Cette semaine, arrêtons-nous quelques instants sur un artiste franco-vietnamien à filiation expressionniste, Hom Nguyen. Travaillant dans son atelier dans le 93, il vit à Paris depuis sa naissance. Pourquoi est-il une source d’inspiration ? Car il a connu des échecs, des décès de personnes chères, le racisme et la pauvreté. Malgré tout, il est aujourd’hui un artiste reconnu, mettant son talent et son art au service des plus démunis.
Hom Nguyen est né en France d’une mère immigrée vietnamienne et d’un père parisien inconnu. Il vivait avec elle et son nouveau compagnon, ami d’enfance, dans un appartement de 13m² dans le 15e arrondissement. Arrivée en France sans parler la langue, assistante de coiffure à Paris, elle fut victime d’un accident de voiture quand Hom n’avait encore que 4 ans. Vinrent alors des problèmes financiers de plus grande ampleur.
Dans sa vie, il a connu le racisme anti-asiatique des années 1970-1980. Confronté à la mort de son père adoptif durant son adolescence, il devient à 16 ans le soutien de SA famille.
Il débuta alors de nombreux petits boulots pour subvenir aux besoins de sa mère, et eut un déclic. Il devait se remettre au dessin et à la peinture. Cependant, sa mère était contre, et ce n’est après sa mort, en 2009, qu’Hom décida de se lancer sans jamais regarder en arrière. Comme il le dit lui même « J’ai appris à marcher tout droit, à raser les murs la tête baissée pour m’en sortir. Là, j’ai fait pareil. J’ai juste fait en sorte de m’en sortir ».
Pour se faire connaître, il a utilisé les réseaux sociaux. Il n’a d’ailleurs pas commencé par de grandes toiles, mais par des dessins sur des chaussures. Il peignait déjà quand il était enfant, sûrement influencé par son père adoptif, amateur de théâtre vietnamien. Les aléas de la vie lui ont fait oublier son amour de jeunesse.
Ses œuvres sont imprégnées de son histoire personnelle. Toute sa vie fut noire, c’est une mémoire qui reste, forcément. Pourtant, la couleur apparaît dans ses œuvres. La douceur colorée mais la violence des regards. Sont racontés aussi le voyage de sa mère, catégorisée comme « boat people », et la mémoire, qui se transmet par les gestes, par la main. On retrouve aussi la méconnaissance de son père biologique qui a créé un fil conducteur tout au long de son existence et de son art, un trait sans origine ni fin.
Artiste peintre, son style et vif et très instinctif, sa liberté gestuelle dans la technique le rapproche même parfois du street art.
Hom Nguyen s’est également engagé depuis 2016 à animer des ateliers de dessin à la Pitié Salpêtrière. Son objectif était de partager son expérience pour aider les jeunes adultes à avoir de nouveau confiance en eux. Évoquant son enfance qui ne fut pas des plus joyeuses, il explique que la peinture lui a permis de s’évader. C’est cela qu’il veut faire découvrir aux patients de l’hôpital.
Mais il ne s’arrête pas là. En 2019, son portrait de Michelle Obama, acheté par Christie’s, a permis une formidable récolte de fonds afin de soutenir les programmes en faveur de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, menés par UN Women.
En 2020, il réalisa une vente aux enchères record avec une œuvre vendue à près de 224 000 euros, dont les bénéfices ont été reversés à l’ONG Les enfants du Mekong. Cela a permis à 750 enfants d’être nourris et de recevoir des cours complémentaires pendant un an, notamment des cours de dessin. De la sorte, Hom Nguyen a pour objectif de motiver d’autres artistes et créer un élan de générosité dans le milieu de l’art. En effet, depuis quelques années, les ONG souffrent d’une baisse de dons. Ces actions sont donc très importantes pour leur permettre de continuer leurs activités.
Enfin, durant l’épidémie de Coronavirus, l’artiste s’est engagé pour la cause des personnes défavorisées, a réalisé un portrait de l’Abbé Pierre et en a fait don à la fondation éponyme.
Sources : Youtube, Hom Nguyen
Cet article n’engage que son auteure.
Tifenn Genestier