Célèbre artiste de music-hall, figure éminente de la résistance et de la lutte anti-raciste, Joséphine Baker entre au Panthéon le 30 novembre 2021 parmi les quatre vingt personnalités qui y reposent, en tant que sixième femme et première Noire. Le président de la République, Emmanuel Macron lui rend hommage.

Reconnue pour son succès en tant que meneuse de la Revue Nègre, spectacle musical qui se tient à Paris en 1925, Joséphine Baker a usé de sa notoriété au service des autres.

Actrice dans le film Zouzou, interprète de la chanson « J’ai deux amours », véritable muse des artistes cubistes, elle s’impose comme une icône en France. A l’inverse, étant issue d’une famille métissée Africaine-Américaine et Amérindienne, elle souffre de la ségrégation dans son pays natal, les Etats-Unis. En 1937, elle obtient la nationalité française.

Sous couvert de son succès artistique, Joséphine Baker a joué un rôle éminemment politique durant la Seconde Guerre Mondiale au profit de la France.

Selon une enquête du journal Le Monde auprès du service historique de la Défense, des documents et archives révèlent que Joséphine Baker a travaillé dans le contre-espionnage à Paris aux côtés de Jacques Abtey. Lors des dîners mondains, elle veille à obtenir des informations auprès des forces ennemies.

Après la défaite de la France et le début de l’occupation allemande, elle est recrutée dès 1939 par le 2ème bureau des Forces Françaises Libres en tant qu’honorable correspondant. Jacque Abtey se fait passer pour son manager, sous le nom de Jacque Hébert, voyageant dans l’ombre de la chanteuse il transmet des informations relatives aux positions ennemies. Afin de dissimuler les informations, il retranscrit une partie de celle-ci sur les partitions de Joséphine Baker. 

« C’est la France qui m’a faite. Je suis prête à lui donner aujourd’hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez ». 

JOSEPHINE BAKER

Envoyée en mission au Maroc, suite à la libération par les Alliés de l’occupation à Casablanca, Joséphine Baker intègre l’armée française. Titulaire d’un brevet de pilote, elle se joint aux forces françaises et se produit dans une tournée pour les soldats de l’armée dans diverses régions d’Afrique du Nord alors que les combats ne sont pas terminés. Ses concerts remontant le moral des troupes françaises ont permis de remplir les caisses de l’armée à hauteur de 10 millions d’anciens francs et de promouvoir le Général de Gaulle et la France libre. Pour le gouvernement naissant en Afrique du Nord, l’officier de propagande Baker est un atout précieux.

En 1946, Joséphine Baker reçoit la médaille de la Résistance et de nombreux officiers et lieutenants considèrent qu’elle mérite la légion d’honneur à titre militaire. Cette potentielle décoration est contestée par certains estimant qu’elle devrait la recevoir à titre civile. Le 19 aout 1961 Marcel Valin lui remet la Légion d’honneur à titre civil ainsi que la Croix de guerre avec Palme distinguant le combattant de guerre qui s’est signalé au feu par une action d’éclat caractérisée.

Joséphine Baker.

            Son combat pour la liberté ne s’est pas arrêté à la fin de la guerre. Figure de la lutte anti-raciste à 57 ans elle a marché pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King. En France elle crée son « Village du Monde » au Château des Milandes et écrit plusieurs ouvrages dont « Mon Sang dans tes veines », réflexion sur l’injustice de la discrimination raciale. Dans ce « Village du Monde » a adopté 12 enfants de nationalités différentes, qu’elle appelait sa tribu arc-en-ciel. Il y eut : Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ; Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français et d’origine Juive ; Jean-claude et Noël Français, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina Marocaine. 

Ainsi, elle prouve que les différences n’entravent en rien la vie commune dans la paix.

“Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour.”

 JOSEPHINE BAKER

Nasrine AMADY 

Cet article n’engage que son auteure

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