Vous les avez peut-être déjà vus sur des cartes postales : les tableaux de Raoul Dufy sur Paris, ces œuvres colorées et lumineuses, qui font de la capitale un lieu féerique fantasmé par le monde entier. L’exposition sur le Paris de Dufy, au cœur de Montmartre, permet de plonger dans l’univers d’un artiste qui s’installe dans ce quartier parisien au début du XXème siècle. Fasciné par cette ville, l’artiste représente les grands monuments qui font sa renommée : le mythe de Paris prend tout son sens à travers ces images.
Des œuvres pour tous les goûts !
Les salles de l’exposition sont chacune dotées d’un thème qui nous offre un aperçu sur la diversité des travaux de Dufy. Des tableaux, aux dessins en passant par son travail de tissus d’ameublement, l’exposition possède une collection riche et variée ! Raoul Dufy s’intéressait à tout, et a revisité des chefs d’œuvre comme Bal au moulin de la galette de Renoir. Il a dessiné de nombreux croquis de mode, a peint des nus dans son atelier, et a illustré des ouvrages tels que le recueil Le poète assassiné d’Apollinaire. Chaque exposition sur cet artiste est unique tant son Œuvre est gigantesque. En tout, ce sont plus de 3000 toiles peintes, 6000 aquarelles et 6000 dessins réalisés dans sa vie, sans compter ses tissus et ses décors d’intérieur !
La Fée électricité
L’œuvre la plus connue et la plus monumentale de Raoul Dufy, c’est bien la Fée électricité ! Conçue pour l’exposition nationale de 1937, cette décoration est destinée à mettre en avant le rôle majeur de l’électricité, à une époque où celle-ci commence à se diffuser dans les foyers français. Ce tableau, toujours très coloré conformément aux autres œuvres de Dufy, dégage une intense lumière grâce à l’utilisation de gammes claires et de zones blanches, faisant directement référence à l’invention de l’éclairage. Cette peinture a donc aussi un caractère métaphorique : l’électricité a révolutionné les modes de vie et a ouvert la voie vers un monde nouveau, celui du progrès. L’œuvre originale se trouve au musée d’art moderne, mais l’exposition à Montmartre présente trois magnifiques répliques.
Points forts / Points faibles
Le point fort de l’exposition, ce sont les nombreuses explications qui ponctuent la visite, nous permettant de comprendre le parcours du peintre et ses intentions artistiques. Le seul bémol de ces commentaires tient en ce qu’ils passent à côté des nombreuses influences de Dufy, pourtant importantes pour comprendre son Œuvre : Matisse, Cézanne, Braque…
Le ton pastel des salles apporte une atmosphère douce et permet de faire ressortir les éclatantes couleurs des œuvres de l’artiste. Malheureusement, leur exiguïté rend la déambulation difficile même quand il y a peu de visiteurs. Nous vous conseillons tout de même cette très belle exposition, en privilégiant les heures creuses du matin pour vous garantir un moment agréable !
Le Palais de la Porte Dorée est connu pour abriter le Musée de l’immigration qui a pour objectif de sauvegarder, témoigner et faire connaître l’histoire de l’immigration en France à travers des objets (lettres, photographies, objets personnels…) et en retraçant le parcours d’immigrés. Il a aussi pour but de « contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France »*. A noter que les galeries d’exposition permanente, actuellement en travaux, rouvriront leurs portes à l’automne 2022.
L’exposition « Ce qui s’oublie et ce qui reste », se tient au Palais de la Porte Dorée jusqu’au 29 juin 2021. Elle tente de comprendre, avec des œuvres d’art variées (peintures, tissages, sculptures, photographies, vidéos, installations, performances…), comment les histoires personnelles et familiales résonnent avec celles du monde. L’exposition est le fruit d’une collaboration entre le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) de Marrakech et le Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris. Elle s’inscrit dans la saison Africa2020 et tente de « regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain » selon N’Goné Fall, commissaire générale de la saison Africa2020.
Grâce aux œuvres de dix-huit artistes du continent africain et de ses diasporas, le spectateur peut explorer cette notion de transmission : Qu’est-ce que signifie la transmission à l’heure des réseaux sociaux et de la communication en continu ? Comment se transmettent la mémoire, les savoir-faire, les rites, les traditions ? Comment s’opère la diffusion des connaissances aux générations suivantes ? Ces œuvres s’inscrivent au cœur des débats contemporains portant notamment sur la mémoire et les notions d’héritages et d’influences.
En effet, chacun, où qu’il soit dans le monde, reçoit des valeurs et des savoirs qu’il va à son tour transmettre. L’exposition s’attarde sur ce « qui reste » et « ce qui s’oublie », ce qui est omis, effacé, rendu invisible ou silencieux, lors de cette transmission.
Retrouvez les oeuvres de Abdessamad El Montassir et son installation photographique et sonore à travers laquelle il « dénonce l’instrumentalisation de la mémoire et remet en lumière une histoire niée », celles d’Amina Agueznay et ses textiles tissés, ou encore Zineb Sedira et son installation vidéo qui explore, selon ses mots « les paradoxes et les intersections de (s)on identité en tant qu’Algérienne et Française, et aussi en tant que résidente en Angleterre. ».
Une exposition magnifique, haute en couleurs qui pousse à la réflexion sur « Ce qui s’oublie et ce qui reste » !
/!\ Une réservation en ligne avant la visite est obligatoire !
Dans une société aux divisions toujours plus profondes, marquées par des inégalités socio-culturelles accrues, l’importance de l’art et de son apprentissage sont souvent laissés de côté. Pourtant, « seul l’art, touchant le cœur et les sentiments, peut rassembler » (Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Hachette littératures, 2004, p. 19). Quid alors de la place de l’art dans l’éducation aujourd’hui ?
L’art, facteur essentiel d’éducation
L’art est essentiel au développement personnel et social. En effet, l’apprentissage des techniques, mouvements et œuvres artistiques ainsi que sa pratique permettent de développer considérablement l’écoute, la concentration mais aussi la prise en compte des autres. L’art peut troubler, choquer, intéresser, émerveiller et éveille ainsi la curiosité de chacun dès le plus jeune âge. L’art se veut donc complémentaire aux programmes scolaires et aux formes d’apprentissage classiques, étant source de nouvelles connaissances aussi bien théoriques que pratiques et entraînant les capacités intellectuelles requises dans les champs classiques d’apprentissage.
L’art, et plus précisément la performance artistique, est aussi un moyen d’expression de soi, de son corps et de sa voix. Confrontés à divers sentiments intérieurs et au regard insistant des autres élèves et des adultes présents lors d’une telle expression artistique, un sentiment de honte peut vite être ressenti, contraignant les élèves à ne pas oser s’exprimer. Il faut alors apprendre à dompter ces sentiments afin de réussir à véritablement s’exprimer, exercice qu’un cours traditionnel en classe ne permet que très peu. L’art et la pratique artistique dépasse également les clichés garçon-fille, comme la pratique de la danse au sein des établissements scolaires a pu le démontrer. Cassant l’image illusoire mais pourtant bien ancrée selon laquelle la danse serait réservée aux filles, la pratique de ces arts vient apprendre l’égalité entre les genres. Cela développe ainsi la confiance en soi mais également la cohésion de groupe, deux éléments que le système scolaire traditionnel peine souvent à cultiver.
De plus, la pratique développée de certains arts est source de persévérance et de détermination et est en cela synonyme d’accomplissement personnel. Mais cette pratique est également une forme d’engagement, aussi bien envers soi-même qu’envers les autres. En effet, la pratique d’une technique artistique oblige à se soumettre à un entraînement régulier et complet. Toutes ces qualités, profondément développées par la pratique et la maîtrise d’une technique artistique, vont s’avérer par la suite essentielles à la bonne réussite scolaire.
Mais au-delà de l’amélioration des capacités intellectuelles et sociales que l’École se doit de développer, l’art permet également de stimuler d’autres parties du cerveau que celles qu’activent un cours classique et aide au développement des émotions et de la sensibilité. La vision d’une œuvre artistique ou l’écoute d’une œuvre musicale sécrète en effet de la dopamine, de la sérotonine, mais libère aussi de la morphine endogène, des hormones responsables de l’envie de vivre et de la motricité. Un rapport de 2019 de l’Organisation Mondiale de la Santé a également prouvé que les arts apportent une importante aide psychologique, permettant de lutter contre les maladies graves et la dépression.
La place de l’éducation artistique et culturelle en France :
Afin de consacrer l’importance de l’éducation artistique et culturelle au sein du système scolaire, l’UNESCO a mis en place en 2012 la semaine internationale de l’éducation artistique se déroulant du 21 au 27 mai. L’organisation promeut en cela la diversité culturelle et favorise non pas seulement l’apprentissage des arts, mais également l’apprentissage par les arts, permettant d’améliorer la qualité de l’éducation.
En France, l’éducation artistique et culturelle à l’École répond à trois objectifs. En effet, elle vise à construire une culture personnelle riche et cohérente tout au long du parcours scolaire de chacun, mais aussi à permettre la pratique artistique et à favoriser la rencontre des artistes et des œuvres ainsi que la fréquentation de lieux culturels. Pour ce faire, le ministère de l’Éducation nationale a créé la Charte pour l’éducation artistique et culturelle, selon laquelle, entre autres, chaque projet d’école ou d’établissement doit comporter un volet artistique et culturel. De nombreux partenariats ont également été mis en place avec le CNC pour mettre en œuvre le projet national entre l’École et le cinéma, permettant de promouvoir l’accès au septième art en donnant aux collégiens et lycéens la possibilité de visionner des films avec leurs classes. L’apprentissage de l’Histoire des arts, bien qu’encore assez limité au sein des établissements publics, est censé donner aux élèves du secondaire un niveau minimal d’apprentissage culturel. Pour ce faire, un « portail histoire des arts » donne un accès simple et gratuit à plus de 5 000 ressources éducatives en ligne validées telles des dossiers pédagogiques, ou encore des expositions virtuelles et de nombreuses vidéos. La mise en place plateforme Lumni permet également de donner accès aux contenus de divers médias comme France Télévisions, Arte, France Médias Monde, Radio France, TV5 Monde, ou encore l’INA. Pour des élèves en situation précaire, ces mesures sont sources d’accès au monde de la culture, monde dont les portes peuvent à bien des égards sembler fermées. En ce sens, le pass éducation permet à tous les acteurs du monde de l’éducation mais également aux élèves d’accéder aux sites culturels gratuitement ou à prix réduits, favorisant ainsi l’inclusion et la richesse culturelle.
Mais cela étant encore insuffisant pour placer tous les élèves sur un pied d’égalité en matière d’accès à la culture, certains enseignants n’hésitent pas à mettre en place des techniques alternatives et évolutives d’éducation. C’est le cas de Gilles Vernet qui, dès l’école primaire, a désiré faire apprendre l’art de l’opéra à ses élèves, art très peu connu et accessible pour les plus jeunes générations d’élèves. Pour ce faire, il a préparé une représentation de l’opéra d’Icare et le taureau blanc avec ses élèves de CM2, épaulé par l’opéra de Paris.
L’art, essentiel par sa pratique et son apprentissage, se veut donc complémentaire aux programmes scolaires « classiques ». Il semble en ce point nécessaire de continuer à développer l’éducation à l’art mais également l’éducation par l’art, afin de retrouver une certaine cohésion au sein des établissements scolaires et d’apprendre dès le plus jeune âge l’intérêt que suscite une œuvre artistique et sa pratique technique.
Ce vendredi, la rubrique culturelle vous invite à redécouvrir le Jardin des Tuileries, un lieu historique et emblématique de la capitale.
Le Jardin se situe dans le premier arrondissement de Paris, au cœur d’un quartier riche en histoire, puisqu’il est entouré du palais du Louvre (sud-est), de la rue de Rivoli (nord-est) et de la place de la Concorde (nord-ouest). Il s’étend sur 25,5 hectares, faisant de lui le plus important jardin à la française de la capitale.
Le Jardin des Tuileries tient son nom d’anciennes tuileries (fabriques de tuiles) qui se tenaient à l’endroit où fut édifié le palais des Tuileries en 1564. Catherine de Médicis commanda cette ancienne résidence royale et impériale, aujourd’hui disparue suite à un incendie durant la Commune de Paris en 1871. Actuellement, le jardin du Carrousel se situe en partie à l’emplacement de l’ancien palais des Tuileries.
Le Jardin des Tuileries était ainsi à l’origine un jardin à l’italienne commandé par Catherine de Médicis en même temps que le palais. Un siècle plus tard, en 1664, Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert souhaitent repenser le parc pour en faire un jardin à la française. La mission est confiée à André Le Nôtre, jardinier de Louis XIV, qui s’occupe de réaménager le lieu.
Le Jardin a été témoin de nombreux événements historiques comme la prise des Tuileries du 10 août 1792 ou encore la Commune de Paris en 1871. Ce lieu de promenade et de culture accueille du public depuis plusieurs siècles. Celui-ci peut admirer les bassins et les nombreuses statues de maîtres dont le parc regorge.
Depuis 1914, le Jardin des Tuileries est classé au titre des Monuments Historiques.
Partez à la découverte des richesses de ce jardin emblématique de Paris et de son histoire ! Le visiteur peut notamment découvrir des statues, copies ou originales, de différentes époques.
Des animaux, des personnages célèbres comme César, Périclès ou Spartacus, mythologiques comme Diane ou Hercule, ou encore des allégories telles « La Seine et la Marne » ou « L’Automne » : ce sont des dizaines de sculptures que vous pourrez découvrir !
Quelques exemples de statues à observer :
La statue « L’Automne ou Vertumne », faite de marbre, se trouve près du bassin octogonal du parc. François Barois (1656-1726), sculpteur sous Louis XIV, l’a sculptée en 1696. Il s’agit aujourd’hui d’une copie de l’œuvre originale installée dans le Musée du Louvre depuis 1993.
La statue de marbre « Thésée combattant le Minotaure », sculptée entre 1821 et 1827, se situe à proximité du bassin rond. Elle est l’œuvre du sculpteur français Etienne-Jules Ramey (1796-1852).
La statue en marbre, « Le serment de Spartacus » se trouve près du grand bassin rond. Elle a été sculptée par Louis-Ernest Barrias (1841-1905) en 1869-1871. Spartacus était un gladiateur thrace qui fut à l’origine de la plus importante rébellion d’esclaves contre la République romaine, entre 73 et 71 av. J.-C, appelée la troisième guerre servile.
La statue d’Eve a été réalisée en 1881 par Auguste Rodin, l’un des plus importants sculpteurs français de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle se trouve le long de l’Orangerie du Jardin des Tuileries, du côté nord. La statue « Le Baiser », du même artiste est également visible sur le côté droit du Jardin des Tuileries, face à l’Orangerie. Vous pouvez découvrir d’autres sculptures de Rodin au musée éponyme. Pour en savoir plus : http://unesco.sorbonneonu.fr/idee-sortie-le-musee-rodin/ .
( Les photographies sont issues du site Paristoric, où vous pouvez retrouver l’ensemble des statues du Jardin.)
Où : Jardin des Tuileries, 75001.
Accès libre.
Comment s’y rendre
Métro : Tuileries (ligne 1)
Bus : 72, arrêt Tuileries
Cet article n’engage que son auteure.
Article rédigé par Agathe Passerat de La Chapelle.
Les lieux culturels sont toujours fermés et nous voilà de nouveau chez nous. Mais n’ayez crainte, la culture peut venir jusqu’à vous !
Venez vous familiariser avec l’histoire de la peinture, des peintres et de lieux mythiques capturés par les peintres à travers des toiles extraordinaires.
Montagne Sainte-Victoire, tableau de Paul Cézanne, 1888–1890. (Collection privée).
L’aventure est ponctuée par des rencontres avec des spécialistes qui nous livrent secrets et anecdotes sur les paysages et les artistes, ainsi qu’avec des habitants de chaque lieu perpétuant l’héritage des peintres. Une mine de connaissances !
Épisode 1 : Rügen et Caspar David Friedrich.
Épisode 2 : La Provence et Cézanne.
Épisode 3 : L’Angleterre du Nord et Turner.
Épisode 4 : Barcelone et Picasso.
Épisode 5 : Venise et Le Titien.
Cette série documentaire est une véritable invitation à voyager depuis chez soi ou même à préparer de futurs voyages ! Découvrez des paysages à l’atmosphère si particulière ayant inspirés de grandes figures de la peinture.
Disponible en ligne (sur le site d’ARTE) et gratuitement jusqu’au 14 avril (voire 20 avril, cela dépend des épisodes) 2021 : alors à vos écrans pour un moment d’évasion !
Avec l’arrivée du printemps et les journées qui se rallongent, pourquoi ne pas profiter d’une balade culturelle, alliant soleil et découverte patrimoniale ?
En ce moment, deux expositions en plein air, sur le parvis de Notre-Dame et rue du Cloître-Notre-Dame, valent le détour !! Les palissades qui entourent le chantier de Notre-Dame de Paris présentent deux expositions autour de la cathédrale.
L’une, nommée « Dessine-moi une cathédrale », propose des dessins hauts en couleurs de Notre-Dame de Paris, réalisés par des élèves du monde entier. Tous présentent leur vision du monument emblématique de la capitale à l’aide de collages, feutres, peintures… Prenez le temps d’admirer leurs oeuvres sur le parvis de la cathédrale, qui surplombe d’ailleurs l’exposition avec ses deux tours.
L’autre, est une série de photographies que l’on peut admirer rue du Cloître-Notre-Dame. Elle a pour titre : « Notre-Dame de Paris, les premiers mois d’une renaissance ». A travers les clichés de Patrick Zachmann, photojournaliste de l’agence Magnum Photos, l’exposition rend visible le labeur de tous les travailleurs et corps de métiers impliqués dans la reconstruction de Notre-Dame. L’exposition, qui s’étend sur les palissades du chantier, retrace l’incendie puis les travaux de reconstruction et de restauration de la cathédrale. Elle s’attarde notamment dans la partie « Les bâtisseurs d’aujourd’hui : les corps de métiers au cœur du chantier de sécurisation de la cathédrale Notre-Dame de Paris », sur le savoir-faire des artisans et professionnels participants au chantier : maîtres verriers, cordistes, archéologues, grutiers, charpentiers, tailleurs de pierre, échafaudeurs… L’exposition plonge le spectateur dans le coeur du « chantier du siècle » et les coulisses de la reconstruction grâce à d’impressionnantes photographies. Elle permet de comprendre toutes les étapes de ces travaux titanesques. Un bel hommage aux métiers du patrimoine !
Ces expositions donnent envie de se replonger dans l’oeuvre monumentale Notre-Dame de Paris de Victor Hugo pour découvrir Paris et sa cathédrale emblématique au Moyen-Age !
Pour aller plus loin :
L’exposition virtuelle « Notre-Dame de Paris en plus de 100 oeuvres » propose des archives iconographiques et vidéos, retraçant l’histoire de la cathédrale au fil des siècles.
La Chapelle Sixtine est reconnue de façon universelle comme étant une merveille artistique, notamment grâce aux fresques de Michel-Ange recouvrant sa voute. Bon nombre d’entre nous connait cette image de deux mains cherchant le contact : la représentation d’Adam et son créateur.
Si la chapelle est bâtie entre 1477 et 1483, les fresques de Michel-Ange ne font leur apparition qu’entre 1508-1512 pour la voute et 1534-1541 pour Le jugement dernier. Ces productions de Michel-Ange sont ainsi réalisées à prêt d’un quart de siècle d’intervalle et sous l’égide de deux souverains pontificaux.
D’autres grands maîtres de la renaissance ont su gracier les murs nus de la chapelle de leurs pinceaux. On peut ainsi contempler des fresques de : Domenico Ghirlandaio, Sandro Boticelli, Cosimo Rosselli, Pinturicchio, Luca Signorelli ou encore Le Pérugin. Toutes réalisées antérieurement à celles de Michel-Ange, entre 1481 et 1482.
Cependant ce qui nous intéresse ici est la campagne de restauration de la fin du siècle dernier qui a été réalisée en vu de débarrasser les fresques de siècles de poussière, résidus et suie. Si à cette époque les fresques du Vatican connaissent toutes une attention particulière de la part des restaurateurs et restauratrices, c’est la campagne qui commence en 1980 et prend fin en 1994 qui est la plus controversée et révélatrice.
Cette campagne, longue de prêt de quatorze ans, se concentre sur les fresques réalisées de la main de Michel-Ange. Impressionnante par sa taille, des centaines de mètres carrés, elle est aussi retentissante par ses découvertes.
Une épaisse couche de crasse combinant la poussière du temps à la suie des bougies et autres résidus se voit retirée par des solvants. Or, la disparition de cette couche superficielle emporte avec elle le postulat des historiens de l’art selon lequel Michel-Ange était le peintre des ombres et couleurs sombres. Ce sont des teintes typiques du maniérisme qui surgissent après des siècles d’absence : rose pastel, vert acide, bleu, mauve, jaune… Des détails se font visibles, changeant les interprétations iconographiques des experts.
Cependant cette impressionnante campagne de restauration, qui a nécessité la re-constitution de l’échafaudage aérien du grand maître pour ne pas porter préjudice à cet écrin de beauté, a aussi connu ses détracteurs. Certains doutent alors des bienfaits des techniques de restauration utilisées, novatrices et puissantes pour certaines. De plus, le nettoyage des fresques aurait retiré des modifications et jeux d’ombres ajoutés au noir de charbon par l’artiste.
Chaque campagne de restauration connait son lot de dangers et nul ne sait si les techniques appliquées aujourd’hui ne seront pas désavouées demain. Mais une chose est sûre, avec la campagne de 1980-1994, les fresques de Michel-Ange, maitre de la renaissance, ont su encore nous émerveiller et nous surprendre.
À l’occasion de la journée internationale de lutte contre la censure sur internet, ayant lieu tous les 12 mars, nous allons voir ensemble comment internet et notamment les réseaux sociaux censurent certains contenus, notamment les nus féminins. Le contrôle des corps, et notamment du nu féminin n’est pas, comme vous pouvez vous en douter, une nouveauté d’internet… La troisième République en France marque un temps fort pour la censure du nu et de l’érotisme, de nombreuses œuvres littéraires, comme les Fleurs du mal de Charles Baudelaire en 1857, font l’objet de procès. Gustave Courbet et son naturalisme cru est aussi touché par la censure. La censure se confond avec la pudeur, dès lors qu’il peint avec une précision anatomique un sexe féminin dans L’origine du monde en 1866. Doit-on enfin rappeler les luttes de Mai 68 contre le bandeau blanc de la ORTF qui censurait les images jugées impudiques.
Dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, l’article 19 fait de l’accès à l’information un droit, ce qui n’empêche pas la régulation des informations sur internet par des États, entreprises ou réseaux sociaux. Un filtrage de plus en plus répandu des informations à but politique ou personnel comme les Fake news allant à l’encontre de l’information. Certaines lois en France luttent contre la manipulation de l’information, l’incitation à la haine, ce qui n’empêche parfois une censure de contenus abusifs. En revanche, la censure internet peut permettre dans de nombreux pays de garantir la sécurité nationale, économique et information, mais aussi de protéger les mineurs, la dignité humaine, la vie privée, la réputation ou encore la propriété intellectuelle selon Cohen (1997). Néanmoins, il faut relativiser cette censure en France, selon des données officielles publiées en 2019 par Twitter, la France serait à l’origine d’environ 2 % des demandes de retrait légal de données mondiales. Nous sommes très loin des politiques de censure qui règnent en Chine ou en Russie. Les raisons de cette censure peuvent ainsi changer selon les pays comme le montre le graphique ci-dessous.
La censure des réseaux sociaux
La transgression des normes et des mœurs est bien mal saisie par internet et ses logiciels. Mais la censure ne vient pas uniquement des États, sur les réseaux sociaux, une opinion publique démesurée juge chaque image et contenu diffusé sur la toile. Un jugement critique positif en démocratie, mais qui pose de grandes limites dès lors que l’on interroge le passé, l’histoire et notamment l’histoire de l’art ayant poussé certaines limites dans la transgression. On pourrait évoquer dans un tout autre registre que le nu féminin, la manière dont le dessin de presse de Xavier Gorge (Le Monde), fin janvier, s’est fait lyncher pour son dessin abordant les thématiques de l’inceste et les transgenres. Une nouvelle censure s’impose sur internet, celle d’un public bien trop large qui juge un format presse fondé sur la caricature.
Internet s’impose comme la voix des bonnes mœurs, afin de limiter l’hypersexualisation de ses utilisateurs, souvent jeunes. Néanmoins cet organe de censure est très limité. Comment faire la part des choses entre un nu photographié de Man Ray sur Google et une photographie pornographique ? Tout le problème est précisément ici, là où Google ne peut pas distinguer ce qui est une œuvre de ce qui n’en est pas une.
La politique de Facebook et ses filiales n’épargne pas les œuvres d’art. Facebook interdit toute photographie ou représentation des parties érogènes, notamment les seins des filles ! Très fréquemment les musées se voient censurer certaines œuvres pour nudité sans qu’elle ne soit particulièrement érotique. On peut reprendre l’exemple de la censure de la Descente de Croix, vers 1612, de Rubens, par Facebook.
Pourquoi censurer le nu ?
La censure part du constat du pouvoir des images, ce qui est jusque-là vérifié par l’impact de l’art sur nos sociétés. Néanmoins, la vision d’un nu artistique est particulier, il peut être licencieux voire pornographique pourtant il n’a pas le même impact qu’un contenu pornographique. Il n’est absolument pas question de mettre l’art sur un piédestal, celui-là même qui dissocie l’œuvre de toute réalité. Néanmoins le nu est dans l’histoire de l’art notamment dans les Beaux-Arts un exercice de style auquel on ne peut échapper. La forme, les carnations et les transgressions formelles des avants gardes comme Les Demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso font partie du travail de l’artiste. Un travail de la transgression qui définit presque le travail artistique.
La censure récente des féministes par Instagram (Facebook)
Le 21 janvier dernier, des activistes féministes ont été censurées par la plateforme Instagram en ayant relayé la phrase suivante : « Comment fait-on pour que les hommes arrêtent de nous violer ? ». Suite à cela les influenceuses ont attaqué le réseau social, et Mark Zuckerberg condamnant la limitation insuffisante des publications haineuses. Paradoxe ? Non ! Elle dénonce le sexisme et les violences raciales sur internet et les méthodes de modération de la plateforme : ce sont leurs propos qui subissent la censure ! Cela prouve bien un dysfonctionnement dans le dispositif ayant supprimé leur publication pour « protéger les mineurs ». Sans parler enfin du sexisme de cette censure qui vise quasi exclusivement les tétons et sexes féminins. L’audience aura lieu le 12 mai prochain, procès clé à propos de cette censure internet que nous vous invitons à suivre. Un bon exemple qui ouvre la réflexion non seulement sur la censure qui régit notre source principale d’information. Mais aussi sur la manière dont à terme les réseaux sociaux ont un impact sur nos discours, notre patrimoine et nos mœurs. Un nu n’est pas qu’un nu, il dit beaucoup de la manière dont nos sociétés le considèrent.
Lorsque les établissements culturels rouvriront, pourquoi ne pas faire une visite immersive dans les tableaux d’artistes célèbres ? C’est le pari que s’est lancé il y a quelques années déjà l’Atelier des Lumières à Paris, qui se plait à faire vivre des œuvres qu’on ne présente plus.
L’Atelier des Lumières, c’est quoi ? Parce que toutes et tous, nous avons entendu parler au moins une fois de cet endroit, mais peu enconnaissent véritablement l’Histoire, retour sur un lieu d’art autrefois industrie. En 1835, les Frères Plichon, issus d’une famille de laboureurs, décident de venir à Paris pour devenir fondeurs lors de la Révolution industrielle. Ce sont alors les débuts de la Fonderie du Chemin Vert. Grâce à des pièces en fonte très qualitatives, cette fonderie avait pour but premier de répondre aux besoins de la Marine et du Chemin de Fer. A ce moment-là, elle employait près de 60 personnes. En 1959, 24 ans plus tard, l’entreprise est transmise aux enfants de l’un des deux fondateurs, dont Edouard Plichon, qui était un technicien reconnu et pendant quatre générations, les affaires sont alors prospères pour la fonderie. Cependant, en 1929, comme beaucoup d’autres entreprises, l’affaire est contrainte de fermer ses portes. Les raisons : la crise internationale et la concurrence accrue des nouveaux matériaux sur le marché comme le plastique qui fait son apparition. Alors, en 1935, l’entreprise est totalement dissoute et la famille Martin, qui en est aujourd’hui encore propriétaire, rachète les locaux. Pendant de nombreuses années, jusqu’en 2000, les entrepôts servaient alors à une entreprise de fabrication et de vente de machine-outils. C’est en 2013 que le Président de Culturespaces, Bruno Monnier, redécouvre la fonderie et se rend compte de son immense potentiel. Il veut alors en faire un centre d’art numérique, et la famille Martin accepte alors de lui louer les bâtiments.
En 2018, pour le bonheur de tous, l’Atelier des Lumières voit alors le jour le 13 avril, et est découvert la première année par plus de 1,2 millions de visiteurs venant de partout dans le monde.
Les Grandes expositions de l’Atelier des Lumières Tous les ans, Culturespaces organise donc des expositions longues et courtes, en donnant la parole à desartistes contemporains. En 2018, on avait alors eu le droit à une rétrospective de la « Sécession Viennoise à travers les œuvres de Hunterwasser » et des œuvres de Gustav Klimt, le tout assemblé par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, avec la collaboration musicale de Luco Longobardi, du collectif Ouchhh et Thomas Blanchard et Oilhack. (Pour avoir un aperçu de l’exposition, voici la vidéo promotionnelle : https://vimeo.co/344347744)
En 2019, c’était au tour de Van Gogh d’être mis à l’honneur, là aussi par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Mais, nous avions aussi le plaisir de voir deux autres productions : « Japon Rêvé, Images du monde flottant » de Dany Rose, et « Verse », de Thomas Vanz. (Pour avoir un aperçu de l’exposition, voici la vidéo promotionnelle : https://vimeo.co/435873883)
En 2020, même si l’exposition fut écourtée dû à la crise sanitaire, Monet, mais aussi Renoir et Chagall ont été exposés en musique sur leurs voyages en méditerranée. Exposition qui nous fait voyager, tout en restant dans la pénombre et la fraicheur d’un ancien entrepôt chargé d’Histoire.
Quid des prévisions pour 2021 ? Vite, vite, rouvrons les établissements culturels ! Cela nous permettra de venir admirer la rétrospective des plus grandes œuvres de Dali, élaborées pendant ses 60 années de création. Initialement prévue pour le 29 janvier 2021, elle sera d’actualité jusqu’en janvier 2022. Alors, espoir et optimisme, nous trouverons bien quelques semaines durant 2021 pour y faire un tour ! Comme toujours, cette immersion est produite par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, artistes maintenant habitués à l’établissement. Mais, Dali ne sera pas seul ! En effet, en programme court, nous aurons la chance de retrouver les œuvres architecturales de Gaudi, qui fut lui-même une véritable source d’inspiration pour Dali, par les studios Cutback.
Alors, prenons notre mal en patience, restons forts et patients ; pour retrouver nos amours artistiques dès que le temps nous le permettra !
Née à Hambourg en Allemagne en 1936, Eva Hesse s’inscrit dans le mouvement minimaliste américain des années 60 et apporte des perturbations à cet art réglé.
Par l’introduction de nouveaux matériaux instables comme le latex, elle conçoit ses œuvres comme une forme de résistance féminine aux structures rigides et masculines de l’art minimal.
Elle a déclaré que le sujet principal de son œuvre était « l’absurdité de la vie ».
En 1939, sa famille fuit les persécutions nazies en émigrant aux États-Unis. Eva Hesse entame alors une formation en design publicitaire à l’Institut Pratt de New York puis entre à l’Art’s Students League tout en travaillant pour le magazine Seventeen. Elle obtient son diplôme en design à la Cooper Union de New York en 1957 puis entre à Yale, à l’École d’art et d’architecture. Après avoir obtenu sa licence de Beaux-Arts, elle rentre à New York où elle rencontre le sculpteur Tom Doyle qu’elle épouse en 1961. Eva Hesse se tourne d’abord vers la peinture expressionniste, quasi figurative : on reconnaît des formes de visage et des attributs sexuels dans ses œuvres du début des années 60.
Elle expose pour la première fois en 1963 et fait la rencontre de nombreux artistes minimalistes tel que Sol LeWitt, Robert Ryman, Robert Morris et Robert Smithson. En 1964, le couple est invité en Allemagne de l’Ouest et Eva Hesse entame une série de sculptures peintes, fabriquées à partir de matériaux de récupération trouvés dans une usine désaffectée dans laquelle elle installe son atelier.
Elle insère ainsi des câbles et des fils électriques dans ses œuvres, sorte de bas-reliefs abstraits et colorés. Elle expose en 1965 en Allemagne puis rentre l’année suivante à New York où elle se sépare de son mari. Tout en continuant ses constructions biomorphiques, elle n’emploie plus de couleurs et simplifie de plus en plus son langage plastique, s’inscrivant dans le mouvement minimaliste. Ses pièces sont organiques tout en conservant une certaine régularité géométrique et portent des sous-entendu corporels.
Hang Up, 1966
Hang Up une de ses oeuvres majeures “C’était la première fois que mon concept d’un sentiment extrême, poussé jusqu’à l’absurde aboutissait… Le cadre est entièrement fait de câbles et de fils électriques… C’est une œuvre extrême, c’est pour cela qu’elle me plaît et ne me plaît pas. C’est tellement absurde, ce long fil métallique qui sort du cadre… C’est la structure la plus ridicule que j’ai jamais conçue, et c’est bien ce qui fait sa réussite.”
Ce cadre fixé au mur est traversé d’un câble pendant de son coin inférieur à son coin supérieur. L’artiste négocie un entre-deux subtil entre la nature plane du dessin et le relief de la sculpture.
Objet projeté dans l’espace plutôt qu’un tableau conventionnel
S’inscrivant par cette oeuvre dans le minimalisme elle procède de la même manière que d’autres artistes contemporains : par série, répétition et quadrillage. Surtout, elle utilise des matériaux non conventionnels tel que le latex dont elle est l’une des premières à utiliser avec Louise Bourgeois, la fibre de verre, les fils électriques, le textile ou le caoutchouc. Elle réalise une série d’oeuvres abstraites introduisant une irrégularité dans la rigidité minimale par un désordre de fils liant deux monochromes ou même trois monochromes.
Eva Hesse connaît un certain succès dans le New York des années 60 et ses oeuvres sont exposées à la galerie Fischbach, elle participe aussi à la mythique exposition de Robert Morris “9 at Castelli”, explorant ce qu’il appelle “l’antiforme”.
Recrutée en 1967 comme professeure à l’École d’Arts Visuels de New York. En 1970, Eva Hesse décède d’une tumeur au cerveau.