[Idées de Sorties: Les Femmes Photographes de Guerre]

Avec son exposition “Femmes photographes de guerre”, le musée de la Libération de Paris met en lumière l’implication des femmes dans les conflits.


Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole, Anja Niedringhaus. Ces noms ne vous disent peut-être rien. Pourtant, ces huit femmes photographes ont couvert 75 ans de conflits internationaux sur la période allant de 1936 à 2011. 

L’exposition présentée par le Musée de la Libération de Paris souhaite mettre en avant le rôle fondamental joué par ces femmes photographes, dans la formation de l’image de la guerre. Les femmes ont-elles un regard différent de celui des hommes sur la guerre ? Peut-on le percevoir au travers de leurs photographies ? C’est une des questions-clés de l’exposition. 

© Lisa BERDAH

Bien loin des stéréotypes de genre et de la nature fragile qui a longtemps été attribuée aux femmes, les photographies mettent en avant l’implication des femmes dans la guerre, qu’elles soient combattantes, victimes ou témoins. Toutefois, l’objectif de l’exposition n’est pas d’insister sur la place des femmes dans un milieu d’hommes, mais bien de mettre en lumière le regard des femmes sur ces nombreux conflits. La question de la violence de la guerre n’est pas masquée, au contraire. Elle est représentée dans les clichés, avec des portraits particulièrement émouvants, parfois intimes. Cette violence, ces photographes l’ont vécue, certaines ayant même perdu la vie sur le front, en couvrant des conflits. De l’argentique au numérique, ces huit femmes photographes ne représentent pas de la même façon les conflits qu’elles couvrent, puisque « le regard féminin n’existe pas » comme le dit Christine Spengler, photographe française. 

C’est donc au travers de la photographie, outil privilégié pour décrypter l’histoire, que l’on affine notre perception des conflits, que l’on saisit les spécificités propres à chaque guerre. Des conflits européens des années 1930 et 1940 aux guerres internationales les plus récentes, le regard de ces femmes photographes nous éclaire. 

© Lisa BERDAH

En bref, l’exposition “Femmes photographes de guerre” met à l’honneur des femmes qui ont risqué leur vie pour s’informer. C’est la dimension novatrice apportée, qui fait la richesse de l’exposition. Accessible, touchante, poignante, à voir absolument avant le 31 décembre 2022, date de fin de l’exposition ! 

Lisa BERDAH

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[Le cinéma dans le procès de Nuremberg]

Le procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1 e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.

Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des procès de Nuremberg s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1e octobre 1946. 24 hauts responsables du IIIe Reich ont été jugés pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un tel procès fut une première dans l’histoire. De nombreuses discussions concernant les modalités de ce procès
ont abouti à le placer sous l’autorité du Tribunal militaire international créé par les accords de Londres du 8 août 1945.
Ce procès s’est trouvé être doublement inédit : pour la première fois, des preuves cinématographiques ont pu être utilisées et diffusées sur un écran de cinéma dans le tribunal. En parallèle, il s’agissait du premier procès filmé.


***


Le travail des cinéastes a joué un rôle considérable dans le procès. En effet, le réalisateur, John Ford avait confié une mission particulière à deux frères : Budd et Stuart Schulberg. Ayant respectivement 31 et 25 ans, ces anciens soldats vont se
retrouver chargés de réaliser une enquête inédite pour un des plus grands procès de l’histoire.


Le dossier d’accusation était construit sur la notion de conspiration pour crime contre l’humanité et contre la paix dans le monde. Leur mission consistait à pister et rassembler des images et des films. L’écrit n’était, en effet, pas adapté pour décrire l’étendue des atrocités des crimes nazis.


S’il existe peu de traces de l’enquête, des lettres de Stuart Schulberg à sa femme témoignent des étapes et de la difficulté de la mission.


Au début, les deux frères avaient récupéré des images d’actualités dans la presse américaine. Mais la trentaine de documents rassemblés, comprenant notamment le premier discours de Göring, n’a pas été acceptée. Pour preuve, les documents ne pouvaient pas provenir des États-Unis. Il était nécessaire de trouver les œuvres
originales, réalisées par les allemands eux-mêmes, pour ne pas que les avocats de la défense puissent leur opposer que les documents étaient trafiqués. La stratégie étant de faire condamner les accusés sur leurs propres mots !


Après beaucoup de travail, de persévérance et un peu de chance, Budd et Stuart Schulberg ont pu réaliser deux films qui seront diffusés lors du procès, les 29 novembre et 11 décembre 1945.


Une des premières sources utilisées a été le film, monument de la propagande nazie, « Le Triomphe de la volonté » de Leni Riefenstahl, réalisatrice préférée d’Adolf Hitler. Cette dernière a été d’une grande aide notamment dans l’identification des dignitaires présents en 1934 lors du congrès de Nuremberg. Ainsi, ce film permettait à la fois de développer les l’idéologies du IIIe Reich, mais aussi d’inculper des personnes prétendant n’être que de simples fonctionnaires, dont la présence, pourtant, les accusait.
De nombreux autres documents provenant de la découverte d’un service cinématographique nazi ont été rassemblés. Pour Budd Schulberg, les images les plus horribles sur lesquelles il a travaillé sont celles des corps trainés par des bulldozers puis jetés dans des fosses. Sur une de ces images on peut bienconstater que ce sont des photographes allemands eux-mêmes qui prenaient les
photos et filmaient. Il ne s’agissait donc pas pour ces documents de pièces réalisées par les adversaires. Les allemands avaient eux-mêmes filmé ce qu’ils avaient fait !


Le premier film présentait la découverte des camps par les alliés et les conditions qui y régnaient, la découverte des corps et des odeurs, mais aussi l’horreur des crématoires, avec des restes de calcinés. Ces images ont choqué l’assemblée et même les accusés. Göring lui-même, qui ricanait en arrivant, « semblait tétanisé ». Hans Franck, poursuivi pour l’assassinat de 5 millions de
Polonais était resté immobile. Certains accusés semblaient même pleurer. Le fils de Hans Franck racontera plus tard que son père savait exactement ce qu’il s’était passé, mais qu’il n’avait jamais été confronté à ces images. Également, quelques jours après la projection, Rudolph Hans, qui avait toujours prétendu être amnésique, souhaita tout à coup lire une déclaration : il avoua avoir simulé son amnésie pour raisons tactiques, et annonça porter la responsabilité de tout ce qu’il avait fait. Les accusés s’étaient ainsi retrouvés confrontés à l’horreur de leurs propres crimes.

Le second film, projeté : « The Nazi plan », quant à lui, témoignait de la preuve de la préméditation.


***


L’autorisation accordée par les juges de filmer, dans une limite de 35H, cet événement historique constitue la seconde implication du septième art dans le caractère inédit de ce procès. La réalisation d’un film fut confiée au cadet des frères Schulberg.
Les américains s’étaient d’abord retrouvés confrontés à la question de l’utilisation du film. On se demandait s’il devait servir aux mesures de dénazification ou à une échelle internationale, plus large. C’est bien cette dernière solution qui a été retenue ; ce procès inédit concernait le monde entier et pas seulement le monde allemand.


L’objectif des américains, mais aussi des russes qui en parallèle avaient confié au réalisateur Roman Kerman, la réalisation d’un film similaire, était aussi de montrer que, malgré l’énormité du crime, ce procès international devait rester totalement impartial.
La réalisation du film américain s’est trouvée confrontée à plusieurs
difficultés.


D’abord, les conditions pour filmer n’étaient pas favorables, les caméras étant placées derrière de grandes vitres en verre. Ensuite, les opérateurs de l’armée américaine ne parlant pas allemand, ils n’arrivaient pas à capter les moments pertinents. La matière dont disposait Stuart Schulberg pour réaliser le film était donc
limitée. Il a dû jouer sur du « off » en montant des images sur les plans d’écoute d’autres images. Il mettra un an et demi pour finaliser son film, intitulé « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui ».


Malheureusement, cette volonté d’utiliser ce film pour que personne n’oublie ces crimes a été compromise par l’arrivée de la guerre froide. Si le film « Tribunal des peuples » de Roman Kerman est sorti en 1947, le gouvernement américain a annuléla projection de celui de Schulberg. En effet, l’ennemie du bloc de l’ouest n’était plus l’Allemagne, mais l’Union Soviétique !


Ce n’est que quelques années plus tard que la fille de Stuart Schulberg, retrouvant le film, a souhaité le diffuser pour que « la mémoire de ce moment unique demeure vive pour les générations futures ».


Aujourd’hui, ce film est traduit dans 13 langues et diffusé partout à travers le monde. Le procureur Jackson déclarait en effet que « ce procès est d’une importance capitale. » « Il faut bien comprendre que les prévenus incarnent des forces sinistres qui nous hanteront encore bien après que leurs corps soient retournés à la poussière. Ces forces qu’ils symbolisent sont celles de la haine raciale, du terrorisme, de la violence, de l’arrogance et de la cruauté du pouvoir. Ils sont les symboles vivants de la manipulation du nationalisme et de l’esprit le plus féroce. » Ce sont malheureusement les problèmes auxquels le monde se trouve
aujourd’hui encore confronté. La volonté de s’assurer que le monde n’oubliera jamais et tirera les enseignements de ce qu’il s’est passé, n’a peut-être pas été réalisée. Mais, le film « Nuremberg, une leçon pour le monde d’aujourd’hui » restera pour toujours une œuvre cinématographique fondamentale.

Cet article n’engage que son auteur.

Charlotte Gutmann.


Sources :
Arte « Nuremberg : des images pour l’histoire »

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/13/nuremberg-des-images-pour-l-histoire-l-enquete-des-freres-schulberg_6066159_3246.html

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LE STREET ART PARISIEN QUI SOUTIENT L’UKRAINE

À Paris comme ailleurs, les artistes soutiennent les Ukrainiens avec des messages de paix et de solidarité en forme d’images dans les murs. L’Ukraine est pleine de street art et plusieurs artistes français et parisiens y voyagent pour les voir.

Dans le 13e arrondissement, au boulevard Vincent Auriol, on apprécie l’oeuvre de Djoulay Papaye. L’artiste signe ici une fresque pour la Paix, pour l’Ukraine, pour la Vie, pour l’Avenir, pour les Femmes, pour les Innocents.

À Rue Barrault, 11 femmes street artistes sont intervenues en live painting à l’occasion de la Journée des Droits de la Femme. La street artiste Carole B Collage a décidé de changer son oeuvre initiale pour soutenir les Ukrainiens et Ukrainiennes : Wonder Woman couronnée de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, du violet pour la couleur symbolique de la lutte pour le droit des femmes et de l’égalité, mais aussi car la couleur de Marianne à l’international. Ensuite, on lit « Liberté, Égalité, Solidarité » avec les dates de déclaration d’indépendance, proclamée à Kiev en 1917 et le 24 août 1991. Sur son compte Instagram elle a déclaré “Non à la guerre, non à l’injustice”. 

À la Butte aux Cailles, terrain des street artistes, on découvre de nombreuses oeuvres en soutien pour l’Ukraine. « Fight for your rights« , de l’artiste Kelu Abstract, juste en face de l’oeuvre de son ami Jeff Aérosol.

Dans la rue Domrémy et Patay, on voit l’œuvre de Christian Guémy, ou C215, qui rend hommage aux anonymes, victimes et héros de la guerre. Pour l’artiste, cette œuvre, de la taille de 4 étages, représente un enfant universel, avec une couronne de fleurs sur la tête, « symbole des pays slaves ». Il s’est inspiré d’une citation du résistant Ukrainien Volodymyr Zelensky: « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les à chaque fois que vous prendrez une décision ».

L’artiste Bebar a décrit son œuvre sur Instagram: « Fresque peinte en soutien au peuple Ukrainien. Il m’a été très difficile de trouver les mots justes lors de l’inauguration. En tant qu’artiste, je me devais de participer bénévolement à cette cause, mais aussi comme citoyen pour prôner la Paix et la Liberté et dénoncer cette guerre fratricide !»

À la rue Buot, on voit la petite fille de Julien Mallan, plus connue comme Seth Globepainter qui représente les enfants qu’il a rencontré en Donbass, l’une des régions ukrainiennes au cœur du conflit.  Au HuffPost US, il a déclaré: “Ce dessin symbolise le courage des Ukrainiens face à l’invasion russe (…) je sais à quel point il est important pour les personnes qui vivent cette situation dramatique de savoir que nous pensons à elles”.

On suggère alors la sensibilisation des habitants de Paris et des touristes dans un détour au 13 ème arrondissement pour voir les dénonciations des artistes à Paris contre la guerre et leur compassion, sensibilisation et soutien aux victimes et à la paix en Ukraine.

SOURCE : https://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/272465-quand-le-street-art-soutient-l-ukraine-a-paris

LUISA MARUJO IBRAHIM

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[Portraits de la semaine: Raymond Aron, philosophe de la paix et de la liberté]

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Dans un moment de l’histoire où la guerre frappe aux portes de l’Europe, où la paix est mise en discussion et menacée, il y a un philosophe dont la lecture pourrait nous aider à éclaircir l’actualité, à l’interpréter et l’analyser : Raymond Aron, et ses écrits tels que Paix et guerre entre les nations (1962), Essai sur les libertés (1965), Démocratie et totalitarisme (1965), et beaucoup d’autres ouvrages qui ont marqué l’histoire de la philosophie politique et de la sociologie du XXème siècle.

Ecrivain prolifique et intellectuel indépendant, Raymond Aron naît à Paris en 1905 et il intègre en 1924 l’École Normale Supérieure, la même année que Paul Nizan et Jean-Paul Sartre, avec lequel il entretiendra pour toute sa vie une relation assez compliquée : amis pendant les années de la rue d’Ulm, les deux intellectuels commencent à avoir des divergences au niveau politique, divergences qui s’accentuent quand Aron prend les distances à l’égard du maoïsme de Sartre, pour se rapprocher de la pensée libérale. 

Si – dans l’ouvrage homonyme – Aron se définit « spectateur engagé », c’est pour souligner, d’un côté, la nécessité d’une prise de position, du choix, de la décision politique qui accompagne l’intellectuel engagé et, de l’autre côté, la lucidité du spectateur, c’est-à-dire l’observation, l’analyse lucide d’une personne qui regarde les faits sans prétendre jouer un rôle moralisateur, le rôle du grand maître moralisateur qu’il faut suivre. 

         C’est aussi grâce à cette posture engagée et, en même temps, détachée que les analyses philosophiques, sociologiques et politiques de Raymond Aron présentent une lucidité qui est très souvent synonyme d’indépendance intellectuelle, de refus du dogmatisme : sans jamais adhérer aveuglément à une idéologie préconstituée, l’auteur de l’Essai sur les libertés explique les événements de son époque en gardant une liberté intellectuelle à laquelle beaucoup de ses contemporains avaient renoncé. 

         Confiant dans le progrès sans l’idolâtrer, Raymond Aron a toujours incarné une manière de penser modérée et pondérée, plus encline au dialogue et à la réflexion qu’aux solutions extrêmes. La philosophie aronienne est une philosophie de la liberté et de la paix dans la mesure où elle dénonce toute forme de totalitarisme, phénomène que l’auteur de Démocratie et totalitarisme analyse et définit en cinq points :

« 1. Le phénomène totalitaire intervient dans un régime qui accorde à un parti le monopole de l’activité politique.

2. Le parti monopolistique est animé ou armé d’une idéologie à laquelle il confère une autorité absolue et qui, par la suite, devient la vérité officielle de l’État.

3. Pour répandre cette vérité officielle, l’État se réserve à son tour un double monopole, le monopole des moyens de force et celui des moyens de persuasion. L’ensemble des moyens de communication, radio télévision, presse, est dirigé, commandé par l’État et ceux qui le représentent.

4. La plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l’État et deviennent d’une certaine façon, partie de l’État lui-même. Comme l’État est inséparable de son idéologie, la plupart des activités économiques ou professionnelles sont colorées par la vérité officielle.

5. Tout en étant désormais activité d’État et toute activité étant soumise à l’idéologie, une faute commise dans une activité économique ou professionnelle est simultanément une faute idéologique. »

(Aron, Raymond, Démocratie et totalitarisme, 1965, coll. Idées, Gallimard, Paris)

Cette lucidité analytique se retrouve également chez l’Aron théoricien des relations internationales : on fait référence, entre autres, à des ouvrages comme Paix et guerre entre les nations (1962), où la réflexion sociologique se mêle à une observation attentive des actualités géopolitiques, où la théorie du philosophe s’unit à l’expérience pratique du journaliste, comme le montre la division de l’œuvre elle-même, dont les quatre parties sont, successivement, « théorie », « sociologie », « histoire » et « praxéologie ». 

Complexe et hétérogène, l’œuvre de Raymond Aron se situe au carrefour entre plusieurs disciplines, en touchant des sujets différents et variés : des relations internationales à la politique interne française, de l’histoire à la sociologie, toujours avec un esprit libre, une indépendance intellectuelle assez rare, un attachement sincère aux valeurs de paix et liberté.

Cet article n’engage que son auteur

Emilia Bezzo

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« De l’appropriation culturelle dans les boutiques souvenirs ? La difficile protection du patrimoine artisanal et artistique autochtone au Canada »

{Disclaimer. Dans cet article, l’appellation « Autochtone » est employée à plusieurs reprises. Il s’agit de la formule politiquement correcte en vigueur dans le contexte canadien, acceptée et utilisée par les peuples autochtones afin de se définir. C’est un terme générique qui englobe l’ensemble des trois peuples autochtones vivant sur le territoire canadien : les Premières Nations, les Inuit et les Métis}.

En 2012, le peuple Navajo engage des poursuites judiciaires à l’encontre de la marque américaine Urban Outfiters en raison de l’utilisation frauduleuse de la marque déposée « Navajo » pour l’une de ses collections de prêt-à-porter. Le verdict est rendu en 2016 : Urban Outfiters remporte le procès en vertu du principe de générification ; l’appelation d’une marque déposée pouvant expirer lorsque celle-ci est surutilisée dans la sphère publique. Les artisans et les artistes du peuple Navajo ne sont donc plus les seuls à pouvoir produire des marchandises faisant référence à leur culture. Cette affaire, largement médiatisée, va pousser les marques à avoir désormais recours à des formules détournées, telle que « d’inspiration amérindienne », afin d’éviter toute poursuite judiciaire. La protection intellectuelle des artistes autochtones devient alors beaucoup plus complexe.

Si le fait divers est ancien, il met cependant en relief une réalité toujours actuelle : celle d’une appropriation culturelle de l’art et de l’artisanat autochtone. Il faut cependant noter que les situations divergent grandement entre les Etats-Unis et le Canada. L’Indian Arts and Craft Act of 1990 états-unien interdit strictement toute production qui se rapporte à l’artisanat et à l’art autochtone par une personne non-autochtone. Cela a eu pour conséquence la création d’un marché artisanal et artistique authentique, offrant une protection économique aux artisans et une protection contre l’appropriation culturelle pour les peuples autochtones. Au Canada en revanche, la question est beaucoup plus épineuse.

La protection de la propriété intellectuelle autochtone rencontre un problème majeur au Canada du fait des dispositions particulières de la Loi sur les Indiens de 1876 encore en vigueur aujourd’hui. En effet, des individus peuvent être de culture autochtone sans être titulaire du statut légal d’« Indien » ; il s’agit alors d’« Indiens non-inscrits ». Si une législation similaire aux Etats-Unis venait à être adoptée au Canada, elle exclurait ainsi une partie des artistes et des artisans autochtones en dépit du fait qu’ils s’identifient comme tel et revendiquent une culture autochtone. En conséquence, la reconnaissance politique du patrimoine matériel autochtone rencontre des limites qui rendent impossible la mise en place d’une législation fédérale stricte afin de protéger les artisans et les artistes qui font perdurer cet héritage traditionnel. La reconnaissance du patrimoine matériel autochtone demeure cantonnée au domaine du symbolique au Canada.

Cette reconnaissance est insuffisante face à la recrudescence de la production de marchandises, principalement à destination des boutiques souvenirs, ayant attrait à la culture autochtone. Pourtant, cela est doublement préjudiciable pour les nations autochtones.

Tout d’abord, cette production non réglementée peut-être perçue comme problématique d’un point de vue mémoriel. En effet, cela revient à considérer les objets artistiques et artisanaux autochtones comme des marchandises ordinaires alors ces dernières portent le poids de politiques colonisatrices. A titre d’illustration, la production artisanale des Premières Nations était prohibée par la loi fédérale canadienne de 1876 à 1951 dans le cadre des lois d’assimilation. Beaucoup de ces objets ont perdu au cours de la colonisation leur valeur symbolique traditionnelle, devenant alors de simples artefacts et des marchandises monnayables.

En outre, la question est également économique. En raison de la compétition de marché, les artisans et artistes autochtones bénéficient moins des gains générés par leurs activités. L’artisanat et l’art traditionnels sont pourtant un moyen de générer des revenus et créer des emplois dans une société où les inégalités économiques perdurent et touchent principalement les communautés autochtones.

Ainsi, bien que cela semble anecdotique, le manque de vigilance d’un touriste peut priver des artisans et artistes autochtones de la reconnaissance de leur savoir-faire et art traditionnels mais également des gains économiques générés par leurs activités. Afin de soutenir ces artistes et artisans autochtones, au Canada comme ailleurs, il est possible de s’assurer de l’authenticité d’un produit en vérifiant que l’étiquette comporte le nom de l’artiste, de sa nation et de sa communauté d’origine ainsi que la mention « Art autochtone authentique ».  

Article de Camille Lecerf

Cet article n’engage que son auteure

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[Un art encore assez méconnu : la marqueterie de paille]

La marqueterie de paille est un savoir-faire artisanal apparu au 17ème siècle en Europe. C’est une technique de décoration et de sublimation d’objets. Cette technique demande beaucoup de connaissances techniques et de patience. En effet les artisans travaillent doivent travailler en collaboration avec leur fournisseur afin de se procurer la matière première dont ils ont besoin. 

Malheureusement cet art perd vite son succès et tombe dans l’oubli pendant des siècles. C’est à partir de la volonté de restaurer des objets d’art que l’intérêt pour la marqueterie de paille a fait son retour. C’est alors que dans les années 1920 que deux hommes, Jean Michel et André Groult se lancent à la fois dans la restauration d’anciens objets et la confection de nouveaux, et permettent à la marqueterie de vivre un nouvel essor. 

La paille est un matériau qui a toujours été associé au pauvre, fragile et sans valeur. Cependant il est tout à fait surprenant d’apprendre avec la marqueterie, que la paille est finalement un matériau solide grâce au vernis de silice naturel qu’elle possède, lui permettant d’être imperméable et résistant à la chaleur. Ce qui fait son charme est nul doute son aspect soyeux et brillant. La paille a aussi comme avantage d’être cultivée en abondance et est peu coûteuse. 

En marqueterie, c’est la paille de seigle qui est utilisée et cultivée en Bourgogne. Elle subit de nombreux processus, en deux temps,  premièrement nous avons la coupe, le séchage et la teinture qui sont entrepris à la main ou par des machines artisanales. Par la suite, les artisans travaillent paille par paille en la fendant en deux, puis encollée et finalement aplatit, tout ça à la main avec très peu d’outils. 

Aujourd’hui la marqueterie de paille s’est fait une place d’honneur dans le luxe, et recouvre parfois des murs entiers. Même si cet art redevient prisé, on ne dénombre que quelques dizaines de marqueteurs en France, et cela est sûrement dû au fait qu’il n’existe pas une formation exclusivement dédiée à cette formation puisque celle-ci découle seulement d’une option dans la formation d’ébéniste. 

Source de l’image : Collections in the Musée Crozatier of Le Puy-en-Velay

Pour plus d’informations, voici les sources : 

https://artisanat-france.fr/la-marqueterie-de-paille-un-metier-dart-encore-meconnu/

https://www.lci.fr/societe/video-marqueterie-de-paille-un-savoir-faire-ressuscite-2201761.html

Cet article n’engage que son auteur,

Aurélie Ménard .

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[Rubrique culturelle : le Festival des lanternes au Jardin des plantes à Paris]

Chaque année au jardin des plantes se déroule le Festival des lanternes. Cette année, le thème du festival est “l’Évolution en voie d’illumination” et se déroule du 29 novembre 2021 au 30 janvier 2022.

Cette balade permet de découvrir en immersion des espèces anciennes éteintes et pour la plupart méconnues du grand public, de façon pédagogique puisque certaines des lanternes mesurent jusqu’à 30 mètres de long. En effet, au-dessus de chaque lanterne, une plaque d’explication présente le nom de l’espèce et ses particularités. Certaines des lanternes sont mécaniques et animent ses géants lumineux.

Cette expédition est divisée en quatres parties : 

Elle commence avec “les origines de la vie” (DE -3 700 À -490 MILLIONS D’ANNÉES) qui présente les premiers témoignages d’espèces vivantes qui sont exclusivement marines. Ensuite, les visiteurs sont dirigés vers l’ère primaire (DE -490 À -250 MILLIONS D’ANNÉES), dite Paléozoïque, lors de laquelle les organismes commencent à s’adapter au milieu terrestre. Après cela, c’est le temps de l’ère secondaire (DE -250 À -66 MILLIONS D’ANNÉES), dite Mésozoïque, où la végétation prolifère et trônent des dinosaures. Enfin, nous arrivons dans l’ère tertiaire (DE -66 MILLIONS D’ANNÉES À NOS JOURS), dite Cénozoïque : c’est à cette période que des perturbations telles que des éruptions et des chutes de météorites modifient la biodiversité. Par exemple, certaines espèces disparaissent et permettent à d’autres d’apparaître.

Les différentes parties se distinguent et se lient à la fois grâce aux couleurs très variées utilisées pour habiller les lanternes et aux imprimés de tissus qui permettent de créer du relief. La magie se révèle grâce aux lumières qui siègent en leur sein.  

C’est une visite d’un monde scientifique et préhistorique ouvert à tous : les lanternes et leurs descriptions permettent aussi bien aux petits qu’aux grands de découvrir, d’apprendre et d’imaginer cet univers souvent perçu comme trop complexe. 

L’article n’engage que son auteure

Ménard Aurélie 

Sources des images : Aurélie Ménard Autrice

Sources :  Jardin des plantes, Jardin des plantes de Paris

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[Portrait de personnalité inspirante: Vivian Maier – exposition rétrospective ]

Depuis le 15 septembre, une exposition sur la célèbre photographe Vivian Maier à lieu au musée du Luxembourg. 

Elle est née le 1er février 1926 à New-York mais passa toute son enfance en France auprès de sa mère. C’est le 16 avril 1951 qu’elle retourne à New York et commence à travailler  comme nourrice dans des familles aisées. C’est aussi à partir de ce moment qu’elle acquiert son premier Rolleiflex. 

Vivian Maier est décrite comme une personne très discrète et loin d’être la personne la plus chaleureuse. Tout le monde s’accorde pour dire qu’elle était très mystérieuse puisqu’à l’époque personne ne savait qu’elle occupait tout son temps libre à la pratique de la photographie. Tombée dans la misère, ce sont les enfants Gensburg qu’elle gardait qui l’ont reconnu et aidé à sortir de cette situation. Malheureusement, elle décéda le 21 avril 2009 dans la maison qu’ils lui avaient achetée. 

Alors que notre photographe est décédé sans avoir partagé son secret et ses travaux, c’est John Maloff qui les à découvert quelque temps après, lorsqu’il à acquis quelques cartons d’une vente aux enchères. Son but était de trouver des clichés afin d’illustrer un livre d’Histoire locale, c’est alors qu’il tombe sur le nom de notre photographe et entame des recherches. En avril 2009, il réussit à rencontrer les frères Gensburg qui lui racontent la vie de leur nourrice. John Maloff décide par conséquent de commencer à trier et à numériser le travail de Vivian Maier, puisque selon lui, il fallait que ce travail soit montré au monde entier. 

Dès lors, il organise la première exposition au Chicago Cultural Center, en la nommant “ Finding Vivian Maier”. Ce fût un succès immédiat, et Vivian Maier est enfin reconnue comme une photographie célèbre malgré elle.  Puisque les conditions de la découverte de cette artiste sont assez originales et étonnantes, John Maloff coproduit un documentaire sur cette histoire nommé Finding Vivian Maier comme la première exposition. C’est réellement à partir de cette date que les grandes institutions culturelles organisent des expositions sur cette mystérieuse photographe qui fascine tout le monde. 

Si vous voulez vivre une expérience originale et comprendre davantage le travail de cette mystérieuse Vivian Maier, l’exposition rétrospective au Musée du Luxembourg vous accueille jusqu’au 16 janvier 2022. 

Cet article n’engage que son auteur, 

Ménard Aurélie.                 auteur de la photo : Legio Photos VIISource : https://www.grandpalais.fr/fr/article/qui-est-vivian-maier

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[Patrimoine français: Le Palais du Luxembourg, un palais français pour une princesse toscane]

Le Palais du Luxembourg est l’un des lieux majeurs de la politique en France, dans la mesure où il abrite la chambre haute du Parlement français, le Sénat. Mais le Palais du Luxembourg est avant tout, comme son nom l’indique, un palais qui a été témoin de l’histoire de la France et qui, par conséquent, fait aujourd’hui partie de son patrimoine. C’est pourquoi nous allons aujourd’hui vous parler de l’histoire du palais et de ce qu’il apporte au patrimoine français.

Histoire du Palais du Luxembourg

En 1610, Marie de Médicis, femme du roi Henri IV, vit au Louvre. Après l’assassinat de son mari par François Ravaillac, elle décide d’acheter un domaine comprenant un hôtel particulier du XVIe siècle, qui appartient au duc de Luxembourg. Elle part y vivre avec son fils, le futur roi Louis XIII, dans le nouveau palais agrandi. Mais en 1631, Marie de Médicis est exilée sur ordre de son fils, après la “journée des Dupes”. C’est à partir de ce moment-là que Louis XIII décide de se fier non plus à sa mère mais au cardinal Richelieu afin de gouverner.

Louis XVIII devient le propriétaire du palais à la fin du XVIIIe siècle, mais doit fuir en 1791 à cause de la Révolution française et le Palais du Luxembourg devient une “propriété nationale”. Durant la Terreur, le palais sert de prison, avant que les cinq membres du Directoire s’y installent en 1795. Bonaparte occupe le Palais du Luxembourg en 1799 alors qu’il est Premier consul, avant de laisser la place au Sénat, puis à la Chambre des pairs.

En 1944, le palais devient le siège de l’Assemblée consultative provisoire, avant que le Sénat ne prenne sa place en 1958. L’hôtel original, que l’on appelle aujourd’hui le Petit Luxembourg, est quant à lui désormais la résidence officielle du président du Sénat.

Marie de Médicis (1575-1642), son fils Louis XIII (1601-1643), le cardinal Richelieu (1585-1642)

Un Palais français à l’italienne

C’est en 1615 que Marie de Médicis commande la construction d’un nouveau palais. En effet, ayant vécu son enfance au Palais Pitti à Florence, la reine-mère s’ennuie dans un Louvre en piteux état et souhaite retrouver l’esprit florentin. Elle envoie Clément Métezeau à Florence pour étudier le modèle du Palais Pitti, dans le but de construire un palais qui en serait inspiré. Elle finit par retenir les plans de Salomon de Brosse, qui propose l’emploi du brossage de pierre à la place du mélange brique/pierre. En 1624, Marin de la Vallée prend sa relève.

Mais le Palais du Luxembourg comprend de nombreuses caractéristiques propres aux châteaux français telles que la cour carrée, la cour d’honneur, le dôme et les pavillons redoublés dans le corps du logis. Au passage, on peut remarquer que si le jardin du Luxembourg est ouvert en public la journée, il est fermé et gardé par l’armée la nuit dans la mesure où il appartient au domaine du palais.

Le nombre de sénateurs grandissant sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), des travaux sont lancés afin de permettre à la salle des séances de tous les accueillir. Ces travaux sont confiés à l’architecte Alphonse de Gisors en 1837.

Un palais-musée à la gloire des rois de France

Dès le milieu du XVIIIe siècle, le Palais du Luxembourg s’illustre comme musée, témoin de l’évolution de la monarchie et, ultérieurement, de l’évolution des régimes politiques en France.

Par exemple, une série de toiles consacrée à la reine-mère est commandée lors de la construction du palais à Rubens. En 1750, la galerie royale de peinture du palais est ouverte à l’emplacement de la galerie de Marie de Médicis. Ce premier musée d’art ouvert au public en France expose une sélection des Tableaux du Roi et préfigure la création du musée du Louvre en 1793.

La salle des conférences, qui se constitue de plusieurs appartements réunis par Napoléon III est sans aucun doute la salle la plus impressionnante du palais. A ses extrémités se trouvent des plafonds en cul-de-four (des voûtes en forme de quart de sphère) qui représentent des personnages célèbres de l’histoire de France, comme Charlemagne ou Jeanne d’Arc. Dans la coupole sont visibles Napoléon I et Napoléon III, qui s’inscrivent dans la continuité des figures emblématiques de l’histoire de France.

Si la plupart des richesses culturelles visibles représentant la monarchie et les empires (on peut voir le trône de Napoléon I et des statues qui représentent ses conquêtes), des bustes de Marianne, figure de la République, sont aussi exposés.

Une autre salle est remarquable : la salle du livre d’or. Cette salle voûtée, qui tient son nom des 400 grammes de feuilles d’or la recouvrant, a été décorée par Pierre Thomas Baraguay, qui a réutilisé des boiseries provenant d’autres salles du palais. Le tableau qui figure au centre du plafond est dédié à Marie de Médicis, représentée comme une figure apportant la paix.

Mais le buste à l’effigie de la reine-mère qui semble admirer la pièce, rappelle l’opinion que le peuple français avait d’elle à l’époque. Marie de Médicis était en effet considérée comme une grande dépensière ; c’est d’ailleurs elle qui avait demandé à ce que des motifs bleus, la couleur la plus chère à produire à l’époque, soient présents dans toute la pièce.

L’hémicycle du palais, qui date du XIXe siècle, comprend lui aussi plusieurs statues marquantes. Les sept statues principales représentent des rois illustres tels que Saint-Louis, des personnages de la monarchie française, mais également Malesherbes et Jean-Etienne Portalis, qui ont respectivement participé à la rédaction de l’Encyclopédie et du Code civil.

Sur certains sièges, que les sénateurs choisissent eux-mêmes en début de mandat, sont gravés les noms de sénateurs célèbres qui s’y sont assis. On peut notamment y voir celui de Victor Hugo. Pour l’anecdote, lorsque Victor Hugo était sénateur, il a dû débattre sur le nombre d’heures de travail imposées aux enfants face à un autre sénateur s’appelant Louis Jacques Thénard. N’ayant pas emporté le débat, Victor Hugo s’est ensuite vengé en utilisant le nom de son opposant pour son roman Les Misérables, et plus particulièrement pour la famille Thénardier.

Si ces trois salles sont représentatives du Palais du Luxembourg, il y en a encore bien d’autres, toutes aussi magnifiques : la bibliothèque Médicis (salle située sous le dôme du palais et peinte par Eugène Delacroix), la galerie des bustes, la salle de l’escalier d’honneur

Nous espérons tout de même que cet aperçu du Palais du Luxembourg vous aura donné envie de le visiter lorsque vous en aurez l’occasion, que ce soit lors des journées du patrimoine ou de visites guidées, régulièrement organisées par les associations étudiantes de la région !

Sources : Sénat, Palais du Luxembourg

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde VARBOKI

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[Le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais]

Pour anticiper le podcast sur le processus de formation du dossier d’entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO du Touloulou, nous vous proposons aujourd’hui un article pour vous présenter ce personnage énigmatique du Carnaval guyanais. 

Unique en son genre, le carnaval de Guyane est le plus long du monde. La fête commence, début janvier, pour se terminer entre février et mars. C’est l’un des événements majeurs en Guyane. Lorsque l’on se penche sur son histoire, on se rend compte que cette fête appartient à la culture créole, même si elle a pour origine celle qui est pratiquée en Europe sous le même nom.

Lors de la colonisation, les européens fêtaient en effet le Carnaval, mais interdisaient aux esclaves de participer aux réjouissances. Ces derniers, bravant l’interdit, organisaient alors des fêtes clandestines. Cela leur permettait notamment de fêter, comme leurs ancêtres africains, la fertilité et les moissons. Cela leur permettait également de tourner leurs maîtres en dérision. C’est dans ce contexte qu’est né le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais. 

         Le Touloulou est en effet le personnage le plus typique du Carnaval guyanais. C’est une femme habillée élégamment de la tête aux pieds. On ne peut pas la reconnaître : elle change de parfum, de chaussures, couvre toutes les parties de sa peau, rajoute des boudins sous sa robe pour masquer ses formes. Elle porte également une cagoule et de longs gants pour garantir son anonymat. Certaines mettent même des lentilles colorées, et changent leur voix. 

Ce personnage représente les femmes bourgeoises des 18e et 19e siècles, bien habillées et toujours habillées de la tête aux pieds. 

Le Touloulou a été inventé pour caricaturer les épouses des maîtres de plantation. Son apparition s’est faite peu avant l’abolition de l’esclavage, mais il a permis plus tard de casser les barrières sociales qui perduraient entre les personnes noires – les nouveaux affranchis – et les blancs – leurs anciens maîtres. 

Durant le bal du samedi soir, aussi appelé « université », le Touloulou est la reine de la soirée. Il danse et invite des hommes à le rejoindre pour fêter toute la nuit le Carnaval. Véritable institution, il doit respecter un certain nombre de commandements car ces dernières décennies, ses défenseurs ont noté de la négligence dans son attitude : 

1.     Pour éviter les mauvaises interprétations : marrainez le Touloulou « lakrèch ».

2.     Que la danse et la musique restent le centre d’intérêt du bal masqué.

3.     Que le masque protège l’anonymat obligatoire du Touloulou.

4.     Tu respecteras la liberté des autres pour être libre de toi.

5.     La discrétion, la subtilité de tes gestes rendront hommage.

6.     Le bal masqué ne doit pas, par ton attitude, devenir une maison close.

7.     N’assimilez point ces lieux mythiques aux boîtes de nuit ou aux chambres d’hôtel.

8.     Soyez charmeuse sans être sangsue, le Touloulou passe partout, voit tout, mais ne doit jamais s’accrocher.

9.     Faites-vous désirer et non détester.

10.  La sagesse nous permettra d’apprécier jusqu’à la fin des temps cette coutume unique chez nous.

Si vous souhaitez connaître plus amplement le personnage du Touloulou, vous pouvez écouter notre podcast sorti récemment en collaboration avec l’Observatoire régional du Carnaval guyanais et son Vice-président Brunel Boutrin ! 

Vous pouvez également vous rendre sur le site de Guyane Amazonie pour voir plus en détail les différents personnages du Carnaval et de jolies images sur les manifestations ! https://www.guyane-amazonie.fr/le-carnaval-de-guyane

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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