu au Los Angeles County Museum of Art en 1986. Ses contemporains ne connaîtrons donc pas ses œuvres. Elle y est alors reconnue dans l’histoire de l’art, par certains experts et se fait apprécier du grand public. Accrochée parmi les plus grands comme le russe Kasimir Malevitch ou encore Mondrian, les dates de ses toiles révèlent un parcours solitaire de pionnière de l’abstraction. 

Ses toiles évoquent des compositions géométriques imprégnées de sciences et de spiritualités. La botanique et les mathématiques étant ses principales sources d’inspiration en témoignent certaines compositions. 

Hilma af Klint, Les dix plus grands, no 3, La Jeunesse, Groupe 4, 1907

Hilma af Klint, Les dix plus grands, no 10, L’âge Mur, Groupe 4, 1907

Un mysticisme qui est associée à la démarche de nombreuses femmes dans la peinture du début du siècle (cf. L’art naïf de Séraphine Louis). Une dénomination qui se justifie mais qu’il n’est pas sans misogynie, là où un Kandinsky est présenté en artiste fondateur de l’abstraction. 

Née le 26 octobre 1862 à Stockholm en Suède, Hilma af Klint est la quatrième enfant de Mathilda af Klint (née Sonntag) et de Victor af Klint. Elle passe ses étés dans un manoir près du lac de Mälaren, près de Stockholm, où la sublime nature inspire ses créations artistiques. Elle étudie d’abord à l’École technique artistique de Stockholm vers 1880, puis à l’Académie royale des beaux-arts. Elle figure parmi les seules rares femmes dans ses institutions. Elle peint alors essentiellement des paysages et des portraits.

Hilma af Klint, durant ses études forme avec quatres femmes le groupe les cinq, ou Fem un groupe d’artistes qui s’intéressent au spiritisme, à la théosophie et à l’anthroposophie. Elles cherchent ensemble à entrer en contact avec les esprits et le retranscrivent dans leurs œuvres. 

Pour gagner sa vie, elle peint des paysages traditionnels suivant les techniques académiques, avant de se lancer en 1906 dans ses premières compositions abstraites. En 1909, Hilma rencontre l’anthropomorphe Rudolf Steiner qui influe sur ses créations. Hilma expérimente la « peinture automatique », se servant de l’état de transe pour créer des œuvres abstraites uniques. Hilma meurt en 1944 et laisse une œuvre de plus de 1 000 peintures inconnues de son vivant. Encore aujourd’hui son œuvre est encore bien mal connue du grand public, c’est pourquoi nous vous invitons pour en savoir plus sur sa vie c’est pourquoi je vous engage à aller voir l’exposition Elles font l’abstraction actuellement au Centre Pompidou à Paris (jusqu’au 23 août 2021). Hilma af Klint figure également à la fin d’une autre superbe exposition à Orsay, Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle (jusqu’au 18 juillet 2021) 🎨.

Hilma af Klint, Retable, no 1, Groupe 10, 1907, Stiftelsen Hilma af Klints Verk. Photo: Albin Dahlström/ Moderna Museet.

Cet article n’engage que son auteure ! 

Mariette Boudgourd 

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[Rubrique culturelle : elles font l’abstraction]

Jusqu’au 23 août 2021 se tient au centre Pompidou l’exposition « Elles font l’abstraction ». Cette exposition inédite met à l’honneur les femmes artistes ayant exploré l’abstraction au XXe siècle. Si les femmes ont souvent été considérées comme absentes dans la peinture et encore plus, dans les mouvements d’avant-garde, la quantité d’artistes exposées au centre Pompidou prouve le contraire. En effet, ce sont plus d’une centaine d’artistes qui « font l’abstraction » au centre Pompidou. 

L’exposition révèle les apports d’artistes femmes aux plus grands mouvements du XXe siècle tels que le Bauhaus ou l’avant-garde russe.

Si l’exposition se concentre principalement sur la peinture et sur des artistes européennes, on y trouve aussi d’autres formes d’art tel que la danse, la sculpture, la photographie ou la scénographie ainsi que des artistes originaires d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie. 

En abordant l’abstraction de manière plus ou moins chronologique, l’exposition réinscrit les femmes dans l’élaboration de ce mouvement longtemps considéré comme exclusivement masculin. 

Ainsi l’exposition démarre avec les artistes spiritualistes notamment avec les œuvres de Georgiana Houghton et d’Hilma af Klint. 

L’abstraction des corps est abordée avec la danse et la géométrisation par exemple avec Loïe Fuller. De plus, l’art décoratif est aussi remis à l’honneur, côtoyant la peinture et la sculpture sur un pied d’égalité. On découvre ainsi le grand travail textile des femmes du Bauhaus. 

Cette exposition réunissant une soixantaine de femmes selon ce prétexte de l’abstraction soulève néanmoins une question importante : 

Peut-on faire des femmes artistes un sujet thématique ? 

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[Rubrique culturelle : Le Paris de Dufy]

Le mythe de Paris

Vous les avez peut-être déjà vus sur des cartes postales : les tableaux de Raoul Dufy sur Paris, ces œuvres colorées et lumineuses, qui font de la capitale un lieu féerique fantasmé par le monde entier. L’exposition sur le Paris de Dufy, au cœur de Montmartre, permet de plonger dans l’univers d’un artiste qui s’installe dans ce quartier parisien au début du XXème siècle. Fasciné par cette ville, l’artiste représente les grands monuments qui font sa renommée : le mythe de Paris prend tout son sens à travers ces images.

Des œuvres pour tous les goûts !

Les salles de l’exposition  sont chacune dotées d’un thème qui nous offre un aperçu sur la diversité des travaux de Dufy. Des tableaux, aux dessins en passant par son travail de tissus d’ameublement, l’exposition possède une collection riche et variée ! Raoul Dufy s’intéressait à tout, et a revisité des chefs d’œuvre comme Bal au moulin de la galette de Renoir. Il a dessiné de nombreux croquis de mode, a peint des nus dans son atelier, et a illustré des ouvrages tels que le recueil Le poète assassiné d’Apollinaire. Chaque exposition sur cet artiste est unique tant son Œuvre est gigantesque. En tout, ce sont plus de 3000 toiles peintes, 6000 aquarelles et 6000 dessins réalisés dans sa vie, sans compter ses tissus et ses décors d’intérieur !

La Fée électricité

L’œuvre la plus connue et la plus monumentale de Raoul Dufy, c’est bien la Fée électricité ! Conçue pour l’exposition nationale de 1937, cette décoration est destinée à mettre en avant le rôle majeur de l’électricité, à une époque où celle-ci commence à se diffuser dans les foyers français. Ce tableau, toujours très coloré conformément aux autres œuvres de Dufy, dégage une intense lumière grâce à l’utilisation de gammes claires et de zones blanches, faisant directement référence à l’invention de l’éclairage. Cette peinture a donc aussi un caractère métaphorique : l’électricité a révolutionné les modes de vie et a ouvert la voie vers un monde nouveau, celui du progrès. L’œuvre originale se trouve au musée d’art moderne, mais l’exposition à Montmartre présente trois magnifiques répliques.

Points forts / Points faibles

Le point fort de l’exposition, ce sont les nombreuses explications qui ponctuent la visite, nous permettant de comprendre le parcours du peintre et ses intentions artistiques. Le seul bémol de ces commentaires tient en ce qu’ils passent à côté des nombreuses influences de Dufy, pourtant importantes pour comprendre son Œuvre : Matisse, Cézanne, Braque…

Le ton pastel des salles apporte une atmosphère douce et permet de faire ressortir les éclatantes couleurs des œuvres de l’artiste. Malheureusement, leur exiguïté rend la déambulation difficile même quand il y a peu de visiteurs. Nous vous conseillons tout de même cette très belle exposition, en privilégiant les heures creuses du matin pour vous garantir un moment agréable !

Cet article n’engage que son auteure!

Article de Manon Etourneau

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[Portraits de personnalités inspirantes : Sarah Moon]

Sarah Moon, née en 1941 est une célèbre photographe actuellement exposée au Musée d’art Moderne de Paris. Elle débute sa carrière comme mannequin puis publie ses premières photographies de mode en 1967. Elle travaille notamment pour Cacharel puis publie dans les plus grands magazines de mode tels que Vogue, Marie-Claire, Harper’s Bazar et Elle. 

Sarah Moon réalise son premier film de fiction, Mississipi One, en 1990. Elle réalise un documentaire sur Henri Cartier Bresson en 1995. Elle réalise une adaptation du conte de la Petite fille aux allumettes ainsi que du Petit Soldat de plomb. Ces deux adaptations emplies de poésies sont visibles à l’exposition Sarah Moon Passé Présent. Filmant en noir et blanc, Sarah Moon nous immerge dans le monde de l’enfance et, avec des images simples retransmet la mélancolie de ces histoires. 

Son œuvre photographique est elle aussi porteuse d’une certaine nostalgie par exemple avec cette photographie portant le titre suivant : Le pique-nique n’a pas eu lieu. 

Sarah Moon explore la photographie avec des clichés de mode tirant vers l’abstraction ainsi que des clichés « ratés » qui, agrandis forment des œuvres surprenantes. La matière est particulièrement exploitée dans son œuvre et ses clichés aux coins abîmés nous transportent dans un passé sombre, tout en nuance de gris. 

Surtout, sa démarche se fonde sur une grande réflexion théorique et de nombreuses références artistiques. Celles-ci sont mises en avant tout au long de l’exposition par des citations accompagnant les œuvres et permettant une compréhension plus profonde. 

Sarah Moon a elle même imaginé cette exposition qui fait dialoguer ses films, photographies et phrases qu’elle a écrite : 

« Mes photos sont une fiction dont je ne connais ni l’avant ni l’après et pourraient être les images d’un film que je n’aurais pas fait. »

Elle nous transporte dans un univers entre rêve et réalité où le temps semble comme suspendu.  La manière dont sont photographiés les personnages, marchant dans des ruelles sombres ou évoluant au travers de tissus vaporeux nous plonge dans l’intimité de Sarah Moon, un univers sombre et onirique.

Cet article n’engage que son auteure !

Article de Sana Tekaïa

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