La Chapelle Sixtine est reconnue de façon universelle comme étant une merveille artistique, notamment grâce aux fresques de Michel-Ange recouvrant sa voute. Bon nombre d’entre nous connait cette image de deux mains cherchant le contact : la représentation d’Adam et son créateur.
Si la chapelle est bâtie entre 1477 et 1483, les fresques de Michel-Ange ne font leur apparition qu’entre 1508-1512 pour la voute et 1534-1541 pour Le jugement dernier. Ces productions de Michel-Ange sont ainsi réalisées à prêt d’un quart de siècle d’intervalle et sous l’égide de deux souverains pontificaux.
D’autres grands maîtres de la renaissance ont su gracier les murs nus de la chapelle de leurs pinceaux. On peut ainsi contempler des fresques de : Domenico Ghirlandaio, Sandro Boticelli, Cosimo Rosselli, Pinturicchio, Luca Signorelli ou encore Le Pérugin. Toutes réalisées antérieurement à celles de Michel-Ange, entre 1481 et 1482.
Cependant ce qui nous intéresse ici est la campagne de restauration de la fin du siècle dernier qui a été réalisée en vu de débarrasser les fresques de siècles de poussière, résidus et suie. Si à cette époque les fresques du Vatican connaissent toutes une attention particulière de la part des restaurateurs et restauratrices, c’est la campagne qui commence en 1980 et prend fin en 1994 qui est la plus controversée et révélatrice.
Cette campagne, longue de prêt de quatorze ans, se concentre sur les fresques réalisées de la main de Michel-Ange. Impressionnante par sa taille, des centaines de mètres carrés, elle est aussi retentissante par ses découvertes.
Une épaisse couche de crasse combinant la poussière du temps à la suie des bougies et autres résidus se voit retirée par des solvants. Or, la disparition de cette couche superficielle emporte avec elle le postulat des historiens de l’art selon lequel Michel-Ange était le peintre des ombres et couleurs sombres. Ce sont des teintes typiques du maniérisme qui surgissent après des siècles d’absence : rose pastel, vert acide, bleu, mauve, jaune… Des détails se font visibles, changeant les interprétations iconographiques des experts.
Cependant cette impressionnante campagne de restauration, qui a nécessité la re-constitution de l’échafaudage aérien du grand maître pour ne pas porter préjudice à cet écrin de beauté, a aussi connu ses détracteurs. Certains doutent alors des bienfaits des techniques de restauration utilisées, novatrices et puissantes pour certaines. De plus, le nettoyage des fresques aurait retiré des modifications et jeux d’ombres ajoutés au noir de charbon par l’artiste.
Chaque campagne de restauration connait son lot de dangers et nul ne sait si les techniques appliquées aujourd’hui ne seront pas désavouées demain. Mais une chose est sûre, avec la campagne de 1980-1994, les fresques de Michel-Ange, maitre de la renaissance, ont su encore nous émerveiller et nous surprendre.
Cet article n’engage que son autrice.
Article de Yacine Navenot