Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964 Le rôle de la lecture et la place des livres, dans l’enfance et la formation de l’un des plus grands écrivains du XXème siècle : Jean-Paul Sartre.
Né au milieu des livres, entouré par ces objets si énigmatiques et si séduisants, Sartre nous fait découvrir les œuvres qui l’ont accompagné pendant sa vie : loin d’être une simple activité intellectuelle, la lecture est ainsi présentée comme véritable moyen d’accès à l’univers, au monde, à la réalité. L’univers livresque semble, dans l’enfance du jeune Sartre, précéder et façonner le monde, toujours filtré par la littérature, regardé et conçu à travers la littérature et les mots. « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres », Sartre résume ainsi la substance de ce roman autobiographique, qui se veut tout d’abord éloge de la lecture et, par-là, de l’écriture, de la place de l’écrivain dans le monde.
Marcel Proust, Sur la lecture, 1906.
Dans cet essai paru en 1906, texte qui annonce la Recherche du temps perdu, Proust revient sur sa propre expérience avec les livres, à partir de leur découverte dans son salon à Illiers. Fascinants et mystérieux, les livres attirent l’attention du jeune Proust, qui accède ainsi à une expérience – la lecture – faite de sensations et de jouissance, de méditation et solitude. C’est justement sur l’élément de la solitude que l’auteur insiste quand il parle de la lecture, qui semble demander le silence et le calme que la solitude seule peut réaliser. A travers des descriptions détaillées et structurées, qui annoncent la Recherche, Proust nous plonge dans son univers littéraire, dans son rapport intime, direct, émotionnel avec les livres, qui deviennent ainsi les véritables protagonistes de cet essai intense et court dans lequel se condense l’essence du rapport de l’écrivain avec la lecture, conçue comme pratique qui fonde et rend possible l’écriture.
La Bibliothécaire, Gudule, 1995.
Dans sa quête éperdue pour retrouver un grimoire magique, Guillaume va devoir plonger au cœur du pays des livres. Au cours de son voyage, il rencontrera les personnages les plus marquants de la littérature française, de Gavroche au Petit Prince. Gudule, grande plume des années 90-2000, est bien connue pour la très grande créativité de ses récits mais aussi pour son humour toujours mordant. Dans ce texte destiné à la jeunesse, elle met en scène un jeune héros attachant dans lequel il est facile de se retrouver. On se souvient alors avec émotion de ses premières découvertes livresques et on retrouve avec plaisir des personnages bien connus, ici revisités avec talent. Le livre est également idéal pour donner aux plus jeunes le goût de la lecture et leur permettre développer leur imaginaire.
Magus of the Library, Mitsu Izumi, 2019.
Shio est un jeune garçon rêveur vivant dans un village isolé, au sein d’une contrée imaginaire. Timide et moqué pour ses grandes oreilles, il a du mal à s’intégrer et préfère souvent la compagnie des livres à celle des autres adolescents. Sa vie va changer le jour où il se voit offrir l’opportunité de passer un concours afin de devenir Kahuna : c’est-à-dire travailler à la conservation des livres au cœur de la plus grande bibliothèque du pays. Cette série de manga a connu un grand succès au Japon avant d’être récemment traduite en français : quatre tomes sont parus à ce jour. Notamment acclamé pour la grande qualité de son dessin et pour ses personnages particulièrement drôles et humains, Magus of the library comporte également quelques touches de magie ainsi que de très beaux messages sur l’acceptation.
Fahrenheit 451, Ray Bradbury, 1955.
Dans ce grand classique du genre dystopique, posséder des livres est un crime et une brigade spéciale est chargée de détruire tous les textes sur lesquels elle peut mettre la main en les brûlant. Le titre fait d’ailleurs référence à la température de combustion du papier. Montag, qui appartient à cette escouade un peu particulière, se dresse peu à peu contre cette idée de brûler les livres, de détruire l’accès à la culture. Il est alors considéré comme dangereux et impitoyablement pourchassé. Acclamé mondialement, Fahrenheit 451 est un texte essentiel sur la liberté d’expression et sur l’importance des livres dans la construction d’une société éclairée et libre. Écrit dans le contexte de la guerre froide et plus particulièrement du maccarthysme, le chef-d’œuvre de Ray Bradbury est demeuré aujourd’hui d’une troublante pertinence. Il contient par ailleurs des passages sublimes qui sont de véritables déclarations d’amour à la lecture.
Tout le monde connaît Pompéi, mais connaissez-vous Joya de Ceren, lié à elle par le même sort tragique ?
L’incroyable conservation du site archéologique de Pompéi suite à l’éruption du Vésuve en 79 en fait un élément prédominant pour les recherches sur la civilisation antique.
Cependant, il n’est pas le seul à avoir laissé aux chercheurs des clefs de compréhension d’une civilisation toute entière : Joya de Ceren en fait partie. L’éruption du volcan Laguna Caldera en 600 engloutit ses 3200 hectares, figeant dans l’éternité la vie quotidienne de plusieurs centaines de mayas.
Situé au Salvador en Mésoamérique, ce site retrouvé sous cinq mètres de cendres est appelé le « Pompéi d’Amérique » du fait de son incroyable préservation grâce à l’éruption volcanique.
Aucune trace des habitants n’a été retrouvée en fouilles, ce qui fait dire aux chercheurs qu’ils abandonnèrent sans doute la ville peu de temps avant l’éruption. En effet, les premiers signes visibles de la catastrophe furent, selon les scientifiques, des jets de vapeur s’écoulant dans la rivière Sucio à proximité de Joya de Ceren (éruption phréatique). La population, sûrement effrayée, a dû partir avant que les cendres du volcan ne commencent à engloutir la cité, laissant leurs activités en suspens.
Les restes organiques, qui ont quasiment entièrement disparu sur les autres sites, ont pu être conservés à Joya de Ceren. En effet, la première nuée de cendres tombée était d’une température de 100°C, ce qui a permis à ces matières qui ne résistent habituellement pas au temps de se fossiliser instantanément. Les archéologues ont pu constater grâce à ce rare phénomène que les habitations étaient recouvertes de toits de chaume. Des restes d’aliments bien conservés ont également été retrouvés : le site de Joya de Ceren est le seul dans toute l’aire maya à avoir livré des informations aussi complètes sur le régime alimentaire de cette civilisation ! La découverte d’un champ de manioc a également offert une preuve irréfutable de son exploitation dans cette région.
Concernant l’architecture, les constructions en terre ont donc subsisté, et ont livré des informations capitales sur les pratiques quotidiennes. Bâtiments publics, saunas, bains de vapeurs, cuisines : tous ces ensembles ont permis de comprendre l’organisation socio-spatiale d’un site Maya à la période Classique.
Le site, découvert accidentellement en 1976, est fouillé continuellement depuis plus de 40 ans. En 2018, des ossements humains accompagnés d’un couteau d’obsidienne ont été retrouvés : il s’agit de la première sépulture découverte sur le site. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, et de nombreuses révélations sont encore à venir puisque seulement douze bâtiments ont été fouillés.
Du fait de l’importance capitale de sa préservation, Joya de Ceren a été classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. Des systèmes d’abris ont été installés pour protéger le site et son architecture, et des spécialistes interviennent fréquemment pour mettre en place des moyens pour pérenniser son intégrité.
Ce lundi s’est tenue à l’UNESCO la cérémonie de remise volontaire d’un fragment de stèle Maya provenant du site de Piedras Negras au Guatemala. Cette stèle avait été dérobée lors de fouilles dans les années 1960. Elle est réapparue lors d’une vente aux enchères qui a eu lieu à Paris en 2019. La collectionneuse privée Manichak Aurence a alors décidé de restituer volontairement le fragment de stèle au Guatemala.
Le Guatemala est le pays dans lequel se situe l’une des merveilles du patrimoine de l’UNESCO : le site de Tikal. Il est l’un des rares trésors archéologiques qui est inscrit au patrimoine mondial à la fois sur des critères naturels pour sa faune et sa flore luxuriante mais également pour son importance archéologique. Le site a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 1979.
Mais quel est ce site protégé par l’UNESCO ?
Le site de Tikal est situé dans la région du Petén au Guatemala. Il s’agit d’un trésor archéologique unique au monde. C’est l’une des plus vieilles villes antiques qui présente, malgré son ancienneté une structure aussi complexe que les grandes métropoles d’aujourd’hui. Elle fut habitée du VIe siècle avant J.C au Xème siècle de notre ère.
Le peuple Maya était capable non seulement de construire des pyramides monumentales mais aussi de développer des techniques d’ingénierie novatrices. Tikal est ainsi l’archétype de la civilisation maya, en étant à la fois un centre religieux, commercial et élitaire.
Le site de Tikal est l’un des plus grands complexes archéologiques laissés par la civilisation maya. Il présente une surface de 60 km carrés qui réunissaient une population estimée à 60 000 habitants. Il compte environ 12 000 structures différentes qui sont pour la plupart réservées aux rites sanglants pratiqués par les mayas.
Au niveau du centre politico-religieux (environ 400 hectares) se trouvent les plus grands ensembles comme les pyramides qui sont les structures les plus hautes de la cité. La pyramide IV fait plus de 65 mètres de haut et est reconnue ainsi comme l’édifice précolombien le plus haut jamais construit. Les pyramides ont une symbolique importante dans la pensée maya, elles représentent des montagnes qui définissent le lien entre les humains et les divinités. Plus elles sont hautes, plus elles ont une symbolique forte.
Le site est immense ! Il y a également d’autres structures rituelles comme deux acropoles, plusieurs grandes places, des stèles, des plateformes cérémonielles mais aussi des terrains de jeu de balle qui était un sport rituel qui était parfois accompagné de sacrifices très pratiqué chez les mayas.
On comprend ainsi que Tikal par la taille et le nombre d’édifices rituels pouvaient exercer une certaine influence sur ses habitants mais aussi sur les cités aux alentours. Cette influence est également commerciale. Les quatre grandes chaussées principales qui partent du centre de la cité nommés après les archéologues qui les ont découvertes : Maler, Maudsley, Mendez et Tozzer permettaient de relier les différentes parties de la cité entre elles. Elles étaient empruntées par les habitants de la région urbaine périphérique afin de rejoindre le centre de la cité pour les rites et pour les échanges de marchandises.
La cité était très influente : elle entretenait même des liens avec la cité de Teotihuacán (située à 40 km de l’actuelle Mexico). En avril de cette année, les archéologues ont trouvé des similitudes très importantes entre une pyramide de Tikal et la Citadelle de Teotihuacan. Cette découverte extraordinaire nous montre la force des interactions culturelles entre les deux civilisations.
En outre, les habitants de Tikal ont développé des techniques d’ingénierie hors du commun et notamment le système de filtration le plus ancien connu à ce jour. En effet, en octobre 2020, des chercheurs de l’Université de Cincinnati ont pu découvrir une technique de filtration présente à Tikal. Les mayas auraient utilisé les creux réalisés dans la terre pour construire leur temple, comme réservoir d’eau. A l’aide d’un mélange de minéraux différents qui pouvaient absorber les bactéries, ils ont rendu l’eau de pluie potable et ont réussi à la stocker.
La flore a permis de conserver de manière exceptionnelle les vestiges antiques qui est encore un lieu de découverte. Le site est aujourd’hui au cœur d’une forêt quasiment vierge et extrêmement diversifiée, composée d’arbres colossaux et de forêts tropicales aux multiples essences, de nombreuses espèces animales et végétales qu’il faut absolument protéger. Selon un rapport de l’UNESCO, il existe sur ce site plus de 200 espèces d’arbres différentes, des centaines de mammifères comme le grand Jaguar (symbole puissant dans le culte maya), 330 espèces d’oiseaux dont certaines sont menacées comme le Grand Hocco mais également plus de 100 reptiles dont la plupart sont en voie d’extinction.
Le site réserve encore de belles surprises : ainsi en septembre 2021, un archéologue de l’Université de Brown a découvert un nouveau quartier au sein du site de Tikal grâce à la technologie LIDAR qui utilise des rayons lumineux d’analyser le site comme s’il n’était pas recouvert de végétation. La similarité avec des constructions présentes à Teotihuacan pose à nouveau une question historique sur les relations étroites entre Tikal et Teotihuacan. La cité mystérieuse demeure ainsi le centre de nombreux questionnements et l’un des sujets les plus étonnants d’archéologie.
Sources :
« Parc national de Tikal », UNESCO
« Maya de l’aube au crépuscule », Collections nationales du Guatemala , Musée du quai Branly, octobre 2011 UNIVERSALIS.
Si les îles Galápagos sont un des premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, elles suscitent en réalité l’intérêt depuis 1839, avec la publication de « Voyage du Beagle » par Charles Darwin.
Les 19 îles formant l’archipel des Galápagos (qui signifie « tortues de mer »), se situent à 1 000 km de la côte équatorienne dans l’Océan Pacifique et s’étendent sur plus de 14 066 000 ha. L’archipel est officiellement devenu un parc national en 1959, avant d’être inscrit sur la liste du patrimoine de l’UNESCO en 1978. Depuis, les îles sont devenues des destinations touristiques attirant des dizaines de milliers de personnes chaque année.
De nombreuses espèces végétales et animales inhabituelles peuplent cet archipel et en font un véritable « musée vivant et une vitrine de l’évolution » unique en son genre : on y retrouve des iguanes marins, des cormorans aptères, des cactus, des tortues géantes, ainsi que de nombreuses espèces endémiques. Cette faune et cette flore uniques ont pu voir le jour grâce à la localisation géographique, à l’activité sismique et volcanique, à l’isolement géographique ainsi qu’au croisement de trois courants océaniques au sein de l’archipel.
Grâce à la diversité des espèces présentes sur ces îles, Charles Darwin a pu faire des observations en 1835 qui lui ont plus tard permis d’argumenter son étude sur l’évolution et la sélection naturelle, publiée en 1859. Un centre de recherche porte aujourd’hui son nom à Puerto Isidro Ayora, une ville située sur l’île Santa Cruz.
En effet, plusieurs îles de l’archipel sont habitées : des zones rurales et urbaines ont été désignées sur quatre îles tandis qu’une cinquième accueille un aéroport, le port pour les touristes ainsi que des réserves de carburants et des équipements militaires. Autour des îles se trouve la réserve marine, créée en 1986 et étendue en 1998 à 133 000 km carrés. Cette réserve comprend ainsi les eaux intérieures de l’archipel, mais également les côtes des îles les plus éloignées. Si toutes les îles habitées ont leur propre port, les autres sont strictement contrôlées et leurs itinéraires touristiques sont planifiés.
De gauche à droite et de haut en bas : un fou à pieds bleus, un crabe rouge, une tortue géante des Galápagos et un iguane terrestre des Galapagos, quatre espèces emblématiques de l’archipel.
Critères de sélection :
Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Les îles Galápagos satisfont les quatre critères naturels de l’UNESCO.
Critère vii : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.
La vie sous-marine de l’archipel est d’une grande diversité. Les animaux marins étant habitués aux êtres humains, il leur arrive d’accompagner les plongeurs, une expérience inédite.
Critère viii : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.
Le site intéresse fortement les scientifiques d’un point de vue géologique par le fait que trois plaques tectoniques majeures se croisent au fond de l’océan. Bien que l’archipel soit très jeune comparé avec les autres archipels océaniques, le site illustre parfaitement l’évolution des zones volcaniques.
Critère ix : être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins.
Les îles de l’archipel sont un des rares exemples dans le monde de l’influence des processus écologiques et d’évolution sur la faune et la flore. Les pinsons de Darwin notamment, illustrent la radiation évolutive qui continue encore aujourd’hui. L’évolution des espèces dans des conditions changeantes est également visible dans la réserve maritime. Une grande partie de la faune terrestre de l’archipel est d’ailleurs dépendante de la mer.
Critère x : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.
Malgré son jeune âge, l’archipel regorge d’une grande diversité d’espèces emblématiques telles que les tortues géantes ou les iguanes terrestres. Une flore endémique, notamment illustrée par les « arbres à marguerites géants », est également présente sur les îles : on y compte plus de 180 espèces de plantes vasculaires propres à l’archipel. Mais parmi les mammifères terrestres et les reptiles, certaines des espèces endémiques sont menacées, comme l’iguane marin par exemple. Il en est de même pour la faune, chez laquelle on compte 18,2% d’endémisme. Certaines interactions de nature exceptionnelles ont également lieu entre les biotes marins et terrestres, comme le montre la présence d’oiseaux de mer et de lions de mer.
L’iguane marin des Galápagos, une espèce endémique de l’archipel illustrant les interactions entre les mondes terrestres et marins.
Gestion du site :
Les îles Galápagos font face à divers types de menace : les espèces invasives, la croissance démographique, la pêche illégale, le tourisme de masse et les problèmes de gestion.
Des mesures ont donc été prises dès 1986 avec la promulgation d’une loi visant à contrôler la pêche et la surexploitation des ressources maritimes de l’archipel. En 1998, cette protection a été renforcée par une loi pour la conservation et le développement durable dans la région, inscrite dans la constitution de la République d’Equateur. L’archipel est ainsi devenue une zone protégée gérée par le Service du parc national des Galápagos. Ce service gère la planification provinciale, les quarantaines, la pêche, le suivi des activités maritimes, l’immigration, le tourisme…
De ce fait, les personnes vivant dans les zones concernées voient certains de leurs droits limités, qui sont compensés par des droits préférentiels en ce qui concerne l’utilisation des ressources naturelles. Ainsi, le Service national du parc des Galápagos rédige régulièrement des plans de gestion depuis 1974, en collaboration avec des porte-paroles de groupes socio-économiques locaux. La gestion du site est alors conforme aux règles internationales.
En 2019, le président Lenin Moreno avait envisagé d’autoriser la présence d’avions militaires américains sur l’archipel, en échange de travaux de rénovation de l’aéroport. Mais les organisations environnementales avaient dénoncé l’impact négatif de cette décision sur la biodiversité, d’autant plus que l’installation de bases militaires étrangères sur le sol équatorien était interdite par la Constitution du pays depuis 2008.
Une forêt de scalesias, « arbres à marguerites géants », sur l’île Santa Cruz.
Surnommée la Hawaii de l’Orient, l’île sud-coréenne de Jeju se distingue grâce à ses 360 cônes volcaniques, ses “grands-pères de pierre” (dol hareubang) et ses tunnels de lave.
L’île volcanique et les tunnels de lave de Jeju ont été inscrits au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO en 2007. Le bien, qui se situe au sud de la péninsule coréenne, comprend trois sites s’étendant sur 18 846 ha. On y retrouve un réseau de tunnels creusés dans la lave (Geomunoreum), ainsi qu’un cône de tuf, une roche tendre résultant de la consolidation de débris volcaniques (Seongsan Ilchulbong). Il y a également le volcan éteint Hallasan, le plus haut sommet de Corée, qui s’élève à 1 950 mètres d’altitude et dont le cratère (Baengnokdam) est un lac formé il y a plus de 25 000 ans.
Si l’île de Jeju est d’une beauté extraordinaire et témoigne des processus de l’histoire de notre planète, l’accessibilité aux formations volcaniques contribue à la connaissance du volcanisme mondial. En effet, ses tunnels de lave, qu’on désigne aussi sous le nom de volcans latéraux, se jettent dans des grottes qui sont parmi les plus grandes du monde. Celles-ci offrent des possibilités de recherche scientifique tout en attirant de nombreux touristes. Enfin, aux alentours de la ville de Seogwipo se trouve une ceinture de roches en forme de colonnes, exemple de la beauté naturelle de l’île.
Critères de sélection :
Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. L’île volcanique et les tunnels de lave de Jeju en satisfont deux.
Critère (vii) : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.
Les tunnels de lave du volcan sont considérés comme le plus beau réseau de grottes de ce type au monde. Il offre aux visiteurs un spectacle multicolore que ce soit sur les sols, les plafonds ou les murs de lave. Quant au Hallasan, ses textures et ses couleurs changent au fil des saisons. L’esthétique du lieu est renforcée par les cascades, les falaises et les colonnes rocheuses.
Critère (viii) : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.
Le volcan de l’île de Jeju est un des rares volcans boucliers du monde édifié sur une plaque continentale stationnaire et au-dessus d’un point chaud. Le bien comprend de nombreuses concrétions secondaires carbonatées telles que des stalactites. Le cône de tuf en fait quant à lui un site de classe mondiale pour la connaissance des éruptions volcaniques du type surtseyen.
Gestion du site :
Il n’y a actuellement pas de problème en ce qui concerne la gestion du site : le bien est géré convenablement et dispose de ressources financières suffisantes. On peut tout de même préciser que l’administration en charge du site doit veiller à éviter les impacts agricoles sur le milieu souterrain et gérer le nombre croissant de visiteurs.
L’UNESCO songe à agrandir le bien afin d’y inclure d’autres réseaux de tunnels de lave ainsi que d’autres formations volcaniques de Jeju.
Géographiquement rattachée au continent Africain, le pays insulaire Madagascar se situe en plein cœur de l’océan Indien. Cette île fascine tant par sa biodiversité hors norme que par sa culture hétéroclite. En effet, ses 25 millions d’habitants sont issus de bon nombre d’horizons divers et variés : Asie, Afrique, influence Arabe ou encore française lors de la colonisation. À Antananarivo, capitale de l’île, les influences culturelles française et asiatique sont les plus marquées, tandis que sur certaines zones côtières l’influence africaine et arabe se fera plus ressentir. Ce melting spot a offert à Madagascar une richesse inégalée en termes de culture et de religion. Différentes traditions ont influencé les modes de vie malgaches comme le « Fady ».
L’Atsinanana est une des vingt-deux régions de l’île et se situe sur la côte Est dans la province de Tamatave, non loin de la capitale. Les forêts humides de l’Atsinanana s’étendent sur six parcs nationaux. Le taux d’endémicité des espèces de ces sites est estimé en moyenne à 80%, ce qui les place parmi les plus uniques au monde pour leur biodiversité. Parmi eux le parc national de Zahamena, abritant treize espèces de lémuriens ou le parc national d’Andohahela, grand de 76 020 hectares, constitué de forêt tropicale dense et épineuse typique de l’île.
Le parc national d’Andringitra, s’étend sur 31 160 hectares bordés de hautes montagnes, dont la plus haute culmine à 2 658 m. La forêt est dite « tropicale de basse altitude » et est composée de forêts d’épineux, orchidées, de 300 espèces de plantes vasculaires et fleurs sauvages endémiques. On y trouve plus de cent espèces d’oiseaux, 55 espèces d’anoures¹ et treize espèces de lémuriens.
¹ : petite groupe d’amphibiens carnivores sans queue, dont les principaux représentants sont des grenouilles et des crapauds
Parc national de l’Andringuitra
Le parc national de Marojejy est considéré comme l’un des plus beaux parcs de Madagascar. Soixante espèces d’anoures et 116 espèces de mammifères y ont été répertoriés.
Le parc national de Masoala regroupe 210 000 hectares de forêts tropicales de mi-altitude et 100 000 ha d’espace marin. Ses forêts regroupent la moitié de la biodiversité de l’île avec des lémuriens, dont le Maki vari roux, des oiseaux comme l’Eurycère de Prévost, Serpentaire de Madagascar et l’effraie de Soumagne, des plantes du genre Masoala, des chauve-souris frugivores.
Effraie de Soumagne
Enfin, le parc national de Ranomafana est l’un des parcs les plus réputés et les plus importants de l’île. Il a été créé en 1991 après la découverte de l’Hapalémur doré (lémurien au bambou d’or) en 1986.
Hapalémur doré
Témoins de l’histoire géologique de l’île, elles livrent les secrets de sa séparation d’avec les autres continents, il y a plus de 60 millions d’années. En 2007, elles sont classées patrimoine mondiale de l’UNESCO grâce à leur biodiversité rare et fragile, après la première sacralisation de la réserve naturelle malgache du Tsingy de Bemaraha en 1990. Étant isolées des autres masses terrestres depuis des millions d’années, la faune et la flore de Madagascar ont évolué séparément donnant naissance à des espèces endémiques comme certains primates, lémuriens ou orchidées. Ces forêts sont précieuses pour le maintien des processus écologiques clés pour la conservation de cet écosystème particulier.
Critères de sélection :
Critère (ix) : « être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins »
« Les forêts pluviales d’Atsinanana sont des forêts reliques, essentiellement associées à des terrains abrupts le long de l’escarpement et des montagnes de l’est de Madagascar . Étant séparée des autres continents depuis des millions d’années, la biodiversité de Madagascar a évolué de manière isolée et propre à l’île. L’Île porte les vestiges de sa séparation continental tant sur le plan géologique que biologique. Ces forêts ont également été un important refuge pour des espèces durant les différentes grandes périodes de changements et cataclysmes climatiques et tout laisse à penser qu’elle le sera de nouveau pour les bouleversements à venir.
Critère (x) : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation. »
Le taux d’endémisme sur la zone des forêts humides d’Atsinanana est compris entre 80 et 90% pour chaque groupe. On y trouve des amphibiens ou encore des primates et lémuriens menacés et protégés, des oiseaux ou encore des végétaux n’ayant évolué que sur l’île. On recense environ 12 000 espèces de plantes endémiques, ce qui fait de Madagascar un des premiers pays de mégadiversité biologique du monde. Le concept de mégabiodiversité a été discuté pour la première fois en 1988 à la Conférence sur la Biodiversité tenue à la Smithsonian Institution à Washington, afin de regrouper les régions du globe aux écosystèmes exceptionnels. La Grande-Île compte aussi sept genres endémiques de rongeurs, six genres endémiques de carnivores et plusieurs espèces de chiroptères. Sur les 123 espèces de mammifères non volants de Madagascar, 78 sont présentes dans la surface couverte par les 6 parcs nationaux de l’Atsinanana.
Parc national de l’Andriguitra
Gestion du site :
Comme nous l’avons vu, tous les sites couverts par les forêts de l’Atsinanana sont regroupés sous différents parcs nationaux et protégés en tant que tels. Le principal problème de gestion auquel les autorités doivent faire face est la surexploitation agricole et la déforestation monstre de ces sites. En effet, l’exploitation du bois, la chasse et l’exploitation minière de gemmes menacent particulièrement ce patrimoine.
En 2010, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a inscrit les forêts humides de l’Atsinanana sur la Liste du patrimoine mondial en péril en raison des coupes illégales de bois sur ces sites et du braconnage visant les lémuriens, une espèce menacée. Les parcs les plus menacés sont ceux de Marojejy et Masoala situés au Nord de Madagascar. Depuis le début de la crise politique actuelle sur la Grande-Ile, ces parcs ont été plus particulièrement touchés par des pillages intensifs, des coupes illégales et des trafics de bois précieux, dont le « Dalbergia maritima » communément appelé bois de rose, endémique de la région.
53 biens figurent sur cette liste spéciale de l’UNESCO dont le centre historique de Vienne en Autriche, le parc national des Everglades en Floride, le port marchand de Liverpool en Angleterre, Rennell, le plus grand atoll corallien surélevé du monde, dans l’archipel des iles Salomon ou encore les sites rupestres du Tadrart Acacus en Libye.
Un décret interdisant l’exploitation et l’exportation de bois de rose et d’ébène a été passé à Madagascar, mais malgré ça, des permis d’exportation de bois sont toujours délivrés dans l’illégalité la plus totale. Des bandes organisées et armées ont établi des systèmes d’acheminement du bois par des pistes praticables afin de l’évacuer en dehors des zones protégées et, ainsi, le commercialiser. Ce bois est, par la suite, exporté dans plusieurs pays dont certains ont pourtant signé la Convention du patrimoine mondial.
Le Comité fait tout son possible pour contrôler ce trafic mais pour entraver ce commerce, l’aide de l’Etat est indispensable. Des mesures radicales doivent être appliquées afin de faire appliquer le décret. Un sommet est aussi envisagé afin de réunir les pays concernés par ces échanges pour qu’ils ne puissent plus avoir accès à leurs marchés nationaux. La coupe illégale n’a laissé à Madagascar que 8,5% des forêts d’origine.
Le fléau de la déforestation à Madagascar
Pour protéger et identifier au mieux les zones clés de biodiversité à risque à Madagascar, l’UNESCO collabore étroitement avec le gouvernement et d’autres fondations telles que la Fondation des Nations Unies (UNF) et la Nordic World Heritage Foundation (NWHF).
L’Île renferme de nombreuses ressources naturelles inestimables à la fois nécessaires à l’économie et à la vie des populations locales qui dépendent de ces dernières. Le trafic exercé sur l’île est tenu par des groupes armés. Les populations essayant de protéger leurs terres et de s’opposer à ces massacres sont donc régulièrement menacés de représailles. Toutes les entités gouvernementales et non gouvernementales s’emploient ensemble à protéger à la fois ces ressources mais aussi la population, pour que les habitants n’aient plus à subir la pression des trafiquants.
Ce travail de gestion, de surveillance et de protection se fait aussi avec l’appui de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), d’institutions nationales et de certaines ONG. 72 espèces de mammifères non volants présents sur l’île figurent d’ailleurs sur la liste de l’UICN des espèces menacées.
Le bien, situé au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes au centre de la France, fait partie du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Âgé de 35 millions d’années, né au moment de la formation des Alpes, il s’agit d’un élément emblématique du rift ouest-européen. Le site comprend « la longue faille de Limagne, l’alignement panoramique des volcans de la Chaîne des Puys ainsi que le relief inversé de la Montagne de la Serre ». S’étendant sur 24 223 hectares, le bien est inscrit en 2018 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le haut lieu tectonique de la Chaîne des Puys témoigne des processus caractéristiques de la rupture continentale et montre comment « la croûte continentale se fissure puis s’effondre, permettant au magma profond de remonter et entraînant un soulèvement généralisé à la surface. ». Le bien donne ainsi à voir un élément fondamental de l’histoire de la Terre et de sa formation.
Le Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne a été sélectionné sur la base du Critère (viii) du patrimoine mondial naturel de l’UNESCO :
Critère VIII : « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la Terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ».
Le haut lieu tectonique de la Chaîne des Puys, témoigne d’un phénomène essentiel de l’histoire de la Terre. Il illustre la rupture continentale (rifting) qui représente l’une des cinq principales étapes de la tectonique des plaques. Lesformes géologiques diverses se trouvant dans le site du Haut lieu tectonique Chaîne des puys – faille de Limagne, témoignent des étapes successives du processus de rift : « un plateau continental ancien (le plateau des Dômes), qui s’est étiré, fracturé et effondré (le long de la faille de Limagne) » selon le site de la Chaîne des Puys. La dérive continentale, qui se manifeste à travers la tectonique des plaques, a façonné la surface de notre planète : des océans aux continents. Selon l’UNESCO, le site concentre des phénomènes géologiques et géomorphologiques majeurs d’ une « importance mondiale démontrée par son caractère exhaustif, sa densité et son expression ». Le bien est réputé depuis le 18e siècle pour l’étude des processus géologiques. La Chaine des Puys permet notamment d’observer une chaîne de volcans aux formes diverses, résultat de la remontée des magmas par les fissures créées par le rift. Le site est très important pour l’étude des phénomènes volcaniques.
Chaîne des Puys: Coulée de basalte dénudée de la Montagne de la Serre, vue Est. Photographie prise par Hervé Monestier. whc.unesco.org/fr/documents/141208
Gestion du bien :
Le bien reste relativement préservé des impacts anthropiques qui ne compromettent pas l’intégrité et la valeur géologique du Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne. Depuis plus de 100 ans, le site est soumis à des mesures de protection et de gestion. Les menaces principales auxquelles fait face le bien restent potentielles et sont, selon l’UNESCO, « les carrières, l’urbanisation, l’empiètement de la forêt masquant les caractéristiques géologiques et l’érosion des sols liée à l’action anthropique ». Un plan de gestion du lieu a été mis en place afin de le préserver des risques anthropiques.
Le bien fait également partie intégrante du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne et bénéficie de fait d’un cadre de gestion.
Premier parc national créé en Afrique et inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 1979, le parc national des Virunga subit aujourd’hui de nombreuses attaques armées qui menacent son intégrité.
Le parc national des Virunga, qui se situe en République démocratique du Congo, à la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, s’étend sur plus de 790 000 ha. Créé en 1925 afin de protéger les gorilles de montagne, le parc a rejoint la liste du patrimoine mondial en péril en 1994 et a été désigné site Ramsar (appellation regroupant les zones humides d’importance internationale) en 1996. A l’origine instauré sous le nom de parc Albert, il a progressivement été agrandi jusqu’à atteindre sa superficie actuelle.
Le parc est aujourd’hui partagé en trois secteurs principaux : les Montagnes des Virunga au Sud, le lac Édouard et les plaines au centre, et le bassin de la Semliki ainsi que les Rwenzori au Nord. On y trouve ainsi une grande diversité d’habitats, qui vont des rivières fréquentées par les hippopotames aux neiges éternelles du Rwenzori à plus 5 000 mètres d’altitude, en passant par les marécages, les steppes, les plaines de lave et les savanes. Dans ces dernières vivent des gorilles de montagne, espèce emblématique du parc, mais également des gorilles de Grauer et des chimpanzés de l’est.
Critères de sélection :
Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, un site doit satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Le parc national des Virunga en satisfait trois.
Critère (vii) : représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles.
Les paysages de montagne du parc sont les plus spectaculaires d’Afrique. Tandis que les monts enneigés Rwenzori présentent des reliefs tourmentés, les volcans du massif des Virunga sont couverts d’une végétation afro-alpine de fougères arborescentes. D’autres panoramas spectaculaires sont présents, comme les vallées érodées des régions de Sinda et d’Ishango.
Critère (viii) : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.
Le Parc national des Virunga est situé au centre du Rift Albertin, dans la Vallée du Grand Rift. L’activité tectonique a fait émerger le massif des Virunga : sept de ses volcans sont situés dans le Parc, dont les deux plus actifs d’Afrique, à savoir le Nyamuragira et le Nyiragongo. Le secteur nord du Parc inclut environ 20 % des monts Rwenzori, qui forment la plus vaste région glaciaire d’Afrique.
Critère (x) : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.
Le Parc national des Virunga possède une très grande diversité de plantes et d’habitats grâce à ses variations d’altitude, ce qui en fait le premier parc national africain en termes de diversité biologique. On y retrouve par exemple plus de 2 000 plantes supérieures, dont 10% sont endémiques au Rift Albertin. Mais le parc comptabilise également plus de 200 espèces de mammifères, 700 espèces d’oiseaux et 100 espèces de reptiles. Enfin, divers ongulés rares tels que l’okapi vivent dans le parc.
Gestion du site :
Divers problèmes de gestion subsistent, notamment au niveau la délimitation des différentes zones ou de la surveillance renforcée du parc, qui permettrait de réduire le braconnage, la déforestation et les activités des groupes armés. Le parc national des Virunga est géré par l’Institut congolais pour la conservation de la nature, dont de nombreux agents sont morts en service. Comme le rapporte le site de l’UNESCO, plus de 200 rangers ont perdu la vie en protégeant ce site : en avril 2020 par exemple, une attaque armée a fait 17 morts et trois blessés graves.
L’intégrité du parc se retrouve en outre menacée par la présence de plusieurs gisements de pétrole. Un documentaire produit par Leonardo DiCaprio, Virunga, est d’ailleurs sorti en 2014 sur Netflix afin de dénoncer la compagnie pétrolière Soco International, qui avait entrepris des forages sous le Lac Edouard et tenté de corrompre des gardiens du parc.
Enfin, les infrastructures du parc doivent être renforcées afin de protéger les espèces rares et menacées de manière plus efficace et l’établissement de zones tampons devient nécessaire à cause de la croissance démographique humaine. L’idée de promouvoir le tourisme dans le parc gagne ainsi de l’importance ces dernières années, car celui-ci pourrait contribuer au financement régulier du site et lui garantir des ressources suffisantes pour le protéger à long terme.
La majorité des îles atlantiques brésiliennes ont été découvertes par des navigateurs durant l’exploration du Brésil au cours du XVIème siècle. Ces îles sont restées aux mains du Portugal jusqu’à l’indépendance du Brésil en 1822. Elles faisaient donc partie intégrante du territoire et étaient utilisées dans un jeu de pouvoir et de richesse. Cependant, elles ont souvent été abandonnées car les explorateurs avaient du mal à s’y installer à cause de leur enclavement et de leur nature assez hostile. En effet, selon la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, une île est une « étendue naturelle de terre entourée d’eau qui reste découverte à marée haute »: c’est donc un espace enclavé et isolé, difficile d’accès et aux flux faibles en vue de sa localisation.
Cependant, si lors de leur découverte certaines îles atlantiques brésiliennes étaient hostiles, aujourd’hui elles sont classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est le cas des îles de Fernando de Noronha et de l’atol das Rocas, situées à 150km l’une de l’autre et classées depuis 2001. Ces dernières se caractérisent par leurs paysages idylliques et la richesse de leur faune et flore. Cette richesse est rendue possible grâce à leur insularité, qui permet le développement animal loin du littoral urbanisé. En effet, les eaux environnantes sont très riches et peuplées de diverses espèces aquatiques telles que le thon, le requin, le dauphin ou encore la tortue et d’autres mammifères marins. Ces îles abritent également la plus grande concentration d’oiseaux marins tropicaux de l’océan Atlantique Ouest, et sont plus peuplées par les animaux que par les humains. Ainsi, l’atol das Rocas est considéré comme le deuxième site de reproduction le plus important du Brésil.
Les îles atlantiques brésiliennes sont toutes différentes par leurs formations et leur relief, et varient entre formation volcanique et sédimentaire. En revanche, leur climat est assez similaire puisqu’elles se situent toutes dans un cadre océanique, au milieu de l’océan, et donc exposées aux vents et aux marées. Elles sont pour la majorité assez humides et venteuses une partie de l’année, puis sèches l’autre moitié. C’est le cas de Fernando de Noronha, qui possède un climat tropical d’une température variant de 18 à 31° avec une moyenne de 25° sur l’année. La pluviosité est de 1318 mètres avec deux stations pluvieuses en juillet, une période sèche en octobre et en décembre. Son climat est ressemblant à celui du Nordeste puisqu’elle se situe au large du Rio grande do Norte.
Critères de séléction:
Critère vii (représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles): Située au large de Fernando de Noronha, la baie des dauphins est l’un des espaces qui regroupe le plus de dauphins au monde. De plus, les plages de ces deux îles sont également caractérisées comme les plus belles au monde et offrent des paysages spectaculaires.
Critère ix (être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins): Les réserves de Fernando de Noronha et de l’atol das Rocas représentent plus de la moitié des eaux côtières insulaires de l’Atlantique Sud, et regroupent une quantité importante de faune et de flore marine et terrestre. Elles sont importantes dans la reproduction et la colonisation des espèces marines dans toute l’Atlantique tropical austral.
Critère x(contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation): Les réserves de ces îles atlantiques sont essentielles dans la préservation de la biosphère et des espèces menacées, comme la tortue à écailles. Ce sont également sur ces îles que se trouve la seule mangrove océanique de l’Atlantique Sud.
Ainsi, les différents critères qui déterminent l’inscription de ces îles atlantiques brésiliennes au Patrimoine mondial de l’UNESCO témoignent de la nécessité de leur protection. C’est « l’Institut Chico Mendes de Conservation de la Biodiversité (ICMBio), organisme fédéral autonome rattaché au Ministère de l’environnement », qui est chargée de la gestion et de la conservation du site.
Cependant, même si ces îles sont très protégées, elles restent menacées par le tourisme de masse (principalement à Fernando de Noronha) et la surpêche (Atol das Rocas). En effet, l’île de Fernando de Noronha est très connue d’un point de vue touristique, que ce soit à niveau national et international, et voit son flux de touristes augmenter depuis une décennie. Si les touristes sont régulés, il faut toutefois continuer à y appliquer des mesures renforcées pour préserver cette biosphère. L’atol das Rocas, quant à elle, est interdite à la visite du public puisqu’elle est reservée à la protection de la faune et la flore, ainsi qu’à la recherche. Elle est surveillée par la Marine et les Forces aériennes brésiliennes, notamment par rapport aux activités de pêche.
Saviez-vous qu’après Paris, Bordeaux est la ville française qui compte le plus de bâtiments protégés par l’UNESCO ?
Et pour cause, en juin 2007, l’UNESCO décide de classer sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité les 1800 hectares de la ville de Bordeaux, un ensemble qui comprend la Garonne, la façade historique des quais et 347 bâtiments classés. Le secteur sauvegardé fait 150 hectares, il représente 40% de la superficie totale de la métropole !
Le « port de la Lune » que mentionne l’UNESCO lors de l’inscription de Bordeaux sur la liste du patrimoine mondial, est une nomination datant du Moyen-âge, qui met l’emphase sur le rôle prédominant de la ville dans les échanges commerciaux via la Garonne. Située sur un méandre de ce fleuve, Bordeaux est ouverte sur l’estuaire de la Gironde, qui amène vers l’Océan Atlantique. Ce méandre constitue un port naturel, dont la forme en croissant explique le nom de « port de la Lune ».
Depuis l’Antiquité sous l’Empire romain, la ville est active dans le commerce. Le port de la Lune est aménagé pour importer et exporter les nombreuses marchandises qui y affluent, parmi lesquelles le fameux vin qui fait la renommée de sa région. Bordeaux se développe au bord de la Garonne : des huttes romaines au Palais de l’Ombrière médiéval où nait Aliénor d’Aquitaine en 1122, la rive gauche est de plus en plus densément urbanisée. L’expansion de la ville commence réellement au XVème siècle, époque durant laquelle les échanges se font sur de plus longues distances grâce aux progrès de la navigation. De nombreux négociants affluent vers le port, ce qui aboutit logiquement à la création d’un quartier permettant de stocker les marchandises et de loger les acteurs de ce commerce : les Chartrons.
Le tournant pour le port de la Lune a lieu au XVIIème siècle, lorsque Bordeaux participe activement au commerce sucrier aux Antilles : il devient le premier port de France, et réalise deux cinquièmes du commerce national avec ces îles. C’est durant ce siècle, en 1685, que la ville envoie son premier navire négrier, lançant le processus d’un intense commerce d’esclaves jusqu’en 1826. Après avoir longtemps été accusée de passer sous silence ce passé négrier, la ville le reconnait aujourd’hui à travers des actions concrètes telles que le changement de noms de rues qui portaient les stigmates de ces crimes, ou encore la mise en place de salles consacrées à ce commerce au Musée d’Aquitaine.
C’est néanmoins durant cette période que Bordeaux se dote de ses plus beaux édifices, que nous pouvons encore contempler aujourd’hui. L’architecture actuelle est d’une homogénéité rare puisque ses monuments classiques et néoclassiques érigés durant la période des Lumières et à l’époque coloniale, sont encore nombreux. Ces bâtiments sont pour beaucoup le fait du marquis de Tourny, qui s’installe dans la ville en 1743 et qui entend exploiter son potentiel en favorisant son développement architectural, la ville étant selon ses dires « admirablement située ». Il fait détruire les remparts médiévaux, et aménage Bordeaux par la construction des places Gambetta, Victoire et de la Bourse, ou encore des portes Dijeaux et d’Aquitaine. C’est aussi le marquis de Tourny qui crée la façade des quais, uniformisant ces derniers dans un style classique. Ces travaux de grande ampleur façonnent une nouvelle ville sur le modèle versaillais, dont l’objectif est la recherche d’ordre et de symétrie.
Tourny contribue donc au rayonnement esthétique de la ville de Bordeaux, cette dernière regroupant également de multiples édifices classés. Pour citer deux des plus célèbres, situés dans le centre historique: le théâtre de Bordeaux, construit en 1780 par le maréchal de Richelieu, ou encore le Palais Rohan, actuelle mairie, construit pour le prince de Rohan en 1770, sont d’impressionnants monuments de style classique.
Si l’urbanisme et l’architecture de Bordeaux sont classés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est aussi parce-que le projet urbain de 1995 contribue nettement à l’embellissement de la métropole. Du nettoyage des façades à l’aménagement de la promenade sur les quais, en passant par la mise en place d’un tramway et les mises en lumière, Bordeaux est devenue une nouvelle ville, qui attire de plus en plus de touristes. Le fameux miroir d’eau devant la place de la Bourse sur les quais, le plus grand du monde, inauguré en 2006, ne fait que rehausser cette image positive.
Bordeaux, « ensemble urbain et architectural exceptionnel » selon l’UNESCO, peut ainsi bénéficier depuis 2007 d’une attention particulière pour sa préservation de la part des acteurs patrimoniaux.