[Actualités de l’Unesco: Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes]

Une journée cruellement nécessaire encore aujourd’hui …

          Dans moins d’une semaine, le lundi 02 novembre 2020 marquera la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Une date chère à l’UNESCO, qui ne manque pas de la mettre en avant sur son site internet.

Cette journée a été mise en place par une résolution adoptée par l’Organisation des Nations Unies en 2013 et la date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali le 02 novembre 2013. À cette occasion, l’antenne UNESCO de SONU en profite pour faire un point sur la situation mondiale des journalistes, mais aussi sur la position de l’UNESCO quant à cela.

Selon l’association Reporters Sans Frontières, près de 27 journalistes ont été tués depuis le 1er janvier 2020, dont 5 au Mexique, 4 en Irak et 3 respectivement au Honduras et au Pakistan. Ils rejoignent ainsi le total macabre de 1413 journalistes tués depuis l’année 1993.

L’UNESCO s’inquiète de ces chiffres qui démontrent une volonté croissante de museler les médias, acteurs importants de la culture. Au Mexique notamment, le nouveau gouvernement en place n’a pas pris les moyens suffisants pour lutter contre l’impunité des crimes commis à l’encontre des journalistes. Le pays, qui demeure le plus meurtrier d’Amérique Latine pour les médias, comporte de forts risques pour les journalistes qui cherchent à s’intéresser aux affaires de crime organisé. L’Irak est également un pays très dangereux pour les journalistes, en témoigne son classement à la 162ème position quant à la liberté de la presse. Les reporters qui s’aventurent sur les terrains liés à la corruption et aux manifestations prennent des risques insensés pour leur vie, dans un pays où des milices n’ont aucun mal à assassiner les journalistes. Depuis 2019, la situation tend à s’aggraver en Irak car des contestations émergent face à un gouvernement qui est prêt à tout pour museler l’opposition et les journalistes qui la représentent. Enfin, au Honduras, le président Hernandez, réélu en 2017, mets en place de nombreuses manoeuvres afin de porter atteinte à la liberté de presse. Ici, la police et l’armée contribuent au plus grand nombre d’exactions contre les journalistes et l’impunité régnant renforce les menaces pesant contre la presse et les médias.

Face à cette situation qui demeure grave, l’UNESCO et Reporters Sans Frontières s’inquiètent du fait que ces crimes représentent une incapacité réelle de dénoncer des faits commis à l’international. Dans ce sillage, on peut notamment penser à la situation catastrophique du peuple Ouïghour en Chine, où le gouvernement cherche à mettre en place le plus grand nombre de moyens technologiques pour limiter la presse et les médias. L’absence de communication du gouvernement et le manque de visibilité de cette situation à l’international interrogent et illustrent malheureusement les craintes partagées par l’UNESCO et Reporters Sans Frontières.

L’UNESCO et l’ONU condamnent cette situation et, depuis 2003, l’UNESCO recense les crimes commis contre les journalistes avec un observatoire sur les journalistes assassinés par pays, ce qui permet d’avoir une vision tristement objective de la situation. On note aussi de nombreux rapports réalisés par la directrice générale de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes et les dangers de l’impunité de tels crimes. Le dernier en date a été publié en 2018 et ces rapports, réalisés à la demande des États membres du Programme international pour le développement de la communication de l’UNESCO (PIDC), permettent d’assurer le suivi des assassinats de journalistes par des analyses incluant les réponses des États membres concernés (https://en.unesco.org/sites/default/files/unesco_dg_report_2018_highlights_fr.pdf). De plus, une conférence mondiale sur la liberté de la presse est organisée en ligne par l’UNESCO les 9 et 10 décembre 2020 afin d’aborder notamment, l’impact de la Covid-19 sur la viabilité des médias mais aussi la lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes et les nouvelles formes d’attaques envers ceux-ci. Ce domaine relève de la compétence de l’UNESCO notamment car il s’agit d’exactions et d’atteintes à la liberté des médias qui représentent la culture dans son ensemble.

Enfin, si la France peut nous paraitre épargnée et éloignée de ces problématiques, il s’agit cependant de souligner que la violence contre les médias et les journalistes semble avoir augmenté depuis les manifestations des gilets jaunes en fin d’année 2018. De plus, ceux-ci sont de plus en plus victimes d’intimidations par des acteurs qui ne cautionnent pas leurs propos. Le récent assassinat du professeur Samuel Paty en témoigne, la liberté d’expression des acteurs de la culture mais aussi de l’éducation semble aujourd’hui et plus que jamais, menacée dans nos démocraties.

Article de Emma Laurent

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[Chronique scientifique: (La tête en l’air): Le mauvais temps]

Temps de lecture : 1min30

Dans l’épisode 1 de [LA TÊTE EN L’AIR] nous expliquions l’origine du bleu céleste. Nous voilà deux semaines plus tard et comme promis, après le ciel bleu vient le mauvais temps !

🌧️ ➡ Comment se forment les nuages et la pluie ?

Les nuages naissent grâce à l’évaporation des grandes étendues d’eau à la surface de la Terre (océans, mers, lacs…). Les gouttelettes qui grimpent dans le ciel grâce aux mouvements d’air ont tendance à se regrouper autour de « noyaux de condensation » (poussières, pollens…). Ainsi se forment ces gros réservoirs d’eau.

De nombreux critères peuvent faire varier la taille d’une goutte d’eau. Il arrive aussi que plusieurs gouttelettes d’un nuage se regroupent en une. Ainsi, la masse globale de la goutte d’eau augmente. Lorsque les courants d’airs ne sont plus capables de soutenir leur poids, les gouttes d’eau tombent et forment sur leur zone d’atterrissage une pluie !

Mauvais Temps, Orage, Ligurie, Météo

➡ Mais alors éclairs, tonnerre, foudre, orage… Comment ça marche ? 🤔 En général, plus l’humidité dans l’air augmente, plus les nuages sont gros et/ou denses. Toutes les gouttelettes d’eau qui composent ces nuages sont mobiles et à force de se frotter les unes aux autres, elles créent… de l’électricité ! • Si trop d’électricité s’accumule dans un nuage, celui-ci a besoin de se décharger et forme un éclair. FIIIIZ ! ⚡ • En se déplaçant dans l’espace, les éclairs font vibrer des masses d’air et cela créé… du son ! C’est ce qu’on appelle le tonnerre. CRAAAAAAK ! 🔊 • L’éclair peut se déplacer d’un nuage à l’autre ou bien d’un nuage vers la Terre. La foudre caractérise un éclair qui touche le sol. 👀 • Une fois que les nuages se sont vidés et qu’il arrête de pleuvoir, on dit que l’orage est terminé. Cui-cui 🐦 Lors du retour au beau temps⛅, un curieux phénomène a régulièrement lieu : rendez-vous dans deux semaines pour partir à la recherche du trésor de l’arc-en-ciel ! 🌈

Article de : Florian D’Ingeo

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[Chronique scientifique (Patrimoine mondial naturel de l’UNESCO): le Parc national de Durmitor]

Le parc national de Durmitor, s’étendant sur 32 100 hectares, fut inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1980. L’UNESCO définit le patrimoine comme « l’héritage du passé, dont nous
profitons aujourd’hui et que nous transmettrons aux générations à venir » (conférence de 1972).
Le site protégé a été par la suite étendu en 2005 afin de correspondre aux limites du parc national déjà existant. Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que patrimoine naturel à valeur universelle exceptionnelle. Pour obtenir ce statut, les sites doivent répondre à au moins un des dix critères de sélection.
Pour en savoir plus sur les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/


Le nom Durmitor est d’origine celte et signifie « montagne des eaux », en référence aux nombreux lacs glaciaires parsemant le massif. Il s’agit à la fois du nom d’un massif, situé dans le nord du Monténégro et faisant partie des Alpes dinariques (ou Dinarides) et du nom du plus grand parc national du Monténégro fondé en 1952, lequel est qui est classé sur la liste de l’UNESCO. Il représente une importante réserve de biodiversité puisqu’il abrite une faune et une flore remarquables (forêt d’anciens pins noirs, plantes endémiques, espèces protégées…). Par ailleurs, il est parcouru par le canyon de la Tara, le deuxième canyon le plus profond au monde après le Grand Canyon, participant à la beauté et à la renommée du parc. De nombreux touristes y viennent chaque année pour profiter des différentes activités qu’offre le parc : randonnées,
canyoning, rafting…


Critères de sélection :
Le parc national du Durmitor a été sélectionné sur la base de 3 critères :

  • Le critère VII : « représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelle ». Le parc de Durmitor présente une nature
    extraordinaire, façonnée par des glaciers et des rivières. Il abrite aujourd’hui de nombreux lacs glaciaires, appelés « les yeux de la montagnes », et d’immenses forêts d’arbres anciens. Le
    paysage est spectaculaire, notamment grâce au canyon de la Tara, gorge la plus profonde
    d’Europe. La nature y est préservée grâce à sa classification comme parc national. La charte
    UNESCO participe à préserver le site, son authenticité et son intégrité
  • Le critère VIII : « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ». Le parc abrite une grande quantité de caractéristiques géologiques et géomorphologues présentant un intérêt scientifique majeur. Façonné par les glaciers, le parc du Durmitor est un témoignage d’un processus géologique ancien. La « grotte de glace » , par exemple, est un rare vestige d’une ancienne glaciation. Les formations rocheuses, notamment visibles dans le canyon de la Tara témoignent d’une riche géo-histoire du site et de ses transformations au cours de millénaires.
  • Le critère X : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation ». Le parc national abrite une profusion d’écosystèmes et d’habitats naturels (forêts, prairies alpines, lacs, canyons…). Il recèle également une faune rare et parfois menacée à l’image du saumon du Danube et une flore endémique. Il contient une biodiversité exceptionnelle, nécessitant une protection. Le Durmitor constitue un environnement sûr pour nombre d’espèces qui viennent y habiter.

Gestion du parc :
Le parc bénéficie d’une reconnaissance internationale et de nombreuses mesures de protection
(zone tampon, loi sur la protection des parcs nationaux, charte UNESCO….) ayant contribué à
éviter des dégâts environnementaux telle la prolifération de barrages qui aurait pollué et dégradé le milieu naturel de nombreuses espèces. L’entreprise publique « Nacionalni Parkovi Crne Gore » est aujourd’hui responsable de la gestion du site. Cependant, elle fait face à des défis de taille, notamment dans l’accueil des touristes au coeur du parc. Des projets immobiliers au sein du parc ont été proposés, à l’image d’une base de loisirs sur les rives du Lac Noir, soulevant les limites de la protection et de la conservation. Une vraie problématique se dessine entre conservation/protection et mise en valeur/accueil des touristes. Concilier ces deux perspectives
constitue un défi important dans la gestion du parc.

Le Lac Noir, au coeur du parc national de Durmitor:

Source : Agathe Passerat de La Chapelle. 2018

Article de : Agathe Passerat de La Chapelle.

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[Acteurs de la culture: Interview de Joséphine Barbereau, éditrice]

Joséphine Barbereau est éditrice et a créé il y a maintenant 6 ans, un projet personnel fondé sur la transmission culturelle à destination des enfants. Son entreprise se nomme « Little io » et propose des kits art&culture, accessibles à la maison ou à l’école, ainsi que des ateliers qui ont lieu une fois par mois à Paris pour des enfants entre 4 et 13 ans. Elle y présente l’histoire des grands héros de la mythologie, de l’histoire, des religions ou encore de la littérature, en s’appuyant sur des textes classiques, des œuvres d’art et du contenu audio-visuel (musique, ballet…). A travers ses kits et ses ateliers, elle sensibilise les enfants au monde de la culture et de l’art, tout en les incitant à s’exprimer autour des œuvres et développer un point de vue, une approche critique.

«  J’ai coutume de dire que la culture c’est comme en montagne, on va tous au même endroit mais pas à la même allure. Il suffit de s’attendre en chemin et tout le monde profite et à le même plaisir. »

Joséphine Barbereau

Q : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Joséphine Brabereau : Je m’appelle Joséphine Barbereau, je suis éditrice. J’ai commencé à travailler il y a une vingtaine d’années dans une maison d’édition de livres d’art et j’ai développé il y a 6 ans un projet personnel autour des enfants et de la transmission culturelle.

Q : Quelle est la formation que vous avez suivi avant d’entrer dans le monde professionnel ?

J. B : J’ai étudié l’histoire de l’art à l’université après mon bac et puis après un certain nombre d’années en faculté, j’ai enfin trouvé une idée d’un métier qui me plairait : l’édition. A ce moment là j’ai commencé par faire un stage pendant un an dans une maison d’édition puis je me suis orientée vers un DESS édition (équivalent de Master) à Paris 13 Villetaneuse. Il existait seulement deux DESS édition à cette époque. J’ai suivi cette formation pendant un an pour compléter ce que j’avais appris pendant le stage.

Q : Et aujourd’hui vous êtes donc éditrice ?

J. B : Oui, je suis éditrice. J’ai deux activités, c’est un peu particulier. Une activité concernant une maison d’édition, les Editions Diane de Selliers, éditeur de livres d’art. J’ai été éditrice pour cette maison d’édition pendant une vingtaine d’années et puis j’ai quitté cette maison pour créer une activité pour les enfants. J’avais le désir de travailler pour la jeunesse et j’ai donc quitté la maison pour développer ce projet. Je suis toujours restée très proche de Diane de Selliers et très attachée à la maison d‘édition et elle m’a proposé il y a 5 ans environ de prendre la direction de la maison d’édition au niveau opérationnel. Je mène donc deux activités de front : la direction des éditions Diane de Selliers et le développement de Little io, créé il y a 6 ans pour les enfants.

Q : Pouvez-vous nous en dire plus à propos de Little Io :

J. B : Il s’agit d’une entreprise qui propose de partager avec les enfants des contenus culturels autour des grands héros de la mythologie, de l’histoire, des religions, de la littérature. La particularité de cette présentation qu’on offre aux enfants c’est que d’une part on part des textes classiques pour réécrire l’histoire des héros et que l’on sollicite les artistes et leurs œuvres pour éclairer le mythe sous toutes ses facettes. On n’a pas envie de raconter une histoire qui soit ni simplifiée ni orientée. C’est-à-dire qu’on ne veut pas offrir aux enfants un point de vue unique sur ces mythes qui ont de multiples lectures possibles. Les artistes, en s’emparant des mythes et en créant des œuvres en engageant leur propre subjectivité, leur propre point de vue, vont éclairer les mythes de différentes façons. Donc au-delà de l’histoire, on présente aux enfants des peintures, des musiques, des opéras, des ballets, des films classiques, des photographies, et touts ces contenus d’art et de beauté leur permettent à la fin de comprendre le mythe dans son ensemble, toute sa portée symbolique, toute sa valeur, en quoi le mythe pourra peut-être un jour l’aider dans la vie. Et puis cela permet aux enfants de comprendre que chacun peut avoir sa propre subjectivité, son libre-arbitre, son point de vue sur une histoire et que tout n’est pas ou blanc ou noir mais qu’on peut parfois naviguer entre les deux.

Q : Quelles formes prennent les activités proposées par Little Io ?

J. B : Les contenus culturels sont partagés avec les enfants sous la forme de kits, accessibles à la maison ou à l’école, et nous proposons également des ateliers, qui ont lieu une fois par mois.

Les kits sont constitués d’un livre que l’enfant reçoit par la poste, et de contenus culturels interactifs accessibles sur une plateforme web. Ces contenus sont présentés clés en main et nous les éditorialisons en tenant compte de notre expérience auprès des enfants, de leurs parents et des enseignants. Les kits comme les ateliers, sont accessibles aux familles, c’est-à-dire que les parents ou les grands-parents peuvent également participer. L’expérience commence par l’histoire contée, illustrée par des œuvres d’art qui viennent soutenir la narration. Puis ensuite on papote avec les enfants, en direct pendant les ateliers ou grâce à une mascotte qui vient poser les questions dans les kits :  : qu’est-ce que tu en as pensé ? Pourquoi est-ce que ça s’est passé comme ça ? Comment tu aurais fait toi, à la place de Ulysse, Alexandre le Grand, Napoléon, Cléopâtre, Prométhée, Moïse… ? Comment est-ce que toi tu aurais réagi ? 

Et les enfants alors verbalisent très très bien les choses et les œuvres d’art les aident à s’exprimer autour des mythes. Ils se font l’œil, ils se font l’oreille. A la fin de l’année, lorsqu’ils viennent tout le temps  aux ateliers et que je leur présente une œuvre, certains me disent spontanément : « mais c’est pas Caravage ça ? ». Ils sont très très forts, apprennent beaucoup de choses et ont beaucoup de plaisir. Entre chaque œuvre d’art qu’on présente, on favorise le dialogue et l’expression, on propose un jeu, un genre de quiz, des « vrai ou faux »… L’autre particularité de Little io, très importante est que on chante une chanson écrite spécialement pour chaque héros. Il s’agit d’une petite ritournelle assez courte, très entêtante, qui vient fixer les mots importants du mythe dans l’imaginaire des enfants. On la chante à de multiples reprises pendant l’atelier et dans le kit.

C’est comme une pause  entre les découvertes et ça permet de se retrouver ensemble  dans un chant commun, ça permet aux plus timides d’arriver à s’exprimer par le chant ensemble et puis à la fin ils savent grâce à la chanson que  : « Jean de La Fontaine aime la liberté, n’a pas peur du Roi et qu’il lui donne des leçons de moralité ». Ce sont les paroles de la chanson ! Et ça reste puisque j’ai l’exemple d’une petite fille qui un jour me retrouve dans sa classe. Je sors mon ukulélé rose et elle me dit « ah mais c’est toi ! » et elle m’a chanté la chanson de Jean de La Fontaine. Cette petite fille était venue à un atelier deux ans auparavant : elle se souvenait de la chanson ! 

Q : Vous intervenez aussi dans des écoles ?

J. B : Oui, absolument ! On va aussi dans des écoles, à la fois sur le temps scolaire avec la présence de l’enseignant dans la classe qui nous fait venir bien souvent en complément d’autres activités qu’il a menées avec les enfants autour d’une thématique. Il peut nous faire venir plusieurs fois dans l’année. Et on intervient également sur le temps périscolaire où cette fois-ci nous sommes seuls avec un petit groupe d’enfants (10 à 20). Dans ces cas-là, on les retrouve chaque semaine. On leur présente un héros pendant quatre ou cinq semaines : première séance on raconte l’histoire et on papote, on dessine; deuxième séance on découvre une œuvre d’art et on fait un jeu scénique ou un jeu d’écriture selon l’âge des enfants…
Tout cela est beaucoup plus posé que lorsque l’on est dans l’atelier et que c’est plus dense mais les deux, à la fin, mènent au même résultat. Nous avons également des petits stages créatifs pour les plus petits, les 4 à 5 ans, où pendant toute une semaine on se retrouve chaque jour et on raconte l’histoire du héros et on fabrique des petites marionnettes. J’aime beaucoup le principe des petits théâtres de personnages car cela permet aux enfants, exactement comme avec des playmobils ou des legos, de formuler les choses, de verbaliser, de faire parler les personnages. Parfois d’ailleurs, ils changent complètement le fil de l’histoire parce qu’ils ont compris qu’ils peuvent raconter à leur façon ces grandes histoires.

Q : Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler dans le monde de la culture et à fonder Little Io ?

J. B : Alors, je crois que j’ai toujours eu une sensibilité à l’art. C’est passé probablement au départ par la musique et la peinture. Il y avait quelque chose qui me touchait sans que je sache exactement dire quoi, comment, ce qu’il se passait…. C’était de l’émotion qui était non réfléchie, pas du tout intellectualisée. Quand il a fallu choisir une orientation d’études, l’histoire de l’art s’est présentée et imposée d’une façon assez évidente. Au cours des toutes premières semaines à l’université, j’ai compris que c’était la bonne route parce que j’ai réalisé tout à coup que l’émotion que je pouvais ressentir face aux œuvres, quand elle était finalement comprise, verbalisée et intellectualisée, le plaisir était amplifié. J’avais peur de cela au départ.

Je me disais, est-ce que finalement à force de contextualiser, de tout comprendre… est-ce qu’à la fin, le plaisir revient ? Ce choc esthétique qu’on peut avoir au départ ? Et en réalité, oui, ça revient, et encore plus. Il y a une vibration qui grandit lorsque l’on comprend les choses. Donc j’ai su que c’était le bon chemin. Et c’est exactement la raison pour laquelle j’ai voulu faire ce métier d’éditeur, qui est un métier, au même titre que les métiers de l’enseignement, de transmission, de partage. Je sais que ce plaisir là, cette beauté là, elle fait du bien et donc tout le monde en a besoin. Les enfants y sont très réceptifs et c’est donc un régal et un plaisir de le partager avec eux !

Q. Pouvez-vous nous partager une œuvre qui a marqué votre vie ?

J. B : J’ai un peu réfléchi à la question car elle est assez difficile. Je vais revenir encore une fois à Roméo et Juliette, c’est un ballet qui m’avait vraiment bouleversée. J’avais 16/17 ans, l’époque des premiers émois amoureux et j’ai vu ce ballet d’Angelin Preljocaj avec cette musique de Serge Prokofiev et les décors et costumes d’Enki Bilal. J’ai été bouleversée par cette œuvre, j’ai vu ce ballet 4 ou 5 fois. C’était quelque chose d’important pour moi. Le premier atelier Little io que j’ai créé était consacré à Roméo et Juliette, probablement pour cette raison-là. Pour remonter les choses à l’envers : partir de l’émotion pour la comprendre, la verbaliser et puis amplifier à nouveau le plaisir.

Q. A quelle tranche d’âge vos atelier s’adressent-ils ?

J. B : Les ateliers commencent sur une tranche 4/5 ans avec des ateliers de 45 minutes au cours desquels on raconte une histoire et on voit une œuvre d’art. Les enfants sont accompagnés par les parents et on propose également des stages dont je vous ai parlé pour cette même tranche d’âge.

Nos kits art&culture et nos autres ateliers s’adressent quant à eux aux 6 à 13 ans : quand on commence à devenir un peu lecteur et jusqu’à la pré-adolescence. Nous travaillons avec des enfants qui grandissent et qui veulent continuer à suivre Little Io, même au-delà de leurs 13 ans ! Pendant les ateliers, ils passent alors dans le rang des adultes, derrière, car ils sont un peu gênés d’être devant mais veulent toujours assister et profiter. Les parents sont aussi un public. J’ai coutume de dire que la culture c’est comme en montagne, on va tous au même endroit mais pas à la même allure. Il suffit de s’attendre en chemin et tout le monde profite et a le même plaisir.
Les activités sont aussi déclinées pour les séniors sous la forme de conférences. On est vraiment de 4 à 104 ans et tout le monde a beaucoup de plaisir autour de ces activités.

Le développement des kits est une étape importante pour Little io : jusqu’à présent, les ateliers ont lieu à Paris et je me déplace pour les écoles en proche région parisienne mais souvent le temps manque et la distance est un obstacle alors que nous avons des demandes d’autres régions de France, de Belgique et de familles expatriées. On a le projet de décliner Little io dans d’autres villes notamment à Bordeaux avec une personne qui a très envie de monter un atelier. Et le kit est un produit éditorial qui était d’ailleurs même l’idée d’origine de Little io. Ce produit prend la forme d’un livre que les enfants reçoivent par la poste. Ce livre raconte l’histoire du héros et présente des petits jeux autour de chacune des œuvres d’art qui sont proposées aux enfants sur une plateforme digitale puisque tout ne peut pas être présenté sur papier. Le contenu audiovisuel, comme les opéras, la danse, doit être présenté grâce à un média différent. Ces kits sont commercialisés depuis septembre 2020.

Ils ont toujours été LE grand projet Little io mais il fallait du temps pour constituer et tester le contenu auprès des enfants et comprendre comment les aider à s’en emparer de façon très simple. Le constat que j’ai fait en le testant dans les ateliers et les écoles est qu’il n’est pas question de mettre un enfant seul face à ces contenus car je pense qu’il faut être à plusieurs pour se mettre en marche et ce sont des contenus tout de même assez exigeants. Par ailleurs, j’ai observé que les parents et les adultes aiment et ont du plaisir, ils veulent donc partager cette expérience avec les enfants. Finalement on a un produit clef en main pour des adultes potentiellement « non-sachants » qui ne sont pas forcément familiers avec la culture classique, avec l’histoire, l’histoire de l’art.

Peu importe, tout est fait pas à pas, on est guidé par la mascotte Little io qui explique et amène à se questionner. Ce sont souvent des questions ouvertes telles que « Qu’est ce que tu en penses ? » « Pourquoi tu as aimé ? ». L’objectif est que les adultes et les enfants dialoguent entre eux à la maison et à l’école et partagent le plaisir de la découverte.

Q. Vous présentez des œuvres d’art autour des mythes, souvent plutôt classiques, travaillez-vous sur des œuvres plus contemporaines ?

J. B :  ll est vrai que nous présentons peu d’œuvres contemporaines. On démarre à la préhistoire avec un héros « Cro-Magnon à travers tous les arts » qui arrive à la fin de l’année et qui va nous permettre de découvrir l’art de la préhistoire et l’impact que celui-ci a eu sur l’art en général, c’est un sujet passionnant. On va jusqu’à la période actuelle avec quelques artistes qui s’intéressent aux héros classiques et qui peuvent offrir aux enfants des lectures contemporaines d’un mythe. Les chorégraphies notamment. Dans ces cas là c’est très intéressant mais il est vrai que la majorité des peintures et sculptures présentées sont plutôt classiques ou modernes. Je pense que les œuvres les plus récentes dont nous parlons sont celles de Picasso, Matisse, Calder, Braque, Warhol…
En musique nous avons du mal à trouver des œuvres récentes inspirées par la mythologie, alors que la musique classique en regorge ! Pour le cinéma, on arrive à rattacher à nos héros certains films de Chaplin, Jean Cocteau, un ou deux Péplums comme celui sur Moise mais on ne va pas tellement au-delà de ces années-là. Parfois en petit bonus on peut proposer un clin d’œil à Astérix et Cléopâtre, qui évoque Liz Taylor en Cléopâtre, celle-là même qui a inspiré Warhol ! Ou même aux publicités qui reprennent des œuvres d’art. Cela montre que l’art est inscrit dans la vie de tous les jours et que le connaître permet de mieux lire le monde.

Nous avons également des partenariats avec des institutions culturelles. On donne les ateliers dans des lieux culturels notamment à l’Opéra Comique pour qui on prépare des ateliers sur-mesure pour les enfants. Ils y assistent pendant que les parents sont dans la salle de spectacle, ce qui leur permet de goûter au plaisir des adultes, dans un endroit sublime mais dans une atmosphère plus ludique et créative que s’ils assistent à la représentation. Cela amène, je l’espère, des discussions intéressantes entre les parents et les enfants autour d’une œuvre musicale qu’ils ont partagée d’une certaine façon.

On a aussi un partenariat avec le collège des Bernardins qui propose nos ateliers dans leur offre culturelle pour les enfants.

Nous avons également donné un atelier pour la Tour Eiffel, au premier étage de la Tour.  La Tour Eiffel étant un mythe en soi, le héros de cette activité peut éclairer les enfants dans cette quête de modernité, d’audace, de courage. Il y a tout un tas de valeurs qui entourent ce monument et qu’il faut partager. Nous espérons y retourner prochainement !

Q. En dehors de ces partenariats dans des lieux précis, avez-vous un bâtiment, un local à vous ?

Oui nous louons une salle dans le 7ème arrondissement, rue Oudinot, c’est une petite salle charmante au fond d’une cour pavée avec un jardin dans le style anglais. Nous avons dû changer de bâtiment puisque l’ancien devenait trop petit mais on est toujours à la recherche d’un local  pour les ateliers, avec un bureau attenant !

Q : Merci beaucoup pour ces réponses !

Pour en savoir plus sur les activités de Little Io, vous pouvez consulter les sites suivant :

Facebook : la page « Little io art&culture » 

Instagram : https://www.instagram.com/ioartculture/

Twitter : https://twitter.com/ioartculture?lang=fr

Site internet : https://littleio.com/

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[Chronique scientifique (La tête en l’air): Pourquoi le ciel est-il bleu?]

L’antenne Unesco vous présente sa chronique scientifique! Tous les jeudis retrouvez sur notre page une publication en rapport avec les sciences. Aujourd’hui nous vous présentons la rubrique « Tête en l’air », qui vise à vulgariser et expliquer les phénomènes qui ont lieu dans le ciel et l’espace.

C’est la rentrée !
L’automne est venu bousculer l’été et il est déjà temps de ranger les claquettes pour enfiler ses chaussettes… Hum. Blague à part, il nous manque déjà, ce ciel bleu.
Mais d’ailleurs, pourquoi est-il bleu ?

Autour de la Terre, une atmosphère protège la vie. Elle filtre les rayonnements solaires ultraviolets et conserve une chaleur suffisamment stable à la surface du globe pour que la vie s’y développe. Cette couche d’air est composée de divers éléments gazeux : diazote, dioxygène, argon, dioxyde de carbone…

Le Soleil diffuse une lumière dite « blanche », c’est-à-dire un mélange de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel . Lorsque les gaz qui composent notre atmosphère sont frappés par la lumière blanche du Soleil, ils retiennent une partie du rayonnement et ne diffusent que certaines couleurs, notamment des teintes de bleu .

Sans notre atmosphère et ces gaz en suspension autour de la Terre, nous aurions donc droit à un ciel… tout noir (incolore). Le phénomène du ciel bleu n’existe, tel que nous le connaissons, que sur Terre !

Certains astres n’ont pas d’atmosphère. Ainsi, rien ne reçoit de lumière, mais rien n’en diffuse non plus. Voilà pourquoi depuis la Lune, le ciel n’a pas de couleur ! Sur Mars, la composition de l’atmosphère (poussière, gaz carbonique) rend le ciel orange pâle ou rose.

Les gouttes d’eau sont capables de diffuser toutes les couleurs de la lumière projetée par le Soleil : voilà pourquoi les nuages sont blancs . D’ailleurs, le mauvais temps, comment ça marche ? RDV dans deux semaines pour la réponse !

Article de Florian d’Ingeo

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : le Pont du Gard ]

Le Pont du Gard est un immense pont antique à trois niveaux, enjambant majestueusement le Gardon (affluent du Rhône). Il est classé au titre des monuments historiques en 1840 puis en 1985 au Patrimoine Mondial par l’UNESCO comme « témoin du génie créateur humain ». La construction du pont relève en effet d’une réelle prouesse technique tout en constituant un chef-d’oeuvre artistique. Bâti il y a plus de 2000 ans pour montrer la grandeur de l’Empire romain, il s’agit du plus haut pont construit pendant l’Antiquité. Il a fallu un millier d’hommes et environ cinq années pour achever sa construction. Aujourd’hui, le pont constitue un témoignage exceptionnel sur la civilisation romaine. Le Pont du Gard est le seul exemple d’aqueduc à trois étages superposés encore visible à travers le monde. 

Il fait partie de l’aqueduc de plus de 50 kilomètres qui partait de la Fontaine d’Eure (à côté d’Uzès) et approvisionnait la ville de Nîmes en eau. Le Pont du Gard permettait à l’aqueduc d’enjamber le Gardon. 

En 2000, un projet d’aménagement du site est mis en oeuvre. Le but de cette opération est de préserver le Pont du Gard qui se voit menacer par un tourisme de masse et peu contrôlé. Des mesures sont prises par l’Etat en partenariat avec l’UNESCO, l’Union Européenne et les collectivités locales, comme l’accès strictement piéton du site ou la construction d’un musée sensibilisant le public à l’histoire exceptionnelle du monument.

Le Pont du Gard fait partie des monuments français les plus visités avec plus d’un million de touristes par an.

Pour plus d’informations, veuillez consulter : https://whc.unesco.org/fr/list/344/ 

Article de : Agathe Passerat de La Chapelle

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[Idées de sorties : Les Journées Européennes du Patrimoine]

Les Journées Européennes du Patrimoine ont lieu ce week-end en France (19 et 20 septembre 2020). Il s’agit d’un événement ayant lieu chaque année et qui invite le public à la découverte du patrimoine.

De nombreux monuments et musées sont ouverts et gratuits pour tous. Ces journées permettent de découvrir les richesses du patrimoine en France.
Le temps du week-end, des lieux habituellement fermés sont exceptionnellement ouverts au public, à l’image du Palais de l’Elysée, du Sénat ou des coulisses de la gare Saint-Lazare.

Cette année, les Journées du Patrimoine ont pour thème « Patrimoine et éducation : apprendre pour la vie ».

5 idées de sorties pour ce week-end sous le signe du patrimoine :

1 – Spectacles contés « Cour des comptes / Cour des contes »

Depuis chez vous, regardez des spectacles contés autour de l’histoire du palais Cambon et de la Cour des comptes. Les activités proposées sont cette année numériques, sur les réseaux sociaux de la Cour des Comptes.
Elles vous feront découvrir les coulisses de la Cour des Comptes, des spectacles contés ou encore des visites guidées du Palais Cambon.
Sur place, la Cour des Comptes propose un circuit de visite libre, samedi, à la découverte de son patrimoine.

Où : sur internet et 13 rue Cambon, 75001 Paris
Quand : Ouverture de 10h à 18h samedi 19 septembre
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2 – Visite de la Banque de France

Tout au long du week-end, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, la Banque de France ouvre ses portes aux visiteurs. Elle propose au public de découvrir le site historique de l’Hôtel de Toulouse et la Galerie Dorée datant du 17ème siècle et exceptionnellement ouverte.

La visite est également possible de manière numérique : rendez-vous sur la page officielle de la Banque de France pour la découvrir en exclusivité.

Où : Banque de France – 33 rue Radziwill, 75001 Paris. Metro Louvre-Rivoli (Ligne 1), Palais-Royal (Lignes 1 et 7) et Bourse (Ligne 3).
Quand : samedi 19 et dimanche 20 septembre 2020 de 10h à 17h.
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3 – Visite guidée du Jardin des Tuileries

Le Jardin des Tuileries propose des visites-promenades guidées afin de découvrir les richesses de ce Jardin emblématique de la capitale. Il est classé aux monuments historiques depuis 1914. De manière ludique, venez découvrir les évolutions du Jardin des Tuileries.

Le thème de l’année est « ressemblances/différences » et propose au public, à travers différents supports anciens (cartes postales…) d’observer les changements qui se sont opérés au fil des siècles ! Cette visite permet d’attirer notre attention sur tous les trésors du jardin. C’est gratuit, et sans inscription préalable.

Quand : Visite d’une heure les 19 et 20 septembre à 10h30, 11h30, 13h30, 14h30 et 15h30.
Où : Jardin des Tuileries, 75001.

4 – Visite virtuelle inédite du Palais de l’Elysée

Comme chaque année, la résidence du Président de la République ouvre ses portes pour accueillir le public lors de visites guidées. Elles permettent de découvrir l’intérieur du Palais, la salle des fête, le parc ou encore le bureau du Président. Les visites sont déjà complètes pour l’édition 2020, mais le Palais de l’Elysée propose une visite virtuelle inédite, à effectuer à partir de samedi 19 septembre sur le site internet de l’Elysée.

Quoi : visite virtuelle inédite du Palais de l’Elysée
Quand : Le week-end du 19-20 septembre
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5 – Visite de l’Hotel des ventes Drouot

L’Hotel des ventes Drouot, véritable plaque tournante du marché de l’art français et international, vous propose de déambulez dans ses salles d’exposition pour découvrir la plus grande place mondiale de vente aux enchères publiques. Des oeuvres et objets d’art y sont présentés. Venez vous familiariser avec le monde des ventes aux enchères ! L’entrée est libre.

Quand : le samedi 19 septembre de 11h à 18h !
Où : Hôtel des ventes Drouot; 9 rue Drouot 75009 Paris Ce week-end est également l’occasion de visiter de nombreux musées gratuits !

D’autres lieux et monuments proposent des activités au cours du week-end, rendez-vous sur le site du ministère de la Culture pour plus d’informations

Article de : Agathe Passerat de La Chapelle

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[Hommage à l’architecte franco-libanais Jean-Marc Bonfils]

Jean-Marc Bonfils était la première victime française signalée des explosions meurtrières ayant ravagé et endeuillé Beyrouth, le 4 août 2020. Il est décédé après avoir filmé l’incendie entraîné par la première explosion depuis son appartement situé dans l’immeuble qu’il avait lui-même conçu. Pour son amis Ghassan Hajjar, nous avons perdu une « belle âme, un homme brillant ».

Diplômé de l’école d’architecture de Paris-Villemin et de l’école du Louvre, il a au court de sa vie pris part à de grands projets tels que celui de Greenpark à Paris, et a remporté un concours international avant de retourner au Pays du Cèdre en 1995. Après avoir travaillé dans le domaine de l’urbanisme et avoir assisté son père – lui-même architecte – , il a lancé en 2006 son propre cabinet d’architecture, JM. Bonfils and associates, qui a rapidement bénéficié d’une grande renommée internationale notamment grâce à l’« East Village » au quartier Mar Mikhaël. Cette « réinterprétation contemporaine de l’architecture libanaise traditionnelle », ainsi que d’autres projets variés sont la preuve du respect qu’il portait à l’environnement et au contexte, faisant de chacun de ses projets une nouvelle aventure. L’importance qu’il attachait au « sens » de chacun de ses projets lui a permis d’en décrocher  partout dans le monde.

Jean-Marc Bonfils s’est également placé « à la rencontre entre le moderne et l’ancestral ». En effet, il a voyagé et a longuement réfléchi à la nature de la mémoire pour chacune des reconstructions d’espaces publics détruits par la guerre et s’est ainsi énormément attaché à la notion de patrimoine. En parallèle de son métier d’architecte, il a eu un rôle important de conseiller d’un ancien ministre de la Culture. Il a travaillé avec ce dernier sur l’avant-projet de la Bibliothèque nationale. En tant que membre de la Fondation nationale du Patrimoine, il a également fondé deux écomusées. Sa collaboration avec les Archives nationales a en plus donné naissance à une exposition sur la mémoire collective à Sursock. C’est pour sa sensibilité, sa passion et sa défense du patrimoine que Roselyne Bachelot, le ministre de la Culture de la France a annoncé après la catastrophe, « la France et le Liban sont unis dans le chagrin de sa mort ».

Article de : Qianwen ZHAO

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : Site historique de Lyon]

Le site de la ville historique de Lyon a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998.

Différents critères constituant la particularité de Lyon ont été retenus afin de justifier cette inscription : l’urbanité (c’est-à-dire le « vivre en ville » et les pratiques urbaines), la confluence (la ville s’est développée et étendue aux abords de la confluence de la Saône et du Rhône) et la cohérence du modèle urbain (sa continuité au fil des siècles et son étalement progressif qui donnent une trame urbaine exceptionnelle).

Riche de plus de deux mille ans d’histoire, la ville a gardé une continuité urbaine extraordinaire. Elle n’a pas évolué selon le modèle du palimpseste, contrairement à la majeure partie des villes où l’on détruit pour reconstruire par dessus avec une architecture davantage moderne. Un véritable déplacement du centre-ville s’est en fait opéré au fil des siècles, d’Ouest en Est. Ce processus a permis de conserver des traces architecturales de chaque époque. Elles sont encore visibles aujourd’hui : époque gallo-romaine sur la colline de Fourvière, époque médiévale dans le Vieux Lyon, époque moderne puis industrielle sur les pentes de la Croix-Rousse puis davantage contemporaine encore plus à l’Est. Il s’agit d’une juxtaposition unique d’ensembles urbains variés et aux anciennetés diverses créant un riche tissu urbain.

La zone figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, comprend la colline de Fourvière, les quartiers du Vieux Lyon, le coeur de la Presqu’île et la colline de la Croix-Rousse, qui concentrent des quartiers à valeur historique.

L’UNESCO, acteur de la mondialisation patrimoniale, a relevé que « Lyon représente un témoignage exceptionnel de la continuité de l’installation urbaine sur plus de deux millénaires ».  Le 5 décembre 1998, lorsque l’organisation donne le statut de patrimoine mondial au site historique de Lyon, celui-ci bénéficie déjà une multitudes de labellisations et inscriptions (monuments historiques, site classé, secteur sauvegardé….). Mais le secteur retenu est bien plus large que les autres protections accordées : il s’étend sur 487 hectares, soit environ 10% de la superficie de la ville plus une zone tampon de 320 hectares.

L’UNESCO donne et entérine une reconnaissance internationale du site. L’inscription, source de notoriété, est un atout majeur du rayonnement mondial de la métropole lyonnaise et a participé à la conservation de cet ensemble urbain. Elle est propice au développement touristique, culturel mais également économique de la ville. Le plan de gestion qui découle de cette inscription permet d’allier conservation du patrimoine, dynamisme de la ville et transmission d’une riche histoire à un public toujours plus large.

Pour plus d’information, veuillez consulter : https://whc.unesco.org/fr/list/872

Article de : Agathe Passerat de La Chapelle

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[(Re)découvrir Léon-Gontran Damas]

Il n’est plus bel hommage à tout ce passé
A la fois simple
Et composé
Que la tendresse
L’infinie tendresse
Qui entend lui survivre                                 

Léon-Gontran Damas, Névralgies, 1937.

Léon-Gontran Damas est un poète, écrivain et homme politique français. Cofondateur du mouvement de la négritude, il est moins célèbre que ses amis Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor. Il mérite cependant d’être mis en avant, et sa poésie d’être lue et entendue bien plus souvent.

Le poète naît en Guyane, à Cayenne, d’un père guyanais et d’une mère martiniquaise. Il vit une enfance difficile, marquée par les trois décès consécutifs de sa sœur jumelle, de sa mère et de sa grand-mère. Plus tard, il rencontre Aimé Césaire, au lycée Victor-Schoelcher de Fort-de-France, en Martinique.

Il déménage ensuite à Paris, où il s’inscrit à la fac de droit, mais suit également les cours de l’Ecole des langues orientales, de la faculté des lettres, puis plus tard de l’Institut d’ethnologie de Paris et de l’Ecole pratique des hautes études.

En 1930, il rencontre et fréquente de nombreux écrivains noir-américains et les jeunes intellectuels antillais et africains étudiant à Paris. Il participe avec eux au salon de littérature de Paulette Nardal et fait connaissance en 1930 avec Léopold Sédar Senghor. En 1932, Aimé Césaire arrive également à Paris. Tous trois, ils fondent la revue L’Etudiant noir, en 1935, dans lequel Damas – secrétaire de rédaction – déclare : « On cesse d’être un étudiant essentiellement martiniquais, guadeloupéen, guyanais, africain, malgache, pour être plus qu’un seul et même étudiant noir ».

Deux ans après, en 1937, il publie un ouvrage qui, au même titre que la revue, sera fondateur pour le mouvement de la Négritude : Pigments. Sa poésie repose sur l’oralité et la musicalité, son ton est direct, les mots sont peu nombreux mais choisis avec soin, et le rythme y est très important. On y repère – et Senghor le note – les influences du jazz et du blues. Damas dénonce notamment la société coloniale de son temps, les politiques assimilationnistes, le racisme et la discrimination. Ce recueil est censuré en 1939 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». On y retrouve, par exemple, le poème « Pour sûr » :

Pour sûr j’en aurai marre
Sans même qu’elle prennent les choses
L’allure d’un camembert bien fait
Alors, je vous mettrai les pieds dans le plat
Ou bien tout simplement
La main au collet
De tout ce qui m’emmerde en gros caractères
Colonisation
Civilisation
Assimilation
Et la suite
En attendant,
Vous m’entendrez souvent
Claquer la porte

Léon-Gontran Damas, Pour Sûr, 1939

Viennent ensuite plusieurs autres ouvrages. Dans Retour en Guyane en 1938, il évoque, après un voyage pour une mission ethnographique, la dérive de l’assimilation et les nombreux problèmes sociaux, économiques et politique sur place. Le livre est, lui aussi, censuré en 1939.  

Il publie également Graffiti en 1953, puis Black Label en 1956. Dans ce dernier ouvrage, sous forme de long poème, on trouve un extrait célèbre :

 [image : extrait de Black Label, 1956. Journal Le 1, du 17 juin 2020, p.4]

Léon-Gontran Damas est aussi très engagé politiquement. Il participe activement à la Résistance, à partir de 1939, aux côtés de Jean-Louis Baghio’o et de Marguerite Duras. Puis, après la guerre, il est élu député de Guyane, siégeant aux côtés de la SFIO et marquant son attachement au socialisme. Il critique notamment la loi de départementalisation de 1946 qui fait de la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique des départements français.

Le poète est aussi un ambassadeur culturel. Nommé conseiller de la société de radiodiffusion en 1958, il facilite l’expression des écrivains noirs à l’antenne. Il aussi engagé par l’UNESCO, après 1962, où il représente la Société africaine de culture fondée par Alioune Diop, et où il est chargé d’étudier « la survivance de la culture africaine dans le nouveau monde ».

Il passe la fin de sa vie aux Etats-Unis, et enseigne la littérature dans les universités. Il y meurt en 1978 et est enterré en Guyane.

Si Léon-Gontran Damas a eu un rôle central dans le mouvement de la Négritude, il est aujourd’hui peu connu et peu lu. Il est cependant un auteur inspirant, et une référence pour les héritiers de ce mouvement.

Finissons sur un poème qui parle de rêve, d’espoir et de ciel bleu, dans le recueil Pigments, Névralgies :

MON CŒUR RÊVE DE BEAU CIEL PAVOISE DE BLEU
sur une mer déchaînée
contre l’homme
l’inconnu à la barque
qui se rit au grand large
de mon cœur qui toujours rêve
rêve et rêve de beau ciel
sur une mer de bonheurs impossibles

Pour en savoir plus :

 Quelques podcasts France Culture à écouter :

  • Pour en apprendre sur l’homme : « Léon Gontran Damas, entre fureur et désenchantement », un épisode de l’émission « Tire ta langue », d’Antoine Perraud, avec Sandrine Pujols, spécialiste de l’œuvre de Damas. 2011. 28 min.
  • Pour écouter sa poésie : Une série d’émissions consacrées à Léon Gontran Damas, dans l’émission « Jacques Bonnaffé lit la poésie ». 2018. Environ 3-4min.

Quelques articles intéressants à consulter :

Vous pouvez écouter ici l’auteur lire des extraits d’un de ses écrits les plus célèbres, le long poème « Black Label », publié en 1956 :

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