Présentation générale du prix, historique et fonctionnement du prix
Valoriser l’art contemporain, donner visibilité et légitimité à toutes ses manifestations, de la peinture à la photographie, de la sculpture à la performance : tel est l’esprit du prix Marcel Duchamp, rendez-vous incontournable d’artistes, collectionneurs et passionnés d’art. Le prix, dont le 21ème lauréat – l’artiste française Lili Reynaud Dewar – a été désigné ce lundi 18 octobre, a été crée en 2000, lorsque Gilles Fuchs, président de l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français), établit un partenariat avec le Centre Pompidou pour offrir aux artistes français déjà affirmés la possibilité de mettre en lumière l’originalité de leur propre œuvre, en l’exposant temporairement au Centre Pompidou.
En collaboration avec l’Association Marcel Duchamp, ce prix porte le nom du grand artiste du XXème siècle, dont les ready-mades ont joué un rôle central dans l’histoire de l’art contemporain, en révolutionnant de manière radicale, profonde et en provocant la conception de l’art lui-même. Un représentant des droits moraux de Marcel Duchamp fait partie du jury, ainsi que le directeur du Centre Pompidou, et Gilles Fuchs, fondateur du prix et président de l’ADIAF : quatre autres juges, choisis chaque année parmi des importants conservateurs et collectionneurs, s’ajoutent à ces trois membres fixes. La sélection commence par des visites des ateliers des candidats, environ 70 visites cette année, après lesquelles chaque membre du comité choisit quatre potentiels finalistes : à partir de cette liste, un vote désigne les quatre artistes finalistes, parmi lesquels, lors de la FIAC (Foire international de l’art contemporain), le lauréat est annoncé.
Grâce au partenariat avec le Centre Pompidou, les quatre finalistes sont récompensés par l’exposition collective de leurs œuvres pendant trois mois, au Pompidou justement, dans la Galerie 4. Il s’agit, donc, d’une opportunité remarquable dans le parcours de ces artistes, qui, normalement en milieu de carrière, ont ainsi la possibilité de s’affirmer sur la scène artistique contemporaine.
Lili Reynaud Dewar : Lauréat 2021 du prix Marcel-Duchamp
Lili Reynaud Dewar est une artiste plasticienne et performeuse, née à la Rochelle. Après avoir étudié la danse classique, Lili entame des études de droit public à l’université Paris 1 Panthéon- Sorbonne. Ensuite, entre 2001 et 2003, l’artiste suit le Master of Fine Arts de la Glasgow School of Arts. Suivant son master, l’artiste se concentre à l’écriture sur l’art, s’appuyant sur de nombreux magazines et monographies d’artistes. La pratique artistique de Lili Reynaud Dewar prend principalement la forme de performances, de sculpture, de vidéos et d’installations, tout en se nourrissant de l’histoire des cultures alternatives, militantes et féministes à laquelle elle rend hommage dans son expression artistique. Son travail fait l’objet de d’expositions personnelles et collectives au Japon, en Italie, en Allemagne, au Etats-Unis et en France.
Le prix 2021 a donc été attribué à Lili Reynaud Dewar grâce à la mise en scène de son film Rome, 1er et 2 novembre 1975, inspiré de la dernière journée de Pier Paolo Pasolini, cinéaste et et écrivain, un Italien, figure emblématique antifasciste de l’après-guerre. Dans son œuvre, l’artiste met en scène des amis, anciens élèves et membres de sa familles, retraçant la dernière journée de Pasolini passée avec son amant, précédent le jour de son assassinat en 1975. Le film a été tourné en partie à Rome et au Japon. Pour la diffusion de son film au centre Georges Pompidou, l’artiste n’a pas lésiné sur les moyens. Pas moins de 4 projecteurs ont été installés pour projeter les 4 interprétations de cette dernière journée. La démarche artistique innovante est que ces 4 projections ne diffusent pas des brides sans liens retraçant l’histoire mais se font écho les une avec les autres et reprenant les mêmes phrases. L’œuvre de l’artiste se découvre en même temps avec des fascicules reprenant des entretiens menés par l’artiste avec ses proches.
Les artistes nommées pour le prix marcel Duchamp de 2021
Julian CHARRIÈRE est un artiste suisse diplômé de l’Université des arts de Berlin où il a étudié à l’Institut für Raumexperimente (Institut d’expériences spatiales). Il propose dans sa création artistique aussi bien des installations, que de la photographie, de la performance ou encore de la vidéo.
A travers ces médiums, il explore les relations de nos sociétés contemporaines avec leur écosystème afin de mettre en avant ce lien interdépendant entre l’homme et la nature. Pour le prix Marcel Duchamp, Julian Charrière met le carbone au centre de son projet. En effet, le Centre Georges Pompidou explique que “l’artiste explore, de la terre au ciel, la mémoire et les transformations de cet élément”. Ainsi, ses créations plastiques réunissent le CO2 sous forme du charbon, de bulles millénaires libérées par la fonte des glaces, ou encore sous forme de diamants notamment utilisés par les têtes de forage pétrolier. Afin de pousser sa réflexion artistique au plus loin, il collabore fréquemment avec des professionnels, comme des compositeurs, des scientifiques, des ingénieurs, des historiens de l’art et des philosophes. Ainsi, il invite également le public à mener une réflexion critique sur les traditions culturelles dans le monde naturel.
Isabelle CORNARO est une artiste française diplômée en histoire de l’art à l’École du Louvre en 1996. Isabelle Cornaro a également étudié au Royal College of Arts de Londres avant d’être diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2002. Aujourd’hui, elle travaille à Paris et Genève.
A travers une pratique multidisciplinaire, elle étudie et met en avant le rapport qu’a l’individu avec des objets issus de l’industrie de masse et l’image qu’ils portent, dans une tentative de déconstruction de notre regard. À l’occasion du prix Marcel Duchamp, Isabelle Cornaro présente un ensemble d’œuvres dans lesquelles “l’image se fait et se défait, laissant place à un investissement sensoriel et critique”, mots du Centre Pompidou. En effet, son travail a pour but de mettre en avant les mécanismes d’une pulsion scopique, c’est-à-dire, selon l’artiste, « une tentative que l’être humain entreprend en tentant de se prolonger à travers les objets qu’il convoite ou rejette ».
Julien CREUZET est un artiste Français. Julien Creuzet a obtenu un DNSEP à l’ESAM de Caen avant d’intégrer l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, puis a rejoint le Fresnoy-Studio national des arts contemporains à Tourcoing. Actuellement, il vit et travaille à Fontenay-sous-Bois.
Son travail artistique mêle de nombreuses disciplines, telles que la sculpture, la poésie, la vidéo et le son. L’hybridation est au cœur même de sa réflexion puisqu’il mêle avec différents médiums différentes disciplines telles que l’histoire, les sciences sociales et la politique. Dans ce “télescopage de formes et de sons”, Julien Creuzet a l’ambition de lier à la fois notre environnement contemporain et l’histoire coloniale. Au sein de son projet pour le prix Marcel Duchamp, l’artiste met notamment en avant la figure du trompettiste ainsi que celle du sémioticien (qui étude des signes).
Sources : Le Prix Marcel Duchamp – ADIAF, Centre Pompidou (1)(2), Le Monde (1)(2), Julian Charrière, Julien Creuzet | Institut français.
Cet article n’engage que ses auteurs.
Emilia Bezzo, Aurélie Ménard et Auxence Jobron.