[Rubrique culturelle : Marcel Proust, un roman parisien au Musée Carnavalet]

Peut-être en avez-vous entendu parler : l’exposition sur Marcel Proust au musée Carnavalet a débuté jeudi 16 décembre, l’occasion de se plonger ou de se replonger dans les romans de l’écrivain, mais aussi dans le Paris de la fin du XIXème et du début du XXème siècle.

Parisien de naissance, Marcel Proust n’a eu de cesse de dépeindre la capitale dans ses œuvres, d’autant plus qu’il y habite toute sa vie et qu’il s’immisce dans les cercles restreints du Tout-Paris de la Belle Epoque. Pour le musée Carnavalet, consacré à l’histoire de Paris, revenir sur la vie et l’œuvre de cet artiste pour le 150ème anniversaire de sa naissance est aussi l’occasion de dévoiler la vie bourgeoise dans la capitale à cette période.

L’exposition, chronologique comme la collection permanente du musée, retrace la vie de Marcel Proust en mettant en exergue la récurrence du motif p            arisien dans son Œuvre. Les deux commissaires d’exposition Valérie Guillaume et Anne-Laure Sol se sont associées avec des spécialistes de l’auteur et de ses romans : Jérôme Bastianelli, Jean-Marc Quaranta, Jean-Yves Tadié et Alice Thomine-Berrada. Ainsi, l’exposition ne passe à côté d’aucun fait important et les explications historiques et littéraires qui ponctuent la visite sont d’une qualité indiscutable.

L’exposition se fait en deux temps. Tout d’abord, c’est la vie de Marcel Proust qui est présentée. Une reconstitution cartographique des lieux parisiens qu’il a fréquentés accompagnés de tableaux pour les illustrer permet de bien se représenter le Paris de la Belle-Epoque. La variété des supports de l’exposition participe de cette immersion puisque des vidéos, des brouillons d’écriture, des objets tels que son manteau et des portraits sont exposés.

La deuxième partie de l’exposition se penche sur les sept tomes des romans figurant dans A la recherche du temps perdu. La force de cette exposition réside dans le fait que le parcours est aussi bien conçu pour les connaisseurs de l’Œuvre de l’écrivain que pour ceux qui ne la connaissent pas. L’évocation des nombreux lieux parisiens fréquentés par les protagonistes est l’occasion de montrer des œuvres représentant le Tout-Paris, les activités qui s’y déroulent, des affiches publicitaires, des lettres, des vieux films…

A titre d’exemple, ce tableau monumental peint par Henri Gervex en 1909, Une soirée au Pré-Catelan, représente une soirée mondaine comme celles dans lesquelles Proust avait coutume de se rendre. Sa disposition contre le mur et proche du sol donnerait presque l’impression au spectateur de faire partie de la scène.

La qualité des œuvres présentées et celle du discours sur les romans et la vie de Marcel Proust sont autant de bonnes raisons de se rendre dans cette exposition qui se tient jusqu’au 10 avril 2022. L’exiguïté des salles peut néanmoins rendre la visite peu agréable en heures de pointe, il faut donc privilégier les matinées pour plus de calme.

Article de Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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« Où est Anne Frank ! », une adaptation familiale et touchante du journal d’Anne Frank

Où est Anne Frank ? Alors que 17 millions d’enfants ont été évacués des zones de guerre en 2020, cette question de l’héritage d’Anne Frank est plus que jamais d’actualité.

Ce film d’animation, présenté hors compétition lors du Festival de Cannes 2021, sort ce mercredi 8 décembre en salles. A l’occasion de cette sortie nationale, une avant-première spéciale a eu lieu à la Maison de l’UNESCO, en présence de la directrice générale de l’UNESCO et du réalisateur du film.

Synopsis et création du film

Où est Anne Frank ! est un film d’animation qui s’inspire en grande partie du journal d’Anne Frank. Le film raconte le destin des familles de l’annexe secrète d’Amsterdam pendant la Shoah et décrit la situation dans l’Europe d’aujourd’hui du point de vue de Kitty, l’amie imaginaire d’Anne.

Ari Folman est un scénariste et réalisateur israélien. En 2008, il a reçu un Golden Globe et a été nominé pour un Academy Award pour son film Valse avec Bachir. Il écrit en 2017 un roman graphique fidèlement adapté du journal d’Anne Frank, puis Où est Anne Frank ! en 2020. C’est à partir de ce roman graphique qu’il réalise en 2021 le film éponyme.

Pour la réalisation de ce film d’animation, plus de 150 000 dessins ont été créés dans quinze pays européens, en utilisant une nouvelle technique qui combine des fonds statiques avec des figurines animées classiques en 2D. Pourquoi l’animation ? Selon Ari Folman, il s’agit du médium qui facilite le plus l’expression de l’imagination et l’identification des spectateurs aux personnages du film.

Une avant-première spéciale à l’UNESCO

Une semaine avant la sortie nationale du film, celui-ci a été projeté à la Maison de l’UNESCO à Paris, en présence de la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay et du réalisateur Ari Folman.

Avant la projection du film, Audrey Azoulay a rappelé l’importance du journal d’Anne Frank dans notre patrimoine historique et la manière dont il a contribué à la fondation de l’ONU puis de l’UNESCO, qui cherche à prévenir des génocides et du racisme par la transmission de la connaissance (le journal est inscrit au Registre international de la Mémoire du monde de l’UNESCO). La directrice générale de l’UNESCO explique d’ailleurs que « c’est grâce à cette jeune fille que nous avons pu comprendre le génocide des Juifs, de nous représenter l’irreprésentable ».

Lors de cet événement organisé en partenariat avec le Fond Anne Frank de Bâle, créé en 1963 par Otto Frank, du matériel pédagogique créé par le réalisateur Ari Folman et l’UNESCO a été présenté. Celui-ci, qui sera disponible dès la sortie du film, permettra aux jeunes du monde entier de contextualiser le journal d’Anne Frank et d’en apprendre davantage sur les droits de l’enfant, le racisme, ainsi que sur les notions d’asile et de réfugiés.

Le réalisateur Ari Folman et la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, à la Maison de l’UNESCO le 1er décembre 2021.

Nous ne pouvons que vous inviter à voir dès mercredi ce film familial, qui met en avant les pays qui commémorent Anne Frank mais oublient les leçons données par son destin, au moment où nous devons au contraire faire preuve d’empathie avec ceux qui fuient des zones de guerre.

Sources : Cineuropa, Fnac (1) (2), Allociné

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki

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[Journée mondiale de l’égalité des chances en collaboration avec l’Antenne UNICEF]

Le renforcement de l’égalité des chances par le système scolaire 

Qu’est-ce que l’égalité des chances ? 

Elle consiste en la garantie d’une égalité aux mêmes opportunités entre les tous individus, sans avoir comme facteurs limitants leur moyen financier, religion, sexe, ethnie, handicap, origine sociale, etc. Cela résulte, par exemple, à l’accès égalitaire aux emplois et aux formations supérieures. Selon André Comte Sponville, il s’agit du “droit de ne pas dépendre exclusivement de la chance ou de la malchance”.

L’égalité des chances ne cherche pas à mettre fin aux inégalités sociales en soit, mais se manifeste principalement à travers le fait de favoriser des populations faisant l’objet de discrimination, afin de garantir leur équité de traitement. Cela encourage un système de méritocratie : tout va dépendre du travail, des capacités et de l’implication de l’individu dans la société et ses responsabilités.

L’éducation, plus particulièrement le système scolaire, dispose d’une grande valeur symbolique en tant que levier de développement social. Le système scolaire s’apparente au terrain favori de la mise en œuvre de l’égalité des chances en ce qu’il concerne la majorité de la population et qu’il donne des outils de développement à des individus qui se construisent. Dès lors, le système scolaire veille à écarter les facteurs d’inégalités sur lesquels l’individu n’exerce aucun contrôle afin d’assurer l’accès à l’éducation à tous.

L’égalité des chances se rapproche ainsi du principe de l’équité et le système scolaire comme favorisant un ascenseur social. Il convient alors de se demander comment les réformes nationales et internationales du système scolaire peuvent contribuer au renforcement de l’égalité des chances. 

L’égalité des chances passe par, en premier lieu, l’accès à l’éducation pour tous dans le monde. Il y a encore 58 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire non scolarisés, et 63 millions d’adolescents en âge d’aller au collège qui ne sont pas à l’école. Il est important de noter que le droit à l’éducation des enfants est consacré aux articles 28 et 29 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de 1989, signée par tous les pays à l’exception des États-Unis. La CIDE assure l’égalité des chances en appliquant 3 principes fondamentaux: enseignement primaire et secondaire gratuit, universel et obligatoire.

Plus les enfants sont vulnérables, moins ils peuvent participer. A force d’être considérés comme des victimes, des handicapés, des étrangers, incapables, arriérés, difficiles, paresseux, perturbateurs, certains enfants qui vivent des réalités difficiles finissent par penser que tout est déterminé et qu’ils n’ont ni le choix ni les capacités d’agir. 

La participation de tous les enfants est fondamentale pour sortir de ces représentations négatives, et pour leur donner le temps et l’espace nécessaires pour réfléchir, et après agir. Les plus vulnérables peuvent jouer un rôle important dans la société. Ils ne sont pas des victimes passives ou la source des problèmes. Ils sont des individus à part entière qui, à leur niveau, veulent et peuvent contribuer à donner forme à la société.

Un des buts de l’UNICEF est d’augmenter le nombre d’enfants scolarisés : passer à 619 millions d’enfants, dont l’âge est compris entre 3 et 18 ans, scolarisés dans le monde en 2030 (soit 57% de plus qu’aujourd’hui). Elle a 4 objectifs majeurs : le premier est d’équiparer l’éducation des filles et des garçons (sans distinction en fonction du sexe), car les filles rencontrent d’autant plus de difficultés et de nombreuses sociétés inégalitaires freinent leur accès à l’éducation. De plus, certaines sociétés sont porteuses de pratiques culturelles nuisant à ces dernières. Cela se traduit aussi par des violences sexuelles à leur égard, et un manque d’infrastructures et moyens hygiéniques nécessaires à leur santé.

Les autres objectifs sont en relation à l’apprentissage et l’acquisition de compétences dans le cadre d’un système d’éducation solide et au moyen de solutions innovantes; de l’éducation en situations d’urgence et contextes fragiles, envisageant l’amélioration de l’apprentissage et de la protection des enfants en situation d’urgence et en déplacement. Le maintien du statu quo ne permet pas d’améliorer les résultats d’apprentissage, et c’est fondamental l’adoption d’une nouvelle approche plus radicale, axée sur le renforcement de l’apprentissage, fondement de la stratégie mondiale de l’UNICEF en faveur de l’éducation.   

Pour construire un monde où chaque enfant apprend, l’UNICEF s’engage à promouvoir de plus en plus l’équité et l’inclusion, en menant des actions ciblées en faveur des enfants exclus pour des motifs liés au genre, au handicap, à la pauvreté, à l’origine ethnique et à la langue, ainsi qu’en faveur des enfants déplacés ou aux prises avec une situation d’urgence. 

Les objectifs de 2021: offrir un accès à l’éducation préscolaire, primaire ou secondaire à 60 millions d’enfants déscolarisés, contre 10 millions auparavant, fournir du matériel pédagogique ou préscolaire individuel à 93 millions de filles et de garçons, contre 15,7 millions et améliorer les résultats d’apprentissage des filles et des garçons dans 79 % des pays, contre 62 % et 60 % respectivement.

L’UNESCO s’engage également à assurer l’égalité des chances en matière d’éducation par l’adoption de l’Objectif de développement durable 4 sur l’éducation et le Cadre d’action Éducation 2030 pronant l’inclusion et l’équité comme gage d’une éducation de qualité.

L’éducation est d’ailleurs l’un des fondements principaux de cette organisation, elle a pour objectif principal de permettre à tous les apprenants de réaliser leurs droits et leur potentiel par l’éducation.

La Convention de l’UNESCO concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement en 1960 interdit l’exclusion ou toute restriction dans l’éducation, fondée sur toute différence socialement perçue telle que par le sexe, l’origine ethnique/sociale, la langue, la religion, la nationalité, le statut économique, les aptitudes.

L’UNESCO coopère avec les gouvernements pour l’insertion dans l’éducation des personnes qui en sont écartées, notamment les filles, dont l’éducation des filles en science, technologie, ingénierie et mathématiques, des personnes en situation d’handicap ou encore des personnes parlant une langue locale minoritaire.

En ce qui concerne le plan national français, la question de l’accès à la scolarité a énormément évolué. 

La scolarisation des enfants de 6 à 13 ans, tous sexes confondus, a été rendue obligatoire et gratuite en France par la loi du 28 mars 1882 de Jules Ferry. Elle prévoit notamment à l’article 4 la nécessité de créer une éducation adaptée aux enfants sourds-muets et aux aveugles. Cela marque alors le début de l’accès à l’éducation pour tous, renforçant l’égalité des chances. Plusieurs années après, l’âge fut étendu jusqu’à 14 ans avec la loi du 9 août 1936 sous l’initiative de Jean Zay. C’est enfin avec la réforme Berthoin sous l’ordonnance du 6 janvier 1959 que l’éducation devient obligatoire jusqu’à 16 ans. Néanmoins, cette ouverture de l’enseignement est restée minime après ces réformes. En effet, une distinction était opérée entre le primaire considéré comme “l’école du peuple” car ouvert à tous, et le secondaire réservé aux classes bourgeoises. Il faut attendre 1963 pour que cela soit aboli avec la réforme Fouchet-Capelle, qui met en place les collèges d’enseignement secondaire. 

Par conséquent, alors qu’à la fin de l’Ancien Régime en France, l’éducation ne concernait seulement qu’un quart des enfants, ces nombreuses réformes ont grandement accru ce pourcentage. 

Une fois la première étape de l’accès à l’éducation primaire franchie s’est posée la question de comment améliorer le système scolaire. Une série de changements dans l’organisation des institutions scolaires a été opérée tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle à la suite de la massification scolaire. Afin de minimiser les écarts dans l’éducation les enfants, est instauré en 1975 le collège unique posant un socle de connaissances communes à tous. En revanche, une spécification prend place au lycée. Ainsi sont créés les IUT en 1966, le bac technologique en 1965 et le bac professionnel en 1985 pour permettre une ouverture de choix plus large aux élèves en fonction de leurs capacités, et ainsi rallonger leurs années d’étude. Cette volonté s’exprime à travers le plan d’une politique de “80% d’une génération au baccalauréat” lancée par le ministre Jean Pierre Chevènement en 1980. 

En outre, alors que s’instaurait, en baccalauréat général, une hiérarchie des filières scientifiques, économiques et littéraires, une réforme a été mise en place dès 2020 sous l’initiative du ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer pour abolir les inégalités liées au choix de filière. Désormais, les élèves doivent décider de 3 matières à poursuivre comme majeures en classe de première. Une véritable diversité peut être constatée dès le lycée, permettant ainsi à tous de trouver ce qui leur convient le plus. Le système scolaire s’adapte aux besoins des élèves, et essaye ainsi de n’en laisser aucun de côté. 

D’autre part, le gouvernement français exprime sa volonté d’aller chercher toutes les classes sociales sur la route de l’éducation. De ce désir découle le projet de l’éducation prioritaire en France. Créé en 1981, il a pour objectif de réduire l’impact des inégalités socio-économiques, et ainsi le risque d’échec scolaire, par une action renforcée dans les zones dites prioritaires (ZEP), donc de garantir une meilleure égalité des chances. Depuis la refonte de 2015, les ZEP ont changé de nom, devenant réseau d’éducation prioritaire (REP), et excluent désormais les lycées. 730 collèges en REP peuvent être, aujourd’hui, comptés en France. 

Toutes ces mesures se traduisent par des résultats conséquents. En effet, le taux de scolarisation par âge a fortement augmenté, s’élevant à 79,3 % en 2018 à 18 ans (Insee), soit l’âge du baccalauréat. À cela s’ajoute la multiplication par 2 du pourcentage de réussite à ce dernier entre 1985 et 1995. De plus, les années d’études se sont vues être allongées avec un basculement de l’âge médian des étudiants de 19 à 22 ans entre 1987 et 1997. Enfin, bien que des mineurs sortent toujours du système scolaire avant leurs 18 ans, le nombre de ceux qui obtiennent un diplôme est passé de 16 à 31%, ce qui constitue un progrès non négligeable. 

Malgré toutes ces avancées, des obstacles restent toujours présents, tels que la forte disparité sociale des étudiants dans les établissements privés et publics, ou encore l’accès à certaines écoles dans le supérieur du fait de leur prix conséquent, en dépit des bourses. 

Cet article n’engage que ses auteures!

MIGNOT Morgane AMADY Nasrine MARUJO Luisa 

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À la croisée des genres : Exposition Cinémode à la Cinémathèque.

À la croisée des genres avec Jean Paul Gautier

Le couturier réinvente les codes . Les visiteurs sont ravis. Jean Paul Gaultier remporte son pari.

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« J’ai voulu montrer l’évolution de la femme et de l’homme dans le cinéma et dans la mode ». Le couturier de renom Jean Paul Gaultier s’ouvre à de nouvelles perspectives. Son exposition CinéMode révolutionne les codes vestimentaires masculins et féminins. Tenues, photographies, esquisses et extraits de films permettent à Gaultier de jouer avec les genres et de mettre en scène l’épopée de femmes libérées. 

Transgressions

De Pedro Almodovar en passant par Luc Besson, Gaultier transgresse les codes . Le visiteur se laisse volontiers emporter par la féminité exacerbée de Marilyn Monroe puis se retrouve désarçonné par le style masculin féminin de Marlene Dietrich . Parmi les échafaudages, le couturier guide le visiteur jusque dans les années 1970, époque qui popularise le scandale. Les héros de cinéma travestis sont mis en avant : Marinières aux dos dénudés pour homme, Gaultier s’amuse! Le pari est réussi, les visiteurs repartent assurément conquis avec une question rhétorique en tête : le mélange des genres peut-il conduire les hommes et les femmes à leur liberté? 

Le diable s’habille en Gaultier

Gaultier perd le visiteur. Le créateur de mode se contredit. Le pari est perdu pour le couturier. 

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« Enfant terrible de la mode » Jean Paul Gaultier en devient le diable à son insu. Le Commissaire d’exposition tend réinventer dans son CinéMode les codes contemporains entre les hommes et les femmes. Sans doute aurait-il fallu pour cela abandonner le thème du corset au début de l’exposition. 

Male Gaze

Féministe engagé cela reste à confirmer. Les baisers féminins, Gaultier en raffole! Le visiteur tombe sur un extrait de Catherine Deneuve et Fanny Ardant qui échangent un baiser plus qu’enflammé dans Huit femmes de François Ozon. Exposer à la vue de tous un baiser féminin idéalisé par un homme, voilà un acte assurément féministe! Le fil conducteur se rompt avec Orange Mécanique de Stanley Kubrick où viol et meurtre font évidemment de l’homme le prédateur sexuel par excellence! Pour apaiser les esprits à la fin de la visite, le couturier choisit d’exposer les tenus de ses plus beaux défilés. Là encore point de mélange des genres, la robe de mariée de Brigitte Bardot rose Vichy en est le témoin. Le diable a été sage de prendre sa retraite en 2020. Prière aux jeunes créateurs de reprendre le flambeau !

Nadélia Zulueta Rosales

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[Portraits de personnalités inspirantes : Joséphine Baker]

Célèbre artiste de music-hall, figure éminente de la résistance et de la lutte anti-raciste, Joséphine Baker entre au Panthéon le 30 novembre 2021 parmi les quatre vingt personnalités qui y reposent, en tant que sixième femme et première Noire. Le président de la République, Emmanuel Macron lui rend hommage.

Reconnue pour son succès en tant que meneuse de la Revue Nègre, spectacle musical qui se tient à Paris en 1925, Joséphine Baker a usé de sa notoriété au service des autres.

Actrice dans le film Zouzou, interprète de la chanson « J’ai deux amours », véritable muse des artistes cubistes, elle s’impose comme une icône en France. A l’inverse, étant issue d’une famille métissée Africaine-Américaine et Amérindienne, elle souffre de la ségrégation dans son pays natal, les Etats-Unis. En 1937, elle obtient la nationalité française.

Sous couvert de son succès artistique, Joséphine Baker a joué un rôle éminemment politique durant la Seconde Guerre Mondiale au profit de la France.

Selon une enquête du journal Le Monde auprès du service historique de la Défense, des documents et archives révèlent que Joséphine Baker a travaillé dans le contre-espionnage à Paris aux côtés de Jacques Abtey. Lors des dîners mondains, elle veille à obtenir des informations auprès des forces ennemies.

Après la défaite de la France et le début de l’occupation allemande, elle est recrutée dès 1939 par le 2ème bureau des Forces Françaises Libres en tant qu’honorable correspondant. Jacque Abtey se fait passer pour son manager, sous le nom de Jacque Hébert, voyageant dans l’ombre de la chanteuse il transmet des informations relatives aux positions ennemies. Afin de dissimuler les informations, il retranscrit une partie de celle-ci sur les partitions de Joséphine Baker. 

« C’est la France qui m’a faite. Je suis prête à lui donner aujourd’hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez ». 

JOSEPHINE BAKER

Envoyée en mission au Maroc, suite à la libération par les Alliés de l’occupation à Casablanca, Joséphine Baker intègre l’armée française. Titulaire d’un brevet de pilote, elle se joint aux forces françaises et se produit dans une tournée pour les soldats de l’armée dans diverses régions d’Afrique du Nord alors que les combats ne sont pas terminés. Ses concerts remontant le moral des troupes françaises ont permis de remplir les caisses de l’armée à hauteur de 10 millions d’anciens francs et de promouvoir le Général de Gaulle et la France libre. Pour le gouvernement naissant en Afrique du Nord, l’officier de propagande Baker est un atout précieux.

En 1946, Joséphine Baker reçoit la médaille de la Résistance et de nombreux officiers et lieutenants considèrent qu’elle mérite la légion d’honneur à titre militaire. Cette potentielle décoration est contestée par certains estimant qu’elle devrait la recevoir à titre civile. Le 19 aout 1961 Marcel Valin lui remet la Légion d’honneur à titre civil ainsi que la Croix de guerre avec Palme distinguant le combattant de guerre qui s’est signalé au feu par une action d’éclat caractérisée.

Joséphine Baker.

            Son combat pour la liberté ne s’est pas arrêté à la fin de la guerre. Figure de la lutte anti-raciste à 57 ans elle a marché pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King. En France elle crée son « Village du Monde » au Château des Milandes et écrit plusieurs ouvrages dont « Mon Sang dans tes veines », réflexion sur l’injustice de la discrimination raciale. Dans ce « Village du Monde » a adopté 12 enfants de nationalités différentes, qu’elle appelait sa tribu arc-en-ciel. Il y eut : Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ; Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français et d’origine Juive ; Jean-claude et Noël Français, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina Marocaine. 

Ainsi, elle prouve que les différences n’entravent en rien la vie commune dans la paix.

“Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour.”

 JOSEPHINE BAKER

Nasrine AMADY 

Cet article n’engage que son auteure

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Exposition Thierry Mugler : « Ma mesure, c’est la démesure »

Du 30 septembre 2021 au 24 avril 2022, le musée des arts décoratifs de Paris dédie l’exposition Couturissime, au créateur de génie Thierry Mugler. Loin de se cantonner à une spécialité artistique, vous pourrez admirer, ses créations de parfums, ses collections de haute couture les plus extravagantes ainsi que ses photos et publicités les plus iconiques.

Thierry Mugler, né à Strasbourg en 1948, grandit dans la musique, la danse, le théâtre et les arts, ce qui le conduit à une carrière artistique diversifiée et passionnée. Ainsi, il commence la danse classique à 9 ans, puis découvre l’univers du théâtre et des spectacles. Souhaitant évidemment s’orienter dans une carrière artistique et notamment le dessin, il rejoint l’école des Arts décoratifs de Strasbourg pour devenir architecte d’intérieur. Très vite, il rêve d’une vie plus extravagante et part s’installer à Paris à 21 ans. Il commence par se faire un nom en fréquentant le milieu homosexuel de Paris, ose vendre ses premiers croquis et concevoir ses premières tenues qu’il porte fièrement avant de se lancer réellement et d’ouvrir sa propre boutique nommée « Gudule ».

Cela marque le début de sa carrière de styliste, qui le mène d’abord à travailler pour des grandes maisons de prêt-à-porter puis à créer ses premières collections. La première s’appelle ainsi « Café de Paris », qu’il veut « hyper féminine », créant un équilibre entre les tenues pour femmes classiques et la modernité qu’il se sent capable de leur offrir. Il acquiert d’abord une renommée internationale dans les années 1980 et 1990 pour ses tenues qu’il veut extravagantes et puissantes. C’est en 1992 qu’il crée sa première collection de haute couture et reprend la direction artistique de ses parfums à son nom. Après un succès international, il décide de s’éloigner de la mode en 2002, en renonçant à son titre de directeur artistique. Son souhait omniprésent dès le début de sa carrière était de redécouvrir les domaines qui le faisaient rêver dans son enfance, comme la mise en scène, la création de costumes ou encore la photographie.

L’exposition retrace la carrière artistique de Thierry Mugler et les différents pans de celle-ci. Elle commence par ses collections les plus célèbres, dans différentes salles regroupant les thèmes qui les ont guidées : les animaux et insectes, les créatures fantastiques et de fiction, les voitures, la culture américaine… Ce qui saute aux yeux est la capacité de Thierry Mugler à créer de toute pièce différents univers dont les personnes sont représentés par des tenues toutes plus uniques et extravagantes les unes que les autres. Ses défilés étaient par ailleurs, d’abord pensés comme des shows, fantaisistes, démesurés et futuristes, offerts aux spectateurs.

« I want my models to be bigger, stronger and taller than common mortals. I need superwomen and supermen. »

Cette visite permet également de voir ses différentes collaborations artistiques relatives à l’univers musical ou cinématographique, comme un clip de Georges Michael ou sa collaboration avec la pièce de théâtre de lady Macbeth à Paris. Mugler a d’ailleurs créé des pièces uniques sur demande pour les plus grandes stars internationales au fil du temps, preuve que ses pièces sont intemporelles, comme David Bowie, Kim Kardashian ou encore Beyoncé (dont il deviendra le conseiller artistique lors d’une tournée).

Cette immersion nous offre également la possibilité de découvrir les œuvres moins connues dans l’univers de la photo et des publicités, prises généralement sur les plus beaux monuments de Paris ou New York et montrant toujours une certaine démesure pour mettre en avant ses tenues et modèles.

Cette exposition-évènement nous immerge de façon grandiose dans la vie artistique de Thierry Mugler. Il nous stupéfie tant par la diversité de ses activités artistiques que par la fantaisie qu’il impose dans les univers créés. L’univers Mugler fascine depuis sa création et les prémisses de ses défilés jusqu’au monde contemporain que l’on connait aujourd’hui, plus proche de sa vision futuriste de l’art et de la démesure.

Sources : MAD Paris, Vogue, Beaux Arts

Cet article n’engage que son auteure.

Clémence Hoerner

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[Amadou Hampâté Bâ : La tradition orale africaine à l’UNESCO]

« Un vieux maître d’Afrique disait : il y a ma vérité et ta vérité, or la vérité se trouve au milieu. Pour s’en approcher, chacun doit se dégager un peu de sa vérité pour faire un pas vers l’autre ». Amadou donna cette leçon à la jeunesse Africaine, aujourd’hui, ces paroles prennent tous son sens. Défenseur de la société traditionaliste, il reconnait qu’elle avait « ses tares, ses excès et ses faiblesses ». Cependant elle était avant tout « une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. », même au niveau écologique : « L’homme était également considéré comme responsable de l’équilibre du monde naturel environnant, il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n’est pas sa propriété mais un dépôt sacré confié par le créateur et dont il n’était que le gérant ».

Amadou Hampâté Bâ est né en 1900au sein d’une famille de traditionnalistes Peul et décédé en 1991. Il est une figure importante pour la représentation de la culture Africaine et particulièrement pour le peuple Peul : contes, romain initiatiques, poésies. De nombreux proverbes africains lui sont attribué. C’est notamment lui qui est à l’origine du célèbre proverbe « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Ses romans ont été traduit dans de nombreuses langues étrangère. Ce grand personnage né à Bandiagara au royaume d’Ogon (Mali) rejoint le conseil exécutif de l’UNESCO de 1962 à 1970. Son parcours atypique commence à l’école coranique de Tierno Bokar , une haute figure de la spiritualité musulmane Africaine. Il est ensuite réquisitionné par l’école française de Bandiagara et continuera ses études à Djenné, école que la colonisation française destinait au « fils de chef ». En 1921, Amadou refuse d’entrer à l’École normale de Gorée. A titre de punition, le gouverneur l’affecte à Ouagadougou en qualité d’écrivain temporaire à titre essentiellement précaire et révocable ». Cette attribution le fera rire bien plus tard. De 1922 à 1932, il occupe plusieurs postes dans l’administration coloniale en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) puis jusqu’en 1942 à Bamako. Après 1942, il rejoint l’institut français d’Afrique noire (IFAN) de Dakar. Il y effectue des enquêtes ethnographiques et y recueille des traditions orales. Amadou, en tant qu’ethnologue Africain prône une ethnologie des monde Africains et de leurs différentes ethnies par des ethnologues africains qui seraient plus apte à comprendre la portée des traditions et la profondeur du mythe qui entoure les rituels. En tant que membres de ces communautés, les ethnologues Africain aurait pour mission de retranscrire à l’écrit les traditions orales des peuples africains. L’ethnologue étranger, lui, qui veut cerner la portée d’une tradition sera confronter à des problèmes d’adhésion à la communauté étudié. Pendant 15 ans, Amadou se consacre à l’étude des Peuls, il a pu ainsi rassembler un considérable trésor d’archives, qui alimentera les publications savantes pendant de longues années. Il finira par rédiger L’empire peul du Macina, une synthèse historique exploitant la tradition orale. En 1951, il obtient de l’UNESCO une bourse lui permettant de se rendre à Paris et de rencontrer les milieux africanistes. Quand le Mali obtient son indépendance en 1960, il devient un acteur et fonde l’institut des sciences humaines à Bamako et représente le pay à la conférence générale de l’UNESCO. En 1962, il est élu membre exécutif du conseil, quatre années plus tard, il participe à l’élaboration d’un système unifié pour la transcription des langues africaines. En 1968, il est élu ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire. En 1975, il est récompensé par l’Académie française en reconnaissance ses services rendus au dehors, à la langue française.

Lors de la conférence générale de l’UNESCO du 1er décembre 1960, il demande « que la sauvegarde des traditions orales soit considérée comme une opération de nécessité urgente au même titre que la sauvegarde des monuments de Nubie ». Il accompagne son discours de ces paroles : « Je considère la mort de chacun de ces traditionalistes comme l’incendie d’un fond culturel non exploité ». Lors de son mandat à l’UNESCO, Amadou Hampâté Bâ défend les traditions africaines avec la plus grande ferveur, les Africains ne sont pas ignorants mais leurs savoir réside dans la tradition orale, les savoirs, mythes et les formes d’éducations se comprennent par l’oralité. Pour Amadou, chaque geste, chaque discussion a une portée éducative, d’où l’importance d’appartenir au groupe d’étude pour mieux comprendre les mécanismes informels qui régissent la vie de tous les jours en détails. Une fondation Ahmadou Hampâté Bâ, soutenue par les autorités ivoiriennes, a été créé à Abidjan, avec pour vocation, entre autres de préserver les patrimoines manuscrits et les recherches et archive de l’écrivain.

Cet article n’engage que son auteur.

Auxence Jobron.

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[Les NFT : un marché de l’art contemporain dématérialisé]

Face à la montée en puissance et la généralisation du numérique, les artistes modélisateurs 3D et autres créateurs de contenu travaillant sur ordinateur peuvent dès maintenant, dans la continuité des droits d’auteurs, transformer leur œuvre d’art dématérialisée en NFT. Qu’est ce qu’un NFT ? C’est l’acronyme de Non-Fungible Token, en français « jeton non fongible ». Ce jeton est dit non fongible parce qu’il est unique et non interchangeable. C’est un type spécial de jeton cryptographique qui peut  être représentatif d’un GIF, d’une image, d’une vidéo ou d’un fichier audio auquel est rattachée une identité numérique, elle-même rattachée à un propriétaire. Dans la mouvance des crypto-monnaies, les NFT permettent de posséder une entité numérique et permettre ainsi à leur propriétaire de bénéficier des droits liés à leur possession.

Ces entités numériques sont donc par ce biais achetables, parfois à des prix irraisonnés. 69,3 millions de dollars : c’est le prix auquel s’est vendue l’œuvre numérique de l’artiste Beeple, ce qui en fait l’ œuvre la plus chère. Son œuvre Everydays: the first 5000 Dys est en fait un collage d’images de sa série d’œuvre « Everydays ».  La vente a été organisée par la maison Christie’s. L’artiste, de son vrai nom Mike Winkelmann, est reconnu en tant qu’artiste digital, designer graphique et animateur. Il utilise les figures de la pop culture comme référence. 

Comment fonctionne le NFT ?

La cryptomonnaie, associée au NFT, est une monnaie numérique utilisable au moyen d’un réseau informatique décentralisé. Elle utilise des technologies de cryptographie. Le NFT vient donc officialiser l’identité graphique d’une œuvre sur internet. Son auteur est reconnu et vérifié comme propriétaire par un système de Blockchain. La Blockchain ou « chaîne de bloc », est un registre de compte, consultable par tous ceux qui veulent y accéder. Les acteurs du réseau, appelés « nœuds », possèdent, stockent et vérifient leurs propres versions de la chaîne, à partir d’un premier bloc de données que l’on appelle le « bloc genèse ». Etant donné qu’il n’y a pas d’autorité centrale, la blockchain est dite décentralisée. Par ce biais, si l’on décide d’acheter un NFT, on possède alors  un certificat d’authenticité infalsifiable. Le jeton délivré à l’achat contient de nombreuses informations sur l’objet et son parcours. Il atteste qu’on est en possession de l’œuvre originale parmi les copies présentes sur internet.

 

Les jetons donnent donc lieu à des titres de propriétés virtuels d’œuvres d’art. Ils transforment le lien qui existe entre les artistes et les collectionneurs. Les NFT constituent l’innovation la plus influente qu’ait connu le monde de l’art ces dix dernières années. Jack Dorsay, le fondateur de Twitter, a ainsi mis en vente à 2,9 millions de dollars la propriété de son premier tweet. La même année, Kevin Roose, éditorialiste du New York Time, a vendu un de ses articles sous forme numérique pour un demi-million de dollars. Les NFT sont également très présents sur le marché de l’art contemporain. Selon la société Artprice, les œuvres numériques sous cette forme représentent déjà un tiers des ventes en ligne pour cette année.

Vous vous demandez si vous pouvez créer un NFT ? La réponse est oui. Pour cela, il faut simplement passer par des plateformes spécialisées comme Rarible ou OpenSea, sur laquelle le fichier qui deviendra un NFT sera téléchargé. En revanche, il faudra payer des frais pour valider les transactions sur la blockchain (dont le fonctionnement a été expliqué plus haut). Le créateur aura ensuite la possibilité de vendre ses œuvres virtuelles sur la même plateforme. 

Cependant, ce marché est souvent décrit comme une « bulle spéculative ». En effet, le marché est encore jeune et l’évaluation de la valeur réelle d’un NFT est volatile. Cependant, d’après Nadya Ivanova, cheffe de l’exploitation chez l’Atelier, une société de recherche sur les marchés émergents : « Le marché est toujours volatile et sujet à la spéculation, mais des cas d’utilisation plus sophistiqués émergent, basés sur l’utilité, la communauté et des éléments concurrentiels. Tous sont des préalable à un marché plus mature. » 

Les NFT sont-ils protégés par un cadre juridique ?

L’intérêt pour les NFT étant encore récent, aucun cadre juridique n’existe pour protéger les jetons. Seulement, il est possible de les rattacher à différents articles de lois, malheureusement encore difficiles à déterminer. Certaines œuvres digitales comme celle de Beeple peuvent être considérées comme des œuvres d’art et relever du Code de la propriété intellectuelle. Le 30 septembre dernier, le député Pierre Person a proposé une définition des NFT : « Tous bien incorporel et non fongible représentant, sous forme numérique, un ou plusieurs droits pouvant être émis, inscrits, conservés ou transférés au moyen d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé permettant d’identifier, directement ou indirectement le le propriétaire dudit bien ». Il s’agit de la définition du jeton de l’article L-552-2 du code monétaire et financier, à laquelle a été rajouté le terme « non fongible ». Cet amendement qui vise à « éclaircir le régime fiscal des jetons non fongibles » à été adopté par l’Assemblée nationale le 5 octobre. 

Sources : Cryptoast, L’éclaireur Fnac, Wikipédia, RTBF

Cet article n’engage que son auteur.

Auxence Jobron

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[Portraits de personnalités inspirantes : Susana Baca, La Diva péruvienne engagée ]

Susana Baca : chanteuse variété au Pérou | Interview | Terra Peru

Susana Esther Baca de la Colina plus connue sous le nom de Susana Baca est une figure emblématique de musique afro-péruvienne, une proéminente auteure-compositrice. Sa musique est un mix entre tradition et modernité. Elle utilise pour la composition de ses musiques, des instruments traditionnels péruviens comme le Cajón, une boite de  bois qui était à l’origine, une cage à fruit. De plus, elle ajoute à son palmarès l’ethnomusicologie, l’enseignement et l’obtention  à trois fois du prix du « Latin Grammy Award ». En juillet 2011, elle est nommée  ministre péruvienne de la culture dans le gouvernement de Ollanta Humala. Susana est donc la seconde afro-péruvienne de l’histoire du Pérou indépendant membre du gouvernement. En novembre 2011, elle est élue présidente de la commission de la culture au sein de l’ OAS,«the Organization of American States » de 2011 à 2013. 

Repérée par David Byrne, elle est la figure principale de la chanson afro-péruvienne depuis 50 ans. Comme Cesaria Evora, elle cultive une saudade, comprenez un profond état de nostalgie. Tout comme la reine capverdienne, elle a fait renaitre un folklore métissé par des siècles d’esclavage et de colonisation. Aujourd’hui encore, à l’âge de 77 ans, Susana Baca chante encore et vient même de sortir un nouvel album, Palabras urgentes (vérité urgentes). Dans ce nouvel album, elle fête ainsi, deux-cents ans d’indépendance de son pays, le Pérou. Son travail retranscrit aussi, 50 ans d’une carrière riche entre politique et musique. Avec David Byrne et son label Luaka Bop créé en 1995, elle publie une compilation « Lamento Negro ». De ce disque, on retiendra le célèbre titre, Maria Lando. En 2002, elle reçoit le Grammy Latino de Best Folk Album et est cité dans le Best World Music Album. 

Petit détour sur la vie de Susana Baca :  

Elle née à Lima le 24 Mai 1944 d’un père guitariste et d’une mère chanteuse. Elle est la descendante de la famille De la Colina, reconnut pour ses musiciens de renoms. Susana, passe une partie de son temps à 130 kilomètres de Lima la capital péruvienne à San Luis de Cañete, fiefs historique de sa famille de musiciens. La chanteuse décrit ce lieu comme « un lieu étrange, une petite enclave au milieu d’un désert côtier, où la musique créole noire péruvienne est comme une graine plantée dans le sable qui aurait poussée de façon miraculeuse ». Durant sa jeunesse, elle prend conscience de sa couleur de peau dans le district noir de Chorrillos où elle  habite et grandit. Dans les écoles, même si les classes étaient mixtes, les noirs étaient marginalisés. Cependant, ce caractère qui était la base de discrimination dans les écoles publiques donnait lieu à de la joie dans la sphère familial privée.  Plus tard, c’est en tant que chanteuse à l’université, qu’elle est amenée à parcourir le Pérou pour faire son travail d’ethnomusicologie, récolter des musicalité pour les inscrire dans un contexte historique et ethnique. Son travail porte alors sur les racines Africaines de la musique péruvienne. Avant elle, ses oncle Caïtro Soto et Ronaldo Campos fondent en 1969 l’association « Péru Negro » qui à pour objectif de préserver l’héritage musicale issus du syncrétisme afro-péruvien. Ces musicalités presque oubliées de cette tradition musicale, elle décide de les collecter. Son mari Ricardo Pereira l’aide dans cette démarche en apportant une dimension sociologique. Il parcourent alors ensemble le littoral péruvien afin de récupérer des témoignages dans les villages descendants d’africain. Le livre qui découle de ces recherches « Del Fuego y deal agua » est publié en 1992 et représente 11 années de recherche. Par la suite, en 1995, ils fondent ensemble l’institut Negrocontinuo pour enrichir leur travail de sauvegarde.  

En 2011, c’est le président Ollanta Humala qui nomme Susana Baca au poste de ministre de la culture. Il prône alors une politique d’inclusion sociale. Elle devient alors la première ministre noire du Pérou indépendant. L’artiste, en plus de son parcours musicale à s’engage grandement dans la lutte contre toutes formes de discrimination, quelle soit sexuel, racial ou culturelles. Son marquage politique se reflette aussi dans sa musique où elle exprime ses idées. Son album « palabras urgentes » s’inscrit alors dans un climat de corruption lors des élection de 2018 qui se présente alors comme un moyen de faire passer son message. 

Auxence Jobron

Source : 

https://en.wikipedia.org/wiki/Susana_Baca

https://www.telerama.fr/musique/susana-baca-icone-afro-peruvienne-en-chantant-je-veux-susciter-le-debat-6985975.php

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[Joya de Ceren ou le « Pompéi d’Amérique » classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO]

Tout le monde connaît Pompéi, mais connaissez-vous Joya de Ceren, lié à elle par le même sort tragique ?

L’incroyable conservation du site archéologique de Pompéi suite à l’éruption du Vésuve en 79 en fait un élément prédominant pour les recherches sur la civilisation antique.

Cependant, il n’est pas le seul à avoir laissé aux chercheurs des clefs de compréhension d’une civilisation toute entière : Joya de Ceren en fait partie. L’éruption du volcan Laguna Caldera en 600 engloutit ses 3200 hectares, figeant dans l’éternité la vie quotidienne de plusieurs centaines de mayas.

Situé au Salvador en Mésoamérique, ce site retrouvé sous cinq mètres de cendres est appelé le « Pompéi d’Amérique » du fait de son incroyable préservation grâce à l’éruption volcanique.

Aucune trace des habitants n’a été retrouvée en fouilles, ce qui fait dire aux chercheurs qu’ils abandonnèrent sans doute la ville peu de temps avant l’éruption. En effet, les premiers signes visibles de la catastrophe furent, selon les scientifiques, des jets de vapeur s’écoulant dans la rivière Sucio à proximité de Joya de Ceren (éruption phréatique). La population, sûrement effrayée, a dû partir avant que les cendres du volcan ne commencent à engloutir la cité, laissant leurs activités en suspens.

Les restes organiques, qui ont quasiment entièrement disparu sur les autres sites, ont pu être conservés à Joya de Ceren. En effet, la première nuée de cendres tombée était d’une température de 100°C, ce qui a permis à ces matières qui ne résistent habituellement pas au temps de se fossiliser instantanément. Les archéologues ont pu constater grâce à ce rare phénomène que les habitations étaient recouvertes de toits de chaume. Des restes d’aliments bien conservés ont également été retrouvés : le site de Joya de Ceren est le seul dans toute l’aire maya à avoir livré des informations aussi complètes sur le régime alimentaire de cette civilisation ! La découverte d’un champ de manioc a également offert une preuve irréfutable de son exploitation dans cette région.

Concernant l’architecture, les constructions en terre ont donc subsisté, et ont livré des informations capitales sur les pratiques quotidiennes. Bâtiments publics, saunas, bains de vapeurs, cuisines : tous ces ensembles ont permis de comprendre l’organisation socio-spatiale d’un site Maya à la période Classique.

Le site, découvert accidentellement en 1976, est fouillé continuellement depuis plus de 40 ans. En 2018, des ossements humains accompagnés d’un couteau d’obsidienne ont été retrouvés : il s’agit de la première sépulture découverte sur le site. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, et de nombreuses révélations sont encore à venir puisque seulement douze bâtiments ont été fouillés.

Du fait de l’importance capitale de sa préservation, Joya de Ceren a été classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. Des systèmes d’abris ont été installés pour protéger le site et son architecture, et des spécialistes interviennent fréquemment pour mettre en place des moyens pour pérenniser son intégrité.

Cet article n’engage que son auteure.

Article de Manon Etourneau

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