Cela fait maintenant plusieurs mois que la répression des Ouïghours apparaît de plus en plus dans les médias et que le génocide commis est reconnu comme tel. Ethnie minoritaire de la région du Xinjiang, turcophone et musulmane, les Ouïghours sont installés en Asie centrale depuis plus d’un millénaire. Intégrés définitivement à la République Populaire de Chine en 1949, les Ouïghours subissent depuis ce temps la domination de l’ethnie majoritaire chinoise Han. 

Si une politique d’assimilation a longtemps été mise en place, depuis le début des années 2010, le gouvernement de la république populaire de Chine mène une politique répressive contre ce peuple. Internés dans des camps d’enfermements massifs, les Ouïghours subissent tortures et travail forcé pour de grands noms de l’industrie. Au-delà de ce que Pékin appelle des « centres de formation professionnelle », les ONG dénoncent de véritables camps de rééducation. En effet, le but de ces massacres est d’effacer la minorité Ouïghour et toute sa culture afin d’unifier le pays. Ainsi, la culture Ouïghour est directement visée au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Dans ces camps, des femmes sont violées, stérilisées, le chinois leur est appris de force. 

En plus des dégâts humains, le patrimoine culturel ouïghour est peu à peu détruit, effacé, dans le but d’être oublié. Depuis 2017, 65% des mosquées de la région et 58% des sites islamiques importants ont été détruits ou endommagés selon l’ASPI soit environ 16 000 sur les 24 000 que compte officiellement le Xinjiang. Les rassemblements et festivals communautaires sont eux aussi interdits alors que les familles sont séparées et que les personnalités éminentes de la culture ouïghour disparaissent massivement. La langue Ouïghour est elle aussi menacée, c’est un véritable génocide culturel qui a lieu. 

Jean-Paul Loubes, spécialiste du patrimoine bâti ouïghour, montre les influences perses, mongoles et turques présentes dans cette architecture. Celle-ci est effacée, « sinicisée » c’est à dire rendue chinoise par la destruction des signes islamiques tel que les minarets, dômes et calligraphies arabes. On peut voir ici la mosquée d’Urumqi transformée en centre commercial. 

Le portail de la mosquée de Kargilik, bâtie en 1540 a été détruit pour être remplacé par un portail plus petit et lui aussi transformé en centre commercial. 

La Mosquée Aitika de Keriya a été détruite ainsi que de nombreux lieux de cultes plus modestes en particulier les mazâr, sanctuaires érigés sur les lieux saints islamiques contenant de précieuses reliques. 

Mosquée Aitika de Keriya

En plus du patrimoine matériel, le patrimoine immatériel est aussi visé. Ainsi ce qui est reconnu à l’UNESCO sous le nom de muqam ouïghour du Xinjiang désigne l’ensemble des pratiques du muqam soit un mélange de chants, de danses, de musiques populaires et classiques.

En s’attaquant au patrimoine Ouïghour, l’objectif apparaît clairement : détruire le passé, l’histoire du peuple pour le faire totalement disparaître.

Sana Tekaïa 

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