[Joya de Ceren ou le « Pompéi d’Amérique » classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO]

Tout le monde connaît Pompéi, mais connaissez-vous Joya de Ceren, lié à elle par le même sort tragique ?

L’incroyable conservation du site archéologique de Pompéi suite à l’éruption du Vésuve en 79 en fait un élément prédominant pour les recherches sur la civilisation antique.

Cependant, il n’est pas le seul à avoir laissé aux chercheurs des clefs de compréhension d’une civilisation toute entière : Joya de Ceren en fait partie. L’éruption du volcan Laguna Caldera en 600 engloutit ses 3200 hectares, figeant dans l’éternité la vie quotidienne de plusieurs centaines de mayas.

Situé au Salvador en Mésoamérique, ce site retrouvé sous cinq mètres de cendres est appelé le « Pompéi d’Amérique » du fait de son incroyable préservation grâce à l’éruption volcanique.

Aucune trace des habitants n’a été retrouvée en fouilles, ce qui fait dire aux chercheurs qu’ils abandonnèrent sans doute la ville peu de temps avant l’éruption. En effet, les premiers signes visibles de la catastrophe furent, selon les scientifiques, des jets de vapeur s’écoulant dans la rivière Sucio à proximité de Joya de Ceren (éruption phréatique). La population, sûrement effrayée, a dû partir avant que les cendres du volcan ne commencent à engloutir la cité, laissant leurs activités en suspens.

Les restes organiques, qui ont quasiment entièrement disparu sur les autres sites, ont pu être conservés à Joya de Ceren. En effet, la première nuée de cendres tombée était d’une température de 100°C, ce qui a permis à ces matières qui ne résistent habituellement pas au temps de se fossiliser instantanément. Les archéologues ont pu constater grâce à ce rare phénomène que les habitations étaient recouvertes de toits de chaume. Des restes d’aliments bien conservés ont également été retrouvés : le site de Joya de Ceren est le seul dans toute l’aire maya à avoir livré des informations aussi complètes sur le régime alimentaire de cette civilisation ! La découverte d’un champ de manioc a également offert une preuve irréfutable de son exploitation dans cette région.

Concernant l’architecture, les constructions en terre ont donc subsisté, et ont livré des informations capitales sur les pratiques quotidiennes. Bâtiments publics, saunas, bains de vapeurs, cuisines : tous ces ensembles ont permis de comprendre l’organisation socio-spatiale d’un site Maya à la période Classique.

Le site, découvert accidentellement en 1976, est fouillé continuellement depuis plus de 40 ans. En 2018, des ossements humains accompagnés d’un couteau d’obsidienne ont été retrouvés : il s’agit de la première sépulture découverte sur le site. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, et de nombreuses révélations sont encore à venir puisque seulement douze bâtiments ont été fouillés.

Du fait de l’importance capitale de sa préservation, Joya de Ceren a été classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. Des systèmes d’abris ont été installés pour protéger le site et son architecture, et des spécialistes interviennent fréquemment pour mettre en place des moyens pour pérenniser son intégrité.

Cet article n’engage que son auteure.

Article de Manon Etourneau

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[Rubrique culturelle : exposition Cartier et les arts de l’Islam au Musée des Arts décoratifs]

Le Musée des Arts décoratifs accueille pour notre plus grand plaisir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité ». Co-produite avec le Dallas Museum of Art, la Maison Cartier et le musée du Louvre, cette exposition nous propose jusqu’en février 2022, un voyage au cœur de l’art islamique et de ses connexions avec la maison de haute joaillerie Cartier.

Organisée en deux volets, l’exposition honore des archives, des motifs et des peintures des arts orientaux, sources d’inspiration pour les bijoux et les objets précieux Cartier à partir du XXe siècle. C’est un véritable parcours au coeur du lien artistique et intime qui lie les deux formes d’art.

Cette exposition explore les processus de création des productions Cartier à travers deux grandes salles en enfilade. On peut alors déambuler entre diadèmes, sautoirs et broches délicatement ornées. Autour de ces pièces qui ne laissent aucun oeil indifférent, s’organisent les esquisses et les ouvrages d’époque qui les ont inspirées, nous permettant de mieux appréhender les objets d’art Cartier.

L’exposition ne manque pas non plus de revenir sur les liens intimes qu’a noués la famille Cartier avec les arts traditionnels d’Inde, d’Afghanistan ou encore d’Iran au travers de leurs voyages. La collection privée d’objets d’art islamiques de la maison de joaillerie se décline donc tout au long de l’exposition. Véritable festival de couleurs et de pierres précieuses, l’exposition tient sa promesse de retour «aux sources» des créations Cartier.

Toutefois, si au début du XXe siècle les influences des arts orientaux  étaient perçues comme une renaissance et un gage de modernité pour les occidentaux, l’exposition peut aujourd’hui nourrir les débats autour de l’appropriation culturelle. En effet, l’ambition de Cartier était « d’ouvrir le gout dominant à d’autres styles » selon Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine de la maison, l’exposition permet alors de s’interroger au regard des liens qui unissent les oeuvres de ces deux cultures.

N’hésitez plus et venez découvrir l’exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité » au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 22 février 2022 !

Reservation sur https://billetterie.madparis.fr/

La présentation d’un pass sanitaire valide est obligatoire. Port du masque obligatoire dès 11 ans et recommandé à partir de 6 ans.

Cet article n’engage que son auteure.

Salomé ANFRAY

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[Portraits de personnalités inspirantes : Hom Nguyen]

Cette semaine, arrêtons-nous quelques instants sur un artiste franco-vietnamien à filiation expressionniste, Hom Nguyen. Travaillant dans son atelier dans le 93, il vit à Paris depuis sa naissance. Pourquoi est-il une source d’inspiration ? Car il a connu des échecs, des décès de personnes chères, le racisme et la pauvreté. Malgré tout, il est aujourd’hui un artiste reconnu, mettant son talent et son art au service des plus démunis. 

Hom Nguyen est né en France d’une mère immigrée vietnamienne et d’un père parisien inconnu. Il vivait avec elle et son nouveau compagnon, ami d’enfance, dans un appartement de 13m² dans le 15e arrondissement. Arrivée en France sans parler la langue, assistante de coiffure à Paris, elle fut victime d’un accident de voiture quand Hom n’avait encore que 4 ans. Vinrent alors des problèmes financiers de plus grande ampleur. 

Dans sa vie, il a connu le racisme anti-asiatique des années 1970-1980. Confronté à la mort de son père adoptif durant son adolescence, il devient à 16 ans le soutien de SA famille. 

Il débuta alors de nombreux petits boulots pour subvenir aux besoins de sa mère, et eut un déclic. Il devait se remettre au dessin et à la peinture. Cependant, sa mère était contre, et ce n’est après sa mort, en 2009, qu’Hom décida de se lancer sans jamais regarder en arrière. Comme il le dit lui même « J’ai appris à marcher tout droit, à raser les murs la tête baissée pour m’en sortir. Là, j’ai fait pareil. J’ai juste fait en sorte de m’en sortir ». 

Pour se faire connaître, il a utilisé les réseaux sociaux. Il n’a d’ailleurs pas commencé par de grandes toiles, mais par des dessins sur des chaussures. Il peignait déjà quand il était enfant, sûrement influencé par son père adoptif, amateur de théâtre vietnamien. Les aléas de la vie lui ont fait oublier son amour de jeunesse. 

Ses œuvres sont imprégnées de son histoire personnelle. Toute sa vie fut noire, c’est une mémoire qui reste, forcément. Pourtant, la couleur apparaît dans ses œuvres. La douceur colorée mais la violence des regards. Sont racontés aussi le voyage de sa mère, catégorisée comme « boat people », et la mémoire, qui se transmet par les gestes, par la main. On retrouve aussi la méconnaissance de son père biologique qui a créé un fil conducteur tout au long de son existence et de son art, un trait sans origine ni fin. 

Artiste peintre, son style et vif et très instinctif, sa liberté gestuelle dans la technique le rapproche même parfois du street art.

Hom Nguyen s’est également engagé depuis 2016 à animer des ateliers de dessin à la Pitié Salpêtrière. Son objectif était de partager son expérience pour aider les jeunes adultes à avoir de nouveau confiance en eux. Évoquant son enfance qui ne fut pas des plus joyeuses, il explique que la peinture lui a permis de s’évader. C’est cela qu’il veut faire découvrir aux patients de l’hôpital.

Mais il ne s’arrête pas là. En 2019, son portrait de Michelle Obama, acheté par Christie’s, a permis une formidable récolte de fonds afin de soutenir les programmes en faveur de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, menés par UN Women. 

En 2020, il réalisa une vente aux enchères record avec une œuvre vendue à près de 224 000 euros, dont les bénéfices ont été reversés à l’ONG Les enfants du Mekong. Cela a permis à 750 enfants d’être nourris et de recevoir des cours complémentaires pendant un an, notamment des cours de dessin. De la sorte, Hom Nguyen a pour objectif de motiver d’autres artistes et créer un élan de générosité dans le milieu de l’art. En effet, depuis quelques années, les ONG souffrent d’une baisse de dons. Ces actions sont donc très importantes pour leur permettre de continuer leurs activités. 

Enfin, durant l’épidémie de Coronavirus, l’artiste s’est engagé pour la cause des personnes défavorisées, a réalisé un portrait de l’Abbé Pierre et en a fait don à la fondation éponyme. 

Sources : Youtube, Hom Nguyen

Cet article n’engage que son auteure.

Tifenn Genestier

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[TIKAL, un trésor maya inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO]

Ce lundi s’est tenue à l’UNESCO la cérémonie de remise volontaire d’un fragment de stèle Maya provenant du site de Piedras Negras au Guatemala. Cette stèle avait été dérobée lors de fouilles dans les années 1960. Elle est réapparue lors d’une vente aux enchères qui a eu lieu à Paris en 2019. La collectionneuse privée Manichak Aurence a alors décidé de restituer volontairement le fragment de stèle au Guatemala. 

Le Guatemala est le pays dans lequel se situe l’une des merveilles du patrimoine de l’UNESCO : le site de Tikal. Il est l’un des rares trésors archéologiques qui est inscrit au patrimoine mondial à la fois sur des critères naturels pour sa faune et sa flore luxuriante mais également pour son importance archéologique. Le site a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 1979. 

Mais quel est ce site protégé par l’UNESCO ? 

Le site de Tikal est situé dans la région du Petén au Guatemala. Il s’agit d’un trésor archéologique unique au monde. C’est l’une des plus vieilles villes antiques qui présente, malgré son ancienneté une structure aussi complexe que les grandes métropoles d’aujourd’hui. Elle fut habitée du VIe siècle avant J.C au Xème siècle de notre ère.  

Le peuple Maya était capable non seulement de construire des pyramides monumentales mais aussi de développer des techniques d’ingénierie novatrices. Tikal est ainsi l’archétype de la civilisation maya, en étant à la fois un centre religieux, commercial et élitaire.

Le site de Tikal est l’un des plus grands complexes archéologiques laissés par la civilisation maya. Il présente une surface de 60 km carrés qui réunissaient une population estimée à 60 000 habitants. Il compte environ 12 000 structures différentes qui sont pour la plupart réservées aux rites sanglants pratiqués par les mayas. 

Au niveau du centre politico-religieux (environ 400 hectares) se trouvent les plus grands ensembles comme les pyramides qui sont les structures les plus hautes de la cité. La pyramide IV fait plus de 65 mètres de haut et est reconnue ainsi comme l’édifice précolombien le plus haut jamais construit. Les pyramides ont une symbolique importante dans la pensée maya, elles représentent des montagnes qui définissent le lien entre les humains et les divinités. Plus elles sont hautes, plus elles ont une symbolique forte. 

Le site est immense ! Il y a également d’autres structures rituelles comme deux acropoles, plusieurs grandes places, des stèles, des plateformes cérémonielles mais aussi des terrains de jeu de balle qui était un sport rituel qui était parfois accompagné de sacrifices très pratiqué chez les mayas. 

 On comprend ainsi que Tikal par la taille et le nombre d’édifices rituels pouvaient exercer une certaine influence sur ses habitants mais aussi sur les cités aux alentours. Cette influence est également commerciale. Les quatre grandes chaussées principales qui partent du centre de la cité nommés après les archéologues qui les ont découvertes : Maler, Maudsley, Mendez et Tozzer permettaient de relier les différentes parties de la cité entre elles. Elles étaient empruntées par les habitants de la région urbaine périphérique afin de rejoindre le centre de la cité pour les rites et pour les échanges de marchandises. 

La cité était très influente : elle entretenait même des liens avec la cité de Teotihuacán (située à 40 km de l’actuelle Mexico). En avril de cette année, les archéologues ont trouvé des similitudes très importantes entre une pyramide de Tikal et la Citadelle de Teotihuacan. Cette découverte extraordinaire nous montre la force des interactions culturelles entre les deux civilisations. 

En outre, les habitants de Tikal ont développé des techniques d’ingénierie hors du commun et notamment le système de filtration le plus ancien connu à ce jour. En effet, en octobre 2020, des chercheurs de l’Université de Cincinnati ont pu découvrir une technique de filtration présente à Tikal. Les mayas auraient utilisé les creux réalisés dans la terre pour construire leur temple, comme réservoir d’eau. A l’aide d’un mélange de minéraux différents qui pouvaient absorber les bactéries, ils ont rendu l’eau de pluie potable et ont réussi à la stocker. 

La flore a permis de conserver de manière exceptionnelle les vestiges antiques qui est encore un lieu de découverte. Le site est aujourd’hui au cœur d’une forêt quasiment vierge et extrêmement diversifiée, composée d’arbres colossaux et de forêts tropicales aux multiples essences, de nombreuses espèces animales et végétales qu’il faut absolument protéger. Selon un rapport de l’UNESCO, il existe sur ce site plus de 200 espèces d’arbres différentes, des centaines de mammifères comme le grand Jaguar (symbole puissant dans le culte maya), 330 espèces d’oiseaux dont certaines sont menacées comme le Grand Hocco mais également plus de 100 reptiles dont la plupart sont en voie d’extinction. 

Le site réserve encore de belles surprises : ainsi en septembre 2021, un archéologue de l’Université de Brown a découvert un nouveau quartier au sein du site de Tikal grâce à la technologie LIDAR qui utilise des rayons lumineux d’analyser le site comme s’il n’était pas recouvert de végétation. La similarité avec des constructions présentes à Teotihuacan pose à nouveau une question historique sur les relations étroites entre Tikal et Teotihuacan. La cité mystérieuse demeure ainsi le centre de nombreux questionnements et l’un des sujets les plus étonnants d’archéologie. 

Sources : 

« Parc national de Tikal », UNESCO 

« Maya de l’aube au crépuscule », Collections nationales du Guatemala , Musée du quai Branly, octobre 2011 UNIVERSALIS.

Cet article n’engage que son auteur.

Article d’Aurélie SABATHIER

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[Rubrique culturelle : l’exposition « Un combat capital » au Panthéon]

Le 8 octobre 2021 marque le 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France. Le Centre des monuments nationaux et le ministère de la Justice proposent à cette occasion plusieurs événements en hommage à la promulgation de la loi de 1981. Parmi eux, il y a notamment l’exposition Un combat capital, ouverte jusqu’en janvier 2022 au Panthéon.

Une exposition capitale sur la peine de mort en France et son abolition

Cette exposition, que vous pouvez retrouver entre les fresques et statues historiques du Panthéon, revient sur les différentes étapes de l’abolition en France, de la fin de l’Ancien Régime (fin du XVIIIe siècle), jusqu’au premier septennat de François Mitterrand (1981). 

L’exposition offre à voir et à écouter différents documents, que ce soient des écrits, des photos ou des archives audiovisuelles (notamment des extraits du discours de Robert Badinter devant l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981), qui retracent deux siècles de combat pour l’abolition de la peine de mort.

L’exposition fait tout particulièrement honneur au garde des Sceaux Robert Badinter, figure emblématique à l’initiative de la loi portant abolition de la peine de mort en France, dans ce lieu dédié aux grands hommes de la nation.

Un combat désormais universel

Si le Panthéon est un lieu de mémoire symbolisant la construction de la nation française, cette exposition ne se limite pas à ce qui a été atteint (l’interdiction de la peine de mort est inscrit dans la Constitution depuis 2007), mais aborde également le combat actuel pour l’abolition universelle autour du monde, qui est loin d’être fini. Et si la France n’a pas été le premier pays à abolir la peine de mort, elle est désormais prête à porter cette cause à travers le monde, que ce soit par l’intermédiaires des organisations internationales telles que l’Union européenne, ou les ONG.

L’exposition “Un combat capital”, qui revient sur la longue bataille pour l’abolition de la peine de mort jusqu’à janvier 2022, n’oublie pas de montrer que ce combat, loin d’être achevé, est aujourd’hui porté par tous et toutes.

En effet, Le dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo a été joué dans l’enceinte du Panthéon plus tôt ce mois-ci. Le fait que la pièce ait été interprétée par une femme a permis de souligner une chose que l’Histoire a tendance à omettre : si on pense souvent au régicide Ravaillac ou au procès de Patrick Henry quand on parle de la peine de mort en France, il ne faut pas oublier que des femmes aussi ont été exécutées en France au cours de l’histoire. Et comme le montre l’exposition, nombreuses sont les femmes à lutter aujourd’hui pour abolir la peine de mort dans le monde.

Du 8 octobre 2021 au 9 janvier 2022, 10h00 – 18h00 (dernière entrée à 17h15). Gratuit pour les moins de 26 ans. N’hésitez pas à acheter votre billet sur internet pour éviter la file d’attente sur le site du Panthéon.

La présentation d’un passe sanitaire valide est obligatoire pour accéder au monument. Port du masque obligatoire dès 11 ans et recommandé à partir de 6 ans.

Cet article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki (remerciements à Salomé Anfray)

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[Prix Marcel Duchamp 2021 : Are you ready?]

Présentation générale du prix, historique et fonctionnement du prix

Valoriser l’art contemporain, donner visibilité et légitimité à toutes ses manifestations, de la peinture à la photographie, de la sculpture à la performance : tel est l’esprit du prix Marcel Duchamp, rendez-vous incontournable d’artistes, collectionneurs et passionnés d’art. Le prix, dont le 21ème lauréat – l’artiste française Lili Reynaud Dewar – a été désigné ce lundi 18 octobre, a été crée en 2000, lorsque Gilles Fuchs, président de l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français), établit un partenariat avec le Centre Pompidou pour offrir aux artistes français déjà affirmés la possibilité de mettre en lumière l’originalité de leur propre œuvre, en l’exposant temporairement au Centre Pompidou.

En collaboration avec l’Association Marcel Duchamp, ce prix porte le nom du grand artiste du XXème siècle, dont les ready-mades ont joué un rôle central dans l’histoire de l’art contemporain, en révolutionnant de manière radicale, profonde et en provocant la conception de l’art lui-même. Un représentant des droits moraux de Marcel Duchamp fait partie du jury, ainsi que le directeur du Centre Pompidou, et Gilles Fuchs, fondateur du prix et président de l’ADIAF : quatre autres juges, choisis chaque année parmi des importants conservateurs et collectionneurs, s’ajoutent à ces trois membres fixes. La sélection commence par des visites des ateliers des candidats, environ 70 visites cette année, après lesquelles chaque membre du comité choisit quatre potentiels finalistes : à partir de cette liste, un vote désigne les quatre artistes finalistes, parmi lesquels, lors de la FIAC (Foire international de l’art contemporain), le lauréat est annoncé.

Grâce au partenariat avec le Centre Pompidou, les quatre finalistes sont récompensés par l’exposition collective de leurs œuvres pendant trois mois, au Pompidou justement, dans la Galerie 4. Il s’agit, donc, d’une opportunité remarquable dans le parcours de ces artistes, qui, normalement en milieu de carrière, ont ainsi la possibilité de s’affirmer sur la scène artistique contemporaine.

Lili Reynaud Dewar : Lauréat 2021 du prix Marcel-Duchamp

Lili Reynaud Dewar est une artiste plasticienne et performeuse, née à la Rochelle. Après avoir étudié la danse classique, Lili entame des études de droit public à l’université Paris 1 Panthéon- Sorbonne. Ensuite, entre 2001 et 2003, l’artiste suit le Master of Fine Arts de la Glasgow School of Arts. Suivant son master, l’artiste se concentre à l’écriture sur l’art, s’appuyant sur de nombreux magazines et monographies d’artistes. La pratique artistique de Lili Reynaud Dewar prend principalement la forme de performances, de sculpture, de vidéos et d’installations, tout en se nourrissant de l’histoire des cultures alternatives, militantes et féministes à laquelle elle rend hommage dans son expression artistique. Son travail fait l’objet de d’expositions personnelles et collectives au Japon, en Italie, en Allemagne, au Etats-Unis et en France.

Le prix 2021 a donc été attribué à Lili Reynaud Dewar grâce à la mise en scène de son film Rome, 1er et 2 novembre 1975, inspiré de la dernière journée de Pier Paolo Pasolini, cinéaste et et écrivain, un Italien, figure emblématique antifasciste de l’après-guerre. Dans son œuvre, l’artiste met en scène des amis, anciens élèves et membres de sa familles, retraçant la dernière journée de Pasolini passée avec son amant, précédent le jour de son assassinat en 1975. Le film a été tourné en partie à Rome et au Japon. Pour la diffusion de son film au centre Georges Pompidou, l’artiste n’a pas lésiné sur les moyens. Pas moins de 4 projecteurs ont été installés pour projeter les 4 interprétations de cette dernière journée. La démarche artistique innovante est que ces 4 projections ne diffusent pas des brides sans liens retraçant l’histoire mais se font écho les une avec les autres et reprenant les mêmes phrases. L’œuvre de l’artiste se découvre en même temps avec des fascicules reprenant des entretiens menés par l’artiste avec ses proches.

Les artistes nommées pour le prix marcel Duchamp de 2021

Julian CHARRIÈRE est un artiste suisse diplômé de l’Université des arts de Berlin où il a étudié à l’Institut für Raumexperimente (Institut d’expériences spatiales). Il propose dans sa création artistique aussi bien des installations, que de la photographie, de la performance ou encore de la vidéo.

A travers ces médiums, il explore les relations de nos sociétés contemporaines avec leur écosystème afin de mettre en avant ce lien interdépendant entre l’homme et la nature. Pour le prix Marcel Duchamp, Julian Charrière met le carbone au centre de son projet. En effet, le Centre Georges Pompidou explique que “l’artiste explore, de la terre au ciel, la mémoire et les transformations de cet élément”. Ainsi, ses créations plastiques réunissent le CO2 sous forme du charbon, de bulles millénaires libérées par la fonte des glaces, ou encore sous forme de diamants notamment utilisés par les têtes de forage pétrolier. Afin de pousser sa réflexion artistique au plus loin, il collabore fréquemment avec des professionnels, comme des compositeurs, des scientifiques, des ingénieurs, des historiens de l’art et des philosophes. Ainsi, il invite également le public à mener une réflexion critique sur les traditions culturelles dans le monde naturel.

Isabelle CORNARO est une artiste française diplômée en histoire de l’art à l’École du Louvre en 1996. Isabelle Cornaro a également étudié au Royal College of Arts de Londres avant d’être diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2002. Aujourd’hui, elle travaille à Paris et Genève.

A travers une pratique multidisciplinaire, elle étudie et met en avant le rapport qu’a l’individu avec des objets issus de l’industrie de masse et l’image qu’ils portent, dans une tentative de déconstruction de notre regard. À l’occasion du prix Marcel Duchamp, Isabelle Cornaro présente un ensemble d’œuvres dans lesquelles “l’image se fait et se défait, laissant place à un investissement sensoriel et critique”, mots du Centre Pompidou. En effet, son travail a pour but de mettre en avant les mécanismes d’une pulsion scopique, c’est-à-dire, selon l’artiste, « une tentative que l’être humain entreprend en tentant de se prolonger à travers les objets qu’il convoite ou rejette ».

Julien CREUZET est un artiste Français. Julien Creuzet a obtenu un DNSEP à l’ESAM de Caen avant d’intégrer l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, puis a rejoint le Fresnoy-Studio national des arts contemporains à Tourcoing. Actuellement, il vit et travaille à Fontenay-sous-Bois.

Son travail artistique mêle de nombreuses disciplines, telles que la sculpture, la poésie, la vidéo et le son. L’hybridation est au cœur même de sa réflexion puisqu’il mêle avec différents médiums différentes disciplines telles que l’histoire, les sciences sociales et la politique. Dans ce “télescopage de formes et de sons”, Julien Creuzet a l’ambition de lier à la fois notre environnement contemporain et l’histoire coloniale. Au sein de son projet pour le prix Marcel Duchamp, l’artiste met notamment en avant la figure du trompettiste ainsi que celle du sémioticien (qui étude des signes).

Sources : Le Prix Marcel Duchamp – ADIAF, Centre Pompidou (1)(2), Le Monde (1)(2), Julian Charrière, Julien Creuzet | Institut français.

Cet article n’engage que ses auteurs.

Emilia Bezzo, Aurélie Ménard et Auxence Jobron.

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[Rubrique culturelle : Festival du Film Coréen à Paris 2021]

Le cinéma sud-coréen connaît une popularité croissante ces dernières années, ce qui lui a permis de gagner une reconnaissance internationale : on ne compte plus les films coréens qui, à l’instar de Parasite de Bong Joon-ho ou de Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho, font parler d’eux lors des grands festivals internationaux.

En France, l’une des manifestations majeures du cinéma coréen est sans aucun doute le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP). Cet événement permet aux non-initiés de découvrir le cinéma coréen d’aujourd’hui (qu’on désigne en Corée sous le nom de « nouvelle vague »), mais également des grands classiques de la péninsule.

Présentation du festival

Le FFCP existe depuis 2006 et se déroule habituellement de fin octobre à début novembre à Paris. Chaque année, une cinquantaine de films y sont programmés en première internationale, européenne ou française. Des acteurs, réalisateurs et producteurs coréens sont régulièrement invités à présenter leurs derniers films.Depuis 2013, le FFCP est organisé sur les Champs Élysées.

En plus des films d’ouverture et de clôture, le FFCP comporte 6 sections :

  • La section événements, qui propose des films à gros budget ou qui ont eu beaucoup de succès en Corée ;
  • La section paysage, qui offre une vision panoramique du cinéma coréen d’aujourd’hui, allant du cinéma d’auteur au cinéma commercial et des films de genre aux documentaires ;
  • La section classiques, qui présente de manière inédite en France du cinéma classique coréen, souvent inconnu en dehors de la péninsule (catégorie absente de l’édition 2021) ;
  • Les avant-premières permettent aux Français de regarder des films sud-coréens qui viennent de sortir en Corée ou dont la sortie est imminente ;
  • La section spéciale shortcuts, qui est la seule section compétitive du festival. Elle présente une vingtaine de courts-métrages parmi lesquels trois sont récompensés du Prix FlyAsiana (meilleur court-métrage), du prix Keystone (meilleur scénario) et du Prix FFCP (meilleur court-métrage d’animation), par un jury professionnel ;
  • La section FlyAsiana, qui met à l’honneur le réalisateur ou la réalisatrice qui a remporté le Prix FlyAsiana l’année précédente, en diffusant son court-métrage récompensé ainsi que d’autres œuvres de sa filmographie.

Edition 2021

Malgré la COVID-19 et la programmation retardée de l’édition 2020 en juin-juillet 2021, la seizième édition du festival aura quant à elle bien lieu de fin octobre à début novembre 2021.

Au programme, nous retrouvons des gros succès au box office sud-coréen de 2021 tels que le drame Escape from Mogadishu, le thriller Hostage: Missing celebrity ou le film catastrophe Sinkhole, mais également des documentaires et des films plus intimistes. On peut par exemple noter Introduction de Hong Sang-soo, drame qui a remporté l’Ours d’argent du meilleur scénario à la Berlinale 2021 et qui montre un jeune homme cherchant à se frayer un chemin entre les souhaits et les attentes de ses parents, alors que sa petite amie est partie étudier à Berlin.

Le film d’action Escape from Mogadishu et le drame Introduction, tous deux présentés au FFCP 2021.

Cette année, la section FlyAsiana met à l’honneur Le Yeon-chul, vainqueur du prix FlyAsiana de l’édition 2020 pour son film We watch movies and read novels together. Le jury de la seizième édition du FFCP sera quant à lui composé de Jordane Oudin (producteur), Bastien Simon (réalisateur) et Emmanuelle Spadacenta (journaliste et critique de cinéma).

Si le FFCP ne propose pas de section classiques cette fois-ci, cinq courts-métrages « tendres et ludiques » seront programmés dans le cadre de la section Shortcuts Kids, preuve qu’il n’y a pas d’âge pour apprécier le cinéma sud-coréen.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du festival : http://www.ffcp-cinema.com/ 

Cet article n’engage que son auteure.

Article de Mathilde Varboki

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[Rubrique culturelle : rétrospective sur Georgia O’Keeffe au Centre Pompidou]

Depuis le 8 septembre et jusqu’au 6 décembre, vous pouvez découvrir la première rétrospective française sur l’artiste Georgia O’Keeffe au Centre Pompidou !

Georgia O’Keeffe, une artiste nord-américaine du XXème siècle

Décédée en 1986, Georgia O’Keeffe lègue au monde de l’art une collection riche de plus de 9000 tableaux ! Elle consacre en effet plus de deux heures par jour au dessin et à la peinture, et est une des premières figures de l’art moderne aux Etats-Unis et annonce l’art minimaliste américain.

Elle enseigne l’art dès 28 ans, en 1915 au Columbia College en Caroline du sud. Sa carrière artistique commence à être réellement reconnue lorsque le photographe Alfred Stieglitz, propriétaire de la célèbre galerie newyorkaise d’avant-garde 291, décide d’exposer sans son autorisation ses œuvres. Malgré la fureur de Georgia O’Keeffe, Stieglitz décide de laisser accrochées ces toiles, et déclare : « Vous n’avez pas plus le droit de garder ces images pour vous que de priver du monde un enfant. ». Chaque année alors, Stieglitz expose les œuvres d’O’Keeffe dans sa galerie. L’artiste reçoit de plus en plus de commandes à mesure que sa réputation grandit, et elle est la première femme à s’imposer auprès des critiques, des collectionneurs et des musées d’art moderne.

La peinture abstraite « hard edge »

C’est à partir des années 1960 que le mouvement « hard edge » émerge en Californie, et que Georgia O’Keeffe en devient une des pionnières. Il s’agit d’un expressionnisme abstrait dans lequel les transitions entre les couleurs sont brusques, chaque zone étant délimitée très nettement. Le tableau ci-dessous Sky Above clouds – Yellow Horizon and clouds de Georgia O’Keeffe, peint entre 1976 et 1977, et présenté dans l’exposition, rend bien compte de cette technique.

La nature pour thème principal

Les œuvres de Georgia O’Keeffe, ce sont aussi les fleurs, qu’elle dessine depuis son plus jeune âge. Elle peint des dizaines de peintures sur ce thème, dont chacune présente une seule fleur, qui s’étend sur l’intégralité de la surface de la toile, comme un zoom. L’artiste dit en effet avoir été inspirée par la photographie pour la réalisation de ces œuvres.


Inside red canna, 1919

Dans l’exposition, nous pouvons également remarquer le thème récurrent d’ossements et de coquillages. Georgia O’Keeffe s’inspire des lieux qu’elle a fréquentés pour peindre, comme la ville de Taos au Nouveau-Mexique où elle passe tous ses étés et y ramasse des coquillages. Dans le désert, elle trouve des os qu’elle voit comme « les symboles du désert » : elle les ramasse et s’en sert de modèle pour ses peintures.

Une exposition qui retrace le travail d’une vie

L’exposition du Centre Pompidou sur Georgia O’Keeffe propose une vue d’ensemble sur la totalité du travail de l’artiste. De ses premières toiles à l’affirmation de ses thèmes de prédilection, le grand panel des œuvres présentées permet de mieux connaitre une artiste jusqu’alors peu exposée en France. Le parcours est chronologique, et le décor entièrement blanc et épuré permet de faire ressortir les vives couleurs des peintures.

Si vous souhaitez donc en savoir plus, ou tout simplement découvrir Georgia O’Keeffe, l’exposition est ouverte ce week-end de 11h à 21h.

Pour réserver vos places :

https://billetterie.centrepompidou.fr/selection/timeslotpass?productId=101734952461&_ga=2.194385067.701667554.1634299111-304700728.1624272351

Article de Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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[L’histoire mouvementée de la tour Eiffel]

Ce 13 octobre sort au cinéma le film Eiffel de Martin Bourboulon, qui narre de manière romancée l’origine de la création de la tour Eiffel. L’occasion parfaite pour revenir sur l’histoire de cette tour inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, devenue au fil des siècles le symbole de la capitale française !

La tour Eiffel, un défi de taille

Au XIXème siècle, de nombreux architectes ambitionnent de réaliser une tour « haute de plus de mille pieds » qui dépasserait l’obélisque de Washington, haut de 169 mètres.

Lors de l’exposition universelle de Philadelphie de 1876, des ingénieurs américains imaginent une tour de 300 mètres. Mais faute de financement, ce projet ne voit pas le jour.

Deux ans plus tard, l’architecte français Jules Bourdais imagine également une « tour-phare » en granit qui illuminerait Paris. Mais cette tour de 300 mètres ne sera jamais construite. En effet, on estime alors ce rêve inatteignable à cause des connaissances techniques limitées de l’époque.

L’obélisque de Washington et le projet avorté de 1876

L’exposition universelle de 1889

En 1878, la Troisième République française cherche une manière de s’enraciner à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française. Le gouvernement de Jules Ferry fixe donc l’organisation de la dixième exposition universelle entre mai et octobre 1889. De par son thème, l’exposition est boycottée par plusieurs monarchies telles que l’Allemagne ou l’Autriche-Hongrie.

En 1884, Gustave Eiffel, qui vient de concevoir l’armature de fer de la statue de la Liberté, dépose un brevet pour une tour métallique inspirée de la Galleria Vittorio Emanuele II de Milan. Grâce à une large campagne de communication, son projet fait l’unanimité auprès du gouvernement français : l’ingénieur avance de sa poche 80% des frais de travaux, estimés à 8,5 millions de francs or, tandis que le gouvernement lui accorde une concession de vingt ans au terme de laquelle la tour appartiendra à la ville de Paris.

 La Galleria Vittorio Emanuele II de Milan et une affiche de l’exposition universelle de 1889

Une construction contestée

Le chantier débute en janvier 1887. Mais la construction de la tour suscite les hostilités. Une « protestation des artistes », signée par de grands noms tels que Alexandre Dumas fils, Sully Prudhomme ou Guy de Maupassant, s’oppose à son édification. L’élévation de la tour avance tout de même au rythme de douze mètres par mois, malgré une grève des ouvriers causée par des conditions de travail risquées.

La tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1899, soit deux ans après le début des travaux. Elle fait alors 312 mètres et devient le monument le plus élevé du monde. Gustave Eiffel, qui a respecté les délais impartis, reçoit la légion d’honneur et ouvre le monument au public. Entre mai et octobre 1899, plus de deux millions de visiteurs sont émerveillés par la vue depuis le sommet de la tour et par les ascenseurs hydrauliques novateurs.

La tour Eiffel à différents étapes de sa construction (1887-1889)

L’avenir incertain de la tour après 1889

Après la fin de l’exposition, la tour perd l’intérêt des visiteurs. On s’interroge alors sur son avenir et à l’approche de la fin de la concession, certains avancent que la tour pourrait être détruite. Afin d’empêcher sa destruction, Gustave Eiffel commence à utiliser la tour à des fins scientifiques, notamment en la transformant en station d’observation. En 1903, il autorise l’installation d’une antenne au sommet de la tour afin d’établir un réseau télégraphique sans fil.

Les autorités profitent donc du fait que la tour soit le point le plus élevé de la région parisienne pour y installer un transmetteur de TSF, ce qui s’avère stratégique durant la Première Guerre mondiale : l’attaque allemande sur la Marne est déjouée grâce à des messages captés dans la tour. Dans l’entre-deux-guerres, la tour bascule vers un usage civil et permet la diffusion des programmes radios, puis de télévision. Enfin, en 2015, des éoliennes capables de produire 10 MWh par an sont installées au deuxième étage de la tour, prouvant une nouvelle fois sa versatilité.

Panorama de la vue de Paris depuis le sommet de la tour Eiffel

La dame de fer à l’UNESCO

Aujourd’hui symbole de la ville de Paris, la tour Eiffel est le troisième site culturel payant le plus visité en France. Depuis son ouverture au public en 1889, la tour a en effet accueilli plus de 300 millions de visiteurs. Le développement du tourisme international a permis à la tour de voir son nombre de visiteurs augmenter de manière significative dans les années 1960, avant que le cap des 6 millions d’entrées annuelles ne soit dépassé pour la première fois en 1998. Preuve de la popularité de la tour, il en existe plusieurs répliques dans le monde, notamment au Japon ou aux Etats-Unis.

Inscrite aux monuments historiques depuis 1964, la tour Eiffel fait également partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991, aux côtés d’autres monuments parisiens des rives de la Seine tels que le Louvre ou Notre-Dame. En effet, la dame de fer témoigne de l’histoire de Paris et des expositions universelles, dont l’importance a été si grande aux XIXème et XXème siècles. Pour la petite anecdote, Jean-Michel Jarre a même donné un concert au pied de la tour Eiffel pour célébrer les 50 ans de l’UNESCO en 1995, devant plus d’un million de spectateurs.

Les tours “Eiffel” de Los Angeles et Tokyo

Sources : Allociné, UNESCO, Chestnut Hill Local, BNF, Monuments du Monde, Le Figaro, Aerozone JMJ, Wikipédia (1)(2)

L’article n’engage que son auteure.

Mathilde Varboki

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[Le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais]

Pour anticiper le podcast sur le processus de formation du dossier d’entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO du Touloulou, nous vous proposons aujourd’hui un article pour vous présenter ce personnage énigmatique du Carnaval guyanais. 

Unique en son genre, le carnaval de Guyane est le plus long du monde. La fête commence, début janvier, pour se terminer entre février et mars. C’est l’un des événements majeurs en Guyane. Lorsque l’on se penche sur son histoire, on se rend compte que cette fête appartient à la culture créole, même si elle a pour origine celle qui est pratiquée en Europe sous le même nom.

Lors de la colonisation, les européens fêtaient en effet le Carnaval, mais interdisaient aux esclaves de participer aux réjouissances. Ces derniers, bravant l’interdit, organisaient alors des fêtes clandestines. Cela leur permettait notamment de fêter, comme leurs ancêtres africains, la fertilité et les moissons. Cela leur permettait également de tourner leurs maîtres en dérision. C’est dans ce contexte qu’est né le Touloulou, personnage emblématique du Carnaval guyanais. 

         Le Touloulou est en effet le personnage le plus typique du Carnaval guyanais. C’est une femme habillée élégamment de la tête aux pieds. On ne peut pas la reconnaître : elle change de parfum, de chaussures, couvre toutes les parties de sa peau, rajoute des boudins sous sa robe pour masquer ses formes. Elle porte également une cagoule et de longs gants pour garantir son anonymat. Certaines mettent même des lentilles colorées, et changent leur voix. 

Ce personnage représente les femmes bourgeoises des 18e et 19e siècles, bien habillées et toujours habillées de la tête aux pieds. 

Le Touloulou a été inventé pour caricaturer les épouses des maîtres de plantation. Son apparition s’est faite peu avant l’abolition de l’esclavage, mais il a permis plus tard de casser les barrières sociales qui perduraient entre les personnes noires – les nouveaux affranchis – et les blancs – leurs anciens maîtres. 

Durant le bal du samedi soir, aussi appelé « université », le Touloulou est la reine de la soirée. Il danse et invite des hommes à le rejoindre pour fêter toute la nuit le Carnaval. Véritable institution, il doit respecter un certain nombre de commandements car ces dernières décennies, ses défenseurs ont noté de la négligence dans son attitude : 

1.     Pour éviter les mauvaises interprétations : marrainez le Touloulou « lakrèch ».

2.     Que la danse et la musique restent le centre d’intérêt du bal masqué.

3.     Que le masque protège l’anonymat obligatoire du Touloulou.

4.     Tu respecteras la liberté des autres pour être libre de toi.

5.     La discrétion, la subtilité de tes gestes rendront hommage.

6.     Le bal masqué ne doit pas, par ton attitude, devenir une maison close.

7.     N’assimilez point ces lieux mythiques aux boîtes de nuit ou aux chambres d’hôtel.

8.     Soyez charmeuse sans être sangsue, le Touloulou passe partout, voit tout, mais ne doit jamais s’accrocher.

9.     Faites-vous désirer et non détester.

10.  La sagesse nous permettra d’apprécier jusqu’à la fin des temps cette coutume unique chez nous.

Si vous souhaitez connaître plus amplement le personnage du Touloulou, vous pouvez écouter notre podcast sorti récemment en collaboration avec l’Observatoire régional du Carnaval guyanais et son Vice-président Brunel Boutrin ! 

Vous pouvez également vous rendre sur le site de Guyane Amazonie pour voir plus en détail les différents personnages du Carnaval et de jolies images sur les manifestations ! https://www.guyane-amazonie.fr/le-carnaval-de-guyane

Article de Tifenn Genestier

Cet article n’engage que son auteure.

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