Des natures mortes, aux fossiles de dinosaures en passant par les planches gravées dans les carnets de voyages des explorateurs à certaines peintures spiritualistes du début du XXe siècle, l’exposition retrace un important pan de l’histoire de l’art inspiré de la nature 🌿. L’exposition rompt la frontière entre dessins scientifiques et œuvres d’art, on pense notamment aux planches de méduse du scientifique Ernst Haeckel.
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L’exposition révèle toute cette découverte de la diversité du monde, des espèces et des sciences naturelles : de la géologie à l’anthropologie. Une exposition qui est source de réflexion sur notre évolution, et qui s’adresse à tous les publics des plus jeunes au plus experts. Une grande diversité d’œuvres y sont présentées, parmi elles des collections inédites comme des carnets de voyage ou certaines œuvres rarement présentées comme la tête de faune de Carriès.
Le commissariat d’exposition composé d’historien des sciences a mêlé à la perfection les discours naturalistes et les productions artistiques. La nature, et plus exactement les sciences naturelles ayant interrogé simultanément artistes et scientifiques lors des grandes explorations des temps modernes au XIXe siècle à l’apogée de l’expansion coloniale. Se produit alors au XIXe siècle, ce que le musée d’Orsay appelle l’invention de la nature, autrement dit cette nécessité de connaître, de collecter et de diriger le monde qui motivent les sciences naturelles. Ce que l’historien Michel Foucault appelle biopouvoir, entraîne assurément, sous le joug des monarques, la transformation des collections curiosités en espèces scientifiques classés par le suédois Von Linné.
Depuis le XVe siècle, les navigateurs font partie de ces hommes à la tête d’une expérience unique pour l’Europe et la science. Ils interrogent la manière même dont s’établit le savoir dans un monde désormais infini, selon Newton, en cours d’exploration. Une crise de conscience qui dépasse le cercle scientifique. Pour l’anthropologue structuraliste Claude Lévi-Strauss, celles-ci représentent un tournant dans l’histoire de l’Homme « Jamais l’humanité n’avait connu aussi déchirante épreuve et jamais elle n’en connaître de pareille ». Au XVIIIe siècle ce bouleversement motive les grandes expéditions scientifiques comme celle de James Cook et de Jean-François de Lapérouse🚢.
Cette nouvelle forme de connaissance de la nature et des espèces sert un tout nouveau discours sur les origines de l’Humanité. Une histoire qui se fonde sur des théories de l’évolution racialiste, aujourd’hui bien heureusement remise en cause, comme celle de Buffon ou encore celle de Charles Darwin. L’exposition retrace les différentes évolutions théoriques depuis Linné, au XVIIe siècle à Ernst Haeckel au XIX e siècle autour de certains sujets iconographiques comme les fonds marins, ou la figure du singe.
➥ Le saviez – vous ? 🔎Les peintres comme le romantique Théodore Géricault ont été influencés par les théories naturalistes du XIXe siècle jusque dans leur représentation des noirs mêlant l’histoire du beau à l’histoire des races. Des scientifiques comme Petrus Campers ont notamment alimenté avec la craniométrie cette différenciation raciste dans les représentations picturales (Le modèle noir, exposition Orsay, 26 mars 2019 et le 21 juillet 2019).
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L’antenne UNESCO ne peut que vous conseiller cette superbe exposition qui se termine le 18 juillet ! C’est aussi l’occasion de faire un tour à l’exposition sur les Modernités suisses qui dans un autre genre explore les couleurs et formes de la nature suisse.
➥ infos pratiques : jusqu’au 18 juillet, Musée d’Orsay, métro Solférino, gratuit pour les -26 ans
Article de Mariette Boudgourd
Cet article n’engage que son auteure !
Thanks.