[Hommage à l’architecte franco-libanais Jean-Marc Bonfils]

Jean-Marc Bonfils était la première victime française signalée des explosions meurtrières ayant ravagé et endeuillé Beyrouth, le 4 août 2020. Il est décédé après avoir filmé l’incendie entraîné par la première explosion depuis son appartement situé dans l’immeuble qu’il avait lui-même conçu. Pour son amis Ghassan Hajjar, nous avons perdu une « belle âme, un homme brillant ».

Diplômé de l’école d’architecture de Paris-Villemin et de l’école du Louvre, il a au court de sa vie pris part à de grands projets tels que celui de Greenpark à Paris, et a remporté un concours international avant de retourner au Pays du Cèdre en 1995. Après avoir travaillé dans le domaine de l’urbanisme et avoir assisté son père – lui-même architecte – , il a lancé en 2006 son propre cabinet d’architecture, JM. Bonfils and associates, qui a rapidement bénéficié d’une grande renommée internationale notamment grâce à l’« East Village » au quartier Mar Mikhaël. Cette « réinterprétation contemporaine de l’architecture libanaise traditionnelle », ainsi que d’autres projets variés sont la preuve du respect qu’il portait à l’environnement et au contexte, faisant de chacun de ses projets une nouvelle aventure. L’importance qu’il attachait au « sens » de chacun de ses projets lui a permis d’en décrocher  partout dans le monde.

Jean-Marc Bonfils s’est également placé « à la rencontre entre le moderne et l’ancestral ». En effet, il a voyagé et a longuement réfléchi à la nature de la mémoire pour chacune des reconstructions d’espaces publics détruits par la guerre et s’est ainsi énormément attaché à la notion de patrimoine. En parallèle de son métier d’architecte, il a eu un rôle important de conseiller d’un ancien ministre de la Culture. Il a travaillé avec ce dernier sur l’avant-projet de la Bibliothèque nationale. En tant que membre de la Fondation nationale du Patrimoine, il a également fondé deux écomusées. Sa collaboration avec les Archives nationales a en plus donné naissance à une exposition sur la mémoire collective à Sursock. C’est pour sa sensibilité, sa passion et sa défense du patrimoine que Roselyne Bachelot, le ministre de la Culture de la France a annoncé après la catastrophe, « la France et le Liban sont unis dans le chagrin de sa mort ».

Article de : Qianwen ZHAO

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : Site historique de Lyon]

Le site de la ville historique de Lyon a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998.

Différents critères constituant la particularité de Lyon ont été retenus afin de justifier cette inscription : l’urbanité (c’est-à-dire le « vivre en ville » et les pratiques urbaines), la confluence (la ville s’est développée et étendue aux abords de la confluence de la Saône et du Rhône) et la cohérence du modèle urbain (sa continuité au fil des siècles et son étalement progressif qui donnent une trame urbaine exceptionnelle).

Riche de plus de deux mille ans d’histoire, la ville a gardé une continuité urbaine extraordinaire. Elle n’a pas évolué selon le modèle du palimpseste, contrairement à la majeure partie des villes où l’on détruit pour reconstruire par dessus avec une architecture davantage moderne. Un véritable déplacement du centre-ville s’est en fait opéré au fil des siècles, d’Ouest en Est. Ce processus a permis de conserver des traces architecturales de chaque époque. Elles sont encore visibles aujourd’hui : époque gallo-romaine sur la colline de Fourvière, époque médiévale dans le Vieux Lyon, époque moderne puis industrielle sur les pentes de la Croix-Rousse puis davantage contemporaine encore plus à l’Est. Il s’agit d’une juxtaposition unique d’ensembles urbains variés et aux anciennetés diverses créant un riche tissu urbain.

La zone figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, comprend la colline de Fourvière, les quartiers du Vieux Lyon, le coeur de la Presqu’île et la colline de la Croix-Rousse, qui concentrent des quartiers à valeur historique.

L’UNESCO, acteur de la mondialisation patrimoniale, a relevé que « Lyon représente un témoignage exceptionnel de la continuité de l’installation urbaine sur plus de deux millénaires ».  Le 5 décembre 1998, lorsque l’organisation donne le statut de patrimoine mondial au site historique de Lyon, celui-ci bénéficie déjà une multitudes de labellisations et inscriptions (monuments historiques, site classé, secteur sauvegardé….). Mais le secteur retenu est bien plus large que les autres protections accordées : il s’étend sur 487 hectares, soit environ 10% de la superficie de la ville plus une zone tampon de 320 hectares.

L’UNESCO donne et entérine une reconnaissance internationale du site. L’inscription, source de notoriété, est un atout majeur du rayonnement mondial de la métropole lyonnaise et a participé à la conservation de cet ensemble urbain. Elle est propice au développement touristique, culturel mais également économique de la ville. Le plan de gestion qui découle de cette inscription permet d’allier conservation du patrimoine, dynamisme de la ville et transmission d’une riche histoire à un public toujours plus large.

Pour plus d’information, veuillez consulter : https://whc.unesco.org/fr/list/872

Article de : Agathe Passerat de La Chapelle

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[(Re)découvrir Léon-Gontran Damas]

Il n’est plus bel hommage à tout ce passé
A la fois simple
Et composé
Que la tendresse
L’infinie tendresse
Qui entend lui survivre                                 

Léon-Gontran Damas, Névralgies, 1937.

Léon-Gontran Damas est un poète, écrivain et homme politique français. Cofondateur du mouvement de la négritude, il est moins célèbre que ses amis Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor. Il mérite cependant d’être mis en avant, et sa poésie d’être lue et entendue bien plus souvent.

Le poète naît en Guyane, à Cayenne, d’un père guyanais et d’une mère martiniquaise. Il vit une enfance difficile, marquée par les trois décès consécutifs de sa sœur jumelle, de sa mère et de sa grand-mère. Plus tard, il rencontre Aimé Césaire, au lycée Victor-Schoelcher de Fort-de-France, en Martinique.

Il déménage ensuite à Paris, où il s’inscrit à la fac de droit, mais suit également les cours de l’Ecole des langues orientales, de la faculté des lettres, puis plus tard de l’Institut d’ethnologie de Paris et de l’Ecole pratique des hautes études.

En 1930, il rencontre et fréquente de nombreux écrivains noir-américains et les jeunes intellectuels antillais et africains étudiant à Paris. Il participe avec eux au salon de littérature de Paulette Nardal et fait connaissance en 1930 avec Léopold Sédar Senghor. En 1932, Aimé Césaire arrive également à Paris. Tous trois, ils fondent la revue L’Etudiant noir, en 1935, dans lequel Damas – secrétaire de rédaction – déclare : « On cesse d’être un étudiant essentiellement martiniquais, guadeloupéen, guyanais, africain, malgache, pour être plus qu’un seul et même étudiant noir ».

Deux ans après, en 1937, il publie un ouvrage qui, au même titre que la revue, sera fondateur pour le mouvement de la Négritude : Pigments. Sa poésie repose sur l’oralité et la musicalité, son ton est direct, les mots sont peu nombreux mais choisis avec soin, et le rythme y est très important. On y repère – et Senghor le note – les influences du jazz et du blues. Damas dénonce notamment la société coloniale de son temps, les politiques assimilationnistes, le racisme et la discrimination. Ce recueil est censuré en 1939 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». On y retrouve, par exemple, le poème « Pour sûr » :

Pour sûr j’en aurai marre
Sans même qu’elle prennent les choses
L’allure d’un camembert bien fait
Alors, je vous mettrai les pieds dans le plat
Ou bien tout simplement
La main au collet
De tout ce qui m’emmerde en gros caractères
Colonisation
Civilisation
Assimilation
Et la suite
En attendant,
Vous m’entendrez souvent
Claquer la porte

Léon-Gontran Damas, Pour Sûr, 1939

Viennent ensuite plusieurs autres ouvrages. Dans Retour en Guyane en 1938, il évoque, après un voyage pour une mission ethnographique, la dérive de l’assimilation et les nombreux problèmes sociaux, économiques et politique sur place. Le livre est, lui aussi, censuré en 1939.  

Il publie également Graffiti en 1953, puis Black Label en 1956. Dans ce dernier ouvrage, sous forme de long poème, on trouve un extrait célèbre :

 [image : extrait de Black Label, 1956. Journal Le 1, du 17 juin 2020, p.4]

Léon-Gontran Damas est aussi très engagé politiquement. Il participe activement à la Résistance, à partir de 1939, aux côtés de Jean-Louis Baghio’o et de Marguerite Duras. Puis, après la guerre, il est élu député de Guyane, siégeant aux côtés de la SFIO et marquant son attachement au socialisme. Il critique notamment la loi de départementalisation de 1946 qui fait de la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique des départements français.

Le poète est aussi un ambassadeur culturel. Nommé conseiller de la société de radiodiffusion en 1958, il facilite l’expression des écrivains noirs à l’antenne. Il aussi engagé par l’UNESCO, après 1962, où il représente la Société africaine de culture fondée par Alioune Diop, et où il est chargé d’étudier « la survivance de la culture africaine dans le nouveau monde ».

Il passe la fin de sa vie aux Etats-Unis, et enseigne la littérature dans les universités. Il y meurt en 1978 et est enterré en Guyane.

Si Léon-Gontran Damas a eu un rôle central dans le mouvement de la Négritude, il est aujourd’hui peu connu et peu lu. Il est cependant un auteur inspirant, et une référence pour les héritiers de ce mouvement.

Finissons sur un poème qui parle de rêve, d’espoir et de ciel bleu, dans le recueil Pigments, Névralgies :

MON CŒUR RÊVE DE BEAU CIEL PAVOISE DE BLEU
sur une mer déchaînée
contre l’homme
l’inconnu à la barque
qui se rit au grand large
de mon cœur qui toujours rêve
rêve et rêve de beau ciel
sur une mer de bonheurs impossibles

Pour en savoir plus :

 Quelques podcasts France Culture à écouter :

  • Pour en apprendre sur l’homme : « Léon Gontran Damas, entre fureur et désenchantement », un épisode de l’émission « Tire ta langue », d’Antoine Perraud, avec Sandrine Pujols, spécialiste de l’œuvre de Damas. 2011. 28 min.
  • Pour écouter sa poésie : Une série d’émissions consacrées à Léon Gontran Damas, dans l’émission « Jacques Bonnaffé lit la poésie ». 2018. Environ 3-4min.

Quelques articles intéressants à consulter :

Vous pouvez écouter ici l’auteur lire des extraits d’un de ses écrits les plus célèbres, le long poème « Black Label », publié en 1956 :

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[Découvres l’artiste afro-américain Kehinde Wiley]

Cet artiste afro-américain choisit de mettre à l’honneur les personnes noires dans ses œuvres. Pour lui, l’art a été au service de l’État et de l’Église durant des centaines d’années et aujourd’hui, il souhaite mettre l’art au service des personnes noires afin qu’elles aussi se sentent puissantes. Cette volonté provient d’une expérience dans sa ville, Los Angeles : après avoir vu un énième « mugshot » par terre d’une personne noire, une photo d’identité prise au poste de police, il s’est interrogé sur le concept du portrait qui est pour lui un moyen de se positionner dans le monde et surtout, s’est interrogé sur son rôle en tant qu’artiste portraitiste.

Il en est donc venu à faire des portraits de personnes noires à la fois pour les valoriser et leur donner du pouvoir mais aussi pour défier le public et ce qu’il est habitué à voir. Ainsi, Kehinde Wiley choisit en général des personnes croisées dans la rue comme modèle. Tout en conservant une tenue moderne pour ses sujets, il les fait poser à la manière des rois ou empereurs des grands tableaux classiques. Enfin, il peint des arrières plans très colorés avec des motifs complexes sortant de leur cadre pour recouvrir le modèle.

Entre les couleurs et motifs joyeux, le sérieux des postures et la modernité des tenues, Kehinde Wiley crée des tableaux fortement contrastés. Il a pour but de représenter et de mettre à l’honneur les personnes noires, rarement représentées en tableau et si elles le sont, souvent dans le rôle du servant ou de l’indigène. Ici, Kehinde Wiley les place en conquérant à cheval, en figure biblique ou en grand seigneur. Kehinde Wiley a été choisi pour peindre le portrait officiel du président Barack Obama, changeant ainsi les canons de représentations habituels des présidents américains. Il a aussi fait le portrait d’artistes afro-américains tel que Michael Jackson ou Notorious B.I.G.

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : le Mont Saint-Michel et sa baie]

Le Mont Saint-Michel et sa baie sont inscrits deux fois à l’UNESCO. En 1979, ils sont classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco pour la première fois de part leur valeur exceptionnelle pour l’humanité. Classés dans la catégorie « monuments et ensembles », ils attirent plus de 2,5 millions visiteurs par an à travers avant tout grâce à l’union d’un site naturel époustouflant et d’une architecture hors du commun.

La baie réunit une forte diversité de milieux naturels dans lesquels sont installées de nombreuses variétés végétales et animales à découvrir pendant les randonnées. Au marnage exceptionnel d’environ 15 mètres en période de vive-eau, le Mont Saint-Michel joue le rôle d’un théâtre des plus grandes marées d’Europe. Surnommé « la Merveille de l’Occident », ce dernier témoigne également des valeurs défendues par l’UNESCO par son village fortifié sur l’espace restreint du rocher datant du Moyen-Âge. Étant un site touristique depuis des siècles, le village permet aux visiteurs de se plonger dans son riche passé avec ses musées historiques prenant forme d’exposition, de demeure ou d’espace multimédia.

L’abbaye du Mont Saint-Michel offre une vue à couper le souffle avec sa terrasse permettant aux visiteurs d’être encerclés par la mer pendant la soirée de « Grandes marées ». Étant un chef d’oeuvre d’architecture religieuse médiévale, cette abbaye illustre la vie monastique – quotidienne et religieuse – au fil des siècles. Dédié à l’archange Michel depuis 708, elle est également fréquentée par des pèlerins, témoignage de son poids dans l’histoire chrétienne. C’est ainsi que le Mont Saint-Michel et sa baie – en tant que haut lieu de spiritualité – sont à nouveau inscrits à l’UNESCO en 1998 au titre des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France ». 

Pour plus d’information, veuillez consulter : https://whc.unesco.org/fr/list/80/

Article de : Qianwen ZHAO

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[#BlackCultureMatters : Congo Inc. Le Testament de Bismarck]

In Koli Jean Bofane, écrivain kino-congolais, a remporté pour Congo Inc. Le Testament de Bismarck le Grand prix du roman métis ainsi que le Prix des cinq continents de la Francophonie. Il raconte l’histoire d’un jeune pygmée ekonda, dénommé Isookanga, qui décide de quitter son village natal pour gagner Kinshasa. Passionné par la mondialisation, il est déterminé à faire sa place dans la grande ville.

In Koli Jean Bofane nous fait découvrir une ville agitée où la violence, l’argent et la prostitution font loi. On découvre ainsi le destin des jeunes shégués, les enfants des rues, d’un ancien chef de milice devenu protecteur d’un espace naturel, d’un pasteur vénal ou encore d’un commerçant chinois en position difficile à Kin. Le personnage principal, Isookanga, évolue dans une ville aux multiples visages où l’on découvre autant des personnes corrompues et assoiffées de pouvoir que des réfugiés de guerre ayant eu à traverser toutes les peines du monde pour survivre. Dans ce large tableau, le jeune mondialiste parvient à faire sa place en vendant des sachets d’eau grâce à son inventivité et sa créativité.

Son ambition innocente ainsi que sa passion pour les jeux vidéo économico-militaires nous permet d’aborder l’enjeu principal du livre : la place de la république démocratique du Congo dans la mondialisation ainsi que l’exploitation de ses ressources naturelles. In Koli Jean Bofane aborde énormément le thème de la mondialisation, il nous emmène en Chine et à New York où des enquêtes de l’ONU ont lieu, il aborde aussi la corruption, la surexploitation des ressources minières sans que la population n’en profite et l’équilibre naturel à respecter.

Au travers de descriptions sans filtre, l’on découvre la cruauté, la bêtise et la concupiscence des hommes.

Article de : Sana Tekaïa

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : Strasbourg, Grande-Île et Neustadt]

Viens découvrir le charme unique de l’architecture strasbourgeoise, dont la signature franco-allemande constitue l’authenticité qui attire chaque année des touristes du monde entier. Véritable capitale européenne, siège du Parlement européen, de la Cour des droits de l’homme, ainsi que du Conseil de l’Europe, la ville limitrophe à l’Allemagne abrite également l’iconique Cathédrale, ainsi que de nombreuses institutions culturelles telles que le Théâtre National, l’Opéra ou encore Arte.

À noter que Strasbourg est une ville étudiante des plus dynamiques et également la ville qui compte le plus de transports à vélos !

Le quartier de la Neustadt et la Grande-Île constituent un héritage franco-allemand qui mérite d’être distingué, et à ce titre inscrit au patrimoine français de l’Unesco.

Pour en découvrir davantage, historiquement ou visuellement, c’est par ici !

Article de : Cécile Radmacher

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : Provins, ville de foire médiévale]

Depuis 2001, la cité médiévale de Provins est inscrite au Patrimoine
Mondial de l’Unesco. Unique témoin d’une cité marchande des Foires de
Champagne des XIe et XIIIe siècles, cette ville de foire médiévale, située au
cœur de la région Île-de-France, est représentative d’un patrimoine qui a su
garder l’authenticité de l’héritage culturel et architectural du Moyen-Age.

L’inscription de Provins sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco
découle de l’initiative de l’ancien ministre Alain Peyrerefitte qui, dès 1997, avait
proposé le classement de la cité médiévale. En collaboration avec le ministre
de la culture, cette initiative a été reprise en 2000 afin d’inscrire la ville au
patrimoine de l’Unesco avec pour thème « Provins, témoin exceptionnel des
foires médiévales ».

Le site de Provins témoignant d’un échange d’influences
commerciales et culturelles du XIème au XIIIème siècles et étant directement
associé au développement économique de la chrétienté au Moyen-Age, le
jury a décidé de classer l’ensemble de la ville au Patrimoine Mondial de
l’Unesco en 2001.

Cette ville médiévale fortifiée se situant au cœur de l’ancienne région
des comtes de Champagne, hébergeait les grandes foires annuelles reliant
l’Europe du nord au monde méditerranéen. Elle fut le témoignage de l’essor
du grand commerce international en Europe. L’institution des foires fût la
garantie de la protection des transports de marchandises à longue distance
entre l’Europe et l’Orient et encouragea l’essor de diverses activités comme
la banque et le charge, ainsi que des activités productives comme le tannage,
la teinture ou la draperie. Dès l’an 1000, le plan urbain de Provins a été
aménagé afin d’accueillir aisément tous les marchands. On retrouve ainsi des
maisons de marchands à 3 étages qui sont pourvues de caves et d’entrepôts
voûtés afin de stocker la marchandise. On y retrouve également des rues
larges afin de faciliter l’emplacement des étals et le passage des convois.

Grâce à ce tracé urbain et à cette architecture, Provins conserve les
grandes caractéristiques des grandes villes de foire médiévale. Avec cet
ensemble architectural civil, militaire et religieux unique, le site ne compte pas
moins de 58 monuments historiques classés ou inscrits. Les remparts de la
ville fortifiée, édifiés entre le XIème et le XIIIème siècle, formant une enceinte
de 5 km afin de protéger les hommes et les richesses, témoignent de cet art
militaire. Symbole de la ville et de la puissance des comtes de Champagne,
Provins est également riche de la mythique Tour César. Concernant l’héritage
religieux, il est possible de l’admirer grâce à la collégiale Saint-Quiriace et
l’Eglise Saint Ayoul. Aussi, afin de s’imprégner de cette époque médiévale
bercée par les foires, il est possible de découvrir les métiers et marchands de
l’époque à la Grange aux dîmes et de découvrir les lieux mystérieux de la cité
en s’engageant dans les souterrains de Provins.

La préservation de l’ensemble de ce patrimoine témoigne de la
richesse de l’histoire de cette ville qui a culminé au XIIIème siècle. Afin de
faire vivre ce patrimoine d’exception, on retrouve aujourd’hui de nombreuses
animations tels que des spectacles médiévaux avec des démonstrations de
rapaces en vol libre ou des tournois de chevaliers et des fêtes traditionnelles
associant la population avec la fête médiévale et la fête de la moisson.

Article de : Nastasia Syed

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[Chronique sur le patrimoine Unesco en France : Bordeaux, Port de la Lune]

Depuis 2007, une partie de la ville de Bordeaux est inscrite au patrimoine de l’Unesco. Gage de l’importance culturelle et architecturale du port de la Lune ainsi que de ses environs, une telle reconnaissance prend du temps mais s’inscrit dans une démarche de préservation du patrimoine pour les générations futures.

C’est en 2003 que la Ville de Bordeaux met en place des instances de réflexions sur une possible inscription au patrimoine de l’Unesco de certains quartiers. Le processus est long afin de monter un dossier solide, construit avec l’aide d’historiens, d’architectes, de scientifiques, de partenaires locaux et de l’Etat. La particularité de la ville est la large étendue urbaine qu’il est possible de présenter dans la catégorie « Ensemble Urbain Exceptionnel ». Après 4 ans de travail, le Comité du patrimoine mondial valide l’inscription de Bordeaux au patrimoine mondial de l’Unesco, le 28 juin 2007.

Sur les 4455 hectares qui composent la ville, ce sont 1810 d’entre eux qui sont inscrit au Patrimoine de l’Unesco en juin 2007, une superficie d’une ampleur encore jamais inaugurée par l’Unesco. Cette délimitation inclut principalement le Port de la Lune et la rive gauche de la Garonne ainsi que les grands boulevards, s’arrêtant au niveau de la gare. Cet ensemble d’une grande étendue est composé d’une mosaïque de quartiers aux identités particulières. Autour de ces 1800 hectares, une zone d’attention patrimoniale de 3700 hectares forme un espace tampon entre le centre ville et les communes alentoures.

Si cette vaste zone est aujourd’hui reconnue comme un chef d’oeuvre architectural et urbain, c’est notamment pour ses constructions classiques et néoclassiques donnant à la ville une unité et une cohérence remarquable. Illustrant le succès de la philosophie des lumières et son rôle de ville marchande, en lien avec la Grande Bretagne et les Pays Bas depuis plusieurs siècles, Bordeaux et son port sont un symbole l’humanisme, d’universalité et de culture. En effet, la ville est cosmopolite depuis le 18ème siècle et son port n’a pas changé de fonction, les deux étant lisible dans l’architecture urbaine. Le commerce effectué a tout de même évolué puisque durant près d’un siècle, Bordeaux est le deuxième port en nombre d’expéditions participant à la traite négrière. Disparu depuis 1837, cette période a permis une forte croissance et un enrichissement de la ville. Cette richesse ayant permis une forte progression architecturale, l’authenticité du bâti est aujourd’hui ce que l’inscription au patrimoine de l’Unesco permet de mettre en avant.

La reconnaissance par l’Unesco de l’importance culturelle du centre ville Bordelais n’est pas qu’une simple inscription à une liste : c’est une manière de s’engager pour la préservation du patrimoine. Il est alors primordiale d’entretenir et de protéger ce lieu afin de le transmettre aux générations futures tout en leur laissant des moyens matériels, juridiques et humains pour le préserver. La ville de Bordeaux a donc mis en place un plan de gestion, mis à jour afin de répondre à ces besoins de préservation et de transmission, dépendant en partie des évolutions de la société. Il permet aussi de concilier les exigences économiques et de qualité de vie avec la conservation du patrimoine.

9ème ville la plus habitée de France, toujours en développement économique, Bordeaux reste un site architectural et urbain à conserver en l’intégrant dans le développement de la ville et la mondialisation afin de pouvoir profiter de cet héritage encore longtemps.

Article de : Anaëlle Rapet

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[Spécial confinement : Redécouvrir Frida Kahlo]

En ces temps de confinement, le moment est idéal pour se ressourcer, s’ouvrir à de nouvelles perspectives et enrichir sa culture. Comme l’art est une fenêtre permettant de voir un autre horizon que celui des quatre murs de votre chambre, c’est le moment de vous y intéresser. Même si tous les musées sont fermés, le génial outil qu’est internet nous permet de découvrir des milliers d’œuvres et ce, sans restrictions géographiques. N’hésitez donc pas à jeter un coup d’œil à Google art & culture qui créé des expositions virtuelles.

Dernièrement, c’est l’artiste Frida Kahlo qui est mise à l’honneur. On peut trouver un certain parallèle entre cette grande femme qui fut clouée à son lit une grande partie de sa vie suite à un accident et la situation que nous vivons actuellement.
Ce confinement ne l’a pas empêché de créer sa propre vision du monde ni d’exprimer ses états d’âmes.

L’artiste mexicaine, icône du féministe, socialiste et révolutionnaire peint énormément d’autoportraits dans lesquels elle exprime sa souffrance. Son accident la rend handicapée, en proie à des douleurs chroniques et stérile. Frida apprend à peindre seule pendant sa convalescence. Peindre différentes versions d’elle même lui permet de mettre en image ce qu’elle ressent, non seulement dans son corps mais surtout dans son esprit où l’accident a semé le chaos. Elle peut ainsi se représenter brisée et vulnérable mais aussi sensuelle et combative.

L’artiste soulève des questions sur la beauté mais aussi le genre puisqu’elle se représente parfois avec des vêtements d’hommes. Frida Kahlo connaît une grande histoire d’amour tumultueuse avec Diego Rivera, elle a plusieurs amants dans sa vie, hommes comme femmes, elle a aussi une courte liaison avec Trotski lorsque celui ci, réfugié politique, se rend au Mexique.

Les peintures de Frida vous feront voyager entre culture mexicaine et expressions intérieures, menant à des visions tantôt cauchemardesques, tantôt fantasmagoriques. « Je n’ai jamais peint mes rêves, j’ai peint ma réalité propre ».

Si la vie de Frida Kahlo, vous intrigue, n’hésitez pas à regarder le film de Julie Taymor, Frida, sorti en 2002 qui retrace la vie trépidante de cette artiste. Interprétée par Salma Hayek, Frida nous fait rêver et nous inspire par son énergie débordante, sa force créatrice incontrôlable et son anti-conformisme si moderne pour son époque.

Article de : Sana Tekaïa

Visite virtuelle du Musée Frida Kahlo au Mexique :
https://artsandculture.google.com/partner/museo-frida-kahlo

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