Cette semaine, nous mettons à l’honneur un de nos magnifiques territoires français qui n’est autre que la Corse.

Avec ses traditions et son patrimoine unique, l’île de beauté charme depuis de nombreux siècles explorateurs et touristes venus de toutes parts, en restant à la fois préservée et en gardant de nombreux secrets.

© Léane YVOREL – Calanches de Piana

Au sud de l’île sur la façade occidentale, au nord d’Ajaccio, se trouve l’emblématique Golf de Porto, regroupant les calanches (calanques en corse) de Piana, le golfe de Girolata et la réserve naturelle de Scandola, partie intégrante du parc naturel régional de Corse.  

Ici, les reliefs ocres de roches plutoniques¹ contrastent avec le bleu perçant de la Méditerranée et le vert du maquis corse, offrant un tableau d’une rare beauté perdue entre ciel et terre. C’est un environnement rempli d’histoire qui s’offre à la vue des chanceux spectateurs arpentant les sentiers de randonnée, où chaque passage est réglementé. La route côtière se voit bordée de tours génoises, témoins du passé défensif de l’île. Les deux plus remarquables sont celle de Girolata et de Porto, édifiées en 1551 et 1552. 

On peut aussi apercevoir l’œuvre du temps et de l’érosion façonner à sa façon le paysage. Au fil des âges, ils ont forgé un cœur au sein de la pierre, fenêtre ouverte sur la mer. Pour reprendre les mots de Guy de Maupassant dans le monastère de Corbara (1880), “Je m’arrêtai d’abord stupéfait devant ces étonnants rochers de granit rose, hauts de quatre cents mètres, étranges, torturés, courbés, rongés par le temps, sanglants sous les derniers feux du crépuscule et prenant toutes les formes comme un peuple fantastique de contes féeriques, pétrifié par quelque pouvoir surnaturel […] les calanches de Piana sont une des merveilles de la Corse ; on peut dire, je crois, une des merveilles du monde”. 

¹roches magmatiques résultant du refroidissement et de la solidification de magma volcanique.

Le Cœur de Piana

La réserve de Scandola coupe elle aussi le souffle. Accessible uniquement par bateau, elle abrite une biodiversité marine et costale incroyable. D’une surface de 900 hectares terrestres et 1000 hectares marins, il n’est pas rare d’y apercevoir des dauphins ou des oiseaux de mer difficilement observables ailleurs comme le balbuzard pêcheur.  Dans son maquis on y trouve également 33 espèces florales endémiques.

Portes marines de Scandola

Le Golfe de Porto, avec ses secrets et ses légendes aura donc inspiré de nombreux contes et légendes, de nombreux récits et chants, traduits notamment par la paghjella, genre profane et religieux polyphonique corse, dont l’importance a également été reconnu par l’UNESCO comme Patrimoine Culturel Immatériel. Le Golfe de Girolata, petite partie de celui de Porto, est lui aussi reconnu pour son granit rose, et notamment sa belle falaise Punta Rosa creusée par la mer.

© Léane YVOREL – route de Piana 

Critères de sélection :

Le Golfe de Porto a obtenu la sacralisation de patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983, sur trois des dix critères de sélection.

Critère (vii) 

“représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles”

Rapprochons-nous des mots cités de Maupassant ci-dessus, visionnaire quant au futur des calanches de Piana. La beauté des sites du Golfe de Porto a été décrite par bon nombre d’artistes et personnalités au cours des siècles, tel que le Prince Roland de Bonaparte en 1891 dans son récit de voyage “une excursion en Corse”. Il dresse le portrait de la région du Golfe de Porto tel qu’il l’a vu, comme étant “sans aucun doute, une des plus belles de Corse”.

Critère (viii)

“être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification”

 Les roches magmatiques si particulières de la côte témoignent du passé volcanique de l’île. Leurs reliefs impressionnant en font un site d’une exception précieuse, tant pour la contemplation de chacun que pour la conservation et la recherche scientifique.

Critère (x)

“contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation”

La réserve de Scandola classée réserve naturelle, à la fois marine et terrestre, brille par sa biodiversité singulière. Classée site marin protégée en France en 1975, elle est soumise à de nombreuses réglementations strictes afin d’en protéger le patrimoine.  

Gestion des sites

Le littoral du golfe faisant partie du Parc Naturel Régional de Corse, les activités y sont très réglementées afin d’en préserver l’écosystème. Y sont interdits sur terre, l’arrachage de végétaux, ou la destruction de nids et d’œufs, la chasse, le camping, le rejet de détritus, et toute forme d’activité nuisible au bien-être des populations d’espèces de la côte. 

En mer, la pêche de plaisance, le prélèvement d’animaux ou végétaux marins sont entre autres interdits. En revanche, pour l’heure, seule la réserve de Scandola est classée AMP, Aire Marine Protégée, mais l’appellation pourrait s’étendre à tout le Golfe de Portu classé Natura 2000. 

Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels et semi-naturels de l’Union Européenne, dont la biodiversité est jugée exceptionnelle.

© Léane YVOREL – Calanches de Piana

sources : Calanques de Piana — Wikipédia (wikipedia.org), Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola – UNESCO World Heritage Centre

Cet article n’engage que son auteure.

Léane YVOREL

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Un commentaire sur « [Le Patrimoine naturel de l’UNESCO: Le golfe de Porto] »

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