Le site naturel des Sundarbans, situé au sud-ouest du Bangladesh, est l’une des plus grandes forêts de mangroves au monde. La mangrove est une formation forestière littorale tropicale, à base de palétuviers, ne se développant que dans la zone de balancement des marées, appelée estran, des côtes basses des régions tropicales.
Le bien, classé patrimoine mondial depuis 1997, s’étend sur 140 000 hectares et couvre le “delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, dans la baie du Bengale ». 60% de la superficie du bien se situe au Bangladesh, l’autre se trouvant en Inde.
Le site abrite une riche biodiversité mondialement reconnue avec sa flore particulière et sa faune exceptionnelle : des tigres du Bengale, des espèces menacées à l’image du crocodile marin, ou encore 260 espèces d’oiseaux. Il présente de nombreux habitats « terrestre, aquatique et marin pour des espèces de faune et de flore de toutes tailles ». Il est également considéré comme une zone de reproduction de multiples espèces en voie de disparition. Le bien est constitué de terres immergées ainsi que de zones maritimes avec de nombreuses voies d’eau. Le site a aussi une dimension hautement symbolique : il est, selon l’UNESCO, « l’un des hauts lieux du patrimoine mythologique et historique » de la région.
Critères de sélection :
Les Sundarbans ont été sélectionnés sur la base des critères de sélection IX et X :
Pour en savoir plus sur les critères de sélection : https://whc.unesco.org/fr/criteres/
Critère IX : « être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ».
Le site est représentatif de processus écologiques en tant que témoin de la « formation d’un delta et de la colonisation subséquente des îles du delta ». Les éléments marqueurs de ces processus sont : les pluies de mousson, les inondations, la formation de deltas, l’influence des marées ou encore la colonisation végétale. Les terres et ilots ont une forme très particulière car ils ont été façonnés par l’action des marées du delta. Ils sont donc les marqueurs de ce processus écologique.
Critère X : « contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation ».
Les Sundarbans abritent une abondante biodiversité marine et terrestre tant floristique que faunistique. Le site accueille par exemple des espèces en voie d’extinction comme les dauphins du Gange et de l’Irrawaddy ou les tortues fluviales de l’Inde (Batagur baska). 334 espèces de plantes s’y trouvent. La protection de ce bien classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est donc primordiale puisqu’il permet la conservation in situ de nombreuses espèces et la pérennité de l’une des plus grandes forêts de mangroves au monde.
Les Sundarbans, – image libre de droits.
Gestion du site :
Le site classé fait face à des pressions et menaces extérieures de taille tant naturelles (comme les cyclones, les raz-de-marée ou l’envasement) qu’humaines avec la surexploitation des ressources animales et sylvicoles (foret), le braconnage ou encore le défrichement en faveur d’une activité agricole.
Une protection juridique a été mise en place au niveau national depuis le début du 19ème siècle, qui bénéficiait au site actuel inscrit sur la liste de l’UNESCO. Ses environnements terrestres, forestiers et aquatiques étaient donc déjà en partie protégés. Le site était préservé grâce à des réserves forestières créées en 1878 puis avec ses trois sanctuaires de faune et de flore sauvages, qui ont été créés en 1977. Selon l’UNESCO, aujourd’hui, « l’objectif principal de la gestion est la conservation de la biodiversité, des valeurs esthétiques et de l’intégrité. » Le bien est « actuellement bien géré et régulièrement suivi selon des normes de gestion bien établies par un personnel régulier et des unités administratives ».
La conservation du site est nécessaire car il s’agit d’une zone essentielle pour des millions d’habitants riverains du site : absorption de la force des raz-de-marrée, protection face aux cyclones et inondations. Il constitue également un moyen de subsistance pour de nombreuses populations aux activités diverses : « coupeurs de bois, pêcheurs, collecteurs de miel et ramasseurs de feuilles et d’herbe ».
Pour en savoir plus : https://whc.unesco.org/fr/list/798
Cet article n’engage que son auteure.
Agathe Passerat de La Chapelle