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[La protection des œuvres d’art durant la guerre : l’exemple des Monuments Men]

L’art est souvent un enjeu lors des conflits, la Seconde Guerre mondiale n’échappant aucunement à cette exception.

Effectivement, les nazis ont été à l’origine de la spoliation d’oeuvres d’art la plus massive, évaluée à plus de cinq millions de tableaux et sculptures. En conséquence, un groupe est formé en juin 1943, nommé les « Monuments Men », par le général Eisenhower et dont l’objectif est de de suivre les Alliés afin de récupérer les très nombreuses œuvres d’art dérobées par les nazis.

Créés grâce à l’initiative du conservateur et directeur de musée américain George L. Stout, ces « Monuments Men » sont des conservateurs, historiens, archivistes, au nombre d’environ 350 et issus de treize nationalités différentes.

Leur travail a notamment fait l’objet d’un ouvrage écrit par Robert M. Edsel et paru en 2007, ainsi que d’un film réalisé par George Clooney sorti en 2014.

Ces derniers reconstituent l’enjeu de l’appropriation des œuvres par le régime nazi, par leur caractère historique, mémoriel, symbolique (en somme, les oeuvres d’art -outre leur appréciation esthétique- ne sont-elles pas la représentation du devenir même de l’humanité en liant passé, présent et futur ?).

Ainsi, le combat de ces hommes et femmes consiste à restituer les biens culturels provenant des collections Rothschild ou de Paul Rosenberg, ainsi que des oeuvres éminemment emblématiques telles que L’Agneau mystique – dit aussi Retable de Gand- des frères Van Eyck ou la Madone de Bruges de Michel-Ange.   

Néanmoins, leur mission ne fut pas sans obstacles, au sein même des troupes alliées, dans un premier temps faisant sourire certaines, agaçant d’autres.

Leur rôle évolue toutefois lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne, le film y étant relativement fidèle en explicitant l’utilité de figures comme Rose Valland, conservatrice du Jeu de paume pendant l’Occupation, qui lista en secret le contenu des caisses contenant les collections privées, ce qui fut notamment utile aux Alliés lors des mines de sel d’Altaussee et de Heilbronn où était amassée une partie du butin.

Leur histoire trop longtemps restée dans l’ombre, est aujourd’hui redécouverte. Incarnant un « état d’esprit » selon l’écrivain Robert M. Edsel, les « Monuments Men » ont joué un rôle primordial, nécessaire à la sauvegarde de la mémoire personnelle et collective, en préservant  notre devenir par la survivance du passé dans notre présent avec la symbolique et l’histoire que ces œuvres évoquent et représentent.

Sources :

Article de Noémie Ngako.

Cet article n’engage que son auteure.

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[Les femmes qui lisent sont dangereuses, de Laure Adler et Stefan Bollmann]

📚 À l’occasion de la journée mondiale de l’éducation, ce 24 janvier, l’antenne UNESCO et l’antenne UNwomen s’associent pour une semaine thématique qui traite des enjeux liés à l’éducation des femmes. Pour bien commencer la semaine, nous vous proposons une revue littéraire, une sorte de mise en abîme du thème du jour : les femmes qui lisent sont dangereuses (2005), de Laure Adler et  Stefan Bollmann, aux éditions Flammarion. Soyez rassuré.es, il n’y a rien de dangereux à ce que vous êtes en train de faire, si ce n’est pour le patriarcat 💪 !

« Les femmes qui lisent sont dangereuses », du moins une chose est sûre, elles suscitent désir et fascination chez les artistes en Occident. De Vermeer, Renoir à Hooper, Stefan Bollmann et Laure Adler retracent l’histoire du trope occidental de « la liseuse ». Tantôt concentrée et plongée dans la lecture, tantôt lascive et abandonnée dans les replis d’une méridienne. 

Loin de représenter a priori un quelconque danger, ces femmes qui lisent au parfum de mystère, le sont bel et bien pour les hommes qui les regardent. Lire, c’est d’abord prendre du temps pour soi avant de consacrer ce dernier à la couture, aux enfants, au foyer. Au sein de la sphère domestique, la lecture féminine représente l’instant durant lequel ses femmes échappent à leur rôle d’épouse, de mère et d’ange du foyer. 

Laure Adler, historienne, journaliste et auteur s’associe à Stefan Bollmann, philologue, philosophe dans le commentaire de ces tableaux. Les deux auteurs explicitent au fil des pages le male gaze, qui est retranscrit dans cette iconographie particulière. La lecture est associée pour ce regard masculin à une féminité envoûtante, échappée et rêveuse qui met en danger l’homme, et l’ordre familial. Derrière ce regard fantasmé de la femme qui lit, se cache une réalité occidentale celle de l’éducation des femmes et des filles. L’omniprésence de ce thème suscite certaines questions sociologiques et historiques : les femmes lisent-elles davantage que les hommes ? 

Selon Yasmina Foehr-Janssens, professeure en Lettres et Études de genre à l’Université de Genève la socialisation primaire genrée expliquerait que les filles lisent plus que les garçons jusqu’à l’âge adulte, tel qu’elle explique dans un article de Femina (2016) : « On remarque une socialisation différenciée des garçons et des filles durant leur jeunesse. Les premiers sont encouragés à être actifs, à aller jouer en plein air. Tandis que les secondes sont plutôt orientées vers des activités tranquilles, qui favorisent l’introspection. Parmi lesquelles : la lecture. Et cette facilité de contact avec le livre engendre un plaisir accumulatif : plus on lit, plus on a envie de lire ».

La lecture bien qu’elle émancipe a priori les femmes en tant qu’elle participe à leur éducation et leur permet d’échapper à un quotidien domestique peut néanmoins contraindre ses femmes dans des rôles genrées particuliers. Au-delà du fantasme masculin posé sur ses femmes qui lisent, le sexisme s’impose autrement au sein de cette activité. D’un part, dans son éducation la jeune fille dispose dans ses choix de lectures de romans qui conditionnent son imaginaire. Entre amour courtois et anti-héroïne à la Emma Bovary, la littérature est imprégnée de normes de genre sexiste. D’autant que l’activité même de lecture, réflexive et tranquille place les jeunes femmes dans la sphère de la tranquillité domestique, loin des activités masculines actives. 

Antoine WIERTZ, La liseuse de romans (1853), Ixelles, Musée Wiertz

La lecture de ce beau livre d’art, de ses images comme de ses commentaires historiques ouvre ainsi la porte à de multiples réflexions sur l’éducation genrée, et les biais sexistes en peinture comme en littérature. Une iconographie séculaire qui interroge les regards contemporains portés sur ses femmes qui lisent, au-delà même sur ses femmes instruites, politiques et écrivaines qui dérangent encore. Quel paradoxe forme par exemple la liseuse de romans de Wiertz qui met en valeur la sensualité du corps d’une femme tout en désignant amèrement sa capacité à s’échapper par l’esprit de se regard perverti… 

↪ Retrouvez en Story SONU une sélection d’oeuvres de femmes qui lisent  🎨

↪N’hésitez pas à aller feuilleter : Les femmes qui lisent sont dangereuses 📖: 

↪ Mais aussi de la même auteure : 

  • Dangerous Women: The Perils of Muses and Femmes Fatales (2009) 
  •  Les femmes qui aiment sont dangereuses (2009)
  • Les femmes artistes sont dangereuses (2018)
  • Les femmes qui écrivent vivent dangereusement (2007)

Le Corps des femmes: Ce que les artistes ont voulu faire de nous (2020)

Article de : Mariette Boudgourd

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[UNESCO à l’antenne #2 : étudiant.e.s précaires, étudiant.e.s délaissé.e.s avec Bérangère Poncet]

À la veille de la journée mondiale de l’éducation, l’association a choisi de donner la parole à Bérangère Poncet,  présidente de l’Association Générale des Étudiants de Paris, l’AGEP, depuis 2019 pour parler d’un sujet important malheureusement d’actualité : la précarité étudiante. 

Un sujet qui nous tient à cœur, au plus près de nos propres réalités d’étudiant.e.s, nous parlons dans ce podcast des conséquences de la pandémie sur la précarité des étudiants, ainsi que de la détresse émotionnelle qu’elle suppose. 

Nous évoquons aussi les aides mises en place et les solutions alimentaire, psychologique entre autres mises à la disposition des étudiants.  

Encore un grand merci à Bérangère Poncet pour sa confiance ! 

Bon courage à tous et toutes pour ce nouveau semestre durant lequel SONU va vous accompagner 💪

Vous pouvez retrouver ce podcast sur de nombreuses plateformes de podcast : Apple Podcasts, Spotify, Anchor, Breaker, Google Podcasts, Overcast, Pocket Casts, Radio Public 🎶. 

↪ Si vous êtes en situation de précarité, ou estimez avoir besoin d’aide alimentaire ☕

↪ Lignes d’écoute et aides psychologiques👂

↪ Emplois étudiants, quelles aides ? 

Bonne écoute 🎶

Version Script du podcast : UNESCO à l’antenne #2 : étudiant.e.s précaires, étudiant.e.s délaissé.e.s avec Bérangère Poncet 

Marianne Condette : Bonjour à toutes et à tous, vous écoutez Mariette Boudgourd, Marianne Condette et Sana Tekaïa pour ce second podcast de l’antenne UNESCO de SONU. Dans ces podcasts nous abordons les thématiques chères à l’UNESCO, dans le but de sensibiliser les étudiants et instaurer un débat, une réflexion autour de problématiques actuelles qui touchent à l’éducation, à la préservation des biens culturels, aux sciences. 

Aujourd’hui nous allons parler de la précarité étudiante : nous allons traiter de la situation des étudiants en temps de pandémie. La question de la précarité est un problème fondamental auquel l’UNESCO tente de remédier. En effet, l’UNESCO prône un égal accès à l’éducation dans de bonnes conditions. La précarité, source d’instabilité et de rupture sociale pour de très nombreux étudiants, contraint les étudiants en situation de précarité à poursuivre leurs études dans une situation d’insécurité financière et peut les amener à devoir cumuler des jobs à côté de leurs études. L’UNESCO a, à de nombreuses reprises, témoigné de son engagement pour favoriser une éducation égalitaire, cherchant à garantir ce droit fondamental. 

La Coalition Mondiale pour l’éducation a, par exemple, été lancée par l’UNESCO en mars 2020 pour répondre à la crise éducative liée à la pandémie de Covid-19. Cette coalition est une plate-forme de collaboration et d’échange qui tend à protéger le droit à l’éducation pendant et après la pandémie. La pandémie de Covid-19 ayant fortement accru la situation précaire de certains étudiants, elle représente un véritable défi pour permettre à chacun d’étudier dans les meilleures conditions. 

Avant toute chose, je rappelle que la réflexion menée au cours de ce podcast n’implique que ses protagonistes. Aujourd’hui nous recevons Bérangère Poncet, présidente de l’AGEP pour son deuxième mandat consécutif. 

Marianne Condette :  Bonjour Bérangère Poncet.

Bérangère Poncet : Bonjour.

Marianne Condette : Merci d’avoir accepté de participer à notre podcast aujourd’hui. Tu es donc originaire de Lyon et tu es étudiante à l’école d’orthophonie de l’université Sorbonne, que tu as intégré en 2018. Tu es présidente de l’Association Générale des Etudiants de Paris, l’AGEP, depuis 2019 et tu t’es engagée tout au long de ta vie étudiante pour assurer le bien-être des étudiants ainsi que leur santé mentale et physique. 

L’AGEP, si on fait un petit résumé, c’est une fédération territoriale qui permet de fédérer et de représenter l’ensemble des étudiants de la ville de Paris. Mais l’un de vos objectifs, et c’est justement pour ça que tu as accepté de témoigner aujourd’hui, c’est de lutter contre la précarité étudiante. 

Lors de la crise de la Covid-19, la précarité de certaines étudiantes et certains étudiants s’est fortement accrue, parce qu’ils dépendaient jusqu’ici de jobs étudiants ou de bourses alimentaires à côté de leurs études. Est-ce qu’au sein de l’AGEP, vous avez été témoins lors de ce deuxième confinement et des couvre-feux etc. d’une augmentation de la précarité étudiante ? 

Et quels sont les critères pour pouvoir faire un dossier ? 

Bérangère Poncet : Alors du coup pour bénéficier de l’AGORAE, on calcule un reste à vivre. Donc en fait, on récupère les entrées et les sorties d’argent dans le mois et il faut que le reste à vivre soit en dessous de 7,60 €. 7,60 €, ça correspond à deux fois 3,30 €, donc le prix d’un repas au CROUS et 1 € le petit déjeuner. S’il est en dessous de 7,60 €, il peut être bénéficiaire de l’AGORAE. C’est-à-dire que c’est un étudiant qui doit avoir un « surplus » de 200 € par mois. Après on regarde aussi les autres dépenses, on essaye de dire s’il y a un loyer excessivement cher, on essaie de voir comment l’étudiant peut mieux gérer ses dépenses. 

Derrière, il y a aussi l’accompagnement social. C’est vraiment une épicerie sociale et solidaire, le but c’est aussi de le ramener à une vie sociale puisque les étudiants qui sont en situation précaire ne peuvent pas sortir. Évidemment personne ne peut vraiment sortir pour ses activités, mais en temps normal les étudiants précaires sont ceux qui ne peuvent pas aller boire un verre, aller au cinéma etc. 

Marianne Condette : Est-ce que tu aurais des chiffres particuliers qui témoigneraient … Par exemple au niveau de l’emploi, est-ce que tu aurais des chiffres qui témoigneraient d’une perte forte d’emplois liée justement à la Covid-19 ? 

Bérangère Poncet : Oui tout à fait. Donc la FAGE, qui est la Fédération d’Associations Générale Étudiante, donc qui est notre organisation nationale, a réalisé une étude avec IPSOS sur le premier confinement. Donc, il y avait 74 % des étudiants qui avaient arrêté leur travail, parce qu’ils avaient été obligés de l’arrêter. Dont, je crois que c’est 1 sur 10 qui n’ont jamais repris, ceux qui n’ont pas pu avoir de suite. 

Sana Tekaïa : Est-ce que vous pourriez nous expliquer les systèmes d’aide contre la précarité qui ont pu être mis en place que ce soit au niveau des universités ou alors plus de manière locale ou même au niveau national ?

Bérangère Poncet : Tout à fait. Donc sur le premier confinement, on a pu un peu voir différentes phases à partir de la crise. Donc sur le premier confinement, ça a été très long, il y a eu peu de dispositifs mis en place. Nous on a dû fermer nos AGORAE parce que le premier confinement était très strict. On ne voulait pas mettre en danger nos volontaires en service civique. Donc on avait décidé de fermer nos AGORAE. Mais au bout de quelques semaines, on s’est dit qu’il fallait quand même qu’on aide les étudiants parce que la plupart d’entre eux ont perdu leur travail et n’ont plus de revenu. On s’est mis à faire des distributions alimentaires avec nos propres moyens. Les premières distributions étaient on va dire simples. On les a arrêtées durant l’été parce que les bénévoles partaient un peu tous en vacances, puis après il y a eu la sortie du confinement. Et après partout en France dans notre réseau associatif, un peu tout le monde s’est mis à faire des distributions alimentaires. Donc c’était parfois avec le CROUS. Le CROUS de Paris n’a pas forcément contacté, mis en place des distributions de paniers. 

À la rentrée, on s’est rendu compte que la situation ne s’améliorait pas, voire qu’elle s’empirait que beaucoup d’étudiants n’avaient pas pu reprendre le travail étudiant, qu’ils n’avaient pas pu travailler cet été. Donc beaucoup d’étudiants qui travaillent l’été pour avoir une grosse somme toute l’année à utiliser n’avaient rien du tout. Donc comment aider ses étudiants-là qui étaient quand même obligés de payer un loyer, surtout un loyer parisien ou francilien qui est quand même plus élevé qu’ailleurs. 

À la rentrée, on a pu rouvrir nos AGORAE, ça a vraiment été un soulagement. À côté, on s’est rendu compte qu’il fallait qu’on continue. Donc sur le deuxième confinement, on a mis en place des distributions mais à plus grande échelle. C’était entre 400-700 paniers qui étaient distribués les samedis. Les formulaires se remplissaient en 24 heures. Donc, on s’est vraiment rendu compte du besoin et de cette cruelle précarité qui était là, c’est-à-dire que les étudiants attendaient toutes les semaines notre formulaire. 

Ça c’était plus pour les initiatives étudiantes que l’AGEP a pu mettre en place. À côté de ça, dès le premier confinement, les universités ont mis en place des aides sociales. Les universités mettent en place des aides sociales tout le temps, sauf que les étudiants sont souvent très rarement informés de ces initiatives d’aides sociales.  Par exemple, il y a de gros frais qui vont être avancés pour ceux qui ne peuvent pas aider à payer ces frais, des réparations, de voiture. C’est justifié, ce sont des commissions qui se déroulent. Là, avec toute cette crise, les universités se sont mobilisées pour aider encore plus d’étudiants et mettre en place soit des aides sociales d’urgence, donc avec moins de commissions, des dossiers un peu plus simplifiés et des critères un peu plus simples. Après, chaque université a un peu fonctionné différemment. Panthéon-Sorbonne, c’était une aide, c’était un montant directement attribué aux étudiants. À la Sorbonne-Université, c’était un dossier et on attribuait un montant en fonction de ce que l’étudiant demandait. On se disait que cet étudiant avait besoin d’un ordinateur, de quoi se nourrir et payer son loyer, on mettait des montants pour chacun de ces critères et on lui donnait une somme et on essayait de donner pour 2 ou 3 mois pour que l’étudiant n’ait pas à refaire des dossiers toutes les semaines. Donc les universités ont plus ou moins toutes bien réussi à mettre cela en place ou à gérer le nombre de dossiers. Le problème, c’est que quand on fait de la communication là-dessus avec le nombre d’étudiants qui étaient précaires, les assistantes sociales n’avaient pas forcément réussi à tout traiter. Mais ce sont les aléas des services sociaux. 

Derrière il y avait aussi le CROUS, donc qui est le service public des œuvres universitaires et scolaires et qui a pu aussi mettre en place des aides sociales d’urgence avec des conditions beaucoup plus régulières et qui a pu attribuer aussi beaucoup d’aides aux étudiants. Le CROUS qui là est encore disponible, donc s’il y a un étudiant qui est encore en difficulté financière, il ne faut vraiment pas hésiter à se rendre sur le site de son université pour regarder les aides qui sont disponibles ou se rendre sur le site du CROUS pour aussi avoir des aides, sachant qu’elles sont cumulables. 

Derrière, il y a d’autres initiatives depuis la rentrée qui sont créées à Paris de distribution alimentaire, par exemple avec Linkee, qui distribue dans le 18ème et dans le 13ème arrondissement des paniers. Il y a l’association Co’p1, il y a les restos du cœur, le secours populaire.  Il y a beaucoup d’initiatives mises en place pour aider les étudiants surtout pour l’aide alimentaire et les produits de première nécessité donc d’hygiène et d’entretien. 

Sana Tekaia : Et au niveau national les étudiants avaient-ils droit à une aide de l’Etat ? 

Bérangère Poncet : Alors l’État a mis en place deux aides, la première c’était une aide de 200 euros accordées aux jeunes il me semble. Les critères étaient très restreints, le problème c’est que le gouvernement réagit beaucoup trop tard sur ce qui se passe. En plus ils sont à côté de la plaque donc il y a des aides mais jamais adaptés aux bonnes personnes. Évidemment, ceux qui en ont bénéficié étaient forcément nécessiteux c’est pas ça le problème. Là cette année le boursiers ont reçu 150 euros de plus, ça c’est une bonne initiative mais le problème c’est que la bourse sur critères sociaux, elle est désuète, injuste. Elle ne correspond pas aux situations des étudiants, on demande une linéarisation des bourses et que ça soit plus une bourse sur critères sociaux mais une aide globale indépendante. On aide toujours les mêmes, les boursiers. Par exemple, pour Sorbonne Université, un Welcome pack numérique mis en place où la priorité était au boursier. Il faut sortir de cette idée que tous les étudiants précaires sont boursiers parce que ce n’est pas le cas en fait. Il y a des étudiants boursiers qui sans rouler sur l’or ne sont pas en situation de précarité. Mais il y a de l’autre côté les trous dans la raquette les étudiants internationaux qui n’ont droit à aucune aide, donc pas aux aides sur critères sociaux. Après il y a tous les étudiants qui sont à la limite du premier échelon de la bourse mais qui n’ont pas ces ressources là. On pense aussi à tous les étudiants en rupture familiale vu que la bourse recrute par rapport aux revenus de ces parents. Il y a pleins de problématiques comme ça, que l’on peut reprocher à la bourse aux critères sociaux ou à ce qui est mis en place par l’État. Ce sont des bonnes intentions mais qui ne suffisent pas, et souvent à côté de la plaque pour pouvoir aider ceux qui en ont réellement besoin. 

(interlude musicale)

Mariette Boudgourd :  Cette année, la pandémie a laissé en dehors des classes presque 1,6 milliards d’apprenants dans plus de 190 pays. Soit 90 % de la population apprenante mondiale. Un impact sur l’éducation tel qu’il a poussé l’Unesco a lancer dès mars 2020 la coalition mondiale pour l’éducation. 150 membres des Nations unies et de la société civile, des académies se sont ainsi rassemblés pour permettre une meilleure connectivité numérique entre les enseignants et les élèves pour parvenir à limiter le décrochage scolaire. Un programme mondial qui soutient les pays  notamment en Afrique en partenariat avec des géants du numérique pour assurer la continuité. 

(interlude musicale)

Sana Tekaia : Justement par rapport aux étudiants internationaux, est-ce qu’il y a eu des aides mises en place quand même ou rien du tout ? 

Bérangère Poncet : Rien du tout, pas à ma connaissance. Ils ont droit aux aides de l’université ou aux aides d’urgence du CROUS. Mais en plus les étudiants internationaux ils ne parlent pas forcément bien français, donc tous les dossiers ne sont pas forcément traduits en anglais ou dans toutes les langues. Donc les étudiants qui sont fragilisés, sont toujours ceux qui le sont le plus au moment des crises. 

Mariette Boudgourd :  Pour rebondir par rapport à ce que vous aviez dit sur le gouvernement, sur le système d’aide à l’emploi, le gouvernement avait annoncé le 12 novembre 2002 la création de 1600 emplois étudiants supplémentaires. Est ce que vous pensez que ce qui a été mis en place est suffisant ? Est ce que ça a répondu suffisamment… même si il semble que pas vraiment. 

Bérangère Poncet : Non non il y a 20 % de jeunes en France qui sont en situation de précarité donc ce n’est pas avec 1600 emplois étudiants qu’on va régler le problème. Surtout qu’on connait très bien les conséquences que l’emploi étudiant a. On a déjà tous nos cours à gérer, travail perso, si on est tout seul dans notre appartement on a toutes les tâches ménagères : faire à manger, faire ses courses qui prennent du temps. En situation de crise sanitaire, ou de redondance confinement/couvre-feu etc clairement on arrive à un point où entre guillemets on en peut plus. Je ne sais pas quel étudiant se dit : “tiens je vais me rajouter à ma santé mentale un petit emploi étudiant”. Ceux qui vont le faire c’est ceux qui ne peuvent plus se nourrir donc c’est ceux qui sont les plus fragilisés. C’est pareil on a créé plus de 20 000 emplois de tuteurs en France, et c’est toujours le même problème on crée des emplois étudiants mais ce n’est pas le salariat étudiant qui va sauver l’étudiant. Après c’est à double tranchant, par exemple l’ouverture de 20 000 postes de tutorat c’est intéressant dans le sens où le tutorat peut remettre du lien social mais ça rajoute des heures à ses étudiants là. Juste derrière les universités ne sont pas capables d’encadrer les étudiants et de les accompagner dans ce travail en plus. C’est un cercle vicieux, où ce sont de bonnes initiatives, c’est pareil les 1600 emplois dans les résidences CROUS c’est pour favoriser le lien social etc, mais c’est jamais des choses très bien encadrés. Quand cette annonce a été faite, il n’y avait aucun texte qui l’encadrait, on ne savait pas comment ils allaient être payés, à combien. Finalement c’est au SMIC donc tout va bien il y a des bonnes initiatives mais qui ne sont jamais cadrées, avec des conséquences qui ne sont pas forcément bonnes pour les étudiants. 

Mariette Boudgourd :  Vous y avez déjà un peu répondu là, mais en règle générale est ce qu’il y a un suivi des étudiants pour la recherche d’un emploi ? 

Bérangère Poncet : Dans la recherche d’un emploi il me semble pas… Les universités peuvent dès fois communiquer, ou le CROUS à une mission qui est l’emploi étudiant qui communique sur sa plateforme d’aide à l’emploi mais il y a rarement de l’accompagnement. Après pour les emplois étudiants à l’université il me semble que c’est encadré, qu’il y a du suivi et de la communication sur les emplois etc. Après pour le reste il y a un statut qui existe pour les étudiants salariés, mais il n’est pas adapté à la réalité et ne fonctionne pas avec ce que les étudiants vivent vraiment. 

Mariette Boudgourd : Je me permets juste une réflexion que je vous pose, vous traitez surtout de la question des étudiants mais est ce que la question des jeunes actifs qui sont depuis deux ans sans emploi dans un entre deux entre étudiant et actif est traitée ? 

Bérangère Poncet : On ne la traite pas beaucoup, mais on va dire qu’on la traite au niveau national c’est à dire qu’on est au courant des difficultés. Par exemple, un jeune qui nous contacte, on va être capable de lui répondre et de lui donner des pistes. Il y a eu des initiatives comme un jeune, une solution je ne sais pas si vous en avez entendu parler pour les jeunes actifs, il y a la garantie jeune. C’est toujours pareil, bon je passe pour quelqu’un d’hyper critique mais la garantie jeune ça va pas, ça n’est pas un dispositif qui correspond à tous, c’est quelque chose qui est pas assez cadré. Même le plan d’un jeune a une solution, moi mon petit frère je lui en ai parlé et il m’a dit « bah  je suis allé dessus cette plateforme elle est pété ». 

Mariette Boudgourd : Concernant la plus grande solution que traversent les étudiants en situation de précarité qui est une précarité en soi, est ce qu’il existe des solutions vers lesquelles les étudiants peuvent se tourner ? On a entendu parler récemment de certaines plateformes d’écoute…

Bérangère Poncet : Tout à fait, c’est la grande problématique sur laquelle les associations étudiantes, les étudiants, tout le monde va devoir travailler et communiquer. On a Night Line une ligne d’écoute le soir pour les étudiants. Ce qui est intéressant parce qu’un psychologue gratuit ou non travaille la journée, donc si un étudiant à cours toute la journée il ne va pas forcément pouvoir en bénéficier. En plus de Night line il y a les services universitaires de santé les SIUMPPS qui proposent des séances psychologiques gratuites. Pareil le problème c’est que souvent le service manque du moyen et de personnel, celui du Paris 1 et des universités de Paris actuellement les délais d’attente sont monstrueux pour obtenir un rendez vous. En revanche, celui de la Sorbonne université et du Paris II Panthéon-Assas fonctionne bien en ce moment. Il y a des places disponibles pour des séances de psychologie. Il y a des permanences sans rendez-vous qui vont être remises en place en présentiel à partir de la semaine prochaine. Ce sont des dispositifs soit que les étudiants ne connaissent pas, soit ils ont des préjugés en se disant que ça ne va pas fonctionner, être trop long ou la peur, ou le non recours qui est énorme. Il y a aussi APASO une ligne d’écoute et la FAGE qui a mis en place un dispositif pour prendre rendez-vous avec une psychologue directement. Sur tout ce qui est santé mentale il y a le site soutien-étudiant.fr créé pour soutenir les étudiants, et qui par académies répertorie tous les services de santé pour les étudiants. On retrouve tout ce qu’on vient de citer ci- dessus. 

Mariette Boudgourd : J’avais une autre question qui me vient, par rapport à la “province” entre guillemet parce que j’en viens, et Paris est ce qu’on remarque que la précarité est beaucoup plus accentuée à Paris et en banlieue parisienne ? Ou est ce que c’est plutôt homogène…

Bérangère Poncet : Je pense qu’actuellement c’est homogène, après le critère que l’on a c’est les distributions et les AGORAE qui ont fonctionné de la même manière à Marseille, Lyon, Poitiers que Paris. Les AGORAE c’est aussi en fonction du nombre d’étudiants il faudrait regarder les pourcentages, mais dans les grandes villes par exemple à Strasbourg il y a des distributions et c’est de l’ordre de 1000 personnes qui se font aider par semaine. A Lyon à un moment ils avaient le même chiffre, c’était 1000 personnes par semaine. Forcément ça reste des grosses villes, où les loyers sont chers, à Paris il y a plus de frais bien sûr mais la précarité elle est présente partout. 

Marianne Condette : J’ai encore une autre question, parce que vous nous avez expliqué que pour avoir le droit à un certain type d’aide il faut remplir certains dossiers mais est ce qu’il existe un accompagnement pour aider les étudiants à remplir les dossiers ? 

Bérangère Poncet : Pas à ma connaissance, nous par exemple si un étudiant à des difficultés pour remplir un dossier pour l’AGORAE on va évidemment l’aider et l’accompagner. Mais après à l’université je suis pas sur. Après si l’étudiant fait la démarche de, et qu’il dit voilà je n’arrive pas à compléter mon dossier il sera peut être accompagné. Souvent les démarches administratives sont longues ce qui explique que les étudiants ne demandent pas d’aide ou abandonnent en faisant leur dossier parce que c’est trop long, et il y a trop de papiers qui sont demandés. 

Mariette Boudgourd : Comment vous vous projetez dans ce deuxième semestre pour les étudiants qui vont se faire à distance et probablement confinés ..?

Bérangère Poncet : C’est compliqué (rire), honnêtement on va pas se mentir ça va être compliqué ! Il y a trois grands combats: lutter contre le décrochage scolaire, lutter contre le mal être et lutter contre la précarité. C’est les trois combats que l’AGEP va tenter de mener, là pour la précarité on distribue des repas chauds tous les soirs. Donc si jamais des étudiants écoutent ce podcast et qui ont besoin d’aide tous les soirs il faut se rendre sur la page facebook de l’AGORAE et de l’AGEP pour pouvoir s’inscrire. On fera de la communication régulièrement, après le décrochage et la santé mentale on va voir ce qui est possible. mais voilà il y a déjà pas mal d’aides mise en place pour la santé mentale sur Paris, donc n’hésitez vraiment pas à vous renseigner et à voir quels sont les dispositifs. Et sur le décrochage scolaire, pour l’instant il n’y pas vraiment de solution, on tente de mettre en place des séances de tutorat, d’entraide entre étudiants. On va voir comment les universités vont anticiper ce second semestre parce que là elles se rendent bien compte qu’on ne peut pas faire comme si de rien n’était comme si dans deux mois elles allaient retourner sur les campus. Les universités pour la plupart sont pour un retour, c’est surtout au niveau du gouvernement que ça bloque et ça a de réelles problématiques parce qu’au final on est des personnes en construction, qui ont besoin d’interactions sociales. On est un peu les oubliés de la crise, il faut se le dire ! Donc on espère que le gouvernement réagisse vraiment sur la réalité des choses et du fait que ça devient difficile pour tout le monde…C’est pas une note positive désolé (rire).

Mariette Boudgourd : Mais vous pensez que la médiatisation en cours va faire bouger les choses là dessus sur les mesures qui vont être prise pour les étudiants, ou ça risque d’être que pour les lycéens, et le secondaire que ça va bouger pour la reprise des cours…Enfin vous ne pouvez pas savoir mais..

Bérangère Poncet : J’espère, j’espère que la médiatisation,tout ce qui se passe va faire bouger les choses. On essaye au niveau national des discussions sont mises en place pour faire comprendre que là on va arriver sur une situation de non retour, qui n’est plus maîtrisable donc si aucune mesure n’est mise en place. Qu’il n’y a pas d’accompagnement et des universités et des étudiants cela va faire une génération de sacrifiés.. enfin ça l’est déjà un semestre et demi, et surtout à Paris avant la crise les grèves des transports, des réformes par rapport à l’enseignement supérieur donc ça fait un moment que les étudiants sont impactés et ne peuvent pas réalisés leurs études et leur formation dans de bonnes conditions. Voilà après j’ai pas l’impression que le gouvernement réagisse vraiment à la médiatisation des malheurs des étudiants donc peut être qu’ils vont se réveiller et se dire à oui en effet (rire) mais…

Mariette Boudgourd : Merci beaucoup !

Bérangère Poncet :  Merci 

(interlude musicale)

Mariette Boudgourd : Merci pour votre écoute, vous pouvez retrouvez notre podcast sur toutes les plateformes audio ou sur notre blog ou il sera également retranscrit en script n’hésitez pas à prolonger cette discussion en commentaire et à partager vos expériences. À très vite ! 

(interlude musicale)

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[Rubrique culturelle : l’Atelier des Lumières]

Lorsque les établissements culturels rouvriront, pourquoi ne pas faire une visite immersive dans les tableaux d’artistes célèbres ? C’est le pari que s’est lancé il y a quelques années déjà l’Atelier des Lumières à Paris, qui se plait à faire vivre des œuvres qu’on ne présente plus.

L’Atelier des Lumières, c’est quoi ?
Parce que toutes et tous, nous avons entendu parler au moins une fois de cet endroit, mais peu enconnaissent véritablement l’Histoire, retour sur un lieu d’art autrefois industrie.
En 1835, les Frères Plichon, issus d’une famille de laboureurs, décident de venir à Paris pour devenir fondeurs lors de la Révolution industrielle. Ce sont alors les débuts de la Fonderie du Chemin Vert. Grâce à des pièces en fonte très qualitatives, cette fonderie avait pour but premier de répondre aux besoins de la Marine et du Chemin de Fer. A ce moment-là, elle employait près de 60 personnes.
En 1959, 24 ans plus tard, l’entreprise est transmise aux enfants de l’un des deux fondateurs, dont Edouard Plichon, qui était un technicien reconnu et pendant quatre générations, les affaires sont alors prospères pour la fonderie.
Cependant, en 1929, comme beaucoup d’autres entreprises, l’affaire est contrainte de fermer ses portes. Les raisons : la crise internationale et la concurrence accrue des nouveaux matériaux sur le marché comme le plastique qui fait son apparition. Alors, en 1935, l’entreprise est totalement dissoute et la famille Martin, qui en est aujourd’hui encore propriétaire, rachète les locaux. Pendant de nombreuses années, jusqu’en 2000, les entrepôts servaient alors à une entreprise de fabrication et de vente de machine-outils.
C’est en 2013 que le Président de Culturespaces, Bruno Monnier, redécouvre la fonderie et se rend compte de son immense potentiel. Il veut alors en faire un centre d’art numérique, et la famille Martin accepte alors de lui louer les bâtiments.

En 2018, pour le bonheur de tous, l’Atelier des Lumières voit alors le jour le 13 avril, et est découvert la première année par plus de 1,2 millions de visiteurs venant de partout dans le monde.

Les Grandes expositions de l’Atelier des Lumières
Tous les ans, Culturespaces organise donc des expositions longues et courtes, en donnant la parole à desartistes contemporains.
En 2018, on avait alors eu le droit à une rétrospective de la « Sécession Viennoise à travers les œuvres de Hunterwasser » et des œuvres de Gustav Klimt, le tout assemblé par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, avec la collaboration musicale de Luco Longobardi, du collectif Ouchhh et Thomas Blanchard et Oilhack.
(Pour avoir un aperçu de l’exposition, voici la vidéo promotionnelle : https://vimeo.co/344347744)

En 2019, c’était au tour de Van Gogh d’être mis à l’honneur, là aussi par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Mais, nous avions aussi le plaisir de voir deux autres productions : « Japon Rêvé, Images du monde flottant » de Dany Rose, et « Verse », de Thomas Vanz.
(Pour avoir un aperçu de l’exposition, voici la vidéo promotionnelle : https://vimeo.co/435873883)

En 2020, même si l’exposition fut écourtée dû à la crise sanitaire, Monet, mais aussi Renoir et Chagall ont été exposés en musique sur leurs voyages en méditerranée. Exposition qui nous fait voyager, tout en restant dans la pénombre et la fraicheur d’un ancien entrepôt chargé d’Histoire.

Quid des prévisions pour 2021 ?
Vite, vite, rouvrons les établissements culturels ! Cela nous permettra de venir admirer la rétrospective des plus grandes œuvres de Dali, élaborées pendant ses 60 années de création. Initialement prévue pour le 29 janvier 2021, elle sera d’actualité jusqu’en janvier 2022. Alors, espoir et optimisme, nous trouverons bien quelques semaines durant 2021 pour y faire un tour ! Comme toujours, cette immersion est produite par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, artistes maintenant habitués à l’établissement.
Mais, Dali ne sera pas seul ! En effet, en programme court, nous aurons la chance de retrouver les œuvres architecturales de Gaudi, qui fut lui-même une véritable source d’inspiration pour Dali, par les studios Cutback.

Alors, prenons notre mal en patience, restons forts et patients ; pour retrouver nos amours artistiques dès que le temps nous le permettra !

Cet article n’engage que son auteure !

Article de Tifenn Genestier

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[Portraits de personnalités inspirantes : James Baldwin]

    Symbole d’une amérique qui s’exile pour mieux vivre en plein combat pour les droits civiques, James Baldwin est un activiste auteur de romans, pièces, nouvelles et poèmes né à Harlem (New York City) le 2 août 1924. 

    S’il fut un temps oublié par la vaste majorité de la population, son oeuvre et l’homme qu’il était sont revenus sur le devant de la scène avec le mouvement « Black Lives Matter » et le film-documentaire « I am not your negro » de Raoul Peck (2016). 

    James Baldwin montre dès son enfance un intérêt grandissant pour les livres et l’écriture, à 13 ans il publie son premier article pour le journal de l’école qu’il intitule « Harlem – Then and Now ». Son enfance à Harlem est celle d’un jeune afro-américain au début des années 1940, les brimades des officiers de police blancs, le racisme environnant et ultimement les émeutes de 1943 marqueront ainsi son esprit et ses écrits. Il réalise ce qu’est la condition de noir dans son pays. Ses années formatives sont également rythmées par la religion dans laquelle il se réfugie pendant un temps, la reconnaissance de son talent par ses aînés dès le début de son parcours académique et sa rencontre avec le peintre Beauford Delaney qui lui laisse entrevoir la possibilité d’une vie d’artiste.  

    James Baldwin conscient de sa condition d’homme noir homosexuel aux États-Unis prend l’initiative de s’exiler à Paris à 24 ans. Il refuse que ses écrits soient lus sous le prisme de son apparence ou de ses préférences. Ainsi pendant les premières années il se rapproche des penseurs de la rive gauche et se fait éditer par son ami Themistocles Hoetis, éditeur de Richard Wright. 

    Des années 1950 aux années 1980 Baldwin écrit des romans semi-autobiographiques comme Go tell it on the montain (1953), des romans sur l’homosexualité comme Giovanni’s Room (1956) et des essais notamment sur la condition des afro-américains comme le très célèbre The fire next door (1963). 

    The fire next door est publié alors que James Baldwin est de retour aux États-Unis comme une des figures de proue du mouvement pour les droits civiques. Il devient porte-parole de la cause, ses écrits sont lus par la population blanche pour, en un sens, mieux comprendre ce que désirent les afro-américains. Cela lui vaudra des reproches de la part de ces derniers qui le trouvent trop complaisant. Baldwin reviendra sur cette période dans No name in the street (1972), un long essai qui évoque ses combats des années 1960 et les marquants assassinats de trois de ses proches amis et symboles de cette lutte pour l’égalité : Medgar Evers, Martin Luther King Jr. et Malcom X.

    Les années 1970 et 1980 sont celles d’un retour à l’exil. James Baldwin s’installe à Saint-Paul-de-Vence dans le sud de la France où il continue d’écrire jusqu’à son décès en 1987. Chez lui passent les icônes afro-américaines de la musique jazz : Miles Davis, Nina Simone, Ray Charles, mais aussi d’autres artistes comme Joséphine Baker, Harry Belafonte, Sydney Poitier et Beauford Delaney. Il est dit de sa porte qu’elle était toujours ouverte. 

    Si les écrits de James Baldwin n’ont jamais vraiment disparu des étagères et que son œuvre a trouvé écho dans celle d’amis comme Maya Angelou et Toni Morrison, c’est avec la nouvelle vague de lutte contre les violences racistes que son œuvre réapparaît sur le devant de la scène. Ses mots sont toujours aussi justes et puissants, ils font résonance avec les plus jeunes générations. Ainsi on retrouve des citations sur des pancartes pendant des marches pacifistes, ses livres sont adaptés en films acclamés par la critique. Les mots de Baldwin sont toujours aussi vrais.  

Cet article n’engage que son auteure. 

Article de Yacine Navenot 

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[Patrimoine mondial de l’UNESCO: Les paysages cariocas, entre océan, verdure et montagnes ]

Les paysages cariocas ont été les premiers à être classés en tant que paysages urbains par l’UNESCO. Cela peut se comprendre au vu de la beauté de la ville de Rio de Janeiro, et sa diversité paysagère qui se partage entre océan, verdure et montagnes.

La notion de paysage peut être assez vaste et l’on peut se demander si c’est l’entièreté de la ville de Rio de Janeiro qui est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ou seulement quelques éléments, puisqu’en soit, comme tout espace, elle est composée de nombreux paysages. Selon Géoconfluences un paysage est  » l’étendue d’un pays s’offrant à l’observateur. Derrière cette définition qui peut paraître simpliste se cache une notion qui a donné lieu à une abondante bibliographie et à de multiples approches. »

Le Christ Rédempteur, situé sur le Mont Corcovado, surplombe la ville et fait face au Pain de sucre

Dans le cas de la ville de Rio, les paysages classés par l’UNESCO sont délimités: ce sont les éléments naturels de la ville, soit les monts comme celui du Corcovado et du « Pain de Sucre » mais également les parcs comme le Parc national de Tijuca, ou bien le jardin botanique. Ces paysages s’étendent jusqu’à l’océan en comprenant les paysages de la plage de Copabana. Monts, verdure et océan, voici les trois mots clés pour définir les paysages cariocas classés. En somme l’UNESCO précise que les paysages classés sont ceux qui « incluent tous les plus beaux points de vue qui permettent d’apprécier la manière dont la nature a été façonnée pour devenir un élément culturel important de la ville. »

Le Parc national de Tijuca

Si la ville est si diverse dans ses paysages, c’est grâce à sa position géographique. Située dans la baie de Guanabara, elle est encerclée par les montagnes et les collines dont le plus haut sommet est le pic du Massif de Tijuca culminant à plus de 1021 mètres d’altitude. A cela se mêle la verdure omniprésente, qui se niche dans ces reliefs et se concentre notamment dans le Parc National de Tijuca où sont présents une faune et flore abondante, des sommets, des grottes et le fameux mont Corcovado où culmine le Christ Rédempteur.

La place de Copacabana, mondialement connue

Au milieu de ces reliefs et de cette verdure s’est développée la ville, dont l’architecture composée de grands bâtis tranche avec les couleurs et les formes du paysage naturel. La ville s’étend sur le littoral où l’on retrouve les fameux quartiers de Copacabana et Ipanema, dont les pavés noir et blanc des plages sont devenus de véritables éléments visuels qui ont inspiré les artistes du monde entier, et participent à faire rayonner culturellement la ville de Rio de Janeiro.

Les critères de séléction que respectent les paysages cariocas pour être intégrés au Patrimoine mondial

  • Le critère v (être un exemple de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture, ou de l’interaction humaine avec l’environnement): Le développement de la ville s’est fait entre la nature et la culture, non par un processus traditionnel mais par celui d’un mélange d’idées scientifiques, environnementales et paysagères.
  • Le critère vi (être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle): Les paysages de la ville de Rio ont influencé de nombreux artistes du monde entier, et ont participé à faire rayonner la ville à échelle internationale, grâce à son impact culturel. La notoriété de la ville s’est fondée sur des éléments paysagers connus de tous comme le Pain de Sucre, le Christ Rédempteur, la plage de Copacabana et la baie de Guanabara, par où les portugais sont arrivés lors de la colonisation. Cette renommée contribue à faire de Rio l’une des villes les plus belles et les plus diverses au monde, et participe à sa réputation.

Les paysages cariocas sont protégés par des décrets instaurés par l’IPHAN. L’UNESCO explique que « L’Institut du patrimoine historique et artistique national (IPHAN) et ses prédécesseurs ont catalogué, depuis 1938, l’intégralité des sites et des structures individuelles définies pour la protection nationale. Ils comprennent aussi bien le parc national de Tijuca et les jardins botaniques que le manoir du Parque Lage, le parc du Flamengo, les collines Cara de Cão, Babilônia, Urca, Pain de Sucre, Dois Irmãos et Pedra da Gávea, le fort de São João, le fort de Santa Cruz et le paysage urbain des plages de Leme, Copacabana, Ipanema et Leblon. ». Cependant les paysages cariocas demeurent fragilisés au cours de ces dernières décennies par le bâti qui émerge constamment et s’étend sur les littoraux, ainsi que par la pollution des océans. Il faut donc respecter au mieux la ville et continuer de tout faire pour protéger ses richesses.

Pour en savoir plus:

  • Sur la notion de paysage: http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/paysage
  • Sur les paysages cariocas: https://whc.unesco.org/fr/list/1100/

Article écrit par Marina Deynat

Cet article n’engage que son auteur.e

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[Actualités de l’UNESCO: La 18e édition de la Semaine du Son de l’Unesco]

“L’association La Semaine du Son a pour but d’amener chaque être humain à prendre conscience que le sonore est un élément d’équilibre personnel fondamental dans sa relation aux autres et au monde, dans ses dimensions environnementale et sociétale, médicale, économique, industrielle et culturelle.” La charte de La Semaine du Son.  

Il faudrait écouter pour mieux voir. Hier, lundi 18 janvier, l’UNESCO a lancé sa 18e édition de la Semaine du son. Ce sont dix-huit années durant lesquelles l’Organisation met en éveil notre ouïe mais pas seulement. Au travers de cet événement, l’UNESCO vise à nous sensibiliser à l’expression musicale, l’enregistrement et la production du son, la santé auditive, la relation image et son, et, enfin, à l’environnement sonore.

L’objectif est de notamment attirer notre regard sur les changements climatiques, par le biais du son. La prise de conscience de l’urgence climatique passe aussi par la préoccupation de ces bruits qui nous manquent. L’idée est de mettre l’accent sur ces sons de la nature que la crise écologique menace de faire taire, tels que les bruits de la biodiversité d’une forêt, le chant des oiseaux en ville, le vent qui traverse le feuillage de l’arbre, le bruit de la mer apaisée.  

Pour chacune de ses éditions, la Semaine du Son sollicite des personnalités emblématiques du son, de la qualité sonore ou musicale, désireuses aussi de porter ses messages et de les partager avec leur public. Cette année, les parrains et marraines sont la cantatrice Natalie Dessay qui est attachée à la nécessité de mettre la musique dans la quotidienneté de nos vies, et le célèbre trompettiste Ibrahim Maalouf qui parlera notamment de la dimension politique du son, évoquant notamment la dimension sonore des guerres. 

Jusqu’au dimanche 24 janvier, c’est donc le son qui est mis à l’honneur par l’UNESCO, et ce, dans sa plus grande diversité : il sera question de penser l’environnement sonore, l’expérience, l’influence du son sur notre comportement ou encore santé auditive. 

Cette 18e édition se déroulera entièrement en ligne. Pour plus d’informations : https://www.lasemaineduson.org/la-semaine-du-son-de-l-unesco-2021 

Article de Jonathan Katende

Cet article n’engage que son auteur

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[Une bande dessinée sur les tabous sexuels : Pucelle de Florence Dupré La Tour]

La sélection officielle du festival d’Angoulême offre un large panorama du paysage de la bande dessinée de 2020. La remise des différents prix du festival se fera le 29 janvier 2021 lors d’une cérémonie se déroulant au théâtre d’Angoulême, qui sera retranscrite en direct. Huit prix seront décernés lors de l’événement.

Le festival en lui-même est reporté au mois de juin en raison de la situation sanitaire. Cette remise de prix est l’occasion de se pencher sur une œuvre en lice, Pucelle, de l’autrice et dessinatrice Florence Dupré La Tour.

Dans cette bande dessinée autobiographique, elle s’attaque aux tabous sur la sexualité, et plus généralement le manque d’éducation sexuelle dans une famille bourgeoise et très catholique. Entre un père absent et une mère qui entretient une éducation religieuse fervente, c’est dans la honte et l’incompréhension que Florence tente de se construire. Les non-dits sont source de profondes angoisses, que l’autrice peint à l’aide d’une aquarelle aux tons roses et rouges pastels. La fausse naïveté du dessin et la douceur des couleurs tranchent avec le propos acerbe que Florence Dupré la Tour tient sur la société dans laquelle elle a grandi, enfermée dans ses tabous et mensonges. Le culte de la virginité, le tabou des règles, la place la femme au foyer, la puberté honteuse : autant de schémas perçus par les yeux d’une jeune fille qui tente de comprendre ce qu’il lui arrive. Elle livre également une critique de la religion, de son rôle dans le maintien des femmes dans une position d’infériorité.

Florence Dupré La Tour parvient à prendre du recul sur son passé, et le retranscrit dans cette œuvre avec beaucoup d’humour et d’autodérision. Le propos de l’autrice n’en est pas moins très sérieux : parvenir à l’égalité homme-femme, c’est continuer le grand chantier qui est celui de l’éducation, et notamment l’éducation sexuelle en abolissant les tabous.

Son travail a déjà été encensé par la critique, et a reçu le prix de la meilleure bande-dessinée 2020 des Inrockuptibles. En route vers un fauve à Angoulême ?

Article de Charlotte Morel

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[Portrait de personnalités inspirantes : Eva Hesse]

Née à Hambourg en Allemagne en 1936, Eva Hesse s’inscrit dans le mouvement minimaliste américain des années 60 et apporte des perturbations à cet art réglé.

 Par l’introduction de nouveaux matériaux instables comme le latex, elle conçoit ses œuvres comme une forme de résistance féminine aux structures rigides et masculines de l’art minimal.

Elle a déclaré que le sujet principal de son œuvre était « l’absurdité de la vie ».

En 1939, sa famille fuit les persécutions nazies en émigrant aux États-Unis. Eva Hesse entame alors une formation en design publicitaire à l’Institut Pratt de New York puis entre à l’Art’s Students League tout en travaillant pour le magazine Seventeen. Elle obtient son diplôme en design à la Cooper Union de New York en 1957 puis entre à Yale, à l’École d’art et d’architecture. Après avoir obtenu sa licence de Beaux-Arts, elle rentre à New York où elle rencontre le sculpteur Tom Doyle qu’elle épouse en 1961. Eva Hesse se tourne d’abord vers la peinture expressionniste, quasi figurative : on reconnaît des formes de visage et des attributs sexuels dans ses œuvres du début des années 60. 

Untitled 1960

Elle expose pour la première fois en 1963 et fait la rencontre de nombreux artistes minimalistes tel que Sol LeWitt, Robert Ryman, Robert Morris et Robert Smithson. En 1964, le couple est invité en Allemagne de l’Ouest et Eva Hesse entame une série de sculptures peintes, fabriquées à partir de matériaux de récupération trouvés dans une usine désaffectée dans laquelle elle installe son atelier. 

Elle insère ainsi des câbles et des fils électriques dans ses œuvres, sorte de bas-reliefs abstraits et colorés. Elle expose en 1965 en Allemagne puis rentre l’année suivante à New York où elle se sépare de son mari. Tout en continuant ses constructions biomorphiques, elle n’emploie plus de couleurs et simplifie de plus en plus son langage plastique, s’inscrivant dans le mouvement minimaliste. Ses pièces sont organiques tout en conservant une certaine régularité géométrique et portent des sous-entendu corporels. 

Hang Up, 1966

Hang Up une de ses oeuvres majeures “C’était la première fois que mon concept d’un sentiment extrême, poussé jusqu’à l’absurde aboutissait… Le cadre est entièrement fait de câbles et de fils électriques… C’est une œuvre extrême, c’est pour cela qu’elle me plaît et ne me plaît pas. C’est tellement absurde, ce long fil métallique qui sort du cadre… C’est la structure la plus ridicule que j’ai jamais conçue, et c’est bien ce qui fait sa réussite.”

Ce cadre fixé au mur est traversé d’un câble pendant de son coin inférieur à son coin supérieur. L’artiste négocie un entre-deux subtil entre la nature plane du dessin et le relief de la sculpture. 

Objet projeté dans l’espace plutôt qu’un tableau conventionnel

S’inscrivant par cette oeuvre dans le minimalisme elle procède de la même manière que d’autres artistes contemporains : par série, répétition et quadrillage. Surtout, elle utilise des matériaux non conventionnels tel que le latex dont elle est l’une des premières à utiliser avec Louise Bourgeois, la fibre de verre, les fils électriques, le textile ou le caoutchouc. Elle réalise une série d’oeuvres abstraites introduisant une irrégularité dans la rigidité minimale par un désordre de fils liant deux monochromes ou même trois monochromes.

Eva Hesse connaît un certain succès dans le New York des années 60 et ses oeuvres sont exposées à la galerie Fischbach, elle participe aussi à la mythique exposition de Robert Morris “9 at Castelli”, explorant ce qu’il appelle “l’antiforme”.  

Recrutée en 1967 comme professeure à l’École d’Arts Visuels de New York. En 1970, Eva Hesse décède d’une tumeur au cerveau.

Article de : Sana Tekaïa

Cet article n’engage que son auteure.

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[« Des goûts et des couleurs », Hors Champs avec Michel Pastoureau : un podcast qui raconte la couleur]

Le bleu, le rouge, le vert, le jaune ou encore le noir autant de couleurs que l’historien Michel Pastoureau prend le temps de raconter dans la série de podcasts « Des goûts et des couleurs » animés sur France Culture par Laure Adler. Avis aux amateurs d’art, de couleurs  et à ceux dont le quotidien manque de couleurs en ce moment ! 

Michel Pastoureau est un historien médiéviste spécialiste de l’emblématique et des animaux. Il est plus connu de tous pour sa sensibilité aux couleurs, et son histoire culturelle des couleurs. Professeur émérite, il est directeur d’études à l’École pratique des hautes études, où il occupe la chaire d’histoire symbolique occidentale. 

Or après avoir publié ses essais sur l’histoire de chacune des couleurs, il intervient en 2013, dans le format de podcast Hors Champs dynamique et distractif pour en parler. Le podcast Hors Champs de Laure Adler de grande qualité pour sa diversité d’interview d’historien.ne.s ou d’artistes propose un format particulier qui laisse toute la place à Michel Pastoureau pour nous transmettre sa passion pour les couleurs. 

Les goûts et les couleurs se discutent bel et bien dans ce podcast, ils sont construits au cours des siècles, et au sein même de notre vie dès la plus petite enfance. Ce qui explique par exemple que le noir n’a pas toujours été une couleur négative. Aussi il existe une infinité de nuances colorées, chaque nuance signifie quelque chose de différent comme on peut l’imaginer entre un rouge vermillon éclatant et un rouge carmin plus profond. On peut donc aller plus loin que le phénomène perceptif de l’optique et expliquer comment se construit culturellement notre regard.

Les couleurs sont partout, et indépendamment des mots ou du dessin, elles sont un langage à part entière dissimulé dans notre quotidien. Chaque couleur, du bleu préféré de loin par la plupart des gens au jaune malaimé, est le support d’un goût, culturellement construit. L’occasion de vous demander quelle est votre couleur préférée ? Serait-ce le vert comme Michel Pastoureau ? Et pourquoi ? 

L’historien avec Laure Adler résume donc dans un format d’une cinquantaine de minutes, les enjeux autour d’une couleur et ses valeurs sociales au fil de l’histoire tout en s’intéressant à la dimension matérielle de cette couleur. Pour le bleu, il s’intéresse par exemple à la diffusion limitée du lapis lazuli qui joue sur sa valeur symbolique. 

Une série de podcast en cinq épisodes construits, à valeur historique, qui parle à tous, à nos souvenirs d’enfance et aux couleurs de notre quotidien, autant qu’il interroge sur la construction presque idéologique autour de certaines couleurs comme le noir. 

Une histoire du sensible, de la matière et des imaginaires qui déconstruit tout en ouvrant le regard. Ce courant réveille un esprit critique parfois endormi par l’abondance d’images et les idées préconçues. Le jaune n’est pas nécessairement chaud, comme le bleu n’est pas froid : il ne s’agit là que de cadres de pensées contemporains. 

Dans ce podcast une synesthésie s’opère ainsi aux rythmes d’interludes musicaux et de la prenante voix de Laure Adler, chaque épisode nous offre un voyage visuel dans le temps au cœur des couleurs. 

Si ce podcast vous a plu, vous pouvez trouver les essais sur chacune des couleurs en librairie en format poche ou bien dans un premier temps consulter : 

➨Dominique Simonnet et Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs, 2005

Article de : Mariette Boudgourd

Cet article n’engage que son auteure ! 

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