[TIKAL, un trésor maya inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO]

Ce lundi s’est tenue à l’UNESCO la cérémonie de remise volontaire d’un fragment de stèle Maya provenant du site de Piedras Negras au Guatemala. Cette stèle avait été dérobée lors de fouilles dans les années 1960. Elle est réapparue lors d’une vente aux enchères qui a eu lieu à Paris en 2019. La collectionneuse privée Manichak Aurence a alors décidé de restituer volontairement le fragment de stèle au Guatemala. 

Le Guatemala est le pays dans lequel se situe l’une des merveilles du patrimoine de l’UNESCO : le site de Tikal. Il est l’un des rares trésors archéologiques qui est inscrit au patrimoine mondial à la fois sur des critères naturels pour sa faune et sa flore luxuriante mais également pour son importance archéologique. Le site a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 1979. 

Mais quel est ce site protégé par l’UNESCO ? 

Le site de Tikal est situé dans la région du Petén au Guatemala. Il s’agit d’un trésor archéologique unique au monde. C’est l’une des plus vieilles villes antiques qui présente, malgré son ancienneté une structure aussi complexe que les grandes métropoles d’aujourd’hui. Elle fut habitée du VIe siècle avant J.C au Xème siècle de notre ère.  

Le peuple Maya était capable non seulement de construire des pyramides monumentales mais aussi de développer des techniques d’ingénierie novatrices. Tikal est ainsi l’archétype de la civilisation maya, en étant à la fois un centre religieux, commercial et élitaire.

Le site de Tikal est l’un des plus grands complexes archéologiques laissés par la civilisation maya. Il présente une surface de 60 km carrés qui réunissaient une population estimée à 60 000 habitants. Il compte environ 12 000 structures différentes qui sont pour la plupart réservées aux rites sanglants pratiqués par les mayas. 

Au niveau du centre politico-religieux (environ 400 hectares) se trouvent les plus grands ensembles comme les pyramides qui sont les structures les plus hautes de la cité. La pyramide IV fait plus de 65 mètres de haut et est reconnue ainsi comme l’édifice précolombien le plus haut jamais construit. Les pyramides ont une symbolique importante dans la pensée maya, elles représentent des montagnes qui définissent le lien entre les humains et les divinités. Plus elles sont hautes, plus elles ont une symbolique forte. 

Le site est immense ! Il y a également d’autres structures rituelles comme deux acropoles, plusieurs grandes places, des stèles, des plateformes cérémonielles mais aussi des terrains de jeu de balle qui était un sport rituel qui était parfois accompagné de sacrifices très pratiqué chez les mayas. 

 On comprend ainsi que Tikal par la taille et le nombre d’édifices rituels pouvaient exercer une certaine influence sur ses habitants mais aussi sur les cités aux alentours. Cette influence est également commerciale. Les quatre grandes chaussées principales qui partent du centre de la cité nommés après les archéologues qui les ont découvertes : Maler, Maudsley, Mendez et Tozzer permettaient de relier les différentes parties de la cité entre elles. Elles étaient empruntées par les habitants de la région urbaine périphérique afin de rejoindre le centre de la cité pour les rites et pour les échanges de marchandises. 

La cité était très influente : elle entretenait même des liens avec la cité de Teotihuacán (située à 40 km de l’actuelle Mexico). En avril de cette année, les archéologues ont trouvé des similitudes très importantes entre une pyramide de Tikal et la Citadelle de Teotihuacan. Cette découverte extraordinaire nous montre la force des interactions culturelles entre les deux civilisations. 

En outre, les habitants de Tikal ont développé des techniques d’ingénierie hors du commun et notamment le système de filtration le plus ancien connu à ce jour. En effet, en octobre 2020, des chercheurs de l’Université de Cincinnati ont pu découvrir une technique de filtration présente à Tikal. Les mayas auraient utilisé les creux réalisés dans la terre pour construire leur temple, comme réservoir d’eau. A l’aide d’un mélange de minéraux différents qui pouvaient absorber les bactéries, ils ont rendu l’eau de pluie potable et ont réussi à la stocker. 

La flore a permis de conserver de manière exceptionnelle les vestiges antiques qui est encore un lieu de découverte. Le site est aujourd’hui au cœur d’une forêt quasiment vierge et extrêmement diversifiée, composée d’arbres colossaux et de forêts tropicales aux multiples essences, de nombreuses espèces animales et végétales qu’il faut absolument protéger. Selon un rapport de l’UNESCO, il existe sur ce site plus de 200 espèces d’arbres différentes, des centaines de mammifères comme le grand Jaguar (symbole puissant dans le culte maya), 330 espèces d’oiseaux dont certaines sont menacées comme le Grand Hocco mais également plus de 100 reptiles dont la plupart sont en voie d’extinction. 

Le site réserve encore de belles surprises : ainsi en septembre 2021, un archéologue de l’Université de Brown a découvert un nouveau quartier au sein du site de Tikal grâce à la technologie LIDAR qui utilise des rayons lumineux d’analyser le site comme s’il n’était pas recouvert de végétation. La similarité avec des constructions présentes à Teotihuacan pose à nouveau une question historique sur les relations étroites entre Tikal et Teotihuacan. La cité mystérieuse demeure ainsi le centre de nombreux questionnements et l’un des sujets les plus étonnants d’archéologie. 

Sources : 

« Parc national de Tikal », UNESCO 

« Maya de l’aube au crépuscule », Collections nationales du Guatemala , Musée du quai Branly, octobre 2011 UNIVERSALIS.

Cet article n’engage que son auteur.

Article d’Aurélie SABATHIER

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[Rubrique culturelle : les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique]

Cette semaine nous avons décidé de vous parler de l’exposition sur les Olmèques et les cultures du Golfe du Mexique que vous pourrez aller voir puisqu’elle se tient au Musée du Quai Branly jusqu’au 25 juillet 2021 ! Cette exposition est particulièrement impressionnante puisqu’environ 300 objets sont présentés, dont 80 pour cent d’entre eux n’ont jamais été exposés à l’extérieur du Mexique !

Avant de pouvoir vous y rendre, nous vous proposons pour ce week-end d’aller voir la visite guidée filmée que le musée a publié sur Youtube.

La visite se déroule en 3 épisodes d’environ 5 minutes, consacrés chacun à une salle de l’exposition. C’est Steve Bourget, responsable des collections Amériques du Quai Branly, qui anime la visite et a choisi de commenter quelques œuvres phares et représentatives des cultures du Golfe du Mexique, à différentes périodes qui précèdent l’arrivée des colons espagnols sur le continent américain. J’ai sélectionné pour vous quelques œuvres présentées lors de cette visite.

La culture Olmèque

Dans la première partie de la visite, Steve Bourget nous parle de la culture Olmèque, qui est considérée comme la civilisation-mère de la Mésoamérique. En effet, elle a initié des traits culturels qui vont se propager dans toute cette aire culturelle jusqu’à l’arrivée des colons.

La première œuvre présentée lors de la visite guidée est la sculpture : le « Seigneur de las Limas », découverte en 1965 à Las Limas. Le personnage qui est allongé dans les bras de celui qui se tient en tailleur serait probablement le dieu de la pluie, associé à l’émergence du maïs et de l’agriculture. Les motifs sur son corps : deux rectangles ornés d’une croix centrale, représentent les insignes du pouvoir et sont des motifs récurrents dans la culture Olmèque. Le maïs est également fortement présent dans l’iconographie des cultures de Mésoamérique, puisqu’il est l’aliment de base des populations, et il est également associé à la fertilité.

Le « Prince », une sculpture d’un dirigeant Olmèque, nous permet d’observer les canons de représentation propres à cette sculpture : des lèvres charnues aux commissures tombantes, des yeux rapprochés et fendus.

Enfin, Steve Bourget nous parle de la stèle C de Tres Zapotes, qui a révolutionné la vision de la Mésoamérique, puisqu’elle représente une partie du calendrier, du compte long qui donne une date précise à l’aide de traits gravés. La partie supérieure de la stèle n’a été retrouvée que dans les années 70, et a permis de révéler que le calcul du compte long auparavant établi par les chercheurs avait un décalage de 250 ans !

Les femmes et les hommes des cultures du Golfe du Mexique

Cette salle porte sur 3000 ans d’art sculptural des civilisations du Golfe du Mexique.

L’ « adolescent huastèque » a été découvert sur le site de Tamohi, il représente les canons de la beauté huastèque. Nous pouvons remarquer sa déformation crânienne, une pratique très répandue en Mésoamérique, et les lobes de ses oreilles sont très distendus. Son corps est gravé de symboles du maïs.

Il est probablement le dieu du Maïs : un mythe raconte qu’il part chercher son père dans l’inframonde pour lui montrer le monde des vivants où l’on cultive cette plante. Dans la visite virtuelle, nous pouvons voir dans son dos un petit personnage la tête renversée, qui serait surement son père. Dans le mythe de cette civilisation, on raconte en effet que l’accès au monde des morts rétrécit la taille humaine.

Le registre des sculptures est très différent selon les époques, puisque  cette stèle réalisée en bas-relief présente ici un autosacrifice : le personnage se perfore la langue. Il y a une claire influence Maya dans cette représentation puisque les rois Mayas se représentaient souvent en train de se perforer la langue dans le cadre de rituels aux dieux. Ces derniers se seraient sacrifiés pour créer le monde, donc le souverain, en sacrifiant une partie de son anatomie, marque le lien particulier qu’il a avec les dieux de par son pouvoir : il se divinise littéralement par cet acte.

Le site de Tamtoc

Ce site est la capitale de la civilisation Huastèque dans le Golfe du Mexique. Il est extrêmement étendu et compte des dizaines d’édifices architecturaux.

C’est dans un bassin d’eau présent sur ce site qu’a été retrouvée la statue de la femme nue. Ce bassin est consacré au dépôt d’offrandes dans le cadre de rituels religieux : des céramiques, des corps humains y ont été déposés…

Une sculpture a un style qui se distingue de toutes les autres productions artistiques de Mésoamérique : un corps de femme sculpté scarifié, et la forme de ces scarifications fait penser à des grains de maïs. Cela permet d’associer cette sculpture à un symbole de fertilité, il s’agit donc peut-être d’une représentation de la déesse du maïs. La représentation Huastèque de corps nus est très répandue, mais cette œuvre est pourtant unique en son genre !

Vous l’aurez donc compris, le choix des œuvres commentées par Steve Bourget tient en ce qu’elles permettent de comprendre rapidement les caractéristiques principales des cultures du Golfe du Mexique. Celles-ci sont nombreuses et s’épanouissent durant plusieurs millénaires jusqu’à l’arrivée des colons espagnols qui bouleversent de manière irrémédiable ces civilisations, et donc leur culture matérielle, que nous pouvons aujourd’hui admirer dans cette exposition du Quai Branly !

Pour visionner cette visite guidée en trois parties et découvrir plus d’œuvres et de détails, c’est ici :

https://www.youtube.com/watch?v=WKn3ZxG13CI

Si vous souhaitez réserver votre visite sur le site du musée :

http://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/les-olmeques-et-les-cultures-du-golfe-du-mexique-38518/

Article de : Manon Etourneau

Cet article n’engage que son auteure.

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