[Un art encore assez méconnu : la marqueterie de paille]

La marqueterie de paille est un savoir-faire artisanal apparu au 17ème siècle en Europe. C’est une technique de décoration et de sublimation d’objets. Cette technique demande beaucoup de connaissances techniques et de patience. En effet les artisans travaillent doivent travailler en collaboration avec leur fournisseur afin de se procurer la matière première dont ils ont besoin. 

Malheureusement cet art perd vite son succès et tombe dans l’oubli pendant des siècles. C’est à partir de la volonté de restaurer des objets d’art que l’intérêt pour la marqueterie de paille a fait son retour. C’est alors que dans les années 1920 que deux hommes, Jean Michel et André Groult se lancent à la fois dans la restauration d’anciens objets et la confection de nouveaux, et permettent à la marqueterie de vivre un nouvel essor. 

La paille est un matériau qui a toujours été associé au pauvre, fragile et sans valeur. Cependant il est tout à fait surprenant d’apprendre avec la marqueterie, que la paille est finalement un matériau solide grâce au vernis de silice naturel qu’elle possède, lui permettant d’être imperméable et résistant à la chaleur. Ce qui fait son charme est nul doute son aspect soyeux et brillant. La paille a aussi comme avantage d’être cultivée en abondance et est peu coûteuse. 

En marqueterie, c’est la paille de seigle qui est utilisée et cultivée en Bourgogne. Elle subit de nombreux processus, en deux temps,  premièrement nous avons la coupe, le séchage et la teinture qui sont entrepris à la main ou par des machines artisanales. Par la suite, les artisans travaillent paille par paille en la fendant en deux, puis encollée et finalement aplatit, tout ça à la main avec très peu d’outils. 

Aujourd’hui la marqueterie de paille s’est fait une place d’honneur dans le luxe, et recouvre parfois des murs entiers. Même si cet art redevient prisé, on ne dénombre que quelques dizaines de marqueteurs en France, et cela est sûrement dû au fait qu’il n’existe pas une formation exclusivement dédiée à cette formation puisque celle-ci découle seulement d’une option dans la formation d’ébéniste. 

Source de l’image : Collections in the Musée Crozatier of Le Puy-en-Velay

Pour plus d’informations, voici les sources : 

https://artisanat-france.fr/la-marqueterie-de-paille-un-metier-dart-encore-meconnu/

https://www.lci.fr/societe/video-marqueterie-de-paille-un-savoir-faire-ressuscite-2201761.html

Cet article n’engage que son auteur,

Aurélie Ménard .

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[Patrimoine français: Le Palais du Luxembourg, un palais français pour une princesse toscane]

Le Palais du Luxembourg est l’un des lieux majeurs de la politique en France, dans la mesure où il abrite la chambre haute du Parlement français, le Sénat. Mais le Palais du Luxembourg est avant tout, comme son nom l’indique, un palais qui a été témoin de l’histoire de la France et qui, par conséquent, fait aujourd’hui partie de son patrimoine. C’est pourquoi nous allons aujourd’hui vous parler de l’histoire du palais et de ce qu’il apporte au patrimoine français.

Histoire du Palais du Luxembourg

En 1610, Marie de Médicis, femme du roi Henri IV, vit au Louvre. Après l’assassinat de son mari par François Ravaillac, elle décide d’acheter un domaine comprenant un hôtel particulier du XVIe siècle, qui appartient au duc de Luxembourg. Elle part y vivre avec son fils, le futur roi Louis XIII, dans le nouveau palais agrandi. Mais en 1631, Marie de Médicis est exilée sur ordre de son fils, après la “journée des Dupes”. C’est à partir de ce moment-là que Louis XIII décide de se fier non plus à sa mère mais au cardinal Richelieu afin de gouverner.

Louis XVIII devient le propriétaire du palais à la fin du XVIIIe siècle, mais doit fuir en 1791 à cause de la Révolution française et le Palais du Luxembourg devient une “propriété nationale”. Durant la Terreur, le palais sert de prison, avant que les cinq membres du Directoire s’y installent en 1795. Bonaparte occupe le Palais du Luxembourg en 1799 alors qu’il est Premier consul, avant de laisser la place au Sénat, puis à la Chambre des pairs.

En 1944, le palais devient le siège de l’Assemblée consultative provisoire, avant que le Sénat ne prenne sa place en 1958. L’hôtel original, que l’on appelle aujourd’hui le Petit Luxembourg, est quant à lui désormais la résidence officielle du président du Sénat.

Marie de Médicis (1575-1642), son fils Louis XIII (1601-1643), le cardinal Richelieu (1585-1642)

Un Palais français à l’italienne

C’est en 1615 que Marie de Médicis commande la construction d’un nouveau palais. En effet, ayant vécu son enfance au Palais Pitti à Florence, la reine-mère s’ennuie dans un Louvre en piteux état et souhaite retrouver l’esprit florentin. Elle envoie Clément Métezeau à Florence pour étudier le modèle du Palais Pitti, dans le but de construire un palais qui en serait inspiré. Elle finit par retenir les plans de Salomon de Brosse, qui propose l’emploi du brossage de pierre à la place du mélange brique/pierre. En 1624, Marin de la Vallée prend sa relève.

Mais le Palais du Luxembourg comprend de nombreuses caractéristiques propres aux châteaux français telles que la cour carrée, la cour d’honneur, le dôme et les pavillons redoublés dans le corps du logis. Au passage, on peut remarquer que si le jardin du Luxembourg est ouvert en public la journée, il est fermé et gardé par l’armée la nuit dans la mesure où il appartient au domaine du palais.

Le nombre de sénateurs grandissant sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), des travaux sont lancés afin de permettre à la salle des séances de tous les accueillir. Ces travaux sont confiés à l’architecte Alphonse de Gisors en 1837.

Un palais-musée à la gloire des rois de France

Dès le milieu du XVIIIe siècle, le Palais du Luxembourg s’illustre comme musée, témoin de l’évolution de la monarchie et, ultérieurement, de l’évolution des régimes politiques en France.

Par exemple, une série de toiles consacrée à la reine-mère est commandée lors de la construction du palais à Rubens. En 1750, la galerie royale de peinture du palais est ouverte à l’emplacement de la galerie de Marie de Médicis. Ce premier musée d’art ouvert au public en France expose une sélection des Tableaux du Roi et préfigure la création du musée du Louvre en 1793.

La salle des conférences, qui se constitue de plusieurs appartements réunis par Napoléon III est sans aucun doute la salle la plus impressionnante du palais. A ses extrémités se trouvent des plafonds en cul-de-four (des voûtes en forme de quart de sphère) qui représentent des personnages célèbres de l’histoire de France, comme Charlemagne ou Jeanne d’Arc. Dans la coupole sont visibles Napoléon I et Napoléon III, qui s’inscrivent dans la continuité des figures emblématiques de l’histoire de France.

Si la plupart des richesses culturelles visibles représentant la monarchie et les empires (on peut voir le trône de Napoléon I et des statues qui représentent ses conquêtes), des bustes de Marianne, figure de la République, sont aussi exposés.

Une autre salle est remarquable : la salle du livre d’or. Cette salle voûtée, qui tient son nom des 400 grammes de feuilles d’or la recouvrant, a été décorée par Pierre Thomas Baraguay, qui a réutilisé des boiseries provenant d’autres salles du palais. Le tableau qui figure au centre du plafond est dédié à Marie de Médicis, représentée comme une figure apportant la paix.

Mais le buste à l’effigie de la reine-mère qui semble admirer la pièce, rappelle l’opinion que le peuple français avait d’elle à l’époque. Marie de Médicis était en effet considérée comme une grande dépensière ; c’est d’ailleurs elle qui avait demandé à ce que des motifs bleus, la couleur la plus chère à produire à l’époque, soient présents dans toute la pièce.

L’hémicycle du palais, qui date du XIXe siècle, comprend lui aussi plusieurs statues marquantes. Les sept statues principales représentent des rois illustres tels que Saint-Louis, des personnages de la monarchie française, mais également Malesherbes et Jean-Etienne Portalis, qui ont respectivement participé à la rédaction de l’Encyclopédie et du Code civil.

Sur certains sièges, que les sénateurs choisissent eux-mêmes en début de mandat, sont gravés les noms de sénateurs célèbres qui s’y sont assis. On peut notamment y voir celui de Victor Hugo. Pour l’anecdote, lorsque Victor Hugo était sénateur, il a dû débattre sur le nombre d’heures de travail imposées aux enfants face à un autre sénateur s’appelant Louis Jacques Thénard. N’ayant pas emporté le débat, Victor Hugo s’est ensuite vengé en utilisant le nom de son opposant pour son roman Les Misérables, et plus particulièrement pour la famille Thénardier.

Si ces trois salles sont représentatives du Palais du Luxembourg, il y en a encore bien d’autres, toutes aussi magnifiques : la bibliothèque Médicis (salle située sous le dôme du palais et peinte par Eugène Delacroix), la galerie des bustes, la salle de l’escalier d’honneur

Nous espérons tout de même que cet aperçu du Palais du Luxembourg vous aura donné envie de le visiter lorsque vous en aurez l’occasion, que ce soit lors des journées du patrimoine ou de visites guidées, régulièrement organisées par les associations étudiantes de la région !

Sources : Sénat, Palais du Luxembourg

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

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[Rubrique culturelle] Journée internationale des Arts islamiques et de la langue arabe 2021

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de l’art islamique  a déclaré que « Cette journée a été proclamée afin de célébrer ensemble ce patrimoine exceptionnel, tissé depuis 14 siècles, et qui continue de se renouveler, de se réinventer et d’influencer les cultures du monde entier. » Depuis sa proclamation lors de la 40ème session de la Conférence générale de l’UNESCO, la journée internationale de l’art islamique est célébrée le 18 novembre de chaque année.

Afin de favoriser l’appréciation de l’art islamique il convient de revenir sur sa définition. L’art islamique concerne les formes artistiques crées dans le “Dar al-Islam”, espace géographique s’étendant de l’Espagne à l’Inde en passant par l’Afrique du Nord et l’Egypte, cet espace ne correspondant pas au monde musulman contemporain. L’adjectif islamique employé, ne renvoie pas à la religion dont l’adjectif est musulman, mais à la civilisation. 

D’ailleurs, les arts islamiques sont essentiellement profanes. Lors de la première “exposition générale d’art musulman” ayant lieu à Paris en 1893, l’emploi de l’appellation “art musulman” est employé officiellement pour qualifié “les monuments des pays soumis à la loi de l’islam, qu’ils soient placés à l’Orient ou à l’Occident”. Se référant à l’idée d’unité religieuse des territoires orientaux et africains pour qualifier des œuvres profanes, cette appellation “ d’art arabe” a été remplacée dans la deuxième moitié du XXème siècle par “art islamique”. Dès 1905, l’exposition “Arts de l’Islam, des origines à 1700, dans les collections publiques françaises” prend place au sein du département des Objets d’art du musée du Louvre. Charlotte Maury, chargée des collections ottomanes et de l’Art du Livre au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre, dépeint la variété des caractéristiques des arts islamiques à travers l’exemple des Arts du Livre. Ces Arts comprennent à la fois des manuscrits du Coran enluminés qui portent essentiellement des motifs aniconiques, géométriques ou végétaux et des livres qui portent des décors figuratifs, des cycles iconographiques pour illustrer un texte qui peut être une épopée légendaire d’un règne, un roman d’amour courtois ou un roman mystique.

Les expositions d’art islamiques se multiplient sur le territoire national. Au musée du Louvre, les premières œuvres d’art islamique entrent dès sa création en 1793. Les premières salles datent de 1893. Les collections concernent l’espace géographique En 2012, sur le décret du président François Hollande, la collection est installée dans une architecture spécialement conçue à cet effet, une structure de verre et de métal insérée dans la cour Visconti, répartie sur deux niveaux. La section Arts d’Islam regroupe plus de 3000 œuvres dont des objets d’arts ayant appartenu à des princes et  des khalifes révélant la variété et le luxe de cet art. 

Par ailleurs, le musée du Louvre, en collaboration avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, lance un événement de promotion des arts islamiques à l’échelle nationale. Du 20 novembre au 27 mars 2022, dix-huit expositions simultanées de l’événement Arts de l’Islam.Un passé pour un présent sont programmées dans 18 villes de France. Chaque exposition accueillera dix œuvres à la fois historiques et contemporaines dans le but de valoriser le dialogue interculturel en ouvrant « plus largement les horizons » comme l’a souligné Roselyne Bachelot, Ministre de la culture. Les 18 villes présentent un événement unique mais disposent toutes d’un dispositif scénographique réunissant un espace d’exposition, un espace de projection, un espace débat ainsi qu’un film immersif  emmenant les visiteurs en voyage en Orient.

L’exposition “ Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité” présentée par le Musée des Arts Décoratifs, coproduite par le Dallas Museum of Art, avec le soutien de la maison Cartier, met en exergue les influences des arts islamiques sur la création de bijoux et d’objets précieux. Plus de 500 bijoux et objets de la Maison Cartier, dessins, livres, photographies et documents d’archives rendent compte de l’intérêt pour les motifs et matériaux orientaux.

L’Institut des cultures d’Islam, lieu de rencontre et de dialogues, propose toute l’année des  expositions, concerts, conférences, projections-débats et  ateliers visant à partager la diversités des cultures d’Islam contemporaines. A travers l’angle de l’art contemporain, l’Institut des cultures d’Islam entend déconstruire les préjugés et stéréotypes sur les arts islamiques.

Lieu d’échange et d’apprentissage, l’Institut des cultures d’Islam, propose des cours de langue et de pratiques artistiques. D’octobre à juin cet établissement propose des cours de langue arabe qui s’inscrivent dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) favorisant la mobilité éducative et professionnelle. L’arabe littéral moderne y est enseigné. L’Institut des Cultures d’Islam propose également des formations artistique tels que l’art de la calligraphie. 

L’Institut du Monde arabe dispense également des cours de langue arabe dans son centre dédié : le Centre de la langue et des civilisations arabes. Les collections exposées à l’IMA proviennent de l’ensemble du monde arabe de l’Antiquité préislamique à la période contemporaine.

Alors que les arts islamiques se distinguent du monde arabe en ce que le monde arabe n’est qu’une partie du monde islamique, l’Institut du Monde arabe prend le contrepied du processus de distinction en mobilisant la notion “d’art arabe” dès sa rénovation en 2008. 

La programmation de l’Institut du Monde arabe vise à exposer la richesse et la diversité de création du monde arabe.  Actuellement,  et ce jusqu’en janvier 2022, l’exposition Lumières du Liban. Art moderne et contemporain de 1950 à  aujourd’hui, célèbre la créativité des artistes modernes et contemporains du Liban et de ses diasporas, du lendemain de son indépendance en 1943 jusqu’à nos jours. 

Cette exposition s’inscrit dans la volonté de l’Institut du Monde arabe de rendre hommage à la résilience de la scène artistique libanaise suite à l’explosion du 4 août 2020.

L’Institut du Monde arabe incarne d’ailleurs la dimension politique sous tendu par la promotion de l’art islamique en Occident. La création de l’Institut du Monde arabe résulte de la volonté puissante des politiques de former un pont entre l’Orient et l’Occident. Cet établissement est placé sous l’autorité morale d’un Haut Conseil, composé des représentants des États membres de la Ligue arabe, et financé par la France et les États arabes. L’institution s’affirme alors comme un outil culturel et diplomatique d’exception au service des relations franco-arabes. En effet, l’Institut du Monde Arabe a été élu « Marque Culturelle Européenne 2014 » lors de la soirée « Awards des Marques Européennes de la Culture (9e édition) »  à Berlin le 30 octobre 2014.

Yannick Lintz, Conservatrice générale du patrimoine, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre a déclaré dans un entretien que les expositions d’art islamique vont “permettre aussi à beaucoup de voir la civilisation islamique avec un autre regard que celui du terrorisme et de la radicalité.” 

La promotion de manifestations culturelles d’art islamique s’inscrit en effet dans la dynamique de partage et rapprochement culturel entre les peuples et d’encouragement à la tolérance par la puissance du vecteur artistique. Ainsi, la journée de l’art islamique incite au dialogue interculturel à travers l’appréciation de l’art islamique.

AMADY Nasrine 

Cet article n’engage que son auteure.

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Le génocide culturel Ouïgour

Cela fait maintenant plusieurs mois que la répression des Ouïghours apparaît de plus en plus dans les médias et que le génocide commis est reconnu comme tel. Ethnie minoritaire de la région du Xinjiang, turcophone et musulmane, les Ouïghours sont installés en Asie centrale depuis plus d’un millénaire. Intégrés définitivement à la République Populaire de Chine en 1949, les Ouïghours subissent depuis ce temps la domination de l’ethnie majoritaire chinoise Han. 

Si une politique d’assimilation a longtemps été mise en place, depuis le début des années 2010, le gouvernement de la république populaire de Chine mène une politique répressive contre ce peuple. Internés dans des camps d’enfermements massifs, les Ouïghours subissent tortures et travail forcé pour de grands noms de l’industrie. Au-delà de ce que Pékin appelle des « centres de formation professionnelle », les ONG dénoncent de véritables camps de rééducation. En effet, le but de ces massacres est d’effacer la minorité Ouïghour et toute sa culture afin d’unifier le pays. Ainsi, la culture Ouïghour est directement visée au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Dans ces camps, des femmes sont violées, stérilisées, le chinois leur est appris de force. 

En plus des dégâts humains, le patrimoine culturel ouïghour est peu à peu détruit, effacé, dans le but d’être oublié. Depuis 2017, 65% des mosquées de la région et 58% des sites islamiques importants ont été détruits ou endommagés selon l’ASPI soit environ 16 000 sur les 24 000 que compte officiellement le Xinjiang. Les rassemblements et festivals communautaires sont eux aussi interdits alors que les familles sont séparées et que les personnalités éminentes de la culture ouïghour disparaissent massivement. La langue Ouïghour est elle aussi menacée, c’est un véritable génocide culturel qui a lieu. 

Jean-Paul Loubes, spécialiste du patrimoine bâti ouïghour, montre les influences perses, mongoles et turques présentes dans cette architecture. Celle-ci est effacée, « sinicisée » c’est à dire rendue chinoise par la destruction des signes islamiques tel que les minarets, dômes et calligraphies arabes. On peut voir ici la mosquée d’Urumqi transformée en centre commercial. 

Le portail de la mosquée de Kargilik, bâtie en 1540 a été détruit pour être remplacé par un portail plus petit et lui aussi transformé en centre commercial. 

La Mosquée Aitika de Keriya a été détruite ainsi que de nombreux lieux de cultes plus modestes en particulier les mazâr, sanctuaires érigés sur les lieux saints islamiques contenant de précieuses reliques. 

Mosquée Aitika de Keriya

En plus du patrimoine matériel, le patrimoine immatériel est aussi visé. Ainsi ce qui est reconnu à l’UNESCO sous le nom de muqam ouïghour du Xinjiang désigne l’ensemble des pratiques du muqam soit un mélange de chants, de danses, de musiques populaires et classiques.

En s’attaquant au patrimoine Ouïghour, l’objectif apparaît clairement : détruire le passé, l’histoire du peuple pour le faire totalement disparaître.

Sana Tekaïa 

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[Patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: La région d’Atsinanana à Madagascar]

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Géographiquement rattachée au continent Africain, le pays insulaire Madagascar se situe en plein cœur de l’océan Indien. Cette île fascine tant par sa biodiversité hors norme que par sa culture hétéroclite. En effet, ses 25 millions d’habitants sont issus de bon nombre d’horizons divers et variés : Asie, Afrique, influence Arabe ou encore française lors de la colonisation. À Antananarivo, capitale de l’île, les influences culturelles française et asiatique sont les plus marquées, tandis que sur certaines zones côtières l’influence africaine et arabe se fera plus ressentir. Ce melting spot a offert à Madagascar une richesse inégalée en termes de culture et de religion. Différentes traditions ont influencé les modes de vie malgaches comme le « Fady ».

L’Atsinanana est une des vingt-deux régions de l’île et se situe sur la côte Est dans la province de Tamatave, non loin de la capitale. Les forêts humides de l’Atsinanana s’étendent sur six parcs nationaux. Le taux d’endémicité des espèces de ces sites est estimé en moyenne à 80%, ce qui les place parmi les plus uniques au monde pour leur biodiversité. Parmi eux le parc national de Zahamena, abritant treize espèces de lémuriens ou le parc national d’Andohahela, grand de 76 020 hectares, constitué de forêt tropicale dense et épineuse typique de l’île.

Le parc national d’Andringitra, s’étend sur 31 160 hectares bordés de hautes montagnes, dont la plus haute culmine à 2 658 m. La forêt est dite « tropicale de basse altitude » et est composée de forêts d’épineux, orchidées, de 300 espèces de plantes vasculaires et fleurs sauvages endémiques. On y trouve plus de cent espèces d’oiseaux, 55 espèces d’anoures¹ et treize espèces de lémuriens. 

¹ : petite groupe d’amphibiens carnivores sans queue, dont les principaux représentants sont des grenouilles et des crapauds

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Parc national de l’Andringuitra

Le parc national de Marojejy est considéré comme l’un des plus beaux parcs de Madagascar. Soixante espèces d’anoures et 116 espèces de mammifères y ont été répertoriés.

Le parc national de Masoala regroupe 210 000 hectares de forêts tropicales de mi-altitude et 100 000 ha d’espace marin. Ses forêts regroupent la moitié de la biodiversité de l’île avec des lémuriens, dont le Maki vari roux, des oiseaux comme l’Eurycère de Prévost, Serpentaire de Madagascar et l’effraie de Soumagne, des plantes du genre Masoala, des chauve-souris frugivores.

See the source image Effraie de Soumagne

Enfin, le parc national de Ranomafana est l’un des parcs les plus réputés et les plus importants de l’île. Il a été créé en 1991 après la découverte de l’Hapalémur doré (lémurien au bambou d’or) en 1986. 

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See the source image Hapalémur doré

Témoins de l’histoire géologique de l’île, elles livrent les secrets de sa séparation d’avec les autres continents, il y a plus de 60 millions d’années. En 2007, elles sont classées patrimoine mondiale de l’UNESCO grâce à leur biodiversité rare et fragile, après la première sacralisation de la réserve naturelle malgache du Tsingy de Bemaraha en 1990. Étant isolées des autres masses terrestres depuis des millions d’années, la faune et la flore de Madagascar ont évolué séparément donnant naissance à des espèces endémiques comme certains primates, lémuriens ou orchidées. Ces forêts sont précieuses pour le maintien des processus écologiques clés pour la conservation de cet écosystème particulier. 

Caméléon, Párduckaméleon, Furcifer Pardalis, Reptile

Critères de sélection :

Critère (ix) : « être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins »

« Les forêts pluviales d’Atsinanana sont des forêts reliques, essentiellement associées à des terrains abrupts le long de l’escarpement et des montagnes de l’est de Madagascar . Étant séparée des autres continents depuis des millions d’années, la biodiversité de Madagascar a évolué de manière isolée et propre à l’île. L’Île porte les vestiges de sa séparation continental tant sur le plan géologique que biologique.  Ces forêts ont également été un important refuge pour des espèces durant les différentes grandes périodes de changements et cataclysmes climatiques et tout laisse à penser qu’elle le sera de nouveau pour les bouleversements à venir.

Critère (x) : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation. »

Le taux d’endémisme sur la zone des forêts humides d’Atsinanana est compris entre 80 et 90% pour chaque groupe. On y trouve des amphibiens ou encore des primates et lémuriens menacés et protégés, des oiseaux ou encore des végétaux n’ayant évolué que sur l’île. On recense environ 12 000 espèces de plantes endémiques, ce qui fait de Madagascar un des premiers pays de mégadiversité biologique du monde. Le concept de mégabiodiversité a été discuté pour la première fois en 1988 à la Conférence sur la Biodiversité tenue à la Smithsonian Institution à Washington, afin de regrouper les régions du globe aux écosystèmes exceptionnels. La Grande-Île compte aussi sept genres endémiques de rongeurs, six genres endémiques de carnivores et plusieurs espèces de chiroptères. Sur les 123 espèces de mammifères non volants de Madagascar, 78 sont présentes dans la surface couverte par les 6 parcs nationaux de l’Atsinanana. 

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Parc national de l’Andriguitra

Gestion du site :

Comme nous l’avons vu, tous les sites couverts par les forêts de l’Atsinanana sont regroupés sous différents parcs nationaux et protégés en tant que tels. Le principal problème de gestion auquel les autorités doivent faire face est la surexploitation agricole et la déforestation monstre de ces sites. En effet, l’exploitation du bois, la chasse et l’exploitation minière de gemmes menacent particulièrement ce patrimoine. 

En 2010, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a inscrit les forêts humides de l’Atsinanana sur la Liste du patrimoine mondial en péril  en raison des coupes illégales de bois sur ces sites et du braconnage visant les lémuriens, une espèce menacée. Les parcs les plus menacés sont ceux de Marojejy et Masoala situés au Nord de Madagascar. Depuis le début de la crise politique actuelle sur la Grande-Ile, ces parcs ont été plus particulièrement touchés par des pillages intensifs, des coupes illégales et des trafics de bois précieux, dont le « Dalbergia maritima » communément appelé bois de rose, endémique de la région. 

53 biens figurent sur cette liste spéciale de l’UNESCO dont le centre historique de Vienne en Autriche, le parc national des Everglades en Floride, le port marchand de Liverpool en Angleterre, Rennell, le plus grand atoll corallien surélevé du monde, dans l’archipel des iles Salomon ou encore les sites rupestres du Tadrart Acacus en Libye.

Un décret interdisant l’exploitation et l’exportation de bois de rose et d’ébène a été passé à Madagascar, mais malgré ça, des permis d’exportation de bois sont toujours délivrés dans l’illégalité la plus totale. Des bandes organisées et armées ont établi des systèmes d’acheminement du bois par des pistes praticables afin de l’évacuer en dehors des zones protégées et, ainsi,  le commercialiser. Ce bois est, par la suite, exporté dans plusieurs pays dont certains ont pourtant signé la Convention du patrimoine mondial. 

Le Comité fait tout son possible pour contrôler ce trafic mais pour entraver ce commerce, l’aide de l’Etat est indispensable. Des mesures radicales doivent être appliquées afin de faire appliquer le décret. Un sommet est aussi envisagé afin de réunir les pays concernés par ces échanges pour qu’ils ne puissent plus avoir accès à leurs marchés nationaux. La coupe illégale n’a laissé à Madagascar que 8,5% des forêts d’origine.

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Le fléau de la déforestation à Madagascar

Pour protéger et identifier au mieux les zones clés de biodiversité à risque à Madagascar, l’UNESCO collabore étroitement avec le gouvernement et d’autres fondations telles que la Fondation des Nations Unies (UNF) et la Nordic World Heritage Foundation (NWHF).

L’Île renferme de nombreuses ressources naturelles inestimables à la fois nécessaires à l’économie et à la vie des populations locales qui dépendent de ces dernières. Le trafic exercé sur l’île est tenu par des groupes armés. Les populations essayant de protéger leurs terres et de s’opposer à ces massacres sont donc régulièrement menacés de représailles. Toutes les entités gouvernementales et non gouvernementales s’emploient ensemble à protéger à la fois ces ressources mais aussi la population, pour que les habitants n’aient plus à subir la pression des trafiquants.

Ce travail de gestion, de surveillance et de protection se fait aussi avec l’appui de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), d’institutions nationales et de certaines ONG. 72 espèces de mammifères non volants présents sur l’île figurent d’ailleurs sur la liste de l’UICN des espèces menacées.

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Parc national de Marojejy

Lecture sur la culture Malgache : À la rencontre d’un peuple et d’une culture – Voyage Tourisme Madagascar (madagascar-tourisme.com)

Forêts humides de l’Atsinanana – UNESCO World Heritage Centre

Cet article n’engage que son auteure.

Article écrit par Léane YVOREL

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[Chronique sur le patrimoine UNESCO en France : Bordeaux, port de la Lune]

Saviez-vous qu’après Paris, Bordeaux est la ville française qui compte le plus de bâtiments protégés par l’UNESCO ?

Et pour cause, en juin 2007, l’UNESCO décide de classer sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité les 1800 hectares de la ville de Bordeaux, un ensemble qui comprend la Garonne, la façade historique des quais et 347 bâtiments classés. Le secteur sauvegardé fait 150 hectares, il représente 40% de la superficie totale de la métropole !

Le « port de la Lune » que mentionne l’UNESCO lors de l’inscription de Bordeaux sur la liste du patrimoine mondial, est une nomination datant du Moyen-âge, qui met l’emphase sur le rôle prédominant de la ville dans les échanges commerciaux via la Garonne. Située sur un méandre de ce fleuve, Bordeaux est ouverte sur l’estuaire de la Gironde, qui amène vers l’Océan Atlantique. Ce méandre constitue un port naturel, dont la forme en croissant explique le nom de « port de la Lune ».

Bordeaux aerial panoramic view. Bordeaux is a port city on the Garonne river in Southwestern France

Depuis l’Antiquité sous l’Empire romain, la ville est active dans le commerce. Le port de la Lune est aménagé pour importer et exporter les nombreuses marchandises qui y affluent, parmi lesquelles le fameux vin qui fait la renommée de sa région. Bordeaux se développe au bord de la Garonne : des huttes romaines au Palais de l’Ombrière médiéval où nait Aliénor d’Aquitaine en 1122, la rive gauche est de plus en plus densément urbanisée. L’expansion de la ville commence réellement au XVème siècle, époque durant laquelle les échanges se font sur de plus longues distances grâce aux progrès de la navigation. De nombreux négociants affluent vers le port, ce qui aboutit logiquement à la création d’un quartier permettant de stocker les marchandises et de loger les acteurs de ce commerce : les Chartrons.

Le tournant pour le port de la Lune a lieu au XVIIème siècle, lorsque Bordeaux participe activement au commerce sucrier aux Antilles : il devient le premier port de France, et réalise deux cinquièmes du commerce national avec ces îles. C’est durant ce siècle, en 1685, que la ville envoie son premier navire négrier, lançant le processus d’un intense commerce d’esclaves jusqu’en 1826. Après avoir longtemps été accusée de passer sous silence ce passé négrier, la ville le reconnait aujourd’hui à travers des actions concrètes telles que le changement de noms de rues qui portaient les stigmates de ces crimes, ou encore la mise en place de salles consacrées à ce commerce au Musée d’Aquitaine.

C’est néanmoins durant cette période que Bordeaux se dote de ses plus beaux édifices, que nous pouvons encore contempler aujourd’hui. L’architecture actuelle est d’une homogénéité rare puisque ses monuments classiques et néoclassiques érigés durant la période des Lumières et à l’époque coloniale, sont encore nombreux. Ces bâtiments sont pour beaucoup le fait du marquis de Tourny, qui s’installe dans la ville en 1743 et qui entend exploiter son potentiel en favorisant son développement architectural, la ville étant selon ses dires « admirablement située ». Il fait détruire les remparts médiévaux, et aménage Bordeaux par la construction des places Gambetta, Victoire et de la Bourse, ou encore des portes Dijeaux et d’Aquitaine. C’est aussi le marquis de Tourny qui crée la façade des quais, uniformisant ces derniers dans un style classique. Ces travaux de grande ampleur façonnent une nouvelle ville sur le modèle versaillais, dont l’objectif est la recherche d’ordre et de symétrie.

Tourny contribue donc au rayonnement esthétique de la ville de Bordeaux, cette dernière regroupant également de multiples édifices classés. Pour citer deux des plus célèbres, situés dans le centre historique: le théâtre de Bordeaux, construit en 1780 par le maréchal de Richelieu, ou encore le Palais Rohan, actuelle mairie, construit pour le prince de Rohan en 1770, sont d’impressionnants monuments de style classique.

Si l’urbanisme et l’architecture de Bordeaux sont classés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est aussi parce-que le projet urbain de 1995 contribue nettement à l’embellissement de la métropole. Du nettoyage des façades à l’aménagement de la promenade sur les quais, en passant par la mise en place d’un tramway et les mises en lumière, Bordeaux est devenue une nouvelle ville, qui attire de plus en plus de touristes. Le fameux miroir d’eau devant la place de la Bourse sur les quais, le plus grand du monde, inauguré en 2006, ne fait que rehausser cette image positive.

Bordeaux, Eau, Centre-Ville, Urbanisme

Bordeaux, « ensemble urbain et architectural exceptionnel » selon l’UNESCO, peut ainsi bénéficier depuis 2007 d’une attention particulière pour sa préservation de la part des acteurs patrimoniaux.

Article de Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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[Actualité de l’UNESCO: La baguette en lice pour entrer au patrimoine mondial de l’UNESCO]

La baguette de pain est candidate à l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. La décision finale sera prononcée en 2022. 

Être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO nécessite d’être porté par un groupe de personnes. Dès septembre 2018, la confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française avait formulé son souhait de voir la baguette de pain être inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Les savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain sont déjà inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis le 23 novembre 2018. 

La baguette, bien que présente dans de nombreux autres pays, est devenue un véritable symbole de la France et de sa culture dans le monde. Une baguette standard est large d’environ 4 à 6 cm, haute d’environ 3 à 5 cm et longue d’environ 65 cm. Elle pèse environ 250 g. Un concours national de baguette tradition française a lieu tous les ans en France, organisé par la Confédération Nationale de la Boulangerie et Boulangerie-pâtisserie française. 

La ministre de la culture Roselyne Bachelot s’est exprimée sur son choix de porter la baguette à l’UNESCO : « Si cette candidature nationale était couronnée de succès devant l’Unesco, l’inscription de cet élément permettra de faire prendre conscience qu’une pratique alimentaire faisant partie du quotidien, partagée par le plus grand nombre et allant de soi, constitue un patrimoine à part entière ». Inscrire la baguette au patrimoine mondial de l’UNESCO permettrait vraiment de mettre en lumière le travail artisanal des boulangers, dont le nombre est en baisse en France depuis quelques années. C’est ce qu’a souligné Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie et Boulangerie-pâtisserie française : 

 « Après quatre ans de travail, c’est une grande fierté que notre dossier ait été choisi par la France. (…) Cela valorise notre savoir-faire et cela peut inciter des jeunes à choisir le métier ».  Rendez-vous en 2022 pour le verdict !

Cet article n’engage que son auteur.e

Charlotte Morel

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : le Bassin minier du Nord-Pas de Calais]

Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais désigne un site de 120 000 hectares, classé en 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il regroupe 109 biens individuels qui ont trait à l’histoire de l’extraction du charbon : des fosses (la plus vieille date de 1850), des infrastructures de transport de la houille, des gares ferroviaires, des corons… 

Le site donne à voir un paysage façonné, durant trois siècles (XVIIIe au XXe siècle), par l’extraction du charbon et tout ce qui y est associé, comme le note l’UNESCO : 

  • une architecture particulière et un urbanisme spécifique avec les corons ou les cités-jardins,     
  • l’histoire de l’Europe industrielle,
  • des « éléments physiques et géographiques » caractéristiques (terrils, terres agricoles…), 
  • des « vestiges des équipements de transports » (chemins de fer…)
  • du « patrimoine industriel minier » avec par exemple les bâtiments industriels résiduels 
  • ou encore des  « éléments monumentaux et architecturaux témoins de la vie sociale » (églises, châteaux des dirigeants, sièges sociaux des compagnies…). 

Le site illustre les conditions de vie difficiles des mineurs ainsi que la dangerosité du travail de la mine. Il témoigne également de «la diffusion des idéaux du syndicalisme ouvrier et du socialisme». 

Coron des 120 à Anzin et Valenciennes. Bassin minier du Nord-Pas de Calais (France); Auteur : Hubert Bouvet. Copyright : © Hubert Bouvet, Région Nord-Pas de Calais, 2012.

Lien durable: whc.unesco.org/fr/documents/117353

Le bien inscrit rassemble donc un patrimoine à la fois technique et paysager ainsi qu’un héritage social. Selon les termes de la Convention du patrimoine mondial, le site « présente un paysage culturel évolutif vivant exceptionnel par sa continuité et son homogénéité ».

Ce site s’inscrit dans un patrimoine bien particulier : le patrimoine industriel. Il s’agit d’un patrimoine récent (en France), qui a eu du mal à obtenir de la reconnaissance. Beaucoup de sites miniers ou industriels similaires ont été détruits. La fermeture des mines et usines a participé à produire de multiples friches, souvent rasées au profit d’une nouvelle utilisation. Ainsi, dans les années 1980, nombreux sont les témoignages de l’histoire minière à avoir disparu. L’exemple du centre thermal à Amnéville, celui du parc d’attraction Walygator Grand-Est (anciennement Big Bang Schtroumpf) à Hagondange en Lorraine, tous deux construits à la place d’anciens sites miniers ou encore l’aménagement d’une piste de ski synthétique sur un terril à Nœux-les-Mines dans le Nord-Pas-de-Calais, illustrent ce phénomène qui consiste à « gommer le passé » pour donner une autre fonction aux territoires. Il s’agit d’une stratégie du « tabula rasa» consistant à faire table rase du passé pour donner une nouvelle vie au territoire.

Ce n’est que récemment que la question de la patrimonialisation du paysage de friche industrielle s’est posée. Certains sites sont « devenus » patrimoine en tant que porteurs d’histoire. C’est la prise en compte d’un passé « accepté » qui est à l’origine du passage de cet héritage « encombrant » (friches immenses,  patrimoine industriel minier abandonné…)  vers un patrimoine « reconnu ». Le « territoire-mémoire », comme ces friches industrielles, est  au cœur des enjeux de patrimonialisation actuels en tant que témoignage d’une histoire minière et industrielle mais aussi sociale et collective. En effet, l’on était mineur de père en fils et l’ensemble de ces territoires, ainsi que de nombreuses générations étaient et restent marqués par cette ancienne quasi mono-industrie. 

Lewarde (Nord) Fosse Delloye, Centre Historique Minier. Bassin minier du Nord-Pas de Calais (France), Auteur : Hubert Bouvet

Date : 24/05/2011Copyright : © Hubert Bouvet, Région Nord-Pas de Calais; Lien durable: whc.unesco.org/fr/documents/176688

Pour en savoir plus : http://whc.unesco.org/fr/list/1360/ 

Cet article n’engage que son auteure !

Écrit par Agathe Passerat de La Chapelle

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[Chronique sur le patrimoine UNESCO en France : Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle et l’hôpital des Pèlerins de Pons]

En 1998, l’UNESCO décide de classer au patrimoine mondial 71 édifices remarquables qui bordent les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Empruntées tout au long du Moyen-Age par des pèlerins venant de toute l’Europe, ces routes partent de Paris, de Vézelay, du Puy et d’Arles et mènent jusqu’à l’Espagne, à Saint-Jacques de Compostelle.

Il nous faut remonter à l’an 813 pour comprendre les origines du pèlerinage. C’est à cette date que l’emplacement du tombeau de Saint-Jacques est découvert dans le nord-ouest de l’Espagne, un des douze apôtres du Christ qui a converti la péninsule ibérique au christianisme. On raconte que son tombeau aurait été découvert grâce à la lumière des étoiles convergeant vers l’emplacement de sa sépulture, créant une voûte étoilée. Depuis, des milliers de pèlerins font le voyage pour aller s’y recueillir. Cette voûte céleste, souvent confondue avec un fer à cheval, est représentée par les pèlerins le long des nombreux chemins menant à Saint-Jacques de Compostelle, en référence au Saint Patron qui les protège.

Cette gravure date de l’époque médiévale, elle a été réalisée sur un mur de l’hôpital des Pèlerins de Pons en Charente-Maritime. Ce dernier fait partie des 71 édifices classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il constitue un point relais important de la Haute-Saintonge, entre Saintes et Bordeaux, et possède une architecture remarquable. Au Moyen-Age, cet hôpital pouvait abriter jusqu’à trente pèlerins, ce qui est considérable à cette époque, et il accueillait également les mendiants et les enfants abandonnés, qui recevaient des soins dispensés par des chanoines. Une reproduction de ces scènes figure dans l’hôpital, ce qui permet de réellement s’imprégner de l’histoire du lieu, d’autant plus que des instruments de médecine médiévaux sont exposés.

Cet édifice possède une forte valeur patrimoniale, puisque depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris, la charpente de l’hôpital des Pèlerins est la plus vieille de France connue, elle date de 1230 ! Son bon état de conservation peut s’expliquer par ses matériaux de construction : du chêne et du châtaignier, deux matériaux imputrescibles (qui résistent au temps et éloignent les insectes !).

C’est aussi l’un des plus vieux complexes hospitaliers d’Europe, puisqu’il a été construit au XIIème siècle sous la demande de Geoffroy III, seigneur de Pons, et nous pouvons encore admirer l’impressionnant porche de style roman qui mesure 18 mètres de haut, dont voici une photographie ci-dessous.

Depuis 2003, des jardiniers se sont employés à reconstituer un jardin de plantes médicinales médiévales ! Il est réparti en carrés de plantes suivant leurs propriétés, des plantes qui étaient bien entendu utilisées dans l’hôpital pour soigner les malades. On y trouve plus d’une centaine d’espèces !

Si l’édifice apparait aujourd’hui sous son plus beau jour, c’est parce qu’il a été restauré en 2004. A cette occasion, les vitraux ont été refaits par le maître-verrier Jean-Dominique Fleury avec une approche artistique originale. Son projet s’inspire des portails sculptés romans des églises saintongeaises qui jalonnent la route de Saint-Jacques de Compostelle. Les motifs de ces sculptures, végétaux, rinceaux, entrelacs, sont reproduits en silhouettes sérigraphiées à différentes échelles sur les vitraux, ce qui lui fait dire :

« Des traces du chemin, j’ai décalqué quelques signes, empruntés ici ou là à un portail roman, un ciel de sable. D’un soleil d’or, la couleur s’est ici posée. »

L’Hôpital des Pèlerins est aujourd’hui ouvert au public tous les étés, et sur réservation auprès de l’office de tourisme le reste de l’année. Depuis l’année 2020, il est également devenu un musée archéologique ! En effet, il abrite une collection d’objets allant de l’Antiquité à l’époque moderne, qui proviennent de Pons et ses alentours. Le musée et l’hôpital des Pèlerins se favorisent mutuellement et l’été 2020 a été marqué par une augmentation considérable du nombre de visiteurs !

Si cet article vous a intéressé, nous vous invitons à vous abonner au compte Instagram de l’Hopital des Pèlerins : hopital_des_pelerins_museepons, et pourquoi pas, à venir en Charente-Maritime pour le visiter !

Article de Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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[Le patrimoine mondial naturel de l’UNESCO: la Chaussée des Géants et sa côte ]

            La Chaussée des Géants est située en Irlande du Nord, près du plateau d’Antrim. Il s’agit d’une formation volcanique, caractérisée par environ 40 000 colonnes de basalte de forme polygonale qui s’enfoncent dans la mer et en constituant un pavement. Elles sont issues d’activités volcaniques datant d’il y a 50 à 60 millions d’années. La forme actuelle de La Chaussée des Géants est due à l’érosion par la mer de la coulée de lave basaltique.

La Chaussée des Géants est à l’origine de nombreuses légendes. Certains disent que des géants l’utilisaient pour franchir la mer jusqu’en Écosse, d’où son nom actuel. En Irlandais, elle est nommée Clochán na bhFómharach, ce qui signifie « Le petit tas de pierre des Fomoires » (fomoires = êtres inhumains de la mythologie celtique irlandaise).

Ce site géologique spectaculaire est inscrit depuis 1986 sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO et est considéré comme une symbole de l’Irlande du Nord.

Critères de sélection :

Critère VII : « représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelle ».

Les colonnes de basalte et leur implantation géographique (au bord de l’Océan Atlantique et du plateau d’Antrim) font du site une aire exceptionnelle à la beauté naturelle. Il représente également une trace de l’histoire volcanique et donc d’un phénomène naturel majeur ancien.

Critère VIII : « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ».

La Chaussée des Géants est un témoignage important de l’activité volcanique de l’ère tertiaire de notre planète. Elle est un témoignage d’un processus géologique ancien permettant de mieux comprendre et d’étudier le volcanisme basaltique.

Les différentes strates sont visibles dans les parois des falaises et ont, selon l’UNESCO, « déterminé le processus de compréhension des séquences d’activité de l’histoire géologique de la Terre ».

Gestion du site :

Aujourd’hui, la Chaussée des Géants est un site touristique majeur de l’Irlande du Nord. Les touristes ont commencé à affluer au XIXème siècle, suite à l’ouverture d’une ligne de tramway reliant Portrush (une ville à une dizaine de kilomètre du site) et la Chaussée des Géants.

Le site possède plusieurs statuts participant à sa sauvegarde : patrimoine mondial de l’UNESCO, Résevre naturelle nationale (pour la majeure partie du site), ou encore « Giant’s Causeway and Dunseverick Area of Special Scientific Interest ». Il est également protégé en tant que Area of Outstanding Natural Beauty (AONB) — zone de beauté naturelle exceptionnelle.

Le National Trust détient la majorité des terres du bien. Il s’agit d’une organisation caritative et associative oeuvrant pour la conservation du patrimoine en Irlande du Nord, en Angleterre, et au Pays de Galles. Il s’assure de la gestion du site ainsi que des visites. Il existe par exemple un centre d’accueil pour les visiteurs, dont l’objectif est d’améliorer la qualité de la visite et la sensibilisation à la valeur exceptionnelle du site.

La Chaussée des Géants est menacée dans sa pérennité par l’érosion naturelle qui altère progressivement les affleurements des falaises. Ce phénomène, ainsi que les effets du changement climatique, sont pris en compte dans le plan de gestion du site qui définit les enjeux et objectifs de gestion pour la conservation du bien.

Une autre menace, cette fois humaine, pèse sur la Chaussée des Géants. Il s’agit de l’impact des  nombreuses visites sur le site : déchets, prédation de pierre comme souvenir (interdit), haute fréquentation…

Article de Agathe Passerat de La Chapelle

Cet article n’engage que son auteure.

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