Née à Hambourg en Allemagne en 1936, Eva Hesse s’inscrit dans le mouvement minimaliste américain des années 60 et apporte des perturbations à cet art réglé.
Par l’introduction de nouveaux matériaux instables comme le latex, elle conçoit ses œuvres comme une forme de résistance féminine aux structures rigides et masculines de l’art minimal.
Elle a déclaré que le sujet principal de son œuvre était « l’absurdité de la vie ».
En 1939, sa famille fuit les persécutions nazies en émigrant aux États-Unis. Eva Hesse entame alors une formation en design publicitaire à l’Institut Pratt de New York puis entre à l’Art’s Students League tout en travaillant pour le magazine Seventeen. Elle obtient son diplôme en design à la Cooper Union de New York en 1957 puis entre à Yale, à l’École d’art et d’architecture. Après avoir obtenu sa licence de Beaux-Arts, elle rentre à New York où elle rencontre le sculpteur Tom Doyle qu’elle épouse en 1961. Eva Hesse se tourne d’abord vers la peinture expressionniste, quasi figurative : on reconnaît des formes de visage et des attributs sexuels dans ses œuvres du début des années 60.
Elle expose pour la première fois en 1963 et fait la rencontre de nombreux artistes minimalistes tel que Sol LeWitt, Robert Ryman, Robert Morris et Robert Smithson. En 1964, le couple est invité en Allemagne de l’Ouest et Eva Hesse entame une série de sculptures peintes, fabriquées à partir de matériaux de récupération trouvés dans une usine désaffectée dans laquelle elle installe son atelier.
Elle insère ainsi des câbles et des fils électriques dans ses œuvres, sorte de bas-reliefs abstraits et colorés. Elle expose en 1965 en Allemagne puis rentre l’année suivante à New York où elle se sépare de son mari. Tout en continuant ses constructions biomorphiques, elle n’emploie plus de couleurs et simplifie de plus en plus son langage plastique, s’inscrivant dans le mouvement minimaliste. Ses pièces sont organiques tout en conservant une certaine régularité géométrique et portent des sous-entendu corporels.
Hang Up, 1966
Hang Up une de ses oeuvres majeures “C’était la première fois que mon concept d’un sentiment extrême, poussé jusqu’à l’absurde aboutissait… Le cadre est entièrement fait de câbles et de fils électriques… C’est une œuvre extrême, c’est pour cela qu’elle me plaît et ne me plaît pas. C’est tellement absurde, ce long fil métallique qui sort du cadre… C’est la structure la plus ridicule que j’ai jamais conçue, et c’est bien ce qui fait sa réussite.”
Ce cadre fixé au mur est traversé d’un câble pendant de son coin inférieur à son coin supérieur. L’artiste négocie un entre-deux subtil entre la nature plane du dessin et le relief de la sculpture.
Objet projeté dans l’espace plutôt qu’un tableau conventionnel
S’inscrivant par cette oeuvre dans le minimalisme elle procède de la même manière que d’autres artistes contemporains : par série, répétition et quadrillage. Surtout, elle utilise des matériaux non conventionnels tel que le latex dont elle est l’une des premières à utiliser avec Louise Bourgeois, la fibre de verre, les fils électriques, le textile ou le caoutchouc. Elle réalise une série d’oeuvres abstraites introduisant une irrégularité dans la rigidité minimale par un désordre de fils liant deux monochromes ou même trois monochromes.
Eva Hesse connaît un certain succès dans le New York des années 60 et ses oeuvres sont exposées à la galerie Fischbach, elle participe aussi à la mythique exposition de Robert Morris “9 at Castelli”, explorant ce qu’il appelle “l’antiforme”.
Recrutée en 1967 comme professeure à l’École d’Arts Visuels de New York. En 1970, Eva Hesse décède d’une tumeur au cerveau.
Article de : Sana Tekaïa
Cet article n’engage que son auteure.