[Portraits de personnalités inspirantes : Michel Foucault]

« Rien n’est certes moins utopique que le corps lui-même, à ceci près que nul ne l’est plus que lui aussi, que c’est de lui que sont nées et nous sont venues toutes les utopies. »

C’est précisément cet extrait de la conférence « Le corps utopique » de Michel Foucault conté par lui qui a suscité mon admiration avant même de le lire. Laissez-moi vous dépeindre le portrait de ce célèbre philosophe qui a transformé le champ historique, philosophique et franchit les frontières entre la médecine et la culture. 

Michel Foucault est un philosophe né en 1926 engagé intellectuellement sur les questions de pouvoir et de discours sur les choses. En 1961, il soutient une thèse Folie et déraison : Histoire de la folie à l’âge classique. Une thèse qui initiera ses recherches sur la psychiatrisation et la déviance, des normes dictées par les institutions comme la prison ou l’hôpital psychiatrique. 

Licenses Creative Commons :https://arc-culture.be/blog/thematique/culture-et-societe/ 

À partir de 1970 à l’apogée de sa carrière universitaire Michel Foucault tient la chaire « Histoire des systèmes de pensée ». En dehors de ça, Foucault participe de l’histoire des savoirs, ce qu’il appelle l’épistémologie et de la déconstruction des pensées essentialistes notamment sur la sexualité. Son travail a un impact dans le débat public et intellectuel où il intervient politiquement. Dans les années 1970, d’extrême gauche il s’engage pour l’amélioration des conditions dans les prisons en fondant le Groupe d’information sur les prisons. D’autre part il s’engage aussi avec Jean-Paul Sartre qui l’influence dans le soutien des travailleurs immigrés. Mort du Sida parmi les premiers en France, son compagnon Daniel Defert créé en 1984 la fameuse association AIDES en son honneur. 

Un engagement social qui est intrinsèquement lié à ses recherches notamment sur la biopolitique (cf. cours Naissance de la biopolitique de 1978-1979). La biopolitique est une forme de pouvoir exercée par les institutions sur les corps et les individus autrement dit un biopouvoir. Celui-ci conformant ainsi les techniques du corps et les comportements psychologiques. Des travaux qu’il applique notamment à l’histoire de la sexualité (L’histoire de la sexualité, 1976, 3 tomes), qui transforme les champs de savoirs notamment en histoire du genre.

Issu du structuralisme, il incarne le mouvement post-structuraliste qui cherche à déconstruire certains grands schèmes sociaux-historiques. Une figure marquante au sein du champ universitaire, au point qu’il serait selon The Times Higher Education Guide de 2009 l’auteur le plus cité en sciences humaines dans le monde. Il fait le pont entre les disciplines et les champs de savoirs scientifiques en médecine et les sciences humaines et sociales. Une lecture non essentialiste qui montre comment les discours normatifs scientifiques, culturels notamment artistiques ont un impact sur les individus. Une révolution intellectuelle qui se joue en même temps dans le monde anglo-saxon qui a joué sur l’éducation des générations suivantes ouvertes à la déconstruction des pensées biologisantes : Comment se sont distingués les genres ? les fous des équilibrés ? les handicapés des valides ? 

Ainsi par exemple dans cette conférence « le corps utopique » de 1966 il interroge ce rapport au corps avant même la libération sexuelle il invite à faire corps avec celui-ci. Le corps serait à la fois ce qu’il y a de moins utopique dans sa matérialité, sa trivialité en même temps qu’il nourrit des utopies de dépassement de la chair et ses défis. Reprendre le pouvoir c’est défier les limites du corps, l’agrandir dans la parure, la danse mais surtout en faisant l’amour. Le désir et les relations sexuelles permettant d’utopiser le corps en dépassant son enveloppe, parcourant ses zones d’ombres. 

Un regard intime sublimant le corps de chacun qui l’écoute, je vous recommande d’écouter cette conférence enregistrée pour saisir le génie de Foucault. 

Les analyses foucaldiennes sont à lire et à relire notamment en des temps comme ceux que l’on traverse où la médecine et les discours sanitaires ont autant de poids sur nos quotidiens.

À écouter 👂: 

Conférence radio France Culture, 11 décembre 1966 –  © INA – Institut national de l’audiovisuel, 1966 :  📻  https://www.youtube.com/watch?v=NSNkxvGlUNY 

Les échos de Foucault aujourd’hui à aller voir : 

À lire 👀 : 

Sélection d’ouvrages de Foucault :  📖

Article de Mariette Boudgourd

Cet article n’engage que son auteure !

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[Rubrique culturelle : série documentaire « Tableaux de voyages – sur les traces des grands peintres »]

Les lieux culturels sont toujours fermés et nous voilà de nouveau chez nous. Mais n’ayez crainte, la culture peut venir jusqu’à vous !

Venez vous familiariser avec l’histoire de la peinture, des peintres et de lieux mythiques capturés par les peintres à travers des toiles extraordinaires.

 Montagne Sainte-Victoire, tableau de Paul Cézanne, 1888–1890. (Collection privée).

L’aventure est ponctuée par des rencontres avec des spécialistes qui nous livrent secrets et anecdotes sur les paysages et les artistes, ainsi qu’avec des habitants de chaque lieu perpétuant l’héritage des peintres. Une mine de connaissances ! 

Épisode 1 : Rügen et Caspar David Friedrich. 

Épisode 2 : La Provence et Cézanne.

Épisode 3 : L’Angleterre du Nord et Turner.

Épisode 4 : Barcelone et Picasso.

Épisode 5 : Venise et Le Titien. 

Cette série documentaire est une véritable invitation à voyager depuis chez soi ou même à préparer de futurs voyages ! Découvrez des paysages à l’atmosphère si particulière ayant inspirés de grandes figures de la peinture.

Disponible en ligne (sur le site d’ARTE) et gratuitement jusqu’au 14 avril (voire 20 avril, cela dépend des épisodes) 2021 : alors à vos écrans pour un moment d’évasion ! 

Lien :

https://www.arte.tv/fr/videos/RC-016324/tableaux-de-voyage/

Cet article n’engage que son auteure !

Ecrit par Agathe Passerat de La Chapelle. 

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : le Bassin minier du Nord-Pas de Calais]

Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais désigne un site de 120 000 hectares, classé en 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il regroupe 109 biens individuels qui ont trait à l’histoire de l’extraction du charbon : des fosses (la plus vieille date de 1850), des infrastructures de transport de la houille, des gares ferroviaires, des corons… 

Le site donne à voir un paysage façonné, durant trois siècles (XVIIIe au XXe siècle), par l’extraction du charbon et tout ce qui y est associé, comme le note l’UNESCO : 

  • une architecture particulière et un urbanisme spécifique avec les corons ou les cités-jardins,     
  • l’histoire de l’Europe industrielle,
  • des « éléments physiques et géographiques » caractéristiques (terrils, terres agricoles…), 
  • des « vestiges des équipements de transports » (chemins de fer…)
  • du « patrimoine industriel minier » avec par exemple les bâtiments industriels résiduels 
  • ou encore des  « éléments monumentaux et architecturaux témoins de la vie sociale » (églises, châteaux des dirigeants, sièges sociaux des compagnies…). 

Le site illustre les conditions de vie difficiles des mineurs ainsi que la dangerosité du travail de la mine. Il témoigne également de «la diffusion des idéaux du syndicalisme ouvrier et du socialisme». 

Coron des 120 à Anzin et Valenciennes. Bassin minier du Nord-Pas de Calais (France); Auteur : Hubert Bouvet. Copyright : © Hubert Bouvet, Région Nord-Pas de Calais, 2012.

Lien durable: whc.unesco.org/fr/documents/117353

Le bien inscrit rassemble donc un patrimoine à la fois technique et paysager ainsi qu’un héritage social. Selon les termes de la Convention du patrimoine mondial, le site « présente un paysage culturel évolutif vivant exceptionnel par sa continuité et son homogénéité ».

Ce site s’inscrit dans un patrimoine bien particulier : le patrimoine industriel. Il s’agit d’un patrimoine récent (en France), qui a eu du mal à obtenir de la reconnaissance. Beaucoup de sites miniers ou industriels similaires ont été détruits. La fermeture des mines et usines a participé à produire de multiples friches, souvent rasées au profit d’une nouvelle utilisation. Ainsi, dans les années 1980, nombreux sont les témoignages de l’histoire minière à avoir disparu. L’exemple du centre thermal à Amnéville, celui du parc d’attraction Walygator Grand-Est (anciennement Big Bang Schtroumpf) à Hagondange en Lorraine, tous deux construits à la place d’anciens sites miniers ou encore l’aménagement d’une piste de ski synthétique sur un terril à Nœux-les-Mines dans le Nord-Pas-de-Calais, illustrent ce phénomène qui consiste à « gommer le passé » pour donner une autre fonction aux territoires. Il s’agit d’une stratégie du « tabula rasa» consistant à faire table rase du passé pour donner une nouvelle vie au territoire.

Ce n’est que récemment que la question de la patrimonialisation du paysage de friche industrielle s’est posée. Certains sites sont « devenus » patrimoine en tant que porteurs d’histoire. C’est la prise en compte d’un passé « accepté » qui est à l’origine du passage de cet héritage « encombrant » (friches immenses,  patrimoine industriel minier abandonné…)  vers un patrimoine « reconnu ». Le « territoire-mémoire », comme ces friches industrielles, est  au cœur des enjeux de patrimonialisation actuels en tant que témoignage d’une histoire minière et industrielle mais aussi sociale et collective. En effet, l’on était mineur de père en fils et l’ensemble de ces territoires, ainsi que de nombreuses générations étaient et restent marqués par cette ancienne quasi mono-industrie. 

Lewarde (Nord) Fosse Delloye, Centre Historique Minier. Bassin minier du Nord-Pas de Calais (France), Auteur : Hubert Bouvet

Date : 24/05/2011Copyright : © Hubert Bouvet, Région Nord-Pas de Calais; Lien durable: whc.unesco.org/fr/documents/176688

Pour en savoir plus : http://whc.unesco.org/fr/list/1360/ 

Cet article n’engage que son auteure !

Écrit par Agathe Passerat de La Chapelle

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[Rubrique culturelle : Une génération Lady Bird]

A la voir arriver avec son plâtre rose fluo dans son nouveau lycée catholique, Lady Bird n’a pas peur d’en découdre. Celle qui rêve de s’envoler, dans tous les sens du terme, vers la côte est l’année suivante, se voit inscrite dans un établissement privé, pour cause de rumeurs, pour cause de la crainte nouvelle qu’a sa mère du lycée public. Cette même mère qui va symboliser un frein pour sa fille pendant tout le film, lui répétant sans cesse, comme un mantra, à quel point sa famille manque d’argent et n’a pas les moyens de financer son rêve de s’enfuir vers New-York, est aussi celle qui la coince dans ce milieu privé, fait quasi exclusivement des enfants riches de Sacramento. Son rapport paradoxal à l’argent reflète aussi les rapports paradoxaux avec sa fille. Ces rapports sont un des piliers du film, qui pour beaucoup font écho à notre vie, tout comme le thème du rêve et de l’envol, de la fin de l’insouciance, de l’adolescence. Tous sont liés au personnage éponyme du film, incarné par la fascinante Saoirse Ronan, Lady Bird, la bien-nommée, à laquelle nous, enfants des années 2000, à l’aube d’une nouvelle époque, filles et femmes, et d’autant plus venant des régions, des villes moyennes, ne pouvons que nous identifier. 

Christine « Lady Bird » McPherson et sa mère, c’est presque un mal nécessaire. Ce sont la violence des mots qui parfois cachent des sentiments, un amour qu’on ne sait pas comment exprimer. Il suffit de voir comment Lady Bird se laisse aller à pleurer dans les bras de sa mère qui la rassure, la berce, alors même qu’à d’autres moments, la fille jure que sa mère la déteste. Ce conflit quasi-permanent, n’est pourtant pas dénué d’un amour bien caché. Il n’est pas caricatural, et c’est même un des éléments les plus réalistes du film. Il montre la complexité que sont les rapports, mère-fille à l’adolescence. Bien souvent malgré leur toxicité apparente, c’est un désemparement total qui est dissimulé derrière les affrontements. C’est une impossible conciliation entre les mères qui voient des filles, et des filles qui deviennent femmes. Les intérêts divergent de plus en plus, et être deux pour construire une seule vie, c’est un peu trop. Surtout pour Lady Bird. Sa vie, c’est la sienne. Sa vie, c’est elle qui à la force de ses bras, armée d’huile de coudes, des pourboires de ses multiples jobs, et du secret de l’envol, va se démener pour tenter de donner vie à son rêve sans avoir à se confronter à sa mère, à sa désapprobation. Mais aussi peut-être, et sans doute même, pour ne pas avoir à faire face à sa peur de dire au revoir à sa fille. Et de l’autre côté de ce chaotique, et pourtant si commun, duo mère-fille, la figure du père, le sauveur de Lady Bird, son allié dans son combat. Il apparaît comme une véritable stabilité, alors même qu’il dissimule être au bord de la chute. Dépressif, et bientôt sans emploi, il est au fond plus fragile que sa fille, qu’il admire pour sa force. C’est lui qui va la porter, et ravaler ses propres larmes pour essuyer celles de Lady Bird de bout en bout, jusqu’à son envol final. 

Et cette fille, elle devient grande. Elle s’est choisie un nom elle-même, Lady Bird, pour combler la terrible banalité de son vrai prénom, qu’elle réfute. Il lui fallait un nom en accord avec sa soif de sortir du lot, de l’eau, de son milieu, de tout. Son envie de monter sur scène pour avoir le premier rôle, puis d’oublier son rôle pour s’échapper de sa situation financière. Pour cela, elle feint d’oublier cette contrainte, et passe même pour un temps « de l’autre côté de la route », pour se la jouer enfant de nanti et rechercher un autre monde. Car Lady Bird, elle se cherche, elle tâtonne, comme beaucoup autour d’elle. Ce film pourrait être un banal teen movie, si il n’était pas si vrai, si purement, véritablement, et de façon déchirante, vrai. Les premières soirées, les premières amours, les doutes, et les déceptions. Le tout, la dernière année de lycée de Lady Bird, qui se fait sur fond d’éducation catholique, c’est à la fois le temps des grandes découvertes, et celui des grands adieux. C’est la nostalgie d’un temps en train de se perdre, et l’excitation des jours nouveaux. C’est faire des projets, pour oublier que l’on s’en va pour de bon. 

Lady Bird, en même temps qu’elle découvre, qu’elle aime, qu’elle déteste, elle s’ennuie. Plus que de s’ennuyer, elle est persuadée que sa place n’est pas ici, à Sacramento, Californie. Les mornes paysages de toute sa vie ne sont pas les siens. La délimitation sociale de cette route qu’elle mentionne si souvent ne lui correspond pas. Et ce manque étouffant de culture, elle s’en plaint, elle veut y échapper, s’en libérer. Elle est prête à franchir les milliers de kilomètres qui l’en séparent, à se mettre sa mère à dos, et à lui dissimuler pendant des mois son projet, car elle connaît la réprobation à laquelle elle fera immédiatement face. Lady Bird veut forger sa propre vie, elle veut goûter au plaisir des grandes villes, mais aussi elle veut les plus grandes universités. Et ce n’est pas négociable. Tous les coups sont permis, même la tricherie, car avoir modifié sa note en maths sera bien vite oublié si elle parvient à ses fins. Et ce combat profond, culturel, il relève de l’émancipation pour accéder à ce qu’on lui refuse à cause de son milieu social, mais aussi à cause de son lieu de naissance, si loin des grandes villes. Ce combat, même ici en France, en 2021, c’est une réalité. Car on peut vite se sentir paumé quand on tourne en rond dans sa ville moyenne, quand pendant des années on en cherche la sortie, aussi bien que sa propre vie. 

Lady Bird, c’est bien plus qu’un joli nom, pour un joli personnage. C’est bien plus qu’une métaphore pour l’envol de la fille à la femme. Lady Bird, c’est une réalité. C’est tous ces provinciaux, en Amérique, en France et ailleurs, ces classes moyennes, qui ne sont pas pauvres, mais doivent quand même se battre. Et qui se battent sans relâche pour accéder aux plus grandes universités, pour obtenir ce qu’ils veulent. Ces classes moyennes qui voient leurs parents désoeuvrés de ne pouvoir leur offrir complètement l’éducation qu’ils méritent. Parce que les universités coûtent cher en Amérique, parce que même en France, arriver à Paris c’est aussi faire des sacrifices. Parce que Lady Bird, en 2003, c’est moi en 2020, et ce sera bien d’autres encore. Parce que plus que nous, c’est toute une génération, qui grandit dans une époque toute nouvelle, qui se forge avec de nouveaux codes, et qui essaie de se faire une place, si petite soit-elle, dans l’histoire d’une humanité si grande pour elle. 

Lady Bird, Greta Gerwig, 2017, disponible sur Netflix 

Article de Cléa Brunaux

Cet article n’engage que son auteure.

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[Rubrique culturelle : Expositions photographiques en plein air sur le chantier de Notre-Dame de Paris]

Avec l’arrivée du printemps et les journées qui se rallongent, pourquoi ne pas profiter d’une balade culturelle, alliant soleil et découverte patrimoniale ?

En ce moment, deux expositions en plein air, sur le parvis de Notre-Dame et rue du Cloître-Notre-Dame, valent le détour !! Les palissades qui entourent le chantier de Notre-Dame de Paris présentent deux expositions autour de la cathédrale.

L’une, nommée « Dessine-moi une cathédrale », propose des dessins hauts en couleurs de Notre-Dame de Paris, réalisés par des élèves du monde entier. Tous présentent leur vision du monument emblématique de la capitale à l’aide de collages, feutres, peintures… Prenez le temps d’admirer leurs oeuvres sur le parvis de la cathédrale, qui surplombe d’ailleurs l’exposition avec ses deux tours.

L’autre, est une série de photographies que l’on peut admirer rue du Cloître-Notre-Dame. Elle a pour titre : « Notre-Dame de Paris, les premiers mois d’une renaissance ». A travers les clichés de Patrick Zachmann, photojournaliste de l’agence Magnum Photos, l’exposition rend visible le labeur de tous les travailleurs et corps de métiers impliqués dans la reconstruction de Notre-Dame. L’exposition, qui s’étend sur les palissades du chantier, retrace l’incendie puis les travaux de reconstruction et de restauration de la cathédrale. Elle s’attarde notamment dans la partie « Les bâtisseurs d’aujourd’hui : les corps de métiers au cœur du chantier de sécurisation de la cathédrale Notre-Dame de Paris », sur le savoir-faire des artisans et professionnels participants au chantier : maîtres verriers, cordistes, archéologues, grutiers,  charpentiers, tailleurs de pierre, échafaudeurs… L’exposition plonge le spectateur dans le coeur du « chantier du siècle » et les coulisses de la reconstruction grâce à d’impressionnantes photographies. Elle permet de comprendre toutes les étapes de ces travaux titanesques. Un bel hommage aux métiers du patrimoine !


Photographie de l’exposition « Notre-Dame de Paris, les premiers mois d’une renaissance » prises par Agathe Passerat de La Chapelle. Mars 2021.

Ces expositions donnent envie de se replonger dans l’oeuvre monumentale Notre-Dame de Paris de Victor Hugo pour découvrir Paris et sa cathédrale emblématique au Moyen-Age !

Pour aller plus loin :

L’exposition virtuelle « Notre-Dame de Paris en plus de 100 oeuvres » propose des archives iconographiques et vidéos, retraçant l’histoire de la cathédrale au fil des siècles.

Lien : https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/expositions-virtuelles/notre-dame-de-paris-en-plus-de-100-oeuvres

Cet article n’engage que son auteure.

Ecrit par : Agathe Passerat de La Chapelle.

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[Portraits de personnalités inspirantes : Anne Sylvestre]

Une carrière musicale couronnée de succès

Anne Sylvestre, de son vrai nom Anne-Marie Beugras, est née en 1934 à Lyon et est décédée le 30 novembre 2020. D’abord étudiante en lettres, elle décide rapidement de se consacrer à la musique. C’est en recevant le numéro de téléphone de Michel Valette, patron du cabaret parisien La Colombe, qu’Anne Sylvestre débute sa carrière en 1957. Elle se produit ainsi dans ce cabaret qui a connu le début des plus grands noms de la chanson française comme Serge Gainsbourg, Brigitte Fontaine, Léo Ferré ou encore Jean Ferrat. En 1959, elle sort son premier album 45 tours « Mon mari est parti » et reçoit ses premières récompenses comme le Grand Prix international du disque de l’Académie Charles Cros. En 1962, elle sort les fabulettes pour enfants, qu’elle écrit principalement pour sa fille. Elle souhaite donner aux enfants, le goût de la liberté, le plaisir de chanter et « retarder leur crétinisation avant l’âge adulte ». Elle décide par la suite, en 1973, de fonder son propre label et d’assumer pleinement son succès. 

Une compositrice-interprète atypique

A l’époque de ses débuts, les chanteuses écrivent rarement leurs propres chansons et demeurent souvent de simples interprètes. Anne Sylvestre estime que les hommes ne peuvent pas écrire sur tout et certainement pas sur ce que les femmes vivent et ressentent. Elle est tout de suite remarquée pour sa poésie, son humour et la qualité de ses textes. Elle instaure dans ses chansons de réels messages de société et de nombreuses valeurs qu’elle défend. Même dans ses fabulettes pour enfants, Anne Sylvestre souhaite leur partager les mêmes valeurs d’égalité, de bienveillance, de tolérance et de respect de l’autre et de l’environnement qu’auprès des adultes. Son franc parlé, sa qualité d’écriture et ses valeurs ne manqueront pas d’être admirés notamment par Georges Brassens qui dira d’elle en 1962 : « On commence à s’apercevoir qu’avant sa venue dans la chanson, il nous manquait quelque chose et quelque chose d’important ». L’une de ses chansons les plus célèbre demeure Les gens qui doutent  qu’elle utilise en réaction aux personnes pleines de certitudes qui « lui cassent les pieds » et qu’elle dédie aux gens moins sûrs d’eux qu’elle encourage à s’exprimer. En 2009, elle recevra la médaille de vermeil de l’Académie française pour récompenser sa place sur la scène de la chanson française et son talent de parolière. 

Chansonette Anne Sylvestre : Photo d'actualité

Une artiste pionnière et engagée dans les débats de société

Anne Sylvestre souhaite user de son talent d’écriture et d’interprétation pour délivrer de nombreux messages, positions et valeurs à travers toutes ses chansons. Aucune de ses chansons n’est dénuée de bon sens ou de message caché. Ainsi, elle s’engage d’abord contre la guerre, car sa carrière débute entre la fin de la guerre d’Indochine et le début de celle de d’Algérie, combat qu’elle exprimera dans sa chanson Mon mari est parti. Elle s’exprimera sur la misogynie ordinaire avec Une sorcière comme les autres et la Faute à Eve et dénoncera le crime de viol dans sa chanson Douce maison. Elle s’engagera également pour le droit à l’avortement suite à la publication du manifeste des 343 femmes célèbres ayant eu recours à l’avortement, paru en 1971 dans le nouvel observateur, dans sa chanson Non, tu n’as pas de nom. En outre, elle ne défend pas l’acte de l’avortement en lui-même mais le choix libre qui doit être laissé aux femmes.  Dans la cause des femmes, elle sera par la suite pionnière des débats contre le harcèlement sexuel avant l’ère #metoo, au travers de sa chanson Juste une femme qu’elle publiera suite au scandale DSK : 

« Il y peut rien si elles ont des seins

Quoi, il est pas assassin

Il veut simplement apprécier

C’que la nature met sous son nez »

Elle s’intéresse également à la charge mentale des femmes à la maison dans sa chanson Clémence en vacances qui raconte l’histoire d’une femme qui décide du jour au lendemain de ne plus rien faire à la maison, décidant « qu’elle en avait fait assez ». Sa chanson Petit Bonhomme est un hymne à l’autonomie des femmes et une satire de la lâcheté des hommes volages auprès de femmes qui ne resteront pas dupes mais au contraire se soutiendront. Anne sylvestre regrettera d’ailleurs dans Les Frangines que les filles soient dès l’enfance encouragées à se jalouser et être en concurrence au lieu de s’encourager, d’unir leur voix et de faire « changer les choses et je suppose aussi les gens ». Elle appellera tout au long de sa carrière à la sororité au sein de la société. 

Lorsque la question d’un quelconque engagement féministe lui est posée, elle répondra : « Féministe, oui. C’est bien la seule étiquette que j’aurai honte de décoller ».  Enfin, en 2007, elle s’engagera également pour le mariage homosexuel avec « Gay, marions-nous », brisant le silence de nombreux artistes à ce sujet et prônant une fois de plus l’égalité et la tolérance que mérite chaque citoyen. 

Anne Sylvestre déjà courageuse et obstinée de mener une carrière de compositrice et d’interprète sur une scène musicale dominée par les hommes, mènera tout au long de sa vie des combats fondamentaux dont elle sera pionnière. Bienveillante et attachante, ses paroles ont été ses armes dans une société trop inégalitaire à son goût mais dans laquelle elle a gardé l’espoir d’une plus grande tolérance. Engagée et jamais résignée, Anne Sylvestre avait des décennies d’avance sur son temps et a laissé derrière elle bon nombre de paroles et de messages plein de sagesse. 

Article de Clémence Hoerner

Cet article n’engage que son auteure.

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[La Chapelle Sixtine et sa campagne de restauration (1980 – 1994)]

La Chapelle Sixtine est reconnue de façon universelle comme étant une merveille artistique, notamment grâce aux fresques de Michel-Ange recouvrant sa voute. Bon nombre d’entre nous connait cette image de deux mains cherchant le contact : la représentation d’Adam et son créateur. 

    Si la chapelle est bâtie entre 1477 et 1483, les fresques de Michel-Ange ne font leur apparition qu’entre 1508-1512 pour la voute et 1534-1541 pour Le jugement dernier. Ces productions de Michel-Ange sont ainsi réalisées à prêt d’un quart de siècle d’intervalle et sous l’égide de deux souverains pontificaux. 

    D’autres grands maîtres de la renaissance ont su gracier les murs nus de la chapelle de leurs pinceaux. On peut ainsi contempler des fresques de : Domenico Ghirlandaio, Sandro Boticelli, Cosimo Rosselli, Pinturicchio, Luca Signorelli ou encore Le Pérugin. Toutes réalisées antérieurement à celles de Michel-Ange, entre 1481 et 1482. 

    Cependant ce qui nous intéresse ici est la campagne de restauration de la fin du siècle dernier qui a été réalisée en vu de débarrasser les fresques de siècles de poussière, résidus et suie. Si à cette époque les fresques du Vatican connaissent toutes une attention particulière de la part des restaurateurs et restauratrices, c’est la campagne qui commence en 1980 et prend fin en 1994 qui est la plus controversée et révélatrice.

    Cette campagne, longue de prêt de quatorze ans, se concentre sur les fresques réalisées de la main de Michel-Ange. Impressionnante par sa taille, des centaines de mètres carrés, elle est aussi retentissante par ses découvertes. 

    Une épaisse couche de crasse combinant la poussière  du temps à la suie des bougies et autres résidus se voit retirée par des solvants. Or, la disparition de cette couche superficielle emporte avec elle le postulat des historiens de l’art selon lequel Michel-Ange était le peintre des ombres et couleurs sombres. Ce sont des teintes typiques du maniérisme qui surgissent après des siècles d’absence : rose pastel, vert acide, bleu, mauve, jaune… Des détails se font visibles, changeant les interprétations iconographiques des experts. 

    Cependant cette impressionnante campagne de restauration, qui a nécessité la re-constitution de l’échafaudage aérien du grand maître pour ne pas porter préjudice à cet écrin de beauté, a aussi connu ses détracteurs. Certains doutent alors des bienfaits des techniques de restauration utilisées, novatrices et puissantes pour certaines. De plus, le nettoyage des fresques aurait retiré des modifications et jeux d’ombres ajoutés au noir de charbon par l’artiste. 

    Chaque campagne de restauration connait son lot de dangers et nul ne sait si les techniques appliquées aujourd’hui ne seront pas désavouées demain. Mais une chose est sûre, avec la campagne de 1980-1994, les fresques de Michel-Ange, maitre de la renaissance, ont su encore nous émerveiller et nous surprendre. 

Cet article n’engage que son autrice.

Article de Yacine Navenot

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[Rubrique culturelle : La censure internet et ses limites : le nu artistique]

À l’occasion de la journée internationale de lutte contre la censure sur internet, ayant lieu tous les 12 mars, nous allons voir ensemble comment internet et notamment les réseaux sociaux censurent certains contenus, notamment les nus féminins. Le contrôle des corps, et notamment du nu féminin n’est pas, comme vous pouvez vous en douter, une nouveauté d’internet… La troisième République en France marque un temps fort pour la censure du nu et de l’érotisme, de nombreuses œuvres littéraires, comme les Fleurs du mal de Charles Baudelaire en 1857, font l’objet de procès. Gustave Courbet et son naturalisme cru est aussi touché par la censure. La censure se confond avec la pudeur, dès lors qu’il peint avec une précision anatomique un sexe féminin dans L’origine du monde en 1866. Doit-on enfin rappeler les luttes de Mai 68 contre le bandeau blanc de la ORTF qui censurait les images jugées impudiques. 

Dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, l’article 19 fait de l’accès à l’information un droit, ce qui n’empêche pas la régulation des informations sur internet par des États, entreprises ou réseaux sociaux. Un filtrage de plus en plus répandu des informations à but politique ou personnel comme les Fake news allant à l’encontre de l’information. Certaines lois en France luttent contre la manipulation de l’information, l’incitation à la haine, ce qui n’empêche parfois une censure de contenus abusifs. En revanche, la censure internet peut permettre dans de nombreux pays de garantir la sécurité nationale, économique et information, mais aussi de protéger les mineurs, la dignité humaine, la vie privée, la réputation ou encore la propriété intellectuelle selon Cohen (1997). Néanmoins, il faut relativiser cette censure en France, selon des données officielles publiées en 2019 par Twitter, la France serait à l’origine d’environ 2 % des demandes de retrait légal de données mondiales. Nous sommes très loin des politiques de censure qui règnent en Chine ou en Russie. Les raisons de cette censure peuvent ainsi changer selon les pays comme le montre le graphique ci-dessous. 

La censure des réseaux sociaux 

La transgression des normes et des mœurs est bien mal saisie par internet et ses logiciels. Mais la censure ne vient pas uniquement des États, sur les réseaux sociaux, une opinion publique démesurée juge chaque image et contenu diffusé sur la toile. Un jugement critique positif en démocratie, mais qui pose de grandes limites dès lors que l’on interroge le passé, l’histoire et notamment l’histoire de l’art ayant poussé certaines limites dans la transgression. On pourrait évoquer dans un tout autre registre que le nu féminin, la manière dont le dessin de presse de Xavier Gorge (Le Monde), fin janvier, s’est fait lyncher pour son dessin abordant les thématiques de l’inceste et les transgenres. Une nouvelle censure s’impose sur internet, celle d’un public bien trop large qui juge un format presse fondé sur la caricature. 

Internet s’impose comme la voix des bonnes mœurs, afin de limiter l’hypersexualisation de ses utilisateurs, souvent jeunes. Néanmoins cet organe de censure est très limité. Comment faire la part des choses entre un nu photographié de Man Ray sur Google et une photographie pornographique ? Tout le problème est précisément ici, là où Google ne peut pas distinguer ce qui est une œuvre de ce qui n’en est pas une. 

La politique de Facebook et ses filiales n’épargne pas les œuvres d’art. Facebook interdit toute photographie ou représentation des parties érogènes, notamment les seins des filles ! Très fréquemment les musées se voient censurer certaines œuvres pour nudité sans qu’elle ne soit particulièrement érotique. On peut reprendre l’exemple de la censure de la Descente de Croix, vers 1612, de Rubens, par Facebook. 

Pourquoi censurer le nu ? 

La censure part du constat du pouvoir des images, ce qui est jusque-là vérifié par l’impact de l’art sur nos sociétés. Néanmoins, la vision d’un nu artistique est particulier, il peut être licencieux voire pornographique pourtant il n’a pas le même impact qu’un contenu pornographique. Il n’est absolument pas question de mettre l’art sur un piédestal, celui-là même qui dissocie l’œuvre de toute réalité. Néanmoins le nu est dans l’histoire de l’art notamment dans les Beaux-Arts un exercice de style auquel on ne peut échapper. La forme, les carnations et les transgressions formelles des avants gardes comme Les Demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso font partie du travail de l’artiste. Un travail de la transgression qui définit presque le travail artistique.

La censure récente des féministes par Instagram (Facebook)

Le 21 janvier dernier, des activistes féministes ont été censurées par la plateforme Instagram en ayant relayé la phrase suivante : « Comment fait-on pour que les hommes arrêtent de nous violer ? ». Suite à cela les influenceuses ont attaqué le réseau social, et Mark Zuckerberg condamnant la limitation insuffisante des publications haineuses. Paradoxe ? Non ! Elle dénonce le sexisme et les violences raciales sur internet et les méthodes de modération de la plateforme : ce sont leurs propos qui subissent la censure ! Cela prouve bien un dysfonctionnement dans le dispositif ayant supprimé leur publication pour « protéger les mineurs ».  Sans parler enfin du sexisme de cette censure qui vise quasi exclusivement les tétons et sexes féminins. L’audience aura lieu le 12 mai prochain, procès clé à propos de cette censure internet que nous vous invitons à suivre. Un bon exemple qui ouvre la réflexion non seulement sur la censure qui régit notre source principale d’information. Mais aussi sur la manière dont à terme les réseaux sociaux ont un impact sur nos discours, notre patrimoine et nos mœurs. Un nu n’est pas qu’un nu, il dit beaucoup de la manière dont nos sociétés le considèrent.

Article de Mariette Boudgourd

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[Portraits de personnalités inspirantes : Alma Siedhoff-Buscher ]

Née en 1899 à Kreuztal près de Siegen, elle fait son éducation à l’École pour femmes Elisabeth et apprend l’artisanat à la Reimann school et au musée décoratif des arts de Berlin. En 1922, elle rejoint le Bauhaus et assiste aux cours de Johannes Itten, Paul Klee et Kandinsky. En 1923, elle entre à l’atelier de cours de tissage, 

Même si les femmes ont acquis de nombreuses libertés grâce à la constitution démocratique de la république de Weimar qui leur garanti l’accès au droit de vote et aux études, leurs possibilités sont limitées au Bauhaus à l’atelier de tissage. Cela est justifié par leur prétendu faiblesse de vision en trois dimensions, c’est pourquoi elles sont plus aptes à un art de la surface.

Mais Alma Buscher parvient à intégrer  l’atelier de sculpture sur bois et gagne rapidement sa place : en plus de l’exposition majeure du Bauhaus en 1923, elle design les meubles des chambres d’enfants à la Haus Am Horn, le premier bâtiment basé sur les principes du Bauhaus conçu comme la maison unifamiliale idéale. Elle crée aussi un théâtre de marionnettes et les jouets des enfants. Si la maison ne rencontre pas un grand succès, ses meubles et jouets en bois retiennent l’attention des visiteurs. Ses jeux de constructions en bois peints de couleurs multicolores constituent une référence des créations issues de l’école et rencontrent un franc succès dès leur sortie, ils font partie des premiers objets du Bauhaus à trouver un marché. 

Alma Buscher porte un profond intérêt pour la pédagogie infantile et son art se commercialise rapidement. Mais le directeur du Bauhaus, Walter Grotius n’est pas tout à fait d’accord avec ses créations puisqu’il considère que le jouet n’est pas une pièce de design noble et que cela dévalue la réputation de l’établissement. Siedhoff-Buscher déménage avec le Bauhaus à Dessau en 1925 et continue d’y travailler après avoir été diplômée. Ses œuvres sont exposée à de multiples occasions. En 1927, lors de sa dernière année à Dessau, elle conçoit des livres colorés et des kits de découpages pour l’éditeur Verlag Otto Maier Ravensburg. Elle voyage ensuite avec son mari qui était acteur et leurs deux enfants. Elle meurt victime d’un bombardement à Dreieich Main en 1944.

Le but du Bauspiel créé par Alma Buscher est de créer des structures complexes à partir de formes simples que sont les cylindres, cubes et triangles en volume, dont le sens et la fonction sont déterminés par l’enfant et par le contexte de placement qu’il choisit.  Son jeu permet aux enfants d’imiter des formes préexistantes mais aussi de libérer leur propre créativité. Sa création de jouet est révolutionnaire, en totale adéquation avec l’esprit de son temps et répondant à la demande accrue de jeu éducatif, elle inspire grandement tous les jouets créés au cours du XXe siècle. Elle développe elle-même de nombreuses théories pédagogiques et place au centre l’autonomie de l’imagination dans la pratique du jeu en l’opposant au conte et à la fable qui induisent une moralité. Elle souhaite que son jeu soit un jouet du possible et non un jouet mimétique représentant le monde réel et se rapportant au monde des adultes. C’est seulement au prix d’un effort de mimétique, de la part de l’enfant qui use de son imagination, que le jouet peut prendre l’identité qu’il désire. Elle propose ainsi un jeu expérimental fondé sur le travail des formes et couleurs essentielles et ayant pour but de mener, autant chez l’enfant que chez les designers et artistes, à la communication créative et à la construction.

Article de Sana Tekaïa

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[Portraits de personnalités inspirantes : Frida Kahlo]

Artiste peintre mexicaine, Frida Kahlo a été une figure marquante du XXe siècle, autant pour l’originalité de son oeuvre, sa formation autodidacte mais également ses nombreux voyages et sa propre vie dont l’hétéroclicité continue de fasciner.

Cependant, au-delà de l’image mythique attachée à Frida Kahlo, -et ce au demeurant à nombreuses autres personnalités contemporaines de son époque- sa carrière et ses combats symbolisent la reconnaissance d’une femme artiste par ses homologues, le public et les institutions, en constituant un exemple remarquable de la diversité culturelle et artistique.

L’art de l’autoportrait

Née le 6 juillet 197 à Coyoacán au Mexique, Frida Kahlo, brillante élève, se destinait à une carrière médicale. En effet la jeune mexicaine souhaitait devenir médecin mais à 18 ans, elle est victime d’un terrible accident au cours duquel son abdomen est transpercé par une barre en fer, ce qui met un terme à cette ambition.

Elle se forme par la suite à la peinture de manière autodidacte et peint de nombreux autoportraits. L’autoportrait tient une place très importante dans son oeuvre car en se mettant elle-même en scène, elle exprime ses souffrances. Sa peinture devient alors porte-parole de sa douleur, à l’image de beaucoup d’artistes tels que Van Gogh ou Rembrandt, qui n’hésitaient pas à représenter ou supposer leur santé fragile.

Carrière internationale

En 1929 elle épouse le peintre mexicain Diego Rivera et l’année suivante le couple déménage à San Francisco aux Etats-Unis, car Rivera a été chargé de réaliser des peintures murales pour le San Francisco Stock Exchange et pour la California School of Fine Art. Durant ces années américaines, elle fait la connaissance d’artistes, de commanditaires et de mécènes, dont Albert Bender.

Finalement les époux rentrent au Mexique en 1933, mais profondément blessée par la récente découverte d’une liaison entre son mari et sa soeur, l’artiste réalise en 1935 Quelques petites piqûres, qui évoque un meurtre par jalousie perpétré sur une femme, avant de partir pour New York pendant quelques mois. C’est dans cette même ville qu’elle exposera en octobre 1938, 25 de ses œuvres dans la galerie de Julien Levy, et dont la moitié y sont vendues.

Un autre tournant dans la carrière de l’artiste est sa rencontre avec le surréaliste André Breton en 1938. Tandis que Breton est subjugué par l’artiste, en écrivant « l’art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d’une bombe », celle-ci se défend d’être surréaliste en affirmant « On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que jai représenté était ma réalité ».

Par cette rencontre, la peintre mexicaine participe à la grande exposition sur le Mexique à Paris en 1939. Néanmoins, elle n’aime pas la capitale française, qu’elle trouve sale, et la nourriture ne lui convient pas. Elle exprime également son profond dégoût pour les intellectuels parisiens dont André Breton, qui porterait un regard teinté de mépris et d’incompréhension sur son art.

Engagement politique et symbole de liberté 

Au-delà des frontières artistiques, Frida Kahlo s’est distinguée mondialement pour son engagement politique et sa défense de la liberté.

Elle s’inscrit en 1928 au Parti Communiste Mexicain. et offre l’asile politique au révolutionnaire communiste Léon Trotski – avec lequel elle aura une liaison- et son épouse en 1937.

Engagée, elle souhaite défendre la condition et l’émancipation des femmes mexicaines, avec la volonté de porter la voix de toutes ces femmes silencieuses et soumises dans une société machiste. Ainsi, elle n’hésite pas à afficher publiquement sa bisexualité ou à ouvertement critiquer la société américaine comme dans son Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis en 1932. 

Devenue une figure de femme moderne, d’une femme forte et avant-gardiste, Frida Kahlo représente un modèle d’engagement pour beaucoup de femmes et ne cesse d’être une source d’inspiration pour bon nombre d’artistes.

Symbole de liberté et de nombreux combats, elle avait écrit dans son Journal : « J’espère que la fin sera joyeuse – et j’espère ne jamais revenir ». Elle meurt le 13 juillet 1954 à l’âge de 47 ans, mondialement reconnue pour son oeuvre autobiographique d’une puissance et originalité exceptionnelles.

Sources

  • « Frida Kahlo : artiste rebelle, légende mexicaine », Connaissance des arts, 30/12/2020.
  • Le journal de Frida Kahlo, préfacé par Carlos Fuentes, éditions du Chêne, 1995.
  • BRETON André, Le Surréalisme et la Peinture, 1928.

Article de Noémie Ngako.

Cet article n’engage que son auteure.

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