[« Des goûts et des couleurs », Hors Champs avec Michel Pastoureau : un podcast qui raconte la couleur]

Le bleu, le rouge, le vert, le jaune ou encore le noir autant de couleurs que l’historien Michel Pastoureau prend le temps de raconter dans la série de podcasts « Des goûts et des couleurs » animés sur France Culture par Laure Adler. Avis aux amateurs d’art, de couleurs  et à ceux dont le quotidien manque de couleurs en ce moment ! 

Michel Pastoureau est un historien médiéviste spécialiste de l’emblématique et des animaux. Il est plus connu de tous pour sa sensibilité aux couleurs, et son histoire culturelle des couleurs. Professeur émérite, il est directeur d’études à l’École pratique des hautes études, où il occupe la chaire d’histoire symbolique occidentale. 

Or après avoir publié ses essais sur l’histoire de chacune des couleurs, il intervient en 2013, dans le format de podcast Hors Champs dynamique et distractif pour en parler. Le podcast Hors Champs de Laure Adler de grande qualité pour sa diversité d’interview d’historien.ne.s ou d’artistes propose un format particulier qui laisse toute la place à Michel Pastoureau pour nous transmettre sa passion pour les couleurs. 

Les goûts et les couleurs se discutent bel et bien dans ce podcast, ils sont construits au cours des siècles, et au sein même de notre vie dès la plus petite enfance. Ce qui explique par exemple que le noir n’a pas toujours été une couleur négative. Aussi il existe une infinité de nuances colorées, chaque nuance signifie quelque chose de différent comme on peut l’imaginer entre un rouge vermillon éclatant et un rouge carmin plus profond. On peut donc aller plus loin que le phénomène perceptif de l’optique et expliquer comment se construit culturellement notre regard.

Les couleurs sont partout, et indépendamment des mots ou du dessin, elles sont un langage à part entière dissimulé dans notre quotidien. Chaque couleur, du bleu préféré de loin par la plupart des gens au jaune malaimé, est le support d’un goût, culturellement construit. L’occasion de vous demander quelle est votre couleur préférée ? Serait-ce le vert comme Michel Pastoureau ? Et pourquoi ? 

L’historien avec Laure Adler résume donc dans un format d’une cinquantaine de minutes, les enjeux autour d’une couleur et ses valeurs sociales au fil de l’histoire tout en s’intéressant à la dimension matérielle de cette couleur. Pour le bleu, il s’intéresse par exemple à la diffusion limitée du lapis lazuli qui joue sur sa valeur symbolique. 

Une série de podcast en cinq épisodes construits, à valeur historique, qui parle à tous, à nos souvenirs d’enfance et aux couleurs de notre quotidien, autant qu’il interroge sur la construction presque idéologique autour de certaines couleurs comme le noir. 

Une histoire du sensible, de la matière et des imaginaires qui déconstruit tout en ouvrant le regard. Ce courant réveille un esprit critique parfois endormi par l’abondance d’images et les idées préconçues. Le jaune n’est pas nécessairement chaud, comme le bleu n’est pas froid : il ne s’agit là que de cadres de pensées contemporains. 

Dans ce podcast une synesthésie s’opère ainsi aux rythmes d’interludes musicaux et de la prenante voix de Laure Adler, chaque épisode nous offre un voyage visuel dans le temps au cœur des couleurs. 

Si ce podcast vous a plu, vous pouvez trouver les essais sur chacune des couleurs en librairie en format poche ou bien dans un premier temps consulter : 

➨Dominique Simonnet et Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs, 2005

Article de : Mariette Boudgourd

Cet article n’engage que son auteure ! 

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[Rubrique culturelle : La ville de Metz]

Metz, capitale de la mirabelle, de la quiche lorraine et de la bière.

    L’histoire de Metz remonte à plus de 3 000 ans. Capitale du peuple celte des Médiomatriques lors de l’époque gallo-romaine, elle possède un amphithéâtre de 25 000 places, l’un des plus vastes du monde romain. A son emplacement se situe aujourd’hui le Centre Pompidou – Metz. Le musée de la Cour d’Or conserve un patrimoine rare de l’époque de Charlemagne et des Carolingiens. Ville libre, Metz avait pour devise « si nous avons la paix dedans, nous avons la paix dehors ». 

    A l’époque de la Renaissance, Rabelais trouva refuge dans cette ville qui inspirait la liberté de penser. Puis, la ville s’embellit au XVIII° siècle avec le théâtre et la place d’Armes. Le quartier impérial fait apparaître de belles constructions néo-romanes. Durant l’annexion, Guillaume II a voulu y déposer sa marque en voulant faire de Metz la « nouvelle ville ». La ville de Metz espère intégrer la liste définitive du Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en misant sur son histoire entre France et Allemagne, mais également sur son riche patrimoine architectural. La demande a été soumise en 2014. 

    Ville des trois frontières (Belgique, Allemagne, Luxembourg) non loin de la capitale parisienne (1h20 de TGV), sa situation géographique est exceptionnelle. En l’espèce d’un week end vous pouvez vous imprégner de son architecture médiévale. 

    La Cathédrale Saint Etienne est l’un des joyaux de la ville représentant l’art gothique à son summum. Elle vous régale les yeux avec ses vitraux du XIII° au XX° siècle réalisés par Hermann de Munster et Marc Chagall. 

    Le Temple protestant dit le Temple Neuf a été construit entre 1901 et 1904 durant l’annexion. De style néo roman, il laisse découvrir à la nuit tombée son chevet illuminé à la pointe de l’île, comme un phare en mer. 

    L’opéra théâtre est l’un des plus anciens théâtres de France. Édifié au XVIII° siècle, il contient 750 places. Il est l’un des derniers à posséder encore ses propres ateliers de costumes et de décors, son chœur et son ballet. Affichant une programmation éclectique, vous pourrez y retrouver de l’opéra, de la danse, du théâtre classique mais aussi du théâtre contemporain. 

    L’Arsenal, quant à lui, vous propose une programmation axée sur la danse contemporaine, spécialité de la maison. 

    Le Musée de la Cour d’Or vous propose des thermes et objets gallo-romains présentant les origines de la ville, mais également de très beaux tableaux de l’époque de la Renaissance au XX° siècle qui ont fait la richesse de la ville. Le musée est actuellement gratuit. 

    Le Centre Pompidou-Metz est le fruit d’une collaboration entre Shigeru Ban et Jean de Gastines, lieu incontournable dédié à l’art moderne et contemporain. Inaugurée en 1908, la gare est au cœur du projet de la nouvelle ville voulue par Guillaume II lors de l’annexion. 

    La place Saint Louis est exceptionnelle tant par ses bières artisanales proposées dans les bars, mais également de par son architecture italienne, rappelant ainsi qu’à l’ère médiévale les puissants banquiers lombards étaient présents dans la ville. 

    La porte des Allemands demeure le dernier vestige de l’imposant système de fortification de la ville. Il s’agit d’un ouvrage emblématique qui a fait l’objet d’un tableau présenté au Musée de la Cour d’Or. 

    Que pouvez-vous déguster à Metz ? D’abord, l’incontournable quiche lorraine est l’un des plats régionaux le plus exporté. Ambassadrice culinaire de la Lorraine dans le monde entier, elle reste meilleure lorsqu’elle est faite avec amour dans la région. <3 <3 <3. Vous pourrez ensuite vous désaltérer avec une bonne bière régionale. Première région brassicole de France au XIX° siècle, la Lorraine comptait plus de 200 brasseries et malteries. Aujourd’hui quelques micro-brasseries artisanales ont repris le flambeau. Pour le dessert, il faudra se tourner vers la mirabelle, emblème de la ville de Metz. Elle est célébrée fin août lors des grandes fêtes populaires. C’est le fruit lorrain par excellence. Après un bon repas, vous pouvez ensuite vous promener dans les petites rues du vieux Metz, ou bien au plan d’eau, espace phare des sports aquatiques.

    Metz a donc de multiples facettes, à découvrir tant en hiver (Marché de Noël accompagné de son Chemin des Lanternes), qu’en été (les ondes messines, Constellations). Il faudrait véritablement dédier un livre entier pour dévoiler la beauté de cette ville. (et je ne dis pas ça parce que j’y viens). 

METZ EST GRENAAAAAAAT 

Cet article n’engage que son auteure.

Article de : Anaïs Mangin

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[La protection des sites préhistoriques français par l’UNESCO]

Saviez-vous qu’autant de temps séparait Lascaux et nous que Chauvet et Lascaux ? Ces deux grottes emblématiques de l’art rupestre sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La Grotte ornée du Pont-d’Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d’Arc est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2014. Située en Ardèche, cette grotte est exceptionnelle car elle recèle les plus anciennes représentations picturales connues, correspondant à la période de l’aurignacien, entre 30 000 et 32 000 av JC selon la datation au C14 et surtout, pour leur état de conservation. Fermée par un éboulement il y a 20 000 ans, cette grotte resta scellée jusqu’à sa découverte en 1994.

Elle renferme plus de 1000 peintures pariétales d’une grande qualité esthétique, témoignant de la technique des hommes du paléolithique. Ils maîtrisaient l’estompe, la peinture combinée à la gravure, la précision anatomique ainsi que la représentation tridimensionnelle et du mouvement.

Si les figures humaines sont quasi peu existantes, les figures anthropomorphes et animalières dominent l’espace.  On retrouve aussi des mains rouges, positives et négatives ainsi que des ponctuations faites de la paume à l’oxyde de fer, formant des silhouettes animales. En particulier, les hommes ne représentaient pas forcément ce qu’ils chassaient : on trouve des représentations d’espèces animales difficiles à approcher tel que des mammouths, ours, lions des cavernes, rhinocéros, bisons, aurochs.

La grotte Chauvet est un témoignage exceptionnel de l’art rupestre préhistorique aussi bien pour la diversité des motifs représentés que des techniques employés, l’utilisation de couleurs et la précision anatomique.

Reproductions at the Museo del Mamut, Barcelona 2011

Le site bénéficie d’une haute protection nationale et d’une stratégie de conservation préventive, prévenant tout changement d’humidité ou de température pouvant endommager les dessins.

La grotte Chauvet contribue aussi à alimenter le débat sur la théorie d’un culte de l’ours. L’interprétation de l’art des cavernes évolue avec les découvertes, les nouvelles approches méthodologiques et le regard ethnographique, anthropologique ou encore par l’apport de l’histoire de l’art. Des typologies sont réalisées par les archéologues prenant en compte les couleurs employées, l’emplacement dans la grotte, les associations d’animaux particulières pour mieux comprendre le sens et la fonction de ces représentations. Diverses interprétations ont été faites au court du temps, de la théorie simpliste de l’art pour l’art au XIXe développant l’idée que si les hommes préhistoriques peignaient c’était seulement car ils n’avaient « que ça à faire »et cherchant à prouver la primitivité des hommes des cavernes en appuyant leurs maladresses, à l’observation d’une narrativité, des signes de représentation de la fécondité ou encore de la spiritualité : les grottes avaient-elles un sens magique, chamanique cosmogonique ou encore totémique ? les interprétations sont nombreuses et difficiles à prouver.

La grotte de Lascaux fut découverte en 1940 et marqua une date dans l’histoire de l’art préhistorique. Protégée par l’UNESCO avec 25 autres grottes ornées de la vallée de la Vézère, comportant plus de 150 gisements, Lascaux est connue pour ses grandes scènes de chasse aux compositions habiles regroupant une centaine de figures animales. Certaines peintures sont considérées comme des chefs-d’œuvre tel que La Vénus de Laussel. De nouvelles techniques sont observées tel que le soufflage, le tamponnage, l’utilisation de poils ou de fibres végétales comme pinceaux.

L’une des scènes les plus emblêmatiques de Lascaux est celle du Puits, on retrouve un homme à tête d’oiseau et au sexe dressé accompagné d’un objet peut-être un propulseur surmonté d’un oiseau et enfin, d’un rhinocéros s’éloignant. Contrairement à ce que l’on a longtemps pu penser, les animaux n’étaient de pas de simples figures individuelles juxtaposées mais bien des compositions pensées dans la relation des animaux les uns avec les autres.  

Article de Sana Tekaïa

Cet article n’engage que son auteur.e

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[Portraits de personnalités inspirantes : Claude Cahun]

Claude Cahun, une neutralité détonnante : un jeu de « réflexions » de soi et sur soi

Dans l’article d’aujourd’hui, il s’agira de faire le portrait d’une grande autoportraitiste méconnue du grand public, ayant marqué le XXe siècle par son engagement plastique et politique. Le portrait suivant de Claude Cahun est genré au féminin car l’historiographie et ses biographes l’ont ainsi genré d’artiste femme néanmoins il conviendrait de considérer cet.te artiste comme l’incarnation d’une réflexion sur le genre et de la non-binarité. 

Claude Cahun est une intellectuelle et artiste nantaise née Lucy Schwob en 1894. Claude Cahun est un nouveau nom qu’elle s’attribue pour brouiller son identité de genre tout en réaffirmant ses origines juives paternelles. Grande bourgeoise, elle bénéficie d’une formation en philosophie et littérature à la Sorbonne à Paris en 1917-1918.

Elle commence très vite en 1914 à publier les poèmes en prose Vues et Visions dans Le Mercure de France, grâce aux appuis de son père haut placé dans les milieux éditoriaux. Ses poèmes comme sa vie sont marqués par sa relation amoureuse clandestine puis assumée avec Suzanne Malherbe qui changent aussi de nom pour Marcel  Moore. Cette dernière est peintre, graveur et collagiste ce qui joue une grande importance dans les sensibilités artistiques développées par Claude Cahun.

Claude Cahun, en plus d’être écrivaine, est une artiste performeuse qui se met en scène dans des autoportraits photographiques sans cesse travesti. Elle joue de son genre et des métamorphoses entre cheveux longs, courts,  teints, maquillages. Elle cultive l’ambiguïté de genre entre féminité outrancière et masculinité virile. 

Le genre est une performance, au sens conceptualisé par la philosophe Judith Butler dans Gender trouble (1990). Claude Cahun met en scène ce trouble, et travaille autour du masque, du déguisement pour dénoncer les normes genrées.  Tout un travail autour de la dualité de l’être et du binarisme qui est marqué par son duo fusionnel avec Marcel Moore. 

Elle joue dans plusieurs pièces de théâtres dans les années 1920 comme Le Mystère d’Adam et Barbe Bleue, mais c’est à travers son appareil photographique et dans ses collages qu’elle performe le plus. Notamment en 1930 dans Aveux non avenus un essai autobiographique illustré par des photomontages réalisés avec Marcel Moore. 

Ce portrait genré au féminin n’a donc pas de raison de l’être puisque Claude Cahun incarne le Neutre, le non binaire « Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. » écrit-elle dans Aveux non avenus en 1930. 

Claude Cahun entretient des relations étroites avec le groupe des surréalistes grâce à Jacques Viot qui la fait rencontrer André Breton en avril 1932. Cela donne une nouvelle impulsion à sa plastique, notamment ses collages. L’artiste très engagée politiquement s’insurge contre la politique culturelle du parti communiste français en 1934 dans un essai polémique Les paris sont ouverts. 

En 1936 elle participe à l’Exposition surréaliste d’objets à la galerie Charles Ratton. Ainsi avec Dora Maar ou Lee Miller elle est l’une des plus importantes photographes surréalistes. Rattachée au courant surréaliste, sa plastique autobiographique la maintient dans une recherche unique, personnelle. Comme au théâtre, elle se met en scène comme un objet et prend une apparence changeante où elle devient centrale, plus encore son apparence est centrale.  

Dans cet autoportrait de 1928, le jeu autour du miroir incarne la réfraction et la réflexion : Claude Cahun se réfléchit dans les tous les sens du terme. Elle mène un travail sur son identité et sur son apparence : des réflexions sur elle-même, plastiquement traduit par le reflet d’elle-même. 

L’artiste quitte Paris pour Jersey en 1938 où elle s’installe avec Marcel Moore pour échapper à la montée des tensions nationalistes. Le couple se fait arrêter par la Gestapo le 25 juillet 1944 après avoir mené des activités politiques et artistiques clandestines. Elles seront condamnées à mort par la cour martiale allemande mais y échappent finalement. Après cela Claude continue de s’intéresser à l’image d’elle-même dans la série Le chemin des chats  publiée en 1954. 

Il faut attendre l’après Seconde Guerre mondiale pour que l’œuvre de Claude Cahun trouve un écho pour les Gender studies et  chez les théoriciens du postmoderne sur la question de l’identité. Son travail a fait l’objet d’une importante exposition à la Médiathèque Jacques Demy  en 2015 à Nantes « Claude Cahun et ses doubles »

Enfin ce portrait rappelle le travail de plusieurs artistes plasticiens contemporains comme Grayson Perry qui joue avec les normes genrées ou encore de la photographe et performeuse Cindy Sherman dont l’oeuvre autour du travestissement est actuellement disponible en exposition virtuelle. 

➱ Exposition virtuelle Cindy Sherman : L’exposition « Cindy Sherman à la Fondation  » se prolonge en ligne, jusqu’au 31 janvier 2021. Parcourez virtuellement les galeries grâce aux commentaires des commissaires d’exposition. 

Cet article n’engage que son auteure ! 

Article de : Mariette Boudgourd

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[Rubrique culturelle : Le centre Pompidou-Metz]

Créé en 2010, le Centre Pompidou – Metz est une décentralisation d’un établissement culturel public national, le Centre Pompidou – Paris. Se concentrant sur sa vocation primordiale, il entend être une plate-forme d’échanges entre la société française et la création. Il présente et fait découvrir toutes les formes d’expression artistique, en sensibilisant le public aux oeuvres majeures des XX° et XXI° siècles. Ayant pour ambition d’être un grand centre d’expositions et d’initiatives artistiques, il est le reflet de la création contemporaine. Ni une antenne nu une annexe, le musée est une institution soeur, autonome dans ses choix culturels. Il s’inspire du Centre Pompidou – Paris pour développer sa programmation. Pour cela, il puise dans les collections du Centre Pompidou – Paris, Musée national d’art moderne, détenant l’une des meilleures collections au monde dans le domaine de l’art moderne et contemporain. Le programme pluridisciplinaire est fondé sur des expositions temporaires innovantes et de niveau
international.


Le Centre Pompidou – Metz est l’un des musées français les plus visités hors de Paris. Le centre s’inscrit dans un projet d’urbanisation du quartier de l’Amphithéâtre. Considéré comme un élément fondateur de ce quartier, il a été créé par les soins de deux architectes, Shigeru Ban et Jean de Gastines. Le maître d’ouvrage est la communauté d’agglomération de Metz Métropole, en partenariat avec le Centre Pompidou – Metz. Le projet a été financé par la ville de Metz, le conseil général de la Moselle, le conseil régional de Lorraine, l’Etat et la Communauté européenne.


Vous pourrez découvrir jusqu’au 26 avril 2021 l’exposition consacré à Marc Chagall, Le passeur de lumière. Chagall a réalisé six vitraux de la Cathédrale Saint Etienne de Metz. En partenariat avec le musée national Marc Chagall de Nice, les maquettes de ses vitraux (Metz, Reims, Strasbourg, Mayence, Nice, Angleterre …) sont rassemblées et mises en correspondance avec des peintures, sculptures, céramiques et dessins. Vous pourrez y retrouver, entre autre, les vitraux de la chapelle du Saillant en Corrèze exceptionnellement montrés dans l’exposition. A travers son travail, Chagall montre sa vision de la Bible, qu’il considère comme « la plus grande source de poésie de tous les temps » occupant ainsi une place centrale dans son oeuvre. Les vitraux dévoilent un langage personnel de l’artiste qui racontent les différentes périodes de sa vie, de la Biélorussie à la France. L’exposition s’inscrit dans l’anniversaire des 800 ans de la Cathédrale de Metz.

Article de : Anaïs Mangin

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[Portraits de personnalités inspirantes : Olympe de Gouges]

« La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la Tribune » déclare sur un ton polémiste qui lui est propre Marie Gouze, davantage connue sous le nom d’Olympe de Gouges, dans l’article 10 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Cette femme de lettres françaises, également figure politique importante du XVIIIe siècle, est née le 7 mai 1748 à Montauban et morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris. Considérée comme une pionnière du féminisme français; la défense des droits de la femme et de l’égalité des sexes fut effectivement l’oeuvre de toute une vie et, pourtant, ce n’est qu’à la fin du XXe siècle, notamment à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, que sa figure et son travail furent redécouverts grâce aux travaux mis à jour d’historiens.

Si ce personnage marquant de l’Histoire est désormais étudié et apparait dans les manuels scolaires, non seulement son parcours et sa vie sont encore (trop) mal, voire méconnus, mais sa reconnaissance nationale, par les institutions publiques, est toujours remise en cause.

Féministe mais surtout humaniste

Olympe de Gouges interpelle souvent pour son travail de féministe, soit pour sa défense sans relâche des droits des femmes.

En effet, sa réflexion concernant l’égalité des femmes commence avec la publication en 1786 de la pièce Le Mariage inattendu de Chérubin, qui répond notamment au Mariage de Figaro de Beaumarchais et dans laquelle elle dénonce le mariage forcé des femmes et plaide pour l’émancipation féminine.  

Toutefois, son oeuvre la plus célèbre reste sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, publiée en 1791 et qui se veut être une parodie de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. La femme de lettres prône publiquement avec cette déclaration, la volonté d’une égalité des sexes.

Femme engagée, ses travaux ne se limitent pourtant pas -contrairement à ce que l’on pourrait croire- à la question de l’égalité des sexes.

Elle traite également d’autres sujets sensibles au sein de la société française du XVIIIe siècle, tels que la situation des enfants illégitimes, les ouvriers ou l’esclavage qu’elle dénonce dans Zamore et Mirza ou l’Esclavage des Noirs (1784) et Réflexions sur les hommes nègres (1788), oeuvres qui la rendent célèbre et lui permettent d’intégrer la Société des Amis des Noirs.

En conséquence, par la nature des sujets traités par la femme de lettres, cette dernière se révèle être une véritable humaniste. 

Révolutionnaire intellectuelle

Les questions sociétales sensibles qui apparaissent dans les écrits d’Olympe de Gouges, ainsi que les réflexions et propositions de solutions qu’elle apporte, symbolisent le caractère avant-gardiste de l’écrivain.

Effectivement, militante active elle réclame l’égalité de traitement sans distinction de sexe, couleur ou revenu, et plaide pour l’instauration du divorce -qui le sera en 1792.

Ses idées sont donc révolutionnaires intellectuellement dans la mesure où ses écrits, tracts et affiches dénoncent l’ordre établi et se révèlent profondément modernes, voire avant-gardiste pour son époque.

Par exemple elle obtint que les femmes fussent admises dans une cérémonie à caractère national, d’abord à « la fête de la loi » du 3 juin 1792, puis à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792

Contemporaine de la Révolution française, Olympe de Gouges n’hésite pas à diffuser publiquement ses idéaux, partageant (droit de vote sans distinction de sexe, contre la peine de mort) ou non (partisane d’une monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique et non de l’instauration d’une République) de la Révolution française.

Néanmoins son hostilité envers la Terreur et la figure de Robespierre engendre son arrestation puis condamnation à la guillotine par ce dernier le 3 novembre 1793, à seulement 45 ans. 

Vers une reconnaissance nationale ?

Selon sa déclaration testamentaire, la femme de lettres, qui toute sa vie durant aura été engagée, déclare « Je lègue mon cœur à La Patrie (…). Mon âme aux femmes, je ne leur fais pas un don d’indifférence ». 

Libre d’esprit, Olympe de Gouges refusa après son veuvage de se remarier afin de préserver une liberté intellectuelle et politique. Figure avant-gardiste défendant auprès des institutions publiques une égalité pour tous et condamnant toute forme d’inégalité sociale concernant les femmes, les ouvriers ou les esclaves, elle eut un impact retentissant dans la société française du XVIIIe siècle.

Comme de nombreuses femmes de l’Histoire, elle fut pourtant oubliée avant d’être redécouverte, d’abord par des études universitaires étrangères après la Seconde Guerre mondiale mais surtout avec la publication en 1981 de la biographie d’Olivier Blanc en France.

Olympe de Gouges fait finalement son entrée à l’Assemblée nationale en 2016, par le biais de son buste de marbre blanc, demeurant la première (et seule -pour l’instant) figure féminine au sein de l’institution française. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, avait alors énoncé à cette occasion qu’il aura fallu « plus de deux siècles pour que l’on reconnaisse le talent de cette pionnière de l’égalité des droits ».

Néanmoins, cette reconnaissance nationale fait toujours l’objet de débats car la question de son entrée au Panthéon, demandée depuis 1989, est controversée.

Le Président François Hollande s’était notamment montré favorable à la panthéonisation de cette figure historique en 2014, mais la demande fut rejetée, ce qui laisse la question en suspens.

Ce personnage emblématique que représente Olympe de Gouges est donc certes reconnu comme étant la première « féministe » française; cependant il ne faut pas pour autant omettre ses autres combats et leurs sujets, tout aussi importants, qu’elle a rendu visibles malgré leur caractère sensible, et dont l’approfondissement mériterait une attention plus profonde, tant ils sont inspirants.

Sources

Olivier BLANC, Olympes de Gouges, Paris, Éditions Syros, 1981

Olivier BLANC, Marie-Olympe de Gouges. Une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, Paris, René Viénet, 2003

Benoîte GROULT, Ainsi soit Olympe de Gouges : la Déclaration des droits de la femme et autres textes politiques, Paris, Grasset, 2014

« Olympe de Gouges au Panthéon », Libération, 30 septembre 2013 (https://www.liberation.fr/societe/2013/09/30/olympe-de-gouges-au-pantheon_935883)

« Recalée au Panthéon, Olympe de Gouges, statufiée, entre à l’Assemblée », Franceinfo Culture, 19 octobre 2016 (https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/sculpture/recalee-au-pantheon-olympe-de-gouges-statufiee-entre-a-l-assemblee_3366187.html)

Cet article n’engage que son auteure.

Article de : Noémie Ngako

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[Portraits de personnalités inspirantes : Niki de Saint Phalle]

Plasticienne franco-américaine, née en 1930 et décédée en 2002, Niki de Saint Phalle est essentiellement connue pour ses Nanas, mais elle a laissé un héritage artistique sans pareil. Tableaux-performances, sculptures féministes, films psychanalytiques, l’artiste s’est inspirée de grandes figures comme Jackson Pollock pour ensuite pouvoir inspirer toute une génération d’artistes derrière elle. 

Sa vie 

Née le 29 octobre 1930 à Neuilly Sur Seine, sa famille américaine – ruinée par le krach boursier – avait, un an plus tôt, quitté l’Amérique. Après avoir habité chez ses grands-parents pendant quelques années, elle rejoint ses parents, réinstallés à Greenwich. Elle y fut élevée par une nourrice qu’elle appelait « Nana ». 

A 11 ans, victime d’un viol par son père, elle reste traumatisée toute sa vie. Enfant instable et turbulente, elle devint cependant une femme rebelle et indépendante. Pour elle, l’art était une sorte de thérapie, d’exutoire pour s’émanciper de ce traumatisme. 

Pendant un temps, dans sa jeunesse, elle fut mannequin pour Vogue et Life Magazine. A 18 ans, elle se maria avec Harry Mathews, écrivain. Alors qu’ils étaient encore jeunes, ils eurent deux enfants. De nature révoltée, pourtant issue d’une très ancienne lignée aristocratique française, elle refusa le puritanisme religieux et déménagea à Paris avec son mari et sa première fille, Laura. 

Hospitalisée à Nice en 1953 suite à une dépression, Niki de Saint Phalle dessina et peignit beaucoup pendant son rétablissement ; elle décida alors de se consacrer totalement et pleinement à son art. Deux ans plus tard, elle accoucha d’un petit Philip. 

Sa rencontre avec Jean Tinguely lui permit de rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes. Elle s’installa d’ailleurs avec ce dernier après son divorce. C’est durant ces années-là qu’elle réalisa ses premières œuvres dont Tir, qui suscita l’indignation et le scandale et qui eu un retentissement mondial. 

Œuvre Tir, 1961, plâtre, peinture, métal et objets divers sur de l’aggloméré, 175x80cm, 60 à 80 kg, Centre Pompidou, Paris : peinture performance qui vise à, selon elle, « tirer sur la société et ses injustices ». 

En 1971, elle épousa Jean Tinguely, et travailla sur des installations monumentales à Paris comme la Fontaine Stravinski ; et même des films, comme Daddy en 1972.

Son engagement

Niki de Saint Phalle était une artiste engagée politiquement, et résolument féministe. Elle n’a cessé de représenter des épisodes de sa vie à travers son œuvre. Expliquant plus tard qu’elle avait été élevée « pour le marché du mariage », et qu’il était pour elle hors de question de ressembler à sa mère, elle commença à créer les Nanas en papiers collés dès 1964. Pour elle, elles étaient les représentations de la femme « libérée du mariage et du masochisme ». 

« Elles sont elles-mêmes, elles n’ont pas besoin de mecs, elles sont libres, elles sont joyeuses ». 

Image 1 : Gwendolyn, 1966, en face du musée de Stockholm. 

Image 2 : Nana hors du musée d’art moderne de Tinguely à Bâle. 

Image 3 : Nana à Montréal

Mais son engagement ne s’arrêta pas là : elle créa des immenses phallus colorés lors de la propagation du virus du sida, pour inciter les gens à se protéger. 

Elle dénonça également, tout au long de sa vie, les violences faites aux personnes noires aux USA, et la domination masculine et patriarcale. 

Sa fin 

Pendant nombre d’années, Niki de Saint Phalle a travaillé sur ses œuvres avec des matériaux qui sont aujourd’hui reconnus comme dangereux pour la santé, et au mépris des règles de sécurité : elle inhala beaucoup de vapeurs toxiques, ce qui l’a conduite à souffrir d’inflammations et de gonflements dans ses poumons. A 71 ans, en 2002 donc, elle décéda alors d’une insuffisance respiratoire.

Article de : Tifenn Genestier

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[24 portraits d’Alain Cavalier (1987) : Ode à un patrimoine en perdition, à ces petites mains, à ces femmes de l’ombre]

« Ces portraits sont des rencontres que je voudrais garder de l’oubli, ne serait-ce que pendant les quelques minutes où elles sont devant vous. Ce sont des femmes qui travaillent, qui font des enfants et qui, en même temps, gardent un esprit d’indépendance. J’ai tourné vingt-quatre portraits de treize minutes. J’ai choisi cette courte durée pour plusieurs raisons : ne pas ennuyer, échapper à toute coupure publicitaire, réaliser le film vite, dans un élan et sans trop de ratures. Je ne suis pas un documentariste. Je suis plutôt un amateur de visages, de mains et d’objets. Rendre compte de la réalité ne m’attire pas. La réalité n’est qu’un mot, comme sa sœur jumelle, la fiction, que je pratique par ailleurs, avec un plaisir différent. » — Alain Cavalier

24 portraits, ou lorsqu’un artisan saisit l’artisanat d’art, dans la plus grande humilité chacun se rencontre au travers d’une caméra. Un rapport aimant, humble avec les gens qui transparaît dans l’échange entre le cinéaste et les femmes. Il interroge 24 femmes aux métiers désuets : la matelassière, la fileuse, la trempeuse, l’orangère, la brodeuse, la dame-lavabo, la relieuse, la bistrote, la canneuse, la repasseuse, la rémouleuse, la maître-verrier, la gaveuse, la romancière, la roulotteuse, la fleuriste, la cordonnière, la marchande de journaux, l’opticienne, la souffleuse de verre, l’illusionniste, l’accordeuse de piano, la corsetière, l’archetière. 

Alain Cavalier s’intéresse dans la plus grande sincérité à elles. Il les fait parler de leur quotidien, de leurs métiers, de leur joie dans la plus grande simplicité. Alain Cavalier saisit l’instant, les échanges avec ses femmes mais plus encore il saisit le geste et la main. Une mise en lumière du geste créateur, de la minutie de ses mains abîmées et musclées. À nous de lui faire son portrait. 

Son cinéma documentaire d’Alain Cavalier est familier, il rend compte des scènes les plus usuelles, des tocs ou gestes des travailleurs. Un éloge au geste qui façonne et aux mains qui sont façonnées par le travail. L’outil et le geste à répétition vont jusqu’à déformer les mains de la matelassière. Il donne la parole aux mains de ces femmes pudiques, et d’une patience sans limite épatante. Aux 24 portraits on pourrait rajouter un vingt-cinquième celui du cinéaste : Alain Cavalier qui filme ses propres mains et son travail de captation des plans, des poses, et des émotions. 

Dans une interview avec Laure Adler sur France Inter dans l’émission l’heure bleue en 2017, il explique que l’envie de faire du cinéma est d’abord sexuelle. Enfant, il est fasciné par les « Grands visages de femmes » sur les affiches. Ce qu’il aime dans le médium c’est cette capacité à pouvoir garder en images les choses qu’on aime, les moments que l’on vit. 

Le cinéma pour cet artisan est un baume contre la solitude de tous, et avant tout à sa propre solitude. Un film d’une grande délicatesse, qui attendrit tout en racontant des savoirs faires oubliés. 

Des savoirs faire, un patrimoine immatériel en perdition c’est précisément ce qui touche Alain Cavalier et le motive à prendre sa caméra. Pour sa protection, l’UNESCO a mis en place un programme de développement durable pour les villes créatives de l’UNESCO.  

Un programme pour 2030 qui s’articule en cinq points : 

  • La croissance durable et l’entrepreneuriat
  • La connaissance et les savoir-faire 
  • L’inclusion, l’égalité et le dialogue 
  • La régénération urbaine 
  • La transition écologique et la résilience 

➥ Regarder : Les 24 portraits d’Alain Cavalier (1987) 

https://vod.mediatheque-numerique.com/films/12-portraits-1ere-serie

https://vod.mediatheque-numerique.com/films/12-portraits-2e-serie

➥ Écouter le podcast ♬ :  L’heure bleue : Alain Cavalier l’artisan avec Laure Adler,  28 juin 2017

https://www.franceinter.fr/embed/player/aod/5f5909f2-e472-451f-9cc3-92de94d81b64

➥ Pour en savoir plus sur le programme Creatives cities de l’UNESCO : https://fr.unesco.org/creative-cities/ 

Cet article n’engage que son auteure !

Article de : Mariette Boudgourd

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[Rubrique culturelle : les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique]

Cette semaine nous avons décidé de vous parler de l’exposition sur les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique que vous pourrez aller voir puisqu’elle se tient au Musée du Quai Branly jusqu’au 25 juillet 2021 ! Cette exposition est particulièrement impressionnante puisqu’environ 300 objets sont présentés, dont 80 pour cent d’entre eux n’ont jamais été exposés à l’extérieur du Mexique !

Avant de pouvoir vous y rendre, nous vous proposons pour ce week-end d’aller voir la visite guidée filmée que le musée a publié sur Youtube.

La visite se déroule en 3 épisodes d’environ 5 minutes, consacrés chacun à une salle de l’exposition. C’est Steve Bourget, responsable des collections Amériques du Quai Branly, qui anime la visite et a choisi de commenter quelques œuvres phares et représentatives des cultures du Golfe du Mexique, à différentes périodes qui précèdent l’arrivée des colons espagnols sur le continent américain. J’ai sélectionné pour vous quelques œuvres présentées lors de cette visite.

La culture Olmèque

Dans la première partie de la visite, Steve Bourget nous parle de la culture Olmèque, qui est considérée comme la civilisation-mère de la Mésoamérique. En effet, elle a initié des traits culturels qui vont se propager dans toute cette aire culturelle jusqu’à l’arrivée des colons.

La première œuvre présentée lors de la visite guidée est la sculpture : le « Seigneur de las Limas », découverte en 1965 à Las Limas. Le personnage qui est allongé dans les bras de celui qui se tient en tailleur serait probablement le dieu de la pluie, associé à l’émergence du maïs et de l’agriculture. Les motifs sur son corps : deux rectangles ornés d’une croix centrale, représentent les insignes du pouvoir et sont des motifs récurrents dans la culture Olmèque. Le maïs est également fortement présent dans l’iconographie des cultures de Mésoamérique, puisqu’il est l’aliment de base des populations, et il est également associé à la fertilité.

Le « Prince », une sculpture d’un dirigeant Olmèque, nous permet d’observer les canons de représentation propres à cette sculpture : des lèvres charnues aux commissures tombantes, des yeux rapprochés et fendus.

Enfin, Steve Bourget nous parle de la stèle C de Tres Zapotes, qui a révolutionné la vision de la Mésoamérique, puisqu’elle représente une partie du calendrier, du compte long qui donne une date précise à l’aide de traits gravés. La partie supérieure de la stèle n’a été retrouvée que dans les années 70, et a permis de révéler que le calcul du compte long auparavant établi par les chercheurs avait un décalage de 250 ans !

Les femmes et les hommes des cultures du Golfe du Mexique

Cette salle porte sur 3000 ans d’art sculptural des civilisations du Golfe du Mexique.

L’ « adolescent huastèque » a été découvert sur le site de Tamohi, il représente les canons de la beauté huastèque. Nous pouvons remarquer sa déformation crânienne, une pratique très répandue en Mésoamérique, et les lobes de ses oreilles sont très distendus. Son corps est gravé de symboles du maïs.

Il est probablement le dieu du Maïs : un mythe raconte qu’il part chercher son père dans l’inframonde pour lui montrer le monde des vivants où l’on cultive cette plante. Dans la visite virtuelle, nous pouvons voir dans son dos un petit personnage la tête renversée, qui serait surement son père. Dans le mythe de cette civilisation, on raconte en effet que l’accès au monde des morts rétrécit la taille humaine.

Le registre des sculptures est très différent selon les époques, puisque  cette stèle réalisée en bas-relief présente ici un autosacrifice : le personnage se perfore la langue. Il y a une claire influence Maya dans cette représentation puisque les rois Mayas se représentaient souvent en train de se perforer la langue dans le cadre de rituels aux dieux. Ces derniers se seraient sacrifiés pour créer le monde, donc le souverain, en sacrifiant une partie de son anatomie, marque le lien particulier qu’il a avec les dieux de par son pouvoir : il se divinise littéralement par cet acte.

Le site de Tamtoc

Ce site est la capitale de la civilisation Huastèque dans le Golfe du Mexique. Il est extrêmement étendu et compte des dizaines d’édifices architecturaux.

C’est dans un bassin d’eau présent sur ce site qu’a été retrouvée la statue de la femme nue. Ce bassin est consacré au dépôt d’offrandes dans le cadre de rituels religieux : des céramiques, des corps humains y ont été déposés…

Une sculpture a un style qui se distingue de toutes les autres productions artistiques de Mésoamérique : un corps de femme sculpté scarifié, et la forme de ces scarifications fait penser à des grains de maïs. Cela permet d’associer cette sculpture à un symbole de fertilité, il s’agit donc peut-être d’une représentation de la déesse du maïs. La représentation Huastèque de corps nus est très répandue, mais cette œuvre est pourtant unique en son genre !

Vous l’aurez donc compris, le choix des œuvres commentées par Steve Bourget tient en ce qu’elles permettent de comprendre rapidement les caractéristiques principales des cultures du Golfe du Mexique. Celles-ci sont nombreuses et s’épanouissent durant plusieurs millénaires jusqu’à l’arrivée des colons espagnols qui bouleversent de manière irrémédiable ces civilisations, et donc leur culture matérielle, que nous pouvons aujourd’hui admirer dans cette exposition du Quai Branly !

Pour visionner cette visite guidée en trois parties et découvrir plus d’œuvres et de détails, c’est ici :

https://www.youtube.com/watch?v=WKn3ZxG13CI

Si vous souhaitez réserver votre visite sur le site du musée :

http://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/les-olmeques-et-les-cultures-du-golfe-du-mexique-38518/

Article de : Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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[Le Patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: Les Dolomites]

Demain le 11 Décembre nous fêterons la journée internationale de la montagne. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de présenter aujourd’hui un site qui représente fièrement ce milieu si particulier : les Dolomites.

Présentation :

La chaîne de montagne des Dolomites se situe dans le nord des Alpes italiennes. Le périmètre Unesco couvre près de 142.000 hectares sur lesquels se répartissent 18 sommets de plus de 3000m. Le bien est classé pour la diversité des paysages spectaculaires qu’il propose : pics vertigineux, murailles calcaires parmi les plus hautes du monde, nature dynamique (éboulements, inondations, avalanches…)… Les Dolomites sont aujourd’hui un témoin inestimable de certaines évolutions géomorphologiques terrestres et un point d’appui d’importance internationale des sciences de la Terre. Le paysage “dolomitique” est ainsi considéré comme l’un des plus beaux paysages de montagne au monde et attire de nombreux scientifiques, sportifs et artistes passionnés.

Critère de sélection : 

Deux critères justifient l’inscription des Dolomites au classement des biens naturels du patrimoine mondial de l’Unesco. Pour en savoir plus sur les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/  

Critère (vii) : “l’un des plus beaux paysages de montagne du monde. Sa beauté intrinsèque provient d’une diversité de formes verticales spectaculaires. […]. Le contraste entre les surfaces rocheuses nues, de couleur claire, et les forêts et prairies au dessous offre toute une harmonie de couleurs. Le paysage particulier des Dolomites est devenu l’archétype du paysage dit «dolomitique». Les géologues pionniers ont été les premiers à être captivés par la beauté des montagnes; leurs écrits puis les peintures et les photographies qui ont suivi soulignent l’attrait esthétique du bien.”

Critère (viii) : “Les Dolomites sont d’importance internationale pour la géomorphologie. […]. La région présente une grande diversité de reliefs fruits de l’érosion, de la tectonique et de la glaciation. La quantité et la concentration des formations calcaires extrêmement variées sont extraordinaires au plan mondial. […]. Les valeurs géologiques ont aussi une importance internationale. […]. Les Dolomites comprennent, en outre, plusieurs sections-types d’importance internationale de la stratigraphie du Trias. Les valeurs scientifiques du bien sont également renforcées par l’étude et la reconnaissance internationale dont les Dolomites sont depuis longtemps l’objet. Globalement, l’association entre les valeurs géomorphologiques et géologiques crée un bien d’importance mondiale.”

Gestion du site : 

Aujourd’hui, les Dolomites ont besoin d’être protégées face à la menace des activités humaines, notamment touristiques. Certaines zones, intensément mises en tourisme, sont soumises à des pressions fortes. Le plan de gestion prévoit des moyens humains, financiers et de coordination pour concilier protection des espaces et expérience des visiteurs. Le respect de la capacité de charge des lieux doit notamment permettre de préserver les qualités paysagères et la richesse naturelle du site afin que les générations futures puissent découvrir les valeurs exceptionnelles des Dolomites.

Source : https://whc.unesco.org/fr/list/1237

Cet article n’engage que son auteur

Florian D’INGEO

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