Créé en 2008, le parc national du Vatnajökull est une région volcanique emblématique de l’Islande, qui couvre 14% de l’île. Ce bien de 1 482 000 ha, dont 85% est classé comme une zone de nature sauvage, est le plus grand parc national d’Europe.
Le bien est traversé par la zone volcanique orientale et la zone volcanique septentrionale, deux zones de rift qui compensent le l’écartement des plaques tectoniques, de 19 mm chaque année. On compte en effet dix volcans dans le parc, dont huit sont sous la glace et sont parmi les plus actifs d’Islande. Lorsque ces derniers interagissent lors d’une éruption avec les fissures de la calotte glaciaire du Vatnajökull (qui recouvre environ 780 000 ha), la rupture de la marge du glacier provoque une inondation : le Jökulhlaup. Apparaissent alors des plaines de sable, des réseaux fluviaux et des canyons, phénomène unique au monde.
Dettifoss sous la neige fin avril.
En dehors de la calotte glaciaire, on retrouve logiquement des champs de lave, mais aussi des montagnes et des roches volcaniques formées lors des éruptions fissurales (hyaloclastites). C’est de ce phénomène qu’est née l’expression attribuée au parc, “la nature dynamique du feu et de la glace”. Ce système a permis la création de reliefs dynamiques et variés sur le plan géologique, qui sont actuellement sous-représentés ou absents de la Liste du patrimoine mondial, d’où l’importance du parc.
La protection de ce bien est plus que jamais d’actualité : si la calotte glaciaire du Vatnajökull a atteint sa plus grande extension à la fin du XVIIIe siècle, elle est aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique mondial.
Si le parc abrite de nombreuses espèces (rennes, phoques, plantes vasculaires…), il faut savoir que ces zones volcaniques abritent également une faune propre aux eaux souterraines, qui a survécu à la période glaciaire. On retrouve également des organismes unicellulaires dans ce milieu inhospitalier qui reproduirait les conditions de la Terre à ses débuts, ainsi que des satellites de glace de Jupiter et Saturne.
Le Hvannadalshnjúkur, plus haut sommet d’Islande situé au sud de la calotte du Vatnajökull.
Critères de sélection :
Le parc national du Vatnajökull a été inscrit sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2019, sur un critère.
Critère (viii) : “être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géo-morphiques ou physiographiques ayant une grande signification”
En effet, la coexistence d’un rift océanique actif émergé, d’une remontée de roches chaudes et d’une calotte glaciaire de cette taille, est inédite et fait du parc un bien unique. Les paysages y sont variés et présentent des caractéristiques à la fois tectoniques, glacio-volcaniques et volcaniques. Ces dernières ont d’ailleurs servi de comparatifs pour étudier la planète Mars. Les caractéristiques du bien étant facile d’accès, elles font l’objet d’un intérêt scientifique important : pas moins de 281 articles scientifiques ont été publiés sur le parc ces dix dernières années.
Paysage montagneux des hauteurs de Kjós, près de Skaftafell.
Gestion du site :
Dans la mesure où le site est classé zone de nature sauvage, il n’y a pas eu de développement humain destructif dans les limites du bien : seuls quelques employés du parc y vivent à l’année.
La plus grande partie du bien est protégée par la Loi sur le Parc national du Vatnajökull. Plusieurs autres lois nationales importantes sont en vigueur pour assurer sa protection. L’agence gouvernementale du Parc national du Vatnajökull, principale responsable de l’application de la législation sur le parc, est soutenue par le Gouvernement de l’Islande, les municipalités locales et les entreprises. Les zones ajoutées au parc national depuis 2013 sont progressivement intégrées dans les dispositions de gestion.
Le budget du parc, dont 30% provient de ses recettes, est principalement financé par le gouvernement central. Le Fonds de protection des sites touristiques et l’organisation à but non lucratif des Amis du Vatnajökull participent également à son financement.
Enfin, la gestion du parc s’avère difficile dans la mesure où il s’agit d’une zone où les risques naturels sont communs. Il faut en outre protéger le site de l’usure, empêcher les activités illégales et contrôler le flux de visiteurs, qui ne cesse de croître chaque année.
La fissure volcanique d’Eldgjá.
Sources : Parc national du Vatnajökull, Parc national du Vatnajökull – la nature dynamique du feu et de la glace
Cet article n’engage que son auteure.
Mathilde VARBOKI